On the run - ft Peter et Perséphone

Je ferme les yeux et continue de courir. Cela fait beaucoup d’exercice pour la scientifique que je suis, sans compter le self control pour ne pas me métamorphoser au milieu de la rue. Il n’y a pas tant foule, mais ma connerie m’a emmené dans une zone bien trop sombre à force de vouloir chercher mes foutues reliques pour générer ces champs de force perpétuels et autre … tout ça pour créer l’irréalisable et je vais mourir. Je réprime de justesse un cri et me glisse dans une nouvelle allée, encore plus sombre que la précédente. Des larmes chaudes coulent sur mes joues et je laisse mes jambes me guider où bon leur semble. De vilaine traces finissent par se dessiner sur mon visage sur le chemin emprunter par mes pleurs. Je dois ressembler à une souillon ainsi. Je suis trop fatiguée pour réfléchir, je n’ai aucune idée d’où je suis de toute façon. Quelques rues plus tôt, je me souviens être passé devant une place, la statue de Lincoln et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, tout est devenu glauque et sombre … après quelques ruelles, je finis par m’effondrer derrière une poubelle et étouffe ma voix en écrasant ma main contre mes lèvres. Je suis épuisée et le silence lourd qui règne ne me rassure pas pour autant. Après un temps à guetter l’obscurité, mes paupières s’alourdissent et la fatigue finit par avoir raison de moi. Je m’endors dans le jus de poubelle et autres ordures, une joyeuseté sans nom pour tout dire … Mais je reste sur le qui-vive et bien vite, le crissement d’un gravier sur lequel on marche, un couvercle de poubelle qui tombe et un chat qui feule en direction d’un ennemi inconnu me tire de ma rêverie.  Je me recroqueville sur moi-même et retient ma respiration. Je lève mes grands yeux de biche en direction de là où devrait surgir mon assaillant …

J’étouffe un nouveau cri en devinant sa silhouette se dessiner, il me paraissait bien moins svelte tout à l’heure cela dit et … Oh ! Ooooh ! Je bondis sur mes pieds et fends l’air alors que je me précipite dans les bras de la personne qui vient de surgir devant moi. Je n’aurais pas pu rêver mieux et plus rassurant. Peter ! Mon Peter ! J’ignore totalement par quel miraculeux hasard il se trouve dans les parages, mais je savoure de sentir sa présence … il sentira toujours un milliard de fois meilleur que moi et mon jus de poubelle, même après trois mois en mer sans douche. Je renifle bruyamment et fond en larmes sans même prendre le temps de lui expliquer quoi que ce soit. Je crois que lui non plus ne s’attendait pas à cela et franchement ça craint, mais je n’ai aucune pensée pour être séduisante et parfaite devant l’homme que je désespère à draguer, je suis plutôt en mode, j’ai eu peur pour ma vie et je m’en fous de tout le reste maintenant que je sais que je suis en sécurité avec lui. Après plusieurs minutes à me laisser aller de la sorte, je m’écarte de lui et essuie mes larmes et ma morve d’un revers de manche.

« Désolée … je crois que je me suis un peu mouché sur ton épaule … »

Je lui souris timidement et je devine que lui survivra à cela également. Je risque toutefois un regard par-dessus son épaule pour m’assurer que personne d’autres ne soit arrivé dans la ruelle sans que je ne m’en rende compte, par chance, mes poursuivants ont du perdre ma trace il y a belle lurette et je ne ressent que la présence de ma fée dans les parages.

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Je recule d’un pas et tente vaguement d’épousseter ma robe, sans réel résultat non plus. Enfin, je passe mes index sous mes yeux pour évacuer autant que possible le mascara coulé. C’est toujours pas probant, mais y’a de l’amélioration cette fois-ci et je me sens un poil moins poupée de chiffon qu’il y a trente secondes.

« Excuse-moi, je t’ai un peu sauté dessus mon pauvre. »

Voire totalement attaqué, il aurait pu me mettre un poing dans le visage pour se défendre et j’estime que j’ai eu de la chance qu’il ouvre ses bras à la place pour m’y accueillir. Un soupir m’échappe et je plante mes grands yeux verts dans les siens si bleus.

