Malaise

La dernière semaine ? Ok je te la récapitule toi qui lis ça. Ma femme est morte, j’ai organisé son enterrement avec entre autre ma mère que je ne supporte pas, mes enfants ont fêté leurs deux mois, j’ai hurlé sur mon frère, hurler sur ma mère, je me suis réconcilier avec mon frère et appris qu’il a eu un fils mort à cause du destin selon lui, mon travail a repris de plus belle avec le hackage de plusieurs banques par une bande de pirates qui me font tourner en rond et ma nièce a eu une mauvaise note en anglais.

Honnêtement, une information, un seul évènement supplémentaire qui sort de la norme et je fais pêter l’orage le plus monumentale que Chicago n’a jamais vu et décime la moitié de la population par électrocution.

Je gravis quatre à quatre les marches qui m’amène jusqu’à l’appart de mon frère. C’est pas prévu, mais là, j’ai vraiment besoin de lui. Ma voisine a bien voulu me garder les jumeaux le temps que je vienne, cette solution n’étant pas à faire s’éterniser. Un truc tout con,je veux juste son avis et s’il peut m’aider. J’arrive enfin sur le palier pour assister à la scène la plus impensable. Je vais le dire avec des mots simples pour ne pas devenir vulgaire.

Dante, (alias ce gros connard de Dante) qui quitte les bras de mon frère dans ce qui semble être un baiser d’au revoir sur le palier. Je freeze total et assiste à la scène sans qu’aucun son ne sorte de ma bouche. Franchement, j’ai juste envie de lui casser la gueule à cet abruti. Ma femme et maintenant mon frère. C’est vraiment du foutage de gueule. Le pseudo beau gosse quitte sa position et les deux semblent se rendre compte de ma présence au même instant.

Le vampire à la décence de s’éclipser direct, s’excusant, sa voix à peine audible et mal à l’aise comme jamais.

Quand je me retrouve seul face à mon frère, toujours pas un mot. Je le regarde, ouvre de grands yeux et expriment par ma gestuelle « c’est quoi ce bordel ???? »

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Je m'énerve, je le frappe ou je respire un coup et j'entre... ok je respire.

"Euh ouais bah content pour toi et sinon, me dire que tu sors avec le putain de parrain de ma fille, tu comptais me le dire quand !"

Parce que le fin mot de l'histoire, c'est quand même que je le découvre à la zobe, sur le tas et en plus je me fais traiter de nazi part mon frère.

" Et d'ailleurs je te signale que Môsieur le bourreau des cœurs a déjà Axel a son tableau de chasse."

De toute manière, je sais bien que mon frère juge pas les gens sur leur passer, mais je mets un peu de contexte pour qu'il saisisse ce qu'il m'impose. Je jette un coup d'œil et ferme les yeux fissa avant de me masser les paupières de la main gauche espérant faire disparaître l'image de mon cerveau.

"Et bordel, ferme ta braguette et fou un putain de t-shirt."

Il est quand même bien chié de m'accuser de tous les mots, bien qu'un temps j'étais plutôt homophobe... et c'est une habitude difficile à perdre. Alors là, directement mon frère, je le savais entre autre part ses dires, je m'étais certes bien voilé la face. Et la réalité, cette bâtarde s'est bien targué de me rappeler qu'elle existe.
Et sa fille ? Elle le sait qu'il sort avec le parrain ... mais pourquoi je pense que a ça ? Raaaah tout ça c'est la faute d'axel et de ses choix de partenaire douteux, forcément que mon frère a les mêmes goûts. Ça ne devrait plus me surprendre, ils ont tous les deux une capacité incommensurable à faire des mauvais choix.

J'attrape ma tasse de café sur la table à moitié vider et la boit d'une traite... Nath souris... c'était celle de Dante. Ah l’enfoiré ! Ça le fait marrer en plus de se foutre de moi.

"Vas-y ! Serre-moi un café au lieu de te moquer. Mi qui croyait que c'était qu'un cheveu sur la soupe ce type... non... caddy mon presque beau-frère..."  

Je lève les yeux au ciel, résigné à la situation.

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J’écarquille les yeux comme pas deux.

« Ah ouais carrément … - j’oscille entre le dégout de voir mon frère toucher ma copine et potentiellement mettre sa … là où moi j’ai …. Aaaaaaaaaaaaargh ta gueule Maxwell, tu vas vomir si tu continues d’y réfléchir – Et d’abord c’est un d’tes voisins qui a ouvert, c’est bon, j’vais pas perdre mon temps à sonner, c’est stupide. »

Je me gratte la nuque nerveusement et fais craquer mes doigts. Le stress pas possible qu’il m’inflige.

