Le lionceau et le faon - Jack & Perséphone

Je sautille sur ces talons trop hauts pour être porté aussi longtemps, des escarpins rose poudrée en dentelle, la quintessence de la féminité, associé à une robe de la même couleur, un poil trop courte à mon goût laissant dévoiler trop mes jambes blanches comme des linceuls. Ma collègue Elisabeth essaye de me convaincre de la suivre en boîte depuis des mois et je viens de seulement céder à sa requête, mais pour moi, la soirée touche à sa fin et il est amplement l’heure de regagner mon plumard et de retrouver le moelleux de ma moquette pour mes orteils. Je ressemble à un pompon, les cheveux trop bien coiffés comparé à mes habitudes, un serre-tête fleuri dégageant mon visage et ma chevelure rousse tressée à la mode viking, des couches et des couches de tulles organza pour la jupe qui gonfle ma silhouette et donne un peu plus de peps à mes hanches tandis que le haut dévoile un peu trop de mon anatomie tant bien que mal dissimulé par l’étole blanche et fantomatique que j’ai déniché dans une friperie. Encore une idée de mon amie. Je souris en défaisant le nœud de la ceinture de ma robe, il faut définitivement que je laisse passer les liquides ingurgités vers le bas si je ne veux pas qu’ils sortent par en haut. Je pianote sur mon clavier de téléphone à la recherche d’une compagnie de taxi ou d’un indépendant qui daigne se bouger rapidement pour me ramener chez moi. Trop loin … trop cher !! Trop naze comme nom de compagnie et puis hop, on s’en fiche celui-là m’inspire.
Je patiente sur l’asphalte, frottant mes mains sur mes bras pour les réchauffer tant bien que mal. Le lampadaire au-dessus de moi décide à cet instant d’en finir avec la vie et j’entends l’ampoule claquer. Un dernier grésillement funeste et c’est le noir total.

« Bordel … »

Je n’aime pas devoir utiliser mes sens, je me sens comme une proie à l’affut du moindre prédateur et l’enseigne du taxi s’approchant dans l’obscurité ne m’aide étrangement pas à calmer cette sensation. Je frissonne et attend qu’il se gare devant moi. Immobile. Quelques secondes s’écoulent avant que je n’entende le bruit caractéristique d’une portière qui s’ouvre.

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De temps en temps je bosse. Ça m'arrive. Quand j'me fais pas casser la gueule - ou le portemonnaie - au casino. Faut savoir remplir les caisses, surtout que la famille mange, et pas qu'un peu. Ouais, cinq chats ça fait une famille, surtout quand on est soi-même en partie lion. Celle - ou celui, j'suis pas difficile - qui voudra de moi devra les prendre avec, c'est dans le contrat. Bref, j'envisage de changer de voiture. L'avantage de la Prius c'est que l'hybride, ça consomme pas. Et l'arrière offre une place non négligeable pour les clients. L'inconvénient, c'est que dans les embouteillages de Chicago, vaudrait mieux avoir une Fiat 500. Ok, je sais, à l'arrière, j'les met dans le coffre les gens, mais un compromis entre deux, ça doit bien exister. Bref. Je laisse descendre les derniers fêtards de la soirée avant d'éteindre les lumières. C'bon pour ce soir, j'ai fait mon quota.
Je prend donc la route en direction de mon studio, roulant sur plusieurs kilomètres entre les rangées d'immeubles et d'autres bâtiments du centre ville avant que mes phares n'éclaire une personne sur le trottoir. Vision fugace accompagnée d'une sensation étrange, que je reconnais pourtant pour l'avoir trop ressentie. Je pourrai reculer, mais je la laisse plutôt mariner en faisant le tour du pâté de maisons, rallumant la lumière du panonceau "taxi" de mon toit, pour finir par m'arrêter à sa hauteur. Un coup d'ouverture centralisée et je déclenche les portes arrières, la laissant monter à l'intérieur.

Après l'ouverture, la fermeture centralisée, et je me retourne sur mon siège pour regarder dans sa direction.

"Bonsoir ma biche, je te dépose où?"

Disant cela, je lui offre mon plus beau sourire, où je me retiens de laisser les canines apparaitre. Je sais être civilisé, surtout avec ma propre sœur... ok, peut-être que je ne l'ai pas toujours été.

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Il me fait tourner en bourrique et je monte à bord de sa voiture avant d’entendre le cliquetis familier des verrous automatiques. Oh merde ! Je suis tombée sur un psychopathe ? Le mec se retourne et me fait un immense sourire. Oh le fils de sa maman !