« J’ai dû poser la mauvaise question à la mauvaise personne et y’a une grosse brute qui s’est mis à me suivre soit disant discrètement. Mais je comprends pas, quand t’envoie un mec suivre quelqu’un, pourquoi ils envoient toujours le gars le moins discret et qui te file les chocottes à quinze kilomètres ? »

C’est une vraie question ! Ils sont cons ma parole. j’ai mis moins de cinq minutes à me rendre compte de sa présence et j’suis même pas entrainée pour ce genre de situation. Quand je me suis mise à courir, ça a pas raté, il a pressé le pas aussi. Je glisse ma main dans celle de la fée retrouvant peu à peu ma contenance. Je ne dis pas que je n’ai plus peur, juste que j’ai meilleure espoir de m’en tirer si je ne suis pas toute seule. Enfin, d’un autre côté, j’aimerais bien ne pas attirer Peter dans mes péripéties absurdes … Elizabeth est déjà bien assez vaillante pour pas me le reprocher (et aussi faut dire qu’elle est tout aussi barrée que moi), mais je ne pense pas que la fée apprécierait de s’en mêler.

« Ça t’embête si on rejoint une rue avec un peu plus de monde ? »

Je regarde autour de moi. Toujours pas d’armoire à glace en vue, mais je préfère éviter de retomber nez à nez avec lui. Si je n’étais pas tombé sur Peter, je pense que j’aurais filé dare-dare chez Jack pour qu’il me rassure et me réconforte avec un chocolat chaud. Je suis sensée être la grande sœur, mais il y a bien des fois où il joue parfaitement le rôle d’un grand frère pour moi. Quant à Peter, cela fait quelques temps que nous nous fréquentions, à nous voir quand on le peut et j’avoue qu’il a son côté déjanté et adorable qui m’attire irrésistiblement. On pourrait pas nous reprocher d’être tout le temps coller l’un à l’autre entre mes lubies et ses voyages en mer, je n’ai même pas encore eu l’occasion de le présenter ni à mon frère, ni à ma meilleure amie …

Soudainement, le cours de mes pensées est interrompue par une secousse titanesque qui manque de me faire tomber. Autour de nous, les alarmes des voitures se mettent à sonner, on entend des choses se briser de ci de là et les cris des passants dans les ruelles environnantes. Il ne m’en faut pas plus pour trouver une fois de plus refuge dans les bras de la fée, plaquant mes mains contre mes oreilles trop sensibles pour tout ce tumulte. La scientifique que je suis établie très vite qu’il ne peut s’agir que d’un tremblement de terre, mais je ne crois pas me souvenir d’en avoir ressenti un aussi puissant … à croire que le sol serait prêt à s’effondrer sous nos pieds.

J’ignore combien de temps cela dure, mais autour de nous, les bâtiments tiennent et rien ne semblent nous avoir pris pour cible. Même pour un séisme, c’est absurde la durée. Peu sûre de moi, je finis tout de même par relever mon regard vers Peter qui paraît tout aussi perdu que moi. Faut dire que pour un marin, je ne suis pas certaine que les phénomènes naturels de ce genre soient sa tasse de thé, sans doute qu’un bon vieux tsunami lui ferait pas le même effet.

« Ça va ? »

Ma voix me semble rauque tellement ma gorge est nouée et je n’arrive pas à lâcher le brun d’un centimètre. Je jette un regard inquiet autour de moi. La brute de tout à l’heure me semble bien moins effrayante maintenant.

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Le pignouf ! Il me dit que je pue ! Bon c’est vrai, mais est ce qu’on doit vraiment être aussi explicite ? Roooh, c’est qu’il s’en permet des choses ce jeune homme. Mais son rire me fait fondre totalement et plutôt que de rétorquer, je souris bêtement en le regardant avec des paillettes dans les yeux.

Enfin, la fée m’entraîne à sa suite sans que nous puissions toutefois aller bien loin compte tenu du tremblement de terre qui nous interrompt. Heureusement que je suis avec lui, sinon, j’aurais vraiment paniqué toute seule dans mon coin.

Dans l’immédiat, c’est vrai que je m’inquiète pour l’homme à mes côtés, mais bien vite, ma tête fait aussi le tour des gens que j’affectionne et dont je sais que je prendrais rapidement des nouvelles pour être sûre qu’ils vont bien, à savoir, mon frère d’amour et mon Elisabeth chérie. Deux terreurs qui s’en sont sans doute sortie vue les warriors qu’ils sont. Je soupire

« Ça va, ça va … c’était trop long pour un tremblement de terre classique … y’a quelque chose qui cloche. »

Oui, je sais, je suis un peu terre-à-terre, ça m’arrive, mais je n’y peux rien, mes neurones fusent sur ce que je peux analyser. J’ai envie d’aller au labo où nous avons un sismographe pour examiner les donner de suite. Je lève mon regard vers lui et acquiesce.

« Pas de soucis, mais je cherche un modèle réduit ou à taille humaine ? »

C’est marrant, parce que Peter se définit comme immature, mais je crois qu’il n’y a que lui qui se voit comme tel, ou alors je suis à côté de la plaque parce qu’à part être effectivement, toujours à plaisanter, souriant et agréable, je le trouve bien loin de l’immaturité dangereuse qu’on peut côtoyer chez certains crétins du labo (loba pour les intimes XD).

