A coeurs ouverts - ft Inaya & Rampa

Le temps d’un démon ne s’écoule définitivement pas de la même sorte que pour les êtres qui peuplent la surface de la terre. Une semaine passe, suivie d’une autre et ce n’est qu’à la troisième que l’impatience dans la voix de la jeune femme m’incite à prendre les devants et proposer de la retrouver chez elle après mon travail. Nous avons continué d’échanger par sms et nous appeler le soir régulièrement, mais rien qui ne puisse détrôner un rendez-vous en chair et en os. Je l’ai tout de même laissé à l’orée de son seuil alors qu’elle souhaitait m’entretenir d’un sujet qui lui tient à cœur. Maintes fois je me suis excusé, systématiquement nos emplois du temps ne nous permirent pas de nous retrouver. C’est particulier il faut dire en ce moment. Mes recherches sur Barabas m’ont littéralement rongé. Une histoire de conflit avec des rats de lave dans des souterrains trop obscurs pour rencontrer tel ou tel être démoniaque afin d’obtenir des informations. A noter, les démons tel que moi sont des casse-croûtes pour ces vermines et cela s’est reflété sur mon apparence humaine. Les soirées à désinfecter les plaies et continuer d’extraire des infos ont été mouvementées. A ce jour, il ne me reste que quelques traces, mais déjà en bonne voie de cicatrisation pour l’humain, le démon n’a plus rien ou alors rien que je ne décèle à la surface du magma qui compose mon être véritable. Je ferme l’écrin contenant le cadeau pour ma douce et le glisse dans la poche de mon veston, rien de bien extraordinaire, une simple perle trouvée au marché des fées. Une pierre taillée en goutte et tenue par la pointe sur une armature en argent blanc, lui-même accroché à une chaînette légère du même matériau. Contrairement à ce qu’on trouve dans le monde des humains, celle-ci indique véritablement le changement d’humeur de son porteur en arborant une couleur différente.

Je ferme la porte de mon appart’ et emprunte les routes de Chicago alors que le soleil finit sa course céleste. Il ne me faut guère de temps pour trouver à me parquer aux abords du domicile de la jeune femme et je laisse ma Bentley profité des derniers rayons alors que le hall d’entrée sombre m’accueille. Je profite qu’une voisine s’éclipse pour entrer et gravir quatre à quatre les marches me séparant d’elle. C’est incompréhensible comme mon cœur palpite à l’idée de la revoir et je m’arrête une fraction de seconde devant sa porte afin de reprendre mon souffle. Je ne suis pas en manque d’exercice pourtant, mais l’adrénaline mêlé à l’ascension ont déréglé ma respiration et je me retrouve bête, à sourire comme un idiot avant de sonner.

Le visage doux de ma belle apparaît et je bafouille un bonjour perturbé avant de convenir qu’un baiser traduirait mieux ma pensée. Nos lèvres s’effleurent et elle me donne accès enfin à son chez elle. Il est vrai que la fois précédente, je n’ai même pas pu franchir le seuil alors que le Maître m’ordonnait de retrouver l’infâme démon Barabas. Encore un à la botte d’Azazel qui va finir par grandement me contrarier. Et personne ne veut me voir contrarier.

« Je suis tout à toi ce soir. »

Joignant le geste à la parole, je m’empresse d’éteindre mon téléphone pour éviter qu’un autre m’appel. De toute façon, si Lucifer cherche à me joindre, il n’aura pas besoin que mon cellulaire soit allumé.

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Voilà plusieurs semaines que nous n'arrivions pas à nous voir, Rampa et moi. Il paraît que nous avons tous les deux des emplois très prenants. Je m'y réfugiais depuis des années et il m'en avait sortit, sauf ses derniers temps, j'avais faillit lui parler de moi et de ma vie d'avant, avant qu'il ne disparaisse en un claquement de doigts, de ma vue.

J'avais tâché de ne pas lui montrer, mais je lui en avait voulu c'est évident. Il avait finit par m'envoyer un message et plusieurs autres avait suivi, ainsi que des appels le soir et nous avions finalement convenu d'un rendez-vous. Le voilà qui sonne. Comment je sais que c'est lui ? Il est précisément l'heure convenu.
Je lui ouvre avec mon plus beau sourire. Il est sincère. Je suis passée à autre chose, sinon croyez moi qu'il ne serait pas là. Il m'embrasse et tout à coup j'ai chaud et j'ai les mains moites, mon cœur lui bat la chamade. Je l'invite ensuite à rentrer.

- Je l'espère bien ! Nous avons beaucoup de chose à nous dire. J'AI beaucoup de chose à Te dire en réalité !

J'insiste plus fermement sur cette deuxième partie de phrase et plus encore sur certains mots. Je l'invite à s'avancer vers le salon et rapidement à s'installer autour de la table.

- Tu veux boire quelque chose ?

J'ai essayé de faire les choses bien pour cette soirée. J'ai pas mit de chandelles, je trouve ça surfait, mais j'ai mit ma plus belle nappe, mes plus beaux couverts et mit les petits plats dans les grands. On avait parlé de discuter, mais j'aime pas bien parler le ventre vide et puis sans ça la soirée va être longue, enfin pour mon ventre et le sien j'entends, parce que bon je pourrais passer la soirée à discuter avec lui, des jours entier sans me lasser. Bref je m'enfonce là je crois.
Je ne sais pas par où commencer. J'étais prête, aujourd'hui tout est flou. Et si il me rejetait après tout ça, si mon histoire lui faisait peur ?

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Pas besoin d’être devin pour savoir que la dernière fois nous avons été interrompu à un moment crucial. La jeune femme me rappelle que cette fois-ci, je ne me déroberai pas et qu’il me faudra entendre ce qu’elle a sur le cœur. Je ne demande toutefois que cela. Etre là pour elle, c’est bien une attitude à laquelle je ne m’attendais pas lorsque j’ai endossé mon rôle d’humain. La blondinette me fait entrer. Je retire ma veste non sans oublier de prendre avec moi le cadeau que je lui réserve et nous nous installons autour de la table. Je lui adresse un sourire et lui répond qu’un chocolat chaud me plairait énormément. J’ai un peu des plaisirs d’enfant paraît-il, mais je reste persuadé que dans ce cas, les adultes ont bien tort de ne pas savoir apprécier ce que même un enfant sait reconnaître comme étant agréable. C’est un vice que je me suis découvert en établissant domicile à Chicago, un amour pour les boissons lactées. J’ignore peut-être les conventions sociales concernant l’accompagnement d’un repas et du breuvage qu’il faut boire, du genre, vin rouge avec la viande rouge, blanc avec le poisson … c’est d’un compliqué. Une véritable science si j’ose dire. Je regarde la table qu’elle a dressé … le romantique en moi s’exalte. Sans doute que le vieux démon que je suis s’est enquis de certaines traditions françaises concernant les choses de l’amour et je me complais dans les mœurs de la séduction depuis que j’ai trouvé ma perle rare. Je suis impressionné par l’ambiance qu’il règne dans l’appartement de la jeune femme. Chaque recoin me la rappelle et je trouve tout en adéquation avec ce que je connais d’elle. Toutefois, je ne peux m’empêcher de repérer certaines choses intrigantes et qui m’invite à me demander quels traits de la personnalité d’Inaya je ne connais pas encore. Alors que mon regard se porte sur elle, je devine un certain malaise. Elle revient avec nos boissons et s’assieds en face de moi, le repas est presque prêt, mais je crois comprendre que quelques minutes de plus au four lui sont nécessaire. Décidé à la délester du poids qui lui pèse, je me permets d’entamer la conversation.

« Merci ma douce »

Mon regard se plonge dans le siens et je vois le rose lui monter légèrement aux joues et un sourire se dessine sur mes lèvres.

« J’ignore de quoi tu veux me parler, mais j’ai besoin de te dire que je pense que tu me fais comprendre ce que c’est l’amour … je t’aime. »

Je n’ai pas exactement l’envie de me conformer aux protocoles humains concernant le fait de dire « je t’aime » à la personne pour laquelle je suppose éprouver ces sentiments. Durant ma longue vie, j’ai aimé, comme un démon peut aimer. Une passion brûlante, qui consume l’autre jusqu’à ne plus laisser qu’un tas de cendres fumantes. Aujourd’hui, je pense aimer avec une modération conséquente, sans doute en lien avec la longévité d’une vie d’humaine en perspective. Rien ne sert de consumer ma partenaire puisque sa vie me paraîtra si fugace avec du recul et elle finira en tas de cendres. Cela peut paraître bien sordide, mais les faits restent les mêmes. Je suis un immortel amouraché d’une humaine et je ne veux pas perdre mon temps à tourner autour du pot. Pour ce soir, je ne fais qu’espérer que mes paroles sauront la réconforter avant qu’elle affronte ses propres démons qui la hantent semble-t-il.

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Voilà des semaines que j'avais essayé de parler à Rampa de mon passé et Dieu sait qu'il était lourd. Aujourd'hui il était devant moi et je ne savais plus par quoi commencer. Le temps de reprendre mes esprits, je décide de lui apporter à boire et plutôt que du vin, il me demande un chocolat chaud. Je ne peux que sourire. J'ignorais qu'il appréciait cette boisson, mais j'en étais heureuse, moi qui ne pouvait plus voir et boire une seule goutte d'alcool depuis près de neuf ans. Je me dirige donc vers la cuisine pour nous préparer cela, non sans l'avoir inviter à s'installer confortablement. Je reviens quelques minutes plus tard avec deux tasses chaudes et un pot de cannelle si ça l'intéresse. Je pose ça sur la table, partant du principe qu'il connait. Je suis loin de tout savoir et de tout comprendre de sa condition, j'en apprendrais peut-être autant sur lui ce soir que lui sur moi. Nous verrons bien !
Il engage la conversation et sa voix seule, me rassure, alors que je suis de plus en plus rouge. Je ne m'attends pas à ce qu'il va me dire et le détour qu'il prend ne m'aide pas à saisir tout de suite. Ses mots raisonnent en moi. Je mets plus de temps que je ne l'aurais souhaité à lui répondre :

- Je t'aime aussi.

Je tends ma main vers lui en attendant qu'il la saisisse. Cela me fait un bien fou. Je n'évoque même pas Marie, puisqu'elle n'est pas là. je lui ai demandé de nous laissé la soirée; je sais qu'elle a du mal à l'apprécier pour je ne sais quelle raison obscure et je n'ai pas besoin de ça ce soir.
Il lance la discussion et je me dois d'en venir aux faits maintenant, je ne peux plus faire marche arrière et j'en ai besoin de toute façon. Je me dois d'être honnête avec lui, avec moi-même. Nous ne pourrons pas avancer sereinement sans cela.

