Oui, allo bonjour, c’est moiiiiiii ! - ft Livuun & Perséphone

Elle est mignonne ma petite Liv !! Comme si me dire que ses petits microbes allaient me faire peur et que je ne dois pas la voir … ça fait maintenant une semaine qu’elle est cloîtrée chez elle, à me donner le minimum de ses nouvelles sous prétexte d’un grand mal qui l’habite et qu’elle ne veut pas risquer que j’attrape la même chose. C’est mal me connaître que d’espérer que je reste éloigner en la sachant à moitié morte dans son lit.

Je pars d’un pas guilleret retrouver mon amie, un thermos de soupe, un autre de tisane, un pot de miel et pleins de bonbons pour se mater un film sur Netflix tout en se gavant de cochonneries. Si ça se trouve, elle pourra pas en manger, c’est pas grave, j’ai de la place pour deux pour ce genre de chose.  Oui, autre petit détail. Ma blonde a dû oublier que j’ai les clés de chez elle. Je devais lui rendre parce que truc et machin et j’ai oublié parce que bidule et chouette.  Enfin, une histoire du genre dont j’ai totalement oublié les tenants et les aboutissants, mais aujourd’hui, je suis bien contente de pouvoir lui faire la surprise de ma petite visite. Elle va un peu bouder et après, elle sera tellement contente de me voir, qu’elle me pardonnera. N’oublions pas que je suis à croquer

Toujours aussi joyeuse, j’escalade les 6 étages de son immeuble jusqu’à la porte de son appart’ que je ne connais que trop bien. Je suis du genre squatteuse et quand je m’ennuie chez moi, j’ai souvent trouvé refuge chez mon amie. Je toque doucement avant d’insérer la clé et pénétrer le hall. C’est diablement sombre et j’ai aucune faculté à voir de nuit. Les stores, les fenêtres et l’odeur de renfermée. J’espère juste pas la découvrir morte sur son lit à ce stade. Je pose au sol mon petit panier digne de celui du petit chaperon rouge, contente de me dire que ce n’est pas le loup au moins que je découvrirais ici.

« Oh poulette ? T’es vivante ? »

J’entends un grognement qui quelque part me rassure. Oui, parce que je conçois qu’elle soit pas jouasse, mais au moins elle a répondu. Enfin … je crois que c’est elle. Je m’avance un peu plus et sens finalement un interrupteur sous mes doigts.

Une forme massive se devine sous la couette et franchement, mis à part me dire que cela doit faire des jours qu’elle n’a pas quitté son lit, je m’invite chez elle jusqu’à m’assoir au bord du matelas.

« Ben alors ? Tu fais la morte ? »

Non parce que pour l’instant, à part se trémousser vaguement sous son édredon, j’ai pas encore vu son joli p‘tit minois de norvégienne.

Made by Neon Demon

Une semaine que je ne me suis pas présentée au travail et autant de jour où je dois outrageusement mentir aux messages de Persephone. Avec le recul, l'excuse que je lui ai servi est totalement naze. J'aurais du prétexter un retour en Norvège pour affaire familiale plutôt que de lui dire que j'étais malade. La connaissant, elle va finir par venir voir ce qu'il se passe.

Je soupire -oui c'est possible sans respirer, c'est ce qu'on appelle communément une habitude- et me retourne sous ma couette, fixant le plafond sans vraiment le voir, à cause de la nuit régnant dans ma chambre. J'ai sagement baissé tous les stores de mon appartement depuis que j'y suis rentrée, et par prudence -et flemme- je ne les ai jamais rouvert. Je vais finir par sentir le moisi, si je reste là.

J'entends la porte du voisin du dessous claquer, ce qui me refait soupirer et de nouveau me tourner dans mon lit. J'entends l'ascenseur annoncer le 5ème étage et laisser entrer mon voisin. C'est chiant d'avoir une super ouïe. De dépit, je glisse ma tête sous l'oreille, ce qui ne m'empêche nullement d'entendre quelqu'un grimper les étages en quasi sautillant.

Oh. Zut.

Ma main à couper que c'est Persé qui vient aux nouvelles. Il n'y a qu'elle pour se taper six étages et être joyeuse. Comme pour confirmer mon intuition, la personne s'arrête devant ma porte, et je me fige en entendant une clé déverrouiller le passage qui mène à mon antre.

Merde, merde, merde !

Ce détail m'avait échappé, mais elle ne m'a jamais rendu mon double de clé ! Pas que j'ai chercher à le récupérer par tous les moyens... Je n'esquisse aucun mouvement en entendant la porte se refermer, en proie à un dilemme : j'ai envie de lui hurler de se casser séance tenante d'ici, pour son propre bien, mais en même temps je ne supporte pas la solitude et on peut pas dire que ces derniers jours ont été riches en interactions sociales.

« Oh poulette ? T’es vivante ? »

Elle n'obtient qu'un grognement comme réponse. L'ironie de la situation ne m'échappe pas, mais c'est trop tôt pour que j'ai la force d'en rire, même mentalement. Inconsciemment, je sers les poings et la mâchoire quand je l'entends rentrer dans ma chambre et grince presque des dents quand elle s'assoit sur mon lit. Je fais quoi moi dans cette situation ? J'ose même pas sortir ma tête de sous mon oreiller, espérant stupidement que si je ne lui réponds pas elle repartira d'elle même.

L'espoir fait vivre

Oh. Skitt. C'est vrai que je ne suis plus vivante. Et on parle de Perséphone. J'aurais plus de chance de découvrir un remède au vieillissement chromosomique que Perse se carapate de mon appart sans avoir eu une preuve que je suis en vie et que je vais bien. Je m'agite et soulève un peu le coussin, tente un pauvre sourire :

- La grande forme comme tu peux le constater... et par ailleurs... Tu devais pas me rendre mes clés ?

J'ai pas vraiment plus de réponses à lui fournir sur mon état, alors autant détourner le sujet de conversation. Je m'extirpe de sous ma couette, en calculant mentalement à quand remonte mon dernier repas.

Pensée positive du moment : je devrais pouvoir me retenir de bouffer ma meilleure pote.

