Entretien d'embauche - ft Leif & Maxwell

Axel n’a pas très bien pris l’annulation du mariage et la demande de séparation … comme elle était morte, elle est pas officiellement reconnue aux yeux de la loi comme étant leur mère et on avait pas pris le temps de remplir les papiers d’adoption … ça fait beaucoup et du coup, elle m’a un peu claqué la porte au nez en me disant que si on était mieux sans elle, autant qu’elle se barre. Moralité, j’ai été incapable de la retenir et j’ai pas la moindre idée d’où elle compte aller … Je me retrouve seul, sans nounou pour les deux lardons et une pile de taf qui ne s’amenuisent pas au milieu de ces conneries. Sans compter que tout le truc d’annulation du mariage auprès du traiteur, de la location de la salle, des invités, me retombent gentiment dessus … Je respire calmement et ferme les yeux. En attendant je mâchonne mes piercings aux lèvres et attends qu’une bonne idée vienne.

Ok.

J’attrape mon ordi portable et m’attèle à envoyer un message à paraître dans un journal local

« Parent seul, cherche un – une étudiante disponible cet été pour s’occuper de jumeaux âgés de deux ans. Gîte et couvert proposé si besoin. Salaire à discuter. »

J’ajoute simplement mes coordonnées pour me contacter et voilà … déjà, si je trouve une solution pour mes démons, ça sera pas mal. Elaine aurait pu faire l’affaire cela dit, mais j’ai cru comprendre qu’avec sa petite sœur, elle aurait sans doute pas le temps de faire un 100%, même si je sais qu’elle adore sa filleule.

Le reste ne me paraît pas si compliqué finalement, c’est une histoire d’envoyer pleins de mail à tous les concernés et notamment pour les inviter. Mon frère est déjà plus ou moins au courant et je lui demanderais de le dire à ma nièce … je me sens pas de voir sa déception, elle adore Axel, mais c’est plus possible … Je fais jouer ma main mécanique sur le verre de mon bureau, puis me décide à refermer le clapet de mon PC. Demain sera un autre jour.

J’ai de la chance, Nath a accepté de s’occuper des p’tits, Elaine a pu faire une demi-journée et Dante la seconde moitié et aujourd’hui j’ai pris mon jour pour recevoir une personne qui a répondu à l’annonce. Moralité, les lardons sont à la sieste au moment du rendez-vous et je tripote nerveusement mes labre en attendant qu’il arrive. On s’est parlé vite fait au téléphone et je sais pas du tout à quoi m’attendre ce qui a tendance à générer plus d’angoisses que nécessaire. Il toque à la porte et j’avoue que c’est déjà un bon point pour lui. Je l’avais prévenu que les petits feraient la sieste à son arrivé et qu’il serait chouette de pas les réveiller de suite si on veut pouvoir discuter tranquillement.

Je desserre le col de mon t-shirt qui me semble trop près de mon cou et me donne l’impression de m’étouffer. C’est qu’une sensation, je le sais que rien ne cloche avec ce t-shirt, mais j’y peux rien. J’ai déjà eu tellement d’appel ces derniers jours concernant l’annulation du mariage que mon quota social s’est rempli comme de rien. Je suis d’ailleurs redevable envers Elaine, Nath et Dante de pas avoir posé plus de questions que cela et s’être juste montré présent … c’était sympa de leur part. D’ailleurs, si je suis honnête avec moi-même, je me sens même plus remonté contre Dante maintenant que je ne suis plus avec Axel … j’étais donc vraiment juste jaloux ?

Ma main artificielle ouvre la porte et je laisse entrer un jeune homme à l’apparence déconcertante … Je crois que je ne m’attendais pas du tout à ça.

« Euh Salut … J’t’en prie, rentre. »

Faut pas me prendre pour une bille … il est pas étudiant celui-là ! Je fronce les sourcils et l’observe alors qu’il se dirige vers le canapé jaune de mon salon. La nouvelle maison située sur l’île m’isole assez de la vie citadine et j’ai l’impression d’avoir attiré un hippie.

« Je te sers quelque chose à boire ? »

S’il me dit une bière, je le vire à grand coup de pied dans le cul ! C’est officiel.

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On va compter les bons points plutôt que de se focus sur les mauvais, sinon, on est pas rendu. Sa voix douce et profonde : bon point. Ça apaise les gosses de leur parler avec une voix calme comme la sienne. Moralité, je le suis passivement et le regarde s’installer sur le canapé alors qu’il ne finit par réclamer qu’un simple verre d’eau. Bien, t’as deux bons points déjà mon coco !

