- Je suis née en 1972, le 15 août pour être précise. Ce qui me fait ... bin j'en ai pas la moindre fichue idée à vrai dire. Y a trop longtemps que je suis enfermée ici.

Je touche les barreau de ma cellule du bout des doigts. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, j'ai vite perdue le compte, ici dans le noir, seule. Enfin non il y a toujours eu un gardien, mais il y en a un qui nous a quitté brusquement un soir où j'avais eu une de mes crises. Lui, c'ui à qui j'parle, il est nouveau. Il à l'air un peu naïf, il est tout jeune. Je pourrais peut-être jouer sur sa corde sensible pour écourter mon emprisonnement. Me rendre sympathique à ses yeux, trop faible pour être un danger pour lui et alors il me laissera peut-être sortir. Je mets plusieurs jours à lui raconter toute mon histoire. Je dois choisir soigneusement chaque mots, tourner sept fois ma langue dans ma bouche et avec cette voix dans ma tête, ma nouvelle meilleure amie depuis qu'ils m'ont eu, je dois être extrêmement prudente.

Je lui parle de ma vie avec mon père et ma mère : de ses treize  belles années malgré leurs disputes incessantes, qu'ils essayaient de me cacher sans succès aucun. Sur mon admiration pour mon père et nos ressemblances, autant que mes différences et différents avec ma mère; je l'aimais assurément, mais c'était différent. Sur la disparition inexpliquée de ma mère et par celle de mon père juste après, qui m'a amené dans la maison de mon grand-père; là où j'ai vécu deux belles années malgré tout mon chagrin de ne plus voir mes parents.
Je lui explique aussi ma première mort.

- La tuberculose rôdait dans la région depuis des semaines quand elle a frappé à ma porte. Ce que disent les films sur le fait de voir sa vie défilait avant la fin ? Un mensonge éhonté ! Il n'y avait rien, rien que le froid, la fatigue, la toux lancinante. Et puis finalement ses yeux. Je n'oublierais jamais se yeux, ce jour là. Il m'avait réveillé, me proposant un moyen de survivre; j'ai accepté bien sur puisqu'il revenait près de moi, je n'avais aucune raison de refuser. C'était mon père, Silas Evenson, en chaire et en os, enfin surtout en sang d'ailleurs. Il venait de faire de moi un vampire. Je me souviens encore de cette douleur dans chaque parcelle de mon corps. Ça a duré des heures...

Des larmes coulent sur mes jouent et elles ne sont pas feintes. J'exagère en parlant d'heures puisqu'en réalité je me suis évanouie, ne supportant plus ces changements en moi. Mais ça il n'a pas besoin de le savoir, au contraire.
Je lui évoque ensuite notre départ de Grande Bretagne pour protéger mon grand-père et nous aussi par la même occasion. Nous sommes passé par la France, l'Irlande et plus haut encore en Europe. J'évoque le don que je me suis découvert, celui de communiquer avec les animaux. Depuis cette époque je voue un amour inconsidéré pour les lapins. Ils sont si mignons et bien plus intelligents qu'on ne le croit.
Il me faut un long moment pour évoquer avec lui ma seconde mort. Je ne sais pas comment amener les choses, pour ne pas froisser ce jeune sorcier et au contraire me le mettre dans ma poche. Au début il ne m'écouter même pas, je le sentais dans sa posture, mais finalement il n'a pas eu le choix, ne pouvant pas quitter sa place. Au fur et à mesure que je lui parlais, il se retournait vers moi et là, maintenant, il était à fait attentif à mes propos. Je le tenais.
Je décide de sauter le passage de l'arrivée des sorciers et du bucher qu'ils ont créé pour l'occasion et plutôt évoqué cette douleur et cette errance pendant près de trente ans.

- Lorsque tes amis du coven m'ont trouvé je errais entre deux monde. Ça c'est ce qu'ils m'ont expliqué après. Je ne me souviens pas de grand chose, excepté la douleur, la douleur toujours plus imposante, toujours plus forte. Elle s'insinuait en moi, comme un serpent cherchant à tout prit une goutte de sang dans lequel disperser son venin.

Depuis que je lui parlais, je n'avais pas fait une seule crise et j'en étais forte aise, cela me permettais de ne pas tuer mon nouveau geôlier et de le garder à l'écoute, sans avoir à tout recommencer avec un autre.
Il ne m'a pas ouvert la porte comme je l'aurais cru, il était plus intelligent que ça finalement. Mais pendant plusieurs jours à la fin de mon discours sur ma douloureuse vie, croyez bien que j'ai insisté la dessus autant que possible, il avait régulièrement un sourire pour moi, un simple regard parfois. L'autre n'aurait jamais fait cette erreur. Il a même finit par m'adresser la parole quand les autres n'étaient pas là. Devant me surveiller 24h sur 24h, il n'avait pas d'autre choix que de s'entrainer à sa magie devant moi. Et comme je vous l'ai dit, je le savais attentif à mes propos désormais. Ne me demandais pas comment il a fait son compte pour se foirer à ce point, mais lorsque j'ai fait mine de faire une crise alors qu'il lançait un énième sortilège il s'est foiré et son sort à ricoché sur ma prison, ou plutôt devrais-je dire sur ma cage. J'ai fermé les yeux sous le choc, mais je l'ai entendu se briser. Lorsque j'ai ouvert les yeux, il était allongé au sol, inconscient et croyez bien que je n'ai pas demandé mon reste. Et moi qui avait espéré que sous la peur de m'avoir blessé, il rentre et que j'en profite, mais non c'était mieux encore. Il était complètement hors course. Il y avait une éternité que je n'avais pas couru ainsi et plus d'une fois j'ai cru tomber, mais non, mes jambes m'ont portés pendant plusieurs minutes. J'ai réussi je ne sais trop comment à sortir, à déjouer la vigilance des autres.

Après ça c'est le trou noir. Je me suis retrouvée sur un embarcadère. Y a une p'tite fée qu'est venue me friser les cheveux avec ses "bzzzzzz" et puis elle est apparue. Elle avait une telle force intérieure. Elle me ressemblait d'une manière que je ne saurais décrire, enfin sur le moment en tout cas : Liane Midow. La capitaine d'un navire capable de disparaître en un éclair et c'est pas peu de le dire. Elle prend le temps de m'expliquer ce que je suis, de parler avec moi, pour m'apaiser tout simplement.  Elle m'était enfin des mots sur tout ce que je ressentais depuis tant d'années. J'étais une banshee, tout comme elle. Elle s'était de naissance et à ce que je lui expliqué rapidement de moi, elle était loin de tout savoir, elle a vite comprit que moi c'était dû à mon histoire, à tout ce que j'avais vécu, à cette seconde mort dès plus atroce aux mains des sorciers.
Je lui parle de mon envie de retrouver mon père et elle se propose de m'aider. Elle sait que c'est mon côté banshee qui m'a amenait dans cette ville, même si je ne sait plus comment s'est arrivé, alors elle se dit qu'il est ici dans cette ville. J'espère qu'elle dit vrai. Je vais donc suivre ce nouveau don. Je vais le retrouver, j'en suis persuadée désormais. J'espère que je n'ai pas trop changer (même si je sais bien que ce n'est pas le cas). Et si il avait refait sa vie ? S'il s'était marié avec une vampire et avait eu des enfants, enfants transformés bien sur ? Et si il m'avait oublié ? Je ne sais plus rien de lui. Il a du changer aussi après tout ce temps ? Ou alors est-il resté autant le même et je crois que les deux me feraient autant de peine à vrai dire.