C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi. [Claire & Nath]

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Dante va peut-être m'en vouloir de pas lui en avoir parlé avant, mais j'le connais, il va se stresser pour rien et pas réussir à se concentrer sur quoi que ce soit. J'm'en voudrais qu'il foire une enquête à cause de moi. De quoi j'aurai du lui parler? Rien, juste du fait que j'comptais avoir une conversation civilisée (on s'y entraine du moins) avec mon ex-femme. Avouez que ça en "enchanterait" plus d'un. Même si je sais que Dante craint plus la migraine qui m'attend que le fait que je puisse le tromper avec elle. Là dessus, je crois qu'on est clairs, y a pas de danger. Même si, pour être totalement honnête, les années passées n'ont en rien altéré sa beauté ou l'éclat de son regard. Mais, même si y avait pas Dante, ni Paul, notre histoire est bien trop compliquée pour que ça ai pu risquer de se reproduire un jour. Disons qu'il faudrait déjà qu'on parvienne à se supporter plus d'un quart d'heure, on dira...

Je gare ma moto à l'angle de la rue pour finir à pieds, glissant une main dans mes cheveux en pensant qu'à ce rythme, je vais bientôt adopter la coupe de mon mec. Y a genre plusieurs semaines maintenant que j'ai oublié l'idée de pas les coiffer le matin... pas que j'les coiffe plus, en passant. Juste que ça se voit que y a un moment qu'ils ont pas vu une paire de ciseaux. Bref, je passe les détails. Bien que je sois bon à les repérer, en général. Du genre, un coffre ouvert, des sacs de provisions, et ils ont l'air bien lourds ces packs d'eau. Donc on va peut-être me dire que je suis bête et con, mais je suis surtout bon prince quand je le veux.

"Attends, laisse-moi t'aider. Tu vas t'casser l'dos avec ça. Surtout dans ton état."

J'ai dit que j'étais bon avec les détails. Du genre? Un je ne sais quoi dans son regard que j'ai bien su repérer quand elle attendait Elaine et Oliver, paix à son âme. Sa posture générale. L'air plus "louve féroce" que d'ordinaire. Et je suis barman, quelqu'un qui se contente d'un jus de fruit, je l'remarque tout de suite.

"J'imagine qu'Elaine l'sait pas?" Sinon je serai au courant de façon officielle. Non pas que Elaine sache pas garder un secret, mais là, c'est la famille. Bien sur qu'elle m'en aurait parlé. "Elle est pas là d'ailleurs? J'voulais voir un truc avec elle." Comme si je savais pas qu'à cette heure, elle est au lycée. Ni que les téléphones existaient. Pour la dernière, je suis prêt à toutes les excuses merdiques pour passer cinq minutes avec ma fille, et ça, Claire le sait parfaitement. "Tu m'dis où j'te met ça? J'crois qu't'as encore un sac dans le coffre après." Non pas que j'ai fait mon inquisiteur. Les détails. Et j'suis pas à un sac près. Les casiers de bouteilles au taf, c'est autre chose. Déjà deux minutes? Plus que treize avant qu'on se bouffe le nez?

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Je suis enfin à la maison. Il m'a fallu un bon quart d'heure de plus pour faire mes courses avec cette chaleur. Il y a un jeune homme à l'accueil qui m'a aidé. J'étais déjà enceinte de trois mois, même si je le cachais de mon mieux et à mon âge croyais bien que je le ressentais davantage encore que mes deux premières grossesses. Je suis entrain de décharger la voiture, j'ai déjà emmené deux packs d'eau (pour équilibrer de chaque côté) et je m'apprête à recommencer lorsque je me fais alpaguer par un Nath sauvage. Il se montre dès plus prévenant... dans mon état ? Je tique directement. Comment il ... ? Je sais bien qu'il m'a déjà vu enceinte deux fois et qu'il a toujours été prévenant avec moi. Comment en étions nous arriver là déjà ? Comment avions nous pu nous déchirer après nous être tant aimé ? Après avoir eu les deux plus beaux enfants du monde.

- Elaine, au courant ? On en est en tout juste à 12 semaines. On a prévu de lui en parler la semaine prochaine. Depuis Oli, je ... Je...

Je ne finis pas cette phrase surtout. Les larmes me montent aux yeux. Je les retiens, je ne tiens pas à m'effondrer devant lui, je suis censée être plus forte que ça. Je reste un peu fière tout de même, même devant lui, surtout devant lui.
Il m'aide à porter sacs et packs d'eau jusqu'à l'intérieur. Il fait si chaud ... ça ne m'aide pas à rester de marbre. Il ne relève pas mon état émotionnel sur le moment et nous arrivons à la cuisine.

- Dépose ça là ! Merci ! Oui il en reste j'crois !

