Deux jours. Deux jours que l'on n'a plus besoin de se fier aux feux magiques des drows pour connaitre l'heure précise qu'il est ici à Illusk. Suffit de lever les yeux vers le trou béant qui s'est formé dans la voute du coté est de la cité, heureusement davantage au dessus du vide que de la ville en elle-même. De quoi minimiser les pertes de notre coté, même si je doute qu'elles soient moins nombreuses pour ceux d'en haut. Au milieu des roches instables, on arrive à apercevoir tantôt une voiture, tantôt un banc public, quand ce n'est pas un corps qui dépasse du tas de gravats. Et si on pourrait encore se faire à ce trou au dessus de nos têtes, c'est surtout ce qui va avec qui met la cité sans dessus dessous. Parce que ce trou, personne ne veut croire qu'il s'est formé de lui-même, pas quand certains d'entre nous, nains ou élémentaux de roche pour ne citer qu'eux, sont parfaitement capables d'entendre les chansons de la pierre. De quoi prévoir à l'avance la chute du moindre bloc.

J'ai tenté de passer outre cette inquiétude, mais je ne saurai pas prendre de repos tant que je penserais mon fils en danger, et ne supporterai pas de le mettre en danger alors qu'il y aurait eu moyen de faire autrement. Quitter la ville? Pour aller où? Et puis, je suis de ceux capables de se défendre, qui ne fuiront pas en laissant le reste de la ville en plan. La solution qui s'impose à moi me fait grimacer autant qu'elle me parait judicieuse. Parce que je ne supporte pas l'idée d'être séparé de mon enfant, et je n'ai qu'à moitié confiance dans la moitié de cette solution. Cependant, je finis par considérer que de plusieurs maux, c'est sans doute le moindre, et passer cet appel à Lesbus qui, de mémoire, souhaite toujours récupérer son épée. Oui, c'est un prétexte comme un autre pour le faire venir, au milieu de toute cette folie.

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En attendant que Alistair ne me rejoigne, je retourne faire un tour dans ma forge, utilisant mon marteau pour soulager mon esprit comme j'en ai l'habitude. De toute manière, avec la pagaille qui règne en ville, les gens ont bien d'autres choses à faire que venir boire un verre à la taverne. Pour les ragots de comptoir, suffit de se poser sur l'avenue principale et d'ouvrir ses oreilles. Le bruit du marteau et de la forge masque le reste de mon environnement, et seul ce pressentiment de ne pas être seul chez moi me fait retenir le marteau en l'air un instant, tournant le regard vers la porte de la pièce.

"Alistair?"

Je pose mon marteau avant de m'emparer d'un torchon pour essuyer un peu de suie de mon visage, le laissant ensuite tomber dans un coin avant de sortir pour rejoindre la taverne, non sans prendre au passage la lame du démon. Profitant de mon pouvoir sur les flammes pour allumer les torchères qui éclairent l'endroit au fur et à mesure que j'avance jusqu'à rejoindre le comptoir, derrière lequel je trouve l'homme que je cherchais. Ou qui me cherchait. Ou les deux.

"T'es là."

J'allume une dernière lampe, histoire qu'on se voit un peu sans avoir à jouer de vision infrarouge, avant de poser l'épée sur le comptoir, la laissant à disposition de son propriétaire légitime.

"Il me semble que c'est à toi. J'te laisse me dire si elle te convient comme ça."

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J'aime voir l'expression sur le visage des gens quand je leur rend un travail propre et bien fini. Même si j'ai d'autres choses à l'esprit présentement, le voir manier sa lame et y tester sa propre flamme, même si je ne peux nier un certain sentiment de malaise face à sa forme véritable, n'est pas pour me déplaire. Quand à la magie qui lui permet de la miniaturiser ainsi? J'ignore quelle est son origine, sachant que peu de nos sorciers ici sous terre seraient assez intéressés par ce procédé pour le mettre en place, pas en venant d'un monde où il vaut mieux exposer ses armes plutôt que les dissimuler, mais c'est loin d'être inintéressant pour ceux qui comme lui passent leur temps à la surface, ou un simple couteau à beurre fait déjà fuir la moitié de la populace.

"Le tranchant est parfait, et tu le sais comme je le sais. Et ça a été, elle s'est bien comporté."