Pensée parasite de l'esprit : elle a franchement une odeur délicieuse.

Je sors du lit comme si une guêpe m'avait piqué la fesse lorsque cette pensée devient un peu trop persistante dans mon esprit :

- Tu voudrais bien me préparer un thé pendant que j'me débarbouille vite fait ?

En espérant qu'elle accède à ma demande et qu'elle ne reste pas si proche de moi. Enfin d'ailleurs, je n'attends pas son aval et pars dans la salle de bain, que je verrouille derrière moi et allume la pauvre ampoule de la pièce. Ok. Respire.

Ah merde non, ça ne marche plus pour me calmer... Mon esprit tourne à plein régime pour trouver sur quoi me focaliser, et je ne trouve rien de mieux à faire que de me réciter mentalement les métaux de transition et leurs caractéristiques. Une fois focalisée sur ça, je m'approche du lavabo et retiens un soupir de frustration lorsque le miroir se contente de réfléchir la porte. Ah oui. Petit détail très pénible aussi...

Je me jette un peu d'eau sur le visage, peu convaincue que ça me donne moins une tête de déterrée, puis retourne sans motivation dans la cuisine où la rousse m'attend avec deux tasses fumantes et de quoi manger. Bon. Me reste plus qu'à trouver quoi lui dire, et surtout, ne pas l'utiliser comme petit-déjeuner.

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La jolie blonde émerge enfin de sous son édredon et son sourire tout penaud fait fondre mon cœur.

« Oooh, mais bien sûr, je suis là pour te les rendre … »

Et m’assurer que tu vas bien et on sait pertinemment qu’il y a une chance sur deux pour que j’oublie de te les rendre avant de quitter les lieux, mais comme je suis pas pressée de partir, on aura bien le temps de se reposer la question, n’est-ce pas ?

« Sinon, t’as une tête de déterrée ... »

J’acquiesce et bondit sur mes pieds, direction la cuisine. Je suis comme chez moi ici et je n’ai pas besoin de demander où se range t’elle ou t’elle truc pour m’y retrouver. De toute façon, par un procédé magique que j’ignore, nous avons une manière très similaire de nous organiser. J’ai le temps de mettre les petits plats dans les grands, enfin, plutôt des bonbons dans un bol, deux tasses fumantes de ma tisane au thym – citron et une cuillère dans le pot de miel. Toutefois, lorsqu’elle me rejoint, je ne dirais pas que je lui trouve meilleure mine, parce que Liv est déjà blafarde en temps normal, mais là, elle va virer transparente. Je prends sa main dans la mienne, une main plus froide qu’un glaçon. C’est pas tant cela qui me surprend que la vitesse à laquelle la blonde la retire de la mienne.

« Oh la la, mais tu es gelée ! Viens, on va se mettre sous une couverture sur ton canapé ! ça te dit un petit film ? J’ai vu qu’ils ont sorti un dessin animé tout mignon sur Netflix. »

Pas que je lui laisse le choix, puisque j’embarque déjà le plateau contenant nos breuvages et nos vivres, puis me dirige vers le salon. Je vous l’ai dit, je suis comme chez moi. Limite en sifflotant, j’installe un petit nid douillet pour mon amie, là où je sais qu’elle aime se pelotonner. Hop, la télécommande, cachée sous un coussin comme d’hab’ et je nous branche direct sur l’accueil de Netflix. Je ne vais pas la forcer à regarder l’autre truc si elle ne veut pas, mais au moins qu’on se pose, j’ai l’impression que ce n’est pas un rhume ou en tout cas, que ce n’est pas que cela et je suis inquiète. Liv est tellement toujours souriante, vivante et accueillante. Là, j’ai la sensation de l’importuner et si j’ai fait une boulette, je préfère qu’on en parle plutôt qu’on se fasse la tête indéfiniment. Je ne suis pas comme elle, je n’ai pas quinze mille amis et depuis son départ du labo, je reprends mes mauvaises habitudes et je m’efface devant mes collègues trop envahissants. C’est grâce à elle que j’arrive à m’affirmer et me sent accepté dans la communauté scientifique.

Je tapote la place et la regarde droit dans les yeux. Et je soupire.

« Allez ! Arrête de faire la tête, tu le savais que je viendrais voir comment tu vas. »

Je me dirige vers elle d’un pas certain, elle sait que c’est ma tête de « je veux un câlin ». Normalement, elle ouvre grand ses bras et là, je vois juste son visage se transformer. C’est de la panique ou je me trompe ? Tout ça pour dire que je la prends quand même dans mes bras.

« Ben alors ma poulette, qu’est ce qui se passe ? »

De ma voix la plus douce, j’essaye de lui faire dire ce qui coince, mais ça, je ne m’y attendais pas. Je sens soudainement une douleur vive dans ma nuque et nous nous écartons vivement l’une de l’autre. Son regard, ses crocs et le sang qui perle au coin de sa bouche …

« AAaaah ! Un vampire ! »

Et voilà venu l’heure du pudu. C’est immédiat, la peur me liquéfie et je ne trouve que cela comme porte de sortie. Ce qui est ironique, car vu ma taille miniature, aucune chance que je puisse atteindre la moindre poignée et m’échapper. Moralité, je cours comme une dératée, sautillant par-dessus la table, renversant le thé dans les bonbons, me tapant les murs et je finis dans la cuisine cachée derrière la poubelle. Pas très discret un cervidé albinos de la taille d’un chat. Tremblant comme une feuille. Oh Liv … Que t’est-t ’il arrivé ?

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J'essaye de me concentrer sur l'odeur de la tisane -thym/citron, ma tête à couper- que Persephone m'arrache à ma pseudo paix intérieure en m'attrapant la main. De surprise- la sienne à l'air d'être brûlante- je la retire et la remercie intérieurement de changer de sujet.

Oh oui. Plan parfait. Devant Netflix sur le canapé, histoire qu'on soit bien proche. Je ne sais pas ce que j'ai fais dans une vie antérieure pour mériter un enchainement aussi catastrophique de circonstances, mais je devais vraiment être une raclure de la pire espèce.

