Discussion fantomatique - ft Jonathan

J'en avais mit du temps, mais ça y est j'y étais enfin. Entre les soirées avec le démon Rampa, les journées de travail et la santé même d'Inaya, sans compter le retour d'entre les morts de sa cousine, je n'avais pas lâché Inaya une seule fois des yeux depuis notre retour de la croisière sur le Hollandais Volant.
Durant ce mois d'août, j'avais aperçu un fantôme. Au début je l'avais prit pour un ancien membre d'équipage, mais non, il n'en avait définitivement pas le physique ou le langage. J'avais essayé plus d'une fois de lui parler, mais sans succès, allez savoir comment, il avait le don de disparaître lorsque j'arrivais dans la pièce : en faisait-il donc exprès ou était-il simplement inconscient de ma présence, j'espérais avoir cette réponse aujourd'hui.

Je m'étais donc rendu dans le bar de Luther, le loup-garou. De nombreuses créatures y élisaient régulièrement domicile, ne serait-ce que pour se réunir. Oh bien sur ils devaient resté discret puisque mélangés à des humains, mais le tout se passait dans la bonne ambiance. Personnellement je n'avais pas ce problème. J'allais avoir quelques difficultés à commandé à boire puisqu'Inaya était sur le point d'aller se coucher (sans moins elle se fatiguée plus vite que d'ordinaire), mais je m'en fichais pas mal. Après presque quatre-vingt ans, j'avais apprit quelques petits tours sympa en tant que fantôme, mais ce n'était pas le but de mon excursion du soir. Je me posais simplement pas mal de questions sur cet homme et sa présence dans le coin en tant que fantôme : pourquoi ? depuis combien de temps ? Oh bien sur Chicago était une vaste ville et Inaya n'était pas la personne la plus attirée par le surnaturel que je connaisse. Elle n'abusait jamais de mes capacités, même pour son travail, disons que ça me venait et je lui en faisais part, mais ça s'arrêtait là. C'est plutôt le surnaturel qui avait tendance à venir à elle : regardé ce benêt de vampire qui l'aimait et lui avait dit de la plus étrange des manières ou encore ce démon que j'aurais aimé qu'elle quitte rapidement, mais je n'y pouvais rien. Malgré toute ma bonne volonté, elle y restée accrochée comme une moule à son rocher. J'en aurais levée les yeux au ciel si mon éducation "obsolète" dirons certains ne me recommandé pas la retenue. Oh j'avais évolué depuis les années 40, mais j'avais certains vieux restes ne vous en déplaise.

J'arrivais enfin dans ce bar. J'aperçois la belle Ava. Si seulement j'avais encore mes capacités corporels je crois bien que j'aurais tenté ma chance avec cette demoiselle, j'adorais son côté un peu sauvage de loup garou, mais ma seule tentative avait été de la bouche d'Inaya et évidemment ça n'avait pas porté ses fruits.
Je file m'installer à une table haute du bar et j'attends. J'ai toute la nuit devant moi, on verra bien s'il vient. J'en profite pour continuer d'observer la belle serveuse avec ses allers et retours dans la salle. Ça fait très voyeur, je vous l'accorde, mais je ne compte pas aller chez elle pour la voir nue ou ce genre de chose je vous rassure, je ne suis pas comme ça. je profite simplement de la belle vue qui m'est offerte en cet instant, rien de plus.

Ce voyage en bateau? Pas ma came. Je ne remercie pas franchement Marcus de m'avoir "proposé" l'idée. Faut dire ce qui est, j'ai le mal de mer. Et une chance de cocu de pas avoir traversé la coque pendant cette foutue tempête. Bref, le plancher des vaches, ça me va très bien aussi. C'pas comme si ça avait été intéressant, de toute façon. Boudeur? Vacciné surtout. On ne m'y reprendra pas.

D'accord, j'avais également dit qu'on ne me reprendrait pas à aller trainer dans ce satané bar bondé d'être surnaturels où il se trouve pas un con capable de percevoir la présence d'un fantôme, et il se trouve que j'y retourne comme une mouche qui retourne se griller les ailes sur un de ces grilloirs à mouches. Tout simplement parce que j'ai beau apprécier mon frère et mon colocataire indésirable, j'ai envie, non, besoin, de voir d'autres personnes, et si ça peut être associé à une atmosphère saturée de tabac, je prend. Bon, la tentation d'un verre inaccessible est une torture, mais je fais avec ce que j'ai.

C'est là que je la remarque, faussement appuyée contre une table haute à proximité du bar. J'l'ai développée aussi, cette technique du "faussement appuyé" contre une surface intangible pour moi. Assez pour la repérer quand je la vois. Et ok, je suis quand même foutu de repérer un fantôme quand j'en vois un. Y a qu'un truc que j'ai jamais testé, cela dit... un fantôme peut toucher un autre fantôme? Et dégagez avec vos idées salaces, j'dis juste pas non à une stupide poignée de main après tant de temps privé de tout contact humain, si on excepte les rares fois où mon frère m'octroie quelques dizaines de minutes de liberté hors de mon plan d'existence actuel. Ce qui me fait justement attirer son attention tout en m'arrêtant à coté d'elle, regardant dans la direction où son regard semble bloqué.