Pour ma part je m'asseois sur une chaise haute autour du îlot central de la cuisine. J'ai chaud, j'ai trop d'émotion qui me surpassent, paraît que c'est une histoire d'hormone ... j'sais pas . Bref j'en ai marre. Un pack me tend les bras, je le décèle et prend une bouteille. Je l'ouvre et bois directement au goulot. je suis pas fan du principe, mais là, je suis au delà de ça.

- Sers toi !

Je peine à faire de plus longue phrase que ça. J'ai la gorge sèche. je parle si rarement de mon fils, enfin notre fils que je me rend compte que prononcer son prénom est toujours aussi douloureux. Il faudra bien que je réussisse à parler de lui à Elaine un jour. Mais si c'est pour sombrer je ne vois pas comment je pourrais lui dire. Et Nath, je doute qu'il en mène plus large que moi ce jour là. Paul est au courant de toute l'histoire bien sur, mais ce n'est pas à lui de faire ça.

- Non elle est encore en cours, elle rentre dans une heure environ.

Je pose une main sur mon ventre.

- J'suis heureuse tu sais. C'est juste, c'est juste que j'ai passé l'âge pour tout ça. Y a plus de dix ans que j'ai plus mit de couche ou que j'ai pas eu à m'occuper h24 d'un bébé, de me réveiller toutes les heures pour un biberon. J'suis pas sûre d'en être capable.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Je pose les courses là où elle m'indique de les poser, me doutant bien qu'elle n'aura pas besoin que j'aile jusqu'à fouiner dans ses placards pour ranger les trucs à leur place. D'un coté, j'ai mes limites, et Dante a bien compris que "trouver de la place pour ranger les courses" en fait partie.
Elle me confirme ce que je savais déjà. Que Elaine est pas au courant. D'un coté, d'après ce qu'elle me dit, y a pas de retard, j'ai envie de dire. A l'évocation de notre fils, j'opte pour la technique habituelle. La fuite. Il me semble qu'il reste des courses dans le coffre. Si j'ose penser que j'ai pris un peu de maturité depuis quinze ans sur certains sujets, il y en a d'autres pour lesquels le changement n'est pas franchement visible. Fermant le coffre derrière moi, je reviens avec le dernier sac, que je pose avec les autres avant de m'installer de l'autre coté de l'ilot central de sa cuisine, répondant à sa proposition en lui empruntant sa bouteille d'eau. Si elle a bu dedans avant moi? Connu pire, pis, ça sera pas la première fois, même si ça remonte.

"Ok, j'avais pas bien fait gaffe à l'heure. J'repasserai si tu préf..."

Elle m'interrompt, continuant sur sa lancée, me donnant son ressenti sur sa situation actuelle. J'avoue que j'adore ma fille, et j'adore mes neveux, et bien sur que j'aurai souhaité avoir bien plus de temps avec Oliver, mais pour être honnête, je suis pas convaincu de l'envier. Comme elle l'a si bien souligné la concernant, j'ai passé l'age de devoir gérer un enfant à temps plein. Y a trop d'eau qui a coulé sous les ponts depuis la dernière fois.

"Tu peux pas savoir comment j'ai balisé la première fois que mon frère m'a demandé de gardé ses jumeaux. Et je balise toujours autant. En même temps, c'est r'venu tout seul, plus ou moins. Fin, on a l'histoire qu'on a, toi et moi, mais si j'peux te donner un tuyau, évite les jumeaux. Pour se passer le relai ils sont champions."

Sincèrement, je les adore les petits monstres. Mais j'apprécie quand Elaine ou Dante est présent pour me seconder quand je les ai sous ma garde. Quand à l'autre raison pour laquelle je préfère qu'on soit deux à garder un œil sur eux? J'ai pas été foutu de veiller sur mon fils à l'époque, alors oui, je crains toujours de refaire les mêmes erreurs... même si on ne m'y reprendra plus. Je préfère les réveiller à cause d'un coup de fil que sortir de la pièce où ils sont ne serait-ce que deux minutes. Rajoutez à ça que Aedan ressemble bien trop à Oliver pour ma santé mentale.

"T'as Paul, non? J'vais pas faire semblant de l'apprécier, soyons d'accord. Mais il était là pour Elaine quand j'en étais pas capable. Et rien que ça, ça lui offre quelques points bonus."

Moi j'me proposerai pas. Ça serait plus que malvenu. Non pas que je refuse de faire partie de la vie de ce gosse. Bien au contraire. J'suis sincère quand je dis que Paul a su être présent pour Elaine, même si ça m'arrache la langue d'y penser. Si j'peux compter son enfant dans le lot de mes neveux, pourquoi pas. De là à me proposer pour le garder? Pas convaincu que Claire serait prête à baliser de me savoir seul avec. Bref, tout ça pour dire que ça me rassure que Dante ai pas une idée folle dans ce genre en tête... il l'a pas hein? Comment ça, je me suis toujours bien gardé d'aborder le sujet? Une connerie à la fois, et j'crois que le sabordage de sa demande me suffit pour ce mois-ci.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire lorsqu'il parle des jumeaux de Max. Oui ça je veux bien le croire qu'ils envoient du lourd c'est deux là vu comment en parle Elaine, je vois régulièrement des photos de ces deux là. J'espère les rencontrer en chair et en os un jour, je n'ai jamais osé demander. Si j'ai vu Max une fois dans ma vie c'est le bout du monde, je suis frileuse avec la famille Abraxas vous comprendrez j'en suis sûre.