 « Jack !! »

Heureusement que la voiture à un toit, sinon j’aurais bondis de plusieurs mètres. En attendant, je saute au cou de mon frère et le couvre de bisous. C’est une sacrée tête d’enclume. Stupide. Egoïste. Bête à manger du foin. Mais merde, qu’est-ce que je l’aime ce con ! Pas vu depuis tellement longtemps et c’est comme ça qu’on se retrouve ? Chicago est vraiment une terre de promesse. Je reste un peu sur la défensive et j’assume pas trop qu’il m’ait surprise de la sorte. Ce félin à vraiment un don pour traquer sa proie dans le noir, y’a pas à dire. J’aimerais juste ne plus être cette dernière en atteste les cicatrices accidentelles de deux enfants qui jouent avec un peu trop passion.

Une fois passé les bisous, les pincements de joues et les reproches stupides je me calme et m’installe confortablement sur sa banquette arrière. Prius … chapeau p’tit frère, il a de bon goût au moins. Je remets mes cheveux en pagaille et lisse les plis de ma robe. J’aimerais autant pas trop en dévoiler au frangin, il risquerait bien de faire une crise d’apoplexie.

 « Ben alors grand nigaud ! Qu’est-ce que tu fous ici ? T’as pas honte de pas donner de nouvelles à ta sœur chérie ? »

J’ai jamais trop compris pourquoi il a disparu comme ça, je suis persuadée qu’il aura un million d’excuses toutes plus débiles les unes que les autres et que je me laisserai mener en bateau … je suis juste incapable de lui en vouloir. C’est un peu mon bébé, mon frère d’amour, mon chaton …

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Pour une surprise, c'est une surprise, apparemment. De quoi faire oublier à ma sœur que je ne suis pas un vampire, et que j'ai légèrement besoin de respirer. Coincé par mon siège, je me contente de subir sans répondre davantage qu'une main passée dans son dos, mais aucun doute, elle sait que l'intention est là. Une chose est sure, je vais avoir quelques bleus - surement mérité, je l'avoue - d'ici demain. Les biches ça a des sabots, le genre de truc dur qui fait bien mal quand vous en prenez un coup dans le coin du nez ( expert? oui ), et ma frangine sait taper même sans eux. Des tapettes de gosses qui se chamaillent, mais juste assez pour vous coller ces petits bleus que vous sentez sans pouvoir les voir. Bref, j'm'en remettrais.

Ma frangine finit par s'installer à l'arrière de la voiture, et j'ai une seconde le regard critique sur sa tenue. Avec n'importe qui d'autre je m'en fous, chacun fait ce qu'il veut, mais là, on cause de ma sœur, et je me dit que je devrais avoir une couverture dans le coffre pour les cas d’extrême urgence.
Bref, seconde passée, je passe le bras replié à coté du repose-tête, croisant son regard dans lequel je sens un ton de reproche qu'elle tente de dissimuler dans sa voix.

"J'ai bourlingué. Tu m'connais. Jamais longtemps au même endroit. Ici, c'est le bled le plus proche de la maison, mais juste assez loin pour pas avoir affaire aux parents. J'ai fait des conneries dont j'suis pas fier t'sais. Comment ça va toi? Et les parents?"

Je réfléchis au quartier dans lequel nous nous trouvons et, sans me retourner, glisse une main jusqu'à couper de nouveau la lumière au dessus de mon toit. Pas envie de me retrouver avec dix clients dans la voiture. Subitement, comme l'idée me saute dans l'esprit, je l'interromps avec mon idée brillante.

"Ça te dit on va jusque chez moi? On s'ra plus à l'aise que dans la voiture. Pis, t'as l'air gelée là-dedans."

Oui ben j'ai pas résisté bien longtemps. J'avais dit pas de critique, ok, mais c'plus fort que moi. Ça va, j'ai fait pire.

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Je lève les yeux au ciel, trop blasé pour répondre à ce genre de nouvelles. « Bourlingué » … Tu veux dire erré, sans but et faire de la merde.

  « J’ose te demander quelles conneries histoire que je découvre pas l’envers du décors de la bouche de quelqu’un d’autre ? »

Autant dire qu’il a l’avantage que je l’aime inconditionnellement et ce, peut importe ce qu’il peut bien me déballer dans la seconde.

  « Sinon … les parents … rien de nouveau »

J’ouvre les yeux comme si une idée de bonnes nouvelles pourrait venir, mais non. Ils vont pareil, vont à leur train et tout et tout. Ils se soucient pas vraiment de Jack et moi dans le sens où ils savent sans doute qu’on se débrouille. Et puis, je peux pas dire que j’ai bourlingué parce que se terme me semble étrange et peu approprier pour décrire mes voyages et pérégrinations. J’ai surtout étudié et puisé toutes les connaissances que je pouvais à droite à gauche, à travers le monde.

  « Et moi, ben, j’ai obtenu un super poste dans un centre de recherche après avoir finis mes études et pas mal voyager. »

Il me propose d’aller chez lui et je ne peux réprimer un sourire. Je vais voir où mon bébé frère à trouver son petit nid douillet !!