C'est tout simple. Ce genre de matériel démoniaque puise sa force dans la peur d'autrui, et si j'en avais eu peur, de cette flamme, elle en aurait sans doute profité pour mettre le feu à la cabane. Mais voilà, le feu, je suis presque aussi littéralement né dedans que dans les veines de lave qui circulent dans les tunnels inférieurs. Je le respecte autant que je sais l'utiliser. Et non, je n'en ai pas peur. Ca aide.

"Si tu veux bien, à mon tour de te demander une faveur. Kelean. Je veux que vous l'éloigniez de ce bordel, Amaël et toi. Illusk n'est pas l'endroit le plus sur pour lui en ce moment. Amael est sans doute la pire calamité que cette ville ait connu, et je dis ça en toute amitié, mais il avait raison sur une chose. Un oiseau a besoin de voler. C'est pas en fuyant dans les souterrains que j'apporterais une vie décente à mon fils."

Et pour être honnête, la fuite ne serait une option qu'avec Kelean à protéger. Ce serait un comble que le forgeron que je suis ne sache pas manier l'épée, même s'il est évident que je ne suis pas au niveau des guerriers nés que sont les drows. Ces êtres naissent avec une épée dans la main, j'en suis certain. Une analogie sur laquelle nombre d'entre eux sauraient rebondir, avec leur humour bien particulier, je n'en doute pas.

"Pardonnes-moi d'essayer de te l'imposer comme ça. Mais Kelean vous adore. Et je ne vois pas qui pourrait le protéger mieux que toi, hormis moi-même."

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Je l'observe reprendre son apparence démoniaque avant de laisser les flammes s'éteindre d'elles-mêmes. Puis je lui offre un léger sourire face à son incompréhension, lorsque j'évoque le fait que Amaël avait raison au sujet d'une histoire d'ailes ou deux.

"Pas encore non. Mais je sais admettre que je ne suis pas le mieux placé pour lui apprendre à le faire. J'ose penser qu'avoir des ailes, ça peut être utile pour un professeur de vol."  

Je croise son regard quand il réalise ce que je lui demande, et fait un raccourci un peu trop rapide vers la raison qui ferait que je lui demanderait de me rendre ce service. Qu'il ne s'inquiète pas, rien de tel.

"Je te demande de prendre mon fils sous ton aile parce que l'ensemble des regards de la ville du haut sont braqués sur Illusk, et les humains sont rarement complaisants avec la magie. Il sera bien plus en sécurité avec vous. Me concernant, je ne jouerai pas les suicidaires, mais je ne fuirai pas non plus. Tu ne manies pas une telle arme sans savoir t'en servir. Je ne me contente pas de forger de telles armes, je sais également m'en servir, et je ne compte pas faillir à mon devoir envers cette cité. Tu peux comprendre ceci."

Je glisse la main sous le comptoir pour en sortir une dague, tout juste une petite épée, que je pose là où j'avais posé la sienne précédemment.

"Kelean sait s'en servir. Mais je ne la lui laisse pas sans surveillance. Cela dit, au besoin, je préfère qu'il l'ait. Ou du moins, que vous l'ayez pour lui." Je remarque aisément qu'il est sur le départ dès lors qu'il se demande ce que Amaël en pensera. "On sait toi comme moi que si j'avais voulu vous le confier sans que la question soit réfléchie, j'aurai demandé à Amaël. Mais soit, j'te laisse lui en parler, bien sur."

Et se préparer à l'idée d'avoir deux enfants à gérer? Je ne suis pas objectif sur la question, mais j'ose penser que par bien des aspects, Kelean est plus mature que Amaël. Sans doute qu'il en a déjà trop bavé pour son âge, mon gamin, et je ne suis pas sur que le laisser vagabonder avec les jeunes kobolds de la cité soit une brillante idée pour garantir sa santé mentale et sa sécurité. Les jeunes drows avec lesquels Amaël, Lesbus et moi avons le point commun d'avoir grandi, malgré nos années d'écart? On ne peut pas dire que la nouvelle génération soit nombreuse.

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Je reconnais ce regard. Bien que je ne puisse franchement dire l'avoir vu dans mon reflet un jour. Kelean ne vole pas encore, pour peu qu'il le puisse un jour, et ce ne sont pas les ailes brisées d'Esther qui ont pu me donner l'occasion de la voir voler elle aussi. Cependant, j'ai tout de même une petite idée de ce qu'il ressent à être cloué au sol face à un être qui lui, peut voler à sa guise.

