• • • Je peinais à me sortir la tête de l'eau, mais j'arrivais enfin à mettre le nez dehors et ce sans Leilani, tant que son père était là pour s'occuper d'elle. J'avais donc décidé de me rendre dans un café-librairie pour prendre un peu de temps pour moi. En un quart d'heure de marche je n'avais envoyé qu'un message à Paul pour lui demander comment ça se passait. Il a répondu avec patience, j'ignore si il pourra en faire autant si j'insiste trop et ce serait montrer que je ne lui fais pas confiance; ce à quoi je ne tiens absolument pas à lui faire croire.

J'arrive enfin à destination. Je connais ce lieu. Il fait partit des différents établissements appartenant à mon employeur. Employeur que je ne connais pas, enfin je veux dire, je connais les gérants actuels, mais je ne connais absolument pas l'homme à la tête de tout cela. L'entreprise est si vieille déjà que cet homme est mort, il y a déjà plusieurs décennies.
Alors pourquoi cet homme devant moi, à une table,  l'intérieur de ce café lui ressemble étrangement. Il y a des tableaux de cet homme dans les bureaux de la maison d'édition où je travaille et je suis certaine qu'il lui ressemble. Mais comme déjà dit, c'est impossible. Je peine à trouver les mots pour lui répondre lorsqu'il me demande ce que je lui veux.

- Bonjour. Je suis désolée, je ... vous ne me semblez pas inconnu. Serait-il possible que nous nous soyons déjà rencontrés ?

Première phrase assez étrange pour une rencontre, mais c'est pourtant la vérité. Il ne peut certes pas être cet homme, alors qui est-il ? Pourquoi ai-je cette sensation de le connaître ?

• • •Chicago comme Seattle, faut toujours que j'y revienne. Je suis incapable de m'y tenir éloigné bien longtemps. Faut toujours que j'y remette les pieds en sachant très bien que je risque de me blesser.

Mais j'y peux rien, faut que je recroise ceux qui ont partagé un petit moment avec moi, tout simplement pour savoir s'il vont bien. J'ai recroisé Nathan et je dois avouer que cela m'a fait du bien de le savoir bien portant et dans le droit chemin que de ressentir un pincement au cœur comme une fine jalousie envers tout être humain qui me remet la vieillesse en pleine face. Cela leurs va si bien, du moins a certain. Bien que je m'en n'ai fait une raison, j'avoue que cela me titille tout de même.

Ce qui me désole, c’est que chaque fois, je finirais par quitter la ville sans en parler. Je déteste les aux revoirs larmoyants. Je n'ai pas le choix, quelqu’un finira tôt ou tard à s'apercevoir que quelque chose cloche avec moi. Ce qui est presque arrivé d'où le fait que j’ai pris le choix de partir dès que les doutes s'installent. Je vie littéralement entre deux valises entre deux chambres d'hôtel, bientôt je ne saurais plus où aller. Il y a 195 pays ou bien serait-ce 324 dans le monde que je vais me retrouver à cours d’idée un jour ou l’autre. J’ignore combien de vie, je vais devoir en endosser encore et encore. Mais en revenant à Chicago, j'essaye de me retrouver, il y a peu de monde qui me connaissent sous mon véritable nom, ils se comptent sur mes dix doigts.

Je suis revenu à l'une de mes premières extensions des imprimeurs BlueNote a l'opposé de l’état de Washington d'où je viens. J’ai tout de même réussi à en établir au moins une par continent. Lorsque j’ai appris entre les branches que celle de Chicago était menacée de fermeture, j’ai décidé d’y déposer mes valises quelque temps. Je suis donc là, en train de réfléchir tout en lisant un livre que je dépose quand on s'approche.

-Il est possible, oui…

Je rencontre un bon nombre de personne, j’observe la jeune femme en buvant une gorge de thé froid.

-Je rencontre bon nombre de personne, pardonnez mon ignorance sur votre personne.