  « Tu dis ça juste parce que je suis incroyablement sexy dans cette robe ! Qui ne m’a pas aidé ce soir à trouver l’amour cela dit … »

J’éclate de rire juste à voir sa tête de frère pas content. Num Num Num !! Sa voiture ronronne une quinzaine de minutes jusqu’à ce qu’il se gare. Je sors de la voiture et aplati les froufrous de ma robe pour essayer de couvrir un peu plus mes jambes. Le froid soudain génère une chaire de poule immédiate sur tout mon corps et je serre l’étole un peu plus contre moi.

  « Dit moi que tu as de quoi me faire un thé et je serais aux anges. »

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"J'suis pas mauvais au jeu. Ça plait pas à tout le monde. Entre autres. Pour le reste, c'pas l'endroit."

Je me plonge dans un silence inhabituel pour moi. Loin de moi l'envie de dissimuler quelque chose à ma sœur. Juste d'être un peu mieux installés que dans une voiture roulant à 70 à l'heure pour en parler. Parait que pour que les autres vous pardonnent vos conneries, faut déjà se les pardonner soi-même. Pas fait.

Elle me rassure concernant les parents, tout en me disant qu'il n'y a rien de spécial à leur sujet. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, comme dirait l'autre. La concernant, elle m'apprend qu'elle a réussi à décrocher une place pas dégueu, et qui, à première vue, semble lui plaire. Ça c'est génial en revanche!

"Content pour toi, sérieux. T'as toujours été la petite tête de la fratrie d'toute façon. On aurait cru le monde tournant carré si ç'avait été moi qui réussissait et toi qui te plantait, hein?"

J'ignore son commentaire sur le fait qu'elle soit, je cite, "sexy dans cette robe". Je me moque éperdument que ma sœur soit sexy, c'pas comme si j'allais la draguer. En revanche, que d'autres la trouvent sexy... je pourrais bien montrer les crocs en revanche.

"Tant mieux. Ça m'aurait bien emmerdé de tenir la chandelle."

Je gare la voiture devant chez moi - pour une fois que y a une place! -, et la laisse descendre, en faisant de même de mon coté tout en enlevant ma veste pour la lui poser sur ses épaules. Pas que la porte soit loin mais juste assez pour choper la crève. Portes verrouillées, je change de trousseau de clés pour ouvrir la porte de chez moi, veillant à ce que personne ne sorte en même temps qu'on entre.

"Si j'te trouve une tasse pas explosée. Les gamins ont foutu le bordel dans les placards."

Disant ça, je rattrape la petite Marie tentant une fugue, avant de la caler dans les bras de ma sœur. Si y en a une pour la faire craquer, c'est ce maudit petit chaton blanc comme la neige... du moins quand elle ne se roule pas dans une flaque avant de rentrer.

"Fais gaffe où tu marche, ils sont en forme en ce moment. En laissent trainer partout."

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Mouais, mouais, mouais. N’en dit pas plus mon cher, j’ai bien compris et t’as raison de toutes façon qu’est-ce que ça changerai. Je laisse ses problèmes de côté, aucun doute qu’il n’a pas envie qu’on se retrouve juste pour parler de ça et il a bien raison mon frangin.

 « On s’en fiche de qui à la tête, toi t’as le cœur mon p’tit frère d’amour ! Et puis la réussite tu sais … j’y suis pas encore. Le monde de la science est pleins d’homme et pas les plus tendres, ni envers la jeunesse, ni du fait que je sois une femme. Et puis, j’ai un projet peut-être un peu grand et pour l’instant c’est dur d’avoir du recul, savoir si j’aurais l’argent ou le matériel, les locaux, enfin bref. Je suis pas encore au bout de mes peines. »

En fait, pour l’instant, même si l’intitulé du poste est pas dégueux, la réalité est parfois bien différente. Le grand patron demande un café et c’est vers moi ou ma collègue qu’on se tourne, du ménage à faire sur les paillasses entre deux expériences … pareil … c’est des fois tellement dégradant qu’Elisabeth et moi-même nous nous planquons limite pour le faire.

 « Tu vois, là on peut partir du principe que c’est plutôt toi qui réussit ! t’es bien le seul à survivre à mes monologues quand je me lance et puis t’as toujours eu pleins de filles qui te courent après … elles aiment les bad boy. »

Je ricane et lui ébouriffe les cheveux en disant cela. D’un côté, ça doit bien jouer en sa faveur à un moment sinon je l’explique pas. Toutes mes copines me demandaient toujours pour Jack alors qu’on avait deux ans de plus en général, elles brisaient la règle des filles aiment les mecs plus vieux, plus matures.

A peine la porte ouverte qu’une boule de poil blanche tente une évasion. Jack me cale le félin dans les bras et je fond instantanément.

