Be careful, I'm back! [ft Ghilian]

Quand Marius m'a parlé de ce marchand ténébreux qui pourrait me dépanner pour mon "léger" problème de fantôme, je n'ai pas perdu de temps à aller y faire un tour, et j'ai depuis garder l'adresse dans un coin de ma tête. La fameuse fiole que j'ai obtenu de sa part, je la garde précieusement dans une des poches de mon manteau depuis, attendant l'occasion de m'en servir. Celle de faire parler de moi sur Terre sans avoir à aller réclamer l'un de ses sorts à Matt, d'autant plus qu'on a remarqué, l'un comme l'autre, que ça fonctionne de moins en moins bien son truc.

Bref, ce soir on pourrait dire que ça sert à rien, mais j'ai envie de me sortir tout ce bordel de la tête, rien qu'une fois. Et tant pis si je regrette plus tard d'avoir gâché ma chance pour ça. A un moment donné, on peut avoir 400 balais et les besoins sociaux d'une type névrosé de 40 ans. Alors, après avoir observé le contenu de la fiole au travers de la lumière d'un lampadaire pendant une bonne dizaine de minutes, je finis par me décider et l'ouvrir pour la vider cul sec. Et si je ne ressens d'abord aucun changement, c'est ensuite une vive brulure intérieure qui me submerge, me faisant serrer les mâchoires à me dire que je pourrai m'en casser les dents, avant que cela cesse soudain, sans un avertissement, me laissant seul avec la sensation d'avoir de nouveau les pieds sur terre. Sensation que je confirme en posant la main sur ce fameux lampadaire qui éclaire mes pensées depuis bientôt un quart d'heure, avant d'éclater de rire à la sensation du métal froid contre la paume de ma main. Combien de temps il a dit que ça durait déjà? Aucune idée, mais ça ne peut pas être pire que les dix minutes de répit de la dernière tentative de Matt.

Fin d'après-midi et début de soirée tranquille, petite bière sirotée avec un type que je ne connaissais pas mais fort sympathique pour tenir des discussions totalement anodines et amusantes, je me rentre tranquillement en cherchant avec ardeur mon pu... petit briquet qui a encore changé de dimension. La rue est vide, alors ça me dérange pas d'avancer le nez dans mon sac, jusqu'à ce qu'enfin, il se décide à venir sous mes doigts. Je m'arrête, histoire d'allumer tranquillement ma clope, quand je vois un mec littéralement apparaître sous mes yeux. Il reste planté là quelques secondes avant de toucher le lampadaire.

Ok. Respire, t'as juste trop bu de bière.

ça, c'est mon côté rationnel qui en a assez de devoir accepter pleins de règles de magie et de créatures dont je ne suis pas censée connaître l'existence. Puis mon côté blasé me dit que si, si, ce type a poppé de nulle part mais que c'est pas plus délirant que des vampires détectives.

Avec tout ça, j'me décide de rester prudente, et mes yeux se posent sur un bâton de taille respectable contre le trottoir. Alors j'me baisse, ma clope toujours pas allumée dans le bec, je prends le morceau de bois et je l'utilise pour toucher le type.

Déjà premier constat, la branchette ne lui passe pas au travers, et deuxième constat, il se retourne et me regarde d'un drôle d'air. Je jette l'arme du crime dans le caniveau et hausse les épaules :

- Je voulais juste m'assurer que j'délirais pas, vu t'es apparu comme par magie sous mon nez...

J'allume ma clope, tire une latte en fermant les yeux une seconde.

- Ok, un verre ça te tente ? Je sens une explication qui file la migraine arriver...

Voilà. Bravo Chicago, je suis devenue blasée.

J'ai à peine posé de nouveau mes semelles sur cette foutue terre que je ressens une piqure dans mon dos, et je me retourne pour tomber nez à nez avec une jeune femme ayant décidé de m'attaquer à coups de bâton, et à travers l'épaisseur de mon manteau qui plus est.
Je n'ai pas le temps d'essayer d'attraper sa baguette qu'elle s'en débarrasse dans le caniveau, ma main se referme sur le vide avant qu'elle ne m'explique la raison de son geste. Ok, la raison de son geste est des plus simples, j'ai manqué de discrétion, une fois n'est pas coutume.

"Une clope et un verre, pas de doute, tu sais te faire apprécier ma jolie."

Comment ça, elle ne m'a pas proposé de clope encore? Ça ne m'empêche pas franchement de lui piquer celle qu'elle a dans le bec pour tirer dessus à mon tour. Putain que ça fait du bien!

"Ok, si tu connais un bar où on peut causer tranquille, j'te suis."

Alors ça ! Me faire piquer ma cigarette tout juste allumée et adroitement fichue entre mes lèvres... Je m'y attendais pas. Si j'essaye de reprendre mon bien ? Même pas. Franchement, une action pareille, ça mérite une once de respect de ma part. J'accepte le compliment avec un sourire amusé, et range mon briquet désormais inutile dans mon sac :

- Profite, c'était ma dernière.