"Tu prêches à un converti, mais je ne t'apprends rien. Il se calmera avec les années. Amaël. Illusk est une cage à moineau pour l'envergure de ses ailes, là où Chicago s'apparente à la liberté. Quand il en aura assez consommé de cette liberté, il se calmera."

Et là je parle en connaissance de cause. Les ailes exceptées, je nous retrouve un peu, mon frère et moi, dans la fougue du néphilim. Illusk n'était pas assez grande pour nous, et les souterrains autour de la cité à peine plus d'ailleurs. Après des années à aller de l'avant, nous avons cependant su regarder en arrière et apprécier ce qu'on pouvait trouver ici. Même si nos routes se sont séparées pour d'autres raisons.

"Je refuse de faire de lui un guerrier froid et implacable comme ceux qui vivent autour de nous. Mais je considère que c'est un minimum qu'il sache par quel bout on tient une épée et qu'il sache se défendre avec au besoin. Si tu as des techniques de ce genre à lui apprendre, pourquoi pas."

Je garde pour moi que Kelean connait déjà le minimum à connaitre avec une lame. Il le découvrira en y allant trop doucement de peur d'y aller trop fort. Cette petite victoire, je l'offre à mon fils. L'homme disparait devant moi, et c'est une autre épée, plus longue, que je pose sur le comptoir à coté de celle de Kelean. Pour être sincère, il y a des années que je ne m'en suis pas servi pour autre chose qu'un combat amical avec un autre combattant de la cité, mais parait il que c'est comme la natation, ça ne s'oublie pas. Remarquez que je n'ai jamais été doué en natation. Je profite de la solitude pour sortir la lame de son fourreau, laissant mon œil de forgeron vérifier le tranchant de la lame.

Lesbus finit par revenir, et accompagné, comme promis, par son compagnon ailé et immature. Qui a du subir une téléportation plus rude que prévue, vu qu'il se retrouve assis sur un tabouret avec l'aide de Lesbus qui lui évite le sol de peu, apparemment.

"Soyez certains d'une chose. Je compte bien récupérer mon fils quand ça se sera calmé. Et en un seul morceau. Dites vous que... vous lui offrez des vacances au soleil. Amaël? J'ai déjà l'accord de Lesbus, à toi de me dire."

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J'ai pas volé mon coté tête de mule. Pour ne pas oser dire que ma mère l'est au moins autant que moi. Alors oui, quand on descend dire bonjour et qu'on voit le jour à travers la voute rocheuse de Illusk, j'en profite pour rappeler à ma mère qu'on a largement la place à l'appartement pour lui proposer de s'y installer le temps que ça se tasse. Ou qu'au pire, j'bosse dans un hôtel, j'devrais pouvoir avoir un prix sur une chambre quand même. Et comme elle est au moins aussi têtue que son fils, c'est hors de question d'entendre parler de bouger de chez elle. En passant, merci Les' d'en profiter pour te carapater. J'dis ça, j'dis rien.

Les' qui finit par réapparaitre après quelques dizaines de minutes d'absence, avec l'air d'avoir la pire nouvelle du monde à nous apprendre. Ca et évoquer notre neveu, ça suffit largement à m'inquiéter assez pour le suivre sans discuter, même si j'aurai du prendre une seconde pour me préparer à sa fichue téléportation étant donné qu'à peine arrivés, je ne suis pas mécontent de trouver l'appui le plus proche pour m'asseoir. Avant de comprendre qu'il nous a emmené dans la taverne de Nate.

"Attends attends, respire et reprends calmement, je comprends rien."

Et Nate, attends trente secondes avant d'en rajouter une couche. Offrir des vacances au soleil à Kelean? Moi j'dis pas non, ça le changera de l'obscurité plus si obscure de sa grotte. Note à moi-même, fournir un stock de lunettes de soleil à ceux d'en bas, ça peut toujours servir, vu que certains arrivent à être éblouis rien qu'avec la lueur des étoiles... bref focus.

"Ok, si j'pige bien, tu veux qu'on éloigne Kelean de tout ce merdier le temps que les humains arrêtent d'essayer de faire descendre des drones dans le trou? Les arbalétriers sont bons d'ailleurs, en passant. Bref, moi ça me va. Et toi Les'?"

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Sa réponse concernant son "Dieu Cornu" m'arrache un sourire et je pose ma main sur son épaule par dessus le comptoir en guise de soutien moral.