 « Ooooooooooh !! Tu es à croquer toi dis donc !! »

Je frotte mon visage contre elle et respire son odeur. Je deviens folle en présence d’animaux en général et mon frère vient de taper dans le mille avec un chaton d’une adorabilité parfaite !
J’entre à la suite du lion sans prendre gare à son conseille. Bien sûr, je ne manque pas de me vautrer trois ou quatre fois avant d’atteindre une chaise et m’assoir en safe zone.

 « Tant que tu me sers pas le thé dans un saladier, n’importe quel contenant devrait faire l’affaire. »

Je laisse la fugueuse rejoindre ses camarades qui bientôt outrepasse la barrière de la méfiance pour coller leurs poils et leurs odeurs partout sur mes jambes et mon sac à main que j’ai laissé poser à même le sol. Toujours un peu frileuse, je ressers la veste de Jack contre moi.

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Ma sœur pose des objections à mon commentaire sur sa réussite. Pourquoi faut toujours que les gens minimisent leurs exploits quand ils en font?

"Je te fais totalement confiance pour mettre un bon coup de sabot dans les brancards... ou ce que tu voudras, à la limite, quand y en aura besoin."

Ah ouais, mon appart en désordre complet montre une présence féminine évidente...ma grande sœur préférée, toujours d'attaque pour fiancer son petit frère avec toutes ses copines... chacun a sa version de nos années de lycée, il semblerait.

"Tu sais ce qu'on dit. Une fille peut draguer un bad-boy, mais elle épouse un garçon sage. Ce qui explique que malgré la voiture bien sous tous rapports avec laquelle je "drague", je sois toujours 100% célibataire. Si t'as gardé contact avec tes anciennes copines de classe, n'hésite surtout pas à me refiler leur numéro."

A peine sommes nous à l'intérieur que Marie nous arrive dans les pieds, et je l'attrape pour la refiler à ma sœur. Qui tombe immédiatement sous son charme, bien sur. Je l'adore ce chat, bien sur, mais je la lui laisse trois jours en pension avant qu'elle ne me demande de la reprendre. Ils ont beau être cinq, je sais qui est responsable du bordel ici présent.

"Un démon dans un corps d'ange."

Je caresse la tête de la petite chatte avant de rejoindre le salon, suivi par ma sœur, après quelques péripéties. Je lui avait dit de regarder où elle mettait les pieds..bref, elle finit par atteindre une chaise, dont elle ne bougera surement plus avant un moment. Pour ma part, je cherche un truc dans lequel lui servir un thé, finissant par trouver une tasse à l'anse manquante, que je pose devant elle sur la table avant de mettre de l'eau à chauffer.
Pendant ce temps là, le reste de la bande joue les curieux et se rapproche d'elle, l'intégrant rapidement au groupe. Tous sauf O'malley, le serval, resté à veiller depuis le haut du frigo. Il n'est pas le chef pour rien celui-là. Monsieur aime se faire désirer, et surtout, laisser aux autres la possibilité de se faire attraper avant lui.

"Ils t'ont adopté on dirai. Alors dans l'ordre. La petite blanche, Marie. Le vieux rouquin, Toulouse. La tigrée, Duchesse. Et le siamois, Berlioz. Et le prince des lieux, là-haut, O'malley. Le prend pas mal si il se fiche royalement de toi, il se fiche tout autant de moi. Me regarde pas comme ça, tu connais mon amour des Aristochats."

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Son commentaire sur les chatons? Une réalité. Je crois cependant qu'elle peut être contente que la catégorie "nain de jardin" me convienne comme compagnie, question félins. C'est que j'y ai appris à courir vite, à la frangine, dans notre enfance.

"C'est ce qu'on appelle le prédateur et la proie, Persie. Mais un zèbre peut tuer un lion, suffit qu'il tape au bon endroit."

En vrai, je suis pas sur qu'avec ses fines pattes graciles de biche, elle saurait me faire bien mal, mais l'important, c'est l'image, pour le coup. On est pas tous armés de la même manière, mais ça veut pas dire que faut se laisser bouffer sans se défendre.

"C'pour ça que j'te le dis à toi. T'as toujours placé trop d'espoirs en moi pour croire à cette histoire de mauvais garçon. Et pour être honnête, j'peux me rouler dans toute la suie du monde, mon pelage restera toujours blanc en profondeur alors..."

Je lui lance un regard faussement déçu de mon sort et vais débrancher la bouilloire avant qu'un chat exaspéré par le bruit qu'elle fait trouve brillante l'idée de la renverser. Ils sont tous autour de ma sœur? Ouais ben les chats, c'comme les enfants, vous les pensez sous surveillance et vous avez pas vu qu'un vous a échappé.
Quand à sa question? Elle me freeze d'abord, peu certain que je suis de savoir quelle réponse Perséphone attend de moi. C'est qu'entre m'avoir à diner et me supporter ad vitam aeternam, y a un gouffre. Oui, je suis le canard boiteux de la famille, mais c'pas une vie qui me déplait. Le commentaire suivant me rassure un peu, j'avoue. Et me fait avoir honte d'avoir pensé le contraire de ma sœur. Je reste silencieux le temps de lui servir l'eau bouillante, décidant finalement d'en prendre aussi et ramener une seconde tasse et le café en poudre qui va avec.