Pas de chance pour moi, mais je m'en passerai. Contrairement à d'autres vices, je ne suis pas esclave de l'industrie du tabac. Pas encore. Je lui indique une rue transversale et me remet en route, flanquée de mon  l'inconnu maintenant compagnon de soirée.

- Je commence à connaître tous les bars du coin. Il y en a un au coin de la rue. Au fait, je m'appelle Ghilian, et si tu avais l'intention de trouver un bobard à me raconter, je sais que tu es apparu par magie.

Manquerait plus qu'il se creuse la cervelle pour rien. Bon remarquez, ça aurait pu être marrant, mais j'ai pas envie de me prendre le chou ce soir.

Je tire une bonne fois sur sa clope, savourant la brulure du tabac passant dans mes poumons avant de laisser la fumée s'échapper en une expiration, avant de tirer une seconde fois dessus et lui tendre son bien du bout des doigts. Non pas que j'ai eu mon compte de nicotine pour la soirée, mais je sais être bon prince. Etrange pour un bâtard de démon? Croyez-en mon expérience, vaut mieux se fier à un démon qu'à un homme de foi.

"Tous les bars du coin tu dis? Je sens que je vais t'apprécier. Jonathan. Et merci. J'suis pas encore assez saoul pour trouver une explication qui tienne la route."

Je la suis dans cette rue transversale dans laquelle elle m'entraine. Si je crains un coup fourré? J'suis déjà mort de toute manière, j'suis plus à ça près!

- Oh, je commence à me faire aux explications sans queue ni tête !

Le pire, c'est que ça m'amuse apparemment, vu que j'agrémente ça d'un grand sourire. Nous arrivons bientôt en vu du bar, et, grande dame, je lui repasse ma clope, bientôt terminée. J'attends qu'il la finisse avant de pousser la porte et jette mon dévolu sur une table dans le fond de la pièce. Pour le moment l'établissement est quasi vide, et le petit coin est vide. Parfait. Sautillante, je me laisse tomber dans la chaise et commande sans plus attendre nos poisons, le serveur nous ayant suivi :

- Un whisky pour le monsieur et un rhum pour moi, le même que d'habitude. Merci !

Si je demande confirmation de ma commande auprès de Jonhatan ? Même pas. J'me fais confiance sur ce genre de truc. Je mets ma main à couper qu'il aime le whisky.

- Oh et un bon ! je lance au serveur alors qu'il s'est déjà éloigné de quelques pas.

Pas que je doute de ce qu'on va servir, mais vu que c'est moi qui invite, j'aime autant m'assurer que ce soit qualitatif ce qu'on se jette dans le gosier.

- J'aurais peut-être du demander la bouteille si tu comptes te saouler non ?

Je souris de ma bêtise et pose mes coudes sur la table :

- C'est courant pour toi d'apparaître sans crier gare ?

Une humaine totalement blasée de la magie, et apparemment aussi portée sur la clope et l'alcool que je peux l'être. Si j'étais pas déjà marié elle aurait ses chances. Même si j'ai assez répété que je fais une allergie à la mortalité des humains, pour en avoir trop perdus au cours de ma vie. Je mets un terme à l'existence de la clope qu'elle m'a repassé avant de balancer le mégot dans le caniveau et traverser à sa suite la salle du bar dans lequel nous pénétrons jusqu'à rejoindre une table habilement placée pour avoir une vue sur toute la salle, mais sans attirer l'attention non plus. La dame doit avoir plus l'habitude de surveiller ses arrières que de vivre en pleine lumière, si vous voulez mon avis. Mais comme on s'en fout de mon avis, allons-y pour un verre!

"Merci. Pour la bouteille, c'est avec plaisir, mais il m'en faut bien plus pour réussir à me saouler. C'est le problème du coté démon, même si il a pris un coup dans l'aile ces dernières décennies."

J'observe le manège du serveur qui se ramène avec nos verres en tentant d'épier un morceau de notre conversation, et j'attends qu'il soit hors de portée d'oreilles pour reprendre.

"Ça l'a été. Fut une époque où je pouvais me téléporter. Enfin, j'évitais d'apparaitre dans les rues passantes. Bref. C'est loin tout ça."

Je porte mon verre à mes lèvres pour avaler une bonne gorgée de whisky, appréciant la chaleur de l'alcool se déversant dans ma gorge. Ça aussi, ça faisait longtemps.

Un démon donc... Je sourcille à peine, étant donné que le premier -et unique ?- que j'ai croisé m'a quand même sauvé le croupion.

- Plus d'une bouteille ? On peut toujours s'inviter dans une distillerie !

Par "s'inviter" j'entends "pénétrer par effraction", mais c'est un menu détail. Le serveur nous dépose nos verres et traîne quelques secondes de plus que nécessaire -quelle fouine j'vous jure- et j'en profite pour sentir mon rhum. Une douce odeur de vanille et caramel s'en dégage. Parfait.

- Et tu te téléportais dans l'espace ou dans le temps ? Nan parce que même si faut faire attention à tout, c'est plutôt fun de se faire une virée dans le passé.

Comment ça je force ? Je bois une petite gorgée de mon breuvage, fermant les yeux pour en savourer tous les arômes. Miel, noix et épices, suivi d'un léger goût de tabac. Délicieux.