"On admire la vue?" Dans le coup, je laisse mes yeux s'éterniser un peu sur ce qu'il y a à voir. "Faut dire que le paysage est plutôt agréable à observer." Je reporte le regard vers elle tout en lui tendant une main qu'elle attrapera peut-être ou pas... qu'elle pourra ou pas attraper... "Jonathan. Et vous avez l'air moins dingue que les fantômes que je croise d'ordinaire."

Je suis sur un petit nuage. J'ai la plus belle vue du monde, enfin vous m'avez compris. Et la seule chose qui m'empêche de l'abordée, c'est cette putain de vie qui fait quand même temps d'avoir cette chance, je suis si loin de l'avoir. Je suis interrompue dans mes pensées par un homme du même acabit que moi, entendez par là, qu'il m'a vu et que donc il est soit médium, soit c'est lui aussi un esprit. Et vu sa façon de se tenir, je penche pour la deuxième option. Moi aussi j'ai l’œil pour ces choses là. Ça fait pas loin de quatre vingt ans que je pratique l'art d'être un esprit, je crois pas qu'il y en est beaucoup qui me suive. Passé un certain "âge" les esprits finissent mal en général. Ils ne trouvent plus de raison de rester là, ceux leur ayant fait du mal et les ayant obliger pour ainsi dire à rester sur terre comme esprit ayant disparu. Pour ma part, bien que l'homme qui m'a fait subir tout ça soit décédé depuis quelques années, j'ai trouver une raison de rester "en vie" : Inaya. Je lui ai sauvé la mise et elle m'a sauvé la vie. On a été quitte dès le début elle et moi. Je ne la remercierais jamais assez pour cette chance qu'elle m'a offerte, malgré la peur qu'elle a pu ressentir quand nous nous sommes rencontrer, ou malgré nos différents de ces dernières semaines. J'ai juré de guérir son corps et de la maintenir en vie, pour qu'elle elle puisse avancer, s'épanouir, je n'ai jamais dit que ça allait être facile tous les jours. Mais je ne lui ai jamais mentit et je ne compte pas commencé maintenant. Je le sens pas ce démon, j'y peux rien.

Bref, je m'égare là. Lui aussi approuve cette vue : Pas touche, j'étais là la première, non mais !

- Oui pas mal en effet !

Et voilà ma chance. L'homme devant moi et celui que je cherche. Je suis ravie. Je vais enfin pouvoir avoir cette discussion.

- Enchantée Jonathan. Moi c'est Marie. Je prends le compliment.

Je prends quelques instants de réflexion. J'en ai besoin pour effacer la belle Ava de mes pensées et revenir au sujet qui me préoccupe.  Je dois d'abord être sûre qu'il est bien l'homme que je crois qu'il est :

- Dites moi, vous n'auriez pas été sur un navire pour une croisière cet été ? Le Hollandais Volant ?

Au nom du navire s'il n'est pas celui que je crois, il va bien se marrer.

Je lève les mains pour lui signifier ma totale innocence quand il devient évident qu'elle défendra bec et ongle cette "vue parfaite" que j'ai sans doute moins apprécié qu'elle. Non pas que la dame en question ne soit pas agréable au regard. Mais j'ai d'autres priorités.

"Elle est toute à vous. L'infidélité est bien le seul défaut qui ne figure pas sur mon CV."

Le compliment? Ah oui, le truc du "moins dingue que le reste de mes rencontres fantomatiques". Faut dire que la plupart des fantômes se croisent dans les cimetières, et soyons honnêtes, y a de quoi tourner dingue rapidement à rester dans ces quartiers là. Déjà que cette intangibilité permanente arriverait presque à me faire tourner chèvre... sérieusement, je passerai pas dix ans de plus comme ça, alors Matthew, t'es sympa, tu te bouges le cul de me trouver une solution, ton mec peut attendre... dixit le type qui donne des conseils à son frangin pour pas faire péter son couple avant que l'histoire commence... oui ben vous avez déjà essayé de trouver une bonne histoire sur Wattpad, et au bout de trois chapitres passionnants... y a jamais de suite? C'est frustrant. Donc ouep, je veux voir la suite. Seule raison pour laquelle j'aide. Pourquoi sinon? Je reste un foutu demi-démon, j'ai pas vraiment l'altruisme dans le sang. Et oui, j'espère être convaincant en disant ça.

"Pour mon plus grand malheur. Et je vous promet de ne plus m'approcher de ce rafiot de sitôt. Ou d'un autre d'ailleurs. Je ne me rappelais pas que j'étais sensible au mal de mer avant ça."

Faut dire que je n'y étais pas. Sinon je n'aurais pas voyagé autant que j'ai pu voyager en quatre siècles et demi d'existence. Mais ça va sans doute avec tout le reste de cette merde qui m'est tombé sur le coin du nez depuis ma sortie théâtrale. D'accord, mettons ça sur le compte des conséquences de mes magouilles magiques, même si je suis convaincu d'avoir repris la mer depuis que j'ai octroyé une partie de mon immortalité à Ziva. Les souvenirs se mélangent parfois, quand vous vivez aussi longtemps que moi.

"Vous y étiez aussi, je présume? Sans doute avez-vous passé moins de temps que moi dans la cale à maudire le nécro qui vous a assuré que c'était là une brillante idée de vacances."

