Faites ce que je dis et pas ce que je fais…

Faites ce que je dis et pas ce que je fais, qui ne l'a jamais entendue celle-là? Je l'ai souvent donné, mais je ne suis même pas foutu de suivre mes propres conseils. Je connais un couple qui sont les rois de l'évitement. Tandis que moi, je fais la même chose de mon côté. À un moment donné faut que cela cesse, Nath m’as fait promettre d’enfin lui parler et de toute façon j’aurais des explications a lui donné en me voyant dans cet état dans lequel il ma mit. Juste avant que je ne le texte et d'arriver à destination. A voir la tête qu’il fait en me voyant, son ex a vu juste, j’ai des explications à fournir, je crois.

Vous n’imaginez pas les blessures que je me suis découvert avec lui, j’ai dormis pas loin de vingt quatre heures complètement vidé. Je me réveille assez brusquement, la dernière chose dont je me suis souvenu c'est d'être tombé au sol en entrant dans la chambre après avoir réussi à prendre un bain pour enlever tout ce sable et de parvenir à me soigner, mes prochaine douches me promettent bien du sable à venir. Essayer de se redresser n’est pas une bonne idée quand la lumière du jour vous menace et que vous vous sentez autant patraque qu’il y a deux mois à peine. Cette fois je ne me réveille pas seul, du moins je ressens une présence dans l’appartement. Je tourne les yeux vers la personne, je suis quand même surpris, combien de temps avais-je dormi?

-... Tu es resté?

Vu mon état, je ne peux pas fuir, mais je trouve la force de me redresser pour m'asseoir et il a sans doute des questions, c’est sur qu’il n’a, j’ai tout de même réapparue tout amoché, j’dois encore l'être puisque je le ressent toujours...

-Je l’avoue, j’ai merdé, plus qu'à l’habitude… Il ne m'étonne qu’Ils m’en veulent pas plus…


Petit mouvement vague pour signifier tous les évènements qui s'ensuivent depuis deux mois, voir même plus, il en sait quelques uns.

- Comment fais tu pour me supporter encore déjà? Ils ont dû t’en parler, depuis que je suis tombé dans le cadre de la porte…

Oui, je me souviens de ce petit moment. Pour moi, j’ignore réellement depuis combien de temps j’ai dormi. Voila, je recommence à me confondre en excuse, je me tait. Combien de fois, me suis-je dit que je ne le méritait pas? Trop souvent… Surtout pas avec ce que je lui cache et que je m'apprête sans doute à lui révéler… Vous vous souvenez de l'anxiété que je me suis fait sur une balancelle au enluminure de noël, b’ah la revoilà. Je suis encore ce type qui a peur de tout perdre pour des connerie du genre, j’avais dit que je serais franc jeu et j’ai échouer…

J’vais pas dire que je ne suis pas inquiet, mais Nath m’a clairement donné l’habitude de relativiser même devant la pire situation. Dans un premier temps, mon sang fait qu’un tour, mais il suffit de plisser les yeux, voir un peu flou et ça revient, j’peux presque croire à une illusion si j’savais pas que je peux pas être bercé par ma propre magie. Donc j’expire l’air qui m’encombre les poumons, reprends un bol d’air frais rempli d’O2. On va faire un dessin, ça sera plus simple. Matt, mon brun, est étendu comme une merde juste sous mes yeux dans son appart et a sérieusement l’air de s’être fait rouler dessus par un Boeing 740 prêt à décoller ! ça c’est le côté explicite pour se faire une idée des dommages que j’entraperçois sur lui. Moralité, quand je capte qu’il a juste envie de se redresser pour me faire face, j’bondis vers lui pour l’aider à se mobiliser. J’en ai vu plus d’un – et souvent le même – achever de se péter une côte en voulant aller trop vite après une mauvaise chute.

« Vas y mollo, t’as l’air d’une épave. Sexy certes, mais le genre Titanic qui vient de se taper un iceberg. »

Je sais pas si c’est mon cerveau qui est long à la détente ou s’il a tapé trop fort sa tête, mais j’ai du mal à capter pourquoi il considère qu’il a merdé. Déjà, rien que d’avoir voulu aider Nath, ça relève du miracle qu’il en soit sorti – presque – indemne. Pour le reste, je peux pas lui en vouloir d’avoir joué les bons samaritains.

« Allez vient déjà … j’t’aide à te mettre sur le lit et tu vas me montrer tout ça … Les autres peuvent bien t’en vouloir ce qu’ils veulent, moi j’m’en fiche et … »

Je lui assène une petite pichenette dans le nez pour le faire taire.

« Je te supporte pas, j’suis bien avec toi, sinon j’serais définitivement pas là … et non, j’ai croisé rapidement Nath, mais vu l’état dans lequel il était avec son mec, autant te dire que j’ai préféré fuir dès que j’ai percuté qu’ils allaient au moins bien, pas besoin d’en savoir plus, c’est pas mes affaires … Tu peux pas en dire autant … »

Je l’assieds sur la pointe du lit et me joins à ses côtés alors que mes doigts se glissent dans sa tignasse en pagaille. Ma voix s’adoucit avant de reprendre :

« Tu veux m’en parler ? »

J’comprends pas exactement tout ce que Matt a sur le cœur, ni même pourquoi il s’incrimine autant, mais si j’ai pas envie d’un coup d’un soir, c’est bien aussi parce que je me sens bien assez apte à parler des sujets sérieux quand il le faut … un truc dont je devrais sans doute toucher un mot à Nath d’ailleurs ! Donc là, tout de suite, j’veux bien encaisser ce que mon mec veut bien me dire sans broncher … on a tous notre croix et j’serais bien le dernier à le blâmer pour celle qu’il porte.