-Enfin si tu utilises le passé, je vais raisonnablement penser que tu peux plus le faire... Alors comment t'as fait pour popper sous mes yeux ? Nan parce que je veux bien croire que des fois, je suis un peu à l'ouest, mais là j'étais en pleine possession de mes moyens !

La vérité, c'est que je reste quand même foncièrement curieuse, malgré que ça me file la migraine ce genre d'histoire... Que voulez-vous, à l'instar du serveur, je suis moi aussi une petite fouine.

Je ris franchement à sa proposition indécente, devant admettre que parler à quelqu'un d'autre que mon frère et mon colocataire est rafraichissant. Il y avait longtemps que ça ne m'était pas arrivé, si on excepte mes rencontres fugaces avec quelques fantômes qui trainent en ville.

"Dans l'espace. Téléportation pure et dure. Je laisse le Temps à mon frère, c'est beaucoup trop contraignant, toutes ces règles à respecter."

Si je suis l'électron libre de la fratrie? Pas sûr que Matthew en pense autant. J'ai tendance à faire ce que je veux quand je le veux, mais de là à me considérer comme irresponsable, y a du chemin. Pour le reste de l'explication? On peut dire une chose de moi en revanche, c'est que je ne me casse pas trop la tête à chercher des explications qui ne tiennent pas la route. J'expose les faits, et les prends comme il veut qui il veut.

"Je suis mort. Ça aide à avoir quelques difficultés avec ses pouvoirs." Je reprends une gorgée d'alcool, la savourant longuement avant de répondre à la question, vraiment. "J'ai pris une balle il y a six ans, et il semblerait que ni le Paradis ni l'Enfer n'aient voulu de moi. Je navigue entre deux mondes, si tu préfères. J'ai trouvé un moyen d'y remédier, reste à voir pour combien de temps. Et je ne pensais pas que l'effet serait si rapide, sinon, j'aurai envisagé de faire mon apparition dans une impasse."

Un temps apparemment précieux que je lui consacre, si elle n'avait pas remarqué.

J'hoche légèrement la tête, totalement d'accord avec sur ce fait :

- Les règles, c'est bien pour les autres, sinon c'est juste chiant. Et c'est pas mal aussi de pouvoir allez où on veut quand on veut...

Surtout dans des endroits où on ne devrait pas être. Franchement braves gens, le jour où l'Univers a décider que Ghilian Reeve ne serait qu'une humaine, l'Univers  appris une putain de bonne décision. J'ose même pas imaginer tout ce que j'aurais pu faire avec la moitié du quart des compétences du type ne face de moi. Enfin si, j'allais imaginer mais j'ai sagement décider d'écouter ce que raconte Jonathan.

- Attends rassures-moi... C'était une balle magique ? Tu peux pas décemment me dire que n'importe quel crétin avec un cracheur peut buter un démon... ça serait horrible de banalité ! Oh et puis une impasse c'est chiant. T'aurais fait quoi après ? Terroriser le chien le plus proche ? C'est plus marrant de faire les choses dans les lieux inapropriées.

Je reprends une gorgée de rhum, ma curiosité renouvelée.

- Et du coup, si habituellement on te voit pas, je suppose que t'es un fantôme ? Alors c'est quoi le truc pour reprendre consistance ?

Puis prise d'une soudaine envie de remplir mon estomac, je dégaine mon portable, parée pour utiliser ce petit bijou de technologie pour qu'un congénère bipède nous rapporte de quoi nous sustanter. Genre pizza. Ou burger. Ou n'importe. Incapable de me décider, je fais intervenir l'avis du public :

- Rien à voir mais tu veux manger quoi ?

"A condition d'y être déjà allé, de savoir exactement où je souhaite aller. J'peux pas imaginer une destination, ou me fier à une photo. Finir encastré dans un mur n'a pas l'air très exaltant."

Non pas que j'ai déjà essayé, j'ai sans doute jamais été assez suicidaire pour ça. J'ai beau avoir connu des hauts et des bas en quatre siècles d'existence, il faut croire que je me suis toujours bien trop aimé pour tenter d'attenter à ma propre vie. Et il semblerait que je sois effectivement assez tenace pour ne pas avoir passé l'arme à gauche plus tôt que ça.

"La balle était pas magique. C'est moi qui suis, disons, moins résistant que par le passé. Mais tu m'excuseras de ne pas te déballer tous mes petits secrets le premier soir."

Je la rejoins sur ce fait. Quitte à s'offrir un peu de magie, le faire tout en pouvant en profiter pour être un minimum démoniaque, c'est encore mieux. Même si mon père se retournerait dans ses appartements s'il savait que j'ose considérer comme "minimum démoniaque" le fait d'avoir fait sursauter une humaine lors de ma réapparition.
Je porte une nouvelle fois mon verre à mes lèvres, dégustant la senteur de l'alcool avant d'en avaler une gorgée de plus, en profitant d'autant plus que j'ignore combien de temps il me reste dans cet état. Quelques minutes, quelques heures, plus?

