Promenade près du lac. - ft. Nathan

C'est une belle journée aujourd'hui, le soleil se montrait présent et réussissait à refléter sa lumière dans le bleu clair du lac. Bref...Le moment et l'endroit parfait pour se promener, je souris et admire le paysage. J'aimais et j'avais pris l'habitude de me programmer au moins dans la semaine une promenade, pour me reposer et surtout profiter du beau temps. En effet, rien de plus calme que cet endroit, par rapport à l'agitation constante du centre-ville. Je m'y ferais donc jamais...

Je m'arrêta pour contempler l'horizon. Parfois la vie au paradis me manquait, bon...même si je devais mener un quotidien caché aux yeux des anges, j'appréciais cet endroit où le stress et l'angoisse n'existait pas et le calme régnait en maître. On pourrait croire que j'étais nostalgique et que je ressentais même du regret d'avoir quitter ce lieu, mais pas vraiment...Enfin, je regrettais surtout d'avoir dû laisser ma mère, parfois elle me manquait...fortement... Même si je la voyais le plus souvent dans mes rêves pour me conseiller ou tout simplement me voir, je pouvais tout de même ressentir cette grande distance qui nous sépare.

Rien qu'en y pensant, une larme coula sur ma joue mais je passa rapidement ma main dessus pour l'effacer. Je ne suis pas ici pour me morfondre, au contraire quand je venais ici c'était dans le but de me changer les idées. Alors je repris tranquillement mon chemin. 

La plupart des gens qui sortent avec un vampire savent où trouver leur vampire quand il fait jour. En général, c'est planqué dans l'endroit le plus sombre de leur appartement. Le truc c'est que j'ai dégotté le seul vampire des environs à s'être procuré de quoi sortir en plein jour. De quoi me faire revoir le mode de vie semi-nocturne que j'ai adopté depuis des années. Donc j'apprends à profiter de mes après-midis pour faire autre chose que la sieste et parcourir la ville. Aujourd'hui, c'est le bord du lac. A peu près là où j'ai rencontré Serena l'autre jour, d'ailleurs. Serena? Une sorcière aussi douée que moi en magie, qui m'a fait réaliser que oui, ça existe.

Brefouillette. L'idée, là tout de suite, c'est de profiter de ma promenade pour bifurquer vers l'école de Elaine et l'accompagner sur le chemin du retour jusque chez sa mère... j'me garderai bien de m'inviter hein, mais ça nous fera une occaz de se voir. Si j'ai prévenu Claire de ma brillante idée? Pas encore. Déjà parce que j'ai su oublier mon portable chez moi, encore, ensuite, parce que je sais pas quelle heure il est et donc si je serai à l'heure au collège. Et je préfère me casser le nez devant la porte que faire attendre ma fille pendant une heure. Bref, j'accélère le pas, passant un passage piéton sans trop regarder si la voie est libre ou non. Une règle à Chicago, la voie n'est jamais libre, faut savoir passer à travers. Motivé, je décide de gagner un peu de temps en en profitant pour me faire un petit footing, tournant à l'angle d'une rue avant de traverser une nouvelle rue, cette fois-ci, passant carrément au milieu des voitures arrêtées à un feu rouge. Longer le lac, une bonne idée, sauf quand on arrête de regarder devant soi pour regarder les flots.

Le trou dans lequel je met le pied? Bien sur que je l'ai vu, c'est pour ça que j'y met le pied tiens, ça m'amusait d'essayer... Les questions cons je vous jure. La prochaine question con? Non ça va pas, j'ai mal, et j'ai failli me manger le bitume dans les dents. Claudiquant un peu, je songe à repartir sans tarder, mais ma cheville n'est pas d'accord avec moi. Bon, je crois que j'ai bien fait de pas prévenir Claire pour Elaine... Sérieusement, j'ai pris de belles dérouillées dans ma vie... et j'me retrouve bloqué sur place... par une foutue cheville tordue... c'te blague... En attendant, je me trouve un banc proche, passant la main sur ma cheville douloureuse. Ça va passer, faut juste me laisser une minute ou deux.