Sur cette pensée, j'emboite le pas à Persé qui déménage tout ce qu'elle à gentiment préparer pour nous installer au salon. J'aimerai tellement réussir à lui dire de fuir, mais aucun mot ne semble vouloir franchir mes lèvres. En même temps, son odeur est tellement envoutante que je ne sais pas si je veux réellement qu'elle parte. Sans vraiment la voir, je fixe mon regard sur elle, alors qu'elle prépare avec joie notre petit coin film et série. C'est fou comment ma perception de l'environnement à changer. Maintenant, tout ce que je vois, c'est sa veine carotide qui palpite sur son cou. Il me faut tout mon self-control pour ne pas lui sauter à la gorge maintenant.

C'est horrible. Ma meilleure amie est en passe de se transformer en repas dans mon esprit et une partie de moi semble l'accepter sans broncher. Elle me parle mais mon cerveau n'enregistre même pas ce qu'elle dit, trop concentré sur le fait que je ne dois pas céder à la tentation grandissante d'utiliser Perséphone comme quatre heures. Tellement accaparé par la tâche immense qui est de museler l'horreur qui se tapis désormais en moi, je ne prends conscience du câlin de la rousse trop tard. Je n'ai pas le temps de reculer, ni de la repousser.

L'action se déroule beaucoup trop vite pour que j'analyse ce qu'il se passe, mais il semblerait que mon tout nouvel instinct soit bien opérationnel : à peine les bras de Persephone se referment-ils sur moi que j'enfonce ma belle paire de crocs toute neuve dans son cou.

Heureusement pour moi-et surtout pour elle- je réussi à reprendre mes esprits dès que son sang titille ma langue. C'est Perséphone, bordel ! Je m'écarte vivement, pour me retrouver face à une Persé paniquée, qui hurle au vampire et disparait subitement de ma vision, alors que je lèche mes lèvres sur lesquelles quelques gouttes de sang éparses se sont répandues.

Encore totalement désorientée par ce qui vient de se passer, je reste immobile dans le salon, regardant sans vraiment comprendre un animal de la taille de chat sauter de partout puis disparaître dans une pièce adjacente. J'ignore combien de temps je reste figée, le regard fixé sur le tas de vêtements appartenant à mon amie.

Bien. Apparemment, je ne suis pas la seule à devoir passer aux aveux... Cette nouvelle ne me remplit pas spécialement de joie, mais de curiosité. Bien entendu, depuis qu'une étrange cité a été découverte sous la ville et que je suis devenue une vampire, j'accepte beaucoup plus facilement les faits totalement inconcevables et non prouvables par la science. De fait, même si je suis étonnée de faire le rapprochement entre la jeune femme et l'animal que j'ai aperçu, cela ne me laisse pas perplexe.

C'est uniquement par peur de la réaction de Persé que je n'ose retourner dans la cuisine, là où j'entends battre un petit cœur affolé. Je viens d'essayer de manger ma meilleure amie et je ne vois pas comment elle pourrais me le pardonner. Même si on parle de l'une des personnes les plus adorables de cette Terre.

Et puis même si elle me pardonnait, qu'est ce qui prouverait que je ne m'en reprendrai pas à elle demain ou dans deux mois ? C'est pas tant son abandon qui me fait peur, que mon incapacité à gérer mes pulsions.

- Persé ? Ma voix tremble et j'ignore comment lui dire à quel point je m'en veux pour ce qui vient de se passer. Je suis vraiment désolée. Je ne voulais pas faire ça...

Oh si, au fond de moi j'ai voulu, mais le mensonge me semble être de mise, pour son bien et le mien.

- C'est pour ça que je ne voulais pas que tu viennes. Mais maintenant que tu es là, je suppose qu'on ne peut plus vraiment éviter le sujet...

D'un côté, ça me facilite la tache...

- Tu sais la soirée de jeudi à laquelle j'ai essayé de te trainer par tous les moyens... T'as eu raison de pas venir. J'ai eu un souci sur le chemin du retour et voilà le résultat.

Si je laisse le doute planer sur le fait que j'ai été attaqué directement par un vampire ? Oui. Et par pitié Persé, ait au moins une pensée incendiaire à propos de Dante. Maudis-le rien qu'une fois, et je serais la vampire la plus comblée de cette ville.

J'entends des cliquetis hésitant -des sabots sur un carrelage il me semble- se rapprocher de la porte de la cuisine, et je vois une petite tête blanche pointer de l'encadrement. Trop mignon. Je dois faire un gros effort pour pas sauter sur l'adorable boule de poils qui fini par se dévoiler entièrement, mais cette fois-ci pour lui faire un gros câlin. Mon cas ne semble pas entièrement perdu.

- Je te propose le deal suivant poulette : tu reprends une forme humaine pendant que je vais manger. Et je ne t'en voudrais pas le moins du monde si tu décidais de fuir par la même occasion.

Et ça, c'est entièrement vrai. Je pense que c'est même l'action la plus sensée qu'elle puisse faire, mais au fond de moi, j'espère fortement qu'elle n'aura pas de bon sens pour cette fois. Je l'aime trop, ma Persé. Trop pour que ma nouvelle condition nous sépare.

Je me glisse dans la cuisine alors que la biche albinos miniature prend soin de contourner le canapé et sors une poche de sang du frigidaire. Je jette un regard torve sur ma nourriture. Sérieux, paye ton vampire du 21ème siècle. Je crois qu'avec toute la bonne volonté du monde, je ne me ferais pas au repas plastifié. Avec une grimace, je plante mes crocs dans le PVC et avale le liquide rouge à l'arrière goût de plastique.

Il faut reconnaître le côté pratique par contre : plus de vaisselle à faire, tout par à la poubelle. Je passe les lèvres et le menton rapidement à l'eau, consciente que je n'ai pas entendu de porte claquer et retourne dans le salon, une pointe de peur nichée dans mes entrailles. Je reste à une distance respectable de Persé, les bras ballants, et lui adresse un sourire contrit :

- Je vois que tu n'as aucun instinct de survie...

Désolé d'avoir un humour si déplacé, mais là franchement, je ne sais même plus quoi dire...