"Un fantôme oui. Et j'en sais rien. Un moi plus jeune et moins désespéré aurait sans doute pris le temps d'étudier ce qu'il buvait avant de le boire, et se serait même débrouiller pour multiplier la recette... Mais je suis assez usé de cet état pour ne pas perdre de temps en tergiversations quand une solution s'offre à moi."

Je la vois soudain se saisir de son téléphone avant de ma demander ce que j'ai envie de manger. Là tout de suite à la minute? Je vais totalement déroger à mes origines britanniques pour me diriger vers un Etat tout aussi insulaire mais plus américain en même temps.

"Je crois que je tuerai pour une pizza hawaïenne. Mais je risque d'être au regret de te demander de m'avancer l'addition, si tu comptes que je partage ton repas. Y a peu d'argent au royaume des esprits."

- Même si c'est une solution temporaire ? Franchement, je pense que j'aurais quand même tenté de faire des recherches. Je suis pas certaine que "fantôme", ce soit un état génial. Tu peux espionner mais pas profiter, ça doit être... frustrant.

Pas fumer, pas boire,, pas manger, pas baiser. Chiant. Même le fait de pouvoir fouiner en paix ne couvre pas un dixième de ce qu'il a perdu.

Je commande sans un mot la pizza hawaïenne -choix douteux si je puis me permettre- avant d'étouffer un rire.

- Moi qui comptait sur ta galanterie, me voilà fort marri.

Un rapide coup d'œil sur l'application m'apprend que nos estomac devront patienter une dizaine de minute, rien à dire.

- Alors ? Ou trouve-t-on des potions de ce genre à Chicago ?

J'avoue que je suis horriblement curieuse. Max a déjà mentionné rapidement des boutiques de magie, mais je suis certaine que ce genre de truc, ce n'est pas courant... Je suppose qu'il s'agit d'une sorte de marché noir dans le monde magique... On va dire que c'est de la curiosité professionnelle. Je reprends une gorgée de mon breuvage, et soudainement, la bizarrerie de la situation me frappe de plein fouet :

- Puis d'ailleurs, comment t'as pu la boire ?

"Frustrant. Tu tiens le mot parfait. Et crois moi ma belle, espionner n'est pas amusant longtemps. Quelques jours tout au plus. Passé six ans, on ne trouve plus rien d'appréciable à cette condition."

Si elle a raison dans ce qu'elle dit? Surement oui. Totalement même. Mais je crois que faut avoir essayé pour savoir de quoi on parle. C'est comme d'être l'avorton de la portée, d'essayer de se faire une place, avant de comprendre que les autres ne se rendent pas même compte de sa présence. J'était fils unique, et l'une des fortes têtes du groupe quand j'étais gosse, mais je me rend compte aujourd'hui de ce que ça fait d'être de l'autre coté du miroir. Croyez bien que c'est pas une position confortable.

"J'suis pas galant. Ma femme me le répète assez souvent. Répétait, pardon."

La rectification me tire un sourire en coin, comme je finis par attraper la bouteille pour me resservir un verre plein en guise de réconfort. Jusqu'à ce qu'elle veuille clairement en savoir plus sur l'art et la manière dont un fantôme reprend consistance. Pour résumer.

"On m'a conseillé un bon toubib. Nan, en vérité, c'est ce qu'on appellerait un recel d'arrière boutique. Et la personne qui m'en a donné l'adresse sait parfaitement que je ne crains pas de jouer avec des forces plus sombres que je ne le devrais. C'est pas une adresse qu'on donne à la légère."

Je vais être honnête, j'en ai encore des frissons dans la colonne vertébrale. C'est peut-être ce qui fait que je n'ai pas cherché à en savoir plus sur le contenu exact de cette fiole. Mais je n'ai pas prévu de passer le temps incertain qu'elle m'octroie à me poser des questions à son sujet, ou à regretter de ne pas m'en être posé davantage.

"Dis-toi que c'est comme les chocapics, c'est magique. Non, plus sérieusement c'est prévu pour permettre à un fantôme d'échapper à son état, alors vaut mieux que le dit fantôme soit capable de la boire non? M'en demande pas plus, la magie a ses mystères, et c'est ça qui est intéressant dedans."

- Du recel ? Une adresse dangereuse ? J'étouffe un rire. S'il n'était pas question de magie, je t'aurais saoulé jusqu'à ce que tu m'avoues où ce trouve ce lieu exquis.

Je reprends une gorgée de mon verre avec un sourire en coin. Remarquez que ce n'est pas l'envie qui m'en manque, d'avoir l'adresse, mais en soi, qu'est ce que j'en ferais ? Sans compter que si ça se trouve, c'est encore un lieu que j'arriverais pas à rejoindre. Alors je vais pas m'escrimer pour si peu.

- Oooh mais dis-moi, ça ressemble vachement à un "ta gueule c'est magique !"

Merci Max de m'avoir appris cette expression, qui prend un tout autre sens dans certaines situations. Genre celle là.

- Enfin cela dit, ça pourrait être pas mal de savoir comment ça fonctionne non ? Tu pourrais réfléchir à ça pendant que tu espionnes les cabines d'essayages du Macy's on State Street.