« C’est qui cette fée ? »

Oui, je suis un peu curieuse, mais je n’ai jamais encore eu l’occasion de croiser une autre fée que Peter et il n’a pas eu encore l’envie, l’audace, le temps que sais-je, de m’emmener au marché des fées … J’ai cru comprendre vaguement qu’il y avait des gens de sa famille qu’on pourrait y croiser … ou j’ai mal compris encore une fois. Mince, finalement, on se connaît vraiment trop peu … Je glisse mes doigts dans les siens et le laisse nous guider vers là où il considère avoir perdue la jeune demoiselle.

« A – Atchoum ! »

J’éternue. Je sais pas ce qui vient de me tomber sur le coin du nez, mais une fine poudre doré fini par m’éblouir. J’en ai dans le nez et dans les yeux … ça achève mon look souillon et je me frotte tant bien que mal pour retrouver un tantinet la vue.

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Il n’a pas tort et pour autant, ce n’est pas très rassurant. Je suis sans doute très loin de comprendre tous les enjeux qui se trament entre les races, je suis aussi dans l’ignorance la plus totale en ce qui concerne la présence des démons sur terre et je pense qu’il ne m’en faudrait pas plus pour me faire avoir une crise cardiaque si on me l’annonçait trop brutalement. Je ris en l’entendant me dire que ce sera le jeu concernant la demoiselle que nous cherchons. Je regarde ses ailes se déployer avec un sourire en coin, j’aime son insouciance et j’adorerais savoir faire pareil concernant mes capacités, n’en avoir que faire dans certains cas qu’on me voit. C’est évident qu’à l’instant même, personne n’a que faire de s’il a ou non des excroissances dorsales. Enfin, nous partons donc à la recherche de la jeune fille. Pas si jeune que cela puisqu’ils n’ont que deux ans d’écart … moi au contraire, ça me fait 11 ans de différence avec elle … je me sens soudainement très très vieille.

« Ewww ! Crade … tu sais qu’il existe de vrais traitements contre les poux … même si je suis pas spécialement pour détruire les insectes et tout ça, mais quand même … les poux … c’est vraiment pas agréable. »

A peine reçu la poudre que la fée réagit et repose un pied à terre … j’aimerais en dire autant. Je me cramponne, même si ce n’est que d’un centimètre, je sens bien que j’ai plus trop contact avec le sol dans l’immédiat. En tout cas, il semblerait que nous avons retrouvé sa petite sœur puisque sa voix me parvient et j’ai pas trop l’impression qu’elle m’a dans ses bonnes grâces. Elle nous rejoint sous une forme plus à notre échelle et je lui adresse un sourire maladroit alors que je tente toujours vaguement de garder l’équilibre. C’est pas mon jour, je vous le dis …

« Hello Dawn ! »

Enfin, je le trouve dur cela dit, elle a quand même passé l’âge de devoir rendre des comptes à ses parents … Après, je ne connais rien aux mœurs de fées et tout cela, mais quand même … La jeune femme doit friser les 25 ans … non ? Ou un truc dans le genre si je ne m’abuse. Pendant un moment, je lui laisse jouer son rôle de grand-frère et j’ai effectivement l’impression de voir deux gosses se chamailler. Je laisse échapper un rire à cette idée ce qui me vaut un regard noir de la fée et un surpris de Peter qui me donnait presque l’impression d’avoir oublié que je suis là.

« Pardon, mais on dirait mon frère et moi quand on s’y met … on est un peu chien et chat ou plutôt biche et lion … »

Ça m’a bien valu une ou deux morsures pas cool, des pleures vers ma mère, mais qui n’a jamais haussé le ton à l’encontre de Jack. Que de la douceur, elle le sait que ce n’était qu’un jeu et qu’il faut que lui comme moi apprenions à contrôler nos instincts animaux. Je ne dis pas, c’est sans doute plus simple pour une biche que pour un lion … si on oublie le côté, je pars en courant à la moindre alerte.

Les ayants fait sortir de leurs enfantillages, j’en profite pour poser quelques questions. Je suis de nature curieuse, c’est un fait.