Pendant que je marchais tranquillement quelqu’un de visiblement pressé passa devant moi, sauf qu’il fut tellement attiré par le paysage qu’il ne vit pas plus loin le trou qui le fit trébucher.
Je suis très loin d’être du genre à rire comme une dératée du malheur des autres même si au fond de mon être je sentis mes démons enfermés à double tour dans leur cage en fer se moquer méchamment de la situation tel des hyènes. Ce que je pouvais détester les entendre se manifester à chaque fois que le moment s'y prêtait...car je sais que si par malheur, je ne réussit à les retenir attacher en les laissant sortir, je deviens incontrôlable et chaotique. Tout ça à cause d'un sang paternel en particulier...

Mais je reviens à la réalité et je ressentis rapidement plutôt de la peine pour le coureur. Qu’est ce que vous voulez… Certains me disent que je suis parfois trop compatissante pour ce monde. Et mon empathie se transforma rapidement en une envie de lui venir en aide, mais il y avait un problème…

Utiliser ma magie serait très pratique pour ce genre de situation mais bien risqué dans un endroit publique où j'étais cessée faire tout mon possible afin de me faire passer pour une simple humaine. Sans magie, je ne pourrais faire grand chose...Mais ma compassion prend tout le temps le dessus et me pousse à aller le voir. Je m’approcha vers le banc où il s’était arrêté et vu que le courage, ça me connaissait pas trop dans toutes les situations, je dis d’un air timide :

- V...Vous allez bien ?...

Par contre j'avais l'air d'être parfaite pour les questions débiles aujourd'hui... Bien sûr que la réponse était négative !

Et la question con ne met que 30, allé, soyons généreux, 40secondes à être posée. Je manque répondre qu'une question aussi con ne mérite aucune réponse intelligente, mais j'ai l'intelligence ( oui ça m'arrive, c'est rare mais ça arrive ) de relever le regard vers la personne qui a prononcé ces mots avant d'y répondre. Une gamine, surement à peine plus vieille que Elaine. Et je pense au coup de vieux que me fait prendre le fait d'appeler une fille de 20ans une "gamine". Sérieusement, le premier qui me parle des 36balais que je ne vais pas tarder à prendre, il va m'entendre. Bref, laissez tomber, je suis légèrement remonté par ma propre connerie, faut pas chercher plus loin.

"Ça va aller. J'ai connu bien pire, croyez-moi."

Pire comme? Comme un père violent, une mère partie trop tôt, un fils parti trop tôt, la trahison d'une personne que j'aimais sincèrement, une décennie de descente en enfers... nan, une cheville tordue, c'est de la rigolade à coté du reste de ma vie. Mais c'est comme ces foutues épines dans les doigts. C'est qu'une épine, mais ça vous casse les pieds jusqu'à ce que vous arriviez à vous en débarrasser.
Je repose mon pied par terre, testant d'appuyer ma cheville au sol, grimaçant avant de relever légèrement le pied. Bon, encore une minute.

"Vous auriez un portable? J'ai oublié le mien, et je vais clairement rater mon rendez-vous."

Un rendez-vous qui n'était pas programmé de base, mais laisser un message à ma fille, ça ne se refuse jamais. Un message? Si je me gourre pas, elle est encore en cours, alors j'espère déjà qu'elle aura su mettre son portable en silencieux.

Une chance que je sois en plus tomber sur quelqu’un d’assez calme pour ne pas me renvoyer bouler avec ma question a deux balles. Je ne pouvais compter le nombre de fois où je me suis fait rejeter comme une vieille chaussette à cause de mon trop d’empathie…
Quand il me demande mon téléphone, je le sors de ma poche, le débloque avec mon mot de passe et finit par lui prêter, tout ça sans douter de quoi que ce soit. De toute façon je n’avais rien à cacher…

- Je vous en prie… Tenez.

Je jette un furtif coup d'oeil sur mes chaussures et me baisse en m'agenouillant afin de refaire mes lacets. Je profite du moment en espérant qu'il est les yeux rivés sur mon portable et qu'il ne soit pas trop occupé par ce qui se passe à côté de lui pour frôler la cheville de l'inconnu avec ma main droite. Une légère lumière blanche apparaît et en moins de deux je réussis à guérir la petite blessure. Heureusement, que ce n'était presque rien, j'aurais pu y passer beaucoup plus de temps si cela aurait été une plaie, une grosse coupure ou bien un os déplacé ou brisé. Je ne maîtrise pas encore à la perfection ma magie, je ne peux encore que soigner les petits maux, énervants mais pour la plupart supportables. Pour les plus graves, il me faut plus de temps et surtout beaucoup d'efforts. Je dois avouer que c'est pour l'instant mon plus gros point faible...