Elle me dit vaguement quelque chose aussi, mais avec le temps j’ai appris à ne pas trop retenir les noms pour ne pas trop m'attacher si vous voyez ce que je veux dire…

• • • Je ne sais pas trop comment en venir à ce qui me turlupine. Je reste perplexe un instant. Il dit ne pas me connaître. Enfin en tout cas il ne s'en souvient pas. Rien de surprenant a cela. Je vais donc lui poser la question plus clairement.

- Je travaille pour l'une des agences Bluenote, en tant qu'éditrice, vous ne ferriez pas partit de la famille de M. Bluenote ? Il y a des portraits de lui dans chacune de ses boites et pour être honnête, vous lui ressemblez étrangement.

Je me rends compte que je suis un peu trop expressive avec cet homme que je ne connais pas. Il a probablement bien autre chose à faire.

- Je vous demande pardon ! Je vous embête avec ça. Vous devez avoir autre chose à faire que d'écouter mes histoires. Pardon !

Je lui souris gênée. Je commence déjà à me reculer, prête à faire demi-tour.

• • •- Edité ? Non du tout, c'est plutôt moi qui édite en votre nom. Je suis ravie de vous rencontrer. Je travaille dans l'une de vos maisons d'édition. Claire Granger.

Je lui donne mon nom tout en approchant ma main de lui, pour serrer la sienne. Son grand-père ? Oui c'est forcément ça, bien sur. La ressemblance est si frappante et avec la déclaration de Nathan il n'y a pas si longtemps sur le monde qui nous entoure je commence à me poser de sérieuse question sur tout ça, mais je me fais aussi de grosses idées et je me rends compte à cet instant que c'était stupide. Il y a encore énormément d'humains autour de moi, je ne dois pas l'oublier.

- Du coup, je ne pense pas que l'on se soit rencontré, je m'en souviendrais je crois.  Ce sont les portraits de votre grand-père tout simplement.

Il me propose la chaise face à lui. Je m'y installe un peu gênée de l'avoir interrompu dans ses pensées. Mais bon s'il m'invite c'est qu'il a deux minutes et l'occasion de rencontrer l'un de ses patrons ( quand ils ont sont aussi intouchables que cet homme, ça ne se refuse pas).

- Un thé, merci.

Avec un léger sourire aux lèvres.

- J'ignorais que vous ou un membre de votre famille était dans la région ! Vous n'étiez pas partit après la création de la maison d'édition et de ce café ?

• • •Donc, je ne l’aurais pas éditée, qui est-elle donc? La lumière fut lorsqu’elle se présente comme une éditrice de la boîte. Que suis-je bête de ne pas me souvenir de ceux que j’embauche. J’endosse la faute, puisque je ne leur rend pas vraiment visite après je communique par la voie des internets ou bien par téléphone. C’est cela avoir plusieurs compagnies un peut partout dans le monde la faute à mes nombreux voyages. J’en ai instauré dans chaque continent la ou je trouvais pertinent d’y laisser une trace.

-Oh! Suis-je bête, veuillez me pardonner.  

Je lui serre chaleureusement la main en essayant de me faire pardonner pour mon égarement sur la personne. Je ne ment pas, en disant que je ressemble à l'un des tableaux. Au moins, elle semble croire ce que je lui dit. Je me vois difficilement lui expliquer que je ne vieillis plus depuis trois siècles et que je suis coincé avec cette apparence pour toujours.

-Ce doit être lui qui vous a embauché à n'en point douter…

Que je dis, même si la possibilité de l'avoir moi même embauché est très grande. Je n'ai juste pas trop la mémoire des noms sauf sur certains visages. Je l'invite tranquillement à prendre place devant moi en faisant un petit signe a une serveuse d’apporter la carte des thés ainsi que des à côté qui vient dans les secondes. La carte contient des thé de partout dans le monde, l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l'Amérique et l'Océanie, si nous comptons l’Antarctique comme le sixième continent.

- Prenez ce que vous voulez…

A mes frais, je l’écoute tout en y repensant tranquillement en donnant mon choix a la serveuse qui revient.

-Oui, vous n’avez pas reçu le courriel citant ma présence à Chicago? Attendez…

L'ai-je envoyé? En me questionnant, j’ouvre mon portable pour vérifier si je l’ai bel et bien envoyé. Non, toujours en brouillon.