Je souris. Ses réponses hyper terre à terre face à mon humour sont un bon moyen de briser la glace immédiatement. On reste dans le thème du Titanic avec ça, c’pas mal ! Pas que ça va me faire moins m’inquiéter, juste me rassurer quant à l’état de ses neurones et de la possible commotion que j’envisageai il y a peu. J’sens bien qu’il en a gros et que ça veut pas sortir aussi facilement que ce qu’il aimerait. J’veux bien qu’il est important de mettre les sujets sur la table avec intelligence et que ça sert à rien de rusher pour regretter ce qu’on dit par la suite, j’suis le premier à prêcher que les gens devraient un peu plus apprendre à tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de l’ouvrir que ça ferait pas de mal à l’humanité. Alors ouaip, je le laisse parler, prendre son temps et me déballer gentiment ce qu’il a envie de déballer. Alors quand il me demande ce que je ressens, je soupire et me dis que je vais commencer déjà par ce que j’ai envie de ressentir pour lui et moi et ça commence par le contact de ses lèvres sur les miennes alors que j’attire son visage vers le mien avec douceur. Le brun est déjà bien assez amoché pour pas que j’en rajoute une couche, mais j’mettrais ma main à couper qu’il en avait autant besoin que moi de ce baiser.

« Déjà ça … »

Un nouveau sourire et j’accède à sa demande. Je ferme les yeux pour me concentrer sur ce qu’il me demande. L’air ambiant dans la pièce, la proximité de son corps et l’aura qui l’enveloppe. Je fronce les sourcils. C’est vrai que c’est comme si son « odeur » avait changé. Y’a un truc, c’est indéniable, mais c’est toujours lui et j’peux pas mettre le doigt sur ce qu’il espère obtenir de ma part. j’ouvre les yeux et croise son regard d’un noir intense. Juste de quoi me confirmer qu’il est toujours le même homme que la seconde d’avant et qu’il devrait pas s’inquiéter.

« OK, y’a quelque chose et j’veux bien croire que c’est ce quelque chose dont tu veux me parler … Je peux pas deviner ce que sait, tout ce que je peux te dire c’est : lance-toi. Soit t’en as trop dit, soit pas assez … ça va finir par être un jeu entre nous ! »

Je caresse sa joue de ma main toujours posée sur son visage et j’essaye vaguement de dédramatiser la chose. Ça marche ou pas, mais j’aimerais juste qu’il se mette dans un coin de la tête que j’ai vu assez de choses hors du commun pour pas fuir à la première révélation qu’il va me faire. Je rappelle pour qui l’a oublié, qu’en vivant dans la rue à Chicago, c’est accepter de voir l’inimaginable et de procéder à la digestion derrière. On parle quand même de la ville qui regorge de démons, vampires, sorciers, sirènes et autres trucs dont j’ai parfois même pas idée de ce que ça peut bien être. Là, j’le vois physiquement dans un état lamentable pour la première fois et j’sais ce que ça peut impacter quand on a des pouvoirs … j’suis pas dupe, il gère un hôtel qui est une illusion à lui tout seul. Moi, j’fais des tours de passe-passe à côté.

Bien que mon cerveau ne percute pas à 100%, j'arrive a plaisanté par dessus. Est-ce bon signe? J'espère que cela ne me vaut pas une visite à l'hosto. Juste a y penser ça me donne des frissons. J'me secoue mentalement pour revenir dans le présent. Faut dire aussi, que se genre d’humour noir, je la capte a moitié, sois je la prend du bon coté sois je suis completement a coté de la plaque. Sérieusement, j’ignore comment m’y prendre et que tout ce qui me vient en tête, c’est de cette façon la. Le baiser, je ne l'ai pas vue venir, mais pas du tout, mais fait un bien fou. Malgré la surprise qu’il me fait, j'insiste quand même du regard..

-...

J’attends docilement en silence, le temps qu’il m’analyse psychiquement. Me mettre ainsi à nue, ne m’est pas familier, j’érige mes barrières depuis bien trop d’années. Cachant ma véritable nature, quelques- uns ont réussi à percer le mystère autour de moi. Mais j’ai tant perdu de gens autour de moi à cause de cette particularité, parce que justement on ne peut pas faire confiance aux démons.. Ils finissent tous par faire le contraire de ce qu’ils disent, mais ses faux ont peut leur faire confiance, peut être pas tous mais quelques uns, du moins jusqu'à qu’un franchisse la limite, faut juste pas les chercheurs la ou il faut pas. Je l'avais prouvé à quelques connaissances qui sont restées dans mes contacts, du moins de ceux qui s’en fiche d'où je peux bien venir. A sa réponse, j’hoche la tête. Il y a bien un truc.. Je prends mon courage à deux mains parce que je le lui dois bien. De toute façon, autant l’apprendre par moi que par quelqu’un d’autre, la ou ça pourrait moins bien passé.

-Suis pas un simple.. mortel qu’on appelle…

J’ignore l’étendue de ses connaissances dans le côté créature obscure ou le monde surnaturel qui l’entoure, j’en sais assez suffisamment pour qu’il croie aux fées, au vampire, ect. Je cale ma joue sur sa main à la hauteur de mon visage, je déclare à demi voix, semi sérieux et semi plaisantin.

-Tu sais que tu te tappes le fils d’un démon?

Pardonnez-moi, j’ai pas trouvé mieux quand je vous dit que mon cerveau est à moitié redémarré. Inconsciemment, j'agrippe le drap dans l’une de mes mains, l’anxiété revenant à la charge.

J’vais pas mentir, j’m’en serais légèrement douter à force qu’il parle de mortel et … de lui. C’pas la première fois qu’il fait l’amalgame. On va dire que je relativise assez sur la nature des gens depuis une paye. Si on juge le premier venu à sa tenue ou son nom, j’suis pas rendu. J’pense que la dernière fois que j’ai fait cette erreur j’avais 15 ans et Nath 13 … m’a bien prouvé qu’être un gosse de riche ça faisait pas tout et qu’il méritait amplement que je regarde au-delà des apparences. J’parlerais pas de Dante, parce que c’est pas le fait qu’il soit un vampire qui m’insupporte, c’est qu’il peut – aurait pu – être un danger pour Elaine. Finalement, il aura été bon qu’à mettre en pagaille les sentiments de Nath, mais j’leur fait confiance pour se démerder de ce côté. Il cale sa joue au creux de ma main et j’devine qu’il adopte un ton humoristique ne sachant pas comment j’vais me comporter avec lui. J’vais pas l’en blâmer, c’est pas comme si il pouvait tout connaître de moi et de comment j’me comporte face aux gens, mais serait temps que je lui montre aussi mes bons côtés dans ce cas. Je soupire et lui assène une seconde pichenette bien mérité. Déjà, on pourra pas dire que j’suis pas un dieu de la pichenette. C’est sûr que j’veux en savoir plus, mais pas qu’il s’inquiète de mon jugement. Au risque d’être répétitif, on a tous un passé et j’ai pas de raison de la juger pour le sien sinon qu’est ce qu’il aurait à dire sur le mien … J’suis pas honteux de ce que j’ai vécu, mais j’vois pas non plus de raison d’en tirer la moindre fierté. Ça fait juste de moi l’homme que je suis aujourd’hui et ça vaut ce que ça vaut.