« Ouais, bon ben reste avec le vampire et laisse-moi une vision pure d’Axel, j’ai l’droit de demander sa de me défunte femme non ? »

Cru et toujours plus cru. Quelqu’un d’extérieur ne se douterait pas que son enterrement était la semaine dernière. Mais je me répète. Je ne suis pas froid, juste pragmatique et pleurer, ça ne sert à rien.

« T’as la capacité intellectuelle d’une huitre, j’te signale que c’est le jour de détail visuel qui pète totalement une harmonie, c’est naze, mais … je suis surpris de ta culture presque un tantinet geek sur ce point, tu me diras, c’est devenu tellement populaire … »

On va pas revoir ensemble sur pourquoi cette série est bien et quels points sont à améliorer et j’suis plutôt en mode rabattage de caquet. Et le sien, c’est toujours un plaisir même si je lui dit ceci avec un sourire presqu’un peu espiègle si l’on me connaît bien. Il n’y avait qu’Axel pour m’arracher ce genre de répliques en temps normal.

« Et t’inquiète pas que des centimètres en plus j’dois pas en avoir qu’en hauteur. »

Hahaha, il devait pas s’y attendre à celle-là vu sa tête. Note à moi-même : recommencer.

J’ai envie de me laver la bouche avant d’enchaîner le café suivant, passons, un nouveau café fera l’affaire pour l’instant et je passerai à la salle de bain dès que j’arrive à la maison. Il nous sert à chacun un nouveau breuvage dont l’amertume soulage mes papilles. Vive le café, la boisson des informaticiens par excellence.

« Compte pas sur moi pour tenir ta traîne en tout cas … »

Difficile de changer des années d’homophobie en un brin de temps même si ma remarque peut rester gentillet par rapport à ce que j’ai pu dire autrefois.

« J’veux bien … parce que je t’aime … être un peu moins un connard envers Dante …. – je rougis un peu tellement j’hallucine que je lui demande ça – euh … ça fait combien de temps que … que vous vous voyez ? »

Il me ramène toutefois à la réalité … j’suis pas venu pour ça !

« Euh … ben les jumeaux … font des trucs … Et j’voulais savoir si t’avais eu ce genre de machin à gérer avec Elaine … »

Difficile de bien expliquer, juste des objets qui bougent dans la chambre, des moments où ils dorment, y’a des phénomènes qui se déroulent entre eux que je ne comprends pas.

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Il me blase total des fois.

  « Ouais, ouais comme si y’avait des trucs à te voler… et j’peux pas aimer tout le monde, laisse-moi l’temps d’m’habituer.  Déjà qu’il m’a fallu un an à me faire à ta présence. »

Héhéhé, ouais, je lui adresse un large sourire pour me moquer de lui. Et pourtant c’est un beau mytho, j’ai pas eu besoin d’autant de temps. Il a une sorte de super pouvoir qui fait que je me suis sentie presque vite à l’aise avec lui comparé à n’importe qui d’autre. Il a été là pour moi et m’a ouvert l’esprit. J’ai dû devenir un poil plus compréhensif envers les autres humains grâce à lui et étendre mon cercle de connaissance au moins du double.

  « Tu sais que tu me rends fier quand tu me dis ce genre de trucs, j’aurais presque une petite larme pour toi au coin de l’œil tellement je suis ému. »

Pour la suite, je ne répondrais même pas, c’est une pente glissante vers laquelle je sais pertinemment que mon frère va me battre à plate couture, non pas sur la taille de son … mais plutôt sur le terrain jeu de mots perraves et sous-entendu lubrique. Axel m’a bien formé sur ça aussi, mais je n’ai jamais atteint leur level. Je sais courber l’échine face à ses maîtres dans l’art. N’empêche que j’suis quand même content pour lui. Ça peut pas lui faire de mal un peu de stabilité sentimental et il a pas besoin d’une femme pour fonder une famille, il en a déjà une…. Toujours cette foutu mentalité archaïque implanté par des années de formatage par mon père, je m’en déferais pas et ne m’en rendrais même pas compte que mon raisonnement est complétement biaisé. Je me demande si sa fille est au courant cela dit. Je soupire.