Mais je ne m'attarde pas bien longtemps sur eux, je suis désormais omnibulé par Oliver et ce nouveau bébé qui pointera le bout de son nez dans quelques mois. Bien sur je n'étais pas seule dans cette nouvelle aventure et je savais que Paul était là pour m'aider, mais il n'empêche; lui non plus n'avait plus vingt ans, il avait bien des neveux et nièce et c'était occupé à merveille d'Elaine, mais c'était autre chose que d'avoir un si petit être de notre sang, si fragile à surveiller h24 et qu'on ne rend pas à ses parents le soir venu; on ne peut jamais baisser les bras, on doit être fort pour eux en chaque instant et si l'un craque un instant l'autre doit tenir bond. Cela demande une sacré coordination, de l'énergie à n'en plus finir.

- Oui j'sais bien ! J'suis nulle ... j'sais bien qu'il sera là, j'ai confiance en lui, c'est juste moi. Les parents sont pas au courant, t'imagine ma mère ...

Il avait du supporter mes parents pendant plusieurs années particulièrement ma mère, il savait mieux que personne à quoi s'attendre avec elle. Ça n'avait jamais fonctionné entre eux, ils n'avaient jamais su se comprendre, mais sur certains points je devais bien admettre qu'elle avait été trop loin avec lui. J'étais passée du coq à l'âne, mais actuellement j'avais bien du mal à réfléchir.

- Et si ... et si j'y arrivais pas ...

Et si ce bébé ne s'en sortait pas. Et si quoi que je fasse, quoiqu'on fasse, tout ça se termine comme la dernière fois. J'étais obligée d'y penser pas vrai ? C'était plus fort que moi.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Ouais alors, des heures à maudire Claire de toutes les façons possibles, croyez bien que j en ai perdu un certain nombre. J crois que c est plus facile de haïr que d accepter d avoir aimé. Bref, c est pas le sujet. Le sujet j y arrive, c est sa mère. Vous prenez mon paternel, vous le travestissez un poil, et vous avez le décor de dressé. Sérieusement, heureusement pour Claire que j ai pas suivi le conseil de "juger la belle-mère pour juger la fille", sinon j me serai sûrement barré en courant. D un côté ca m aurait peut être épargné la suite... Un jour, j demanderai à Abraxas de jouer au jeu de "et si j avais pas fait ça", ça l occupera trente secondes entre deux courbettes à Max.

"Ta mère... Celle qui t as fait remarquer que t avais pas besoin de percer le panier et récupérer ce qui était encore plus bas que le fond quand t as essayé de nous présenter ? Ouais, j m en souviens. Toujours aussi charmante?"

Si y avait pas eu son père, sans dec, j l aurai présentée au mien. J suis sur qu ils se seraient trouvé assez d atomes crochus pour qu il me fasse un autre demi frère dans le dos. Un problème avec Max? Du tout. Juste que ca me les brise sévère qu on ai perdu quoi, 25 années, tout ça parce que Mosieur Abraxas a jugé bon qu on se connaisse pas. Bref, c pas de moi qu on cause là...

Je suis partagé entre plusieurs émotions quand elle finit littéralement par craquer devant moi, et c est plus fort que moi, je finis par descendre de mon tabouret pour contourner le plan de travail et passer un bras autour de ses épaules, l attirant légèrement contre moi. Parait que j suis "trop bon, trop con", mais j sais pas laisser les gens dans le mal, même quand j ai la rancœur tenace envers eux. Et si y a un truc que j ai pas volé, c est bien ma capacité à la rancoeur extra longue durée.

"J ai des dizaines de motifs de t en vouloir. Des bons, des mauvais, des trucs insignifiants dont j ai fait des bombes nucléaires.. mais j pourrai jamais dire que t as été une mauvaise mère pour nos enfants. Si y a bien une foutue mauvaise décision que t as prise les concernant, c est bien de m avoir fait confiance pour veiller au grain. Ça, c'ma croix à porter. Pour le reste...

