Sur les docks [Amélie et Marius]

En ce jour de repos de juillet, Amélie marche sur les docks du lac Michigan, à côté desquels sont garées plusieurs barques. Arrivée au bout, elle regarde le paysage devant elle. L’étendue d’eau devant elle est magnifique de cette vue, et les arbres et fleurs aux alentours le mettent en valeur. Cette fois-ci, elle ne compte pas nager dans les profondeurs. Elle veut juste admirer le paysage devant elle. Souriante, elle s’assoit au bout des docks en bois, pour profiter du soleil de l’après-midi.

Je me suis pas disputé à proprement parlé avec Jonathan, mais je vois bien que ma dernière connerie l'a scié ... moralité, je le laisse décanter un peu avant de revenir dans ses pattes pour m'excuser. Alors forcément, quand je erre sans but, c'est vers le port que mes pas me guident. Le problème, c'est que mon spot est occupé par une délicieuse créature et je sais pas trop si j'ose l'embêter. Je m'approche doucement jusqu'à arriver à son niveau.

"Salut .... ça te dérange pas si je m'assieds à côté de toi ?"

A mon plus grand bonheur, je reconnais le visage de la sirène. on s'est pas croisé depuis la croisière de l'année passée et j'avoue que c'est plutôt chouette de la voir. Elle était cool. N'attendant pas sa réponse, je me pose sur l'avancée de bois et me perds à contempler le lac. C'est relaxant et j'peux pas imaginer ma vie loin d'une aussi grande étendue d'eau, l'océan, c'est encore mieux. J'sais bien que j'aurais pas dû ramener cette plante, elle avait l'air joli et j'pensais pas que ça ferait ça avec mon mur de champignon ... moralité, ça a dissout une partie du mur entre le salon et ma chambre et je suis dégouté ... j'ai eprdu toute ma culture et Jon me fait la gueule.

Un homme lui demande s’il peut s’asseoir avec elle. Elle reconnaît sa voix. Elle n’avait pas vu Marius depuis la croisière de l’année dernière. Elle apprécie cet homme un peu étrange et est contente de le voir de nouveau. Elle se tourne vers lui pendant qu’il s’assoit sur l’avancée de bois.

« Salut, Marius. Ça fait un an qu’on ne s’est pas vus. Qu’est-ce que tu as fait de beau, depuis ? »

Pendant qu’il contemple le lac, elle lit dans ses pensées. Ainsi, elle apprend la boulette qu’il a commise. Elle met une main sur son épaule.

« Ne t’en fais pas, tu peux réparer le mur, et peut-être faire pousser ces champignons. Si tu le veux, je peux t’y aider et reprendre la fleur. »

La télépathe n’est pas sûre de pouvoir garder une fleur pareille, mais elle pourra le voir sur le moment. Après tout, elle n’a pas de champignon luminescent sur un mur de son appartement. Elle regarde autour d’elle, au cas où. Il n’y a personne d’autre qu’eux deux. Elle se tourne ensuite vers Marius d’un œil intrigué.

« Comment ces champignons ont poussé sur ce mur ? Et comment Jonathan est mort ? »

Elle pose cette dernière question comme si elle était anodine. De son point de vue, elle l’est. En tant que nécromancien, Marius peut voir et parler aux esprits, donc l’idée qu’il vit avec l’un d’eux ne l’étonne pas. Pour les champignons, elle est certaine que la magie est à l’œuvre. Ayant appris pour la première fois leur existence, elle regarde son interlocuteur d’un air curieux.

Je pose un regard profond sur la jeune femme alors que je sens un frisson me parcourir. Je ne sais pas si c'est vraiment pareil, mais j'suis tellement habitué à me faire traverser par les esprits ou pire certaines fois où ils ont carrément essayé de prendre possession de mon corps, que j'ai l'impression de l'avoir à l'intérieur de moi. je lui tire la langue.

"C'est pas très poli de lire mes pensées sans que je t'y invite !"

Je reporte mon attention vers l'horizon, un sourire en coin.

"Je continue de naviguer, tranquillement, mais surement avec la Capitaine Liane. ça m'évite de trouver trop d’ennuis par-ci par-là, j'suis un véritable aimant."

Un nouveau soupir franchit mes lèvres. Elle a peut-être pas tort, mais je chéri vraiment de manière absurde cet élevage de champignon que je traîne peu importe où j'emménage. Alors oui, depuis que je suis avec Jon, c'est la grande stabilité pour moi et il avait jamais été aussi beau, mais là, j'ai bien failli foutre en l'air notre appart.

"J'dis pas que j'suis pas dégourdi de mes dix doigts, mais réparer un mur, c'est quand même pas à la porté du premier venu et l'impalpable va avoir du mal à m'aider ..."

Et surtout qu'il m'enverrait bien paître si j'lui demandais cette faveur vu que c'est moi qui ai mis la misère à notre lieu de vie.

"J'ai mis la coupable dans un bocal hermétique, j'espère que ça la calmera, si tu t'y connais j'pourrais te la montrer, mais j'ai pas envie que ça te pose souci non plus et pour Jon, c'est l'amour qui a eu raison de lui."