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Je peux même pas dire qu’elle est la première à me mordre en me prenant clairement pour son repas puisque Jack a initié la chose dès notre enfance. Non plus, je n’irais pas jusque dire que cela est une habitude pour moi. Il ne fait pas déconner, j’ai mes limites et je sais quand je veux être à croquer et avec qui. Les quelques traces de morsures sur mon corps en sont témoins, j’ai des bonnes résolutions et celle de ne pas finir en repas pour un autre en fait partie. Cela dit, je peux faire ma rebelle comme je veux dans ma tête, je reste un petit pudu albinos blottit dans son coin et dont le cœur tachycarde comme jamais pour le moment. Une pensée positive ! Vite, il me faut une pensée positive … oooh c’est comme dans Peter Pan … et la fée clochette. Ah oui tiens Peter … oh ! Faudrait sérieusement que je lui demande si sa mère n’a pas un humour un peu Disney pour le coup, je n’avais jamais fait le rapprochement avant. L’animal ne sachant pas rire, cela reste intérieur jusqu’à ce que je me tétanise une seconde fois en entendant la voix de mon amie.

Attend … Peter, il est pirate comme crochet et c’est une fée comme clochette ! Non, mais si ce n’est pas sa mère qui a de l’humour, c’est lui alors.

Aaaah ! Elle s’approche !

Mouais mouais ! Je te crois sur parole ma Liv d’amour … autant que Jack qui me dit que ça l’a pas amusé du tout de jouer au chat et à la souris !! Je me promets intérieurement de rapidement lui mettre une pichenette entre les deux yeux dès que j’ai perdu mes sabots … Enfin … je vais quand même être à poil dans l’histoire. J’ai pas très bien calculé mon coup, mais je ne pensais pas avoir besoin du truc magique pour garder mes vêtements simplement en allant voir Liv. Heureusement pour elle, elle connaît déjà mon croupion pour avoir déjà squattée sa douche en oubliant de fermer la porte.

Bon, si j’en suis à me demander si c’est grave qu’elle voit mes fesses, c’est peut être que je suis calmée non ?

Nooooon !! Si ? Ok, je sors de ma cahette, mais t’as intérêt à être sage, sinon j’envoie la biche et tu vas pas kiffer un tacle de sabot cocotte ! Je sors discrêtement ma tête de la cuisine pour croiser presqu’immédiatement le regard du vampire.

Je sais que c’est elle et je veux bien croire que c’est un malheureux accident plus qu’autre chose. Je me demande si elle vit assez au nord de la Norvège pour avoir des longs mois où il fait nuit, ça pourrait l’aider à continuer d’aller voir ses parents ! Je suis une chouette amie quand même, je pense déjà à son avenir de mangeur d’homme. Elle a aussi de la chance qu’elle était déjà bien blanche avant cela, au moins sa famille devrait pas trop s’inquiéter.

Je trottine d’un pas rapide alors qu’elle passe trop trop trop trop près de moi et je rate sans doute à nouveau quelques battements. Moralité, je reprends forme humaine et ignore totalement sa proposition de me carapater. Elle reste mon amie et je n’ai aucune envie de lui tourner le dos alors qu’elle ne semble pas bien vivre la chose. J’ai pas non plus envie que Liv perde son travail, sa passion et notre binôme de fou.

Je récupère mes fringues et m’habille d’une traite, guettant le moindre son provenant de la cuisine. Lorsqu’elle s’adresse à moi, je lui tire la langue quant à sa remarque.

« T’es pas la première à me trouver à croquer figure toi ! »

Pas que j’ai croisé d’autres vampires ou du moins que je le sache … gloups, j’en sais rien en fait.

Je soupire et lui fait signe de s’approcher.

« T’as intérêt à plus avoir faim sinon, j’te rue et j’t’assure que y’a pas que le pudu comme corde à mon arc ! »

La jeune femme s’approche, mais j’sens bien qu’elle garde une distance raisonnable, préférant s’assoir à la table plutôt que sur le canapé vers moi. Je l’en remercie au fond, je me serais sentie moins capable de la regarder dans les yeux si elle avait été trop proche.

« Tu veux bien m’expliquer ce qu’il t’est arrivé ? »

Ma voix devient toute penaude et j’ai pas envie qu’elle pense que j’ai pitié d’elle, mais je suis triste. Cela veut quand même dire que mon amie est morte, j’ai un deuil à procéder et tant de nouvelles informations à intégrer. De grosses larmes se mettent à perler de mes yeux et avant moins de temps qu’il n’en faut pour dire « snif », je me retrouve à pleurer comme une gamine. J’étais contente de la revoir et après j’ai eu tellement peur et maintenant, je suis triiiiiiste ! C’est trop à gérer et je m’effondre comme une madeleine. Justement ce dont Liv doit avoir besoin, je n’en ai aucun doute.

« Mon petit ami est une féééée. »

Que je dis en chialant … ça sort de nulle part, mais je sais pas, j’avais envie de lui dire quand je l’ai rencontré et j’ai jamais trop pu et c’est tout ce qui me vient dans l’immédiat plutôt que de parler de mes sabots et de ma capacité à me métamorphoser.

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Que Persé tente une pointe d'humour me rassure, tout n'est peut-être pas perdu. Néanmoins je préfère poser mes fesses sur une chaise plutôt qu'à ses côté dans le canapé lorsqu'elle me fait signe de me rapprocher. Et ça me rassure aussi -autant que cela m'intrigue- qu'elle ait "d'autres cordes à son arc".