« Je dis pas que je veux pas connaître tes parents, mais j’aime mieux te considérer pour ce que t’es plutôt que le fils de qui tu es ! Et surtout si ça concerne qui je me tape. »

Son regard me dit qu’il est en train de procédé au fait que je prends l’info qu’il me donne sans prendre mes jambes à mon cou et je ponctue le tout par un clin d’œil complice. J’aurais d’ailleurs bien du mal à lui dire quoique ce soit sur les mes parents puisqu’apparemment j’étais pas vraiment l’enfant imaginé ni par l’un ni par l’autre. J’en profite pour bouger sur mon séant et me rapproche de lui, ma tête se posant sur son épaule. Je glisse ma main le long de son dos et finit par serrer mes doigts contre sa hanche.

« J’pars pas … T’as le droit de me dire ce que tu veux. Et ensuite, parce que tu m’as toujours pas montré tes blessures et qu’j’te laisse pas tout seul dans cet état. »

Donc il a le temps avant de se dire que je décampe. Aussi parce que j’aimerais bien savoir comment un démon a pu se faire autant amocher maintenant que j’y repense.

La question que je me pose, est-ce qu'il le savait déjà ou pas? Ce qui rajoute une pression mentale que je m'en serais bien passé. Est- ce que mes barrières seraient déjà tombées devant lui? Que je ne m'en suis jamais rendu compte? Il me met vraiment le cerveau en pagaille celui-là. La seconde pichenette, me fait sursauté en me redressant légèrement, je me frotte le nez avec d'une main, sa pince et chatouille a la fois, celle là aussi je l'ai pas vue venir.

-J'vais me passer de cette épreuve, t'a déjà connue Jonathan et ses bien assez…

De un, ma mère est passée de l'autre côté du voile et mon père, pas entendu parler depuis des décennies et j'y tient pas, perso.. Pour ce qui a été d'entrevoir John, ça pas été facile mais réussit à le faire passer dans le monde tangible quelques heures en début d'année. Pour ce qui est, qui se tappe qui. Je crois que je suis bien tombé si on oublie l'épisode de harcèlement pendant cinq ans qu'il a passé à l'ombre. Je le laisse approcher, je ne vais pas me plaindre, ah peut être que si en fait. J'suis courbaturé de partout faut croire.

-J'te rappel que tu m'a soigné gros bêta, t'a oublié?

Ou est-ce ma tête qui me joue des tours? Je serais tombé dans les vapes avant de me faire soigner? Fort probablement et c'est sans doute le cas, vue la douleur que je me fais subir intérieurement. Pas que j'aime pas ça, hein? Ça me fait juste rappeler que je suis bel et bien vivant. Ça me laisse réfléchir quelques secondes.

-...Suis si mal en point?

J'ai dû mal à m'auto analyser avec tout ça, j'arrive même pas à lancer un sort de soin. Avec le mal que je ressens, j'ai dû mal a posé ma main sur sa cuisse en relâchant le draps parce qu'elle arrive pas a monté plus haut, c'est sans arrière pensée que je le fait en bougeant elle arrive a retrouvée sa main. J'ai cherché quelque seconde dans le vide, hein.

-La magie de Nath, n'est pas prête à se montrer de nouveau avant un bon moment… Fait un mal de chien…

Un mortel bien ordinaire y aurait laissé la vie, j'ai payé cher en restant dans la bulle que j'ai mise en place, juste pour démontre que je ne reculerais pas devant ses mise en garde, j'ai vu pire et qu'il pouvait me faire confiance de ce côté. Je maîtrise assez bien les rudiments qu'elle exige.

Jusqu’à dire que je savais, y’a un faussé, mais j’suis pas débile ou pas totalement du moins. Et oui, j’me doute que c’est pas le premier sorcier du coin qui serait capable de tenir à la longue une magie aussi puissante que la sienne. Je vois déjà bien ce que ça peut m’faire si j’passe une semaine trop intense à faire jouer les p’tits tours de magie. J’dis pas que je finis sur les rotules, juste que je le sens. Alors tenir et même quand il y est pas, toute l’illusion de son palace, autant dire que j’veux bien croire qu’il a de la ressource qu’il m’a pas dévoilé.

« J’sais pas si on peut dire connu, mais j’ai pas fui et si moi j’suis gros toi t’es une ablette alors zut ! »

J’dépose un baiser sur sa joue avant de reprendre.

« J’t’ai pas vraiment soigné, j’t’ai trouvé comme ça et c’pas une excuse pour te mettre à poil promis … mais ouais t’es mal au point ! »

J’suis pas soigneur, mais quand tu vis dans la rue, t’as tout intérêt à savoir te démerder avec ce que tu trouves et ça veut dire parfois le pire matos du monde pour juste éviter d’aller à l’hosto et se faire recoudre, jamais été fan de la voie officielle de toute façon. Donc sans avoir passé mon doctorat, j’sais ce que c’est de pouvoir limiter les dommages. J’passe une main rapide sur son épaule et la grimace que ça lui arrache juste de se bouger, sa main qui se crispe sur le drap … j’devine aisément que ça doit pas être la vision la plus ouf sous son peignoir et sa main qui galère à trouver la mienne me convainc que j’dois pas être loin de la vérité. Par contre l’explication A+B se fait illico et j’me tape le front de l’autre main en comprenant le malaise. Si Nath a tout fait pété, j’veux bien croire qu’il a fait des dégâts. On va dire qu’en témoigne quelques cicatrices de moment où le sorcier était au plus bas et avait plus aucun contrôle sur sa magie. J’peux faire tenir l’illusion aux autres que tout allait bien, mais j’ai douillé.