"Nous avons tous grandi au milieu des Drows. Que nous le voulions ou non, il nous arrive de suivre leur modèle. J'ai moi-même l'impression d'en demander trop à mon garçon, parfois."

Le départ de Alistair et son retour avec Amaël est si rapide que si je ne les connaissais pas, je penserais que c'est le néphilim qui s'est téléporté jusqu'ici. L'explication de Lesbus tout aussi rapide, et le mélange des deux semble perturber Amaël, qui a besoin d'un instant pour comprendre de quoi il en retourne.

"Tu piges bien. Je vous dit pas de l'emmener maintenant. Je ne lui en ai pas vraiment parlé encore. Vous savez combien il vous adore, je voulais éviter les fausses joies si cela n'était pas possible pour vous."

Et puis pour être honnête, j'ai autant envie de me séparer de mon fils que d'aller titiller le Kraken, alors malgré l'urgence de la situation dans laquelle nous nous trouvons, je ne suis pas contre gratter deux jours sur la dite urgence.
Quand aux arbalétriers, je ne peux pas vraiment dire que c'est moi qui les ait entrainés alors prendre le compliment... hormis accepter que les carreaux sont précis, mais même là, nombreux sont ceux qui ne sont pas de ma fabrication.

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Trois verres pleins viennent remplacer le verre vide sur le comptoir, et je laisse Les' boire tout son saoul avant de lui répondre, glissant ma main dans la sienne de façon à ce que cette alliance à mon doigt lui soit visible.

"J't'ai laissé quinze ans pour te défiler, et t'as pas eu la brillante idée de le faire. Alors considère aujourd'hui que tes décisions sont les miennes et vice versa. Et regrette le plus tard."

Je relève les yeux vers ceux de mon homme pour accentuer mon propos, et l'empêcher de me contredire par la même occasion, avant de vider une partie de mon verre et tourner le regard vers Nathaniel.

"Cela dit, j'comptais attendre encore cinq ou dix ans avant de lui soumettre l'idée d'avoir un gosse à la maison. J'dis ça j'dis rien."

Si j'y pense sincèrement? C'est un peu une finalité en soi, la grande mission en commun que les couples soudés veulent accomplir ensemble. En oubliant tous ceux qui le font pour de mauvaises raisons. Mais en même temps, on n'arrive déjà pas à s'octroyer le temps nécessaire pour profiter un peu l'un de l'autre, alors je vois pas où on trouverait celui d'apporter tout ce qu'il faut à un gosse. Concernant Kelean? J'dois avoir six mois de congés à poser, congés que j'avais déjà prévu de prendre de toute façon, et je sais que c'est la même pour Les, étant donnés nos projets d'un futur proche. Mais entre le provisoire et le définitif, y a un monde. Si c'est pour qu'il passe 15h par jour chez la nourrice et les 9h suivantes chez ma mère, ce gosse, c'est clairement pas la peine d'y songer.

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Dans le genre couple mal assorti, en voilà encore deux qui se posent là, et pourtant qui les connait un peu sait que Amaël n'a pas tort, ils s'accordent tellement dans leurs décisions qu'il y a rarement besoin de leurs deux avis... bon ok, ils ont mis 15ans a décider où et quand ils allaient se passer la bague au doigt, mais c'est de ces couples qui ont pas besoin de l'officialiser pour que ce mariage entre eux, il se sente depuis des lustres. Pas 15ans non, parce que soyons honnêtes, ils en ont inquiétés plus d'un au début, au moins le temps que Lesbus ne parvienne à attacher la laisse au collier d'Amaël. Mais depuis, ça se gère pas trop mal leur histoire. Même si apparemment y a encore une araignée dans le placard. Et si Lesbus vient chercher du renfort de mon coté, désolé pour lui, je ne suis pas au courant des dernières lubies de son oiseau.

"Après, parait que confier un animal de compagnie à un enfant aide à le responsabiliser. Vas savoir, un gosse, c'est t'être c'qu'il lui faudrait pour lui mettre du plomb dans la cervelle, à c't'oiseau-là."

Et si un regard pouvait tuer, je serais étendu sur le plancher, c'est à peu près certain. Cela dit, quand je disais que je me retrouvais un peu dans la fougue du néphilim, je dirai qu'une partie de ce qui m'a rangé, ça a été d'avoir Kelean. Avoir un mini-soi sur qui veiller, ça a le don d'allumer certaines parties du cerveau dont on ignorait totalement l'existence.