Il m'arrive de comprendre comment se créent les poltergeists, sincèrement. Ce gosse est... Non, c'est même pas un gosse en vrai, mais quand vous le voyez se comporter comme il sait le faire, vous êtes incapable d'affirmer qu'il a plus de quinze ans. Et j'ai vu grandir mes petits-fils, je sais de quoi je parle en matière de développement d'adolescent.

- Vous étiez marié ?

Il a l'air sincère dans ses propos. J'ai envie de le croire.

J'évoque ensuite le Hollandais Volant et une chance, il ne nie pas y avoir mit les pieds. Il m'assure qu'il ne s'en approchera plus jamais et quand on sait tout ce qui s'y est passé, on ne peut qu'approuver son choix. Des gens en sont morts, ce n'est pas rien. Le mal de mer ? je me demande si ce n'est pas du à notre condition, je n'en suis pas sure, mais ce n'est pas impossible. Durant ma première vie, je ne me souviens pas d'avoir mit les pieds sur un bateau, mais les rares fois où j'ai laissé Inaya avec son beau juge durant cette excursion, j'avais le mal de mer. ce sera une idée à creuser quand j'aurais cinq minutes. Pour un fantôme, j'avais une vie plutôt bien remplit, ou plutôt était-ce Inaya qui avait cette vie bien remplit, mais il y a désormais plusieurs années que nous ne faisions qu'un alors sa vie était devenue la mienne en quelque sorte. Je la vivais par procuration.

- Je ne saurais quoi vous dire. je n'ai pas souvenir d'avoir mit les pieds sur un bateau avant ma mort, alors qui sait si j'avais déjà le mal de mer avant cette croisière ou non.

Il est resté dans la cale la majeur partit du temps ? Pourquoi ? Malgré les difficultés, nous y avions passé quelques bons moments, c'est dommage !

- Dans la cale, pourquoi ? Je sais que ça n'a pas été de tout repos, mais ce fut un magnifique moment à d'autres occasions. Nous avons vu de si belle chose, comme les tréfonds du Bélize, un spectacle fabuleux.

Je ne compte pas lui expliquer pour l'instant qu'à ce moment là j'étais dans le corps d'Inaya, je ne tiens pas à la mettre en danger tant que je n'en saurais pas davantage sur lui. Pas qu'il est l'air méchant, mais Inaya a accepter d'être l'hôte d'un fantôme, ce n'est pas le cas de tous les humains. Si un autre lui demandait, elle pourrait bien accepter cette folle, alors non je ne tenterais pas le diable. Un esprit rongeait par la vengeance pourrait lui faire énormément de mal sans même s'en rendre compte, simplement par des actions irréversibles.=, dont Inaya serait pas conséquent la seule suspecte. Cette petite finira par causer ma perte, mais que voulez vous, je me suis attachée à elle, je pourrais même dire que je l'aime, un peu comme une grande soeur.

- Le nécro ? Un nécromancien ? Vous connaissez un nécromancien ?

Ce passage là de la croisière m'avait apparemment échappé. Étonnant, surtout que les nécromanciens sont l'une des rares espèces à pouvoirs nous voir et nous parler.

"Et je le suis toujours. J'compte pas que cet état qui est le mien actuellement soit un truc définitif v'savez."

Je vois bien qu'elle essaye de réfléchir à savoir si le mal de mer la concerne également ou pas. S'étonnant en se méprenant sur le fait que j'aurai passé l'ensemble de la traversée dans la cale. Pas toute la traversée non. Peut-être 80%, quelque chose comme ça.

"J'ai bravé quelques traversées avant cela. Non pas que j'ai jamais été un grand fanatique des voiliers, mais c'était le moyen de locomotion le plus rapide. Le seul pour rejoindre certaines terres, d'ailleurs. L'Angleterre n'est pas connue pour ses voies terrestres vers le reste du monde. Mais je n'avais pas re-essayé depuis un ... léger ... incident magique de mon cru. Qui m'a rendu moins résistant que je ne l'étais auparavant. Et voilà comment j'en arrive à me retrouver dans un bar face à des verres qui m'appellent sans que je ne puisse leur répondre. L'enfer aurait surement pas été pire."

Ce qui me frappe autant que mon allusion à mon dérangeant colocataire la frappe elle, c'est que je n'ai pas le moindre souvenir de l'avoir seulement aperçue sur ce navire, mais on ne peut pas dire que je m'y connaisse réellement en fantômes. Je m'y connais déjà à peine dans l'art et la manière d'être un fantôme alors... le livre de sorts de feu mon paternel n'est pas vraiment axé sur le sujet, pour ne pas dire que je n'ai jamais du trouver le moindre sort qui en cause. Et ce même si Matthew semble plus doué que moi sur le sujet, ce qui m'amène à croire que le paternel devait bien avoir un grimoire ou deux sur le sujet quand même.

"Un nécromancien oui. Il a son adresse fixe dans mon appartement, bien qu'il soit sur ce maudit voilier à peu près 300jours par an.
Enfin, hormis être capable d'organiser une réunion d'esprits à laquelle on m'attendra longtemps et faire de ma vie un enfer, j'ignore quelles sont réellement ses capacités."

Je passe une main dans mes cheveux, ne changeant pas grand chose à l'état de perpétuelle bataille dans lequel ils se trouvent, et je fais un tour visuel des lieux, tâchant de voir les choses avec le regard moins "désespéré" par ma situation actuelle. C'est pas gagné.