  « J’en sais rien Nath, cherche pas à comprendre ce qui me dérange alors que moi-même je sais pas pourquoi c’est sensé me déranger. J’te raconterais bien que c’est papa+maman=bébé, que c’est contre nature. Que ce type je peux pas le piffrer parce qu’il a eu le bon gout d’aimer Axel …. Tu vois ? Rien n’a de sens et j’ai aucune raison … C’est pour ça, laisse-moi juste le temps de m’y faire et ça m’passera tout seul. J’t’aime et j’ai pas à te juger sur tes choix. Après, ça reste un vampire, et … ok, j’suis p’t être inquiet à cause de ça mais bon, au pire tu le crames s’il essaye de te faire du mal ok ? »

Je reviens sur la raison de ma présence chez lui de si bon matin.

  « Ouais, après c’est rien de bien défini … un truc incontrôlé. Après papa m’a jamais trop expliqué comment ça s’est manifesté chez moi et je me souviens plus, j’ai l’impression que j’ai toujours eu des pouvoirs depuis tout petit. Ça a pas simplifié la vie des parents, même en mettant les objets à distance, si je voulais un truc il finissait toujours plus ou moins à arriver à ma portée. »

Je me gratte le crâne nerveusement tout en réfléchissant à ce que je vais maintenant lui annoncer et ne sachant pas comment il va le prendre.

  « T’as pas … t’as pas ressenti un truc bizarre toi aussi depuis quelque temps ? T’es pouvoirs qui se manifestent des fois sans que tu le veuilles ou des trucs un peu ouf totalement indépendants ? »

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Coeur sur toi mon frère ! J’aime quand tu me traites de grand nigaud tout ça parce que je fais une tête de plus que toi. Je vois cela dit pas bien comment je pourrais le rendre fier de quoi que ce soit, on a des styles de vie tellement différents que je l’imagine pas s’extasier devant mes prouesses au travail, ou encore la manière dont je vais éduquer mes gamins …

 « T’es con, t’es mon frère, bien sûr que je tiens à toi. »

Je hausse les épaules de dépit, faut tout lui dire pour qu’il comprenne. Je croyais que c’était un truc de femme de dire leur sentiment et ce genre de chose … sans doute encore aussi l’éducation trop ancrée de mon père qui n’a jamais su me dire un « je t’aime » et ma mère qui en a bavé tellement que je ne supportais plus ses câlins et toutes ses marques d’attention étouffantes. C’est ça aussi d’avoir grandi avec des stéréotypes de l’espèce humaine.

Nous repassons sur le sujet des jumeaux … l’inquiétude pointe dans ma voix, me sentant seul et complétement perdu dans ces phénomènes et la gestion de deux enfants à la fois. Malheureusement, la réponse de Nath ne m’apporte aucune satisfaction… Et puis, c’est qui ce Shawn ?

 « Euh … tu lui fais confiance ? J’ai pas envie que les gamins aient des problèmes … et j’t’avoue que je te parle aussi un peu pour moi … Je sais pas si j’ai pas aussi glissé sur un de mes propres sorts et que je le contrôle plus, mais j’aimerais mieux reprendre le contrôle, pas trop envie de faire une bourde devant des non mages. »

Moi qui d’habitudes tient tout sous mon contrôle et ne laisse jamais rien m’échapper. Et si c’était justement mon sort qui perturbait les gamins alors qu’ils sont tellement jeunes.

 « Non, mais ok, si tu veux on peut en parler avec ce gars et voir ce qu’il en pense. »

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Passé trouble … il me fait presque sourire intérieurement ce mec qui aime se la jouer passé ténébreux, on le placerai volontiers dans un de ces film pour adolescente en chaleur. J’ai l’impression d’être un gars juste bien rangé qui ne déroge jamais aux gentilles petites règles que la société m’impose. Un chien bien dressé qui ne cherche pas à contrarier son maître. Et je peux dire que je me complais dans cette position, un bien être total, celui de ne pas se poser la question si cela est bien ou mal puisque la société, la loi me disent que je peux. Stupide vous diriez ? Ben vous auriez bien raison ! Mais j’m’en fiche. Je prends tout ce qui peut me permettre de vivre le plus simplement possible.

« Ok, donc effectivement un mec de confiance. Ben écoute ouais, j’pense que la présentation sera nécessaire … »

Je suis pas hyper séduit à l’idée de rencontrer encore plus de gens de mon espèce, mais la motivation de résoudre le problème pour mes gamins m’inspire. D’autre part, mon frangin semble avoir assez confiance dans les capacités de cette personne et je peux que me référer à lui puisque je ne me suis jamais mêler à d’autres sorciers.
Je soupire lorsqu’il me demande quel sort j’ai bien pu foirer.