"Concernant Kelean, je lui en toucherai un mot ce soir. Maintenant que j'ai votre accord. Ce qui ne vous oblige en rien à me l'embarquer demain. Les Drows sont à cran, mais les humains n'ont pas encore eu la bonne idée de descendre dans le gouffre alors, j'ose espérer que le conflit rangé attendra encore un peu."

Et si j'évoque ce potentiel "conflit rangé" avec un brin d'humour, en vérité, je pense plutôt qu'il nous pend au bout du nez. Parce que du peu que j'en connaisse des humains, moi qui vit très bien loin d'eux dans les ténèbres des souterrains, ils finissent toujours par mettre le nez là où on ne le leur demande pas. Et par détruire tout ce qu'ils touchent. Et petite précision d'importance, le camp d'en face n'est pas un clan d'elfes féeriques dansant sous la pleine lune et n'ayant jamais touché une arme de sa vie. Les Drows sont les plus nombreux, et ces êtres là naissent presque avec une dague dans la main, et les non-Drows savent se défendre au besoin.

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Je tapote doucement Les' entre les épaules quand il manque de s'étouffer avec son verre, mettant un instant à comprendre le pourquoi du comment de l'étouffement. C'est ce que j'ai dit qui a fait que? J'ai pas parlé d'en avoir demain non plus des gosses, faut pas pousser. Mais je note dans un coin de ma tête que lui n'y a apparemment pas songé au futur lointain non plus. Bop, on prendra un chat sinon. Ce qui n'empêche pas Nathaniel de prendre un regard bien senti de ma part, juste pour lui signifier mon ennui.

"Sinon, "cet oiseau-là" est là, à coté de vous. J'dis ça j'dis rien."

Une fois remis de ses émotions, je garde ma main posée sur la nuque de Les', lui marquant bientôt mon désaccord concernant l'avis des Drows à son sujet.

"Ils te connaissent, ils savent que t'es pas une menace pour cette cité. Même si ils adorent te montrer que t'es pas un Drow, mais ça, j'crois que ça concerne la moitié des gens ici. "

Et j'crois que plus ça nous touche, plus ils y mettent du plaisir. C'pas pour rien qu'ils ont le même mot pour qualifier les détritus et les non-Drows... ou juste les elfes? Je sais plus. A force de les côtoyer, j'ai les bases de leur langue, mais de là à tenir une conversation complète... déjà qu'il leur manque tout le vocabulaire "positif" du dico...

"Ma mère peut attendre, elle sait qu'il est plus facile pour nous d'être en retard qu'à l'heure."

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Je lève une main pour m'excuser envers Amaël qui n'a semble-t-il pas apprécié que l'on parle de lui comme s'il n'était pas présent, avant de rebondir sur le sujet de mon fils et de ce qu'ils ont besoin de savoir pour le gérer au mieux.

"Ses cauchemars. Je pense que c'est le plus compliqué. Vous le connaissez, en temps normal il donne le change aussi bien que moi ou presque, mais depuis que sa mère... les nuits où il dort convenablement sont rares."

En même temps, peut-être qu'un environnement différent... mais je ne m'aventurerai pas sur ce terrain, je préfère de loin les prévenir pour rien que ne rien leur dire et qu'ils ne soient pas préparés à gérer les crises.

"Je sais que je vous en demande beaucoup. Si vous avez besoin de quoi que ce soit..."

Concernant les Drows? Comment ne pas être d'accord avec Amaël sur le sujet. Je crois qu'il n'existe pas grand chose de plus raciste que ces machins là, même si ceux d'ici sont plus ou moins d'accord pour veiller sur quiconque ici, quelle que soit sa race. Si un conflit avec la surface (ou les profondeurs d'ailleurs) devait avoir lieu, ils défendraient "leur" cité, certes, mais de là à dire qu'ils défendraient chacun de ses habitants... cela reste à voir.

"Ignore-les, ils t'ignoreront en retour. Si ils te prenaient vraiment pour une menace, ils te laisseraient pas trainer dans les environs."

Quand à la mère d'Amaël qui pourrait attendre? Oui bien sur, parce qu'elle n'aura aucune idée d'où ils sont allé trainer bien sur.

"Oulà, se mettre entre Madame Scott et son fils... J'te laisse cette mission Lesbus, moi, je préfère encore aller affronter le dragon. Oust, on en reparlera plus tard."