Pour le reste, ouais, j me suis souvent demandé comment ça aurait fini, si on avait su passer le cap, elle et moi. Ce que serait devenue Elaine si j avais pu l élever de A à Z comme tout père devrait le faire... Ok, soyons honnêtes, pourrie gâtée est en premier sur ma liste. Bref, j suis pas le type parfait, ni le père de l année, ni le meilleur copain au monde (n en déplaise à Dante, il va tomber de haut le jour où il me verra comme je suis vraiment), mais j ose espérer que j aurai pu assurer, un minimum. Que j serai pas descendu aussi bas si la vie m avait pas jeté dans le caniveau gueule la première. Et qu'c'est pas parce que le premier endroit où j'me suis senti chez moi a été un canapé miteux derrière une pile de cartons pourris dans un squat qui devait être une fabrique de quelque chose bien avant ma naissance que me retrouver dans ces mêmes rues cinq ans plus tard était une évidence dans mon existence... Et arrivé là j ai même perdu la joueuse qui voit pas où j voulais en venir donc on va arrêter les frais là... bref, j suis bien comme je suis aujourd'hui, et j pourrai prétendre me sentir complet si y avait pas le vide immense laissé par ce petit bout d'homme dans ma vie, mais j avoue que desfois, j me laisse aller à penser que la vie aurait pu être tellement plus simple si elle avait pas pris un million de virages entre ma rencontre avec Claire et aujourd'hui...

"Pis y a Elaine pour aider. Elle fait des merveilles avec ses cousins. J dirai même qu elle me sauve la mise. Même si j compte toujours la forcer à attendre que je sois et mort et enterré avant de UN, ramener un mec, et DEUX, me dire que j suis grand père !"

A savoir si elle risque d attendre longtemps? Aucune idée. J me suis souvent juré de pas laisser la cinquantaine me faire ressembler même de loin à mon foutu paternel... Mais d un autre côté, j commence à avoir bien assez à perdre pour essayer de tenir un max. Mais comme j suis ni un adepte du suivi médical ni un adepte de la prudence, on verra bien. Y a des mecs qui trainent des cancers toute leur vie en vivant très bien avec et d autres qui traversent la rue et paf une voiture. Si fallait savoir à l avance ou s inquiéter de tout, on vivrait plus. Ok, je m inquiète, je suis même un angoissé de la vie, mais pour ceux que j aime, pas pour moi.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

- Toujours autant, oui !

Pendant des années j'étais persuadée qu'elle m'avait aimé, aujourd'hui je ne l'aurais pas parié, mais elle était ma mère et occasionnellement elle était capable de chaleur humaine, autant dire quand j'avais eu une promotion (soit une fois dans ma vie) ou qu'en Elaine avait des 20/20, ça arrivait souvent je suis d'accord, mais elle n'était pas que ça et contrairement à mon père, ma mère était incapable de le reconnaître. Bien sur au décès d'Olivier elle l'avait descendu plus bas que terre et longtemps je l'avais cru. Mais au final, sans l'accepter, je m'en voulais plus à moi qu'à n'importe qui d'autre. Nous ne pouvons pas être auprès de nos enfants h24 et je le savais bien, il n'y était pour rien. Ça serait arrivé aussi si j'avais été là, je le sais aujourd'hui, mais ce n'est pas pour autant plus facile à accepter.
Ensuite c'est à lui de parler. Il a posé son bras autour de mes épaules. Il me rassure, enfin il essaie et je dois avouer que ça marche un minimum. Elaine ? Oui je ne doute pas qu'elle assure. Je ne doute pas non plus de son père ou de son beau-père si le besoin s'en faisait sentir, même de sa grand-mère au pire des cas, non je doutais de moi, uniquement de moi, en déplaise à mon ex mari. Je lève mon regard vers lui, embuée de larmes que je sèche d'un revers de main.

Sa dernière réflexion sur Elaine et le mariage me donne l'occasion de retrouver un semblant de sourire et j'ai soudain envie de rire, paraît que ça s'appelle les hormones.

- Ça va plus vite qu'on ne le croit ! Tu te souviens d'où on était à son âge ?

Je n'en dit pas plus. A seize ans je faisais bien pire qu'elle. Comment je le sais, vous me direz, elle pourrait fort bien me mentir, comme je mentais à mes parents à l'époque, mais je sais qui elle est, comment elle fonctionne. Elle me cache des choses c'est évident, comme n'importe quelle ado, mais si elle avait déjà fait des choses avec un garçon je le saurais ... pas vrai ? Même si ces derniers temps je la trouve changer, elle se permet plus de chose, elle sort plus qu'avant et je préfère la laisser sortir avec ses amis quelques heures plutôt que l'obliger à me mentir (comme je le faisais avant elle) pour profiter de sa vie d'adolescente. Cela m'inquiétais à chaque fois, mais je ne pouvais pas la garder à la maison indéfiniment, alors autant qu'elle soit heureuse.

- Elle change depuis quelques semaines. Oh bien sur je sais que c'est de son âge et elle ne m'a encore rien dit, mais je ne doute pas qu'il y est un garçon la dessous.