"Pour le moment. J'ai pas de raison de partir, et p't'être même deux ou trois de rester. Cette ville est juste assez barge pour me convenir. T'sais que j'ai pris une fée sur le pare-brise la semaine dernière?"

Si j'évite la raison qui dit que je me suis rapproché volontairement des parents, sans toutefois oser pousser jusqu'à Milwaukee? Je pense qu'à travers mes fanfaronnades, elle l'a bien compris.

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C’est bien le petit frère qui veut me donner le courage d’affronter mes ennemis, ne pas me laisser abattre. Louable de sa part, mais franchement, j’suis démotivée au plus haut point par moment. En fait, c’est plus l’aspect répétitif et quotidien que la véritable dureté des réflexions. Masi quand tous les jours on te rappelle que t’es une femme et qu’tu vas sans doute pas réussir juste pour ça, que tu ferais mieux d’être à la maison et pondre de jolis mouflets pour ton mari qui trime toute la journée.

« T’es gentil frérot, j’y penserais la prochaine fois. »

Je laisse couler, ça ne sert à rien que je m’apitoie sur mon sort, après tout il a raison. Si je veux m’en sortir, c’est à moi de m’en donner les moyens et pourquoi pas de botter quelques postérieurs trop bien assis. Et non. Je ne pense pas que je place trop d’espoir en lui, c’est mon rayon de soleil et je le sens. Ça fait même pas deux heures que je l’ai retrouvé et déjà je me sentirais la force de parcourir le monde. Je comprends son besoin d’émancipation, partir. Nos parents ne sont pas détestables, loin de là, mais ils placent tellement de leur propre envie dans nos vies, que cela est parfois étouffant. Enfin, c’est comme ça que je l’ai ressenti.
Je prends le temps de respirer le parfum qui s’échappe de ma tasse et réchauffe mes mains sur la paroi brûlante. Peu à peu, je me détends et arrête de me contracter je l’écoute me raconter son histoire de fée … Est-ce que je dois lui dire que j’ai pris un billet pour monter à bord d’un vaisseau pirate ? Non peut être vaut –il mieux pas. Je sais pas s’il se fera du mouron, voudra me dissuader ou pire m’en empêcher.

« Je confirme, cette ville est faite à 95% de fou à lier … à savoir que je sais plus trop si j’en fais ou non partie.  Te mets pas la pression frérot, j’suis juste très très contente de te voir.»

Faut pas se leurrer, avec nos pouvoirs de métamorphes, on n’est pas non plus des humains bien normaux, même si on fait tout pour se fondre dans la masse.

« Toi par contre, tu pourrais t’y plaire ! »

J’accompagne la parole au geste en désignant son intérieur et ses milliers de félins qui y vivent comme des rois. Il n’a pas besoin de beaucoup plus pour déjà coller au décor. Et en même temps, ça serait pas lui s’il n’y avait pas cette graine de folie dans son quotidien, il me rappelle que j’en aurais bien besoin moi aussi, sans doute autant qu’Elizabeth essaye de me l’insuffler … finalement, c’est elle que je devrais présenter à Jack !

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Elle a pas l'air convaincue par mes paroles. Ok, c'est sur que quand on voit une biche, ou pire, un pudu, on se dit bien plus facilement "oh, qu'elle est mignonne" que "attention ça mord". D'où ma prochaine suggestion.

"Ou sinon, t'appelle ton petit frère préféré à la rescousse. J'ai une bonne paire de crocs à faire valoir."

Au moins de visu. Une fois. Une seule fois, j'ai retourné cette paire de crocs contre un mec, et ça me hante toujours. Pourtant, croyez-moi qu'il le méritait. Mais ça n'empêche que j'en fais toujours des cauchemars.

"T'sais, j'crois que les fous se pensent sains d'esprit. Et que cui qui se croit sain d'esprit est en vérité bien aliéné."

Je me rapproche de ma sœur pour glisser un bras autour de ses épaules, l'embrassant sur la tempe dans le même mouvement.

"J'te propose d'être fous à deux, du coup. Si t'as rien de mieux à faire de ta soirée, tu peux t'installer. J'virerai un chat d'un coussin pour m'y mettre."

C'est l'avantage d'être un chat, pas besoin d'un lit pour dormir. Même si faut avouer que le pied du lit, c'est quand même pas mal pour roupiller peinard.