Si mon "plan" ayant pour but de ne pas dévoiler ma magie n'a pas marché alors j'ai plus qu'à croiser les doigts pour qu'il ne me pose pas trop de question et reste sur l'idée d'avoir affaire à une simple magicienne ou un truc du genre... En plus c'était courant de voir passer de la magie de toute sorte de nos jours donc c'est pas une lueur blanche de rien du tout qui allait déranger ou impressionner quiconque...

Elle ne tarde pas à me donner son portable, et je compose rapidement le numéro d'Elaine, l'un des rares que je connaisse par cœur soit dit en passant ... ok, ok, le seul que je connaisse par cœur. Et comme prévu, je finis sur la messagerie, mais rien que d'entendre sa voix et pas un de ces messages "votre correspondant est indisponible pour le moment", ça fait du bien.

"Salut ma puce, c'est papa. Oublié l'portable, comme d'hab. J'espérais t'attraper à la sortie mais j'vais avoir du r'tard alors m'attends pas, on s'fera ça demain... et oui, j'enverrai un message à ta mère pour la prévenir. J't'aime. Et rappelle moi, quand tu pourras. Sur mon tel hein. Bisous ma belle."

Je raccroche avant de "fouiner" rapidement dans les appels du téléphone pour virer le numéro d'Elaine - un truc qu'on apprend à force d'emprunter des portables à longueur de temps. Pour découvrir, au lieu d'un numéro, un contact... ok, Chicago, trois millions d'habitants, et j'emprunte son portable à une copine de ma fille...Nath, t'es doué tu sais. Bon ben virer le numéro sert à rien du coup. Je redonne son portable à la jeune femme, appuyant machinalement mon pied par terre dans le mouvement. Surpris de ne pas grimacer? Pas vraiment. Je suis nul en magie, un vrai danger public s'il en est, mais je la ressens assez bien quand elle est proche... du moins quand on l'utilise. Enfin, j'imagine que c'est une conversation qui n'a rien à faire dans une artère fréquentée d'une ville pareille, donc je vais plutôt choisir l'autre sujet qui m'intéresse.

"Vous connaissez ma fille? Elaine Abraxas. Son nom s'est affiché quand j'ai composé son numéro."

L'homme me redonne mon portable juste après que j'ai terminé de "refaire mon lacet". Maintenant qu'il n'est plus blessé et qu'il ait pu prévenir sa fille, je ne peux rien faire de plus pour lui et donc n'avais plus de raison de rester ici. Mais moi qui voulais lui donner enfin la paix, au contraire il commence à faire la discute.

"Ma fille"... "Elaine Abraxas"... Il y avait des millions d'habitants dans cette immense ville et il fallait que je fasse la rencontre imprévue du père de mon amie. Bon je dois en conclure que c'est le jeu du destin, j'imagine... Mais ce n'est pas comme ci c'était quelqu'un de complètement inconnu pour moi... Je veux dire qu'Elain m'a déjà parlé de lui et je voyais bien à chaque fois qu'elle était admirative de lui et l'adorait. J'avoue que parfois je l'enviais, j'aurais aussi beaucoup aimé avoir un père aussi génial que le sien. Mais moi je ne le connais même pas, et en plus cet un homme horrible qui a abusé de ma mère...

- Bien sûr que je la connais, nous sommes même amie.

Ca pour être une amie, elle était même la meilleure. Elle ne peut comprendre à quel point elle m'a sortie du pétrin. Moi qui étais encore étrangère dans ce monde, c'est elle qui est venue la première pour m'aider à m'intégrer. Sans elle, je serais peut-être une rejetée et une de ces personnes qu'on évite de croiser parce que ils ne sont en général pas très net. Dans le pire des cas, les anges m'auraient retrouvé avec mon comportement qui faisait tâche et je serais déjà en train de faire sûrement tuer à cause de mon sang impure. Donc... Oui je lui dois une fière chandelle.
Je finis par lui sourire :

- Ravie de vous rencontrer, Monsieur. Je me nomme Tyha Redtom.