J'ai hâte de savoir ce que Nath en pense. J'ai oublié l'idée qu'il ne la voit qu'un week-end sur deux, nous avions eu une sacrée discussion à ce sujet voilà plusieurs mois. Ils se voient donc aussi souvent qu'ils le souhaitent et je sais qu'ils se parlent, mais à qui parlera t'elle de cela en premier ? Après ces dernières années ou ma fille ne me parlait plus que pour être désagréable, je suis heureuse que nous ayons retrouvé un peu de stabilité, mais elle a toujours été plus proche de son père et je crois que je jalouse un peu cette relation, même si elle ne l'idéalise plus comme lorsqu'elle était enfant.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Laisser la conversation dériver vers Elaine et le fait que, bon gré mal gré, aucun de nous n'est en possibilité de l'empêcher de grandir, je le fait volontiers. Pas que cette idée ne me fasse pas grincer des dents, mais en tout cas, c'est des pensées moins sombres que le sujet précédent. J'arrive même à lui offrir un rire légèrement moqueur quand elle me demande si je me rappelle où on en était à seize ans. Ouais, nan, c'est le genre d'anecdote dont Elaine n'a pas besoin d'entendre parler. Sérieusement.

"Ouais alors moi à seize ans.. tu me diras, c'était pas pire qu'à 25, mais on va pas dire que j'étais un modèle à suivre. Rassure moi et dis-moi que la connerie, ça saute les générations."

D'accord, j'avais de nombreuses circonstances atténuantes. Sans doute que j'aurai été totalement différent à seize ans si j'avais pas commencé à fuguer à douze, et sans doute que j'aurai pas fugué à douze ans si mon père ne m'avait pas confondu avec un punching-bag depuis... toujours? Bref, j'vais pas me plaindre, ma fille s'en est mieux sorti que moi, et croyez bien qu'avec un père pareil, c'était pas gagné!

Je m'éloigne légèrement de Claire, lui laissant de nouveau la place de respirer, alors qu'elle met des mots sur un constat que j'ai pu faire moi-même. Qu'on le veuille ou non, Elaine n'est plus la petite fille qu'elle a pu être. Et j'ai pu le voir dans nos discussions. J'ai de plus en plus l'impression d'être face à face avec une "grande personne". Même si je mettais ça sur le fait que j'ai moi-même pris du plomb dans la cervelle depuis que je tente de veiller sur mon petit frère.

"Tu crois? J'mettais ça sur toute la merde dans la famille depuis deux ans. Son oncle, ses neveux, la disparition de sa tante, moi qui trouve rien de mieux qu'à me caser... bref, faut dire ce qui est, j'l'ai pas ménagée la pauvre."

Si j'me voilait la face? Probablement. J'suis sérieux quand j'dis que j'suis pas prêt à voir ma fille quitter le nid, et surtout pas pour un mec.

"Si ça peut te rassurer, j'en sais pas plus. Hormis cette histoire avec sa copine qui la lui a fait à l'envers avec le gars qui l'intéressait... mais ça fait plusieurs mois déjà."

A moins qu'elle ai peur que j'y vole. Une vanne que j'me rappelerai de pas faire devant Dante, pas envie qu'il y craigne alors que franchement, y a pas de raison. Ok, j'ai pas franchement changé mes habitudes au boulot, c'est à dire n'avoir aucun souci pour me faire payer un verre par des client(e)s, mais ça reste qu'un jeu. Aucune envie particulière de rentrer avec quelqu'un d'autre que mon mec, si c'est la question.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

- A seize ans, tu sais très bien où j'étais.

Oui, je l'ai rencontré, durant ma seizième année et ça me coute de le dire, mais je suis heureuse de l'avoir rencontré. Je me permets même un petit clin d’œil. Il m'a offert deux magnifiques enfants. Elaine lui ressemble assurément, mais elle est aussi parfaite que la lune à son paroxysme, ce qui est loin d'être le cas de Nath, ou le mien d'ailleurs. Allez savoir d'où elle a prit ça, surement pas de mes parents non plus, ni de son père à lui, aucun risque. Ça doit venir de plus loin oui.

- Je te rassure, je suis sûre que sa saute des générations et des deux côtés de l’ADN. J'espère que lui aussi y échappera.

Dis-je en regardant vers l'antre du saint Graal qui me sert de ventre à l'occasion.
Pour lui son changement de comportement venait plus de tout ce qu'elle a subit ces derniers temps.

- Ça n'a pas été facile pour elle c'est sur. La disparition d'Axel l'a énormément chamboulé. C'est une des rares occasions où elle m'a parlé sincèrement depuis longtemps et crois bien que j'aurais préféré que se soit pour une autre raison. Elle l'adorait et elle a eu une phase difficile, mais son neveu et sa nièce sont probablement la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis longtemps. Elle m'a évoqué un certain Dante aussi et elle a eu l'air ravie de faire sa connaissance. Est-ce que j'aurais cette chance aussi ?