- Je t'ai déjà parlé de mes études de médecine, ou encore de mon enfance dans un ranch ou de ma famille; il faudra d'ailleurs que je te présente Axel, à l'occasion. Je l'ai retrouvé en ville, il y a peu. Mais ce dont je dois te parler et tout autre... J'avais dix-sept ans lorsque je l'ai rencontré. J'étais amoureuse, il était beau, charmant. Qu'est-ce que j'ai pu être naïve.

Je reprends mon souffle qui s'est affolé. Sa main dans la mienne me ramène à la réalité et son regard dans le mien me rassure et m'enjoins à continuer, après une ou deux minutes qui m'ont semblé être une éternité.

- Il s'appelait Ethan. A l'époque je croyais que lui aussi il m'aimait et que ses excès de violence était une représentation de sa jalousie certes, mais surtout de son amour... Et puis il y a eu ce soir là... Je rentrais d'une journée avec mon groupe de travail. il m'a parlé d'un garçon avec qui j'avais rigolé, qu'il m'avait vu trop près de lui, qu'il savait que je l'aimais. Et j'ai eu beau lui dire que ça n'avait rien à voir que c'était lui le seul que j'aimais, il ne voulait rien entendre. Il était sourd à tout mes appels, à toutes mes prières. J'ai cru mourir. Il a finit par partir et je suis restée seule dans le salon. j'ignore combien de temps cela a durée avant qu'elle n'arrive. Elle m'a sauvé la vie. Elle est apparu au dessus de moi telle un ange. Elle avait vécu la même chose que moi et en était morte. Elle me proposait alors un marché. Elle se servait de mon corps pour vivre une vie humaine comme les autres et en échange elle se servait de ses capacités pour me sauver.

Je suis obligée de boire une gorgée de chocolat, je n'ai plus de salive pour parler, j'ai la gorge si sèche désormais. J'en ai déjà dit beaucoup, sans prendre aucunes pincettes. Est-il prêt à en entendre plus ? Dois-je m'arrêter là pour éviter qu'il ne me fuit ? Je ne peux pas arrêter maintenant. je dois continuer. Je ne peux pas garder ça pour moi plus longtemps. Même Axel ne sait pas toute l'histoire, elle n'en a que des bribes.

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Je l’écoute paisiblement et tente de comprendre comment doser la cannelle dans un chocolat chaud par la même occasion. Deux cuillères ? Trois ? Bof, on verra bien, il ne peut jamais trop y avoir de bonnes choses. La belle quant à elle, s’est lancé dans un sacré monologue et ma main entrelacé avec la sienne ressent les variations d’intensité émotionnelle que chaque parole lui arrache. Son amour perdu, sa naïveté, la jalousie, la violence et finalement … sa presque mort … J’ouvre la bouche en rond de stupéfaction, la colère viendra sans doute ensuite, mais pour le moment, je la réprime de peur de devenir tout feu tout flamme à l’évocation de ce qu’elle a subi.

« Oh ! Deux âmes qui se partagent un même corps ? Tu m’étonnes que je sentais des fois quelque chose qui ne voulait pas de moi dans les parages ! »

Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. J’imagine bien que l’esprit de sa colocataire n’a aucune envie de se confronter à un démon qui pourrait bien lui dire que sa place n’est pas sur terre. Toutefois, je n’ai aucune envie d’impacter l’existence même de ma douce. La question peut devenir bien complexe je suppose lorsque deux âmes s’entremêlent. Je ne suis pas du tout un connaisseur en la matière étant donné que je me contente habituellement de les expédier vers mes collègues six pieds sous terre sans me préoccuper de rien d’autre.

« Si je comprends tout, vous êtes liées l’une et l’autre ? »

Comme entré en la matière, je suppose que j’ai quelque peu oublié de faire semblant de ne rien connaître au surnaturel pour le coup. Inaya mérite cependant d’en savoir plus, pour moi, elle ne représente pas le danger que pourrait être un autre humain ou pire … Mon identité avec elle sera sans doute un jour un sujet de discussion. Ce soir ? Peut-être, nous verrons où nous porte notre conversation. Mes sourcils se froncent à une pensée soudaine.

« Et l’humain … celui qui t’a blessé … il est toujours en vie ? »

Je ne promets pas de devenir conciliant. Dans l’ombre, si j’apprends où est cet être, il a de forte chance de rejoindre fissa les entrailles de la terre, un ticket aller simple vers l’Enfer. Pour ne rien laisser transparaître de l’énervement dans lequel me met la pensée de cet inconnu meurtrissant ma belle, je prends ma tasse de chocolat chaud que je porte à mes lèvres … Bon ok, y’a définitivement trop de cannelles !

Finalement, s’il y’a une chose à prendre, c’est que je suis prêt à tout entendre, être là pour elle et éventuellement … rencontrer cette hôte pour établir également ce qu’elle décèle chez moi.

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Il se sert de la cannelle comme du petit lait. Ça risque de piquer, c'est clair! Mais bon il sait ce qu'il fait. Je lui raconte tout ce qu'il a besoin de savoir, je lui épargne simplement les détails. Il réagit tout d'abord sur le fait que j'ai un fantôme qui partage mon corps. Depuis mon altercation avec Silas, elle se fait discrète. Je le lui ai demandé d'ailleurs c'est très bien ainsi. Je ne veux pas qu'elle revienne pour l'instant. Enfin je sais bien qu'elle est là h24, mais je ne veux pas l'entendre dans mon esprit.

- Oui c'est ça. Sans elle je serais morte à l'heure qu'il est. Mais elle a un peu trop tendance à se mêler de ce qui ne la regarde pas, surtout quand il s'agit de ma vie amoureuse. Je te demande pardon si tu as ressentit de l'animosité, ce n'était clairement pas mon intention. Et oui. Si elle s’absente trop longtemps je meurs et d'un autre côté, je lui permets de garder les pieds sur terre si je puis dire. Sans corps, elle est un fantôme comme les autres qui erre sur terre sans but, ou dans le but de se venger. On se complète.

Je prends un temps pour me remettre les idées en place. Je lui en veux c'est vrai, mais d'un autre côté, comme je viens de le dire à Rampa, sans elle je ne serais plus là et ça me fait un pincement au cœur.
Il change ensuite de sujet pour me demander où en est Ethan aujourd'hui. Je n'avais jamais porté plainte à l'époque, j'avais simplement déménagé et par chance il ne m'avait pas suivit.

- Je l'ignore à vrai dire et je m'en fiche pas mal. Je ne veux plus jamais entendre parler de lui d'une manière ou d'une autre.

Si j'avais été lâche à l'époque ? Assurément. Mais honnêtement, porter plainte contre lui, voulais dire oser parler de ce qu'il m'avait fait subir pendant plusieurs mois, devant des inconnus, puis devant lui lors de son éventuel procès et ça c'était hors de question. Ma vie était très bien ainsi, j'avais enfin trouvé le bonheur, je ne voulais surement pas que cela change.

Je songe soudain à lui poser à mon tour une question. La raison de ma dispute avec Marie et Silas à vrai dire. mais vais-je seulement oser. Pas que la réponse me fasse peur, enfin si... Tout ce que je sais c'est que j'ai confiance en lui, et qu'il ne me fera jamais de mal. Le traitement de démon, c'est ridicule au plus au point n'est-ce pas ?

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Je toussote discrètement pour évacuer les sensations peu agréables que me procure ce trop-plein de cannelles. Difficile de garder contenance devant un excédent qui gratte cette gorge d’humain trop sensible aux variations intenses. Après m’être raclé la gorge une énième fois, je reprends la parole.

« Et cet esprit qui te maintient en vie, elle a un nom ? Elle t’a déjà dit des choses sur moi ? »

Mon inquiétude n’est pas sans raison. J’ignore ce qu’un esprit peut réellement percevoir de moi sous cette apparence, mais aucun doute que ma force doit transpirer et potentiellement être décelable pour ceux qui comprennent le surnaturel un tant soit peu. J’éclaircie ma voix pour la centième fois avant d’affronter le regard de ma chère et tendre.

« Tu te doutes que je te demande cela pour certaines raisons … très spécifiques. »

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Moi aussi, j’ai mes secrets et j’expérimente le côté jouissif de la révélation sans que cela ne finisse en meurtre sanguinaire pour une fois. Il est vrai qu’en temps normal, j’ai tendance à révéler ma nature démoniaque à celui qui va finalement le payer de sa vie et n’aura pas le temps de colporter la nouvelle d’un démon en ville. Je me sens serein et incroyablement heureux de lui communiquer une information que jamais je ne pensais partager avec une humaine dans un telle contexte. Rendez-vous compte ! Je suis en couple avec cette charmante jeune femme et nous avons une discussion sur notre passé comme de jeunes amoureux le feraient. Enfin, en quelques sortes si on oublie le côté surnaturel de la chose.

« Déjà, sache que la présence de cet être ne me dérange nullement et je t’aime avec ta singularité. Disons que le côté esprit, mort et tout ce qui va avec, je baigne dedans depuis un bon moment et je ne vais pas te juger pour avoir conservé ta particularité pour toi avant d’être sûre de pouvoir la partager avec moi. Merci de ta confiance mon amour. »

C’est tellement l’éclate de crever cet abcès et pourtant j’ignore quelles conséquences cela aura sur la jeune femme, mais je suis déterminé à ce qu’elle puisse accueillir la nouvelle et rester à mes côtés.

« Pour ma part, je préfère commencer en te montrant et on a qu’à dire que tu me dis STOP si c’est trop pour toi ok ? »

Si elle craignait de me voir partir à l’annonce de la présence d’un esprit dans son corps, il est plus prudent que j’aille graduellement sur l’étendue de mon histoire et mes capacités. Je me rapproche d’elle et lâche sa main pour lui montrer la paume de la mienne. Puis de mon autre main, je caresse le creux de ma main et une flamme se forme, docilement, se love entre mes doigts. Je resserre mon poing autour de cette étincelle. Lorsque je rouvre mon poing, celui-ci s’est imprégné du brasier et ma peau a changé de texture localement, ressemblant à de la lave en fusion.

« Est-ce que ça va ? »

Je pose mon regard sur la belle et espère qu’elle ne se décide pas à me foutre à la porte. Il faut dire que ce n’est qu’un début …

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Je l'entends plusieurs fois se racler la gorge pendant que je lui explique. J'ignore s'il le fait exprès ou non, mais il lance un regard un peu plus sombre à sa tasse et je comprends que c'est la cannelle qui le dérange et non ce que je raconte, je ne peux donc m'empêcher de sourire.
Il m'en demande un peu plus sur Marie. Je sais qu'elle a bien du mal avec lui. Mais dois-je tout dire ? Je veux que ce soit lui qui me parle. Ça ne peut pas être aussi pire que tout ce qu'elle m'a dit et que j'ai imaginé, pas vrai ?

- Oui, elle s'appelle Marie. Elle m'a dit qu'elle avait ressenti des choses, mais je n'arrive pas bien à les comprendre. J'espérais que tu m'expliques.

