Le démon de la peur est en ville [Tome1] > Nath&Elaine

Ce soir c'est pizza solo devant la télé. Elaine est chez sa mère, Dante est sur son enquête avec Silas, et j'ai failli proposer à Max de passer mais en fait, autant j'adore ses gosses, autant ce soir, j'ai envie de me faire une soirée peinard à zapper sur les chaines jusqu'à trouver un programme qui me convient. Enfin, j'ai pas le cable non plus, déjà bien que j'ai la télé, donc le zapping est vite fait, et je finis sur un truc aussi passionnant que "NY Unité Spéciale". A 3h du mat en rentrant du boulot, le temps de me faire un café (oui je sais, le café avant de dormir...), pourquoi pas, ça m'arrive, mais une soirée entière... enfin bref, dans l'immédiat y a que ça, on verra à la pub. J'vais encore pouvoir critiquer Stabler et lui souhaiter d'être viré au prochain épisode. D'ailleurs ça c'est des redifs, parce que y a un moment qu'il a disparu de la série cui-là en vrai...

Je me relève du canapé pour aller chercher la pizza dans le micro-ondes, manquant de peu casser l'assiette en la lâchant au dessus de la table basse. Trop chaud, pas prévu de torchon, et voilà. Une bière pour accompagner et je m'installe devant le programme télé. Au moins pour dix minutes. Ce qui me fait aller à la fenêtre? Le chat qui veut rentrer. Il a pris l'habitude de descendre par l'escalier de secours depuis quelques jours. Après tout, c'est un chat. J'aimerai pas passer ma vie enfermé dans mon appart, je vois pas pourquoi je le lui imposerai. Enfin, pour le moment il se contente de descendre au quatrième, mais j'imagine qu'il va s'enhardir assez rapidement. Bref, j'ouvre la fenêtre pour le faire rentrer, en profitant pour jeter un œil dans la rue en contrebas. Et c'est là que ça me prend. Ce qu'ils appellent très scientifiquement "douleur intercostale". Comme un coup de poignard en plein cœur, du genre à vous empêcher de respirer correctement pendant cinq minutes.

Je me traine d'une main jusqu'au canapé, l'autre appuyé contre mon torse, avant de m'allonger à moitié, attendant que ça passe. Ça finit toujours par passer, mais putain que ça fait mal! Et effectivement, ça finit par passer, quand je me rend compte que j'arrive à inspirer et gonfler les poumons sans avoir l'impression de recevoir un coup de couteau. Et j'en ai déjà pris donc ouais, j'connais la douleur. J'peux comparer. Bref. Je me redresse sur le canapé pour me retrouver face à face avec Elaine, une expression indéchiffrable sur le visage.

"Désolé ma puce, j't'ai pas entendue arriver. Ça va t'inquiète, connu pire. Et toi? Qu'est-ce qui se passe?"

Je suis à l'école, en plein après-midi. Enfin plutôt j'étais à l'école, parce que là depuis le début de mon rendez-vous avec le psychologue on a voyagé dans le temps. Oui, oui je vous jure que j'ai rien fumé, je fume pas d'ailleurs mais revenons en à nos moutons : je suis environ cent ans dans le futur. On a même évoqué la Pompadour, parait qu'elle était canon. Avec ses pouvoirs je ne doute pas qu'il lui ai rendu visite, après ce qu'il a dit. On se ballade en ville, toujours la même ville, le même quartier d'ailleurs, mais alors pourquoi pendant ce temps là ça déconne dans un autre quartier en 2019.


Je rentre chez mon père, ma mère m'a prit la tête pour une histoire de note trop basse; Paul a dit que si ça remontait pas très vite mes résultats je n'aurais que mes yeux pour pleurer lors de mon anniversaire… c'était pas dit comme ça, mais c'est ce que j'en ai comprit. Je me suis donc barrée de chez ma mère en grand fracas et me voilà. Je rentre chez mon père un peu calmé, mais pas tout à fait. Je retrouve mon père dans le salon qui se relève d'avoir été affalé sur le canap'.

- Bin quoi, qu'est-ce qui te prends à me regarder comme ça ?

Quoi ? je vous ai dit que j'étais pas d'humeur, alors si mon père se met à jouer aux abrutis on est pas sortit du sable.
Je me pose quand même sur le canap' un peu plus loin, je pose mes pieds sur la table basse. je me redresse un peu pour prendre une part de pizza, avant de m'affaler dans le dit canap'.

- 'Tain maman fait grave chier ein! Sans parler de l'autre con, il m'a prit la tête pour une histoire de note, il est ouf lui!

J'ai à peine le temps de me relever que Elaine fait irruption dans la pièce, son humeur de chien irradiant à travers l'appartement. Et besoin d'aucun pouvoir pour la sentir. D'ailleurs, si je sais qu'elle peut arriver à l'occasion de se montrer bougonne envers sa mère, me concernant, c'est bien la première fois qu'elle m'attaque de la sorte.

"Doucement ma belle. T'as mangé le mauvais clown ou quoi?"