"Et sinon, ça fait longtemps que vous êtes de ce coté-ci de la barrière?" Je me reprends aussitôt, trouvant la formulation mauvaise. "Pardon, loin de moi l'idée d'être indiscret, je suis juste curieux de savoir si vous avez plus d'idées que moi pour s'occuper quand on ne peut même pas s'allumer une cigarette."

- Vous faisiez quoi avant ? Enfin vous parliez de magie ? Vous étiez sorcier ? Démon ?

Curieuse ? Plus que jamais. Tout cela m'intrigue. Je souhaite en savoir plus et en même temps j'ai peur de me montrer intrusive... C'est peut-être déjà trop tard d'ailleurs. Mais lui aussi en envoie des belles, on est quitte. Si il y a longtemps que je suis morte ? Plus longtemps que je ne veux bien l'admettre !

- Environ 80 ans. Et vous verrez avec le temps vous apprendrez à faire deux/trois tours sympa aux mortels.

Si je fais fi de son envie de ne pas rester fantôme toute sa vie ? Clairement. Mais je n'ai jamais vu personne réussir à revenir d'entre les morts. Et même si c'est possible, je ne suis pas sûre que l'univers soit d'accord avec cette possibilité. Ça cause forcément quelques menus soucis. Enfin, je dis ça j'en sais rien, faudra demander au nécro', tiens!

Je ne m'en sers pas souvent, mais je lui montre un petit trick : je tend ma main vers un verre un peu plus loin sur le bar. Je me concentre quelques secondes et ma main finit par ne plus passer au travers, mais l'attraper.

- Bon, je vous l'accorde, ça sert pas à grand chose, mais ça permet de s'amuser un peu.

Je soulève légèrement le verre. La personne à qui il appartient le suit des yeux, hébétée. Je joue quelques instants avec, faisant tournoyer le liquide qui se trouve à l'intérieur, avant de le lever un peu plus haut, comme si j'allais lui vider sur la tête, avant de le reposer un peu fort.
Tout cela me demande de la concentration et je ne peux pas le faire avec des objets très lourd, mais ça me permet de me remonter le moral quand c'est un jour sans. Et puis je ne fais pas grand mal de cette manière.
Je me rassois sur le siège dont je viens de me lever pour faire ça. Oui, oui assise, ça aussi ça me demande un certain effort, pour ne pas me ramasser par terre.

"Demi-démon. On choisit pas son père, je vous dirai. Et vous?"

Parce que je n'y connais pas grand chose en fantômes, mais si tous les humains en devenaient, ça serait quand même super peuplé dans les parages. Rien qu'avec les accidents de la route et les tueries de vampires, des morts violentes, y en a un sacré paquet dans le quartier, à longueur de journée. Ou de nuit concernant la seconde option. Bref, elle a l'air versée en magie en prime, alors l'hypothèse qu'elle l'était avant sa mort n'est pas si grotesque, à mon avis.

"80 ans, rien que ça... j'aurai pas la patience d'attendre aussi longtemps, croyez-moi."

Son tour de passe-passe peut se révéler amusant, effectivement... sans doute les trois ou quatre premières fois qu'on l'utilise, je dirai. Quand je vois la concentration que cela me demande de pouvoir entrer en contact avec quelque chose de tangible, je ne suis pas sur que le jeu en vaille la chandelle. Mais je n'ai pas envie de doucher son enthousiasme, on est assez d'un seul à déprimer, pas besoin de deux. Putain ce que je donnerais pour un verre! Un bon vieux whisky pur malt de 12 ans d'âge, importé directement d'Ecosse... j'en ressentirai presque la brûlure dans ma gorge rien qu'à y penser.

"Et vous n'avez jamais tenté de trouver une manière de quitter cet état? D'une façon ou d'une autre?"

Pour être plus clair? En trouvant un chemin vers la vie... ou vers la mort définitive. Notez que la seconde option m'ennuie plus que la première, surtout quand on est habitué à une certaine forme d'immortalité depuis toujours, mais si l'option existe, il peut être bon d'y réfléchir. D'accord, sans doute que Marius aurait plus de réponses qu'elle à m'apporter sur le sujet, c'est son boulot de faire passer les gens d'un état à l'autre, non?

- Tout ce qu'il y a de plus humaine. Pas la mort des plus douces et le fait que je ne l'accepte pas tout simplement. Enfin c'est peut-être plus compliqué que ça, mais c'est en tout cas tout ce que j'en ai retenu. Puis je me dis que c'est peut-être pas arrivée pour rien, que je suis là pour une bonne raison, même si je sais pas encore laquelle.

Enfaites je pensais savoir. Je pensais avoir trouvé la raison de ma non-mort véritable : la mise sur mon chemin de la douce Inaya. Si je ne me baladais pas dans le coin au moment de son agression, elle serait morte et ne pourrait plus m'emmerdait chaque jour que Dieu fait avec son démon.