Je prends quelques instants de pause, durant lesquels j'en profite pour me rassoir.

- Je suis contente que tu es trouver le bonheur tu sais. On s'est fait les pires vacheries possible. Je t'ai hait, probablement pas autant que je me suis hait moi-même, mais ça c'est une autre histoire. Mais aujourd'hui, j'ai prit du recul. Je sais qu'Elaine est heureuse avec toi, je l'ai enfin comprit. Et j'ai réalisé aussi que j'étais heureuse que toi aussi tu le sois.

Beaucoup de chose à lui dire, mais je m'y prends probablement très mal.
Sa dernière phrase me fait tiquer. Celle là, elle me l'avait pas dit. Mais rien d'étonnant, il n'y a pas si longtemps que ça qu'elle me reparle et ce n'est pas encore très souvent. Mais je suis heureuse, on arrive à parler s'en se prendre la tête, c'est déjà beau. Je ne cherche pas à brûler les étapes. Je lui fais confiance.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

"En train de faire la plus belle connerie de ta vie?"

Oui, je parle de moi, de nous, de tout ça. Si j'avais la possibilité de revenir en arrière, je ne changerai pas de trottoir ce jour-là. Sans doute que je changerai bien d'autres choses après, cela dit. Tout en me demandant ce que ça changerait de mon présent actuel. Shawn dit que le bonheur est une illusion qui permet aux gens de supporter leur existence, et en terme d'illusions, on peut dire qu'il s'y connait. Mais si tout n'est pas parfait aujourd'hui, comme rien ne l'est plus depuis la disparition d'Oliver, , j'pense que j'en suis pas bien loin quand même. Surtout en comparant à tout ce que j'ai traversé depuis.

"N'espère pas me soutirer un compliment sur Paul en plus du reste. Même pas en rêve!"

Je suis content que Elaine ai pu parler un peu à sa mère quand elle en a eu besoin, rapport à Axel et tout le reste. J'avoue que je ne lui ai pas beaucoup laissé d'occasions d'en causer avec moi, pour être honnête. Déjà, parce que j'étais bien trop concerné pour trouver les mots pour la réconforter. Ensuite, parce que j'ai passé trop de temps à veiller sur Max et son apparent j'en-foutisme de façade. Enfin, parce que tout s'est enchainé beaucoup trop vite dans notre vie ces derniers temps, une liste plus longue qu'au cours des dix années précédentes au minimum, et que j'ai déjà peiné moi-même à ne pas me faire engouffrer par le tsunami. Elaine et moi avons retrouvé une vraie relation comme on en avait pas depuis des années, même si je sens que je la perd au profit d'un autre actuellement, mais ça veut pas dire qu'on arrive véritablement à aborder des sujets tels que celui-ci. Je crois que le coté "responsable", je le laisse encore bien trop à Claire.

"Ca a pas été simple à gérer pour elle. Le mélange de la joie de la naissance de ses neveux et du deuil de sa tante. J'crois que ça l'a été pour personne. Max souffre en silence et fait celui pour qui tout va bien en face. Dante pleure sa meilleure amie et en veut à Max de pas réagir plus que ça. Et moi j'tente de faire garder la tête hors de l'eau à tout le monde. Pas le rôle dont j'ai l'habitude. Bref, j't'avoue que ça me va bien, t'sais, qu'elle ai pu t'en parler. "

Elle prend le temps de se rasseoir, tout en évoquant Dante et l'idée d'une possible rencontre entre eux. Si je ne cache pas la grimace qui me vient naturellement? Du tout, j'ai même pas essayé. Parce que faut dire que même si Dante sait se faire un avis sur les gens en dehors de ce qu'on lui dit sur eux, j'ai peut-être pas hésité beaucoup avant de lui parler de mes emmerdes avec Claire. J'en sais rien. Les mots dépassent parfois la pensée, surtout quand on est en froid depuis aussi longtemps qu'on a pu l'être. Et puis, il est déjà plus qu'inconfortable avec Shawn, alors lui imposer Claire par dessus le marché... j'suis pas certain.

"Je ne suis pas sur qu'une part de moi ne te hait pas toujours." Et pour une fois, je prend le temps de parler, d'extérioriser ma pensée, sans bouffer la moitié des mots que je juge sans importance. "On a l'histoire qu'on a. Les emmerdes qui vont avec, et si la part la plus importante de moi a décidé de calmer le jeu et de pardonner, pour Elaine, y en a une autre qui n'est pas prête pour ça, et le sera probablement jamais. Comme y en a une autre, infime, foutument masochiste, qui a pas fini de t'aimer et de t'admirer. Parce que, bordel, j'étais bien avec toi. Entier. Et même si je reconnais que ça nous a pas aidé, et que je te suis reconnaissant d'avoir épargné à notre fille de me voir plus bas que terre... tu me l'as enlevée. Tu vas me dire que c'est le bordel dans ma tête et que je devrais me décider sur ce que j'en pense, mais j'en suis là. On va mieux, et pour Elaine, je continuerai à faire les efforts qu'il faut faire vis à vis de toi. Mais j'te veux pas dans mon couple pour le moment."