Il sourit, me rassure sur le fait qu'il m'accepte comme je suis, ce qui est une véritable preuve d'amour selon moi, malgré mon étrangeté. Silas et Marie m'ont prévenu de ce qu'il était, mais je ne veux pas les croire, c'est impossible. Marie ne m'avait jamais menti, elle n'avait jamais fait quoique ce soit contre moi, je le savais bien, mais dans ma tête Rampa non plus ne pouvait pas être un monstre, ne pouvait pas jouer contre moi. Je l'aimais et j'étais persuadé que l'inverse était réciproque, au plus profond de mon être.
Il me remercie de lui avoir fait confiance ce soir pour lui parler. Je souris niaisement.
Il me dit qu'il baigne dedans depuis un long moment, ce qui aurait tendance à étayer les propos de mes deux acolytes. Mais pour l'heure il pourrait très bien avoir eu un passif de voleur totalement humain. Bon pour le côté esprit, je me l'expliques moins facilement déjà. Il pourrait très bien avoir des connaissances sur le surnaturel, même être l'une de ses créatures sans forcément être un monstre à la Angel.
Il lâche ensuite ma main, car il souhaite me le montrer, je ne suis pas mauvaise avec les mots, j'imagine donc que cela est au dessus de n'importe quel discours. Soudain une flamme danse devant mes yeux, mais surtout dans sa main sans le bruler. Comment ? Il est donc sorcier ? Un instant plus tard c'est sa main elle même qui est devenu du feu, ou plutôt comme de la lave. Je n'ai jamais vu de volcan de mes yeux, mais à la télé en tout cas ça ressemble à ça de la lave encore en action si je puis dire.

J'avale difficilement ma salive lorsqu'il me demande si ça va. En réalité je n'en sais rien. Je suis ébahit, je ne sais trop quel mot va sortir de ma bouche.

- Je ne comprends pas... Mais s'il y a une suite, montre moi ! Je veux savoir, je veux comprendre, s'il te plaît !

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Un sourire s’esquisse à la commissure de mes lèvres et je referme mon poing lui permettant de retrouver une apparence humaine. Pour l’instant, ma belle gère d’une main de maître ses émotions. Je ne doute pas qu’elle suppute déjà sur mes origines sans totalement cerner toute l’étendue encore de ce que je suis réellement. Je lui réponds d’une voix douce, pour anticiper que la suite ne sera pas aussi facile à digérer, mais je le veux tellement. Je ne saurais dire à quel point je me délecte de mon montrer aussi vrai devant elle.

« Ok, et si jamais, je peux très bien concevoir que Marie n’a pas apprécié m’avoir dans les parages … je ne fais pas exactement partie du genre de « personnes » qui inspirent la confiance de prime abord … mais toi, tu me connais, tu sais que ce n’est pas le nom que porte ma race qui fera de moi un monstre ? »

Disons que si je balance directe « oui, je suis un démon majeure, bras droit de Lucifer. J’ai adoré mon séjour aux Enfers à torturer les âmes damnées puis en arrivant sur terre, c’était semer la zizanie mon dada ! Après tout, mon père est l’ange qui a appris aux hommes à mentir donc bon !» Là, c’est sûr, je me grille. Et pour un démon du feu, on ne pourra pas dire que c’est banal. Je toussote une dernière fois afin d’évacuer définitivement la gêne occasionnée par la cannelle, puis me lève.

Je retire prudemment ma veste de costard et commence à déboutonner ma chemise. Je ne vais pas non plus me mettre en caleçon, mais si je peux épargner une partie de mes fringues, cela m’arrangerai. Ok, j’suis un tantinet coquet !
Pour l’instant, je lui tourne le dos, retournant maintes et maintes fois dans ma tête ce qu’il convient de lui dire avant de me transformer totalement. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on a un démon de deux mètres de haut entièrement incandescent qui se transforme dans son salon. Je soupire et pose ma chemise sur une chaise à proximité avant de me retourner vers la belle. Ses yeux de biche m’encouragent et je lui souris une dernière fois sous cette apparence.

« Ce que je vais te montrer, c’est comme ça que je suis né si je peux dire. Mon père fait partie de la première génération d’anges descendus aux Enfers aux côtés de Lucifer. Il s’appelle Penemue … La déchéance a eu un impact considérable sur le physique de sa descendance … dont moi. »

Je joins mes mains et les frottes doucement l’une contre l’autre, une flamme née de cette friction et se répand à la surface de ma peau jusqu’à me couvrir entièrement. Puis, comme pour la paume de main tout à l’heure, le feu finit par imprégner ma peau et la transforme en roche incandescente. C’est ainsi que je suis sortie du Vésuve la première fois. Un être de lave, un démon de feu à l’allure horrifique. Mon regard se transforme en deux fentes dont jailli une lumière vive et mon sourire n’est plus qu’une crevasse laissant apparaître des dents acérées. Je n’ignore pas que cette apparition va grandement questionner Inaya sur mes intentions, mais il en va de notre couple et je me prête au jeu. Ne souhaitant pas la perturber plus que de raison, je reprends mon apparence humaine sans la quitter des yeux. Je veux graver pour toujours cette image d’elle, les raisons qui m’ont mené à me dévoiler et la réaction que cela aura générée chez elle.

« Tes semblables nous appellent démon, mais lorsque je suis né, ce mot n’existait même pas. Aujourd’hui, je suis Rampa, juge au tribunal de Chicago, fou amoureux de toi et prêt à tout pour te montrer ma bonne foi. »

Je mets un genou à terre et baisse les yeux, ma manière de me soumettre à son jugement et accepter que finalement, elle préfère que je la laisse. Je ne promets pas de rester sage si cela arrivait … Autant dire qu’il vaudrait mieux que je quitte le pays histoire d’être sûr de ne pas la tuer dans ma rage.

« Tu es la première à qui j’offre mon cœur Inaya … »

Cette dernière phrase n’est presque qu’un murmure et termine ma plaidoirie.

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L'instant d'après tout redevient normale et je me remets à respirer. Je ne m'étais même pas rendue compte que je ne respirais plus jusqu'à ce que l'air gonfle de nouveau mes poumons.

- Oui c'est ce que j'aime penser, surtout quand on sait pourquoi je suis en vie aujourd'hui. Je veux bien tout croire.

Il commence à enlever sa veste et d'autres vêtements. Je ne m'attendais absolument pas à un strip-tease. Mais je fais fausse-route. Je le sais bien. A vrai dire je crois que j'aurais préféré. Tout en lui se met à changer, de la surface de sa peau au plus profond de son être. Je ne peux m'empêcher de reculer devant le spectacle qui m'est offert. Mon cœur bat si fort contre ma cage thoracique. J'en ai un haut le cœur. Il est terrifiant ! Je ferme les yeux un instant. Je tremble de haut en bas. J'essaie de retrouver mon calme.
C'est sa voix face à moi qui me fait reprendre pied. Je rouvre les yeux. Il est de nouveau lui, comme je le connais. Il pose un genou à terre devant moi et baisse les yeux sur le tapis.
En le voyant ainsi, je me sens idiote. Il ne me fera jamais de mal. Je le sais pourtant. J'ai été idiote.

- Pardonne moi !

Je me jette par terre, les deux genoux au sol, prenant sa tête entre mes mains. Je l’incite ainsi à relever les yeux vers moi. Je pose mes lèvres sur les siennes. Elles sont encore si chaudes après sa transformations, ou bien peut-être est-il toujours ainsi, mais je m'étais ça sous un autre fait ? Je ne sais pas, je ne sais plus et c'est le cadet de mes soucis.

- Je t'aime aussi. Et ton état n'y change rien. J'ai été surprise ... mais on le serait pour moins je crois. Je te demande pardon.

Je prends un moment pour reprendre mon souffle après toutes ces émotions. Je m'attendais à beaucoup de chose lorsque Silas et Marie avait parlé de démon, mais surement pas à ça.

- Tu sais pour moi un démon c'est comme ceux dans Supernatural, avec la possession des humains et les yeux noirs. Je ne m'attendais absolument pas à ça. Je connais les légendes sur Lucifer et les anges déchus, mais tu ... enfin tu es vraiment l'un des leurs, enfin leur descendant ? Les anges et les démons existent vraiment ? C'est pas une blague ?

Je connais déjà la réponse à ces questions, il me l'a prouvé, mais j'ai besoin de l'entendre de sa bouche pour ne pas devenir complètement folle.

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La douceur de ses mains encerclant mon visage me ramène à la réalité. Une réalité d’une tendresse inimaginable pour le vieux démon que je suis. Un sourire me fend le visage et je reçois toute la passion de ces paroles comme le plus beau des cadeaux. Je ne parlerai pas du désir qu’elle initie lorsque ses lèvres se posent sur les miennes dans un baiser furtif. J’ai envie de la prendre dans mes bras et ne plus jamais la lâcher.

« Je ne sais pas comment t’exprimer tout le bonheur que je ressens … tu es tellement forte, ta douceur … »

Je passe ma main sur sa joue et caresse son visage tendrement. La flamme qui brûle en cet instant n’est autre que celle de l’amour. Si je pouvais la rendre éternelle, je le ferais sans aucun scrupule, mais il n’y a pas de gain d’immortalité sans conséquences … et je ne veux rien changer en elle.

Je fronce les sourcils à sa comparaison, sa référence en démon qui laisse un peu a désirer.

« Je me souviens pas avoir vu ça, sinon oui, les anges, les démons … ça grouille plus ou moins à Chicago … et oui, je suis le fils de Penemue, le cinquième ange qui tomba du ciel après avoir été détourné du chemin de  la lumière par Yekun … Lucifer est toujours présent, les autres ont disparu, j’ignore si mon père est encore vivant et je ne suis pas sûr que cela ait une importance pour moi. Certains démons peuvent revêtir une apparence bien plus humaine au quotidien, pour ma part, je ne revêt mon état primaire qu’en cas de besoin, je me plais à être un homme, j’aime vraiment ça. »

Je ne vais pas compléter que j’aime les hommes pour leurs faiblesses, la facilité avec laquelle je peux les corrompre et les sushi.

Je prends ses mains dans les miennes et l’aide à se remettre sur pied en même temps que moi. Puis, je me dirige vers nos verres et lui tend le sien avant de boire une grande gorgée … merde, foutue cannelle !!
C’est limite si je tousse mes poumons et une larme vient perler au coin de mon œil alors que je cours vers la cuisine pour me servir un verre d’eau. C’est bien l’eau aussi … Je reviens vers Inaya une question en tête.