Je sais pas si c'est le genre de type à le faire -perso je le ferais- mais ça m'amuse de l'imaginer. Dire que j'ai peut-être des esprits qui m'espionnent sous la douche... Amusant. Faudrait que je demande à Marius de venir faire un tour chez moi.

Pour vérifier si des esprits rôdent dans les parages hein. Pas pour qu'il me mate sous la douche.

Parenthèse close, je me recentre sur mon interlocuteur :

- C'est quoi le truc le plus dingue que t'ais vu ?

Curiosité de bas étage, mais j'ai dis que je me prendrais pas la tête ce soir. Mon téléphone vibre, m'alertant que nous aurons bientôt de quoi nous sustenter. Parfait.

Je l'aime bien cette petite. Elle me rappelle aussi bien ma femme que ma fille, ces femmes qu'il était impossible de tenir aux convenances de notre époque, qui répondaient systématiquement noir quand vous disiez blanc, à qui il ne fallait surtout pas parler de la supériorité du genre masculin (soyons honnêtes, j'ai essayé une fois, pas deux) et qui savaient s'engouffrer dans la moindre faille de votre discours quand vous essayiez de les convaincre qu'il ne fallait surtout pas faire un truc. Sur le dernier point, la championne était Farah quand même. Cette gosse avait l'art et la manière de me retourner le cerveau, à en réussir à ME faire faire le ménage dans SA chambre quand je lui suggérais de le faire sans infliger la tâche à la domestique.

"Et si je ne risquais pas de te mettre en danger pour disparaitre aussitôt, je t'aurais sans doute refilé cette adresse."

Juste pour m'amuser cinq minutes avec quelqu'un d'autre que mon frère ou mon colocataire à mes cotés. Mais ça ne serait vraiment pas juste pour elle de l'entrainer là-dedans en sachant que je ne risque pas de me bouffer les pots cassés. Oui, on peut être à demi démon et avoir des scrupules. Mais ça reste entre nous, je tiens un minimum à ma crédibilité quand même!

""Ta gueule c'est magique"... j'la garde sous le coude celle-là. J'suis sur que c'est ce que se disent les puissances supérieures quand tu foires un sort bien lancé, ou que tu réussis un truc où t'as bouffé trois fois tes mots. La magie, ça vient des tripes, les mots qu'on pose dessus, c'est qu'des foutus mots. Et tu le tiens d'un type qui sait parler plus de langues mortes que de vivantes, avec ces foutus sorts."

Y a un autre moyen d'avoir les réponses sinon. Embarquer mon démon de frangin dans une petite expédition pour faire cracher le morceau à l'épouvantail qui gère cette boutique clandestine... ou pas. Ouais, peut-être que discuter avec cet être serait déjà une première approche, même si l'idée me hérisse les cheveux à l'arrière de la nuque.
Je ris amusé avant de toquer mon verre dans le sien quand elle me dit que je pourrai y réfléchir pendant que j'espionne les cabines d'essayage des boutiques de fringues du coin. Quand à sa question, elle me demande une seconde de réflexion.

"Y en a qui te diraient qu'un demi-démon élevé dans une église c'est déjà pas mal dans le genre dingue, mais sinon, les chutes Victoria. Je sais, ça a rien de magique si on oublie la colonie de kongamatos qui dort derrière, mais j'ai voyagé aux quatre coins du monde au cours de ma vie, et y a rien de plus magique que ce que peut nous offrir la nature. D'accord, j'ai vu un phénix un jour, ça vaut vraiment le détour."

L'idée qu'un démon puisse ne pas vouloir me mettre en danger me tire un demi sourire malgré moi. Les croyances ont la peau dure, même si j'essaye de m'en défaire. La preuve étant que si je suis assise dans un bar à papoter, c'est parce qu'un démon m'a sauvé les fesses.

- Monsieur est trop aimable de m'éviter des désagréments supplémentaires.

Malgré mon ton exagérément grandiloquent, je suis à moitié sérieuse. Ma curiosité et moi-même ne résisterions pas à aller fureter à l'endroit indiqué en sachant ques les potentiels dangers sont sans doute au-delà de ma mortelle imagination. C'est chiant quand même...

- Heureuse que l'expression te plaise, c'est un ami sorcier qui me la ressortait à toutes les sauces dès que je l'agaçais avec toutes mes questions. Très souvent donc, mais c'est à cause de son mauvais caractère.

Je vous vois venir, avec une réponse comportant les termes "hôpital" et "charité"... Déjà je vous emmerde, et je suis désolé de vous apprendre qu'en société, je m'intègre plus facilement que le sorcier susnommé.

Mon idée farfelue du Macy's on State Street semble l'amuser aussi... ce type est définitivement l'interlocuteur parfait pour finir une journée dites-moi. Je lui passe même sa pizza hawaïenne pour la peine.

La suite de notre discussion me donne raison : je jette l'aberration de l'ananas sur un des incontournables de la cuisine italienne aux oubliettes, lorsqu'il me parle de phénix.

- Parce que ça existe ?