"Dis." Je m'écarte d'un pas, avant de me diriger vers un placard fermé à clef. Et ouais, question de colocataires indélicats. Pour en ressortir un paquet de gâteaux chocolatés que j'ai pas encore eu l'occasion d'entamer. "J'vais pas dire que j'ai eu du flair sur ce coup-là, mais tu t'rappelle ces gâteaux qu'on piquait dans la réserve quand on était gamins? Y a genre des années que j'en ai pas mangé."

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Je lève les yeux au ciel faussement vexée.

« Niah niah Niah ! T’as pensé à ma fierté personnelle ? »

Un petit clin d’œil et je reprends plus sérieusement.

« Non, mais t’inquiète, je sais que tu peux pas être là toujours pour moi. »

Je me mords la lèvre me sentant soudainement con d’avoir encore appuyé sur son absence dans ma vie depuis quelques temps. Je lui en veux pas, mais merde, c’était dur de pas avoir de nouvelles de son p’tit frère. Je m’arrêtais à chaque feulement de chat espérant que c’était lui qui me rouspéter dessus. Et non. Pas de Jack, juste un vieux chat de gouttière vénère. Je prends son geste affectueux me blottissant contre lui. Il est vraiment unique en son genre, mais c’est le meilleur …

« Ben oui, avec toi je peux bien être tout ce que je veux, alors fou, ça sera finger in the nose ! »

La soirée s’étant éterniser je regarde autour de moi l’environnement pour me faire à l’idée que sa remarque est définitivement bête.

« Et sinon, ça fait mille ans qu’on a pas dormi ensemble, un p’tit pudu collé contre toi … enfin j’ai toujours le problème de la nudité, mais on va dire que tu m’as bien assez vu à poil pour plus en rougir hein ? »

Ben ouais, parce que quand t’es métamorphe, ce qu’on t’apprend pas, c’est que si dans la crise tu te transformes, t’es vêtements restent en un tas informe sur le sol et tu as plus que deux solutions. Affronter le regard des gens et te pointer à poil pour les récupérer ou fuir. J’ai perdu un nombre incalculable de tenue comme ça et c’est aussi pour ça que je mets pas de bijoux … je serais trop déçue de leur dire adieu. J’ouvre des yeux ronds en voyant le minou humanoïde revenir vers moi avec un paquet de biscuit chocolaté.

« Haaaaaaaaaaaa !! Mais tu sors du bon vieux dossier, là ! Enfin, toi avec tes compétences de félins t’as jamais eu de mal, moi, j’ai des sabots … question discrétion on repasse. »

Je souris et attrape le premier biscuit qu’il me tend. Je l’enfourne d’une traite et le laisse se désagréger dans ma bouche. J’ai toujours fait ça et je peux vous dire que j’en ai essayé des techniques de dévorages de biscuits, celle-là, c’est la reine des reines !

« T’en as d’autres des anecdotes comme ça pour me sortir un paquet à chaque fois ? j’sui preneuse ! »

Ok, j’ai un peu postillonné deux trois miettes, mais si je peux avoir plus de gâteaux pour éponger l’alcool de la soirée, je ne dirais pas non. J’avale mo n festin et réfléchis deux secondes à nos dernières paroles.

« Dit, en fait j’aurais peut-être besoin d’un coup de main pour un truc …Juste … j’ai prévenu personne et je me dis que si jamais il m’arrive quelque chose, je préfère savoir qu’au moins une personne saura où chercher. »

Je triture nerveusement le jupon de ma robe froufrouteuse un peu mal à l’aise de révéler à Jack la connerie que je vais faire.

« Je vais … Hum … j’embarque sur un navire pirate et je sais pas trop comment ça va se passer … »

Je grimace en disant cela. En fait, j’ai déjà tellement les jetons que j’ai le pudu qui me titille rien que d’y penser. Je sens que les moments de solitude vont faire mal.

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Je lui offre mon plus beau sourire, celui où je laisse volontiers poindre les canines qui vont si bien avec le semblant de crinière que j'arbore avec un peu de métamorphose. Juste de quoi teaser l'animal qui se cache derrière l'homme.

"J'suis ton frère. Rien que ça, ça t'épargne toute fierté personnelle."

Je la serre contre moi, appréciant le geste, et appréciant davantage encore qu'elle l'accompagne plutôt que de se rebiffer. Quand à sa proposition? Le chat que je suis accepte volontiers de partager un peu de sa chaleur corporelle avec le pudu qu'elle est. C'est plus simple qu'entre lion et biche, même si j'ai plus d'une fois trouvé un pudu collé dans ma crinière les nuits d'hiver.

"Rougir moi? Jamais! Tiens, parlant de ça, j'ai un truc à te refiler. Ça doit faire genre plusieurs mois que j'l'ai, mais vu qu't'es là..."

