Your face asks my memories mate. [Sylvana&Matthew]

Si on peut avoir passé son premier millénaire et encore découvrir des trucs? Totalement. Je n'en ai jamais douté. Si j'avais pensé avoir fait le tour de la question de l'existence depuis longtemps, je me serai offert un bain de soleil depuis longtemps. Oui, je tiens à ma vie, profondément, mais c'est aussi parce que cette vie mérite d'être vécue. Franchement, si je ne pensais pas avoir encore des choses à découvrir, y aurait pas grand intérêt à tourner en rond comme un poisson rouge dans un bocal. J'en ai eu un, une fois, juste pour le regarder tourner encore et encore, période un peu morose de mon existence, il en faut bien, et je crois qu'il avait réussi à m'hypnotiser pour de vrai à force de tourner. J'ai arrêté de compter passé le 35906ème tour de bocal qu'il a fait, à peu près quand je me suis rappelé qu'il serait temps pour moi d'aller manger quelqu'un. Quelqu'un qui s'est au final révélé plus intéressant que le poisson rouge... Je suis comme ça, je vogue d'un truc intéressant à un autre. Dois y avoir un demi centième de sang de fée dans mes veines, j'en ai pourtant pas mangé cette semaine, si?

Ce qui me fait penser que j'ai très envie de planter mes canines dans la peau tendre et sucrée de Amélia, plus par gourmandise que par faim, mais il parait que ça serait dommage que je la saigne à blanc par accident vu qu'il est fort probable que sa mort conduise à la mienne. Notez que ça met légèrement Vladimir sur les dents cette histoire, mais heureusement pour Amélia, il n'a pas non plus envie que je passe l'arme à gauche, alors elle a gagné une certaine immunité... je crois. Advienne que pourra.

La nuit est loin d'être achevée, et j'ai envie de sortir de l'ordinaire dans lequel Chicago commence doucement à nous encrouter. Le Pandémonium? Pourquoi pas. Ca aurait tout aussi bien pu être le zoo, mais regarder des macaques tourner en rond dans leur bocal grillagé ne m'intéresse pas plus que ça ce soir. Demain peut-être. On verra selon l'humeur. Débarquée dans le hall de l'hôtel, la première pensée qui me vient est que je devrais peut-être suggérer à Vladimir de revoir ses plans de non-grandeur et de discrétion dans cette ville et cette époque hostiles dans lesquelles nous nous sommes retrouvés. Son château me manque. La famille me manque. Et sa toute puissance incontestée me manque. Mais dans le même temps, la conclusion de notre histoire passée ne me donne guère envie de réitérer l'exploit.

Une pensée qui s'envole comme neige au soleil quand je me retrouve nez à nez (enfin, à 30 centimètres de hauteur d'écart) avec un visage que je n'avais pas recroisé depuis.. un siècle ou deux? Au bas mot. Me demandez pas son nom, si je les retenais tous, j'aurai pas fini.

"Toi, tu ne m'es pas étranger. Même si je n'arrives pas à te resituer. Tu m'aides ou tu me laisse jouer aux devinettes?"

Si j'aime jouer aux devinettes? Ca peut être amusant. Reste à voir si lui veut jouer. Alors, action ou vérité?

Je tique sérieusement quand il évoque clairement Vladimir avec un surnom grotesque que je serai presque tentée de l'amener à prononcer en face du principal concerné. Parce que je sais que ma rencontre avec cette homme, si elle n'est pas que le fruit de mon imagination il est vrai pas mal débordante, s'est forcément passé bien avant que Vladimir et moi nous retrouvions ici à Chicago. A une époque où je pensais sottement que mon seigneur et maitre avait péri lors de cette nuit tragique qui vit disparaitre tant des nôtres. Je garde cependant la face, me contentant de porter une main à son joli minois pour lui tacler la joue avec un doigt.

"C'est Comte Dracula pour toi. Et pour tous les misérables mortels qui vivent ici bas."

Je laisse mes doigts descendre dans son cou puis sur sa chemise, joueuse, avant de retirer ma main alors qu'il fait mine de vouloir s'en saisir.

"Donne moi ton nom, beau brun, et je te donnerai le mien, vu que tu sembles l'avoir égaré."

Je m'éloigne quelque peu, me rapprochant du bar où j'escompte bien finir par boire un verre bien mérité, me retournant de nouveau vers lui en voyant qu'il ne semble pas décidé à me suivre.

"Tu m'offres un verre? J'ai si soif que je pourrai saigner une vierge ou deux, juste là, sur le tapis. Ca ferait un peu tâche dans l'établissement, tu crois pas?"

Réussir à rester aguicheuse en évoquant le meurtre de sang froid de jeunes vierges effarouchées? Oui non mais je vous l'accorde, faut bien 900ans d'expérience pour le faire aussi bien. Surtout en n'ayant absolument pas prévu de ramener cet homme dans mon lit ou de finir dans le sien. Désolée, t'as quelques années de retard. Fut une époque où je n'aurai certainement pas craché dessus... ah oui d'ailleurs, c'est peut-être bien ça... j'en sais rien, j'm'en fiche, c'pas comme si j'tenais des listes.

Comment j’arrive à me souvenir de quelques noms, b’ah en leurs donnant des petits surnoms tout simples. Sauf qu’elle ne semble pas de mon avis sur le petit nom que j'ai évoqué pour Vladimir. Tout en ignorant qu’elle élabore quelques plans dans sa tête. À son geste, je garde un petit sourire joueur.

- Nous sommes en 2024, les titres de Noblesse, ne veulent plus rien dire dans ce bas monde et je ne suis pas un simple mortel.

Sinon, je serais toujours Vicomte ou un truc du genre de nos jours s’il existait toujours, quoique c’est peut-être toujours le cas dans une autre temporalité. Hummmm, j’irais vérifier plus tard.

- Si je dois retenir le nom de tous ceux que je croise, je suis mal partie. Tu sembles tout autant avoir égaré le mien... Matthew Savage, enchanté…

Oui, le voyageur temporel, le sorcier, le fils du démon du désir qu'est Asmodée, etc. Je la suis tranquillement des yeux en attendant le retour des présentations qui ne viennent pas, je la rejoins donc sans passer derrière le bar.

- Je tiens à ce tapis, mais tu sais que mon établissement pourrait exaucer ce genre de vœux en prenant une chambre ?  

Que je dis en passant derrière le comptoir quand même. Bon, qu'est ce qui pourrait être buvable pour la buveuse de sang devant moi. Parce que, ouais, j’ai ressenti qu’elle était aussi une créature obscure.

- Un alcool qui te ferait plaisir ou bien, je dois puiser dans des poches de sang ? Le mien est “infect” à ce qui paraît…

Je reste tout de même un démon doublé d’un sorcier, hein…