I Knew You Were Trouble | feat Ghilian

On est dans la merde! Dans la grosse merde! Ghilian n'a pas l'air plus préoccupée que ça. Je l'envie. Je commence à me pisser dessus. Pas que figurativement parlant. Ma vessie est pleine. Les toilettes dégueulasses. Vous l'aurez donc compris, je préfère encore laisser ma vessie éclater plutôt que de poser mon petit fessier délicat sur des trucs immondes. Au vu de la situation actuelle, je préfère m'épargner une éruption de boutons sur mon popotin. Surtout que je compte bien apaiser la colère divine de Maxwell avec une bonne dose de sexe. Donc mon cul, je le préserve. Oh bon sang... mais que va dire mon troll en apprenant ça? Parce que je le sais que d'une manière ou d'une autre... il va tout savoir. Déjà parce que Raegan a sûrement moucheter ma dernière connerie en date. Et ensuite parce que... bah va bien falloir que quelqu'un paie ma caution. Et celle de Ghilian, si elle n'a personne pour l'aider à ce niveau-là. Je vais quand même pas la laisser pourrir en cellule. Même si je me doute bien que la grande brune a plus d'un tour dans son sac à malice.

Après les empruntes, et la photo dégradante de circonstance, on nous fourre toutes les deux dans la même cellule. Une prostituée nous tient compagnie. Elle a la tronche de la nana prête à m'arracher les yeux parce que j'ai osé la regarder en biais. Flippante la grande madame. Je me reconcentre donc sur Ghilian, tout en sautillant sur place. J'ai tellement envie de pisser, bordel. Vessie de ex femme enceinte à la con!

- Est-ce qu'à tout hasard tu as une carte sortie de prison à sortir de ta manche? Ou une toilette magique, propre et qui sent bon le patchouli?

Et tant qu'à être dans les demandes improbables, je demande une licorne magique pour moi et un dragon pour elle.

Ça fait un bon bout de temps que je n'ai pas été embarqué comme une malpropre pour une soirée au poste. Pas que je me sois calmée, mais j'ai réussi à passer ente les mailles du filet... Le talent que voulez vous !

Bon ok, depuis que je connais Maxwell, j'ai un peu moins d'emmerdes et plus d'argent. Tout bénef cet homme. C'est pour ça que je suis aussi confiante. Mon casier est blanc comme neige. Même pas besoin de donner une fausse identité.

Bon, pour Axel ça risque d'être compliquée s'ils s'aperçoivent qu'elle est -en théorie- morte. Mais je la vois mal avoir un casier. Et puis de toute manière elle a rien fait. C'était moi qui conduisait. Je vois aucun truc à lui reprocher...

Je m'affale sur le banc de la cellule, croisant négligemment les pieds. L'autre nénette avec nous semble de mauvaise humeur. Bah quoi... sourit ma poule ! C'est juste un poste comme tant d'autre à travers le pays. Il y a des endroits pires. Comme les couvents.

Je jette un œil à Axel qui reste debout et sautille sur place. J'en connais une qui a sans doute une très pressante envie d'aller aux toilettes. Ou pas. Si elle avait vraiment envie elle irait dans ceux du poste, indépendamment de leur propreté. Enfin c'est que mon avis.

Comme pour confirmer mon idée, elle me demande si j'ai une idée pour nous tirer de là où si je peux faire apparaître des toilettes. Bah nan. Désolé. Mes tours de passe-passe ne concerne que les menottes et comment voler des trucs sur les gens discrètement.

- Relax ma caille, on ira pas en prison, c'est juste une garde à vue de routine.

Je vous jure, c'est une sacrée difference ! Même si le regard que me renvoie la blonde me laisse penser que pour elle c'est la même chose.

- Et pour les toilettes, j'ai peut être une solution !

Je me lève du banc inconfortable et vais jusqu'à la porte. Je passe mes avants bras à travers les barreaux, les pose et croise mes mains. Ouais. Ça risque s'être long. Autant se mettre confortable :

- Hé ho ! On se réveille braves représentants de l'ordre ! Ma pote va se pisser dessus ! Et vous allez devoir nettoyer la cellule ! Faudrait peut être faire quelque chose avant que ça arrive !

Je braille ça de ma plus forte et désagréable voix puis colle mon front contre les barreaux.

- Je peux pas faire plus.

Je dis ça sans me retourner vers Axel, réfléchissant à autre chose :

- Ça devrait être rapide pour toi... t'as rien fais. Sauf si t'as un casier... et qu'on oublie le fait que t'es officiellement morte. Tu sais, ça s'arrange ce genre de choses, sans passer par la voie officielle qui est longue, chiante et pas marrante.