Oui, les clowns, ça fait peur, donc chez moi, avoir avalé un clown ne veut absolument pas dire avoir de l'humour. Bien au contraire. Seulement, mon trait d'humour n'a pas l'air de bien passer auprès de ma fille. Ok, il s'est passé quelque chose, y a pas à dire.
Je me relève du canapé pour me rapprocher d'elle, attrapant à mon tour une part de pizza dont j'engouffre une bonne moitié d'une bouchée, mâchant en silence avant de tourner le regard vers Elaine.

"Il s'est passé quoi? Tu sais que si t'as besoin, je suis là."

J'apprécie Paul... enfin non, pas du tout. Mais j'apprécie le fait qu'il n'ai jamais cherché à me faire oublier aux yeux de ma fille à son profit. L'histoire entre mon ex et lui m'est toujours restée en travers de la gorge, mais ça, c'est secondaire. Par contre, si il y a bien une promesse faite à ma fille que je compte tenir, c'est celle qui dit que je ne laisserait pas cet avocat pédant se permettre d'être ingrat avec elle. Elaine n'est pas de ces gosses qui ont besoin d'une éducation stricte, et en cela, il n'a rien à lui dire que je ne lui dirait pas. Concernant les notes, sérieux? Il aurait fallu que je reste à l'école plus de dix ans, pour commencer. Et aujourd'hui, je m'en tire pas mal. Alors ok, comme tous les parents je serai fier de mon enfant quand elle arrivera à atteindre les sommets (d'aucuns disent "quand elle me surpassera", mais ça, c'est fait de belle lurette), mais Elaine sait très bien se gérer elle-même. Aucune raison valable de lui mettre la pression parce qu'elle n'a pas A++ de moyenne générale...

"Si tu veux vider ton sac, vas-y. Tu sais que ça ne sortira pas d'ici. C'pas moi qui ira répéter à ta mère."

- Ouais ça doit être ça!

Je suis sur les nerfs, je l'ai mauvaise, j'suis en rogne … bref vous avez comprit dans quel état je me trouve. Et mon père ne fait rien pour arranger ça. Il croit le contraire bien sur. Il pense que je n'en ai qu'après ma mère et mon beau-père, que je suis une petite fille modèle, mais il ne sait rien de moi, il se trompe.

- C'est nouveau ça! Tu surgit de nul part après six ans de silence et tu crois que ça va tout arranger ein!

Je tourne mon regard noir vers lui, avant de finir mon morceau de pizza. Je prends un verre d'eau que j'avale d'une traite, j'ai la gorge sèche.

- C'est de ta faute tout ça. Avant que tu reviennes, j'avais pas besoin de faire tampon entre maman et toi, j'avais pas besoin de me surpasser au niveau des notes parce que je passais du temps avec toi et que maman voulait pas.

Je me reprends un bout de pizza et je vais m'asseoir sur le fauteuil, ainsi je m'éloigne autant que possible de mon père qui s'est approché de moi.

- T'façon tout ce que je te dis, tu t'en fou. Tu fais genre et après hop ça passe à l'as. Emily m'a piqué le garçon dont j'étais amoureuse, c'est pas grave, je vaux mieux que ça, je trouverais quelqu'un d'autre et on en parle plus. Mes pouvoirs ? Mais tu es grande ma chérie, tu vas te débrouiller, comme tu le fais toujours. Là tu va aller parler à maman et bim ça va encore être pour ma pomme après. L'autre jour le psy il m'a demandé pourquoi je venais le voir. Et moi comme une con j'ai rien dit. Je voulais pas que vous vous le reprochiez, mais tout ça c'est de votre faute ein...

L'attaque d'Elaine me prend par surprise. Me cloue littéralement sur place, je dirai plutôt. J'ai pas toujours été le meilleur des pères, j'en ai parfaitement conscience, et mon ex se charge assez souvent de me le rappeler. Mais que ça vienne de ma fille, ça, ça me fout les boules, et pas qu'un peu.

"S'il te plait. J'étais loin d'être en état de m'occuper de toi, à l'époque. Ta mère m'aurait certainement pas laissé t'approcher... et en y repensant, je lui en aurai voulu aujourd'hui d'avoir été aussi imprudente."

Ce qui explique que je sois aussi coulant avec ma fille? Déjà, je me répète, mais c'est pas la gamine qui a besoin d'autorité. Ensuite, on ne peut pas reprocher aux autres les erreurs qu'on a soi-même commises... ok, effectivement, heureusement que ma fille n'est pas une délinquante juvénile, parce que je ne pourrai pas lui reprocher grand chose...

"Tu sais quoi? J'ai commis des erreurs, vrai. Bien plus que tu ne peux seulement imaginer en commettre." Je me bouffe la lèvre, rappelant à ma capacité à démarrer au quart de tour que c'est ma fille que j'ai face à moi, pas un conard d'ivrogne comme j'en croise trop au boulot. "Mais tu peux penser ce que tu veux. Revenir vers toi. Ça, ça n'a jamais été une erreur."