-Oh… J’aurais dû tout simplement l'envoyer à la fin de l’avoir écrit, vous êtes donc la première à m’avoir croisée…

• • •- Pas de problème ! Vous ne pouviez pas deviner. En vérité c'est l'une de vos responsables RH que j'ai rencontré à l'époque. Votre grand-père n'était pas ici à l'époque. Enfin pas que je sache.

Tout ceci était des plus particuliers, mais agréable. Je ne m'attendais surement pas à ça en me levant ce matin. J'ignorais tout de cet homme certes, mais c'était d'office une bonne rencontre.; peut importait son issu.

La serveuse revient avec mon thé et son verre. Je prends la tasse entre mes mains, avant de prendre le sucre dans la coupelle entre nous. Et je le laisse parler. Il a une voix agréable, pas banal. Enfin je me fais probablement des idées. C'est simplement l'idée de savoir qu'il s'agit de mon patron qui lui donne cet effet magnétique.

- Eu non, pas que je sache. C'est une surprise !

Ah s'il ne l'a pas envoyé, en effet, je ne risquais pas de le recevoir. Ce qui me rassure un peu d'un sens, je ne perds pas encore complètement la boule.

- C'est un réel honneur de vous rencontrer. Vous allez trouvez ça niais, mais je fais un métier que j'aime et c'est grâce à votre famille. Merci beaucoup !

J'avais une vie très agréable, je ne me plaignais pas. Un mariage heureux (enfin aujourd'hui), une grande fille intelligente et forte et ma petite princesse Leilani qui grandissait vite et a vu d’œil. Maintenant que j'arrive à lever le pied c'est d'autant plus agréable. Je suis toujours un poil stressée, mais ça va me passer. Alors maintenant que je vais bientôt reprendre ce travail, je serais comblée.

- Vous êtes ici pour vos affaires ?

• • •Sérieusement Gabriel, tu devrais t’actualisé un peu plus lorsque tu migre vers un autre endroit pour au moins mettre un nom sur un visage. T’as l’air de quoi, quand les gens t'abordent en connaissant ton nom et toi, en ramé autant. La faute au fait que je voyage beaucoup trop au goût de certains et que chaque entreprise ait de nouveaux visages a te présenté a chaque fois. Mon aptitude à retenir les noms est quand même limitée, ce serait louche de retenir tous ceux que je croise.

-Disons que dans ma lignée masculine nous avons tous un trait en commun les cheveux noirs…

Je devrais peut-être songer à retirer certains portraits, qui me ressemblent vu que j’en passe pour mon père ou arrière grand-père sous différent nom qui ont tous une ressemblance avec le miens. J’en viens à me mélangé les pinceaux avec quelle portrait est affiché dans tel compagnie. Je devrais les actualiser, je note cela dans un coin de ma tête. Pour l’heure, je profite de la présence de la demoiselle en face de moi. Je contre vérifie mes dires, pour constater que je ne n'ai pas envoyé de message, je le finaliserais plus tard pour l'envoyer aux destinataires. Je dépose mon portable sur la table pour prendre mon nouveau verre.

-En effet, vous êtes la première informée de mon retour, ce serait une surprise pour les autres.

Tout en buvant d’une gorgée, une idée traverse mon esprit, je la note dans un coin de ma tête, d’entamer une possible visite de toutes les institutions Bluenote. Oui, je devrais essayer de planifier cela, une petite visite surprise. Ce qu’elle me dit, me fait chaud au coeur, les Bluenote ont donc marqué les gens.

-Pareillement, mais puis-je vous poser la question suivante: qu'à fait ma famille pour vous?

Cela me fait chaud au cœur de l’entendre. J’aime découvrir ce qu'à fait ma famille pour les employés.

-En quelque sorte, oui. Je suis de passage pour un petit moment, je dois remettre le café sur les rails.

• • •- Votre famille ? Elle m'a offert ce métier, ce qui n'est déjà pas si mal!