« Marie n’est pas là ce soir, n’est ce pas ? Je ne la ressens pas. Est-ce que tu veux bien me dire ce qu’elle t’avait dit sur moi ? Je suis assez curieux de savoir ce que ma puissance laisse transparaître. »

Je retourne vers le canapé et tapote la place à côté de moi pour inviter ma princesse à s’asseoir. Je ne veux pas créer plus d’animosité entre l’esprit et moi étant donné que nous allons devoir plus ou moins vivre ensemble et nous partager Inaya, mais j’aimerais comprendre, juste un grain de curiosité.

« Après, si elle veut me parler, je suis pas contre, mais les esprits ont tendances à pas trop m’apprécier. »

Elle me rejoint et je passe un bras autour de ses épaules. Je ferme les yeux et hume son parfum …. C’est indécent toutes ces pensées, mais la chaleur de son corps, sa proximité, je n’ai qu’une envie et je ne sais pas si elle serait d’accord que je l’emmène dans sa chambre pour finir la nuit ensemble. Après toutes ses émotions, n’aurions nous pas mérité de pouvoir ne penser qu’en être primitif ? Je dépose un baiser dans sa nuque et mordille gentiment. C’est sur qu’un vampire ne pourrait pas en faire autant sans risquer de trouer ce joli petit cou de minou…

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Je viens d'avoir la peur de ma vie. Enfin non, j'ai eu plus peur encore lorsque mon fiancé à tout fait pour me tuer, mais c'était tout de même effrayant et j'ai peur que ma réaction ne le blesse. Mais ce n'est pas le cas visiblement, grâce au ciel. Je détesterais le blesser. Sa main se pose sur ma joue et me rappelle pourquoi je suis restée, pourquoi j'ai décidée de prendre ma peur à bout de bras et de l'affrontée, parce que je l'aime.
Il m'explique une nouvelle fois qui était son père en y mettant un peu de détails et m'assure qu'anges et démons ça existe. J'avale difficilement ma salive. Il évoque son père et le fait qu'il ne sait pas s'il est vivant ou non et que finalement ça importe peu.

- Et ta maman ? Elle est comme toi ?

Si je me montre trop curieuse ? Oui probablement. Je m'en mords les lèvres lorsque je me rends compte de ma bêtise. S'il ne l'avait pas évoqué jusque là c'était surement pour une bonne raison.

- Je dois être honnête avec toi, je préfère ton côté humain et je ne suis pas pressée de revoir l'autre version de toi, mais ces deux parts de toi font de toi ce que tu es, et sans ça on ne serait peut-être pas ensemble ce soir, alors je l'accepte.

Il m'aide à me remettre debout et nous prend nos verre, me tendant le mien. Il se dirige en courant vers la cuisine et revient avec un verre d'eau. Je ne peux que rire devant cette réaction des plus humaines. J'essuie la larme qui a coulé sur ses joues. Il m'invite à le rejoindre sur le canapé et je ne peux que l'y rejoindre. Il me demande ce que Marie avait comprit de son état.

- Elle m'a expliqué que tu étais un démon. Et que les démons ne sont pas des gens fréquentables. Mais elle ne te connait pas comme moi je te connais. Je ne sais pas tout de toi, je le sais bien, mais j'ai confiance en toi.

Tous les esprits sont du genre a ne pas l'apprécier ? Bon à savoir! Son bras autour de mes épaules. Il ferme les yeux lorsque je lui ai répondu. Nous sommes si proche. Au bien sur nous avons déjà été proche ainsi, nous nous sommes déjà fait quelques câlins sans conséquences, mais je ne suis pas idiote, il a envie de plus, j'ai envie de plus; même si je ne sais pas comment m'y prendre. Ma dernière relation remonte à si longtemps et même là je n'avais jamais été très douée. Je sens sa bouche sur ma nuque. Je sens ses mordillements et c'est très agréable. Je ferme à mon tour les yeux. Je ne sais pas trop quoi faire de mes mains, mais machinalement elles se dirigent vers son torse, passant une main sous sa chemise. Je me recule légèrement, assez pour qu'il me regarde dans les yeux, mais sans non plus couper ce contact entre nous.

- Guide moi !

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Sa question est tellement mignonne, c’est vrai que sur terre, les relations hommes femmes ont pris une tournure tout autre que celles d’il y a plusieurs siècles. Aux enfers, les hommes sont majoritairement présents et il n’y a pas vraiment de père et mère présents pour leur descendance.

« Ma mère ? Ce n’est pas vraiment quelque chose qui existe pour moi. Kesabel a endossé ce rôle, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit ma mère. Je ne suis peut être que le fruit de Penemue … C’est compliqué la généalogie là-bas, ça ne fonctionne pas comme ici. Regarde Eve est bien la côte d’Adam. Eh bien, dis-toi que ça peut être cela aussi pour les descendants. »

Je n’ai jamais eu l’occasion de parler avec qui que ce soit de tout cela. Les humains n’ont généralement pas à le savoir et les démons s’en fichent royalement de savoir d’où je viens. Ce qui compte, ce sont mes actes et ce que je fais pour intimer la crainte chez eux. C’est cela qui les garde à bonne distance de mes affaires et qui me permet d’avoir le soutien de Lucifer en temps voulu.

Je lui souris à sa remarque sur mon aspect démoniaque. Je n’en doute pas qu’elle préfère le beau Rampa humain au démon de lave que je suis. De toute manière, je me suis habitué à cette apparence, vivre parmi les hommes, devenir l’un d’entre eux sans craindre la mort.

« Moi aussi je préfère ce physique … je m’y suis fait après …. Tant d’années. »

Elle doit se douter que je ne suis pas tout jeune, mais si je lui sors froidement que cela fait 2000 ans presque que je revêt cette façade, elle risque de se demander ce que j’ai fait pendant tout ce temps … Il est peut-être plus sage d’y aller progressivement sur les exploits que j’ai accompli au fils des siècles …

C’est seulement une fois le calme retrouvé, tous deux assis sur son canapé que je sens la tension entre nous retomber totalement. Elle semble plus sereine et ma blondinette reprend un air ingénu que je chéri tant. Toutefois, ma question concernant Marie et ce qu’elle suspecte de ma personne dessine une ride entre ses deux sourcils et elle prend un air sérieux. Effectivement … Que sait-elle de moi ! Je laisse vibrer une colère fugace qui se tari alors que la jeune femme soutien la foi qu’elle a en moi.

« Il y a des humains très peu fréquentables et des démons tout à fait guimauve, tu serais surprise. Surtout les vampires … de nos jours ce sont de vraies fleurs bleues ! Je suis sûr que c’est à cause de tous ces films débiles qui passent au ciné. Ils filent du mauvais coton si tu veux mon avis. »

Je profite du moment de détente pour me serrer encore plus contre elle, un soupire franchit mes lèvres et nous laissons tout bonnement notre conversation si intense pour une autre étape dans notre relation. Celle-ci, je serais un vile menteur de dire que je ne l’attendais pas … la chair humaine est si délectable, alors celle de la femme que j’aime ! Je n’ose imaginer le plaisir que cela va être et rien que cela me met en fusion. (Non, en tant que démon du feu, je ne ferais pas la blague !) Cependant, ne serait-il pas temps de lui montrer d’autres avantages à être un démon ? Mon endurance, ma force, ces caractéristiques qui ne me quittent pas malgré mon apparence humaine. La blondinette passe sa main sous sa chemise et je sens le désir naître en elle, une étincelle de passion qui ne trompe pas mes sens. Je relève le nez et aperçois son air déterminé et confiant tout à la fois. Je réponds à sa demande par un sourire séducteur. Mes bras s’enroulent autour de sa taille et je la soulève du canapé pour l’assoir à califourchon sur moi, face à face. Je me lève et c’est naturellement qu’elle maintient sa prise sur mes hanches avec ses jambes. Pas besoin de me guider pour ma part, j’ai amplement deviné la direction de sa chambre. Son corps me paraît tout léger alors que nous regagnions son lit et nous allongeons l’un contre l’autre dans les draps parfaitement pliés.

Dans cette position si intime, mes lèvres frôlent son oreille et je lui murmure :

« Je t’aime Inaya, tu me rends heureux … »

Ce n’est pas peu dire. C’est un bonheur que je goute pour la première fois, ma relation avec elle m’amène de nouvelles perspectives et aucune d’entre elles ne se déroulent sans la femme à mes côtés.
Par respect pour la demoiselle, je ne décrirais pas en détails nos ébats de la nuit, mais je peux vous garantir que la belle a amplement su faire tenir en haleine un démon ce qui n’est pas peu dire. Elle s’endort aux creux de mes bras et je la rejoins quelques minutes après dans les bras de Morphée. Tant pis pour son présent, je lui offrirais au petit matin ….

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Alors oui pour moi, un bébé c'est un papa et une maman est n'y voyait rien d'homophobe, après rien empêche la fécondation in vitro ou que sais-je, mais sur le principe ça marche moins bien. Tout ça pour dire que j'ai du mal à imaginer comment c'est possible... Mais une fois de plus, je suis déstabilisée. Il n'a qu'un papa, pas deux, un et visiblement c'est banal chez eux et il n'y a même pas d'histoire d'adoption, d'abandon ... Ok j'arrête, on va me prendre pour une psychopathe.

- J'essaie de comprendre, j'te jure ! Mais ça fait beaucoup là !

Il me rassure sur son apparence. J'en comprends qu'il ne se transforme qua part obligation. Et honnêtement, je ne suis pas sûre de vouloir savoir à quels obligations il peut en avoir besoin. Je ne suis pas prête à tout entendre je crois. Appelez ça de l’égoïsme, ou je ne sais quoi, j'ai des limites et je crois qu'il le sait très bien, puisqu'après ça on en parle plus. En réalité tout ça, je n'y pense même pas en cet instant. Ça a disparu de mon esprit aussi vite que c'est arrivé.
Les vampires ? Je ne dirais pas que Silas est une guimauve, mais il n'est pas non plus l'archétype du vampire c'est certain, pas de ce que je sais de lui en tout cas et je pense en connaitre pas mal sur lui. Certaines choses m'avaient échappé ça aussi c'est certain ! Enfin Inaya, arrête, c'est pas vraiment le temps pour une introspection.

Nous en revenons ensuite à Marie et ses supputations sur sa personne.

- Je n'en doute pas ! Mais ce n'est pas moi qu'il faut convaincre.

Il se rapproche de moi, il me mordille au niveau du cou et les choses s'enchainent rapidement. Il nous guide jusque dans ma chambre. Mon cerveau s'est éteint au moment même où nous nous retrouvons sur le lit. Je me retrouve des instinct, des gestes que je croyais oubliés depuis plusieurs années. Je n'ai pas peur, je le pourrais après la dernière fois où j'ai été aussi proche d'un homme, mais ce n'est pas le cas. Je suis en toute confiance. Après un moment extrême (charnel et passionné) je m'endors dans ses bras.