Je retiens un soupir lorsqu'elle me demande de lui raconter ce qu'il m'est arrivé. Je n'ai pas spécialement envie de revenir sur le sujet et j'espère qu'elle le comprendra parce que je ne compte pas m'épancher sur les détails, malgré qu'elle semble soudainement triste. Je vais pour raconter la soirée en question, lorsque Perséphone fond en larmes, me laissant totalement désemparée :

« Mon petit ami est une féééée. »

Je range l'information dans un coin de mon cerveau, priorisant le moyen de la calmer sans pouvoir aller lui faire un gros câlin. Je décolle de ma chaise, direction ma chambre, et j'en reviens avec un énorme ours en peluche gagné dans une fête foraine l'année dernière, que je dépose à côté de la rousse, avant de partir à la cuisine. Les bonbons qu'elle m'a ramené sont foutus, fondants à cause des tisanes brulantes renversées dessus un peu plus tôt. Je sens le sucre chaud dans tout l'appartement. Et dans ces cas là, il faut une bonne dose de sucre pour remonter le moral... Effet majoré par la théobromine ainsi que le magnésium contenus dans le chocolat. Avec ces petits détail en tête je vide mon placard à chocolat, et dépose les précieuses friandises sur le canapée -ma table basse est inondée mais c'est le cadet de mes soucis- et reprend place sur ma chance, alors que Perséphone continue de pleurer à chaude larmes entre les pattes de ma peluche. Je vais devoir la laver, après ça.

- Et heu... C'est grave que ce soit une fée ?

Je la vois secouer la tête, ce qui ne m'aide pas vraiment à situer le problème, alors je tente une pointe d'humour, totalement dépassée par cette situation :

- Alors pourquoi tu pleures ? Moi je me disais déjà que tu voulais qu'on trouve un moyen de lui donner une taille humaine et de lui couper les ailes histoire de pouvoir te pavaner avec lui dans la Water Tower Place !

Pitié Persé... Tu sais très bien que je suis pas la mieux placée pour gérer mes émotions alors celles des autres... Surtout quand mon seul moyen de réconfort c'est de faire des câlins parce que j'ai tendance à tellement tout rationaliser que j'enfonce plus les gens que je ne les aide dans ces situations...

Le seul point positif que j'y trouve, c'est qu'entre mon casse-croûte rapide et ça, je n'ai plus aucune envie de la croquer.

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Je sniff un grand coup pour éviter de trop morver sur le coussin le plus proche. Je vire entre le pas sexy et le carrément dégueu dans l’immédiat, mais je m’en fiche tellement royalement. Je ris entre deux sanglots à sa remarque. Bien sûr qu’on s’en fiche, mais c’est tellement plus simple de parle de ça que l’autre discussion qui s’annonce. Je secoue machinalement la t^te pour lui signifier que non, ce qui a pour unique résultat de faire tomber des gouttes un peu partout qu’elles viennent de mes yeux ou de mon nez. Finalement, il vaut mieux ne pas savoir. Dans un élan de pitié, elle va me chercher son doudou nounours d’amour que j’adore pour lui faire un méga câlin et toute une myriade de cochonneries à me mettre sous la dent … sans jeu de mot, j’oserais pas.

« Mais … Snif … j’ai le vertige … »

Mes sanglots sur le déclin, j’arrive à articuler une phrase à peu près audible. Je peux pas monter cette tour, c’est beaucoup trop haut. Je me doute que ce n’était pas exactement la réponse qu’elle attendait, mais c’est ce qui m’a paru le plus logique. Encore quelques secondes et je finis par me calmer de manière à être un peu plus disponible à une conversation plus élaborée. Un gros soupir comme un gosse après avoir vider toutes les larmes de son corps et j’essuie d’un revers de manche les dernières larmes.

« Bon et sans rire … il s’est passé quoi vraiment ? A qui on doit casser la gueule pour avoir osé te tuer ? »

Si mon amie ne semble pas jouasse à l’idée d’aborder cela, je vois bien aussi qu’elle est plus disposée qu’il y a dix minutes. J’ai aussi envie de l’aider … il doit bien y avoir des solutions pour ne pas la contraindre à une vie nocturne ou peut-être contrôler son envie de sang, j’en sais rien moi ! Est-ce qu’un vampire sympa serait prêt à l’aider et lui donner des bonnes astuces, notamment pour que je finisse pas en quatre heures. Elle a l’air de cogiter et tout en faisant cela, elle s’éclipse dans les toilettes et me ramène un rouleau de papier pour essuyer les traces persistantes de mon chagrin. Sans doute aussi éponger un peu le nounours géant qui a pris cher dans la bataille. J’en profite également pour piocher dans les chocolats et m’en fourre assez dans la bouche pour que je galère à la refermer derrière. Ça lui laisse amplement le temps de me déballer tout sans que je l’interrompe en tout cas. Au moins, la tonne de papier ne sera pas inutile. Je déglutis et reste muette. J’ai l’impression qu’on va passer à la casserole toutes les deux et en même temps, ça me fait du bien de pouvoir enfin parler du monde que je connais.

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Le vertige ? C'est quoi le rapport avec les fées ? Je range aussi cette information, mais n'y donne pas suite. Chaque chose en son temps, et là, apparemment, il est venu le moment de raconter ma soirée.

- La question a deux réponses possibles : le type qui m'a tué, il s'appelle Dante, et c'est un vampire. Je sais où le trouver, si tu veux aller lui transmettre tes salutations.

Petit sourire crispé de ma part. Peut-être que certain trouverait ça vache de ma part de l'accabler à ce point, mais en théorie comme en pratique, c'est bien lui qui m'a exsangué.

- Maintenant je pense que tu préfères plutôt savoir comment on en est arrivé à cette situation et c'est d'une banalité affligeante, je me suis faite agressée et ça a mal tourné. Un des types avait un couteau et il m'a planté pile dans l'artère hépatique. Pas de chance, pas vrai ?

En réalité, je me surprend moi-même. Je ne pensais pas être capable d'autant de détachement sur l'histoire de ma... vous savez quoi. Je m'agite tout de même un peu, définitivement peu encline à en dire plus. J'ai pas spécialement envie de rappeler ces souvenirs tout de suite et de toute manière, je ne suis pas certaine que le sujet soit très agréable pour Persé aussi.

- Mais parlons plutôt de toi, mon adorable petite cachotière...

Cette fois je lui adresse un vrai sourire, sentant la joie revenir. Ces histoires de vampire, ça va deux minutes, mais cela fait une bonne semaine que j'ai que ça à l'esprit.

- Comme ça tu peut te transformer en cervidé et tu ne m'as rien dit ?

Mon air outré est factice, et je sais pertinemment que Persephone ne se fera pas prendre au piège, elle me connaît trop bien.