Elle me confirme qu'effectivement, elle connait Elaine, précisant qu'elles sont amies. Pour être honnête, Elaine a réduit le temps de discussion "amies" depuis sa mésaventure avec Emily, donc je n'ai pas vraiment les derniers potins en la matière, mais la jeune femme a l'air agréable. Ok, le fait qu'elle ai pris le temps de s'arrêter pour un abruti s'étant bêtement tordu la cheville aide un peu à me faire un jugement sur elle.

"Elaine sait choisir ses amies." Je souris devant son regard perplexe. "Y a à peu près 10 péquins qui sont passés devant moi avant vous, z'êtes la seule à vous être arrêtée. Ça en dit long."

Je me relève du banc où j'étais installé tout en glissant mes mains dans mes poches, grimaçant un peu - beaucoup - quand elle m'appelle "monsieur". Si j'ai un problème avec mon âge? Depuis que j'ai commencé ma troisième décennie ouais. Pas facile pour l'éternel ado convaincu qu'il cannerai avant ses vingt-cinq ans - et que l'idée ne dérangeait pas plus que ça d'ailleurs - de se trouver des cheveux blancs.

"Appelle-moi Nathan. Monsieur c'est... beurk. Et on peut se tutoyer? Ça me fait bizarre de vouvoyer une copine de ma fille."

Je jette un regard dans la rue autour de nous, observant rapidement le rythme encore effréné de Chicago en début de soirée. J'aime la nuit pour ça, les rues sont bien plus calmes. Y a aussi bien plus de risques de se faire attaquer, mais ça, c'est une contrepartie que j'ai accepté quand j'ai commencé à trainer dans les rues...puis quand j'ai appris à compter des vampires dans mes relations. Quoique je sais pas ce qui craint le plus entre se retrouver mêlé aux règlements de comptes des gangs du coin ou risquer de se faire saigner à blanc par un vampire... Si je considère ma vie où elle en est maintenant, je vote pour dire que le vampire craint le moins... mais j'dois sortir avec le seul spécimen qui ne sait pas planter ses crocs dans une gorge humaine alors ça aide un peu.

"Ca t'embête si j'te propose d'avancer un peu? Je crois Elaine assez têtue pour "rater le bus" maintenant que j'y ai laissé entendre que j'étais dans le quartier. C'est p't'être pas ta direction tu me diras."

Le fait que je sois une des amis de sa fille l'a dû le surprendre sur le coup et je le comprends... Surtout quand celle-ci est loin d'être "prévue" en faite.
"Elle sait choisir ses amies"... Hummm... Oui ? Enfin je ne sais pas vraiment comment le prendre sur le coup et il du le voir dans mon regard pour ajouter souriant qu'en gros j'ai été sympa de mettre arrêter dans ma marche pour son cas. Je suis heureuse d'apprendre que j'ai gagné (sans vraiment être rendu compte au début) une première bonne impression du père de ma meilleur amie.

- C'est normal, je n'ais fait ce que je pensais bon de faire.

Mais quand je l'entends me supposer que je viens de l'offensez avec mon "Monsieur", je me dis que j'aurais dû me souvenir que certains humains n'aimaient pas vraiment qu'on leur fasse rappeler leur âge. J'ai jamais trop compris pourquoi d'ailleurs... Il n'y avait aucune honte à avoir pourtant, enfin je pense... Bref, c'est une question de pensée car dans tous les cas et moi sur le coup je pars comme à mon habitude dans des excuses à la limite du trop... :

- Excuse-moi ! Je ne voulais pas t'offenser.

Je lâche un petit rire quand je comprends qu'Elaine est tellement proche de son père qu'elle est ne laisse aucunement passer une chance de le rejoindre. J'ai jamais connu mon père à moi (et d'ailleurs ne veut pas forcément le connaître.) mais du moins ça a l'air super d'en avoir un. Mon Dieu que j'envie tellement parfois le lien si fort qu'elle entretient avec lui. Mais malheureusement, je doute fortement que le mien soit aussi cool et gentil que le sien. Il était un démon et un démon ne répandait que le mal...

- Humm... - je regarde dans la direction où il compte aller puis finis par lui sourire - Non c'est bon. C'est sur mon chemin.