Je balance la tête en arrière, heurtant le dossier du canapé avec un soupir, quand elle s'éloigne de nouveau de moi. C'est pas Elaine de péter un câble pareil. Et en même temps, ne dit-on pas qu'à trop garder pour soi, à un moment, la digue pète? Ben j'crois que ça a pété. Le souci, c'est que j'suis pas sur d'être prêt pour le raz-de-marée qui s'annonce.

"Je sais pas faire, ok. Quand j'avais ton âge j..."

Nan, mauvaise approche. Ma fille me ressemble trop en ce moment pour supporter quelque chose qu'elle traduira comme "j'ai pas eu autant de veine que toi dans ma vie." Je soupire une nouvelle fois avant de trouver mieux, veillant à ne pas être celui des deux qui lèvera la voix le plus haut.

"J'ai pas eu de modèle à suivre. De souvenirs de ce genre de conversation de ton point de vue. J'essaye de bien faire, j'te jure, mais je sais pas quand je fais de travers. Les erreurs de jugement, c'est ce que je fais de mieux. Et dans le même temps, je suis totalement désemparé face à toi. A ce garçon, à tes pouvoirs... Je n'ai jamais su utiliser les miens sans mettre la vie des gens autour en danger, à part te trouver les meilleurs profs que je connaisse... C'est pas que je veux pas. J'aurai adoré pouvoir te montrer comment faire. Mais si tu ne veux pas les craindre comme je crains les miens..."

Je ne termine pas ma phrase, préférant éviter de la mettre plus en rogne qu'elle ne semble l'être. Au lieu de ça, je vide une partie de la bouteille de bière posée sur la table basse avant de continuer.

"Tu sais pourquoi Dante est le premier mec que j'te présente? Parce que, depuis ta mère, c'est la première personne avec qui je vois la possibilité d'un avenir. J'suis pas de bon conseil, concernant les histoires de coeur, t'sais. Disons que j'ai arrêté d'y croire depuis assez longtemps pour que "si c'pas cui-là ça sera un autre" m'ai paru un bon conseil. Désolé pour ça."

Concernant ces histoires de psy, je préfère éviter de m'enterrer davantage en répondant. J'ai vu le succès des cures de désintox à une époque. De quoi vous mettre en manque pendant six mois et à peine ressorti vous replongiez avantage encore... voilà ce que je pense des psys. Mais si elle pense que ça peut y faire du bien, je vais éviter de critiquer l'homme, d'autant plus que je ne le connais pas. Y a juste un truc...

"Tu sais que j'te balancerai pas à ta mère. C'est toi et moi contre le reste du monde, tu te souviens? J'ai aucun intérêt à aller lui rapporter quoi que ce soit."

Je reste de marbre face à ce flot de parole. Je l'écoute essayer de sortir la tête de l'eau, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Il n'a encore rien vu. Je le vois poser sa tête contre le canapé et inspirer profondément. Il ne voit pas ce petit sourire carnassier s'afficher sur mon visage, qui disparaît aussitôt qu'il me regarde de nouveau.
Si seulement il ouvrait les yeux, il verrait, il saurait... Pauvre petit sorcier entre mes filets...

Je me lève, et file vers sa veste. J'attrape le porte-feuille qui s'y trouve et l'ouvre en grand. Je sors une photo que je balance littéralement à son visage et laisse passer un blanc...

- Et ça c'est quoi ? Pour ça aussi tu sais pas faire ? On est contre maman et contre ça aussi ?

Ça ? Un bout d'humain dans les bras de moi enfant... Enfin moi ... Je ne suis pas vraiment Elaine, vous l'aviez comprit non ? Je me découvre un malin plaisir à faire souffrir ce sorcier de pacotille. Et dire qu'il a un peu de mon sang dans les veines c'lui là... à cause de mon frère... Brrr, j'en frémit.
Il était désemparé jusque là, j'ignore comment il va réagir à ça, mais ça me plaît d'avance.

D'un coup, mon look change. Je me retrouve en mini-jupe, avec un t-shirt assez court et un piercing au nombril. Il l'a trouve cool ça fille comme ado, il va en pensait quoi de ça ? Va t-il seulement remarqué le changement vu son état. J'en salive si vous saviez !

Ma fille a totalement le droit de péter un câble avec tout ce que nous avons à nous faire pardonner auprès d'elle. Moi plus qu'aucun autre, c'est certain. Mais ce manque total d'empathie alors que je tente de m'expliquer, c'est pas elle, ça. Et, derrière le torrent d'émotions qui m'empoisonnent la soirée, je commence à y penser fortement. Ce qui en rajoute une couche? Qu'elle m'attaque sur le sujet hyper sensible qu'est pour moi la perte de son petit frère. Quand à cette métamorphose soudaine? Pas le genre de ma fille, du tout.

"Qui es-tu?"