Oui j'aimais la lecture avant, oui j'avais déjà envisagé ce métier avant puisque j'avais fait mes études dans ce sens. Mais les portes des maisons d'édition ne s'ouvrent pas si facilement aux petits jeunes et eux l'avaient fait pour moi et je n'avais pas souvent l'occasion de les remercier.
Bon en même temps on dit pas tous les deux jours à ses patrons qu'on est content de bosser pour eux, mais là c'est assurément le bon moment.

- J'ai pu grimper les échelons, avec les années. Je vais toujours au travail avec plaisir. Ce n'est pas partout comme ça.

Je suis réellement contente, aussi bien de ce que je lui dis, car je suis fière de ce que j'ai accomplit et de la femme que je suis devenue, que de le rencontrer lui, un membre de la famille Bluenote.

Je ne venais pas souvent dans ce café, j'ignorais qu'il n'était pas au meilleur de sa forme. Mauvaise gestion ? Clients moins présent ? En même temps y en a de plus en plus des endroits comme celui-ci qui ouvrent. Y en a même pour les amoureux des chats c'est dire. Il n'est peut-être plus assez moderne ?

- Aïe! J'espère que ça va s'arranger ! Rien de trop grave ?

• • •-Je suis heureux de l'entendre…

Oui, vraiment heureux de l’entendre. Les compagnies Bluenote ont comme directive de bien traiter leurs employés et s’ils ont le moindre problème, je les invite à m'écrire personnellement sur une adresse spéciale, une réponse leurs aït garantie en moins de quarante huit heures, il doivent garder en tête que j’ai possiblement une décalage horaires ou biens d’autre occupation qui occupe mon temps de réponse. Depuis l’installation de cette boîte, quelques employés ont manifesté leur mécontentement comme leur contentement. Il n’y a pas que les employés qui peuvent utiliser cette boîte, tout le monde y est invité.

-Avez-vous comme ambition d'arriver tout en haut de l’échelle?

De le remplacer ou de prendre la place du patron de la boîte où elle travaille par exemple. Cette question a juste été posée par simple curiosité. Je me réinstalle confortablement en ajustant ma veste dans le dos.

-Non, rien de bien grave, je me dois de refaire un peu de comptabilité, d' inventaire et d'importer un nouveau système informatique.

Inventaire, qui risque de provoquer la fermeture du côté librairie et du café en alternance. Je vais finir le plus gros de la comptabilité avant de procéder à l’inventaire pour implanter le nouveau système. Ce sera un temps d’adaptation pour tous.

• • •- Depuis un an, j'ai un poste un peu particulier. Je suis directrice d'édition à temps partiel. On se partage ce poste avec une collègue et le reste du temps je continue de gérer quelques auteurs. C'est un peu particulier. Elle est tombée malade et à du prendre un temps partiel, alors elle m'a proposé de l'aider quand elle ne pouvait pas être là. Ca me plaît bien. Mais ça veut aussi dire moins de temps à accorder aux auteurs. Je n'ai plus qu'une autrice que je suis de A à Z tandis que mes collègues en ont plus. Mais je suis aussi leur travail d'un peu plus loin. C'est très particulier.

Je prends une petite pause pour respirer et boire une gorgée de thé. Pour le laisser lui aussi respirer entre deux de mes phrases.

- Pour l'instant, je ne me vois pas quitter totalement les auteurs. C'est ce qui me plaît dans ce métier. Mais un jour pourquoi pas être directrice à temps plein, oui. On verra bien, comment ça évolue.

J'essaie d'être aussi honnête que possible avec lui. C'est mon patron après tout, il a tout loisir de vérifié ce que je lui dis, et puis je n'ai aucune raison de mentir de toute façon.

- Je suis également maman, enfin de nouveau maman depuis peu. Je n'ai pas encore reprit le travail, je profite aussi de mes congés pour réfléchir à la suite. Et pour être honnête, être directrice et devoir tout géré aujourd'hui, avec un nouveau né, je ne m'en sens pas capable. Quand elle sera plus grande, il sera toujours tant d'en reparler !

Je monopolise un peu trop la parole ? Oui probablement, en même tant je ne fais que répondre à sa question. Et puis quand il s'agit du métier que je fais et qui me passionne depuis toujours et de mes deux filles, aussi bien la petite que la plus grande, je ne peux que parler pendant des heures et des heures, c'est plus fort que moi.