« Ah ouais … ça explique beaucoup … va falloir que tu m’expliques comment t’as fait ton affaire quand même parce qu’à te voir on dirait qu’il t’a pété au nez … »

Vraiment sans doute presque littéralement vu les éclats sur son visage. Merde, il a pas idée Nath d’exploser la tête de mon mec ! Peut pas faire ça à son vampire qui lui au moins guérira en deux deux … enfin cela dit c’pas censé être plutôt résistant les démons ? J’y connais pas grand-chose à tout ça …

« Déjà, commence par t’allonger. J’t’aide et j’sais pas si t’as b’soin d’un truc pour te soigner, mais j’peux toujours faire un tour de l'appart pour te ramener ce dont t’as besoin. »

Je regarde autour de nous pour me faire une idée de ce qu’il peut bien y avoir ici pour l’aider. L’endroit est trop rangé pour que j’y trouve quoique ce soit et j’me doute qu’il passe plus de temps à travailler dans son bureau qu’à loger dans son appart. Toutefois, si j’devais parier sur une pièce, ce serait sans doute la salle de bain où il doit y mettre sa pharmacie …

Quand on utilise n’importe quelle sorte de magie, il y a toujours un contre coup derrière et cette fois j’ai payé, toute particule de mon corps me fait mal. Faut dire que je commençais à vraiment m’en remettre avec ce qui s'est passé y’a deux mois à peine alors forcément un jour ou l’autre j’allais en baver. Ca va me prendre un moment avant d'être à 100% opérationnel cela dit.

-M’eh, suis pas si riquiqui que ça, hein…

Celle la, je l’ais prise a coté de la plaque, a moins qu’il fasse allusion a, nah… Ça doit pas être ça quand meme et voila je pars sur un délire qui ne se veut pas des plus chaste. Mais je reviens sur terre au baiser qu’il me colle sur la joue. Alors donc, j’ai dû rêver qu’il m'avait soigné.

-Arf, mon cerveau me joue des tours…

Me giflant mentalement sur l’allusion qu’il me fait. Si je ne veux pas prendre l’infection, il faudrait tôt ou tard me soigner davantage. D’ici quelque heure, je serais sans doute capable de bouger un peu plus que je me dis, la c'est complètement galère. A son tour de percuter quand je cite la magie de Nath et oui, c'est elle qui m'a rendue dans cet état lamentable. Il pourra glisser deux mots a son ex en passant, moi je vais m’en tenir loin pour un petit moment, pas certain qu’ils veulent me revoir dans le décors ses deux la.

-T’as vue juste… Ca ma pété au nez..

Je lui explique les grandes lignes de l’incident, puisque je ne peux pas le lui montrer de toute façon, comme quoi j’ai attiré Nath derrière une hutte, pour tout faire péter dans une bulle qui retiendra les effets sans que personne ne se doute de ce qui va arriver. En lui disant que j’aurais peut-être dû me retirer de la bulle, chose que je n’ais pas fait parce que, ouais j’l’ai affronté, juste pour pas que ça explose sur le vampire, même s’il s’en serait sans doute remis en deux trois mouvement, mais ça aurait été louche auprès des habitants, une hutte qui éclate et que deux personnes s’en sorte blesser sauf un. Alors j’ai préféré que ça m'explose en pleine face. Vous voyez le topo, un Matthew pas au top de sa forme.

-Suis pas fatigué… Une plainte enfantine, en fait si, je tombe d'épuisement, mais j'essaye de profiter de sa présence avant qu’il ne se fasse la belle. Je me rallonge tranquillement en me serrant les dents de nouveau. Peuvent faire sans moi pour aujourd’hui…

Un miracle s'est produit, je suis passé avant le reste. De toute façon, je pourrais de peine et de misère me rendre ailleurs que ma salle de bain adjacente à la chambre. Déjà je la trouve bien assez loin.

-Y’as sûrement des cachets anti douleur dans la pharmacie….

Avec surement de quoi me soigné.

Je lève les yeux au ciel. J’suis pas pisciculteur c’est sûr et j’visais plutôt le côté fin du machin que la taille … p’t être une anguille, mais on va pas se mentir, ça a pas des côtés sympa ces machins alors j’y réserve quand j’parle de l’ex de Nath.

« Mais non t’inquiète, t’es un grand échalas ! »

Je le regarde se perdre lui-même dans ses souvenirs … je peux pas deviner ce qu’il a fait avant que je n’arrive. Le truc c’est qu’au moins, à défaut d’avoir été présent, j’ai malheureusement bien deviné les évènements qui ont conduit à sa tête de déterré … Quand il m’explique, j’sais pas si j’enchaîne les grimaces ou les airs sérieux le plus, mais j’comprends que mon frère est pas vraiment encore arrivé au bout de ses peines si j’en crois Matt … Nath qui fuit les conversations sérieuses ? Naaaaaaaaaaaaaaaan … pas son genre voyons … ok, j’suis totalement ironique, ce mec a dû avoir la trouille de sa vie quand Elaine s’est blessé pour se décider à retomber sur ses pattes et affronter le monde pour ce qu’il est. Alors oui, c’est souvent de la merde, mais si on creuse, on trouve des pépites … C’est quand même parmi les gamins des rues que j’ai les plus belles rencontres, des enfants simples, qui font pas des scènes pour avoir le dernier jouet à la mode même si parfois – souvent – j’aurais aimé pouvoir leur offrir. Là, ils demandent qu’à vivre, profiter et voir de quoi sera fait demain. Comment je le sais ? J’ai été – je suis – pareil. On se change pas quand on grandit comme ça.

Concernant Matt, va falloir qu’il se résigne, cpas parce qu’il me dit qu’il est pas fatigué que je vais le croire.

« C’pas beau d’mentir … t’as des cernes pire qu’un panda. »

Pas vraiment besoin de lui redire, le brun s’allonge de lui-même non sans quelques grimaces de douleurs. J’veux bien croire qu’il doit avoir l’impression d’être en kit … un os par-ci, un os par-là ! Il arrive tout de même à m’arracher un sourire alors qu’il capitule sans broncher même face à la gestion de son hôtel de luxe. C’pas faute de lui avoir déjà dit un milliard de fois. Bien sûr que ses vaillants p’tits soldats vont très bien réussir à mener la ménagerie sans encombre même s’il décroche plus d’un jour. Ce truc roule depuis des lustres, va pas s’effondre demain la veille.