- Après quelques décennies j'ai essayé de trouver un moyen d'en finir, puis je me suis fait une raison. C'est pas la meilleure vie qui soit c'est sur. Mais ça me permet de rencontrer de nouvelles personnes et d'apprendre à les connaître, même si eux ne le savent pas. J'essaie d'en apprendre toujours un peu plus sur ce qui m'entoure : les démons, les vampires, j'ai même croisé une fée ou deux. Je n'aurais jamais eu la chance de les connaître, de vous rencontrer, si j'étais morte à l'époque et je n'aurais plus la possibilité de rencontrer personne demain si je trouvais un moyen plus définitif de mourir... Quand à revivre, je n'y crois pas. A l'époque je croyais en Dieu et j'y crois toujours si je prends deux minutes pour y réfléchir. Et je crois que la mort à un sens. Si jamais c'était possible de revenir, même si je n'y crois pas, qu'elle en serait le prix ?

J'ignore s'il répondra à cette question ou non. Elle n'est pas vraiment dédiée à obtenir une réponse. Il s’agissait plus d'une réflexion personnelle.

"Vous croyez en Dieu et en le destin. Surprenant mélange."

Non, mon intention n'était pas de me montrer sarcastique, mais en matière de religion, vaut toujours mieux se méfier du message interprété dans nos paroles. Surtout quand on est en partie démon, croyez bien.

"J'ai été élevé dans une église, vous savez. Ca n'a pas fait de moi un bon chrétien, au contraire. Mais je respecte les croyances de chacun, tant qu'on n'essaye pas de me les mettre dans la tête de force."

Ce qui signifie?

"Tout ça pour dire que je ne compte pas sur une puissance supérieure pour me sortir du pétrin dans lequel je me suis fourré tout seul comme un grand. Quand au prix à payer, je doute qu'il dépasse celui que j'ai déjà payé pour en arriver là. Enfin, nous verrons bien. Ce qu'il me faudrait là, c'est un verre, et un grimoire."

Mon grimoire. Sans doute que j'ai de quoi me dépanner dedans, étant donné que je suis loin d'en avoir parcouru toutes les pages depuis que mon géniteur me l'a laissé. Pas que la magie noire ne m'ait jamais intéressé, juste que je n'ai jamais fait le tour du pavé de 5cm d'épaisseur que cela représente. Je le regrette aujourd'hui, faut dire. J'aurai du tout apprendre par cœur, étant donné que même si je savais où il se trouve, je serai bien embêté d'en tourner les pages.

- J'y croyais à l'époque et disons qu'aujourd'hui je sais qu'il existe, lui et ses anges, c'est quelques peu différent que de croire vous avez raison.

Je l'écoute me répondre. Il a l'air d'avoir un sacré passif, plus que ce que ses paroles ne veulent bien en dire. Nous en avons tous un après tout. Nous devons juste apprendre à vivre avec. C'est lui qui fait de nous ce que nous sommes, nous n'avons pas à en rougir. Ca ne nous empêche pas d'évoluer.

- Je vous rassure je ferais une bien mauvaise bonne soeur et encore moins un ange pour prêcher la bonne parole, je laisse ça à d'autre.

Un verre et un grimoire ? Il est encore trop "jeune" en tant que fantôme pour se servir de l'un comme de l'autre. A noter que je ne bois plus rien depuis des décennies, même si j'arrive à en attraper le contenant lorsque je me concentre assez.

- Vous en feriez quoi ?

Je pourrais bien l'aider à tourner deux trois pages, mais je ne laisserais pas un demi-démon créer encore un peu plus de cahot sur cette terre. L'autre affreux qui sert de petit copain à Inaya essaye de me dire depuis des semaines que les démons sont pour certain au dessus du cahot créé par les autres. Je ne sais pas trop quoi en penser pour être honnête; je demande à voir.
Je lui demanderais bien d'ailleurs ce qu'il pense de Rampa, s'il le connait; j'ai dans l'idée que ce démon est relativement puissant et donc potentiellement connu et peut-être craint dans son monde, mais je vais m'abstenir pour l'instant, je n'ai aucune envie de penser à des choses déplaisantes pour l'instant. Je passais un agréable moment jusque là, j'aimerais que ça continue.

"Croyez-le ou non, j'ai tendance à être comme St Thomas. Dans ce monde de barges, je ne crois que ce que je vois. Cela dit, en quatre siècles et demi, j'en ai vu pas mal de choses. Ca équilibre."

J'ose un léger rire quand la dame me répond qu'elle non plus ne trouverait pas sa place dans une église aujourd'hui.  Quant aux anges? J'en ai pas croisé souvent, mais je dirai que celui de Matthew n'a pas l'air totalement divin. Enfin, peut-être qu'il côtoie trop de démons pour ça. Mais c'est pas le sujet.

"Ce que j'en ferai? D'un verre, j'essayerai de me saouler. Notez que c'était déjà pas simple avant de passer l'arme à gauche alors maintenant... Et de mon grimoire... je suis à peu près sûr que je saurai y trouver une formule pour arranger ma situation."

Je fais mine de tapoter la table du bout de mes doigts, tâchant d'y mettre assez de concentration mais sans obtenir le résultat attendu, avant de reporter mon regard vers Marie, dont le regard semble s'être assombri comme si de mauvaises pensées lui avaient traversé l'esprit.

"Un problème?"