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Je plisse les yeux. C’est quoi ce prénom à la mort moi le nœud ! Oui, oui, dixit la nana qui s’appelle Perséphone, je critique les parents indignent qui l’ont appelé de la sorte … à moins qu’il n’est pris ce sobriquet juste pour se la péter sous sa forme de vampire, mais franchement, c’est naze. Je pose mes mains de chaque côté, écartant mes doigts au possible comme pour dire « stop ». Je capte pas. C’est pas le même type qui l’a tué et qui a planté son artère hépatique ? Parce que si l’un est un vampire, c’est quoi son intérêt à la vider de son sang juste avant ? Mes yeux se plissent une fois encore et j’essaye de comprendre ce que je n’ai pas compris, mais je finis par capituler et passer aux aveux avant d’extorquer le reste à ma blondinette d’amour.

« Je suis une métamorphe … tu te souviens de mon frère ? »

Ils se sont croisés de loin je pense plus qu’autre chose, mais Jack est pas du genre à venir me voir au taf ni à squatter nos soirées pyjama … disons qu’en tout cas, j’ai assez de photo de lui sur mon frigo pour qu’elle comprenne de qui je parle.

« C’est lui qui m’a pris pour un steak la première fois. Je suis capable de me transformer en biche et lui … en lion … donc les carnivores prêts à me dévorer, je connais … et j’aime mon frère, on s’entend très bien ! »

Je m’écrase dans le fond du canapé, reprenant le nounours géant que j’étreins plus que de raison. Heureusement qu’il a pas son mot à dire. Je veux juste qu’elle comprenne que je ne laisserais pas notre différence dans la chaîne alimentaire être un obstacle à notre amitié.

« C’est pas normal qu’un vampire tranche une artère. Ils ont pas besoin de ça. J’aurais dû être avec toi … »

Mes yeux se gorgent de larmes encore une fois, mais je réprime ma tristesse, sentant bien que Liv va finir par craquer et me faire un câlin si je continue. Pas que j’en veux pas de son câlin, mais plutôt que j’ai pas envie de finir en casse-croûte.

« Comment tu te sens ? »

C’est nul comme question. Je veux juste qu’elle m’explique, ou peut-être je veux être rassurée ? Je ne sais plus à ce stade si c’est pour elle ou pour moi que je demande.

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Difficile de ne pas me souvenir qu'elle a un frère, vu les quantités astronomiques de photos qu'elle a de lui dans son appart. Mais c'est vrai qu'elle ne m'en a jamais trop parlé. Et la raison arrive juste après. Effectivement s'ils partagent des souvenirs de "j'essaye de te bouffer le croupion" c'est pas la chose la plus facile à partager.

Et si elle l'avait fait, est-ce que je l'aurais cru sans preuves matérielles ? Sans doute pas. Et avec la preuve... J'ignore totalement comment j'aurais réagi. Mieux qu'en me découvrant vampire, ça c'est certain, mais pour le reste...

Je la regarde reprendre mon ours -Bjørn, très original quand on sait que ça veut très littéralement dire ours- dans ses bras, comprenant très bien où elle veut en venir. Je n'en doute pas, qu'elle s'entende très bien avec son frère, mais est-ce que son frère est un tueur ? je ne pense pas. Mais je garde mes pensées pour moi. Perséphone n'a pas besoin de tout savoir.

Mais l'interrogation suivante me ramène à la réalité :

- Je me suis mal exprimée : je me suis faite agressée et plantée, et Dante est arrivé juste après. Mais en théorie c'est quand même lui qui... j'hausse les épaules, n'arrivant toujours pas à cracher le morceau, a accéléré la chose.

Pas que se soit bien long de mourir d'une hémorragie qui touche une artère principale, quelques minutes, grand maximum.

- Et encore heureux que tu n'y étais pas, tu aurais fais quoi ? De toute manière, c'est fait. Pas de retour en arrière possible Persé... Sauf si on invente une machine à remonter le temps, mais va falloir qu'on retourne étudier. La physique, c'est pas notre domaine de prédilection.

J'étouffe un rire. Je suis une catastrophe en physique. Il n'y avait que la quantique dans laquelle je tirais mon épingle du jeu, mais seulement parce que je cochais toujours les réponses les plus loufoques sur mes grilles de QCM. De la pure chance. Mais sa question me coupe nette dans mon début d'hilarité. Comment je me sens ?

Physiquement, je ne saurais dire. J'ai l'impression que la plupart de mes sensations sont altérés. Je n'ai ni froid, ni chaud, la sensation de faim n'est plus pareille, la fatigue physique n'est plus qu'une notion...

Mentalement... Depuis une bonne semaine j'ai fais le deuil d'une vie normale, je suis un prédateur pour tout ce qui est humain -et affilié apparemment- et pire, j'ai dû intégrer l'idée que dans le futur, je me retrouverai toute seule. J'enterrerai ma famille et mes amis. Trop la joie. Mais si je lui dis ça, nul doute que Persé va se retransformer en fontaine et être encore plus triste pour moi qu'elle ne l'est déjà. J'ai vu les larmes perler dans ses yeux, et j'imagine qu'elle n'est pas heureuse de mon sort. Je ne lui suis pas non plus. Mais je ne vais pas lui dire. Pas maintenant en tout cas. Pour le moment, je me contenterai d'une demie-vérité :

- Et bien je suis recluse dans ma chambre depuis des jours... alors je me sens horriblement seule. Je pense que je vais devenir complètement tarée si je n'arrive pas à avoir un semblant de vie sociale.

Ma réponse ne la rend pas joyeuse, mais je n'ai pas de crise de larmes à gérer semble-t-il. tant mieux. Je suis vraiment pas bonne pour ça.

- Et toi ? j'espère que tu me fais la liste de tous les mecs du labo qui te font des misères ! Que j'aille les remettre à leur place dès que je le pourrai.

Je lui adresse un sourire en coin, bien consciente que Persé se laisse facilement marcher dessus et que j'ai pris très à cœur mon rôle de binôme grande gueule, au labo. Ce qui me rappelle soudainement...

- Comment tu as fais pour la présentation de la semaine dernière ?

On avait travaillé tellement dur... Si elle me dit qu'elle s'est dégonflée, je la croque ! Et ça sera mérité !