Et non, pas de regard déterminé à lui présenter. Parce que je cherche pas la merde comme j'ai pu le faire par le passé, à répondre à des attaques par d'autres attaques à n'en plus savoir qui a attaqué en premier. Je me contente de lui exposer les faits. Autant j'apprécierai que Dante voit Shawn autrement que comme un rival potentiel alors qu'il n'y a fichument pas raison de le penser, autant, réflexion faite, j'ai pas plus envie que ça de voir Claire lui tourner autour pour le moment. Lui tourner autour? Vous me direz qu'elle est mariée et qu'il est gay... et casé. Mais vu que ça serait pas la première fois qu'elle me la ferait à l'envers... bref, non, j'ai pas envie de l'imposer à Dante, c'tout. Ne jamais dire jamais, mais pas dans l'immédiat en tout cas.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

- J'dirais pas ça, non. J'en ai fait des erreurs en ce qui te concerne, mais pas celle là.

Ma façon d'avoir rencontré Paul entre autre. Même Paul, je lui en ai fait voir des vertes et des pas mûres, mais j'avais prit du plomb dans la cervelle ces dernières années, me demandez pas pourquoi; c'est arrivé c'est tout.

- Sans toi, je n'aurais pas eu les deux plus beaux enfants du monde, enfin deux des trois plus beaux. On a quand même eu de belles années, non ?

Je souris lorsqu'il évoque Paul. Je ne m'attends pas à ce qu'il lui fasse un compliment non. Je m'en mords la lèvre inférieur. Aujourd'hui, je regrette tellement mon comportement de merde avec les deux hommes de ma vie. Mais pour moi c'est du passé et j'espère que Paul le sait tout aussi bien que moi. Je crois qu'il le sait, sinon le connaissant, je n'aurais pas ce fœtus dans le ventre. Et oui, il est de lui, foi de Granger !
Bref !

- Oui je comprends. Je la connaissais pas et je ne connais pas ton frère, mais je suis de tout cœur avec vous, tu le sais.

Dis-je en posant ma main sur la sienne. Il y a si longtemps que nous n'avons pas eu une discussion posée tous les deux. C'est agréable. La suite de son monologue est une longue chute d'émotions pour moi. Tout s’emballe d'un seul coup. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que j'évoque son petit ami ? Par politesse ? Probablement. Par envie de faire partit de nouveau intégrante de la vie de ma fille ? Plus surement. Et si pour ça je dois faire la connaissance de son beau-père, alors pourquoi pas.
Ma gorge s'assèche. J'ai prit l'habitude de lui répondre du tac au tac, mais là il m'a séché sur place. Il m'aime, il me hait, il ne veut pas de moi dans son couple ? Tout ça est d'une limpidité sans pareil.

- Ça tombe bien, je comptais pas m'immiscer. Et je ne comptais pas non plus t'enlever Elaine de nouveau.

Ma main quitte aussitôt la sienne. Je me redresse autant que possible sur mon siège.

- Très gentil à toi de m'avoir aidé, mais faudrait pas que tu restes trop longtemps dans cette maison, ça fait deux fois en peu de temps, ça pourrait jaser. Pis faudrait pas que ton homme se fasse des idées surtout.

Je me lève un peu brusquement. Si j'ai mal prit tout ça ? Si peu. Je me recule et m'accoude sur l'évier. Mon regard froid qu'il me connait si bien a repris sa place. Je suis une connasse, c'est admis, avait-il vraiment besoin de le redire, là maintenant ? Qu'il aille se faire foutre !

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

La conversation se déroulait presque normalement. Trop même nous concernant. Et bien sur il a fallu que je sois touché par le manque de tact qui va avec le reste de la famille et auquel parait-il j'avais échappé jusque là. En vérité, si j'ai effectivement tendance à y mettre les formes quand j'ai quelque chose à dire, en temps normal, j'ai la mauvaise habitude de dire aux gens ce que je pense, surtout quand je l'ai mauvaise pour une raison ou une autre. Et vu que je suis du genre rancunier... c'est effectivement probable que, 15 ans après, j'ai encore de quoi ressentir contre Claire. De là à lancer l'attaque? Nan, c'est... je crois que c'est un excès de franchise, pour cette fois. Quand je dis que Claire et moi, on tient dix minutes grand max avant qu'une conversation ne tourne au vinaigre... enfin, pour cette fois, c'est entièrement de ma faute, j'en suis conscient. Et en même temps je ne m'excuserai pas d'avoir la mémoire assez vive pour ne pas vouloir qu'on se comporte comme si de rien ne c'était passé, et que j'aille me boire un verre avec son mec pendant qu'elle va faire les boutiques avec le mien aussi. Nan. Peut-être un jour, mais pas aujourd'hui. Autant Dante peut bien aller trainer avec Shawn si il veut - même si je sais qu'il le fera pas, étant donné qu'ils doivent s'éviter autant que mon frère et lui, ces deux là -, je m'en carre, vu que j'ai zéro rancœur envers lui et que je sais parfaitement où on en est, autant je suis pas autant prêt que je le voudrais à avoir une relation saine et normale avec Claire, tant à cause de la rancœur que j'ai gardé contre elle que parce que je serai incapable de savoir comment me comporter de façon intelligente avec elle. Pas comme aujourd'hui, apparemment.