« Je foire jamais mes sorts … Mais là, j’ai des fourmillements, des décharges électriques incontrôlées. Je fais exploser des lampes, des plombs… Que des trucs chiants mais rien qui puissent vraiment me trahir … »

Entre les jumeaux qui ont leurs pouvoirs qui se manifestent et les mien, je ne suis pas rendu … Je me suis posé un milliard de fois la question si cela pouvait juste être dû à notre équilibre brisé. Ma femme, leur mère qui disparaît et nous qui nous retrouvions seuls.
A peine prononce-t’il cela, et la pensée me traverse que cela serait plus pratique s’il sonnait tout seul … ce qu’il s’empresse de faire et nous entendons la sonnerie du portable de mon frère. C’est moi où quelqu’un vient vraiment d’essayer de le joindre. Je regarde le brun se diriger vers l’origine de la nuisance sonore d’un œil presque inquiet espérant qu’il me dise que c’est un pote ou sa fille qui l’appelle … pas encore une manifestation absurde de mes capacités.

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Si j’avouais que je m’en doutais que mes émotions me trahissent, je me perdrais. Non. Trop fier pour le dire, je ne me permets qu’un simple grognement pour montrer que je consens aux dires de mon frère, même s’il ne me l’entendra pas dire de vive voix.

« Ils sont avec leur nounou. »

Je ne sais plus où il en était sur ce que je lui avais dit pour les jumeaux, mais j’ai fini par les mettre chez une nounou un peu … au courant … sur les conseils de ma mère sorcière, elle m’a trouvé un de ces vieilles amies dont la fille est devenue nourrice de petits sorciers. Alors certes, ils ne sont pas souvent aussi précoces, mais au moins si un accident arrive, elle devrait être un peu plus performante qu’une nounou lambda.

« C’est aussi une sorcière, elle gère. »

Je soupire, plus de soulagement qu’autre chose. Si je peux avoir dès à présent une réponse, je suis preneur. Je prends ma verste que j’enfile en vitesse.

« Vas y ! à toi l’honneur. »

Je le laisse nous guider et le suis dans la cage d’escalier. Alors que nous descendons, je ressens à nouveau le fourmillement devenu bien trop familier. Mes doigts s’engourdissent. Je m’arrête et prends une profonde inspiration essayant de canaliser cette énergie que je ne souhaite pas faire sortir. Je déteste ne pas être en contrôle. Ma magie est à mes ordres et non l’inverse !

« Attend deux secondes, ça recommence … tu veux pas me toucher voir si tu sens quelque chose de bizarre. »

Au pire je l’électrocute, au mieux il m’aide à comprendre. Je tends ma main vers lui.

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J'avoue avoir juste envie de lui répondre que si jamais, on pourra dire que le courant passe entre nous, toutefois, je m'abstiens d'une telle réflexion craignant que cela ne le rebute définitivement à me tendre la main. On va dire que de sorcier à sorcier, je n'arriverai pas à le blesser juste avec un coup de jus, tout du moins je l'espère. Je prends une grande inspiration et me saisi de la poigne qu'il me tend. Si l'influx qui passe est définitivement de source électrique, je le sens se muer en autre chose au contact de mon frère. Je crains un instant d'être en train de le contaminer, sur lui aussi se mettre à tout faire valdinguer et voilà que Sens comme une main se poser sur la mienne et m'encourager à lâcher prise…une matin presque familière. Il ne m'en faut pas plus pour mettre fin à l'expérience. Cette fois ci, une décharge me traverse, me brûle en m’arrachant un cri de douleur prompt à réveiller tout le voisinage. Sous la force de celle-ci je trébuche en arrière et me retrouve le cul sur les marches. Au centre de ma main, une point noir, une brûlure, marque l’entrée du courant qui m'a renversé. Je lève un regard circonspect vers mon frère.

« T'as senti un truc ou j'suis taré ? »

Une nouvelle fois, Nath me tend la main, cette fois ci pour m'aider à me redresser. J'ai l'air fin grand échalas affalé dans les marches. J’époussette mes vêtements et réajuster le col de ma chemise me sentant stupide de mettre ainsi laissé surpris par mes propres pouvoirs. Mes exigences sont plus hautes que cela à l'accoutumé et je me trouve incroyablement bête de m’être montré aussi faible devant mon grand frère, il aurait de quoi avoir honte …

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Si on oublie que ça m’énerve au plus haut point de ne pas maîtriser mes pouvoirs, je me trouve bien con si je venais à buter mon frère en plus … et savoir que je pourrais être un danger pour mes gamins ? Ma nièce ? pas de doute, il faut impérativement que je bosse sur ce problème pour le résoudre au plus vite. Je soupire, c’était donc juste une décharge ?