Je glisse mon épée sous le bar où est sa place mais laisse celle de mon fils à leur portée. Si je préfère qu'il l'ait avec lui, je ne suis pas sur que l'arborer dans les rues du monde du dessus soit une brillante idée. Les garçons la garderont pour lui.

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Faire bouffer le sable à un drow? Oui, pourquoi pas. Mais en général, ils évoluent rarement seuls, et cette ville n'est pas grande. Le bruit d'un combat se fait vite entendre, et si les griefs d'un drow étaient justifiés aux yeux des autres, il ne resterait pas seul au combat bien longtemps. Pas qu'ils soient spécialement solidaires entre eux, mais comme on dit, l'ennemi de mon ennemi est mon allié … temporairement au moins.

Mais on parlait de Kelean.

"En étant présent pour lui. Lui parler, le rassurer, lui montrer qu'il n'est pas seul avec ses démons." Aie, mauvais choix de mot. "Excuse moi."

Bon, ce qui est dit est dit, pas la peine de revenir dessus, surtout que malgré ma maladresse de langage, il sait parfaitement ce que je pense de lui bien au delà de ce qu'il est. Preuve en est que je lui fait davantage confiance qu'au néphilim à ses cotés pour garantir la sécurité de mon fils unique.

"Concernant ta mère, oui, on peut dire ça. J'étais très jeune quand elle est arrivée ici, et certains se sont offerts le plaisir d'essayer de lui montrer qu'elle n'était pas d'ici. Mais croyez moi, elle a mérité sa place en ville. Je suis à peu près sur que les drows la craignent plus que toi. Personnellement, je suis sur de la craindre plus que toi."

Dis-je avec un sourire alors que je débarrasse le bar de ses verres vides et l'essuie d'un coup de torchon. Si c'est la fin de la discussion? On en approche en tout cas.

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Kelean et ses cauchemars. Oui, j'avais déjà entendu Nate les évoquer, mais je pensais que c'était plus anecdotique qu'autre chose. Bon, ben pourquoi pas, si faut il faut.

"Complètement. Mais j'suis pas sur que Nate serait ravi que tu rassures son fils comme tu me rassures moi."

Oui j'en fais exprès, parce que j'ai parfaitement compris ce qu'il voulait dire par là, et je suis à peu près sur qu'il en est de même pour l'élémentaire. Qui se contente d'ailleurs d'un regard désespéré en guise de réponse. Croyez qu'il va passer le reste de la nuit à chercher une vraie baby-sitter?

J'écoute ce que Nathaniel a à dire au sujet de ma mère avec une certaine fierté. Parce que y a pas à dire, cette femme est tellement plus que la mère d'un idiot de demi-ange. Et j'trouve qu'on l'oublie souvent, moi le premier. Du coup, quand Les' décide de contredire Nate sur ce sujet, je glisse mon bras autour de ses épaules pour l'attirer vers moi.

"Ouais, elle t'as laissé sortir, faut encore qu'elle te laisse rentrer. Bon allé, allons voir si elle a toujours deux fils ou si elle t'as définitivement renié!"

Ouais non mais Les' est le second fils que ma mère a pas eu alors je m'avance pas trop en en parlant comme tel.

"Nate, on se redit ça."

L'épée de Kelean dans la main de Les', je salue Nathaniel avant de me laisser entrainer dehors par mon compagnon. Rentrer à pieds? Pas mauvais plan pour se remettre les idées en place sur le chemin du retour.

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Ils me font déjà regretter d'avoir pensé à eux pour s'occuper de Kelean en ces temps troublés, et le pire dans tout ça, c'est qu'ils en sont parfaitement conscients. Mais je n'ai qu'une parole, et même si je suis convaincu que c'est la moins bonne des bonnes idées que j'aurai pu avoir sur le sujet, je sais aussi que Kelean sera totalement en sécurité avec eux. Au moins face aux autres. Face à eux... je compte sur mon fils pour être le cerveau du trio. Bref, accord trouvé, je les laisse rentrer chez la mère d'Amaël avant de m'atteler à une toute autre tâche. Discuter avec mon petit oiseau. D'accord, je vais probablement m'accorder une pause avant, trop d'émotions tuent les émotions, et après avoir perdu sa mère, songer à éloigner mon fils de moi est une torture mentale. Mais si c'est pour garantir sa sécurité, la question ne se pose même pas.

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