Le problème, c’est son regard vert et déconcertant. J’aimerais qu’il arrête de planter son regard dans le mien avec autant de facilité … c’est moi d’habitudes qui glace les gens de la sorte et j’essaye de rivaliser, mais il finit par me forcer à détourner les yeux. Je fronce les sourcils, me dirige finalement vers la cuisine et reviens avec de quoi l’abreuver.

« Excuse moi de te demander, mais t’es pas étudiant ? Ou c’est une réorientation professionnelle ? »

Je m’installe en face de lui sur un fauteuil dans lequel j’aime m’installer, me sentant comme dans un cocon, envelopper et serein. J’attrape mon propre verre et boit tranquillement une ou deux gorgées avant de le reposer dans un tintement de verre chantant.

Dans tous les cas, vu le peu de réponses que j’ai eu et le temps qui m’est imparti, je vais pas pouvoir trop faire la fine bouche, en tout cas dans un premier temps. Toutefois, un détail me titille grandement et un sourire s’affiche sur mon faciès lorsque je réalise pourquoi je tique autant sur l’aura qu’il dégage. Je me penche en avant et appuie mes coudes sur mes genoux. Je reprends de l’assurance et plante mes iris bleutées dans les siennes.

« T’as quand même un truc qui me plaît d’office … »

Ok, j’aurais peut-être pas du tourner ça comme ça, ça fait quand même vachement genre je le drague alors que pas du tout. Autant la jouer carte sur table et ne pas lui dissimuler plus longtemps que je sais que ces origines ne sont pas celles du commun des mortels. J’ai le flair pour ça … entre mes origines démoniques et le fait que je fréquente énormément mon arrière – arrière – arrière - … -grand-père et son second, le redoutable Cerbère, je sais repérer un gars quand il est pas humain.

« T’es pas humain et j’préfère t’annoncer tout de suite que les petits auraient bien besoin d’avoir quelqu’un qui se fasse pas cramer à la première bêtise. »

Ouais, parce que Cassandre qui met le feu à tout dès qu’on lui dit non et tape une crise, c’est pas commun quand même et je suspecte Aedan d’avoir essayé de me défenestrer une fois avec une de ses vagues psy … ces gamins sont incroyablement sensibles à leurs émotions et à leur âge, c’est inconcevable de pas leur donner une éducation rigoureuse juste parce qu’ils ont des pouvoirs. Je refuse d’être un père laxiste. Alors ouais, je vais amplement remercier le ciel de m’envoyer quelqu’un qui survive pour pas que j’ai à dissimuler un cadavre à la police. Fier de ma révélation, j’attends qu’il m’en dise un peu plus et s’il faut le convaincre également de mes compétences, je ne m’en priverais pas le moins du monde.

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Les démons ? Les petits en fréquentent bien assez entre tonton Cerbères qui leur fait faire occasionnellement un tour sur son dos sous sa forme animal et leur arrière - et j'en passe - grand-père qui est un démon du temps - pas la pluie et le beau temps, mais plutôt à la Dr Who. Je ne réprime donc pas un sourire alors qu'il annonce fièrement ses origines. J'ai peur qu'il ne soit déçu s'il espère impressionner les petits avec ça.

"Sorcier avec des origines lointaines de démon ... Cassandre est sensible à l'élément feu et Aedan est télépathe ... enfin je crois. Ils n'ont que deux ans, mais ils sont très doués, surtout pour me faire tourner en bourrique."

Je ferme les yeux et savoure une gorgée de mon verre d'eau. C'est rassurant en fait de e dire qu'ils pourraient être gardé par quelqu'un qui n'aura pas peur de leur capacité. Et s'il ne ment pas sur ses origines démoniaques, ce n'est pas une brûlure qui lui fera peur ! Je repose mon verre qui crisse sur la table, l'appartement est toujours silencieux, signe que les terreurs dorment encore. Tant mieux. Si je suis séduit par les compétences du jeune homme, je ne peux pas baser entièrement ma confiance sur cela. D'ailleurs, s'il est métamorphe ...

"Et tu te transformes en quoi ?"

Bon pour l'instant, je dois dire que le hippie me plaît bien. Il a toujours l'air calme, posé et ne s'offusque pas de ma franchise concernant ses caractéristiques. De toute manière, il va bien falloir qu'il s'habitue s'il compte devenir leur nounou, je ne suis pas du genre à faire des détours contrairement à mon frère qui ne sait pas aborder la moindre conversation sérieuse sans se sentir acculer.