Je réponds à son rire, par un rire également. J'ignore dans quoi je me lance avec cette discussion, mais pour l'instant nous ne sommes que deux fantômes qui ne peuvent pas faire grand mal... enfin quoi que ... non il a clairement pas la carrure de ces deux trois types que tu as croisé et qui ont réussi a tué des mortels par crises cardiaques. Si je me trompe ? Et bien je m'en voudrais de ne pas l'avoir vu et donc de ne pas avoir essayé de l'arrêter, mais je n'ai vraiment pas l'impression que ce soit le genre de ce type. Alors passer un bon moment avec quelqu'un qui ne me prend pas pour une folle a évoquer une discussion avec les morts que je croise ne me semble pas une si mauvaise idée.

Se souler et se sortir de là ? Sauf que pour se sortir de là, faudrait qu'il soit déjà un peu sortir de là. C'est le chat qui se mord la queue son truc. Mais je comprends l'idée bien sur.
Il tapote sur la table, je n'y prête pas vraiment attention, surtout pas au fait que ça ne marche pas. peut-être parce que ça ne me choque pas de voir un fantôme traverser les murs et les objets. Déjà moi qui y arrive, je ne le fais pas tout le temps, ça me prendrais trop d'énergie et je ne serais plus réactive avec Inaya. Et même si pour l'instant, elle me tape sur le système avec son beau brun, je ne suis pas prête de la lâcher la petite.

Je soupire quand il me demande si j'ai un problème. J'avais pas dis que je ne voulais pas en parler ? Je ne lui ai pas dis à lui, il ne peux pas deviner.

- Oh non c'est rien. Je repensais juste à un démon qui me casse les pieds. Mais je n'y peux pas grand chose pour l'instant, je reste à l'affut. A la moindre erreur je serais là !

C'est une promesse ! A la moindre entourloupe, au moindre mal qu'il fera à Inaya, peut importe la façon dont il si prendra, je serais là.
Je me rends compte que je dis ça le plus naturellement du monde à un demi-démon. Mais il m'a dit lui-même quelques instants plutôt qu'il ne l'avais pas choisit (ce qui n'est pas faux) et ce qui me laisse à penser que ça ne lui plait pas tant que ça, sa situation.
Bon bin du coup, vu qu'on en est là, je peux lui poser la question qui me brûle les lèvres depuis tout à l'heure :

- Il s'appelle Rampa. Vous connaissez ?

"Un démon qui vous casse les pieds, c'est comme un pou qui vous gratte, ça va forcément ensemble."

Bon, taper dans le vide, ça m'énerve, alors je finis par refermer le poing pour arrêter le mouvement, qui devient si mécanique que j'ai besoin d'une certaine concentration pour l'arrêter. En tout cas, je note dans un coin de ma tête que ce démon ne semble pas l'effrayer outre mesure, étant donné qu'elle m'assure qu'elle sera là quand il fera un pas de travers. Un démon mineur dans mon genre certainement. Enfin, "dans mon genre", mon ascendance maternelle me met hors compétition dans la hiérarchie démoniaque, faut dire. Selon leurs critères en tout cas. Selon les miens, un simple vampire peut être plus terrifiant que certains démons de bas étage, alors on peut bien être à moitié humain et tenir la distance.

Le nom qu'elle m'annonce retient cependant mon attention, et j'imagine que ça se voit tant à mon attitude qu'au regard intense que je braque dans sa direction. Rampa, carrément? Elle s'attaque à lourd, de ce que je connais de cet homme. Soit pas grand chose hormis ce que les écrits saints et mon frère peuvent dire de lui.

"De réputation uniquement. J'évite de me frotter aux plus grosses pointures de l'Enfer, pour être honnête. Mes sortilèges, un exorcisme de temps en temps quand ça peut rapporter un billet ou deux, pour le reste, j'aime autant mener ma vie sans y inclure plus de démons que nécessaires. Une chose est certaine gente dame. Si vous menacez réellement Rampa sans un tremblement dans la voix comme vous semblez le faire, vous avez gagné mon respect."

J'accompagne mon commentaire d'une courbette rapide mais sincère. J'aime les fortes têtes, y a qu'à rencontrer la femme avec laquelle j'ai décidé de passer mon éternité (du moins quand j'aurai résolu mon petit problème actuel) pour s'en rendre compte. J'ai jamais prétendu être le dirigeant dans notre couple, et je n'essayerai pas de le prétendre, cela étant, c'est l'une des choses que j'ai apprécié tout de suite chez cette femme. Que si j'avais à aller trop loin dans quelque domaine que ce soit, elle serait la première à me rentrer dedans pour me refreiner. Quand on est du genre à n'avoir aucune limite, c'est indispensable d'avoir quelqu'un capable de nous en imposer.

Sa comparaison entre démon et poux me fais largement sourire, voir rire. Pourtant je ne peux que reprendre mon sérieux à l'évocation de Rampa. Je déteste ce type. J'ignore comment Inaya a pu être attirée par lui. Bon certes avant c'était par un vampire, mais le dit vampire c'était Silas, donc franchement c'était cool, là lui il dégage tout sauf un truc positif à mes yeux. Je sais bien que quand je ne suis pas là, elle ne ressens rien de "magique", mais quand j'y suis elle ne ressent rien d'autre que mon mépris à l'égard dont elle est tombée amoureuse, alors elle rejette tout le reste. Je comprends le principe, mais c'est dur à accepter. Surtout quand vous êtes persuadée que le dit monsieur lui fera forcément du mal à un moment donné, (qu'il le veuille ou non). Oui je trainais devant la télé dans les années 2000 et j'ai été frappé par un couple pas banale Phoebe et Cole. La sorcière et le démon. Ils se sont aimés si fort avant que sa véritable nature ne refasse surface et qu'elle soit obligé de le tuer et même là, au fond elle a continué de l'aimer je crois. Je supporterais pas qu'elle lui fasse du mal. Le dernier compagnon en date la brisait physiquement, lui pourrait bien le faire psychologiquement et à mon sens se serait pire encore. Dans tous les cas, je le dézingue de toute façon.