Je retiens un commentaire acerbe quand elle me répond qu'il ne faudrait surtout pas que Dante se fasse des idées sur nous, manquant lui répondre que vu notre passif, Paul aurait surement plus à s'inquiéter que Dante. Nathan, ferme ta gueule, sérieux. Je croise son regard un instant, hochant la tête en guise d'assentiment, avant de me diriger vers la porte. M'arrêtant un instant avant de franchir la porte, sans me retourner vers elle toutefois.

"Je pensais chacun de mes mots. Tu f'ras une bonne mère. Cette fois encore."

Je n'attends pas sa réponse avant de franchir le seuil et remonter sur ma moto, la démarrant nerveusement pour démarrer rapidement, faisant craquer la boite de vitesse en étant aussi peu tendre avec.

Psychose.

C'pas Elaine que j'voulais voir, c'toi.

Une bonne mère ? Ces mots résonnent en moi, bien longtemps après qu'il ne soit partit. Tout mon corps se met à trembler, heureusement je tiens toujours l'évier. A bien y réfléchir, ce n'est pas tant ce qu'il a dit qui était blessant, mais tout ce que je sais y avoir derrière. Je sais lire entre les lignes, surtout avec lui. Je le pratique depuis si longtemps.
Je serais peut-être une bonne mère, je l'espère, mais une fois encore derrière tout ça je décèle un "mais une mauvaise épouse". Et il aurait raison. Je ne suis pas fière de moi, des mes conneries, mais malheureusement je ne peux pas revenir en arrière.
Effectivement je les trompais et je m'en mords les doigts bien assez souvent comme ça. Même si c'est avec l'homme qui partage ma vie aujourd'hui, ce n'était pas une raison, je n'aurais jamais du agir ainsi, je le sais. Je sais aussi que j'ai de la chance que Paul m'ait pardonné mon infidélité quand c'est lui que j'ai trahit. J'ai aimé, j'aime ces deux hommes, je les ai trahit, blessé à vif et je m'en veux... Mais n'ai-je pas le droit moi aussi d'avancer ? De changer ?

Quand au fait de lui avoir enlever Elaine ? Certes j'ai tout fait pour l'éloigner de lui, mais devais-je laisser ma fille avec cet homme, vu son état ? Je ne le reconnaissais plus, il n'étais plus lui-même. Ou plutôt, il faisait ressortir le pire de lui. Et je ne pouvais pas laisser ma fille - enfin notre fille - avec lui dans ses conditions.
Et peut-être qu'au fond de moi, bien que je refuse de l'admettre, je lui en veut à lui aussi pour la disparition d'Oliver. je sais bien qu'il n'aurait rien pu y faire, mais il était là, c'était lui qui était présent. Alors imaginez qu'il soit arrivé quelque chose à Elaine ? Aurait-il été capable d'intervenir dans son état ? Rien est moins sur et je refusais de prendre ce risque.

Des larmes coulent désormais sur mes joues et je ne fais rien pour les retenir. Pourquoi faut-il toujours que tout soit si compliqué ? Pourquoi toujours autant de ressentiments entre nous ? Je lâche brutalement l'évier et me dirige vers la salle de bain. Je vais prendre une bonne douche, ça va me détendre, ou pas ... Je me retrouve sous le jet de douche, pleurant toujours, l'eau ne cessant de couler, brulante. J'ai eu la brillante idée de garder mes vêtements ... oui bin j'ai pas dit que j'étais intelligente. Ils me collent à la peau et même ça je m'en fiche. Je ferme les yeux, je me laisse glisser le long de la paroi de la douche.
Je ne réalise pas que du monde est rentré à la maison. Par chance, il s'agit de Paul. Il est là devant moi dans la salle de bain. Il pose ses mains autour de mon visage, avant d'en essuyer les larmes qui n'ont pas cesser de couler. J'ouvre enfin les yeux ... et plus rien d'autres ne comptent que lui, que ses yeux posaient sur moi, pleins de tendresse.

Psychose.

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