La voir essayer de se passer de moi pour la retrouver perchée sur les pattes arrières à essayer d'ouvrir le placard à coups de nez et de sabots? Ouais, c'est du vécu. Nos parents pensaient que plus c'était planqué haut, plus c'était à l'abri... Nan par contre, j'me suis déjà servi de la biche comme tremplin pour sauter là-haut, ça c'est vrai aussi. Quoique je dirai que sous forme de lion je me défendais pas mal non plus. Sur les pattes arrières, j'ai un bon gabarit quand même.
Mine de rien, elle est pire qu'un hamster quand elle gobe un truc, elle! Je me sers à mon tour, posant le paquet de gâteaux sur la table en même temps. Pour essuyer une pluie de miettes quand elle essaye de parler la bouche pleine. Persie, sérieux!

"Des anecdotes qui sont pas à ton avantage, plein, mais j'ai pas d'autres gâteaux en stock. J'te laisse deviner pourquoi."

Parce qu'il n'y a pas que les chats métamorphes qui savent ouvrir les placards. Les chats normaux y arrivent très bien aussi... Ses paroles suivantes me font reprendre mon sérieux, fronçant les sourcils en me demandant dans quel guêpier elle a prévu de se mettre. Un navire pirate? Quoi? Le Hollandais? Oui ben des navires pirates dans les environs, ça fait pas tout à fait légion...

"Je sais qu'il parait que y a des licornes sur l'Ile, mais j'suis pas sur que les elfes te laissent en approcher. J'suis sur de pouvoir te dégoter un cheval si tu veux, ça sera moins d'emmerdes."

Elle essaye de se montrer sure d'elle, mais j'ai pas besoin de mon flair de prédateur pour repérer qu'elle a une trouille finie rien qu'à cette idée. Pourquoi alors? J'la connais assez pour savoir qu'elle a un truc derrière la tête.

"Tu veux que j't'accompagnes?"

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Je le regarde les yeux hébétés … pourquoi il en sait déjà autant et mille fois plus que moi ? Et il m’achève en plus … J’avale rond le second biscuit dans un bruit de déglutition qui laisse présager que j’ai pas que avaler de travers mes miettes.

« Jack ! Non ! »

Ça c’est de l’argumentation ! je le mets au défi d’arriver à trouver à redire. Bon ok … son regard inquisiteur m’oblige à élaborer le fond de ma pensée.

« Je t’aime, tu m’aimes, on s’aime … t’es ok jusque-là ? »

Son air perplexe mais l’acquiescement qu’il m’accorde me confirme qu’au moins jusque-là, il me suit.

« Mais … »

Et pas des moindres.

« Je veux faire ça seule … au fond, tout ce que je souhaite, c’est arrêter de me rertouver à oilp dès que j’entends une mouche péter. J’ai pas une once de courage et tu m’as tellement toujours défendu que je suis devenue une vraie chochotte … et si ça tourne mal, t’apprendras à nager pour venir me sauver. »

Je lui accorde un sourire maladroit. Je le redoute vraiment d’avoir besoin de lui. C’est étrange. J’ai accepté d’embraquer sans même savoir que je le retrouverai et maintenant qu’il est en face de moi, je redeviens cette petite chose fragile qui a constamment besoin que ce soit lui qui m’aiguille, alors non. Je lutte, j’en ai envie, mais je lutte. Il ne m’accompagnera pas et je vais réussir par moi-même.

« S’il te plaît ? »

J’avoue, cette dernière, c’est juste pour que le lion invite de lui-même le petit pudu en moi à s’affirmer. J’ai besoin que mon frère me reconnaisse comme une adulte compétente et débrouillarde. Si je ne le suis pas pour lui, comment pourrais-je l’être pour qui que ce soit d’autres.

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Ok, elle veut pas de son garde du corps personnel. Bine. Compris. J'dirai bien "qu'elle se débrouille toute seule", mais j'suis pas capable de lui en vouloir, surtout pour quelque chose d'aussi stupide. Elle est majeure et vaccinée, elle fait ce qu'elle veut.

Ok, en vrai, sa tirade suivante me tire un fou rire à en tomber de ma chaise, et même le cul par terre, j'arrive pas davantage à m'arrêter de rire. C'pas contre elle, c'juste un truc qu'elle a dit qui est resté bloqué dans un neurone semi-actif. Entre deux tentatives de m'arrêter de rire pour reprendre mon souffle, j'entends le bordel provoqué par les chats en fuite, se demandant surement jusqu'à quel point j'ai fumé la moquette ce soir.

"Excuse mais... t'as quand même l'ouie vachement fine... pour ent... entendre une mouche péter!"

Je finis par me transformer en chat, me roulant mollement sur le sol pour évacuer une dernière trace de fou rire, avant de me redresser, sauter sur la table et reprendre apparence humaine, assis sur le meuble, une jambe dans le vide, l'autre repliée contre moi. Je sais, j'ai été mieux éduqué que de monter sur les tables.