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Oooh ! J’ouvre la bouche en cœur à ses explications. Du coup, le mec l’a un peu sauvé ou c’est vraiment pas cool ? C’est compliqué, j’arrive plus trop à savoir si j’suis contente qu’il a ramené ma copine ou si effectivement, il lui a juste donner une alternative pourrie à la mort … c’est triste, mais égoïstement, je peux pas lui en vouloir. J’ai Liv devant moi, toute belle malgré le teint blafard et j’ai un pincement au cœur à l’idée que nous avons failli ne plus jamais nous revoir. Je fais une moue lorsqu’elle remet en doute mon efficacité face à une attaque … elle a pas tort. Je me serais enfuie en petit pudu … sans doute. Je l’aurais abandonné ? C’est ce qu’on pense de moi. Je suis Persé la peureuse. Je n’affronte rien ni personne. Une boule dans la gorge, je retiens un autre flot de larmes. Je n’aurais même pas pu sauver mon amie. Même sa blague ne me remonte pas le moral et je valide juste intérieurement qu’on est pas mal des quiches en physique, moi moins qu’elle quand même, mais je déteste la biochimie, ça compense. Je relève mon minois lorsqu’elle aborde que sa vie sociale lui manque.

« Et y’a pas de solution pour trouver un équilibre ? Il avait pas l’air sauvage celui qui t’a attaqué ou c’est véritablement juste une bête sanguinaire ? »

Je soupire à sa question. On revient sur Persé se fait marcher dessus.

« ça peut aller, de toute façon, j’ai pas la tête à leur répondre, j’étais inquiète pour toi. »

Ce qui n’est qu’une demi vérité puisque je n’ai jamais eu trop la force non plus de leur rentrer dans le lard. C’est la présence de Liv qui m’a aidé à pas finir serveuse de café pour une horde de macho débile. Ils ont des binocles et trois poils au menton, mais dès qu’une femme s’approche, ils se prennent tous pour Iron Man … bande de décérébrés !

Je lui dirai bien qu’elle pourrait aller en mordre quelques uns, mais la blague me semble trop tôt. Par contre, un sourire se fiche sur mon faciès lorsqu’elle parle de note présentation.

« Ah ça ! Je ne me suis pas démontée. De toute façon, j’avais tout potassé, même ta partie parce que c’est notre bébé quand même et c’est bon ! On va avoir les financements, le matériel et mêmes la main d’œuvres pour nous assister ! On monte en grade poupée, ça va être génial ! »

Je me réjouis aussi vite que mon enthousiasme retombe.

« Enfin, tu vas pouvoir revenir ? On peut demander à former une équipe de nuit et je ferais le taf de jour et toi celui nocturne … ça demandera juste de réorganiser notre calendrier, mais ça pourrait limite nous avantager. »

Deux équipes demandent un peu plus de moyens, mais avec un travail 24H/24, on réduirait nos dead line et qui ne tente rien n’a rien après tout …

Je fais un regard de biche à ma collègue en espérant qu’elle me dise oui. Je prends même une grande inspiration, me lève et m’avance vers elle doucement. Je la sens hésitante et à juste titre.

« Je sais pas ce que ça fait de vivre tout ça pour toi, mais je suis sûre que tu trouveras moyens de pas vouloir manger notre équipe. »

Je lui adresse un sourire franc, alors que j’arrive presque à son niveau.

« T’as toujours été une battante. »

Je me plante devant elle et pose délicatement ma main sur son épaule. Je la vois tressaillir. Peut-être hésite-t-elle entre me repousser ou me dévorer, mais je ne reculerais pas. Elle a toujours été là pour moi et si c’est à mon tour de l’aider, je trouverais par n’importe qu’elle moyen une solution.

« J’ai bien des boucles d’oreilles ensorcelées pour éviter de me retrouver à poil – oui, je les ai oubliées aujourd’hui – doit bien y avoir un truc sympa pour les vampires ! »

Il faut que je demande à Peter, il saura sans doute me dire et si elle a gardé le contact de son papa vampire, j’espère qu’il sera assez sympa pour lui apporter son soutien sait-on jamais !

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- Je suppose que Dante est quelqu'un de civilisé, mais il m'a prévenu que ce serait difficile au début.

C'est pas comme si je l'avais littéralement démontré quelques dizaines de minutes plus tôt d'ailleurs, que c'était compliqué de gérer mes instincts.

Je me mordille la lèvre lorsqu'elle soupire, m'indiquant a demi mot que ces crétins se permettent de l'emmerder alors qu'elle s'inquiétait pour moi. Parfait, en plus de me sentir seule, je me sens maintenant coupable d'avoir inquiétée Persé alors qu'elle n'a pas besoin de ça. La pression qu'on subit au labo est déjà assez pénible pour que je lui rajoute un autre sujet mentalement épuisant.

Oui parce qu'il ne faut pas se leurrer. La science, c'est encore un domaine très masculin et la plupart de nos homologues XY nous le font bien comprendre. Après tout si on en est là où nous en sommes c'est parce que, au choix : il y avait des quotas pour la parité à remplir, ou qu'on a fait du charme aux hautes instances. Nos connaissances et talents n'y sont pour rien. Des claques qui se perdent... Habituellement, lorsque ces accusations ou préjugés nous sont balancés en pleine face, je monte au front, réduit les insultes en cendres par quelques répliques acerbes bien placées et ça se calmer. Ils rentrent dans les rangs, finissent par accepter -ou tout du moins font semblant- que nous sommes là parce que c'est la place qui nous est due.

Que ce soit elle ou moi, on s'est battue pour être acceptée dans un prestigieux labo, et on s'est décarcassée comme pas possible pour notre projet, alors lorsque Persé m'annonce qu'elle a portée la présentation toute seule et qu'on a été subventionné, j'en reste sans voix.

Déjà parce que je sais qu'elle a dû prendre énormément sur elle d'y aller toute seule, et ensuite parce qu'elle a réussi à faire comprendre notre concept à des gens mous du bulbe. Je suis fière d'elle. Je suis tellement chamboulée par l'annonce que j'écoute que d'une oreille ce qu'elle raconte ensuite. C'est le fait qu'elle s'avance vers moi qui me ramène sur terre.