Je commence le pas.

"Aucune offense."

Si j'ai, sans m'en rendre compte, gardé la mauvaise habitude des expressions françaises de ma mère? Offense, c'est transparent. Et je pense avoir l'air assez sympa pour que "aucune" soit clair non? Non? Ok.

"Pas de problème. C'est votre galère aux jeunes ça. On vous apprend tellement à "respecter" les adultes que savez même pas que c'est à votre tour de vous faire respecter quand vous dev'nez adultes."

Ok, si j'avais la mauvaise habitude de 95% des adultes à infantiliser les ados, Elaine me l'aurait dit non? D'accord, faut déjà se sentir adulte soi-même pour infantiliser les autres, il parait.

"Nickel alors!"

Je prend gare sur les premiers pas, avant de me conforter dans l'idée que ma cheville va aussi bien que si je ne me l'étais pas tordu. Y a de la magie dans l'air ou je ne suis pas sorcier. Ok, demandez à mon frère ce qu'il pense de ma "sorcellerie", on en reparle après. Enfin, vu le nombre de mecs suicidaires qui ont décidé de me réconcilier avec, je finirai par faire décoller les oiseaux en papiers de Dante un matin.

"Du coup, arrêtes moi si j'fais mon curieux, mais Elaine et toi, vous êtes dans la même classe? T'as l'air un poil plus grande qu'elle."

Demander son âge à une dame? J'ai des manières, n'en déplaise à mon ex-épouse. Mais on va pas laisser planer un de ces silences pesants tout le long du chemin non plus alors, faut bien commencer quelque part. Et j'pense pas que "au fait, moi j'brise les vitres à distance quand mes émotions jouent au yoyo, et toi?" soit un bon début de conversation.

Je souris à sa remarque. Il a peut-être raison... A la fois, j'ai vécu au Paradis donc au niveau politesse on m'avait élevé pour être au top du top. Et puis surtout, je veux moi-même devenir un vrai ange alors faut que j'essaye de me montrer au moins exemplaire sur ce point. Enfin je suis sûrement trop idéaliste...

"Un poil plus grande" ? Je suis si petite que ça... C'est pas que je le prend mal mais j'ai quand même 19 ans et Elaine 14 ans. Ca reste une petite marge d'âge, c'est vrai. Mais ça n'a pas empêché qu'on est de très bonnes amies maintenant et ça c'est cool. Surtout pour moi d'ailleurs car elle est la seule amie que j'ai dans cette ville en faite... Heureusement qu'elle est là parce que je me sentirais très seule dans cette immense ville qu'est Chicago.

- J'en ai 5 ans de plus qu'elle. Alors nous ne sommes pas vraiment dans la même classe. Je suis plus branchée dans la médecine.

Je viens de me rappeler à quel point j'en ai baver pour être ici. Car quand je suis vraiment arrivé sur Terre à 16 ans, je connaissais que dalle de ce monde et en plus, j'étais atterri dans un lieu un peu paumé des Etats-Unis. Alors pendant 4 ans, j'ai fait de mon mieux pour me créer une vie d'humaine afin de parfaitement m'immiscer dans le décors. Et faut avouer que j'ai réussi mon but en un temps record. Fallait plus que maintienne ma situation maintenant...

- Je suis arrivée en ville il y a seulement quelques mois alors disons que je suis encore étrangère ici. Mais, Elaine a bien voulut devenir ma guide. En d'autres termes, c'est grâce à elle que j'ai pu commencer à prendre goût de Chicago.

Je pense que ça fait toujours plaisir d'entendre un compliment sur sa fille quand on est parent. Surtout ce que je viens de dire est complètement vrai.

Elle me confirme être plus âgée que ma fille, et me renseigne même sur ce qu'elle fait actuellement comme études. La médecine? Quelque chose qui convient bien à quelqu'un qui semble capable de guérison miraculeuse. Un don qui manque à la panoplie de Ryan, entre nous. Allumer un feu c'est peut-être utile en médecine de brousse ou en plein désert, mais dans un hôpital, excusez moi ... enfin, avant de critiquer, faudrait avoir un talent quelconque soi-même, donc ... Nath, ta gueule.

"D'où la cheville." J'ai parlé à voix haute? Pardon. "J'pratique pas la magie. Ca m'empêche pas de la sentir quand on s'en sert. Ca reste entre nous."