« Tu as grandi au marché des fées Dawn ? Peter ne m’y a jamais emmené, c’est comment ? »

Je tiens à préciser qu’il n’y avait aucun ton de reproche dans ma voix. Je me doute que c’est parce que je ferais sans doute tâche là-bas que je ne peux pas y aller avec lui, le pauvre doit pas rêver de se trimballer l’énergumène que je sais être lorsque ma curiosité l’emporte sur mon civisme. De plus, son travail lui prend déjà énormément de temps et nous n’avons pas eu temps que ça l’occasion d’aller se promener de ci, de là … Faudrait d’ailleurs mettre un nom sur ce qu’on fait quand on se voit, parce que c’est assez indéfinissable.

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Je souris sincèrement. Et oui, métamorphe et fière de l’être. J’ai une famille extraordinaire entre la chouette, le raton laveur, le lion et la biche, juste de quoi faire tourner de nombreuses têtes si on se promène en famille sous notre forme animale. Cela remonte à tellement d’années que je ne saurais dire quand est la dernière fois que nous nous sommes retrouvés en famille. Jack a un peu fui, moi je me suis laissé embarquer dans mes recherches … rien de plus ni de moins qu’une autre manière aussi de fuir. Je ne sais pas quoi, mais un besoin de nous extraire peut-être et d’affirmer qui nous sommes. La miniature fait le tour de ma personne en deux trois battements d’ailes et je la laisse faire. Si cela lui fait plaisir de faire une inspection complète … Je ne suis pas chiante. J’éternue par contre, encore. La poussière dorée vient me chatouiller et je fais le lien avec mon décollage de tout à l’heure. C’est donc elle qui m’a saupoudré aussi la première fois. Les propriétés de cette poudre sont remarquables. J’aimerais réellement pouvoir en prélever un échantillon et l’étudier plus amplement. Pas sûr que les fées y verraient d’un bon œil et je m’abstiens de le dire à haute voix. C’est comme si une fée se disait qu’elle voulait extraire un truc de moi pour m’étudier. Je sais que c’est fortement impoli.

En revanche, la comparaison avec une ex, je l’avais pas vu venir. Je blêmis ne sachant que dire. Au milieu de tout ça, il y a le compliment que j’suis mieux, mais apparemment pas encore satisfaisante. Je baisse les yeux, préférant éviter le regard de l’un comme de l’autre. Je préfère aborder le marché des fées et éviter que la jeune femme ne se concentre de trop sur ma personne, parce que si elle veut me trouver des défauts, je sais bien que je dois en avoir tout le tour du ventre.

Par réflexe, je parle avec mes mains et lâche celle de Peter.

« Non, ne te sent pas obligé, enfin … »

Bien sûr que cela me ferait plaisir. Ou alors il veut vérifier que tout le monde va bien. Je ferme les yeux et capitule. Après tout, pourquoi pas.

« Ok. »

Mes yeux toujours clos, ce n’est pas si difficile de faire déborder mon imagination. Toutefois, je préfère ne rien voir. Les pudu, ça vole très mal … on n’a jamais vu de cervidé avec des ailes ! Au final, la sensation n’est pas loin de celle quand je me transforme et je le vis plutôt bien. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je me sens attraper par des bras ce qui me force à rouvrir les yeux pour comprendre ce qui se passe. La petite demoiselle ne paraît finalement plus si petite et le monde autour a pris des proportions titanesques. Bientôt, Peter rejoint la team minuscules.

Je baisse les yeux … Le sol est quand même vachement loin … Si tout à l’heure j’ai pâli, là, je dois être transparente.

« Me lâchez pas ! »

Un sourire espiègle et la petite fée desserre son emprise. Je retiens ma respiration en attendant la chute … qui ne vient pas. L’autre fée a dû sentir venir la connerie et me rattrape bien qu’il semble que la magie fasse aussi son effet sur ma capacité à combattre la gravité. Je m’aggripe comme pas permis à son cou. Ça va être folklorique, je le sens !

Je respire profondément et Peter me laisse amplement le temps de me faire à l’idée que toucher le sol n’est plus une option. Avec lui, ce n’est pas la première fois et sans pour autant dire que j’ai l’habitude, au moins je sais qu’il n’a jamais permis que je m’écrase comme un flan sur le parvis. Faut dire que lorsqu’il m’emmène en haut de son mas, on n’est pas sûr que j’en ressorte vivante s’il m’avait lâché. Lorsqu’il me sent plus sereine, il attrape ma main et nous guide à travers les rues de Chicago. C’est juste génial et je n’ai plus le temps de paniquer, trop occupé à prendre conscience du ce nouveau monde. Notre course s’achève lorsque nous arrivons devant la statue de Lincoln. Je sais qu’il en a déjà parlé, mais jamais en détail ni rien et j’ignore comment tout un marché peut être dissimulé ici. J’hésite, est ce que je dois fermer les yeux pour éviter de découvrir leur secret ou est ce qu’il m’autorise à regarder ?

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