J'ai gagné le respect de l'esprit devant moi, juste en expliquant ça ? Je suis flattée. Ca devrait me faire peur du coup, vu qu'il a l'air respecté ou craint aux Enfers. Mais ça me conforte plutôt dans l'idée que ça ne peut que mal finir cette histoire. J'ai promis à Inaya d'essayer de ne pas trop le faire sentir, je fais de mon mieux sincèrement, mais je suis sure que ça transparaît quand même, c'est plus fort que moi.

Je hoche la tête devant sa légère révérence, toujours avec un sourire. J'en suis fière. Je le regretterais peut-être un jour cela dit. Même si je ne sais pas bien ce qu'il peut me faire de pire : Je suis déjà morte après tout. Je suis loin de tout savoir des affres de la magie, de ses diverses possibilités de torture si vraiment l'envie lui prend.

- Je vous inviterais au match le jour où nous irons sur le ring, promis.

Dis-je en éclatant de rire (un poil sadique).

Je crois que je peux sentir la bouffée de chaleur qui la prend l'espace d'un instant alors que je lui avoue par ma simple attitude que je ne suis pas certain que moi, j'irai affronter ce démon. Pas sans une idée suicidaire ou deux en tête, en tout cas. Il est facile d'exorciser des démons de bas étages dont les noms n'ont jamais emprunt les livres d'histoire, beaucoup moins d'imaginer jouer au plus fin avec les pointures. Oui, Ziva pourrait être fière je crois, j'ai gagné  un peu de plomb dans le crâne. A 400ans passés il serait temps.

Elle récupère cependant rapidement de sa superbe, n'hésitant pas à m'inviter pour admirer le spectacle le jour où il lui prendra l'envie de rentrer dans les dents de Rampa. Un sourire aussi sincère qu'amusé vient en réponse à son rire, limite flippant, et je penche légèrement la tête sur le coté l'espace d'un instant avant de renchérir.

"Et je ne manquerai pas de répondre à cette invitation. "

Bien que je doive admettre que ma condition actuelle ne sera peut-être pas une plaie ce jour-là. Ghilian a raison sur un point. Observer sans être vu ça peut avoir du bon, surtout quand l'autre en face a clairement la possibilité de vous faire passer de vie à trépas sans même y réfléchir. A moins que la réputation de Rampa ne soit exagérée. Ce ne serait après tout pas le premier "montre" a laisser courir les bruits sur sa personne juste pour être certain qu'on le craigne assez pour ne pas s'en prendre à lui. Regardez dans les légendes greco-romaines, sans réfléchir, je citerai Méduse la gorgone qu'un stupide miroir a mis hors d'état de nuire, et Polyphème le cyclope, qui s'est fait blouser comme un bleu par un stupide humain.

"Dites moi tout de même que vous avez un minimum de magie pour vous permettre de l'affronter? J'imagine que ce n'est pas une gifle bien sentie qui met à terre un tel personnage, si vous me permettez."

Même si ça a tendance à réveiller quelques neurones et remettre deux ou trois idées en place, parole d'expert en la matière. Pour les recevoir, pas pour les donner.

- Des pouvoirs ? Pas le moindre, excepté les petits tours dont je parlais tout à l'heure, mais je sais m'entourer correctement. Je suis sûre qu'il sera ainsi possible de faire quelque chose. C'est vrai que je me suis peut-être un peu emballé en disant que je le ferais moi-même ou toute seule.

Quoi que si il s'en prend à Inaya, je ne prendrais pas le temps de réfléchir à mon plan d'action je pense. Je sais pas ce que je ferais, ni comment je le ferais, mais je pourrais toujours essayer. Je suis déjà morte après tout. Il ne pourra pas faire grand chose de plus, à part peut-être m'envoyer définitivement en enfer, mais entre ça et ma condition actuelle, ça serait peut-être bénéfique. Je suis restée coincée ici à cause de ma rancœur envers mon époux et de ce que je n'ai pas pu régler avec lui.
A cause de ça je ne trouverais probablement jamais la paix, alors si il m'aide à ça, parce que j'ai échoué, j'aurais au moins gagné ça du coup. Pas que ça m'enchanterais de laisser la médecin légiste seule, mais si il le faut pour la protéger comme je lui ai promis, je le ferais.

- Je vous servirais bien un verre pour cette futur bataille...

Avant de faire une légère mais visible grimace, comme pour m'excuser de ne pas pouvoir lui payer réellement.

- Puis-je vous demander ce que vous faites de votre temps ?

Je dirais bien temps libre, mais nous ne sommes pas surcharger de travail ni l'un ni l'autre. Et je dois avouer qu'avec le temps, j'ai de moins en moins d'idée. Inaya a une vie bien chargée il est vrai, mais lorsque je divague un peu, toute seule, c'est un peu plus compliqué, alors lui qui ne semble pas avoir de personne d'attache, je me demande comment ça se passe.

