Je suis né avec une cuillère en or dans la bouche. Un père relativement absent la plupart du temps, mais dégageant ponctuellement du temps pour me traîner en vacances. Une mère tout aussi inexistante, mais sachant pourtant me faire savoir qu’elle m’aime. Je suis fils unique. Ils n’ont pas pris le temps de voir plus loin que moi pour agrandir la famille et je pense presque que je suis même un accident, un accident accepté. Pourquoi pas, ils ont dû se dire et finalement, ils m’ont gardé, mon père avait bien 45 ans et ma mère approchait les 40. Après tout, ils ont toujours eu les moyens de ne pas avoir à s’occuper de moi et de ne participer qu’à ce qui les intéressés. Je leur en suis reconnaissant. Le peu de temps qu’on passe ensemble est toujours de qualité. On ne se force pas à être heureux ensemble si ça ne nous convient pas. En revanche, j’ai eu de nombreuses gouvernantes à qui j’ai fait s’arracher les cheveux. Pas que je faisais de grosses bêtises, mais juste en grande quantité. Je passais mes journées à courir la propriété, me cacher dans une de mes nombreuses cabanes dans les arbres et lire des livres jusqu’à m’y endormir sans donner signe de vie. Je revenais les genoux écorchés et mes pantalons déchirés lorsque je partais en mode explorations et expérimentations hasardeuses. Forcément, de leur côté, ce n’était pas tout rose de réussir à s’occuper de moi. De l’autre côté, mes précepteurs n’ont jamais eu à se plaindre. Je suis incroyablement gourmand de connaissances et j’avale toutes les leçons sans broncher. Je dois avoir une extrêmement bonne mémoire, bien entrainée aussi, puisque je continue aujourd’hui encore à emmagasiner tout ce qui m’intéresse.

Ma première rencontre avec le surnaturel était pendant les vacances d’été de mes 7 ans. Nous étions partis sur les îles du Pacifique pour déconnecter ensemble. Mes parents ont toujours pris mon histoire pour une simple invention par un gamin et me souriaient en me caressant gentiment la tête quand je leur racontais mes exploits de la journée. Ce que je faisais ? Je me suis trouvé une copine à queue de poisson. A la base, je pense qu’elle s’est simplement blessée, perdue et retrouvée dans un trou d’eau. Croyant qu’une petite fille se noyait en faisant ma promenade sur la plage, je l’ai extirpé de l’eau. J’ai vu ses écailles disparaître sous mes yeux. Emerveillé, j’ai pris soin d’elle jusqu’à ce qu’elle se réveille. Elle a d’abord eu peur, elle devait avoir mon âge à tout casser. On est vite devenu ami et nous avons passé toutes les vacances à jouer tous les deux. Ça a été très dur de rentrer, de me dire que je ne la reverrais plus jamais. Mais à cet âge-là, on passe vite à autre chose et j’ai repris mes habitudes. C’est quand on s’est revu 5 ans plus tard que je me suis rendu compte de la magie inhérente à cette rencontre qu’à partir de ce moment-là. Nous sommes retournés sur la même île. Elle m’attendait. Tous els ans, elle revenait et m’attendait. Je ne saurais dire à quel point cette rencontre à changé ma vie. Bien sûr, cette fois-ci, je n’ai rien dit à mes parents, comprenant l’importance de garder cela secret. Elle a aussi été mon premier amour et j’ai beaucoup insisté les étés suivants pour qu’on y retourne en famille. Cela marchait un été sur deux à peu près, jusqu’à ce que j’atteigne 18 ans. Elle n’est pas revenue.

J’ai continué mes études pour reprendre l’entreprise familiale à New York, j’assistais mon père dans tout ce qui était possible, il a vite fait de moi son partenaire. M’ayant eu tardivement, sa retraite est quant-a-elle arrivée précocement. Il y’a environ 9 ans qu’il m’a carrément donné la direction de tout. Lui, il continu de regarder vaguement de loin, profiter de partir le plus possible en vacances avec ma mère. Si je maintiens l’activité principale de robotique pour milieux médicale et militaire, j’ai aussi créé une division pour étudier le surnaturel. Certes, je n’ai pas mis au courant mon paternel.

Depuis, j’ai eu d’autres rencontres aussi avec le surnaturel à force de le chercher. Qui s’y frotte s’y pique dit-on … j’ai failli me faire croquer par un vampire, noyer par une sirène bien moins sympathique que mon amie, dévorer par une meute de loups-garous et j’en passe. Je ne parlerais pas des artefacts maudits qui ont tout aussi bien failli me coûter la vie ou encore les zones dangereuses, imprégnées de magie pas faites pour un humain standard. Et pourtant, chacune de ces confrontations ne m’a que plus donné envie de tout comprendre. Bien sûr, j’ai eu également des aventures moins périlleuses, des métamorphes plus charmants ou encore des sorciers plutôt réjouis de voir un simple humain accepter leurs capacités sans vouloir les brûler. Je me suis fait un réseau d’êtres surnaturels qui ont bien pris l’intérêt que je leur porte, sans non plus vouloir en faire des bêtes de foire. On ne pourra pas me reprocher de les déshumaniser, je garde en tête ma première amitié et reste persuadé qu’on pourrait vivre dans un monde où tout le monde cohabiterait.

Lorsque j’ai appris ce qui se passe à Chicago, je me suis empressé d’acheter un building là-bas, facile avec le marché de l’immobilier qui s’effondre, et ouvrir une succursale. Impossible de laisser passer l’occasion de me retrouver au cœur de tout ce qu’il y a de plus surnaturel ! J’ai acheté un labo en manque de financement, promettant pouvoir investir dans leurs domaines de recherches. J’avoue avoir été un peu fourbe puisqu’en fait, je veux surtout pouvoir le transformer progressivement en labo pour poursuivre les recherches déjà entamer à New York. On verra bien ce que cela donne après tout.