Je regarde toujours le couloir, mais aucun agent à l'horizon. Vas y ils glandent quoi ?! Je jette un regard à la caméra qui nous surveille. Faut faire quoi pour attirer leur attention ? Se foutre à poil ? J'ai déjà assez de chefs d'accusation à mon actif pour rajouter exhibitionnisme. Quoique si vraiment ils viennent pas...

Je relève la tête, croyant entendre des bruits de pas... nan mais je délire en fait... sans avoir fumé ou bu... ça devient grave. Je me sépare de la porte en soupirant. Je m'ennuie. Je regarde notre colocataire de cellule :

- C'est combien la passe ?

Seul un magnifique doigt d'honneur me répond. Charmant. Je lui adresse un sourire carnassier avant de retourner brailler pour qu'un flic vienne chercher Axel. Je les aurais à l'usure. Je peux meugler toute la soirée s'il le faut !

Puis au beau milieu de mon raffut, je me retourne une nouvelle fois vers Axel :

- En fait, t'as de quoi payer la caution ? J'ai quasi rien sur ma carte !

J'avais pas prévu de me faire arrêter moi... je dois à peine avoir 500 dollars sur moi. Je suis pauvre aujourd'hui... et c'était pas le meilleur jour pour l'être... mais on trouvera bien une solution ! Faut toujours rester optimiste !

- Relax ma caille, on ira pas en prison, c'est juste une garde à vue de routine.

Mon regard affolé en dit long. Ce qu'elle m'explique ne me rassure pas des masses. Parce que franchement, pour moi, y'a aucune différence. Je passe par la case prison. De toute ma vie et malgré toutes les conneries que j'ai pu faire, j'ai toujours réussi à passer entre les mailles du filet. Par le passé, j'en ai pourtant fait des conneries. Voler, arnaquer, hacker... tuer, même si pour le dernier c'était accidentel. Dans mon malheur, c'était une chance que Sidney était au final une vampire psychopathe. Sinon je serais peut-être en prison et pas pour une simple garde à vue. Pour le reste de mes conneries... c'était avant de connaître Maxwell. Et pendant que je fréquentais Sidney. Une vraie période de merde, en vrai. Heureusement que ça n'a pas duré longtemps.

- Et pour les toilettes, j'ai peut être une solution !

Okay! Ma sauveuse! Cette fois mes yeux s'illuminent de bonheur à la simple idée de délester ma vessie de toute cette urine prête à émerger hors de mon corps. La sulfureuse quitte son banc pour s'approcher des barreaux. Elle va ouvrir les portes à l'aide d'un tour de passe-passe? Oui. Je sais. Je rêve éveillée mais bordel, je n'ai que ça! Mes espoirs, et mes rêves! Parce que c'est horrible de se retenir avec la vessie d'une ancienne femme enceinte. Je n'ai pas encore eu l'intelligence de renforcer mon périnée.

- Hé ho ! On se réveille braves représentants de l'ordre ! Ma pote va se pisser dessus ! Et vous allez devoir nettoyer la cellule ! Faudrait peut être faire quelque chose avant que ça arrive !

Ah oui, gueuler pour obtenir ce qu'on veut, ça reste aussi une option envisageable et peut-être viable. Je la rejoins et imite sa position parce que je pense que de toute façon, on est là pour un moment. Et surtout, si je m'assoie et que j'arrête de gesticuler, je sens que je vais me faire dessus.

- Je peux pas faire plus.
- C'est déjà gentil d'avoir essayé.

Je gonfle mes joues. Je bloque l'air. Et j'expire lentement. Penser à autre chose... je dois penser à autre chose qu'à mon envie d'uriner. Des glaces à la vanille. Plein de glaces avec de la crème chantilly. Du rhum. Non, je dois penser à autre chose qu'à des trucs liquides.

- Ça devrait être rapide pour toi... t'as rien fais. Sauf si t'as un casier... et qu'on oublie le fait que t'es officiellement morte. Tu sais, ça s'arrange ce genre de choses, sans passer par la voie officielle qui est longue, chiante et pas marrante.

Je fronce mon petit nez avant de tourner mes yeux vers elle. Je ne relève pas sa proposition somme toutes illégales. Même si, en vrai, je la garde précieusement dans un coin de ma tête. J'en rediscuterais avec elle lorsqu'on ne sera pas dans un poste de police.

- Même si j'étais libérée dans l'heure qui suit, tu penses vraiment que je partirais en te laissant toute seule ici?

Techniquement, oui, en effet. Je n'ai rien fait. Sauf qu'en réalité, nous sommes deux dans cette galère. On a été arrêtées ensemble. On repartira ensemble. C'est tout. Et je suppose que c'est la moindre des choses pour m'être incrustée dans son coffre de voiture. Enfin... pas sa voiture. La voiture qu'elle a volé. Quand même ça me chipote. Maxwell sait tout ça? Il cautionne? Tant qu'il ne participe pas, à la limite, ça ne me dérange pas tant que ça. Je veux juste être sûr qu'il sache dans quoi il s'embarque avec Ghilian.