« Bouge pas. »

J’me redresse et m’aventure à travers la pièce adjacente pour trouver la pharmacie … sa salle de bain est juste démesurément grande. On pourrait y loger une famille rien que dans la baignoire. Comment ça j’exagère ? A peine franchement. Moralité, j’mets bien 5 longues minutes à trouver ce que je veux et réapparaît avec un comprimé et un verre d’eau fraîche. Une fois posé sur la table de chevet, je l’aide à se redresser rapidement juste de quoi lui permettre de boire son eau sans s’étrangler avec. Ça peut faire ça un démon ? Je fronce les sourcils et l’observe, alors qu’un sourire se dessine sur mes lèvres. Un soupire franchit mes lèvres et je m’assieds à côté de lui, rabattant mes genoux contre mon torse.

« T’sais, on a tous nos démons. Pardon, mauvais choix de mots, mais t’as compris l’idée … Enfin, t’sais, tu peux m’en parler, j’vais pas te fuir, j’vais nulle part. Ou jamais bien loin en tout cas. »

On va dire que l’histoire de Nath avec son vampire m’aura direct enseigné une chose, c’est qu’on peut pas non plus se fier à la nature profonde … certes, j’retire pas que j’ai eu des doutes pour la sécurité d’Elaine, entre autre celle de Nath, mais aujourd’hui même si cette tanche a réussi à fuir à l’autre bout du monde et s’est fait débusqué par le duo de choc qu’ont formé Nath et Matt, je vois tout à fait ce qu’a pu ressentir Nath … Quand j’y repense, c’est une humaine qu’a aussi la médaille de lui avoir fait le plus de mal. J’étale mes pattes dans son lit et j’avoue que pour cette nuit, j’peux faire l’effort de rester jusqu’au p’tit matin s’il le faut, mais va quand même falloir que j’me dégourdisse avant de finir la nuit ici.

Je hausse les épaules et regarde dans le vide. J’suis un bon écouteur et la version longue me dérange pas. Quitte à faire, autant qu’il puisse se vider la tête, ça nous fera pas de mal de nous dire qu’on part sur une bonne base. Bien loin de moi l’idée de faire la même connerie que d’autres !

« Tu peux balancer la longue, j’compte pas aller bien loin ce soir. »

Le nombre de message texte ? ok, mais d’un côté s’il répond pas, j’suis partiellement en droit de m’inquiéter et franchement, ce mec, quand il est épuisé, il a tendance à pas vouloir m’inquiéter à outrance quitte à me faire croire que j’peux oublier son existence. Pas de chance, y’en a déjà un qui a essayé avant toi et je sais m’accrocher comme une vieille moule à la proue d’un navire. Donc ouais, j’l’ai peut être harassé de message, mais s’il avait répondu au premier, j’l’aurais pas fait.

« Non, mais refais moi le topo complet et j’veux ta version, ton ressenti. Celui de Nath et Dante, j’suppose qu’un jour il me reviendra aux oreilles et bien assez vite. »

Pas tant que je vais aller le chercher, quoique … non, juste savoir si Nath va bien et si j’ai pas à décapiter le vampire pour avoir fait tourner en bourrique mon frère. Je m’affale totalement à côté de lui et tourne mon regard pour croiser le sien, toujours aussi noir. Je devine à sa tête que son corps lui octroie une petite accalmie et j’me permets de me bouger d’une fesse pour me rapprocher de lui. Pas que je sois du genre collant, mais j’ai jamais été contre l’idée d’être tendre. Nos mains se rejoignent et je glisse mes doigts entre les siens. C’est comme le baiser … j’en ai besoin, il en a besoin, on se pose, on profite et après j’irais sans doute me chercher un tacos au coin de la rue. Il commence à parler et je l’écoute en silence, sans l’interrompre. J’ai envie de me souvenir de tout et tâter le terrain de comment il a vécu la chose … je sais pas pourquoi, je sens presqu’une pointe de regret ou d’amertume. J’suis sûr que Nath et Dante ont pas encore mesuré l’ampleur de leur connerie et de l’impact que ça a eu sur Matt. J’vais totalement dans son sens pour avoir essayé depuis presque 30 ans à garder Nath en vie, ils donnent des tachycardies à nous foutre des pressions pareilles. Au final, j’suis juste content de voir que même s’il avait du mal à m’dire qu’il est un démon, tout ce que je retiens c’est que derrière son costard et son air bon chic bon genre, il a un cœur en or et de l’altruisme à revendre.

Bien sûr que j’suis sérieux ! On peut pas plus sérieux même sinon j’serais pas là et j’suis pas du tout du genre à me défiler. J’comprends qu’il laisse volontairement des zones d’ombre pour préserver la vie personnelle de Dante et honnêtement, j’ai pas envie d’avoir les détails, j’comprends bien assez que le mec est carrément torturé et que ça a pas dû être la joie, mais qu’il en a fait baver en retour à mon démon ! Pas mal quand même le couple capable l’un après l’autre de mettre à plat Matt et son Pandémonium.

« On va partir du principe que déjà, t’as pas accédé à la requête des premiers péquins qui passent. J’préfère apprendre que tu t’es mis à plat pour des gens biens que le tout-venant j’t’avoue, même si je juge pas ce que tu fais avec le tout-venant, juste que quitte à ce que tu finisses vraiment sur les rotules comme tu dis, ben ouais, j’aime mieux que ça soit pour Nath et accessoirement Dante. Va juste falloir que tu t’écoutes et que t’arrêtes de te défoncer pour eux. Vont bien finir par apprendre à communiquer sans passer par toi … »

Une petite discussion avec mon frangin me paraît maintenant indispensable. Faut qu’j’lui dise que ce mec-là, s’il veut le garder, faut qu’il apprenne à communiquer. Ça va les ronger l’un et l’autre et ces têtes-brûlées vont pas passer par-dessus Matt à chaque fois qu’ils ont un problème. J’ai déjà vu comment procède le vampire et même si ce mec donne à tout le monde l’impression qu’il est hyper organisé, il est faillible et a p’t être autant de couac à se reprocher que Nath …

« C’que j’te propose, c’est que pour ce soir, c’est moi qui m’occupe de toi. Arrête de réfléchir, arrête de vouloir faire semblant d’aller bien et lâche toi … J’peux comprendre que devant les autres tu t’permets pas ça, mais me la fait pas à moi. »

Je sers un peu plus fort ces doigts entre les miens et me tourne vers lui pour poser mon front contre sa joue avant de me redresser sur mon séant. Chose que le brun semble pas en mesure de faire encore pour le moment.