Ok, donc aller affronter un démon majeur sans le moindre pouvoir sur soi. Elle est terrifiante. Quand à être bien entouré? Je suis un demi-démon, malgré mon léger problème actuel, mon frère également, ma femme est une sorcière aussi âgée (pour une sorcière) que puissante, et j'ai même un nécromancien dans ma manche. Et pourtant, je ne fanfaronnerai pas tant dans la même situation qu'elle. Faut croire que la mort m'a fait réfléchir.. ou c'est la balle dans le cigare. J'en sais rien.

"Ok d'accord. De la part d'un type qui s'appuyait beaucoup trop sur ses pouvoirs avant d'en être démuni, j'admire le cran."

Concernant ce verre qu'elle aimerait bien m'offrir pour célébrer cette bataille à venir?

"On en reparlera quand vous et moi, nous aurons trouvé la solution à notre problème actuel. Ce jour là, c'est moi qui vous l'offrirai, ce verre."

Ce que je fais de mon temps... une excellente question à laquelle nous pourrions consacrer un chapitre entier du Seigneur des Anneaux... ou pas. En vérité, c'est d'un chiant d'être transparent, je vous jure...

"Mon colocataire est un nécromancien, et mon frère a la brillante idée d'être capable de me voir venir, et même d'user d'un sortilège de son cru pour me permettre de toucher les murs pendant une heure ou deux. Ca aide à occuper le temps. Sinon, et bien je dirai que je connais cette ville par coeur. Et je peux affirmer que je la préférais il y a un siècle de cela. Même si je ne regrette pas la Prohibition, loin s'en faut. Et vous, hormis réfléchir aux 50 manières les plus sures d'obtenir la tête de Rampa?"

Je dois lui semblait complètement folle de vouloir aller aux fronts comme ça sans aucun pouvoir. Et il me dit que le jour où nous nous sortons de notre état fantomatique, c'est lui qui me paiera un verre. Personnellement, je ne pense pas pouvoir un jour retrouver mon corps et je ne suis même pas sure d'en avoir envie.

- Marché conclu.

Il évoque son entourage et je dois reconnaitre qu'il est plus fourni que le mien. Un nécromancien ? Il l'a déjà évoqué un peu plus tôt; si y en a un qui peut faire quelque chose à son état c'est probablement lui. Mais il le sait déjà j'imagine, alors je n'insiste pas de ce côté là. Ils ont peut-être même déjà essayer quelque chose et je ne voudrais pas lui rappeler un échec, aucune utilité.

- Oh et bien le dit démon est très proche d'une amie à moi que je tente de protéger de lui. Je passe un temps considérable à la protéger de lui mais aussi de tout ce qui l'entoure. C'est fou comme elle est maladroite. Et puis j'aime bien son boulot, j'arrive à l'aider avec ma capacité à voir les morts, ça nous ai pas mal pratique.

"J'imagine donc que faire du mal à la dite amie pour atteindre le démon est hors de propos?" Et je peux juger à son expression que énoncer cette idée face à elle est déjà chose dangereuse à faire. "Je reste la moitié d'un démon, faut pas l'oublier."

Une excuse comme une autre, elle la prend ou pas, ce que je peux m'en carrer. Exception faite de ma femme et de feu ma fille, je mettrais à peu près n'importe qui dans la balance si cela pouvait me donner un avantage. Même mon frère? Il sait se démerder tout seul comme un grand, alors oui, même lui. Il saurait s'en tirer. Et je sais qu'il en pense autant à mon sujet, ce dont je ne lui en veut absolument pas.

"Et bien très chère, je vous réitère mon admiration, mais rester aussi longtemps dans un troqué sans pouvoir consommer a tendance à me donner soif. Bonne soirée. J'espère bien qu'on se reverra, pourquoi pas avec la tête de Rampa sur la table, allez savoir."

Je lui offre un sourire presque ravageur avant de la saluer et m'éclipser, en prenant gare à ne traverser personne en passant. Techniquement, ça ne me ferait rien, mais c'est désagréable.

- En effet !

Dis-je en faisant grise mine.

- Assurément ! Vous venez de me le rappeler!

En lui lançant un regard noir un cours moment, le temps de le convaincre de ne pas se lancer la dedans, avant de retrouver mon sourire amicale présent depuis le début de cette conversation.
Il fait de nouveau preuve d'admiration devant mon tempérament de feu. Les hommes a accepté que l'ont puisse être leur égal en plusieurs domaine ne sont pas si commun, alors lui me plaît bien. Peut-être que je fais une erreur en pensant que ce démon n'est pas une personne fréquentable pour ma p'tite Inaya, ou encore que je suis capable de l'arrêter toute seule; mais pour elle je donnerais tout. Son bien-être/ sa survie est mon leitmotiv depuis que je l'ai rencontré.

- Merci à vous pour cet échange des plus agréables. Je saurais où vous trouvez pour vous donner des nouvelles de mes aventures avec Rampa. Bonne soirée à vous, Jon.

Je lui rends son sourire tout en tendant ma main vers lui pour le saluer. Je décide de passer encore un petit moment au bar. J'adore regarder les gens, je les déjà dit je crois. Ils font tout ce que je ne peux plus faire, je les trouve fascinant. J'en ai un peu oublié que j'ai été à leur place il y a quelques décennies.