Ok, j'ai peut-être un peu trop élevé la voix vu que quelques personnes se retournent pour regarder qui ose parler si fort. Je reprends donc à un niveau plus adapté à la situation :

- Et ça ressemble à quoi ? Et c'est quoi les kongatamos ? -je suis pas certaine d'avoir bien prononcé le mot, mais ça ne m'empêche pas de continuer - Et question subsidiaire pour la route, je suppose que je devrais rester perplexe quant au fait que tu ais grandi dans une église ? Enfin je vois bien que dans l'imaginaire collectif les démons c'est pas sensé se retrouver dans les église mais plutôt aux Enfers, mais pour ce que j'y connais...

J'hausse les épaules, alors que mon portable se met à sonner... l'heure du manger est arrivée ! Je bondis littéralement de ma chaise pour aller récupérer les deux cartons que me tend un jeune homme qui repart sans pizza mais avec un billet supplémentaire.

- Elles arrivent pile au bon moment ! J'ai tellement faim que je devrais plus trop poser de questions !

A peine rassise, j'entame ma première part avec délice et attend sagement les réponses à mes petites questions.

Je lui offre un sourire quand elle me répond, pleine d'ironie, sur l'idée que je puisse vouloir lui éviter plus de problèmes.

"T'es une humaine qui se promène au milieu du monde surnaturel en prétendant ne pas s'en laisser compter. T'as pas besoin de moi pour t'attirer des ennuis. Alors laisse moi faire preuve de grandeur d'âme en ne t'en attirant pas davantage."

Un sorcier qui a mauvais caractère. Je ne vais rien dire, mais j'ose penser que mon expression est éloquente. A savoir? Qu'à mon avis, ça va un peu de paire, même si nous sommes d'accord que je n'irai pas le dire en face d'une certaine sorcière de ma connaissance. Disons que je tiens un poil trop à ma couenne de demi-démon désincarné pour ça.

"Les phénixs? Bien sur que ça existe. Vous croyez vraiment à vos histoires d'étoiles filantes et de météorites? Quant aux kongamatos, vous appelez ça des ptérodactyles et vous êtes convaincus qu'ils ont disparus depuis 65 millions d'années. J'ai le droit de dire qu'on peut vraiment tout vous faire gober à vous autres humains?"

Son téléphone sonne cependant entre deux, me coupant légèrement la parole, et elle s'éclipse pour aller chercher les pizzas bienvenues. Vous pouvez pas imaginer la dalle qu'on se traine quand on n'arrive à manger qu'une fois tous les 35 du mois quand mon frangin use de sa magie pour me permettre de revenir un peu sur terre. Et oui, je vote pour la pizza hawaienne cette fois-ci, même si elle n'a rien d'italienne. J'en dévore d'ailleurs facilement deux parts avant de me rappeler qu'elle m'a posé une autre question à laquelle elle n'a pas eu de réponse. Si j'aurai pu l'éclipser? Sans doute, mais ça fait du bien de discuter sans filtre.

"Mon père était pasteur. Fin mon père... le mari bafoué de ma mère. Mon géniteur était un salopard. Mais passons. J'y ai sans doute gagné une certaine tolérance aux objets saints. Je touche pas aux crucifixs, mais disons que c'comme un gosse vacciné contre la variole, le jour où il la croise, il s'en sort avec une bonne fièvre et deux jours au lit."

Et c'est une part de pizza supplémentaire qui se trouve engloutie. J'aurai peut-être du lui en demander deux. On peut manger comme un ogre et pas avoir trop d'effort à faire pour garder la ligne, c'est inné ce genre de truc.

"Et toi alors? Comment une humaine se retrouve embarquée dans les histoires de magie?"

Si sa pique sur le fait que les Humains soient naïfs me touche ? Peut-être un peu plus que je ne veux bien l’avouer, mais j’ai le temps de cacher ma moue grâce au livreur. Vraiment pile au bon moment cette livraison.

Cela dit, dans l’imaginaire collectif, il est plus simple de croire qu’un truc qui brille dans le ciel est une météorite plutôt qu’un oiseau de flammes. Je crois que l’esprit veut bien voir ce qu’il veut surtout... et ça vaut pour les démons aussi, dans un autre registre :

- Peut-être qu’on gobe facilement les explications les plus rationnelles dès que ça touche au surnaturel... Mais bon, on fait bien gober aux démons que les ananas se mangent sur des pizzas, alors je dirais, un point partout !

Oui, je suis obligée de revenir là-dessus ! Je souris devant ma connerie, alors que j’ai enfin le droit à une réponse pour les églises et tout le bazar. En fait à bien y réfléchir, je m’en serais passée. Ça implique trop de choses auxquelles je veux pas penser.

Genre, si un démon peut pas toucher des objets religieux, ça veut dire que c’est pas du pipeau ? Que les types à l’imagination débordante qui ont pondu des livres saints, ils ont écrit quelques vérités ? Donc qu’il y a un ou des Dieux quelque part ? au pif, au paradis ?

Alors que mon petit cerveau surchauffe, je reste avec une part de pizza à moitié enfournée dans le bec. Non définitivement, je vais m’en tenir au fait que paradis et enfer existent et sont deux plans d’existence autre que le mien. Voilà. Plus de question métaphysique.