• • •Endosser le rôle que j'ai endossé est le fardeau que je me suis imposé, je sais qu'il continuera de vivre tant et aussi longtemps que je serai de ce monde, même s'il perdurait même sans moi.  Si j'abandonne ce projet de mon vivant, qui sait ce qui adviendrait de moi. J'ai bien essayé de faire autre chose, mais sans grands résultats. Peut-être que je ne suis pas fait pour faire autre chose. Je reste pensif en me versant une tasse à mon tour.

-En suivez vous quelques-uns?

J'aime bien en apprendre sur les gens qui m'entourent, je répondrais volontiers en retour.

-Vous avez de la chance, tout ce que je conseil est de prendre tout le temps qu'il vous faut pour être avec eux.

Je ne la forcerais pas à revenir demain matin, elle a tout de même droit à son congé parental. Je suis légèrement jaloux, elle a ce que je n'aurais jamais, une famille qui partage mon sang au fils des générations. Malheureusement, cela me suivra jusqu'à la fin des temps

• • •J'ai répondu à sa question avant qu'il ne me le demande. Puis de poursuivre sur ma vie personnelle actuelle.

Je compte bien en profiter un maximum et mon patron ne me contredit pas la dessus, ça me rassure. Autant mon patron le plus directe dans la boite, ne me pressait pas pour revenir, autant le grand patron de tout, je ne m'attendais pas à ça de sa part. Oui les mœurs ont évolué et j'en suis heureuse. Tout n'est pas parfait certes, loin sans faux, mais il y a du mieux et j'en profite. Je m'interroge ensuite sur lui. Je me demande si avec un boulot comme le sien on a le temps d'avoir une vie de famille. Et je me permets de poser la question. je ne devrais peut-être pas, mais aujourd'hui ce n'est pas l'employé qui parle, mais la mère de famille et je me permets un peu plus de chose.

- Et vous ? Vous avez des enfants ?

Je prends ma tasse de thé entre mes mains comme pour me réchauffer un peu. Avec ma fatigue qui s'accumule, j'ai froid plus rapidement qu'avant. Je n'ai pas non plus besoin d'un pull c'est pas ça, c'est juste les mains et puis ça a un côté réconfortant aussi.

• • • Parfois la curiosité est un vilain défaut mais en ce moment j'essaie d'en apprendre sur celle qui se trouve devant moi. Qui sait si j'aurais la chance de la revoir avant que je ne quitte vers une autre destination. Quoi que je ne suis pas des plus compliqué à trouver ou bien à joindre lorsque je ne suis pas dans le pays. Je n'ai jamais refusé d'accorder un instant à ceux qui me contactent. Si elle souhaite arrêter ce genre d'interrogatoire, b'ah ce ne serait pas plus grave. La question que je redoute est posée. Je bois lentement mon thé. Qu'est ce que je pourrais répondre à cela. Je secoue lentement la tête, autant dire la vérité.

-Malheureusement, non…

En sachant que cela ne viendra jamais de façon naturelle, certes il y a l'adoption. J'y ai pensé, mais je n'ai pas réussi à entretenir une relation assez durable. Bien que j'ai pris quelques personnes sous mon aile en cours de route.

- Disons que je voyage constamment et qu'ils ne me permettent pas trop de m'installer pour de bon..

Parce que je suis voué à bouger dès que l'on soupçonne quelque chose à propos de moi, je n'ai croisé personne qui accepterait ce mode de vie.

• • • Si sa réponse me convient ? Peut-importe en réalité. C'est uniquement lui que cela regarde. De mon côté, je ne peux que recevoir sa parole. Il y a bien des hommes qui voyagent à longueur de temps et qui parviennent néanmoins à créer leur famille. Il me semblait à la façon dont il m'avait parlé et regardé lorsque j'avais évoqué mes deux petites filles, qu'il avait cette même envie, mais je me suis peut-être trompée, ou bien peut-être ai-je mal compris tout cet échange. Je ne vais donc pas insisté à ce sujet, je ne veux pas le mettre mal à l'aise, me mêler de ce qui ne me regarde pas.