"Pardon. Tu parlais de nager?"

J'aime pas l'eau, c'est un fait. J'ai pourtant appris à nager - du moins à battre des mains et des pieds pour garder la tête hors de l'eau - à l'école, pas le choix. Mais ça a toujours été pour mieux me cacher dans un coin pour nettoyer scrupuleusement ma fourrure de toute trace d'eau de javel qui resterait dessus... en vrai, ça doit pas être si mauvais que ça pour la santé, vu ce que j'ai du avaler dans le processus.

Je finis par descendre de la table pour me diriger vers un autre placard dans lequel se trouve un coffre à l'épreuve des griffes de chats, avant de revenir vers ma sœur, un sachet en tissu dans la main.

"Ok, mais prend ça alors. J'suis sur que ça te sera utile. Pour ton problème de fringues."

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Tentative d’assassinat sur son frère ! Check. Le voilà le cul par terre est franchement, je suis tellement fière de moi.

« Pudu style Bro ! »

Je lui fais des signes « métal » pour souligner à quel point je suis cool. Non, y’a que moi qui y croit, mais c’est encore le principal. Je regarde Jack se muet de sa forme humaine à celle de chaton puis vice versa et là le déclic ! Non, mais pourquoi lui il finit pas tout nu ? Pas que je veuille voir le p’tit cul tout blanc de mon frangin, mais c’est hyper injuste quand même. Heureusement, dans un élan de pitié, le voilà qui me donne un cadeau … pas n’importe lequel. Pour un métamorphe, ça n’a pas de valeur. Rien qu’avec ce que je viens de voir et sa réparti, je comprends qu’il va me donner l’artefact capable de conserver ma tenue en toute circonstance. Avec un milliard de paillettes dans les yeux, je prends délicatement le sachet de tissu et fait glisser dans ma main ouverte son contenu.

« Mais c’est hyper moche ! »

Le retour à la réalité est violent. Je m’attendais à un truc exceptionnel, d’une beauté sans nom. Et non. Un collier genre collier pour chat, manquerait plus que la clochette et le pendentif écrit « Persie » et je serais un véritable animal domestique. Je lève les yeux au ciel et mon frère pour se dédouaner attrape le collier et me l’accroche au cou. C’est clairement une invitation à me taire et essayer plutôt que de râler pour l’esthétique. Alors oui, c’est trop cool. Je me transforme en pudu, une boule de poil blanc sur sabot qui trottine gaiement dans son appart sans laisser derrière lui un tas de vêtement informe et reprenant forme humaine, je constate l’étendue de la magie. Je suis vêtue et pas un cheveu de travers.

« OK, j’avoue, c’est cool, mais c’est quand même grave de faire des choses aussi extraordinaires et de se rater autant sur la forme. »

C’est au tour du lion de lever les yeux au ciel de dépit. Je fais la moue pour l’attendrir.

« Bon allez, dodo, j’suis vannée de toute façon, mon cerveau a fondu dans le dernier shot de tequila que j’ai bu. »

Je pousse mon félin de frère jusqu’à sa chambre que je devine à tâtons en prenant connaissance des lieux où réside mon frangin et une dernière transformation pour ensuite galérer à grimper sur le lit. Par conséquent, c’est un lion à fière allure qui me prend par la peau du coup et me hisse sur le matelas avant de redevenir un mignon chaton qui se blottit contre moi. J’aime mieux ça quand même … quoique … un tour de crinière m’aurait pas déplu finalement.

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Sa réaction ne se fait pas attendre! Oui ben c'est moche, peut-être, mais c'est d'un pratique... tu me remerciera plus tard. Je ne lui laisse pas trop le choix avant de le lui passer autour du cou, la magie de l'objet le faisant disparaitre sitôt accroché. Et ouep, fringues sous forme humaine, collier sous forme animale, ça évite de l'enlever parce que la couleur va pas avec la robe qu'on porte... quoique des robes, j'en porte pas souvent, faut dire. Je lève les yeux au ciel avant de lui répondre, amusé en vérité.

"Honnêtement? J'étais déjà bien assez content qu'on me fabrique ça, j'allais pas en plus critiquer le visuel."

Ma sœur se trouve être la voix de la sagesse - malgré son air bien pompette - en sonnant l'heure du coucher. Je la laisse ouvrir la marche et trouver ma chambre, sans avoir le temps de lui dire que se mettre sur le lit AVANT de se transformer en un animal incapable de monter dans le lit. Je l'observe faire des efforts pour rien deux minutes avant de me transformer en lion, l'attraper dans ma gueule en veillant à ne pas la blesser de mes crocs, pour l'emmener sur le lit. Cela fait, je reprend mon apparence de chat pour me tasser contre elle, bientôt rejoint par une partie de la troupe. De quoi se tenir chaud, en somme.

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