« Reste tranquille et ferme les yeux … je reviens. J’vais me dégourdir les pattes, ça t’évitera de culpabiliser de dormir alors que j’suis dans les parages et quand tu te réveilleras, j’aurais bien dégoter un truc à nous mettre sous la dent et nous rafraichir le gosier. »

Je dépose un baiser sur ses lèvres après m’être penché rapidement vers lui et repars. Je suis a peu près sûr qu’après le monologue qu’il m’a pondu, il a pioché dans ses dernières réserves.

J’en profite donc que ses yeux se ferment déjà pour retourner me promener. Juste respirer un peu d’air frais. Pas que j’ai quoique ce soit à faire de bien urgent, mais j’considère que vraiment faut qu’il se repose. En retournant à son appart, il est pas bien compliqué de comprendre qu’il dort encore au silence qui règne. J’profite donc pour faire un détour par sa cuisine et le bar afin de nous ramener un p’tit plateau sympa à grignoter. Doit bien y avoir des chips et de la bière ? Après ce qui me semble un millier de placards ouverts, je finis par trouver mon bonheur et revient vers la chambre. Pas de doute que le branle bas de combat que j’y ai mené l’ai finalement tiré des bras de Morphée, car je le vois ouvrir un œil dès que j’entre.

« Salut beauté, tu te sens reposer alors ? »

Eh bah si, il es sérieux et il est vraiment resté attentif à toute l’histoire que je lui fait, en lui épargnant quelque détail qui ne vaut pas la peine d'être raconté, comme la vie privé de Dante, bien que je la sache un tout petit peu, cela ne me permet pas plus de l’étaler au grand jours, suis pas de ce genre, si vous saviez tout ce que je peu savoir en ayant hérité du pouvoir du paternel, certaine personne retournerais volontier dans leurs tombe. Parce que, oui, en deux cent cinquante ans, j' ai su des secrets! Bien que dans le passé j’en avais exploité quelques- uns, j’ai retenu assez rapidement la leçon.

-Un n'avait qu'à pas cité le Pandemonium a la base, j’aurais fait autrement…

Comment, je l’ignore. Faut pas enchaîner là- dessus. La prochaine fois, je ne laisserais pas mes dons primaires s'exciter autant et réfléchir à deux fois avant de faire quelque chose. Mais oui, faut que j’apprenne à penser à moi avant les autres. Par chance que ce genre de cachet fait effet.

-J’y peut rien… Mais j’te cache pas que j’ai mal partout…

Je n'empêche pas un bâillement de passer mes lèvres, la fatigue vient de me retomber dessus. J’met pas longtemps avant de sombrer. J’ignore encore combien de temps j’arrive a dormir. Le temps que les cachet font effet que je me dit ou bien ses l’envie de pissé qui me reveille aller savoir. Le voir réapparaître me met un petit sourire aux lèvres, il ne rigolait pas quand il disait vouloir jouer l'infirmière. Un infirmier fortement sexy, grrr. J’me redresse quand il approche avec un plateau.

-J’ai toujours autant mal partout, mais j’arrive un peu plus à bouger, grâce au cachet. J’ai dormi combien de temps?

Surement quelques heures, puisque l’astre du jour a probablement changé de place et les rideaux occultant n'aident pas à savoir où nous en sommes dans la journée. J'arrive à  repousser les draps et passé les jambes dans le vide.

-J’me suis pris un envie de pisser en sommes…

J’aurais pas dû tenter de me lever sans son aide que je dois me rattraper sur lui. Je croise mon reflet dans la salle de bain et je grimace, j’ai une sale tête. Je l’approuve. Vivement la douche quand je serais capable de tenir plus d’un aller retour à la salle de bain. J’me réinstalle sur le matelas sans faire d’histoire.

-T’as ramenez quoi?

Pas possible de me le cacher de toute façon … il a l’air fourbu comme pas deux et son corps le lâche … dort !! c’est tout ce que j’lui souhaite. Je m’approche de lui après avoir posé le plateau dans un coin de sa chambre tout en regardant la montre imaginaire que je n’ai pas au poignet.

« Oh ben au moins trois heures je pense … »

Ok, j’en ai pas l’ombre d’un idée, mais j’estime à peu près, c’est l’habitude de devoir se débrouiller sans montre qui parle plus qu’une véritable estimation faite en regardant le déclin du soleil. Je le regarde essayer de se lever misérablement et vient à son aide avant qu’il ne s’effondre sur le sol, risquant d’empirer ses blessures.

« Sexy ! Va donc vider ta vessie alors, j’t’amène jusque là-bas et j’t’attends derrière la porte si ça te rassure. »

Faut dire aussi que je guette à l’oreille de pas l’entendre s’affaler sur le sol et se casser la gueule s’il en fait trop. Et connaissant le gus, il va en faire trop, mais j’me satisfait de l’entendre finir son affaire sans encombre et revenir docilement se caler dans le lit. Je m’assieds à côté de lui en jetant un coup d’œil sur ce que j’ai mis sur le plateau.

« Ce que j’ai trouvé … au moins, j’suis content d’avoir trouvé de la bière dans ton réfrigérateur direct, mais pas sûr que ça le fasse avec les cachets … enfin t’es majeure et vacciné, j’pense pas non plus que ça va te tuer. »

Non, mais j’ai jamais dit non plus que j’étais la voix de la raison et surtout quand ça concerne l’automédication.

« Le reste ce sont des p’tits fours que j’suis désolé, mais j’ai pas fait réchauffer et des chips … diète quoi ! De quoi te remplumer un peu j’espère et après tu me montreras si t’as un truc dans ta cuisine à faire réchauffer au four rapidos … tu devrais au moins toujours garder une ou deux pizzas au congèle si tu veux mon avis. Y'avait aussi un ananas ... tu veux que je le prépare? »

Sans mentir, ça se voit quand même immédiatement qu’il a l’air moins tiré, moins tendu … j’imagine que cela doit aller avec le package démon. Il doit guérir plus vite que la moyenne. Je passe une main dans ses cheveux en bataille.