Ce sont les rayons du soleil à travers les rideaux de la chambre qui me réveille. Je me sens reposée, heureuse, d'autant plus lorsque vois la personne à mes côtés. Je suis tellement contente qu'il soit toujours là, à mes côtés. Je sens ses bras chauds autour de ma taille. Je souris bêtement. je me sens étrangement fière, qu'un "homme" comme lui, s'intéresse à quelqu'un comme moi. Je passe un temps fou à le regarder de long en large et croyez moi, aucun détail ne m'échappe. Plusieurs minutes passent ainsi dans la plus parfaite extase à le regarder et à repasser en mémoire les plus profonds instant de la nuit qui vient de s'écouler.  Je l'embrasse délicatement, passionnément et il ouvre les yeux après un moment.

- Bonjour.

Je doute que ce mot est jamais été prononcé avec autant de tendresse.

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La lumière du soleil s’invite et je capture à travers ma peau la chaleur de cet astre. Nous n’avons rien d’aussi beau aux Enfers et pourtant, une sphère gigantesque rougeoyante, une braise éternelle et brûlante … je décorerais bien tout un secteur d’une telle splendeur. Un soupire de contentement m’échappe et je souris en sentant son baiser sur mes lèvres. Je lui rends son élan de tendresse en enroule mes bras autour de sa taille pour la rapprocher de moi.

« Bonjour Princesse. »

Je lui fais face et dépose un nouveau baiser sur le bout de son nez. Nez parfaitement parfait.

« Pas que je n’ai pas envie de t’accompagner, mais que dirais tu de prendre du temps pour toi, une douche ou ce que tu veux, pendant que je nous trouve un petit déjeuner sympa ? »

Je caresse sa joue et rajoute :

« D’ailleurs, je te trouve adorable au matin, ça fait du bien de se voir … - je plisse les yeux cherchant le bon mot – chiffonné, un peu comme les draps. C’est quelque chose que je trouve passionnant chez les humains de toujours vouloir montrer le meilleur de soi, mais avec toi, c’est le plaisir d’être juste moi et de te voir telle que personne n’a la chance de te voir. »

Je l’embrasse une dernière fois avant de me décider à quitter la douceur de ses bras. Toutefois, je grimace en calculant qu’il me faudrait remettre les mêmes sous-vêtements que la veille … drôle de chose à prévoir lorsqu’on va dormir chez quelqu’un d’autres. Je n’étais jamais vraiment resté jusqu’au matin et surtout, je ne comptais pas profiter autant et savourer ce moment, si on oubli le côté sous-vêtement sale. Enfin, bref, je m’habille et lui confirme que je reviens rapidement.
Il ne me faut d’ailleurs peu de temps pour trouver ce qui me plaît et je ramène quelques viennoiseries à la française, deux cafés lattés à emporter, un bouquet de rose blanche et je rentre avec tout cela chez la jeune femme. Certes, j’ai emprunté subrepticement ses clés sans lui demander, mais je n’allais pas la déranger après lui avoir proposer de lui donner le temps d’atterrir après la nuit que nous venions d’avoir. Je dispose mes trouvailles sur la table et entreprend de donner un peu de charme à tout cela, les fleurs dans un verre (moyen du bord, je ne compte pas partir en quête d’un vase dans son appartement), les cafés et viennoiseries disposées dans une assiette, au milieu j’y entrepose également le cadeau pour ma belle. La fameuse perle n’a cessé de briller entre mes doigts d’un blanc nacré virant au rouge cramoisi, sans doute les émotions d’un démon sont trop complexes pour cet objet et cela fonctionnera mieux sur Inaya. Je replace le collier dans son écrin et le dissimule partiellement. C’est à cet instant qu’elle se décide à réapparaître et je lui souris tendrement.

« Et voilà ! »

Lui dis-je en français sans l’ombre d’un accent en désignant la table. Je me promets que prochainement, je l’emmènerai en France pour lui faire découvrir la beauté de ce pays …

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Son bonjour me donne des frissons et pas de peur, loin de là. Sans compter son baiser sur le bout de mon nez. Rien que ça, j'en suis toute émoustillée. J’acquisse de tête sa proposition d'une douche et d'un petite déjeuner en sa présence. Arf, j'ai mal comprit, la douche c'est moi toute seule. Bon ça aura le mérite de me remettre les idées en place ... ou pas!

Il aime me voir ainsi. Je souris, mais pas de gène, non je suis juste heureuse qu'il apprécie la vue, moi aussi j'aime ce que je vois. Je suis heureuse comme ça, avec lui. Je n'ai besoin de rien de plus en cet instant.

- Ah non ça je te confirme que t'es le seul ! Et j'espère bien être la seule à profiter de cette vue magnifique... T'es beau !

Une dernière caresse, un dernier baiser et le voilà déjà loin de moi. Je me renfonce un instant dans les draps, de son côté à lui pour parvenir à garder un instant encore son odeur imprégné dans mon esprit. Il me faut plusieurs minutes pour me diriger vers la douche. Il a raison ça me fera du bien.
Chaque goutte d'eau sur la moindre parcelle de mon corps me rappelle la nuit que nous avons passé. C'était intense, magnifique ! Je reste ainsi sous la douche, sans bouger, durant plusieurs minutes. J'entends la porte s'ouvrir et j'en conclus qu'il est rentré. Cela me permet de revenir à moi, je commençais à partir loin dans les souvenirs de la nuit. Je sors de la douche, me sèche rapidement les cheveux, enfile une culotte et la robe la plus légère que je trouve. J'ai chaud !

Je me rends dans le salon où un superbe spectacle m'attend. Les éléments de la veille ont disparu et ne reste plus que mon homme et de tout un tas de bonnes choses sur la table. Je suis aux anges. Il est parfait !

- Tu viens vraiment de parler en français ? Tu sais que t'es parfait !

Comment ça j'en suis déjà à ma deuxième ou troisième occurrence ? Oui bin j'y peux rien, c'est comme ça. Il est beau, magnifique, parfait à mes yeux.

- Je pourrais m'y habituer, tu sais... A tout ça !

J'ai les yeux qui brillent. Les roses sont magnifiques. L'odeur s'échappant des viennoiseries et des cafés achève de faire fondre mon cœur si son sourire en a seulement laissé une trace.
Je m'assois sur la chaise la plus proche, face à lui. Je tends une de mes mains vers lui et l'autre vers les viennoiseries, avant de la déporter vers le café et de porter ce dernier à mes lèvres.

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Je lui adresse un clin d’œil séducteur à sa remarque sur ma soit disant beauté.

« Hahaha ! Paraît-il ! Mais y’a aucun risque, t’es la seule et l’unique. »

Pas besoin de tergiverser sur cela, je n’ai que faire d’une autre humaine dans ma vie. Déjà que je n’avais jamais imaginé pouvoir me sentir comme cela avec une, alors non, pas d’autres, pas de son vivant.

Pour la suite, je suis content de lui laisser sa place et qu’elle respire un peu. Pas besoin d’être constamment sur son dos, même si je ne souhaite pas réitérer une aussi longue absence que la dernière fois. Nous n’avons mis que trop de temps à nous revoir et je me rends compte seulement maintenant qu’elle m’avait manqué. Trop pris par le reste, j’en oublie de profiter de cette vie d’humain que je me suis aménagé. Mais à quoi bon vivre si je ne profite pas, je ne suis pas que le larbin de Lucifer, mais aussi Rampa, démon à part entière.

La table dressée, je m’exclame dans ma langue que je considère natale. Certes, ce n’est pas en France que j’ai émergé, mais c’est là que je me suis sentie humain pour la première fois. Enfin, démon parmi les humains, mais au final pas si pire qu’eux.

« J’ai fait quelques siècles dans ce pays et l’Europe en générale est une merveille … Nos prochaines vacances si tu le souhaites ? »

Assis face à elle, j’attrape la main qu’elle me tend et ajoute.

« Ça me va que tu t’habitues … je suis désolé du silence radio, ce n’était pas voulu. Je me suis laissé submergé par le travail à en oublier ma priorité. »

Je parle bien sûr d’elle. Entre Barabas, les rats démons, le vampire fouineur et autre, ce ne sont pas tant les affaires de la cour qui me préoccupent, mais le reste. Par ailleurs, je remercie Inaya de ne pas avoir relevé les nombreuses plaies laissées par les rongeurs sur mon torse. Je suppose qu’au moment de ma transformation, elle avait d’autres informations à ingérer et d’autres questions et que l’obscurité de sa chambre m’a couverte lorsque nos corps se joignaient.

Imitant la demoiselle, je me saisis de mon café et le liquide semble bien mieux équilibré question saveur que mon chocolat à la cannelle de la veille. Comme quoi, les humains font des choses biens.

« Je sais qu’on a franchi un cap toi et moi, complexifié par nos révélations de la veille, mais juste, d’avoir passé la nuit avec toi, je me rends encore plus compte de mon erreur. J’ai aussi besoin de cette transparence, nous avons nos jardins secrets, certes, mais je préfère qu’on se dise qu’on peut se poser des questions l’un l’autre quitte à se dire qu’on ne souhaite pas répondre … et pourquoi pas laisser Marie entrer dans la boucle. »

C’est complexe, mais la jeune femme vit tous les jours de sa vie avec cet esprit. Je ne veux pas qu’il pourrisse ma relation et je préfère de loin la confronter que la laisser insidieusement planter des idées dans la tête de ma femme.

C’est à ce moment-là que mon portable se met à vrombir et je me rappelle clairement ne pas l’avoir rallumé. C’est donc Lucifer qui cherche à me joindre. Un soupir franchit mes lèvres alors que je l’extrais de la poche. Par chance, ce n’est qu’un sms, je prendrais donc le temps plus tard de le lire et reporte mon attention sur la jeune femme. Je ne vais pas lui dire qu’elle est ma priorité si trente secondes après c’est pour ignorer mes propres propos.

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Lorsque je parle de son accent français, il m'évoque ces voyages en Europe et me propose que ce soit nos premières vacances ensemble. Je souris. je suis si heureuse avec lui. Je suis soulagée du poids de mon passé, en tout cas du poids de lui en avoir parlé. Le silence était si lourd à porté, il me rongeait de l'intérieur, mais c'est une chose révolue. Il a était si compréhensif. Je suis également contente qu'il est pu me parler de lui. Nous avons été si intime hier soir, dans tous les sens du terme c'est agréable et pas que physiquement. C'est agréable de savoir que l'on peut se parler ouvertement de tous les sujets, que l'on est soutenu.

- Ce serait avec plaisir ! Encore faut-il que l'on prenne des vacances toi et moi. Nous aimons notre métier, nous nous en sommes perdus de vue ses dernières semaines. Alors avant de songer vacances, il va être bon qu'on régularise nos rendez-vous déjà. Tu ne crois pas ?

