Sylvana Vladyslavivna - Econduite mais pas vaincue

Sylvana est née en Transylvanie, à une époque lointaine où un prince régnait encore en ces terres. Fille de peu, elle vécut ses premières années heureuse, à vivre de la terre et de ce qu'elle avait à lui offrir. Jusqu'à ce qu'arrivent les Turcs, qui brulèrent les fermes et dévastèrent les champs. N'ayant jamais compris en quoi être femme l'empêchait de manier une lame, elle fit partie des volontaires à la guerre, désireuse comme tant d'autres de repousser l'ennemi de ces terres qui l'avaient vue naitre et grandir.
C'est là qu'elle le rencontra. Le prince Vladimir, qui, loin de se terrer dans son château, menait la charge. Des rumeurs circulèrent bientôt sur son compte tant dans les rangs ennemis que dans les leurs, mais elle n'en avait cure. Si monstre il y avait, il était vraisemblablement de leur coté, étant donné qu'il ne faisait de victimes que parmi les Turcs. Et on ne rejette l'aide de personne à la guerre, dusse-t-elle être celle d'un monstre. D'ailleurs, la guerre s'acheva rapidement par forfait de la part des Turcs après la mort de leur dernier homme. Mais le Prince ne comptait vraisemblablement pas s'arrêter là. Et quand il proposa à d'autres de se joindre à sa croisade - à son armée - leur offrant l'immortalité et une force hors du commun en contrepartie de quelques petits désagréments futiles, elle en fit partie.

L'immortalité n'est pas un chemin de pavés roses, cependant. Certains se désunirent. D'autres en eurent marre de cette vie. D'autres enfin finirent par exaspérer suffisamment leur créateur pour qu'il les renvoie dans la tombe. Quelques rares tombèrent sous les coups d'ennemis un peu trop chanceux.Leur nombre décrut en quelques décennies. Une équipe réduite fut cependant leur avantage. Moins de victimes à tuer pour satisfaire tout le monde, moins de conflits, une meilleure stratégie de groupe... Concernant Sylvana, le béguin d'adolescente pour le beau prince était loin d'être passé, mais l'immortalité a une autre conséquence. Celle qui dit qu'il avait l'éternité pour pleurer sa femme décédée, ce qui était loin d'arranger les affaires de la petite blonde. Qu'importe, elle avait l'éternité pour l'attendre. Et entre temps, elle se lia d'amitié pour l'un de ses compagnons, Anton, qui partageait la même frustration qu'elle. Frustration qu'ils évacuèrent parfois l'un avec l'autre, bien qu'ils se considéraient bien davantage frère et sœur qu'autre chose.

Cette vie, elle aurait pu s'en satisfaire un bon millier d'années encore. La force des habitudes qui deviennent une routine confortable. Sauf qu'à l'aube des années 1540, il lui faut composer avec un bouleversement inattendu. Mina Murray. Un nom prononcé par Sylvana avec tout le venin qu'on peut y mettre. Sa ressemblance avec Wylhemina? Elle a cru voir un fantôme le jour où Vladimir - Dracula - l'a ramenée au château. Une concurrence imprévue qu'elle a tout de suite pris en grippe. Sa tentative maladroite de la faire chuter de l'une des fenêtres a été plus que mal vue par son maitre, et elle en a gardé une haine profonde pour la jeune vampire tout juste transformée. Anton et elle iront même jusqu'à tenter de convaincre Van Helsing de faire demi-tour après que ce minable de Jonathan ai décidé qu'ils ne tueraient pas l'anglaise. Sans succès. Il semblerait que les ennuis des vampires n'intéressent le chasseur que quand ils concernent les humains.

Loin d'être stupide, elle fait cependant profil bas, sachant être juste assez pinçante avec Mina pour que celle ci passe son chemin, sans l'être assez pour que Dracula ne la remarque. Se faisant plus possessive que jamais avec son "compagnon", lui qui, années après années, se mit à apprécier la jeunette comme une "petite sœur à qui on peut tirer les cheveux avant d'accepter de jouer à la dinette avec elle". Deux siècles durant, elle put cependant apprécier le fait que la petite, intelligente, sache se tenir loin de "son" Prince. Prince qu'elle n'espérait plus avoir, mais tant pis. Si elle ne l'avait pas, ce n'était surement pas celle-là qui l'aurait.

Depuis quelques semaines, la situation était tendue. Les villageois toujours sur le qui-vive, gardant torches et braseros allumés nuits après nuits, rendant l'idée même de se nourrir compliquée. Un véritable siège s'était instauré autour du château, et ceux qui sortaient malgré tout n'étaient jamais assurés de rentrer avant l'aube. Ils étaient sur les dents, affamés, énervés, et affaiblis, quand l'assaut fut donné. Les plus jeunes périrent en premier. De la chair à canon destinée à flatter l'ego des hommes, à ses yeux. Ils pourraient clamer haut et fort avoir abattu un vampire, et retourner chez eux fiers de leur exploit. Ils n'en firent rien cependant. Chaque porte fut enfoncée, chaque pièce incendiée. Certains - rares - parvinrent à s'enfuir. Elle voulut venir en aide à son maitre alors qu'on le trainait en place publique. Anton l'en empêcha, lui disant qu'il fallait savoir abandonner pour vivre d'autres batailles. Elle comprit qu'elle aurait du l'écouter quand il fut tué devant elle. A la rage et à la peur succéda la tristesse. Peut-être qu'elle l'avait vraiment aimé au final. Elle parvint à s'échapper sans un regard en arrière.

Persuadée que son maitre a péri ce jour funeste, elle parcours le monde depuis, sans parvenir à s'installer quelque part durablement. Des compagnons, elle s'en est créé plusieurs, et a détruit chacun d'entre eux dès lors que l'ennui prenait le dessus. Ce qu'elle fait à Chicago aujourd'hui? Après avoir parcouru toute la côte est, elle compte longer la frontière canadienne pour rejoindre la côte ouest... et puis, d'ici un siècle ou deux, peut-être la Russie? L'Europe peut bien l'attendre encore un peu. En attendant, elle se fait une couverture en ayant trouvé un boulot à 2dollars dans un fast food... pas qu'elle ai besoin d'argent pour s'alimenter mais c'est ce que font tous les jeunes américains débarquant dans une nouvelle ville non? Croiser Dracula et cette vermine de Mina dans cette ville? Si elle avait su que le premier était ici, elle serait arrivée plus vite... Si elle avait su que la seconde était là, elle aurait contourné la ville. Au fil des années, elle s'est convaincu que sans elle, Anton serait toujours de ce monde, et il se pourrait qu'elle veuille lui rendre l'ascenseur.