- Oui bien sur. La vie ne nous emmène pas toujours où nous le pensions.

Je décide d'un commun accord avec moi-même de parler d'autre chose, pour ne pas m'enfoncer d'avantage.

- Où vous ont mené vos voyages ces derniers temps ? Assez loin de Chicago j'imagine !

Je serais curieuse qu'il m'en dise plus à ce sujet.

• • • Je n'insiste pas sur ce sujet et je fais bien car il souhaite passer à autre chose. Son "bref" en dit long.
Il m'explique que son dernier voyage était en Inde. Effectivement je n'aurais pas parié la dessus comme pays, mais il a dit que c'était le dernier, pas que c'était récent, et puis nous ne sommes pas tous égaux au sujet du bronzage.

- Comment était-ce ?

J'ai vu quelques films indiens, j'aime bien en général, surtout le côté très lumineux, chanté, c'est agréable. Je sais bien qu'il n'y a pas que ça comme film en Inde, mais moi c'est ceux là que j'ai vu et que j'ai apprécié.

- Oh oui j'imagine. La culture, la nourriture, tout est tellement différent. Ce devait être enrichissant.

Je pose ma tête sur mes mains et réfléchit un instant.

- Oui je me doute. Un peu comme les kanji japonais j'imagine.

Je ne parle pas plus japonais qu'indien, mais je vois bien que ça ne ressemble pas à nos lettres occidentales et que ça ne doit pas être aisé à concevoir pour nos cerveaux.

- Avez vous pu profiter de la littérature indienne. traduite je veux dire.

• • • Vive la colonisation anglaise. Sarcastique, moi ? Juste réaliste!
Dans ma jeunesse je n'avais pas les moyens de voyager et aujourd'hui que j'en ai la possibilité, c'est le temps qui me manque. Ces dernières années avec Elaine qui grandissait nous avions réussi à bouger un peu au sein des Etats-Unis ce qui était déjà bien en soi. Nous étions allée jusqu'à New York il y a trois ans, ou encore du côté du Nouveau Mexique, il y a deux ans et lorsqu'elle était un peu plus jeune nous avions été dans l'Oklahoma pour y découvrir les cultures amérindiennes qui semble y être plus importantes qu'ailleurs de part l'histoire de ces peuples. Mais nous n'avions pas eu l'occasion de mettre les pieds hors de notre continent. Un jour peut-être l'occasion se présenterait elle, mais pour l'heure, il y avait encore tellement à voir chez nous déjà.

- Oui j'imagine, l'anglais est après tout la langue la plus parlée au monde.

Je ne suis pas sûre de comprendre la suite de ce qu'il me dit par contre.

- Comment ça critiqué ? Ces tenues ne sont-elles pas partie intégrante de la culture indienne ? je réfléchis un instant "Ah, ou sur la façon dont elle est porté, peut-être, sa taille, les moments où elle est porté, ou encore peut-être par qui ? Il n'est pas bien vu qu'elle soit porté par des touristes ?"

J'essaie de suivre, mais en réalité je n'y connais pas grand chose, comme dis précédemment, alors je fais avec ce que j'imagine, plus qu'autre chose.
Le japonais est plus "simple" que l'arabe ou l'hindou ? Ok l'a il m'a perdu. Pour moi, d'un point de vu extérieur, les trois ont l'air relativement difficile. Mais je n'ai jamais essayé non plus il faut dire. Et même lorsqu'il me montre par un exemple concret, je n'irais pas dire (loin de là) que ces écritures sont les mêmes, mais pour moi, elles sont toutes aussi difficile à comprendre l'une que l'autre et non pas l'air simple à apprendre du tout. C'est si loin de notre bon vieux latin.

- Je n'y comprends rien, mais c'est très joli en tout cas.

Dis-je, un large sourire aux lèvres.
Quand nous en revenons indéniablement à la littérature, il m'explique ne pas se souvenir des titres; dommage mais compréhensible. De mon côté, je me souviens d'avoir lu un livre sous la culture indienne, mais je ne me souviens que du titre, pas de son auteur.