J'en dirais pas plus, je trouve cela très intime de parler de la mort des gens. J'demande pas à tous les esprits de m'expliquer leur péripéties, toujours peur que ça les mette en rogne pour rien et j'aime pas me friter avec eux.

"Et toi ? Tu deviens quoi à part de plus en plus belle ?"

Amélie rigole quand Marius proteste avec humour à sa lecture des pensées. Puis elle écoute ce qu’il lui dit.

« Je serais curieuse de la voir, si elle reste dans le bocal. »

Elle se frotte la tête d’un air gêné.

« Mais finalement, je ne souhaite pas la prendre avec moi. Désolée. »

Elle pose de nouveau son regard devant elle, admirant le paysage qui se présente à eux deux. Elle sourit au compliment du jeune homme.

« Merci beaucoup, Marius. Tu es beau aussi. Me concernant, disons que je mène ma vie. »

Elle se tourne vers son interlocuteur, les yeux brillants.

« Qu’est-ce que tu as vu, en naviguant dans les eaux ? »

Je souris. Elle a pas tort de se protéger après tout, qui sait si ça risque pas de péter une seconde foi ! c’est quand même fou la nature quand on y pense, je trouve extraordinaire tout ce qu’on y trouve et les merveilles qui s’y déploient. C’est magique. L’homme a définitivement rien inventé d’aussi extraordinaire.

La sirène reste secrète et n’en dit pas plus que cela sur ses activités, pas grave, je peux bien lui imaginer un milliard de vie et autant de péripéties dans chacune d’elle.

« Des pieuvres géantes, des villages de sirènes, des trous bleus, des kelpies, des selkies, j’suis même presque sûr d’avoir croiser le Léviathan, mais de loin … On va aussi fréquemment sur une île avec des elfes, des licornes et d’autres choses vraiment trop étranges dont je connais même pas le nom. »

Mais la plus grande aventure réside aussi dans mes nombreuses tentatives pour me faire des camarades parmi l’équipage. Je peux dire sans crainte que Peter me supporte, la Capitaine et sa seconde me tolère et le cuisiner m’adore. Je crois qu’il est nouveau lui aussi, l’ancien est mort et je ne pense pas avoir croisé son esprit. Le brave a dû passer le voile sans se poser plus de questions et il aura bien eu raison. Enfin, il y a bien assez d’esprits qui hantent le navire sans en rajouter il faut dire, sans compter tous ceux que nous croisons en mer. Les morts noyés sont rarement des fantômes apaisés et il m’est parfois difficile de gérer mon travail de cartographe en parallèle de leurs attaques. J’essaye toujours de les faire passer de l’autre côté, mais ce n’est pas possible s’ils en ont décidé autrement. On ne peut pas forcer une âme surtout si elle se sait destinée à l’Enfer.

« La mer ne te manque pas trop ? Tu y retournes ? »

Marius lui énumère ce qu’il a découvert durant ses voyages dans le Hollandais Volant. Rien que de les entendre émerveille Amélie.

« J’aimerais tellement les voir un jour ! »

Il lui demande ensuite si la mer lui manque trop.

« Un peu. Quand j’étais petite, je vivais à Los Angeles, donc je pouvais me baigner dans l’Océan Pacifique. Et là, je peux nager dans le lac Michigan si j’en ai l’envie et le temps. Mais je trouve que ce n’est pas pareil de naviguer sur les mecs et les océans. C’est sans doute un peu différent pour vous, parce que vous vous occupez du bateau, mais vous pouvez partir loin sur les flots. »

Elle lui fait un sourire ravageur.

« Il faudrait qu’on y retourne, un de ces quatre. »

Je hausse les épaules. Je n’arrive pas à imaginer ce qui pourrait l’empêcher de les voir un jour. Après tout, une excursion sur le Hollandais est plus qu’envisageable. J’oublie sans doute juste que les gens ont un travail et prennent pas des vacances comme bon leur semble … l’aberration la plus totale pour moi puisque chacune de nos excursions à bord du navire a pour moi un goût de vacances. Pas que je glande, c’est pas mon genre, mais mon métier me permet d’être là où je veux quand je veux.

« Soit j’suis passé à côté de mes obligations d’entretiens du navire, soit c’est vraiment pas mon taf. J’suis cartographe, à part informer la capitaine si y’a un souci sur le plan de route, j’ai rien d’autre à faire. En gros la vigie s’occupe plus des dangers immédiats, visibles et moi j’peux en déceler des au loin, mais surtout par rapport au fond marins … Enfin c’est chiant dit comme ça, mais j’t’assure que ça me paraît pas être du travail quand je le fais ! »

Je suis sérieux, vraiment ça me passionne et j’sais pas par quel miracle j’ai réussi à tout faire entrer dans ma caboche, mais j’suis sûr en plus d’être vraiment pas mauvais à ce que je fais. Je lui retourne son sourire.