« T’as déjà moins l’air déphasé … si tu veux, j’nous mets un film et on s’installe ? »

J’imagine déjà qu’il va me sortir une télé écran plat d’un mur ou d’un placard, faut dire que les fois où j’viens, c’était pas la télé notre centre d’intérêt, mais là, j’l’imagine pas du tout s’adonner à quoi que ce soit de physique.

Je m’occuperais de savoir l’heure apres etre aller pisser, ou bien je me fie à sa montre fictive qu’il fait mine de regarder.

-Le temps qu’il fasse effet, je dirais… C’est soit la douleur ou l’envie de pisser qui m'a réveillé.

Je suis donc dû pour en prendre d'autres, après avoir pisser, j’passe au lavabo ou je dois me tenir quelques secondes avant de me laver les mains, attraper d’autre cachet en double dose, doublé d’un anti-inflammatoire que j’avale vite fait avant d’ouvrir la porte et le découvrir au aguet. Prêt à m’aider pour revenir au lit en écoutant ce qu’il a au menu. Il m’étonne qu’il ait trouvé quelque chose en fait.

-Ca il en aura toujours… J’vais te voler quelque gorgé..

Parce que de l’alcool ça ne se refuse pas et j’ai bien besoin d’une gorgée ou deux avec tout ce que je viens de passer. Je tends la main vers la bouteille pour me prendre une gorgée. Je dois me féliciter pour être raisonnable et ne pas avoir penché pour l’alcool fort. Qu’il soit froid ou pas, j’en mange un pareil, suis pas des plus bien difficiles.

-Ca iras… J’vais essayer d’y penser, il m’étonne que t’ai trouvé quelque chose, suis toujours fourré au bar ou au restaurant de la place…

J’ai quand même un chef cuisinier à mon service, je tourne mon visage vers lui quand il me passe la main dans les cheveux. En écoutant la proposition qu’il fait.

-Plan que je m’endorme dessus, t’avoir comme oreiller dit pas non…

Je mange un autre petit four en ne le quittant pas des yeux en me replaçant un peu plus confortablement. J’dois me gifler mentalement pour continuer à être raisonnable.

-Un autre de ses Disney a me faire découvrir?

Parce qu’il en reste quelques-uns que j’ai toujours pas vu avec lui parce qu’il y a qu’avec lui que j’en regarde un de temps en temps.

Ce qui me fait sourire à la seconde ? C’est que j’me dis qu’y’a que moi qui le verrait jamais sortir ce genre de connerie. Je l’imagine même pas dire ça à sa réceptionniste et je sais que c’est une chance de le savoir aussi transparent avec moi. Je lui tends une bouteille que je décapsule sur ma ceinture avant. J’en prends une pour moi et trinque.

« Santé et c'est pas peu de le dire. »

un clin d’œil et je bois une gorgée salvatrice et le regarde d’un œil alors qu’il me dit surpris que j’ai trouvé quoique ce soit dans les placards.

« Euh alors j’t’avoue que j’ai pas regardé les dates de péremption … du coup si ça a un goût cheloud recraches hein, j’pense pas que t’es b’soin de rajouter une indigestion en plus. »

Non, mais sérieux, moi j’étais partie du principe qu’il savait ce qui se trouvait dans sa cuisine, mais j’ai pas pensé une seconde qu’en fait la cuisine et lui ça faisait deux. Je sais pas, mon imaginaire qui travaille tout seul.

« J’sais pas, j’te voyais déjà connaître tout ce que t’as dans tes placards, p’t être même en faire un inventaire – je rigole tout seul et continue de jouer avec sa chevelure – et si tu t’endors à nouveau, tant mieux, c’est qu’t’en as besoin … par contre tu me dis comment je fais parce que la technologie et moi … »


Non, mais j’ai autre chose à faire que de m’encombrer d’un smartphone que j’pourrais même pas me payer et j’ai pas à vocation d’en voler juste pour le plaisir. Si j’dépouille des portefeuilles, c’est pour m’nourrir moi et les gosses du quartier si jamais. Alors j’ai un téléphone, le genre avec un clapet qu’on trouve plus partout depuis un by mais qui remplit très bien son taf. J’peux appeler et envoyer des sms quand je veux. Moralité, j’acquiesce pour le Disney sans broncher. Il peut bien mettre celui qu’il veut. Un truc pas prise de tête, le monde a déjà bien assez d’horreur pour pas qu’on en regarde en prime et j’suis ses indications pour préparer le truc. Le reste, la télécommande semble suffire et je m’avachie avec lui dans le lit après qu’il se soit rassasié. Il se cale tant bien que mal contre moi et pose sa tête contre mon torse, mon bras passant derrière sa tête pour le maintenir un peu plus. J’vais pas lui promettre de rester éveiller moi aussi, c’pas mon point fort de tenir derrière un écran et concentrer en prime.

« Ce que tu veux … on a pas fait le Monde de Nemo la dernière fois ? »

J’avoue que je me souviens plus vraiment, j’suis pas sûr qu’on ait tenu tout le film non plus et pas parce qu’on s’est endormie, mais cette fois, j’lui fais confiance pour finir totalement en PLS et moi itou. J’ai pas l’impression qu’il a envie de plus me parler et j’vais pas le braquer pour si peu, si déjà il a réussi à amorcer le sujet de ses origines, c’est déjà tout un monde comparé à d’autre.

Le voilà qu'il me laisse la bouteille entre les mains. Pourquoi pas après tout, qu'est ce qui pourrait m'arriver davantage, appart tomber une nouvelle fois en pleine face, je suis chez moi après tout je fais ce que je veux. Mais je vais tout de même y aller mollo avec qu'une seule.

-Santé…

Je trinque nos deux bouteilles en buvant une bonne gorgée. Je l'écoute en déposant la bouteilles

-T'inquiète je sais à peu près ce qui se trouve dans mes placards,  j'y passe assez souvent… Parce que ouais, même si j'ai un chef cuisinier en bas, je sais cuisiner de temps en temps..

Minimum une ou deux fois semaine sur ce qu'il peuvent bien me céder en bas. Mon prochain objectif est de reproduire ce qu'a fait Dante l'autre jour au souper pseudo famille  et de lui servir.