- Je me souviens d'avoir lu il y a quelques années, un livre qui s'appelait "L'équilibre du monde", sur les castes. Dans mon souvenir il était intéressant pour en apprendre un peu plus. Peut-être vous plaira t-il également!

• • •La langue anglaise a envahi tant de pays, dont cinquante se l'ont approprié en langue officielle. Tout comme la seconde langue la plus parlée au travers du monde est le mandarin suivi de l'hindi. Je note dans un coin de ma tête, la Chine pour ma prochaine destination, lorsque j'aurais fini mes petites affaires à Chicago. Mais pas pour tout de suite.

-L'anglais, le mandarin et l'Hindi en sont les trois langues principales parlée à travers ce monde.

Je remarque que je l'ai un peu perdu avec les habits traditionnels.

-Oui et c'est ce qu'on pourrait appeler l'approbation culturelle de nos jours… il y a des moments où nous pouvons le porter comme d'autre moment où ce n'est pas le moment…

En écrivant dans les quatres langues, je remarque que je vais devoir les retravailler.

-Gabriel, tout simplement dans chaque langue.

Au moins mon écriture cursive occidentale a l'ancienne un peu penché est impeccable. De siècle en siècle, elle n'a pas vraiment changé, tout comme la recette d'encre utilisée dans mon stylo plume. Parlant de plume, j'attrape une serviette de table pour noter la suggestion qu'elle me fait.

-J'en prends note, je vais surement l'insérer au travers des manuscrits qui me parviennent…

• • • Oui, je connais les statistiques sur les langues les plus parler au monde. J'aime les langues, même si je suis pas forcément très douée (allez comprendre). Je ne relève pas. Inutile de dire que je le savais, ça mettrait tout le monde mal à l'aise.

L'appropriation culturelle ? Grand débat que ce sujet.

- Oui je vois où vous voulez en venir. Les européens ont conquit tellement de pays, dont les Etats-Unis, qu'ils pensent avoir le droit de tout. Certains se posent des questions et heureusement, mais ce n'est pas tout le monde. Je peux comprendre que ce ne soit pas accepté par les pays en question; ça me paraît même plutôt sain comme réaction.

Il m'explique qu'il a simplement écrit son prénom. Je souris.

- C'est très joli!

Je me rends compte que je monopolise son attention depuis un bon moment déjà. Il n'était surement pas venue ici pour être embêtée. Il avait du travail qui l'attendait.
Je termine mon verre.

- Vous devez avoir beaucoup à faire, je vais vous laisser retourner à vos occupations. Je vous monopolise depuis un long moment maintenant.

Il disait lui-même être là pour travailler et il ne devait pas avoir trop de temps à perdre; enfin j'imagine : Un grand poste implique après tout de grande responsabilité.

• • •J'ai le don pour m'emporter sur certain sujets qui me tiennent à cœur et les conséquences des différentes colonisations en fait partit. Je ne suis certes pas la meilleure placé pour en parler, mais bon c'est plus fort que moi.

Je me rends compte que j'ai monopolisé pas mal de son temps et je m'en excuse. Il m'explique qu'il avait besoin d'un moment pour souffler et que je lui ai apporté ce temps de repos. Je souris.

Je le remercie une nouvelle fois pour le thé. Je me lève doucement. Lui tend la main.

- Ce fut un réel plaisir de vous rencontrer. Peut-être aurons nous l'occasion de nous recroiser avant votre prochain voyage. Vous pourrez ainsi me donner votre avis sur le manuscrit que je suis entrain de lire.

Je souris une nouvelle fois avant qu'il ne sert la main que je lui tends.

- Je vous souhaite une excellente fin de journée.

Lui dis-je avant de tourner les talons et de sortir, tout sourire.
Ce fut une agréable rencontre. Je suis contente d'être sortit aujourd'hui; d'avoir prit ce temps là (qui me coutait tant avant de le prendre). J'allais avoir de quoi raconter à Paul en rentrant. J'ai toujours le même sourire, en avançant dans la rue qui me ramène chez moi.