« Désolé, j’espère que j’vais pas nous griller nos derniers neurones avec mes conneries … »

J’accepte volontiers l’aide et me voilà à nouveau sur pied. Je ricane intérieurement en observant le déniveler entre lui et moi. Il m’arrive grosso modo au nombril entre les deux marches et mes 10cm de plus que lui déjà en temps normal. Toutefois, pas le temps à la rigolade ni aux vannes entre frangin. Le problème, c’est qu’il a raison. J’ai bien sentie autre chose et ça m’a pas trop plu.

« Ben oui … mais tu vas croire que je suis taré si je te dis ce que j’ai sentie … »

Et en même temps, cela ravive une douleur que j’essaye déjà d’effacer quotidiennement. Une douleur persistante, ancrée et qui me brûle de l’intérieur depuis plus d’un an.

« Axel … »

C’est juste pas possible, elle est morte et enterrée. J’ai vu son cadavre tout blanc, ses mains froides et son sourire figé dans son cercueil. Axel n’existe plus, c’est du passé et il faut que j’avance. C’est forcément un coup de mon imagination.

Je baisse les yeux et recommence à monter les marches. Il a pas tort, c’est pas ici qu’il faut que nous en parlions, encore moins si je me laisse aller à mes émotions.
On arrive devant son appart encore une fois et je laisse mon frangin ouvrir la porte. Je le suis machinalement et me pose dans son canapé, l’air maussade. J’aime pas ne pas comprendre, je me sens inutile et déboussolé. Je dois avoir l’air d’une vieille huitre qui fait la gueule. Toute fermé avec une coquille qui ressemble à rien. Je fronce les soucils essayent de me rappeler la sensation que je venais d’avoir. C’est comme si le temps avait eu un raté et que tout me disait au fond de moi qu’Axel était pas morte. C’est pas logique. Heureusement, Nath m’arrache à ma réfléxion avec une nouvelle tasse de café fumant … elle sera pas de trop …

« Merci. »

Je m’en saisi et souffle sur la fumée qui en émane avant d’en boire une gorgée.

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Si je me suis remis du décès de ma femme ? Oui. J’aime le croire et le pouvoir de l’esprit est incommensurable lorsque l’on sait s’en saisir. Un esprit sain dans un corps disais-je… alors non, je ne me laisserai pas abattre par d’anciens démons je ne me rabaisserai pas à l’espoir que peut-être elle est vivante. Elle morte, j’ai vu son corps froid, ses yeux vides et tout le sang qu’elle avait perdu. Le regard que me porte mon frère instille un malaise des plus profond. De la pitié ? Non, oublie pas Max, toi tu aurais pitié, Nath est bien meilleur que ça. De la sympathie plutôt. Je soupire. C’est pas le moment de me renfrogner et de pas saisir la main qu’il me tend. Après tout, je sais vraiment pas ce que je serais devenu sans lui, Elaine, les jumeaux … ma famille. Mon noyau. Installé confortablement, je maintien une distance émotionnelle avec le brun. Pourquoi ? Tout simplement pour mettre des mots clairs, sans sentiments et me faire comprendre. C’est le moment d’être putain de fort et de pas se laisser envahir. Les émotions ne servent à rien, ça fait que pourrir la réflexion et là, j’ai besoin de réfléchir, rien d’autre.

« Ok, pas Axel en tant que tel, j’veux pas d’un zombie ou d’un fantôme, plutôt son absence. »

Je triture la hanse de ma tasse, me sentant confus. Mes explications vont finir par faire chou blanc si je n’arrive pas à construire quelque chose de plus précis quant à ce ressenti.

« En gros, j’ai l’impression que ce que j’ai vécu - sa mort - est devenu … Faux. Et c’est là où mes pouvoirs commencent à partir en free style. Comme si je perdais un pied dans la réalité et … »

Je jette un œil au frangin qui semble tout aussi perdu que moi. Levant les yeux au ciel et espérant y trouver une foutue réponse, je soupirs.

« Non, mais laisse tomber, j’en ai p’t-être juste trop fait ces derniers temps et je devrais me prendre des vacances … »

Hésitant, je finis par crever l’abcès sur un tout autre sujet.