Ah bin. Oh moins on est d'accord là dessus. Et en plus j'en conclus que je suis SA priorité, c'est des plus agréables à entendre. Il n'y a rien qui puisse me faire plus plaisir.
Il dit ensuite à voix haute, tout ce à quoi je viens de penser. Si en plus, il lit en moi on va pas s'en sortir. Je suis contente qu'on soit sur la même longueur d'onde au sujet de nos révélations et des futurs qui vont fatalement arriver. Pas que je lui cache grand chose, c'est le plus gros que je pouvais vouloir garder pour moi, maintenant que c'est fait, il n'y a plus que des détails, que je pourrais lui distiller au fur et à mesure de nos conversations sans soucis. mais je comprends bien sur l'idée derrière ça et je me doute que dans une vie de couple il y a forcément des choses qui nous arrive même par la suite que l'on ne souhaite pas forcément révélé.

- J'essaierais de ne pas être trop jalouse alors, si tu gardes des choses pour toi.

Dis-je en souriant plus franchement encore. Je ris même très légèrement.
En revient ensuite le sujet de Marie. D'ailleurs en parlant d'elle, il va falloir qu'elle songe à revenir, ou je vais finir par être mal.

- J'ai bien peur que nous n'ayons pas le choix de toute façon. Elle nous a laissé seuls hier soir, mais je ne pourrais pas me permettre qu'elle fasse ça tous les soirs.

Avec un petit regard malicieux qui en dit relativement long sur ce que je compte bien faire de mes futurs soirées en sa compagnie. Je profite de son moment inattention, à regarder son téléphone, pour me lancer sur le plat de viennoiseries. Il fait que j'en mange un morceau avant de tomber dans les pommes : entre l'absence de Marie et toutes ces émotions en moi, je n'en mène pas aussi large que je le pense et je m'en voudrais de faire un malaise maintenant.
Alors non je ne prends pas là plus proche de moi, mais vers le milieu. Ce que je préfère c'est les pains au chocolat et c'est pas de ma faute c'est vers le milieu. Mes ongles cognent quelque chose de plus dur qu'un simple pain au chocolat. Je prends le dit-pain et aperçois une petite boite carré, bleue. Je souris bêtement. J'ai envie de rire. Pourquoi ? Pas la moindre idée. Je ne m'y attendais pas. Je suis contente avant même de savoir de quoi il s'agit. Je jette un regard vers lui, être sure que personne ne s'est trompée, que c'est bien pour moi. Ok, son regard me suffit pour me dire que c'est bien pour moi. Je pose la viennoiserie près de moi, sur la table, m'essuie les mains. Je me racle la gorge. Je prends délicatement la boite dans ma main. Et l'ouvre de ma main libre. Je tremble un peu, mais je ne me départie pas de mon sourire. Une magnifique perle blanche. Un magnifique collier.

Un léger : "T'es fou !" méchappe. Je n'ose même pas toucher à ce collier. "Il est magnifique !"

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Je souris à sa remarque. Mais un démon de ma trempe ne revient jamais sur sa parole même s’il sait la nuancer, toutefois, je ne compte pas jouer sur les mots et rendre nos rendez-vous plus réguliers ne me paraît pas être insurmontable. J’acquiesce donc, consentant humblement à accéder à sa requête. Lorsque nous en revenons à Marie et le fait de pouvoir se parler librement, je sens que je touche en pleins cœur d’un problème que les êtres sensibles au surnaturel doivent tous être confronté : le mensonge. Se cacher, se dissimuler, mentir à ceux qui nous sont proches pour ne pas s’exposer. Pour ma part, cela ne me gêne pas de mentir, mais cela nécessite un effort considérable de jongler entre mon allégeance pour Lucifer, celle factice pour Azazel et mon jeu face aux humains. Je reste tout de même un Grand juge du tribunal de Chicago. Je note le sourire espiègle qui se dessine sur ses lèvres sensuelles alors qu’elle évoque les nombreuses possibilités qui s’offrent à nous pour occuper nos soirées.

Un regard ardent posé sur elle, je la dévore des yeux en repensant à la nuit que nous venions de passer.

« Dommage, mais je comprends. »

Ne serait-ce pas intéressant d’essayer de comprendre ce que la force de Marie apporte à Inaya pour qu’elles puissent s’émanciper l’une de l’autre. Je me garde cette idée dans un coin de ma tête, ne sachant comment réagirait l’une ou l’autre à ce genre d’insinuation. Je regarde sa main s’avancer vers les viennoiseries et se heurter à l’écrin dissimulé parmi elles. J’ m’esclaffe de rire en l’entendant me traiter de fou. C’est adorable. Pris par son engouement, je me lève et contourne la table pour l’aider à se parer du bijou.

« Je ne savais pas que notre soirée se conclurait en révélation commune sur notre connaissance du monde surnaturel, alors sache que ce collier vient du monde des fées … la perle sertie est chargée de magie et traduit tes émotions en nuances de couleurs. »

Le collier mit, la perle repose sur son sternum et souligne à la perfection son décolleté. Elégance serait la qualification parfaite pour décrire ma femme.

« Tu es ma perle rare … »

Je la regarde, un sourire empreint de tendresse. C’est ainsi que je l’ai toujours vue après tout. Une beauté inouïe et pure, comme cette perle. Je caresse sa joue et mes doigts finissent leur course dans sa chevelure à jouer avec une des ondulations qui encadrent parfaitement son visage.

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Il est déçu, il le dit lui-même et le contraire m'aurait étonné, puisque je le constate moi-même sur son visage. Et oui, on vient en lot elle et moi c'est comme ça. On a essayé de comprendre au début, mais Marie refusait que nos petites expériences ne mettent ma vie en danger, alors on a vite arrêté et heureusement, sinon sans ça je me demande si je serais toujours là pour en parler avec mon beau juge.

Lorsque j'ai le collier devant les yeux, il se lève et fait le tour de la table pour m'aider à le mettre. Une fois fait, je penche la tête et le regard vers la perle. Elle est vraiment jolie. Il m'explique qu'elle contient de la magie de fée et qu'ainsi elle révèle mes sentiments en changeant de couleur. On dirait ses bagues que toutes les petites filles ont porté au moins une fois dans leur enfance qui permettait soi-disant la même chose. Je ne me suis jamais demandée comment ça fonctionné et après avec les années j'avais simplement oublié ce genre de bijoux, mais là allez savoir pourquoi, c'est la première chose qui me vient lorsqu'il me donne ses explications.

- On devrait vite savoir si ça fonctionne vraiment !

Je n'y connais pas grand chose en magie et encore moins celle des fées et je suis un peu comme Saint Thomas, je ne vois que ce que je crois. Pas pour rien que je suis médecin, légiste certes, mais médecin tout de même. Je sais très bien que la magie existe, je la vis au quotidien, mais est-ce une raison pour croire à tout sans aucune preuve ? Non, je ne crois pas ! Sans la présence de Marie en moi, vous ne m'auriez probablement pas aussi facilement fait croire aux esprits et heureusement d'ailleurs; sinon comment caché un tel secret, si tout le monde le croyait à la moindre petite difficulté, au moindre petit signe. Et sans la transformation de Rampa en démon hier, enfin qu'il est reprit sa forme naturelle je veux dire, je pense que je n'aurais pas cru non plus que les démons existent. Je fonctionne comme ça, c'est tout.

Je suis sa "perle rare". C'est très beau. J'aime beaucoup cette expression qui ne fait référence qu'à moi, qui n'est dites qu'à moi. Le petite nuage sur lequel je suis s'élargit de plus en plus. Tout ne fait que confirmer cet état de joie intense dans lequel je me trouve. Je sens sa main sur mon visage, dans ses cheveux. C'est une telle plénitude, un tel sas de décompression, un bonheur parfait, rien d'autre ne compte : ni les klaxonnes qui surviennent de la rue en contrebas, ni l'oiseau venu sur la terrasse pour essayer de rentrer se mettre au chaud, ni le fait que Marie n'est pas encore revenue. Je profite de ce contact physique, sans prononcer un mot, juste lui et moi, maintenant. La perle a bien sur virée au rouge. Rouge de la passion, de la tentation, de l'amour.


Je suis dans le fond de la pièce. Je viens d'arriver. Je vois tout ce dégueulis d'amour à travers cette petite humaine et son démon d'amant. Je la vois, je vois son regard vers lui, elle l'aime c'est évident. Elle n'a donc prêté aucune attention à ce que Silas a pu lui dire l'autre jour, des propos que j'ai pu lui tenir. Elle a foncé tête baissé comme la petite humaine idiote qu'elle sait être parfois. Dieu sait que je l'aime, mais qu'est-ce qu'elle peut-être stupide parfois. D'un côté, j'ai envie de reprendre ma place dans son corps pour arrêter ce spectacle qui me brûle les rétines et d'un autre côté, si je fais ça je vais être envahit de son amour pour lui et je n'en ai pas vraiment envie. Mais je sais qu'elle va bientôt avoir besoin que je revienne et me voilà tirailler entre tout ça.
Je suis en pleine réflexion, les yeux braquaient sur eux, mais dans le vague en réalité, lorsque je sens qu'on m'observe. Le démon a soudain les yeux braquaient sur moi. mais ce n'est pas possible, il ne peut pas me voir, les démons n'ont pas le pouvoir de voir les esprits, seuls les nécromanciens le peuvent, n'est-ce pas ? A y réfléchir, il doit me sentir, enfin ressentir serait plus exacte, avec la "magie" qui coule en moi. Je crois qu'il est capable de ça, je ne sais pas trop, mes recherches sur le domaine n'ont pas été très fructueuses malheureusement.
Je ne suis pas là depuis longtemps, mais notre bataille de regard (que je mène seule) me semble durer une éternité. Compte-il lui dire que je suis là ou s'abstenir ? De toute façon il peut bien lui dire ce qu'il veut, j'aurais beau raconter ce que je veux à la belle Inaya, en cet instant je peux être sure qu'elle ne m'écoutera pas. Même moi je ne m'écouterais pas. Je sais par quel moment elle est passée et est entrain de passer. C'est vieux, mais jamais je n'oublierais ce moment hors du temps après un tel moment de rapprochement avec un homme. Vu le petit-déjeuner et vu leur vêtement, je sais que ça fait déjà un petit moment, mais elle est en plein dedans encore. Je tombe vraiment mal.

Je fais demi-tour, devant autant de mièvreries, de guimauves, appelez ça comme vous voulez.

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Ses yeux qui pétillent et sa spontanéité ne font que plus m’attendrir et je laisse mon regard et me sens en suspend quelques temps avant de me prendre une vague étrange, malaisante … Marie …
Je relève les yeux et mes prunelles se plantent à l’endroit où je devine sa présence. Non, je ne la vois pas, mais je laisse Inaya profiter encore un peu de sa liberté, loin de sa moitié … celle dont j’aimerais définitivement me débarrasser. Je reste mutique encore un temps avant de sentir la présence commencer à s’évanouir, très légèrement. Alors je prends les devants. Un soupir m’échappe avant de parler. Je ne souhaite nullement qu’elle s’en aille car a contrario, je sens ma femme plus faible, facile chez les humains te déceler ceux plus fragile et j’aimerais mieux qu’elle n’en soit pas.
 