« Oh quand tu veux, tu seras de bien meilleure compagnie que les trois quarts de mes collègues. Ils ont oublié ce que ça veut dire de sourire ! »

Amélie écoute Marius répondre à ses questions sur ce qu’ils font dans le bateau, notamment sur ce qu’il fait en tant que cartographe. Même si ce qu’il dit sur son métier ne semble pas être passionnant au prime abord, la sirène sent fortement sa passion à en parler.

Il ajoute aussi qu’elle peut venir quand elle veut, et qu’elle sera de meilleure compagnie que les trois quarts de ses collègues qui avaient oublié la signification d’un sourire.

« Tu veux dire que tu les trouves trop sérieux ? »

Elle ne se souvient pas s’en être rendue compte durant la croisière. Mais les circonstances étaient particulières, cela y jouait peut-être.

Un nouveau haussement d’épaule accompagne la question de la jeune femme. Ce n’est pas une question de sérieux, plutôt que ce qui est nouveau fait peur et c’est évident qu’il n’y en a pas deux comme Marius sur ce navire. Ils apprennent seulement à vivre avec, prendre la température d’un tel énergumène peut prendre du temps. Il le conçoit, mais non, ce qui l’embête vraiment, ce sont les messes basses, les regards de travers et les soupirs d’agacement. Il en a soupé toute sa vie, il devrait avoir l’habitude, pourtant, il continu d’espérer que les gens voient au-delà de son côté excentrique. S’il respire la joie de vivre, ce n’est tout de même pas de sa faute ! Il ne va pas se mettre à faire la gueule pour coller à l’ambiance générale de la planète.

« Pas sérieux, juste pas dans le même mood que moi. J’dois pas coller au stéréotype du pirate. Heureusement que Peter sait rire et mettre l’ambiance, ça fait du bien de pas être le seul. »

Oui, la vigie avait définitivement ce bon côté parmi d’autres. Il est avenant et les collègues semblent l’apprécier, raison de plus pour le nécro d’y croire, d’espérer qu’un jour, lui aussi se sentira chez lui sur le pont, même s’il se met à danser ou chanter tout seul un des airs marins de son Ecosse natale.

Il passe un bras par-dessus les épaules de la sirène. Sa peau lui semble si fraîche contre la sienne brûlante, son feu intérieur comme il aime penser. C’est sûr que lorsqu’il dort en charmante compagnie, ce n’est jamais lui qui colle ses pieds froids contre l’autre, plutôt celui qui réchauffe.

« En tout cas, t’as l’air d’avoir besoin de vacances, donc même si c’est pas pour venir sur le Hollandais, tu ferais bien d’aller exposer ton p’tit minois au soleil pour te remettre d’aplomb. »

Lui a l’impression que sa vie entière n’est que vacances. Il ne s’emmerde d’aucunes contraintes et même ses allers-retours avec la Capitaine Midow ne sont pas des obligations pour lui. C’est un plaisir et le jour où il n’y trouve plus son compte, il part. Il n’a pas conscience que cela est presqu’un luxe d’avoir autant de liberté et Jon doit se dire bien souvent qu’il procrastine plus qu’autre chose.

Le pirate laisse son regard se perdre au loin à l’horizon, perdu dans ses pensées, qui saurait dire ce qui le distrait autant dans les méandres de son cerveau. Ce jeune homme à la capacité d’attention d’une moule, mais le cœur sur la main, ce qui compense amplement ses inattentions ponctuelles. Il ne retourne au présent que lorsque la voix délicate de la sirène l’y ramène et un sourire vient poindre sur son faciès avant de se dire qu’il serait bien également qu’il se concentre un tant soi peu sur les mots que forme sa jolie bouche. Encore un de ces nombreux défauts … il aime les êtres beaux et est incapable de ne pas se lancer dans un jeu de séduction même s’il n’a pas réellement d’intentions plus élaborées derrière. C’est un jeu.

Marius regarde au loin, en direction du lac. Amélie lui passe alors sa main autour de ses épaules.

« C’est vrai que des vacances me feraient du bien. »

Quand Marius lui sourit, elle lui caresse légèrement la nuque avant de lui faire un doux baiser aux lèvres. Puis elle lui sourit à son tour.

« Tu veux rester là ou qu’on se promène un peu ? »

Regard en coin et sourire aux lèvres, Marius se demande ce que la sirène entendrait sous le terme de vacances. Pour lui, cela représente un besoin de fuite de la part des gens, comme si leur quotidien leur empêchait de se détendre et qu’il n’y a que les vacances qui pouvaient les sauver d’un quotidien peut-être trop fade. La belle dépose une baiser inattendu, un baiser à la saveur de fraise.

« Une petite balade pour me dégourdir les pattes me semble parfait ! »

Le nécro se lève d’un bond, non mécontent de passer un peu plus de temps avec la demoiselle. Il tend la main en direction de la jeune femme pour l’aider à se relever et ne s’en défait pas même une fois qu’ils ont commencé à marcher. Au contraire, le sorcier en profite pour entrelacer ses doigts avec les siens.