"Bon autre chose. Je sais pas si tu as un appart, mais moyennant une réduction sur ton salaire, je peux te proposer de prendre une chambre ici."

On va zapper l'étape stipulant le départ de leur mère, je me sens vraiment pas de raconter ma vie personnelle dans l'immédiat à ce parfait étranger. Surtout que j'ai honte encore ... honte d'avoir failli à mon père et à ses exigences ...

"J'ai mon bureau au rez-de-chaussée et ma chambre à l'étage avec les jumeaux pas loin, mais y'a une autre chambre qui est vide. ça t'évitera de te taper les trajets entre l'île et la ville, enfin, je ne t'impose rien ..."

j'avoue que ça m'arrangerai quand même. Savoir que même la nuit si je dois m'absenter, je peux partir du principe qu'il est là pour les surveiller

"C'est quoi tes expériences avec des enfants d'ailleurs ? Parce que je t'avoue que je m'attendais déjà plutôt à une femme ..."

Ok, c'est hyper sexiste de ma part, mais j'ai été élevé comme cela, et c'est dur de m'en sortir. Et soyons honnête, si on cherche une nounou ou une crèche, on a beaucoup plus de chance d'avoir un contact féminin en face plutôt que ... ça ... ok, j'avoue, je le juge un peu sur son physique, mais mise à part son côté déparaillé, il est plutôt bel homme ... Voilà ! A force de traîner avec Nath, j'ai des pensées cheloud ! C'est de sa faute, il abuse.

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Un capybara … ok, je vois, c’est une sorte de castor géant ça non ? Enfin bref, ça me semble bien assez impressionnant pour que ça puisse fonctionner sur les lardons, mais pas non plus un lion qui pourrait me les bouffer. J’valide silencieusement cette information d’un hochement de tête. Franchement, j’adorerai me transformer en animal, les métamorphes ont de la chance, toutefois, pas sûr que j’aurais opté pour ça. Plutôt un oiseau ou une chauve-souris. Je lâche un soupir involontairement lorsqu’il annonce qu’il fera les trajets, tant pis pour ma pomme, j’aurais essayé et en même temps, ça me soulage de savoir que j’aurais pas à gérer un autre être humain sous mon toit H24. Quant à sa réflexion sur le fait qu’il soit un homme, j’préfère ignorer le feu qui me monte aux joues de honte. C’est pas qu’à sa voix j’ai confondu, mais j’pensais vraiment que ce serait des femmes qui répondraient pour ce type de poste.

« Okok … ça me va amplement. »

On va dire que maintenant, y’a plus qu’à … et advienne que pourra, mais j’estime que je minimise les dangers en prenant un tel personnage comme nourrice plutôt que la classique étudiante qui trouve juste que les enfants c’est mignon sans se douter des terreurs qu’ils savent être surtout à cet âge-là !

« Pour ce qui est des horaires, j’te fais un planning au mois pour que tu puisses t’organiser, c’est environ 45h par semaine et 150% pour les heures supplémentaires. Les petits mangent de tout, t’auras qu’à fouiller dans le frigo et le placard et te faire plaisir pour cuisiner. »

J’estime être pas encore trop chiant comme patron. J’vais pas lui demander non plus de faire le ménage ou que sais-je encore, juste déjà s’occuper des lardons ça va être challenge. Je me lève et invite le capybara à faire de même.

« Un tour des lieux ? »

On va aller à l’essentiel. La cuisine et le fonctionnement du four, où j’range la nourriture et ce qu’ils ont le droit de manger. Un p’tit tour discret vers leur chambre sans ouvrir la porte, la buanderie avec les affaires de ménage pour réparer les catastrophes dont je n’ai aucun doute qu’ils vont produire et le jardon avec les jeux dans le cabanon. C’est pas non plus un truc extrêmement recherché et je tique en passant par la terrasse où je n’ai toujours pas réussi à faire partir les marques de brûlures, certains glyphes et les tâches douteuses qui ne sont autres que celles laissées par la mutilation de mon bras … ça craint quand même. De toutes manières, tout ce qui concerne la magie est dans mon bureau et hors de portée des chapardeurs. Les deux lutins ont intérêt à jamais aller fouiner là-bas où ils vont voir leur père dans une colère noire et si jamais je n’en viendrais au main comme l’a pu faire mon propre père, je promets tout de même une punition dont ils se souviendront.

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