J'ai pu remarquer son expression au mot "magie". On est tous pareils, à craindre d'être découverts pour ce qu'on est à tous les carrefours? J'peux le voir avec Dante. Il m'a jamais caché ce qu'il était, mais c'est loin de vouloir dire qu'il se sent libre d'être ce qu'il est face à moi. En vrai, j'm'en fous de ce qu'il est, et je sors clairement pas avec lui parce que c'est un vampire, mais j'veux pas non plus qu'il considère que je met des freins dans notre relation à cause de ça. C'est pas le cas. Du tout. Alors la jeune face à moi peut bien être un hippocampe, je m'en moque totalement, du moment qu'elle n'a pas de mauvaises intentions envers ma fille.

"Je reconnais bien là ma fille. Tu n'aurais probablement pas pu trouver meilleure compagnie dans cette ville. Et j'dis pas ça parce que je suis son père. Elaine est juste ... Elle est exceptionnelle. Et elle mérite d'être appréciée. Mais vu que tu vas finir par penser qu'elle me paye pour dire ça, j'vais m'arrêter là."

Je suis un peu prise de court quand il m'avoue sans pression qu'il a remarqué mon petit jeu de tout à l'heure. Ca m'apprendra à utiliser ma magie sans être assez discrète... Pourtant, il semble pas s'en inquiéter plus que ça. Heureusement pour moi car pendant une fraction de secondes, je commençais déjà à m'imaginer déjà le pire des scénarios. A la fois, je pouvais m'y attendre venant de la famille de ma pote qui est elle-même sorcière... Et puis, si il en avait été réellement choqué, il m'aurait pas adressé la parole juste après en me demandant tranquillement si j'étais une amie de sa fille. Tant qu'il me considère pas comme un être maléfique ou je ne sais quoi de cliché ça me va. Mais, je lui souris quand même gênée d'avoir été si facilement démasqué.

- C'est pas grand chose... Mes pouvoirs ne se limitent qu'à ça. Je me voyais juste pas vous... te laisser dans la mouise pour ce genre de chose... - Je profite qu'il mette le sujet sur la table pour demander, curieuse - Et... Tu as donc des pouvoirs liés à la terre, j'imagine ?...

Comment je m'en doute ? Je sais qu'Elaine a des pouvoirs en rapport avec les plantes comme elle sait que j'en ai pour guérir les petites blessures. Mais c'est vrai que j'en sais pas vraiment plus sur "le côté sorcier" de sa famille. Et maintenant que son père m'a fait remarqué la lueur blanche de tout à l'heure, je suis sûr que c'est pas un sujet inconnu pour lui.
J'esquisse un sourire en coin, amusée.

- Non tu as raison, elle est géniale. Elle m'a été d'une grande aide quand j'en avais besoin.

J'ai sans doute mis trop vite les pieds dans le plat, mais à ma décharge, si je suis une tombe concernant la magie face à ceux qui en ignorent tout, j'ai tendance à me sentir plus libre de mes paroles face à ceux qui savent de quoi on parle.

"Vaut mieux peu de pouvoir dont on est capable de se servir qu'un pouvoir trop grand qui nous échappe. Et non, je ne contrôle pas la terre. J'contrôle pas grand chose pour être exact."

Comme je l'ai dit, la magie, j'la pratique pas, en règle générale. Alors dire de quoi je suis capable exactement, hormis faire péter des carreaux et des verres et balancer des décharges de magie à foutre un vampire sur le cul, c'est assez compliqué. Quand j'étais gamin j'arrivais à faire voler des petits jouets, au moins jusqu'à ce qu'on me fasse cesser à coup de canne. Croyez moi, c'est assez efficace comme tue-magie ce truc.

"Heureux de te l'entendre dire. J'ose penser pouvoir dire que vous êtes quittes pour le coup. J'me voyais pas clopiner jusqu'au collège."

Mais comme je suis un fieffé entêté, j'y serai surement allé en clopinant. Puis j'aurai répondu par la positive à la suggestion d'Elaine d'aller consulter un de ces quatre matins. Et j'aurai laissé ça trainer jusqu'à ce que je me fasse bien assez mal pour ne plus pouvoir poser le pied par terre.