« Tu peux revenir Marie ... »
 
Forcément, à peine je dis ça qu’Inaya suit mon regard et se retourne en direction du fantôme. Je suppose qu’elle la voit ou alors ne peut-elle que la sentir lorsqu’elle est là ? C’est vrai que je n’ai même pas posé la question à ma compagne. Je pose donc mes yeux sur elle.
 
« Tu la vois ? »
 
Reportant mon attention dans le coin hanté, je me permets de converser avec l’esprit bien qu’il ne puisse pas me répondre, ou tout du moins je le suppose. 
 
« J’ignore si Inaya te l’avais dit, mais nous avons parlé elle et moi de nos « particularités ». Plus de secret … »
 
Un sourire espiègle se dessine sur mon visage, après tout, je mets toutes les balles dans mon camp en jouant la carte de l’honnêteté et j’aimerais sincèrement que la revenante y voie un signe de bonne augure sur mes intentions. Je ne peux pas dire qu’elle soit toutes louables puisqu’il est vrai que je reste un démon et que mes valeurs morales ne sont pas toujours celles des humains, mais même si je me suis entiché d’Inaya par soucis de feindre la normalité, je trouve important de noter que la demoiselle a su immédiatement capter mon regard et me captiver. Les sentiments sont venus ensuite et beaucoup de choses ont évolué dans ma manière de voir ma relation avec elle, en témoigne les révélations d’hier qui nous ont apporté un certain éclairage sur nos étrangetés. Je pose une main protectrice sur ma belle et je croise ses yeux si bleus, si grands.
 
« Plus de mensonges … »
 
Je joue une carte que jamais je n’aurais pensé, mais la sensation que cela me procure n’a pas de prix. Alors oui, je me sens seul à parler sans n’obtenir aucune réponse, mais je trouve important de faire savoir au fantôme, transparence pour elle aussi, en espérant quelque part aussi la tenir à sa place … ce que je doute puisqu’elle ne s’est pas privé de me dénoncer ?
 
« Je suis Rampa, démon de feu et ma belle m’a vu sous ma véritable forme, je ne pense pas que cela te sois nécessaire … mais je ne compte pas laisser notre différence nous séparer. J’aime Inaya. »
 
Je me sens fort en prononçant ces mots et mon regard suit la présence que je sens. Elle se rapproche de ma belle, lentement, mais surement …
 
 

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Après un moment de silence parfait à mon avis, rien que nous deux, l'un contre l'autre, voici que Rampa s'adresse à quelqu'un. Marie. Il lui dit de revenir. Je regarde dans la même direction que lui, mais je ne vois rien. J'ai n'ai jamais pu voir Marie avant qu'elle n'arrive. Lorsqu'elle est assez proche je sens une présence, comme un souffle froid. Si nous avons pu échanger la première fois c'est que j'avais déjà un pied dans son monde.

- Non, sans elle je n'ai rien de surnaturel en moi. Il n'y a qu'à travers ses yeux que je vois les autres esprits et que je peux ressentir ce qu'elle ressent.

Enfin parfois je fais tout pour l'ignorer, comme lorsqu'elle m'a mit en garde contre son état démoniaque. Elle sentait quelque chose "d'anormal" en lui et je n'ai pas voulu y croire. J'ai eu tord et je prendrais le temps de m'en excusait plus tard quand nous ne serons qu'elle et moi, mais ce n'est pas parce qu'elle avait raison sur son état qu'il est le monstre qu'elle prétend.
Rampa parle seul. Il ne l'entend pas et ne la voit pas, pas simple pour un échange.


- Dès qu'elle voudra revenir vous pourrez discuter, ce sera plus simple.

Plus de mensonges. Il lui dit ça à elle ou à moi ? Aux deux je crois, puisqu'il me regarde, mais il me l'a dit tout à l'heure. Il le réaffirme donc, et potentiellement aussi pour rassurer Marie à son sujet. Je crois qu'il a comprit qu'il aurait à faire à nous deux, qu'il devait composé avec nous deux pour qu'on puisse avancer et j'espère que Marie relèvera cette attention à son égard.

- Non plus de mensonges.

Je lui souris de nouveau, avant de reposer mon regard là où il portait le sien tout à l'heure.
Je sens enfin ce souffle froid dont je parlais. Elle s'est un peu rapproché, mais pas vite. Souvent elle revient dans mon corps lorsque je dors encore, afin d'éviter une certaine sensation désagréable; lorsque je suis éveillée du coup, elle prend son temps, pour me préparer psychologiquement.

-Contente que tu sois là !

Lorsqu'il se présente à elle de manière officielle, je sens cette fraicheur sur ma peau. C'est sa main sur la mienne. Celle de Marie.


Sur ses mots, je me tourne de nouveau vers lui, vers eux, vers elle. J'ai souhaité la protéger dès l'instant où je l'ai trouvé à moitié vivante et à moitié dans mon monde. Mais je ne peux pas la protéger d'elle-même, pas si c'est ce qu'elle veut au plus profond de son cœur et visiblement ce qu'elle veut, c'est lui. Et même si je me ferais aussi discrète que possible pour qu'elle vive ce qu'elle a à vivre (c'est bien pour cela que j'ai agit à l'époque après tout) ne me demandez pas de ne rien dire si le besoin sans fait sentir.

- Plus de secrets, ni de mensonges ? Elle est bonne celle là. Tu comptes vraiment lui dire, tous les gens que tu tueras pour réaliser tes contrats ?

Comment ça j'ai des aprioris sur les démons ? C'est pas ma faute. Et puis s'ils ont une telle réputation c'est surement pas pour rien.
Plus il parle, plus je me rapproche de la blonde.

Ils ne m'entendent pas et il faut reconnaitre que j'en profite. Pas que je sois lâche, mais plutôt réaliste sur la situation et bien qu'Inaya n'est pas le choix que de me supporter pour sa survie et qu'elle m'apprécie, ça réaction face à la vérité sur cet homme me fait douter du choix qu'elle ferait si elle avait la possibilité de se passer de moi. Ce n'est pas le cas pour l'heure, mais on ne sait jamais. Et c'est très égoïste, mais je ferais quoi sans elle moi ? Je n'en ai pas la moindre fichue idée, et je ne veux pas le savoir.
Je sais qu'elle est sincère quand elle dit être contente de me voir et cela me réchauffe un tantinet le cœur. Je vais donc tacher d'y faire honneur, mais qu'il fasse attention à ce qu'il dit.

Il me faut un peu de concentration pour réussir à intégrer son corps et pas seulement à le traverser comme je le ferais avec n'importe qui d'autre. Je n'écoute donc qu'à moitié ses dernières phrases, mais j'en saisi le sens principal, c'est déjà pas si mal. Après quelques instants intense pour moi, mais surtout pour Inaya, je peux enfin communiquer avec chacun d'eux, j'ai retrouvé mes esprits et elle aussi.
Je prends sur moi et tourne sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, pour ne pas lui rentrer dedans, pas trop brutalement en tout cas. Inaya me laisse la place pour prendre la parole et je l'en remercie. L'autre jour ça a été plus fort que moi, je ne lui ai pas laissé le choix, mais je n'aime pas ça, je préfère avoir son accord avant, non pas sur ce que je vais dire, mais sur ma prise de parole tout simplement. Si elle refuse c'est plus douloureux pour elle et désagréable pour moi, c'est pas le but.

- Je vous avoue avoir du mal à saisir qui vous êtes et ça ne me plaît pas et je peux vous promettre que vous n'avez pas intérêt à lui faire du mal. Maintenant, je ne suis pas idiote et j'ai comprit à quel point elle tient à vous...

Surtout après leur nuit, dont j'ai déjà deux/trois images qui parcours mon esprit. Inaya je t'en supplie épargne moi ça, pour l'amour du ciel.

- Alors tant qu'elle le voudra et le pourra je vous laisserai le champ libre tous les deux. Mais ce ne sera pas à votre convenance, uniquement à celle d'Inaya et des possibilités.

Lorsque j'ai vu Inaya pour la première fois, après que je lui ai sauvé la vie et qu'elle m'est permis de trouver un point d'ancrage dans le monde des hommes, je lui ai juré qu'elle vivrait sa vie, que je l'avais sauvé pour cette raison, sinon à quoi bon, si c'est pour l'empêcher de vivre. Je n'aime pas cet homme pour ce qu'il représente, pour ce que je ressens de ce qu'il est, mais je n'ai pas à m'en mêler, plus maintenant qu'elle sait. Elle sait pour le démon, elle sait quels sont les sentiments du vampire à son égard, le jeu est entre ses mains, à elle de voir.

J'aimerais pouvoir disparaître, ne plus entendre ce qu'ils se disent mais ça m'est impossible; ce serait trop beau.

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Inaya me confirme l’évidence. Ella n’a aucun pouvoir en dehors de ceux que lui confère son habitante. Tant mieux, cela veut aussi dire qu’elle ne sent pas mon aura, celle qui m’a justement trahi auprès du vampire et de la spectre. Je peux la dissimuler, mais il m’arrive d’oublier. Après tant de millénaires, je devrais pourtant le faire, ne serait-ce que pour avoir la paix auprès de mes congénères et évoluer au milieu des humains sans encombre.
 
Je contemple le manège qui se joue devant moi et la belle se revoie posséder par Marie. Je pince mes lèvres alors qu’une autre fatalité m’apparaît. Je n’aurais presque jamais la paix avec elle dans les parages et pourtant, elle a fait d’Inaya ce qu’elle est aujourd’hui.
 
Je fronce les sourcils alors que le timbre de voix de la jeune femme se module légèrement différemment. Le vouvoiement est de mise, c’est Marie qui me parle. Je souris de toutes mes dents en l’entendant émettre ses doutes.
 
« Tu ne conçois donc même pas que je puisse tenir à elle sous prétexte que je suis un démon ? »
 
Je tourne autour de la chaise pour faire face à ma princesse et croise les bras sur mon torse.
 
« Cela serait compliqué de t’expliquer toute mon histoire, mais sache que je ne suis pas le moins du monde en quête de pouvoir ou quoique ce soit de ce genre, je ne cherche pas à nuire aux humains, je me plais sur terre. »
 
Je lui adresse un regard plus sévère que ce que j’aurais souhaité, mais je trouve inconcevable de devoir me justifier auprès d’une âme qui aurait dû depuis longtemps passer les portes vers sa destination finale : Enfer ou Paradis, que m’importe.
 
Quelle ironie tout de même, moi, fils de Penemue, l’ange déchu qui a appris aux hommes à mentir, je me retrouve à être des plus sincères.
 