Il me tire de mes pérégrinations mentales et je finis par enfin croquer dans ma part de pizza que j’ai toujours dans le bec. J’en reprends une bouchée, avant de lui exposer ma vie palpitante. Je pousse mon verre et mon téléphone sur ma table.

- Très simple. Je pointe mon verre du doigt : ça, c’est moi, mon portable, une camionnette.

Je cogne mon téléphone dans le gobelet, profitant de mon inutile démonstration pour continuer à manger.

- Et un démon a jugé utile de remonter le temps pour me sauver le croupion. Alors qu’il faut sois disant pas altérer le temps. Faites ce que je dis, pas ce que je fais... Pas que j’m’en plaigne hein... Puis après, j’ai eu besoin d’un type calé en informatique. Alors j’me suis pointée chez un type qu’on m’a recommandé et tu croiras jamais sur qui je suis tombée...

Je termine ma part entamée avant d’achever ce suspens très soutenable :

- Un descendant du fameux démon ! Le sorcier au caractère discutable. Puis quelques mois après j’ai enchainé sur une croisière à bord du Hollandais volant, avec une amie humaine qui aurait dû elle aussi y passer dans cette chronologie là. Du coup depuis... j’admets que j’oscille entre « c’est trop cool » et « oh merde, encore une histoire à filer la migraine ».

Mon ventre gargouille gentiment, me disant subtilement qu’il aimerait que je parle moins et mange plus. J’accède à sa demande le temps d’une bouchée, avant de continuer :

- Puis faut dire que je suis un aimant à surnaturel. Je renverse un type, c’est un vampire ! Toi à vingt secondes près, tu apparaissais dans une rue déserte, mais il a fallut que tu le fasses devant moi... Je vais peut-être faire du porte à porte dans mon immeuble, histoire de vérifier que je suis pas la seule humaine à y vivre...

Je zieute sa pizza contre-nature pendant que je glousse de ma bêtise, et m'aperçois qu'il a presque tout fini, alors que j'arrive à peine à la moitié de la mienne. C'est moi qui parle trop ou lui qui mange trop vite ? Les deux sans doute.

- ça creuse tant que ça d'être un fantôme ? Et je peux te faire don d'une part, mais c'est seulement parce que je suis d'humeur charitable.

Et il faut savoir que mon ventre proteste furieusement, mais que je n'en mourrai pas. j'ai des réserves.

Je ne vois vraiment pas quel est le problème avec cette pizza! Cela dit, il y a peu de parfums qui me rebutent en matière de pizza. Si, fruits de mer, mais ça c'est juste parce que je ne comprends pas comment on peut avaler ça comme des gâteaux apéro... accessoirement, faudra m'expliquer pourquoi on appelle ça des fruits, mais bon... bref.

"A ma connaissance, ceux qui ont eu cette sublime idée étaient humains. Je ne fait qu'apprécier leur inventivité."

J'enfourne une part de pizza supplémentaire alors qu'elle m'explique comment une humaine comme elle se retrouve à ce point emmêlée dans des histoires surnaturelles. Oui, je pense que "aimant à surnaturel" semble être une bonne illustration de l'affaire. Cela dit, je retiens une information dans tout ce qu'elle me raconte. Abraxas est en ville. Oui, de démon capable de transcender le temps, j'en connais pas beaucoup, mais de démon qui le ferait pour sauver une simple humaine qu'il ne connait ni d'Eve ni d'Adam, je n'en connais qu'un. De réputation. Je n'ai pas la prétention de connaitre personnellement l'un des plus anciens démons de l'Enfer.

"Pour rester en vie dans ce monde, vaut mieux rester sur "encore une histoire à filer la migraine". Surtout si Abraxas est dans les parages..."

Le problème de certains problèmes mineurs, c'est qu'ils viennent à deux, et deviennent un problème majeur. Abraxas n'est qu'une face de la pièce, et Barabas est rarement loin. Du moins d'après ce que j'ai pu lire sur le sujet.

"Donc, si je suis bien, un démon t'as empêché de te faire renverser, et toi en échange, t'as renversé un vampire? C'est moi ou t'as un truc avec les accidents avant d'avoir un truc avec le surnaturel?"

Cela dit, une humaine qui tombe apparemment sur le bon démon, le bon vampire et les bons demi-démons (vu qu'aucun d'entre nous ne l'a apparemment tuée), je pense qu'elle peux aller jouer au loto, et plus d'une fois.

"Si j'étais toi, j'éviterai. Manquerait plus que tu tombes sur un loup-garou pour compléter le tableau. Et essaye de manger une fois tous les 40 du mois, toi aussi t'auras la dalle."

Oui bon, j'exagère un peu, étant donné que faut pas se plaindre à ce sujet, en tant que fantôme on ne ressent pas plus la faim ou la soif que ça. On est mort après tout. Cela dit, revenir parmi les vivants, même pour quelques instants, ça ça donne la dalle.

"J'suis preneur, merci. Toujours pas envie de gouter avant que j'attaque la dernière?"

