Surely I've nothing to do here but...

J'ai pas eu l'occasion de croiser Dante depuis qu'il a eu la brillante idée d'aller voir Claire dans mon dos, mais Silas a eu l'autre brillante idée de me parler de sa "tête de déterré" suite à son expérience inattendue d'accouchement à domicile. Je crois qu'il m'aura tout fait, non mais, honnêtement, je cherche encore ce qu'il peut me faire de plus que je verrai pas venir au tournant. Du genre se barrer à l'autre bout du monde peut-être? Nope, c'est pas le genre. Si? Nan, focus Nath, focus. Bref, entre temps, j'ai pu voir une Elaine toute excitée me décrire sa petite sœur en long en large et en travers, et j'ai fait de mon mieux pour partager son bonheur sans laisser d'autres sentiments risquer de se mettre entre elle et moi. Quand à Dante dans tout ça? J'ai bien essayé de l'appeler, sans succès, et je me suis laissé dire qu'il avait besoin de se changer les idées, surtout après avoir "survécu" à tout ce bordel de sang et tout ce qui va avec un accouchement. J'en ai connu deux hein, et j'ai fait le malin ni pour le premier, ni pour le second... notez que je ne me permettrais pas de me mettre à la place de celle qui le subit, y assister me suffit amplement à trouver que j'ai pas envie d'essayer.

Je passe une bonne partie de la nuit sur le canapé, le volume de la télé suffisamment bas pour ne pas perturber le sommeil de ma fille, une bouteille de bière vissée dans la main bien qu'en vérité, il me faudra plusieurs heures pour en vider une seule. Si je voulais pas rester en cas où Elaine au besoin de moi, je serais aller marcher à la fraiche, histoire de disperser un peu les souvenirs et les sentiments que ça remonte, tout ça. J'vais être honnête, j'suis content pour Claire, sincèrement, et je serai bien vache envers Paul de lui refuser ça alors qu'il a su être présent pour ma fille durant toutes ces années où j'ai pas assuré. En même temps, je lui en veut comme pas permis d'avoir réussi à aller au delà de Oliver, là où je refuse de veiller seul sur mes neveux, où une part de moi en veut stupidement à Max de la ressemblance physique affolante entre son fils et le mien, comme si il y pouvait quelque chose. Et ce crétin de vampire qui me laisse sur répondeur. Comme ci c'était le moment où j'avais pas besoin de lui, et lui certainement pas besoin de moi... Bref, je finis par vider la dernière gorgée de ma bouteille avant de la poser sur la table basse, ramener mes jambes sur le canapé et faire tomber le plaid qui en recouvre le dossier sur moi. Au moins, je risque pas de la rater si Elaine a besoin, en étant juste en dessous.

Le lendemain matin, on peut pas dire que j'ai dormi comme un loir, loin s'en faut, mais je crois pas que j'ai réussi à réveiller Elaine contre son gré. J'la dépose au lycée avec la moto, sachant qu'elle voudra certainement aller voir sa mère en rentrant des cours, et en vrai, qu'elle risque pas d'y être bien concentrée. Pas moi qui vais lui dire quelque chose, l'école et moi... disons que j'ai découvert l'école buissonnière de bonne heure, même si ça m'a valu une trempe ou deux de la part de mon paternel... au moins jusqu'à ce que je me dise dans ma caboche pas toujours bien logique qu'être au bahu m'épargnait d'être avec mon paternel. Bon, après, j'ai foutu et l'un et l'autre aux ordures donc ça a été aussi bien fait. Mais je m'égare, une fois encore. Je profite d'être arrêté pour tenter une nouvelle fois de joindre Dante, maudissant sa perle à la con qui l'autorise à sortir en plein jour. Si j'veux trouver Silas ici et maintenant, j'ai deux options, son appart ou son bureau, aussi simple que ça. Dante peut être partout lui. Je finis par relancer la moto pour refaire un bout de chemin à travers les embouteillages de la ville, m'offrant une escale que j'expliquerai bien assez tôt avant de rejoindre l'hôpital. J'suis pas sur que Claire sera enthousiasmée de me voir débarquer, mais même si on est les rois pour se tacler elle et moi - d'accord, j'y suis pour beaucoup là dedans - elle reste la mère de mes enfants, et c'est la moindre des choses de prendre des nouvelles.

Arrivé sur place, je réussis sans mal à me faire indiquer la chambre recherchée, mais je reste dans le couloir, observant à travers la vitre de la chambre. Content, je dois dire, que mère et fille dorment, ce qui m'évite une situation gênante. Je me permet donc d'entrer doucement, posant le bouquet que j'ai récupéré en passant sur la première table que je croise, déjà bien chargée. Une carte? Oui ben non, si j'évite qu'elle me voit là, c'pas de signer ma présence ici qui va améliorer mon cas. J'suis peut-être con mais ma connerie a ses limites... Bref, je finis par m'approcher du berceau de la petite, l'observant un instant avant de capter du mouvement du coté du lit, et une Claire qui se réveille, ça suffit largement à me faire fuir avant qu'elle ne réalise qui est là. Si on omet nos problèmes relationnels, on oubliera pas que je suis responsable de la mort de notre fils, je comprendrais totalement qu'elle ne veuille pas me voir à moins d'un kilomètre de sa fille. Sur ce, j'ai pas fini ma journée, ce qui me fait reprendre mon portable dès la porte de l'hôpital franchie. A défaut de savoir où est Dante, je sais qui l'a vu plus récemment que moi. Et comme dit plus tôt, cui-là, je sais où le choper.

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