Si c'est à mon tour de péter un câble? Mon manque de contrôle quasi total sur mes pouvoirs dès lors que mes émotions s'en mêlent m'oblige à éviter de péter un câble trop souvent, mais quand ça touche mes enfants, là, j'ai tendance à voir rouge assez rapidement.
Convaincu que ce n'est pas ma fille que j'ai devant les yeux, je me relève du canapé pour saisir l'inconnu à la gorge et le/la repousser contre le mur le plus proche.

"J'me répèterai pas. Qui t'es?"

Mes pouvoirs en profitent pour faire des leurs, et après quelques verres brisés, c'est la baie vitrée que j'entends éclater avant que ça ne soit le trou noir pour moi.

Mince je l'ai fait trop violent, il a capté. En même temps c'est si drôle de voir sa tête en cet instant. Il sait que je ne suis pas sa fille, mais il peut se débattre comme un beau diable il ne saura jamais.

- Ton pire cauchemar.

Mon rire se fait froid, satanique même si j'ose dire. Il chope l'hallucination représentée par sa fille par le cou et la pousse vers le mur. Je dis moi depuis tout à l'heure, mais je ne me transforme pas en ce que je veux, les hallucinations que je créé par contre oui. Je ne sais pas si c'est très clair. Le verre se brise un peu partout autour de lui. Il lâche donc la dite hallucination de sa fille que j'ai créé pour l'occasion. Je suis sur le point de la faire disparaître, lorsque sa véritable fille apparaît à la porte. La vraie voit l'hallucination et flippe;, je le vois à son regard. Je fais disparaître l'hallu et disparaît à mon tour du toit sur lequel je me trouve. Je n'ai pas besoin de voir la suite, mon imagination sera surement plus explosive que la réalité. J'aurais peut d'être déçu. Je suis fier de mon effet.


- Papa, papa...

Je secoue mon père autant que j'en suis capable pour qu'il ouvre les yeux. Qu'est-ce que c'était que cette chose qui me ressemblait et qu'est-ce qu'elle lui a fait ?

Je ne dirai pas que c'est calme au boulot, ça ne l'est jamais, ce qui est d'ailleurs le propre du service des urgences, surtout dans le plus grand hôpital de la troisième plus grande ville du pays, mais je dirai que l'affluence n'est pas au dessus de la moyenne habituelle. J'ai presque le temps de discuter un peu avec un patient qui semble en avoir besoin. Du moins jusqu'à ce qu'on me prévienne que j'ai un appel. De qui? Dmitri m'aurait appelé sur mon portable, et idem pour Anya. Mina? J'avoue que dans le coup, je ne suis même pas sur d'avoir pensé à lui donner mon numéro, mais j'imagine qu'elle se serait dépannée avec le portable de Dim pour me joindre. Bref, je remercie ma collègue et m'excuse auprès de mon patient avant d'attraper le téléphone et m'isoler dans la salle de pause pour prendre l'appel. Au bout du fil? Une voix que je met un certain temps à reconnaitre, mais un ton affolé que je ne reconnais que trop bien. Je dirai pas que j'ai l'habitude des emmerdes de Nath, mais j'avoue que j'attendais le moment où il allait foutre sa fille dedans avec lui. Même si je suis plutôt surpris que ce soit vers moi qu'elle se tourne.

"T'en fais pas, Elaine. Je suis là dans une minute."

Je raccroche et pose le téléphone sur la table, le laissant à la disposition des collègues qui en auraient besoin, avant de réfléchir à ma destination - tout en étant content d'avoir aidé Nathan à déménager, vu que c'est la seule fois que j'ai été invité chez lui depuis -, attraper une mallette de premiers secours et me téléporter chez lui, manquant de peu lui marcher dessus en arrivant. La précision, ça ne prend pas en compte ce genre de détail. Bref, je m'excuserai plus tard, me contentant de poser une main sur l'épaule d'Elaine pour lui signifier ma présence, avant de m'agenouiller à coté de son père pour vérifier son pouls et prendre ses constantes.

"Bon, la bonne nouvelle c'est qu'il est vivant. Mais il a du prendre un sacré coup sur la caboche." C'est le moment que je choisis pour relever la tête et admirer le carnage dans l'appart. "Ok, s'est passé quoi là-dedans? Bref, c'pas l'important, laisse moi appeler une ambulance. J'reviens."

Je m'éloigne légèrement d'elle, marchant au milieu des éclats de verre qui devaient constituer la baie vitrée de l'appart, tout en prenant le portable à l'oreille pour passer le fameux coup de fil. Tout en manquant trébucher sur le chat qui me file entre les jambes, sortant de sous un meuble pour foncer sous un autre. Après avoir raccroché, j'attrape un coussin et une couverture qui trainent sur le canapé, les secouant pour les débarrasser de tout éclat de verre avant de revenir vers mon patient de la soirée.

"Tiens, soulève lui un peu la tête. On va essayer de l'installer proprement."

Je relève le regard vers l'adolescente, conscient que ça peut être déroutant - au bas mot - de voir son père HS pour une fois. Si j'sais un truc sur lui, c'est que Nathan peut avoir la pire des fièvres, il fera toujours en sorte de faire bonne impression devant sa fille. Fin, on est pas toujours maitre de son état de santé.