« Si tu le souhaites, je te laisse autant qu’à Inaya la possibilité de me poser des questions, mais ne la détruis pas. Si elle a besoin de comprendre les choses progressivement pour m’accepter, j’aimerais que tu respectes son choix plutôt que de médire gratuitement sur moi. »
 
Je décroise mes bras et passe mes mains sur mon visage pour évacuer une sorte de frustration. Un soupir franchit mes lèvres et je finis par tourner le dos à ma princesse. Pas que cela ne soit trop dur de devoir contempler l’amour de ma vie et de n’avoir que la froideur d’une âme égarée … si, c’est sans doute cela. L’image d’Inaya, portant son regard sur moi sans une once d’amour et un certain mépris ou dédain me heurte. C’est sans doute un autre problème qu’il me faudra travailler, je crains ne pas bien savoir conserver un tempérament raisonnable lorsqu’il s’agit d’elle.
 
J’hésite. J’ai envie de laisse Marie et Inaya ensemble et en même temps, j’ai attendu trop longtemps avant que nous ne nous revoyons et pourtant … je peux bien faire ça pour ma douce. Je me tourne une fois encore vers elle. C’est à elle de décider si elle veut me foutre dehors après tout et elle et Marie je suppose …
 
 

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- Difficilement, je dois le reconnaître, mais j'attends que vous me prouviez le contraire.

En réalité, il n'a rien à me prouver et vu comment la discussion est partie, je doute qu'il le fasse, mais ses actes me montreront qui il est, nul besoin de parole, c'est même chiant la parlotte. Bon bin par contre le tutoiement, ça va vite m'agacer alors que je le vouvoie, donc je vais arrêter ça tout de suite. Il n'a rien de plus que moi après tout. Et vu les circonstances, je veux pas en plus qu'il me prenne de haut. Je ne suis peut-être qu'un esprit, mais il va devoir faire avec moi qu'il le veuille ou non, alors un peu de respect. Je demande pas la lune, merde.
Inaya commence à s'agacer de notre échange houleux, mais elle prend sur elle. Elle sait que c'est inévitable pour entamer un échange et peut-être une amélioration des choses.

- C'est mal me connaître ! Je n'ai rien dit de tels, simplement ce que je ressentais de toi et il s'avère que j'avais raison. Elle devait savoir avec qui elle comptait passer du bon temps... Un démon qui éprouve des sentiments, j'avoue que ça ne semble pas correspondre.

Et vraiment, qui pourrait me blâmer pour ça ? Depuis quand un démon éprouve des sentiments excepté la jouissance, l'envie de pouvoir. C'est dans aucun manuel ça et si ça n'y est pas, c'est probablement pour une bonne raison.
Inaya et moi n'avions jamais connu un tel désaccord sur quelque chose, ou sur quelqu'un. Nous pouvions avoir des avis divergents, mais nous pouvions en discuter, là il me semblait que le contact était rompu.
Si seulement elle pouvait se passer de moi, je sais qu'à l'heure actuelle, elle me demanderait de partir. Si je le pouvais Inaya, je le ferais. Si je n'avais pas si peur pour ta vie ! Avec les années, elle était devenue comme ma petite soeur, une soeur que l'on aime plus que tout et que l'on protégerait envers et contre tout.

Il se retourne, soupire. Je n'insiste pas, je n'ai pas vraiment envie de finir cramer.

- Pour l'instant ta parole me suffira, je n'ai pas l'intention de me battre avec toi. J'espère de ne pas avoir à le regretter.

Inaya paraît soulager de m'entendre dire cela. Je suis sincère après tout, elle le sait bien. "Mais compte sur moi pour te pourrir la vie si tu lui fais du mal garçon." Inaya roule des yeux à cette nouvelle remarque. Il semble près à partir. Inaya ne le souhaite pas, et en même temps pour connaître un certain apaisement, elle serait prête à ce qu'il parte et bien malgré nous, je ne peux que ressentir se tiraillement et me sentir mal pour elle. A mon tour de soupirer. Je laisse Inaya dire ce que je pense de la suite du programme, pas envie de passer pour la méchante.

- Marie se demande si tu as quelques heures devant toi? Je ne travaille pas aujourd'hui. Elle m'invite à me reposer un peu et après elle nous laissera un peu de temps pour nous.

Si je compte m'éterniser plus que nécessaire dans le corps d'Inaya en présence de cet individu ? Non aucun risque. Il peut être tranquille la dessus.
Je sens quelque chose autour de son cou, je baisse les yeux. Mazette ! C'était pas là hier ça, ni les jours d'avant. Je comprends aux pensées de la blonde que c'est un cadeau. Je fronce les sourcils. Bon il a pas trop mauvais goût déjà.

- Laisse moi le temps d'un film et je disparais pour le reste de la journée. Inaya dis moi si je me trompe, mais il semble qu'on pourrait se faire "Un coup de foudre à Notting Hill", tu adores ce film, non !

Dis-je après avoir prit deux secondes pour analyser l'état général de la médecin légiste. Rien que l'idée d'être coller/serrer avec lui le temps d'un film me défrise, mais vu sa tête, lui aussi en semble enchanter. Je souris bêtement, ravie de mon petit effet. Je ne peux pas faire mieux, si je ne veux pas avoir à revenir en catastrophe et revoir ce mec de la journée. Quand à l'idée du film ? S'il veut rester avec sa chère et tendre, il va devoir supporter ce film et pour un démon, ça peut-être comique. J'ai hâte de voir sa tête !

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Je hausse les épaules, indifférent à sa demande. Je n’ai rien, mais absolument rien à lui prouver. S’il y a une personne sur terre qui pourrait me faire cette demande, c’est Inaya et je ne pense pas me tromper en pensant qu’elle ne souhaite pas des preuves en tant que telles, mais du concret, ma présence aussi malgré mon travail et le sien et un quotidien ma foi des plus ordinaires pour un jeune couple comme le nôtre. Ce sera peut-être bien là le challenge, ne pas la mêler aux affaires du maire, de Barabas et des autres démons qui gravitent plus ou moins autour de moi.

« Tu as sans doute plus vu les démons « inférieurs » si je puis dire … encore une fois, à l’époque où je suis né, la notion de bien et de mal n’existait pas comme aujourd’hui alors tu ne peux pas attribuer de mauvaises intentions à un démon comme moi. Je suis fait d’autres choses, d’autres désirs et peut-être même que tu y reconnaîtrais là ce qui fait la base de tout humain … vous ne venez vous-même pas de nulle part et il y’a beaucoup d’humain parmi vous qui ne savent même pas qu’un millième de leur sang vient d’un démon. Cela n’en fait pas pour autant de mauvaises personnes et l’inverse pour les anges est vrai aussi … cela n’en fait pas de bonnes personnes. »

Encore une fois, pour le manipulateur que je suis, je me vois capable d’une des plus grandes sincérités, bien que cela soit de mon point de vu certes. Toutefois, j’ai une pensée pour mon filleul et son cher et tendre et j’en viens même à croire que leurs origines et leur amour sont bien la preuve que rien dans ce monde n’est inné.

Et sinon, je ne vois pas ce qu’elle pourrait regretter puisque pour moi, elle n’a rien à dire et le bon jugement d’Inaya devrait amplement lui suffire. Je ne compte pas la faire souffrir, la quitter, la blesser ou quoi que ce soit de néfastes lui arriver. Je serais là pour elle, son chevalier en armure blanche … ou plutôt le dragon qui défonce le chevalier parce que lui aussi a des sentiments pour la princesse. En revoyant ma douce me parler à nouveau, son regard changer et ses dires devenir tout autre, un sourire me fend le visage et je me rapproche fissa d’elle pour poser mes mains sur ses épaules. Autant dire que je déchante vite en remarquant que Marie reprend la parole par la suite, mais je prends le parti de ne pas me défaire de sa proximité. Il faudra bien que je m’y fasse de toutes manières.

« Juste un truc avant de te répondre. »

Souhaitant toutefois ponctuer mes propos en fonction de ce que me demande mon supérieur, je me permets dans un premier temps de prendre le temps de lire le SMS précédemment envoyer par Lucifer. Je fronce les sourcils brièvement m’imprégnant de ces nouvelles informations avant de le faire disparaître dans ma poche. Rien d’urgent définitivement et je sais qu’au tribunal, rien ne m’attends à part des monticules de paperasses qui pourront très bien attendre un autre jour.

« Je te confirme que je suis libre aussi, peu importe le film, tout me va ! »

Si je fais une tête contrariée, cela n’a rien à voir avec le choix cinématographique de l’esprit, mais plutôt le message que je viens de lire.

Je profite du temps d’installation par la demoiselle pour rallumer réellement mon natel et prendre connaissances des autres messages laissés également par des humains, essentiellement le travail d’ailleurs. Je les consulte distraitement avant de me concentrer sur GoogleMaps afin de faire un rapide visionnage de la zone qu’on m’intime d’inspecter. Un quartier où Lucifer a décelé la présence des pouvoirs de Barabas de manière bien trop importante, il me faudra y faire un tour et voir ce que j’en fais ressortir. Je délaisse mon téléphone lorsque je constate que ma belle a quasiment fini et je m’assieds dans le canapé juste avant qu’elle ne me rejoigne à son tour, mon bras par-dessus ses épaules et sa chevelure dorée qui vient me caresser le visage. Je dépose un baiser sur son front ne m’inquiétant pas de la présence de la spectre, après tout, ce n’est pas la première fois que nous sommes aussi câlins en sa présence, juste qu’avant je l’ignorais … disons plutôt que je l’ignorais involontairement et là, volontairement.

« Je ne connais pas du tout par contre … c’est quoi comme film ? »

Marie a raison cela dit … je vais vite déchanter, mais juste que je ne suis pas du tout réceptif à ce genre de mise en scène complétement tiré par les cheveux. Après tout, ce n’est là que ce que je demande. Passer du temps avec elle et je compte bien m’y tenir. C’est bien sûr avec ce genre de raisonnement qu’une idée me vient à l’esprit, une idée qui me fait me mordre la lèvre, ne sachant si cela est prématuré ou non … je l’ignore. J’aimerais lui proposer que nous emménagions ensemble, cela résoudrait os problème d’emploi du temps compliqué, nous aurions juste à nous retrouver le soir après notre travail et nous réveiller le matin comme celui-ci et pourtant, même si je me dis que mon idée n’est pas si mauvaise, cela ne fait qu’une nuit qu’elle est au courant de mes pouvoirs et moi des siens. Peut-être cela serait plus prudent de lui permettre de s’habituer à mon identité complète avant de passer le cap. Je la sers un peu plus contre moi et la sens se raidir, aucun doute que Marie n’y est pas pour rien, mais je n’en tiens pas rigueur encore une fois. Le film se termine et je sens ma belle toute émue contre moi. Au final, je n’aurais pas suivi grand-chose de l’histoire.

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