« J’m’en remets déjà pas de la mort de papa … »

Les yeux rivés sur le sol, j’ose pas affronter ceux de mon frère. Oui, il le déteste encore aujourd’hui, j’en suis sûr, mais pour moi, il était tout, mon pilier, mon modèle. Une force comme lui, j’en ai pas retrouvé dans ma vie. Enfin si, mais de manière éparse. Un peu dans Axel, un peu dans mon frère et dans ma nièce. Encore une fois, Axel meurt et c’est mon tripode qui devient bancal. Je suis donc si faible ? A devoir me relayer sur les autres pour être stable et pas flancher. Franchement, là dans l’immédiat, j’ai juste envie d’me tirer une balle, si c’est pour être aussi minable et pas capable de m’en sortir tout seul, comment est-ce que je pourrais être là pour mes gosses si j’arrive déjà pas à tenir le coup pour moi-même. Un esprit sain dans un corps sain … Foutaise.

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Honnêtement, j'arrive au bout de ce que je peux supporter. Qu'une envie ! Me barrer d'ici et souffler. Je suis a la limite de devenir taré et je sais même plus pourquoi je suis venu voir Nath.

« Arrête Nath, me dit pas ça… »

Il vient de me cracher que je suis faible, y'a pas plus désagréable comme sensation. Mais c'est hors de question ! Je vais pas laisser un cadavre me refroidie, même si c'est celui de ma compagne.

« Elle est morte. »

Comme si le fait de prononcer ces mots allait m'aider a faire passer la pilule plus facilement tout ce qui se trame dans ma caboche. Alors le coup du paternel, c'est encore pire. Je ne comprends pas pourquoi je m'attache autant A des tas de cendres, du compost, des restes humains.

J'ai perdu ma figure d'attachement, parce que, oui, même si notre relation était particulière, c'était lui ma base, certainement pas ma pauvre mère… merde, faut que je l'appelle en plus pour qu'elle vienne garder les petits la semaine prochaine.

« Ouais, nan, essaye pas, c'est juste …. Désagréable. Je me sens faible, impuissant, inutile et je déteste … »

Je soupire, pose ma tasse et me lève d'un bond.

« Écoute, c'est pas grave. Au pire, je me laisse 24h pour chialer ce que je peux et après je repars. Si ça se trouve c'est que ça. »


Ben ouais, pleurer. Et après je reprends le taf, les gamins, leur éducation, ma vie quoi. Va falloir que je trouve de quoi m'occuper l'esprit, perfectionner ma magie et peut être faire des changements dans le genre de contrats, de nouveaux clients, des plus gros challenge quitte à titiller les limites de la légalité. Je peux pas le nier, le premier code craqué qui m'avait conduit au poste c'était une bonne dose d'adrénaline fort appréciable et j'ai quand même bien amélioré mon Malboge depuis….

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J’avais oublié que dans ce bordel qu’est ma vie, j’ai quand même eu un dernier lègue de mon père digne d’un roi. Mon frère. Alors oui, j’suis toujours pas tactile, mais lui et moi on a réussi à passer un cap. Il envahit pas ma bulle comme un parasite, il est juste la présence rassurante que j’ai jamais voulu de ma mère. Je grimace et jette un œil dans sa direction quand il me propose de rester chialer ici. Je me résigne et accepte. C’est pas comme si j’avais la force de rentrer de toute façon et je sais qu’il aura plus ou moins toujours les mots pour faire passer la pilule sur mes états d’âmes. Je le sens partir et devine qu’il se grille une cigarette à l’odeur qui parvient à mes narines. Détournant encore le regard de peur de m’effondre dans la seconde où je croiserai le sien, je décèle un objet que je n’avais pas vu depuis un moment. Je me lève et avance, guidé par une pensée. Du genre de celle qui scelle mon nouveau départ et d’accepter enfin tous ces morts dans ma vie.

Je sors d’un machin à parapluie –j’ai pas le mot, mais ces sortes de grands pots nazes pour y mettre tous les parapluies, déjà, pourquoi en avoir plusieurs ? Enfin bref – la canne de mon père. Nath l’a donc gardé depuis tout ce temps. Je me tourne vers mon frangin et lui adresse un sourire. Prenant la canne à chaque extrémité, je la brise sur ma jambe avant de la jeter par terre contre la porte d’entrée. Je retrouve Nath à la fenêtre et vole une cigarette à son paquet.

« Merci frérot … »

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