"Eh miss. Ca va aller ok? Y a pas plus têtu que ton père, et crois-moi, il a vraiment pas envie de te lâcher avant que tu lui ai causé une crise cardiaque ou deux en lui présentant ses futurs petits-enfants."

Il ne se réveille pas, je ne sais pas quoi faire. J'ai beau le secouer dans tous les sens, hurler, il ne se passe rien. Je sais bien qu'il y a un truc qui s'appelle les "premiers secours", mais encore faut-il savoir faire et ce n'est pas mon cas. Rappelez moi de leur demander de nous faire ça comme cours au lycée. Je finis par comprendre que seule je n'y arriverais pas. Mais appelez qui ? Ma mère va flipper et probablement le juger. J'essaie oncle Max mais sans succès et je n'ai pas le numéro ni de Shawn, ni de Dante ni de là où ils travaillent, si seulement Shawn travaille d'ailleurs ... Rappelez moi de remédier à ça aussi. Après plusieurs secondes qui me semble une éternité je songe à Ryan, l'infirmier à l’hôpital, il a été là pour mon bras l'année dernière. ET je sais plus comment dans une discussion j'ai cru comprend qu'il pouvait être dans un lieu en un rien de temps, même si j'ai pas comprit comment ( j'ai pas osé demander comment ça fonctionnait). Je n'ai pas son numéro non plus, alors je contacte l'hôpital et je croise les doigts pour qu'il travaille aujourd'hui. Je tombe sur une femme qui me dit que oui il est là, qu'elle me le passe. Je lui explique la situation, je peine à garder mon calme, je ne suis pas sûre d'être très clair, mais il me dit qu'il vient tout de suite.

Et en effet quelques instants plus tard le voilà juste derrière moi, dans le salon, sans que j'ai eu à lui ouvrir la porte. Cela me fait sursauter lorsqu'il pose sa main sur mon épaule, je ne l'avais pas entendu arriver. Il l'ausculte durant un moment et je le laisse faire, ne disant plus rien. Il me demande ce qu'il s'est passer ici, il vient juste de remarquer le carnage dans l'appart. Avant que je n'ai eu le temps de lui répondre il me dit qu'il appel une ambulance ... c'est ce que j'aurais du faire dès le début, je suis trop bête, on a perdu du temps ... Il revient après quelques temps au téléphone. Je fais ce qu'il me dit et soulève sa tête pour qu'il puisse glisser le coussin dessous. Je repose ensuite délicatement sa tête. Je prends sa main entre les miennes et m'asseois juste à côté de lui, pour attendre l'ambulance.
J'esquisse un sourire lorsque Ryan me dit qu'il n'est pas près de me laisser, pas tant que je n'aurais pas évoqué un ou deux garçons. Je vais peut-être attendre un peu alors pour lui parler de mes sentiments pour Tom, surtout quand on sait comment ça s'est finit la dernière fois avec un garçon qui me plaisait bien. Je vais attendre de savoir où je vais déjà. Mais vu que c'est pas moi qui vais oser lui parler au kitsune et que lui a pas l'air pressé non plus ( en a t-il seulement l'intention), on est pas rendu.

- Merci Ryan.

Je prends quelques instants pour avaler ma salive, essayer de me remettre les idées en place mais c'est difficile.

- J'comprends pas ce qu'il s'est passé. Quand je suis arrivée, il était déjà par terre et ... Je suis pas sûre de ce que j'ai vu... J'ai vu quelqu'un qui me ressemblait disparaître aussi vite que tu es apparu dans ce salon. Sauf que c'était pas moi, j'ai pas encore des capacités d'ubiquité que j'sache et puis je porterais jamais ses fringues !

Oui je sais c'est idiot. On s'en fiche de comment cette chose/personne était habillée, mais sur le coup c'est à peut près tout ce qui m'a marqué.

- Alors je sais bien que certains se transforment en animaux, mais tu crois qu'un sorcier ou je ne sais qui pourrait se transformer en quelqu'un d'autre ?

Mon regard se retourne ensuite vers mon père.

L'ambulance appelée et toute menace immédiate concernant Nathan écartée, je m'assied au sol, restant assez proche pour intervenir en cas où. Pas que je pense que ce soit nécessaire, mais c'est ce qu'on m'a appris. Elaine tente de me faire un résumé de ce qu'elle sait, c'est à dire peu, mais cette histoire de double d'elle-même me fait tourner le regard vers elle, tâchant d'en démêler assez pour avoir une réponse à lui apporter.