La brune s'éloigne, visiblement ennuyée de la situation et pas inquiète pour deux sous. Une habituée, quoi.

- C'est combien la passe ?

Pour toute réponse, la prostituée montre son majeur et moi, je me mord la lèvre pour ne pas rigoler. J'avoue, je trouve dommage de ne pas avoir eu de réponses. Je suis assez curieuse de connaître les tarifs d'une pute.

- En fait, t'as de quoi payer la caution ? J'ai quasi rien sur ma carte !

Je grimace. C'est que là, ça devient compliqué. Je rigole nerveusement et je me détache des barreaux.

- Alors tu vois... c'est marrant que tu me poses la question parce qu'en fait... j'ai laissé ma carte, mon téléphone et tout ce qui aurait pu m'être utile sur la terrasse d'un café quand je t'ai vu sortir de la voiture. Donc non... je n'ai rien.

Sous le coup de l'émotion, vous savez... ça va vite de faire des conneries! Même une personne intelligente et censée aurait pu commettre la même erreur que moi. D'accord?! Laissez-moi y croire, s'il vous plaît. Je vais déjà, très probablement, me faire engueuler par Maxwell. Pour avoir dévalisé les boutiques et pour m'être fait arrêtée. Je soupir.

- Mais on a droit à un coup de téléphone. Je vais appeler un ami à moi pour voir ce qu'il peut faire pour nous. Et si ça ne fonctionne pas, au pire... tu pourras appeler Maxwell.

Parce qu'il est hors de question que je l'appelle de moi-même. J'en ai juste pas le courage.

Dire que je suis surprise par son annonce serait un euphémisme ; Alors comme ça, elle me laisserait pas moisir ici ? Trop aimable de sa part. Enfin adorable. Je suis pas certaine d’avoir une telle grandeur d’âme. Après tout, elle s’est quand même invitée dans ma bagnole sans rien me demander... Enfin, je suppose qu’on fait tous des bêtises un jour ou l’autre. Genre moi une fois, j’ai foutu le feu à un appart en faisant cuire du riz. Des petits aléas de la vie quoi...

J’affiche une moue boudeuse lorsqu’elle m’annonce avoir tout laissé sur une terrasse de café, moue qui se transforme assez vite en sourire. Je suis vraiment magnétique comme nana pour qu’on en oublie sa carte bancaire pour me courir après. Je me mets à rire.

Magnétique, carte bancaire... vous l’avez c’est bon ?

Dommage que mes deux colocataires d’infortune ne puissent pas lire dans mes pensées parce qu’elles me jettent un regard perplexe. Bah quoi... ça m’arrive régulièrement de me marrer toute seule ! C’est plutôt drôle d’être dans ma tête en fait... Mais je vais être grande dame et ne pas en faire profiter Axel, de mes blagues à la con. Pas tout de suite du moins.

Mon ventre se met soudainement à gargouiller, me rappelant tristement que mes sucreries sont restées dans ma voiture... enfin la voiture, ou que les flics les ont probablement boulotées. Perso, c’est ce que j’aurais fait.... Mais je suis pas certaine que j’aurais fais un bon poulet. Une pintade à la limite... faut que j’arrête de faire des blagues à la con. J’me fatigue. C’est sans doute la faim.

Au même moment, Axel me prévient qu’elle compte appeler un de ses amis pour nous sortir de ce pétrin. Et que le cas échant, je pourrais appeler Maxwell. Ça m’enchante pas comme idée. D’ailleurs, pourquoi elle ne l’appelle pas, elle ?

- Mouais, bof. Il va me faire la morale, comme quoi il m’avait prévenu que voir les gens en personne c’était pas un bon plan et tout le toutim... Nan... Mauvais bail. Et si l’une de nous deux doit l’appeler, ça serait plutôt toi qui devrais s’y coller...

J’ignore son air atterré lorsque je balance ça et après une brève pause de ma part, je reprends :

- Même si j’admets que j’adorerai voir sa tête lorsqu’il nous trouverait toutes les deux au poste. Enfin, si tu veux tout savoir, je viens d’avoir une idée lumineuse !

Tout sourire, j’me remets à brailler pour qu’on vienne nous chercher, mais décide sagement de prévenir Axel :

- Appelle tout de même ton ami hein ! C’est plus prudent.

Alors que je commençais en sérieusement envisager l’idée de me foutre a poil devant la caméra pour qu’on daigne venir nous chercher, une porte claque dans le couloir ! Enfin ! Pas trop tôt ! La jolie blonde doit aller pisser et moi, j’ai ma brillante idée à mettre à exécution !