Vaut mieux avoir des remords que des regrets, à ce qu'il parait. Alors je suis bon prince, je lui laisse l'occasion de revoir son jugement sur cette pizza "contre-nature" qu'elle n'a peut-être même jamais gouté. Maintenant que j'y pense, question contre-nature, j'me pose là non? J'me sens pourtant bien réel, bien existant, et bien content d'être là. Enfin, je le serai encore plus quand j'aurai trouvé un moyen définitif de revenir parmi les vivants, et en bonus, mes pouvoirs tiens. J'ai une femme à aller rejoindre à l'autre bout du pays ou presque.

J'aurais dû le parier ! Abraxas & Co., connu comme le loup blanc. J'ai été sauvé par une sommité parmi les démons. Que d'égard envers la pauvre humaine que je suis...

- J'y peux rien pour Dante ! le vampire, ajoutais-je devant l'éclat interrogatif de Jonathan. Il écoutait sa musique tellement fort qu'il ne m'a pas entendu arriver ! Bon honnêtement, ça m'a bien arrangé parce qu'il a volé par dessus le pont et que ça a juste flingué sa chemise. Au moins j'ai pas eu de corps à cacher et en bonus, j'ai eu le droit à une virée shopping improvisée !

Je me fends d'un sourire en coin, alors qu'il me parle de loup-garou. Cela ne ferait qu'un de plus a ajouté à mon "bestiaire" mental.

- C'est si dangereux que ça ? J'ai juste à pas sortir les soirs de pleine lune, non ?

Je grignote consciencieusement le bout de ma nouvelle part, notant les infos dans ma petite caboche, avant de refuser poliment la proposition.

- Tu peux prendre plus d'une part, je pourrais toujours m'en commander une nouvelle plus tard.

Je suis vraiment grande dame en cette belle soirée. J'espère que ça augmente mon bon karma.

- Tient, encore une question con : habituellement, à part les nécromanciens, qui peut te voir ?

Parce que bon, son existence en temps que fantôme doit être d'un triste s'il faut tomber sur un type comme Marius. Enfin "comme"... Avec les meme pouvoir j'entends. Marius n'est clairement pas à mettre entre toutes les pattes, je pense que de très nombreuses personnes ne lui survivraient pas, ce qui m'emmène à une autre question :

- ça peut mourir un fantôme ? Enfin... tu m'as compris quoi.

J'admets ne pas avoir écouté ce que Marius m'a raconté à ce sujet. A moins qu'il ne m'en ai pas parlé du tout, remarquez... J'hausse les épaules machinalement pour moi-même, Jonathan est plus simple à suivre que Marius, alors au pire, je ne perds rien à ravoir la réponse à une question que j'ai possiblement posé plusieurs mois avant.

Dante? Mon questionnement doit être visible sur mon visage parce qu'elle s'explique aussitôt. Ok, le vampire. Vrai que ça a des noms ces machins là. Non mais je plaisante, ce que j'en ai à faire de la soi disant supériorité des démons sur toute autre créature maléfique... surtout quand on est que la moitié d'un, on peut toujours causer moi j'dis.

"Et ben, ça l'encouragera peut-être à se rappeler que s'il a une ouïe supérieure à la moyenne, c'pour s'en servir. Et pour les loups-garous, l'expression "être mal luné" vient pas du fond d'un pot de confiture. Ils ne sont sans doute vraiment dangereux qu'à la pleine lune, mais je suis sur qu'il y a une augmentation des violences conjugales genre la semaine avant la pleine lune. Approche doucement un aimant d'une pièce de monnaie, elle va trembler et lutter avant de rendre les armes et se coller dessus. Same way pour les loups."

Je me sers copieusement dans sa pizza après avoir terminé la mienne. Je le regretterai certainement plus tard parce que j'ai beau avoir une faim de loup, j'ai pas spécialement l'estomac qui va avec. M'enfin, si c'est pour ne rien digérer d'autre jusqu'à la prochaine occasion où je pourrai manger de nouveau, je peux bien en profiter non? Quant à sa question? Elle tombe dans le mile, pour tout dire.

"Les autres fantômes. Enfin, ceux qui sont encore assez allumés pour causer le coup. Ceux qui errent sans but, j'm'en approche pas. Et pour une raison qu'on a jamais su déterminer, mon frère. Demi-frère. Qu'est pourtant pas nécro pour deux sous, mais j'sais pas, t'être parce qu'on a le même sang dans les veines."

Je fais une pause, parce que soyons honnêtes, ça serait un peu con de "mourir" de nouveau à cause d'une fausse-route. En vrai, j'ignore si c'est possible, mais au moins, la balle dans la tête, ça restait un peu classe comme mort... même si la composante "balle perdue" ruine le tableau.

"Si on peut être anéanti tu veux dire? Surement. Disons que j'ai pas envie d'essayer, ou de me frotter à des gens qui peuvent vouloir essayer. C'est quand on est mort qu'on se met à apprécier la vie, à ce qu'il parait."

Bon, cette fois-ci, j'ai plus faim. Par contre, je dis pas non à me rincer le gosier, même si ça doit être à l'eau plate.