"Un polymorphe peut prendre l'apparence de n'importe quelle personne qu'il a déjà vu. Ou pour faire plus simple, un illusionniste. Pour eux, c'est d'une facilité déconcertante de faire croire à n'importe qui qu'ils ont une toute autre apparence... ou que quelqu'un est présent alors qu'il n'y a personne. Shawn en sait probablement plus que moi sur le sujet. Sinon, j'imagine que des sorts ou des potions peuvent donner le même résultat. "

Je jette un œil à l'heure sur mon portable, maudissant la circulation de cette ville qui allonge considérablement le temps d'intervention d'une ambulance. Non pas que Nath soit "en danger critique d'extinction", quoique, mauvais jeu de mot mis à part, des péquins comme lui c'est du genre introuvables ailleurs qu'ici. Mais j'ai pas besoin d'être empathe pour sentir l'angoisse d'Elaine monter de minutes en minutes. Si je pourrai essayer d'user de ma propre magie? La guérison est un pouvoir que je maitrise trop peu, surtout pour le confronter aux pouvoirs du genre totalement instables de ce sorcier là. J'y réfléchirai autrement s'il était dans un autre état.

"La question, c'est de savoir qui en voudrait assez à ton père pour t'utiliser contre lui. J'veux dire, on parle de Nathan. Hormis un poivrot qui voudrait lui rendre le coup donné la veille pour le virer du bar, j'vois pas bien."

J'éclipse la pensée qui me vient en tête. Celle que plus que Nath, c'est sa famille qui est visée. Et j'ai beau apprécier ce type, faut être honnête. Le loup intelligent, il attaque la bête faible du troupeau. Et question magie, Nathan est au delà du mot "faible". Mais c'pas une conversation que je compte avoir avec Elaine. Plutôt une que je compte le laisser avoir avec son frère, parce que des Abraxas, j'en connais assez peu pour me dire que cui qui cherche pas Nathan, il cherche son frangin.

J'entends tout ce qu'il me dit, mais j'ai du mal à y faire attention. Il a beau me dire que mon père va bien, j'ai du mal à me concentrer sur autre chose. Pourtant, il le faut, je le sais bien. Je dois trouver ce qu'il s'est passé. Il évoque les polymorphes, les illusionnistes, comme Shawn. J'ai le cerveau en ébullition. Qui pourrait lui en vouloir ? Ça c'est la question à 100000 à vrai dire. Je connais pas mon père si bien que ça finalement.

- Je sais pas, j'en sais rien. On a beau me cacher des choses, je sais qu'il a pas toujours été "cool", sinon ma mère aurait pas tant insisté pour m'éloigner de lui. Ou ça a peut-être rien à voir avec son passé, enfin si mais ... J'ai apprit y a pas longtemps que j'avais un ancêtre dans le coin. Et maintenant que je sais qui il est, soit mon psy au lycée, je pense qu'on peut lui demander son avis sur la question.

Oui ça m'avait prit un peu de temps, mais j'avais additionné deux et deux et le grand-père n'avait pas nié bien longtemps. D'ailleurs je dis grand-père, mais il est plus vieux que ça encore. Y a trois générations entre lui et moi. C'est super bizarre d'ailleurs quand on y pense, mais autant j'aime bien quand y a un peu de réflexion à avoir, autant là j'ai arrêté, pas envie de perdre la tête quoi.

- Ma mère le tuerait dix fois par jour si elle pouvait, donc on est surs que c'est pas elle déjà.

Oui je tente un brin d'humour, parce que la présentement, je suis tellement angoissée, j'en tremble, que je sais pas faire autre chose que de l'humour pourrit. Je sers la main de mon père de plus en plus fort.

- Pourquoi il se réveille pas ? Pourquoi l'ambulance arrive pas ?

J'écoute Elaine me parler rapidement du peu qu'elle sait du passé de son père, supposant que ça puisse être la cause de ses ennuis actuels. Ca, ou un mystérieux ancêtre apparemment revenu d'outre-tombe. Sceptique? Je fréquente des vampires, censés être morts et enterrés depuis au minimum un siècle, alors non, pas plus que ça.

"J'vais t'avouer que de son passé, j'en connais que ce qu'il a bien voulu me dire. Ca fait cinq ans à tout casser que j'suis en ville, donc hormis qu'il a pas toujours été clean, et qu'il retournerait le monde pour toi... je crois que quand on est pas fier d'un truc, on évite d'en faire étalage. Et c'est surement pour ça qu'il t'as "caché des choses". Et j'imagine qu'il sait bien que t'es plus une enfant et que tu peux en entendre plus qu'il ne le pense, mais tu connais ton père. Entre ce qu'il sait pas se pardonner et ce qu'il pense qui te blesserait... forcément, ça fait des secrets sur des secrets. J'pense qu'il faudrait qu'il l'entende, en fait. Mais j'suis pas psy."

Parlant de psy...

"D'ailleurs, j'pense que t'as raison. Ca y ferait pas de mal d'en voir un, surtout s'il est de la famille. Parce que Nath et sa famille, c'est une histoire compliquée, de ce que j'ai pu entendre."