-Passe par dessus moi et attrape la manette dans la table de chevet, si je m'essaie ses le plancher que je vais voir en premier.. Mon portable doit être mort a l'heure qu'il es..

La domotique parfois c'est génial parfois non. S'il passe par-dessus moi, j'arrive pas à m'empêcher d'y glisser une main dans le dos sinon je le suis des yeux en continuant de manger. La manette en main, je lui explique plus ou moins comment ça fonctionne. L'écran se déroule du plafond et le reste est facilement trouvable avec le bouton Netflix ou l'autre Machin Plus. Je termine le plateau et ma bière que je m'installe tranquillement.

-C'est le poisson orange? Ou est-ce le bleu? J'me souviens d'un  orange…

Celui dont je parle? Quoi qu'on n'a aussi vu le bleu la dedans. Arg, suis perdu.

-T'aurais pas une question à me poser avant de le débuter?

Levant les yeux vers lui, il a sûrement une question qui le taraude avec tout ce que je lui ait déballer, quoi que cela peut aussi attendre. Ainsi installé, je risque de ne pas faire long feu je vous le garanti.

J’peux pas lui en promettre autant … déjà la grande cuisine et moi, on se connait pas et ensuite, cela me mets incroyablement mal à l’aise le truc où t’as un serveur dans ton dos qui guette que ton verre soit vide pour le remplir. Ça m’est arrivé une fois et j’ai cru que j’allais me barrer en courant.

Ok, je retiens carrément pas un clin d’œil enjouer même si je sais que son corps endurerait absolument rien ce soir alors qu’il me demande de passer par-dessus lui.

« T’inquiète, come tu dis, on se débrouille à ton hôtel et t’as besoin d’oublier que le reste du monde existe pour te concentrer sur toi, donc ton portable… »

Je passe une main par-dessus mon épaule pour mimer un objet qu’on jette. Donc forcément, je prends mon temps pour déposer un baiser alors que j’attrape de l’autre main sa télécommande dernier cri et ne lésine pas sur la langue. Faut bien qu’il regrette aussi d’avoir joué au con et son histoire de bulle, ça craint quand même qu’il ait pas pensé à lui une seule seconde avant de se lancer dans cette connerie.

« Oui, oui, des poissons et une histoire d’aquarium et tout, j’me souviens plus trop non plus je t’avoue, mais c’est déjà immense que tu te rappelles des poissons. »

Bien installé je le laisse me montrer comment bidouiller alors que nous tombons sur les indestructibles … ça me semble dans le thème et l’arrête sur celui-là pour qu’il le lance. Au mons, c’est mieux qu’un ciné et gratos, même si c’est toujours facile de trouver la sortie des salles pour s’infiltrer et aller voir ce qu’on veut … pratique aussi en hiver pour se mettre deux heures au chaud quand on en a marre d’être transi de froid.

A sa dernière question, je pose mon regard sur lui et soupire.

« J’en ai sans doute, mais j’ai pas envie de te forcer à parler de ta partie démon sans que ça vienne de toi. T’as crevé l’abcès et c’est déjà immense. Tu sais que j’m’en fiche et que j’te juge pas et si c’est tout ce qu’il te faut, j’te le donne, mais lâche toi si ça te fait du bien ! J’peux encaisser. »

J’pose ma tête sur la sienne, ses cheveux me caressant assez le nez pour que je m’éloigne rapidement avant de lui éternuer dessus. Ça doit être ça le plus démoniaque que j’ai vu chez lui pour le moment … une chevelure anarchique couleur ébène et qui retombe toujours de la manière la plus cool sur son visage. J’ai beau essayer de saboter sa coiffure, ça finit par retomber nonchalamment sur son front.

Je souffle sur la mèche qui a daigné me chatouille pour l’envoyer paître et profite de son front nu pour y poser un baiser.

Je hausse les épaules et lui glisse un clin d’oeil.

« Quand on parle Disney, c’est p’t être les seuls moments où je peux briller en société à côté de toi et j’aurais toujours une longueur d’avance ! »

Je compte grandement sur ma nièce pour me tenir informé des dernières sorties. Enfin, si j’en crois son père, un petit ami est entré dans le jeu et je crains qu’elle ne veuille plus autant aller avec son vieil oncle au cinéma, manger du popcorn et s’indigner dès qu’un personnage fait un truc trop bête, trop évident. Concernant l’incident, je connais Nath et j’ai une vague idée de la mentalité de son mec. Pas rancunier, tout du moins pas envers moi et j’les imagine pas être comme ça envers Matt surtout vu les circonstances. De mon point de vu, Matt est persuadé d’avoir mal agi alors que ce sont justes ces deux tanches qui étaient gravement tendu. Mais dès que la pression sera retombée, ce sera détendu et sans prise de tête la prochaine fois qu’on se reverra. Mon plus grand challenge va sans doute d’être de convaincre Matt que c’est ok et qu’on lui en veut pas.

Pour la peine, comme rien ne lui vient, je lui donne un baiser et le laisse aller rejoindre Morphée. Heureusement que je ne suis pas homme à être jaloux ! Le truc c’est que j’ai du mal aussi à suivre et la chaleur aide pas, j’m’endors pas longtemps après lui et on est chanceux qu’aucun de nous deux ne ronfle de trop, sinon ça aurait été un chouette concert. J’veux même pas savoir combien de temps je reste dans le coaltar après ça, mais depuis longtemps le film est fini puisque l’écran semble s’être mis en veille de lui-même. C’est d’ailleurs parce que je le sens se remuer que je finis par étendre mes jambes, étirer mes bras et bailler comme jamais juste pour tenter de réveiller les trois neurones qu’il me reste. La nuit est tombée depuis belle lurette et l’obscurité règne dans la chambre de mon compagnon. Impossible pour moi de voir s’il est réellement éveillé ou juste qu’il bouge incroyablement. Pour le coup, s’il remue autant, c’est sans doute que son corps est bien moins endolori et c’est tant mieux. En revanche, il me rappelle aussi pourquoi j’aime dormir seul et avoir toute la place pour moi-même. J’veux pas dire, mais s’il continue, j’vais le mordre pour un bout d’oreiller qu’il est gentiment en train de me chaparder et ça lui fera une blessure de plus à guérir. Même si j’suis à peu près sûr que celle-là, il serait pas contre de garder une cicatrice.