J'avoue ne pas retenir un petit rire quand elle me dit que sa mère est hors liste des suspects étant donné qu'elle tuerait Nath dix fois par jour si elle le pouvait. Oui, cette histoire là aussi, j'en ai entendu parler. Parait que les mecs parlent plus ouvertement quand ils ont connu une soirée bien arrosée, et qu'un truc les a mis de mauvais poil, pour entrainer cette soirée bien arrosée. Donc ouais, son ex, j'ai eu l'occasion d'en entendre parler. Même si j'me dit que y a à prendre et à laisser dans ce qu'il a pu dire sur elle. Dans un conflit, on est jamais objectif, et encore moins avec deux verres dans le nez.

"Nan t'as raison, c'est pas assez subtil pour être l'œuvre d'une femme." Misogyne? Du tout. D'ailleurs je m'en explique aussitôt. "Ma compagne aurait bien d'autres façons d'essayer de me trucider si l'occasion s'en présentait." La paire de crocs est pourtant bien assez mortelle quand on en arrive là, en témoignent les quelques cicatrices que je porte, au fil des années. Elles se mêlent à d'autres cela dit.

La jeune fille s'inquiète une fois de plus du temps qui s'écoule interminablement, et c'est au moment où elle me demande une fois de plus pourquoi l'ambulance ne vient pas que la sirène se fait justement entendre dans la rue en contrebas. J'espère pour vous que l'ascenseur fonctionne les gars, juste en passant.

Ce qui me tire du sommeil? Cet espèce de bruit pénible que je met un temps fou à identifier comme des bip-bips qui ont la bonne idée de me coller une migraine du diable. Je soulève le bras pour frotter mon front de mes doigts, sentant une résistance, comme un truc qui me tire le dos de la main. J'essaye d'ouvrir les yeux, mais la lumière aveuglante me les fait refermer vite fait avant de m'y reprendre à deux fois, plus progressivement. Et j'dois dire qu'il me faut un moment pour comprendre où je suis. Mais ça explique le bip-bip, et le tuyau accroché à ma main. Aux dernières nouvelles j'étais dans mon appart... et j'me rappelle pas avoir eu une raison valable de picoler... et surement pas au point de finir à l'hosto. Si j'me fais un check up, hormis la migraine? C'est là que j'comprends le truc qui a foiré. J'ai beau ne pas utiliser ma magie plus que ça, voire pas du tout, j'arrive à la sentir, en permanence. A sentir le moment où ça va péter, disons, une seconde ou deux avant, et ce vide après, le temps que la "réserve" se refasse. Je peux le ressentir, ce vide, à l'instant présent.

Je me redresse sur le matelas en tâchant de remettre mes idées dans l'ordre, mon regard finissant par s'arrêter sur ma fille endormie sur un fauteuil à coté. C'est là que ça fait tilt, et si j'la réveille pas avec ma réaction un peu brusque, c'est qu'elle a le sommeil aussi lourd que je peux l'avoir. Et bingo, j'arrive à la réveiller, pour glisser un bras autour de son cou pour l'enlacer, me réconfortant, j'en suis sur, autant que je la réconforte elle-même. J'aime pas l'idée de la retrouver là, elle a pas à s'inquiéter pour moi comme elle a surement du le faire.

"Hé. J't'ai pas fait de mal j'espère?"

Relevant le regard vers le couloir et le carreau qui permet aux personnels d'espionner leurs patients sans faire grincer la porte de la chambre, je croise le regard de Ryan, le remerciant intérieurement d'avoir été là pour ma fille. Comment j'le sais? Il est là, déjà, pis, appelez ça une intuition. Elaine me racontera tout en détail, j'en suis convaincu.

J'évoque mes suppositions avec Ryan et il me répond en fonction de ce qu'il sait de mon père et de sa propre expérience (qui est de toute évidence plus large que la mienne).

- Ouais ! J'espère qu'il le fera un jour. J'en toucherais deux mots à Abraxas. Ouais on a pour nom de famille, le prénom de notre ancêtre, ça aussi c'est chelou, mais on s'y fait !

Il me parle de sa copine. Je savais même pas qu'il avait une copine. En même temps il est sympa, mais c'est le pote de mon père pas le mien. On est loin de tout se dire, très loin. Il sait pour le côté surnaturelle de la famille, donc pour moi, mais c'est déjà pas mal non ? Je ne lui pose pas de question au sujet de cette dame, pas l'esprit à ça et pas le temps non plus. Les sirènes raisonnent enfin depuis la rue et je ne compte soudain plus que les secondes qui les séparent de nous.
Ils sont là, ils s'occupent de lui et me demande de m'éloigner, mais Ryan doit intervenir, car j'ai du mal à saisir le sens de leur parole, ça veut pas rentrer dans ma petite tête. Ils finissent par l'installer sur un brancard et nous partons tous pour l'hôpital. Ils m'ont autorisé à venir avec eux, étant sa seule famille ( de sang tout du moins) et Ryan en tant qu'infirmier, puis comme ça ils peuvent discuter de la situation, puisque pour ma part je suis omnibulée par mon père et rien d'autre ne compte.
En attendant qu'ils s'occupent de lui et le temps qu'ils l'installent dans une chambre, ils me demandent d'attendre à l'accueil. Je m'exécute à contre cœur et j'en profite pour appeler ma mère sur les conseils de Ryan pour ne pas qu'elle s'inquiète de ne pas me voir revenir. Elle me dit qu'elle va venir pour être avec moi. Je lui dis que ce n'est pas la peine, Ryan est avec moi. Je me retrouve près de lui une bonne heure plus tard, qui me semble être une éternité. Ils ont fait tous les examens, et pour eux il est simplement épuisé et déshydrater, qu'il faut simplement attendre. Ils m'expliquent que le produit dans le tube s'est pour l'aider à se réhydrater et ils me conseillent de rentrer chez moi pour me reposer, que ma mère et moi serons mises au courant de son réveil aussitôt, mais je refuse. Je ne le laisserais pas comme ça. Ryan reste un moment avec moi avant de m'inviter lui aussi à me reposer. Il me dit qu'il reste sur l'hôpital pour retourner à son boulot, mais qu'au besoin je ne dois pas hésiter à appeler ses collègues du service et qu'il repassera me voir un peu plus tard.

Je finis par m'endormir. Je m'agite pas mal, mon sommeil étant interrompue par l'image de cette chose se faisant passer pour moi et qui s'est évanouie dans les airs quelques secondes seulement après mon arrivée. Qui était-ce ? Ou plutôt quoi ? Ça s'agite autour de moi et ça me réveille. Je mets quelques secondes à émerger véritablement. J'aperçois soudain le regard de mon père sur moi et je me jette littéralement sur lui pour le prendre dans mes bras. J'ai des fourmis dans les jambes de part ma position dans le fauteuil, mais j'en fais cas tellement je suis heureuse de voir mon père me regarder. Il s'inquiète aussitôt de ce qu'il a bien pu me faire.

- Rien du tout, je vais bien ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu étais évanouie quand je suis arrivée. J'ai rien comprit.

Je sers davantage encore si c'est possible ma fille contre moi, tâchant de la réconforter autant que possible, m'en voulant de lui avoir sans doute fichu la peur de sa vie avec cette histoire.

"J'ai pas tous les détails. T'étais là, mais... j'avais l'impression que c'était pas toi en même temps. Et c'était pas toi, mais c'était si réel... un cauchemar éveillé. Bref, j'ai paniqué, et quand je panique, ma magie fait des siennes... celle-là était puissante cela dit. J'finis pas dans les vapes d'habitude..."

Je l'embrasse sur la tempe, au milieu de ses cheveux décoiffés par sa sieste improvisée sur le fauteuil.

"T'es toute seule là? T'as dit à ta mère où t'étais?"

La dernière chose dont j'ai besoin présentement, c'est de me faire trucider par Claire en plus du reste... Bref, si j'dois définitivement mourir aujourd'hui, je compte profiter un maximum de ma fille avant. Surtout après le cauchemar éveillé dont j'ai été victime.

Si je comprends ce qu'il veut dire ? En partie. De mon côté, je me suis retrouvée face à moi-même et y avait pas de miroir, pourtant moi aussi ça m'a semblait réel.

- Comment c'est possible ? C'est un mauvais sort ?

Nous n'aurons pas réponse à cette question tout de suite j'en ai peur. J'en toucherais deux mots à mon psy à l'occasion. Il s'y connait mieux que nous en magie, mieux que Max ou Shawn aussi. Ca pourra pas faire de mal de lui poser une question, on verra bien ce qu'il en pense. J'ai confiance en lui, depuis notre petite voyage dans le futur.

- Oui, oui t'inquiète pas, je l'ai appelé quand on est arrivé à l'hosto sur les recommandations de Ryan. Elle voulait venir, mais je lui ai dit que c'était pas la peine. Du coup, elle a proposé que Paul vienne me chercher à l'entrée quand il rentrera du boulot. D'ailleurs Ryan repassera plus tard si j'ai bien comprit, là il avait du taf qui l'attendait.

Je jette un œil à ma montre.

- Ca nous laisse une petite heure je dirais. Mais il finit pas toujours à la même heure, alors il appelle quand il quitte le cabinet, pour que j'ai le temps de descendre.

Nous profitons donc du temps qui nous est imparti pour essayer de démêler cette histoire et réfléchir à quoi dire à ma mère sur ce passage à l’hôpital, sans évoquer la partie magique de la chose et avons même le temps de parler de nous, de mon prochain séjour chez lui. Oui parce que du coup là ce soir c'est mort, le médecin veut le garder en observation.

- On rattrapera notre soirée! Je t'appelle demain, quand tu sors !

Dis-je avant de l'embrasser une bonne heure plus tard avant de devoir partir. Une fois à la porte de sa chambre, je lui envoie une dernier bisou, avec mon plus grand sourire et disparais. Il me faut moins de cinq minutes pour retrouver Paul dans le hall de l'hôpital et nous rentrons tous les deux. J'envoie un dernier message à mon père pour lui dire que je suis bien rentrée, avant de décider de le laisser se reposer.