Woa woa, qu'est ce qu'elle fait ? Je trouvais que notre distance de sécurité était pas mal moi !

« Je sais pas ce que ça fait de vivre tout ça pour toi, mais je suis sûre que tu trouveras moyens de pas vouloir manger notre équipe. »

Je ne mets pas longtemps à faire le lien : elle a dû me demander quand je comptais revenir travailler, c'est la seule chose logique qui me vient à l'esprit, alors qu'elle continue à se rapprocher dangereusement. Maintenant elle est si proche que je distingue chaque pulsation cardiaque dans ses carotides.

La seule chose qui me rassure dans la situation, c'est que je sais maintenant que Persé pet se défendre si je m'en prends de nouveau à elle, et je pense qu'elle capte mon hésitation. Je tressaille lorsque sa main se pose sur mon épaule. Je la regarde sans trop comprendre où elle veut en venir... Elle cherche à me rassurer sans doute et ça ne marche pas des masses. C'est pas parce que j'arrive à me contrôler à cet instant précis que j'y arriverais toujours. Néanmoins, sa remarque me fait rire :

- Tu penses qu'on pourrait me trouver une muselière magique ? Au moins on serait certain que personne ne me servirait de petit-déjeuner.

Vu son regard, elle ne devait pas penser à ce genre de truc mais bon... Je n'y connais rien moi !

- Persé...

Je la regarde, peut-être un peu trop intensement parce qu'elle se tortille, avant de céder et la prendre dans mes bras, en prenant garde à ne pas la serrer trop fort :

- Je suis trop fière de toi !

Je lui souffle ça dans l'oreille avant de la lâcher et de sautiller sur place.

- C'est vraiment extra que tu ais réussi à nous faire subventionner ! Tu vois finalement, tu t'en sors très bien sans moi !

Un court instant l'euphorie qui s'empare de moi balaye tout le reste. Il n'y a plus de vampire, de fées et de magie, il y a juste un rêve qui se réalise enfin. Mais très vite je redescends sur terre : il va vraiment falloir trouver une solution pour retourner au travail. Et je trouverai comment faire, peut importe ce qu'il m'en coûte.

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Quelqu’un de civilisé ? Et il «était où se rustre toute cette semaine ? S’il avait vraiment été un chouette type, il serait passé chaque jour –nuit - pour voir comment elle va, l’aider à se nourrir et que sais-je encore ! Mais non, Môsieur n’est pas là et il laisse ma meilleure amie en PLS à risquer de me bouffer alors qu’elle s’en remettrait pas. Et ça, c’est que la cerise sur le gâteau si on oublie que dans l’histoire, elle est morte, sa vie est changée, elle pourra plus voir sa famille comme elle veut et va devoir repenser l’entièreté de sa vie. Je suis en colère contre lui ? Oui !!! Je le croise, je lui casse les dents … enfin, en tout cas je lui dirais au moins que c’est pas cool.

« Un dentier … ou pire, un appareil dentaire ! »

C’est horrible, retour à l’adolescence et les objets de torture inventés exclusivement pour les jeunes avec déjà une image de soi déplorable ! En tout cas, je prends son câlin et fais totalement abstraction de sa peau froide contre la mienne. Un sourire d’une oreille à l’autre me barre le visage en l’entendant me dire qu’elle est fière. Moi aussi, je le suis ? J’ai même réussi à faire fonctionner le truc de sa démo prévu, bon certes, ça a à moitié pété, mais ils n’y ont vu que du feu ces crétins !

« Naaaah ! J’ai dû tout reprendre ma partie la veille alors que la tienne était nickel ! J’avais juste à suivre tes commentaires en marge pour la présentation, mais je suis sûre que ça aurait été encore mieux si tu avais été là ! »

Même sûre à 200%. Déjà, parce que moi j’avais envie de faire ça avec elle et ensuite, parce que Liv déchire quand elle doit parler en public. C’est une véritable meneuse, on voit tout de suite où elle veut aller et on la suit aveuglément.

« Bon cela dit, je déconnais pas. J’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre, mais Peter, mon petit ami – et je rougis comme une tomate en le formulant à haute voix – pourrait m’emmener au marché des fées et si ça se trouve il connaît peut être un truc … Oooh et la Capitaine du … euh, je t’expliquerais. »

Oui, parce que si ma meilleure amie avait deviné qu’il y a un homme dans ma vie depuis un p’tit temps, j’ai pas encore abordé tout ça. Du coup, j’avais pas prévu de lui dire que je suis allée sur une île à bord d’un vaisseau fantôme, piloté par une banshee pirate et que c’est là que j’ai rencontré mon copain qui en est la vigie … ça va faire beaucoup d’un coup non ?

« Enfin bref, je connais aussi une banshee et un nécromancien … y’en a bien un qui pourra nous renseigner non ? »

C’est agréable de pouvoir aborder tout cela avec elle, depuis le temps que cela me travaille et sans compter les nombreuses boulettes que j’ai failli faire. Je soupire et souris en même temps.

« J’suis triste pour toi, mais j’suis heureuse de t’avoir aujourd’hui et parler de tout ça avec toi … »

Si jamais, je garde aussi en tête que mon petit frère d’amour doit avoir un répertoire assez conséquent pour me trouver aussi un allié à qui demander de l’aide pour Liv. Je remuerais ciel et terre pour qu’elle puisse retrouver une vie et le bonheur de vivre qui la caractérise tant.

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Typique de Persé de sans cesse se trouver des excuses, parce que bon... mes commentaires n'étaient que des commentaires justement. Les trucs à ne pas oublier, les exemples pertinents... Je n'avais pas fais le script de la présentation quoi ! Enfin... Je m'abstiens de partager le fond de ma pensée, c'est un sujet que l'on aborde assez souvent. Restons joyeuses et positives !

Je la regarde rougir lorsqu'elle évoque son copain. Cela fait des mois qu'elle ne me dit rien et que je soupçonne le truc ! Alors maintenant qu'on y est, je ne vais plus la lâcher à ce propos !

- Tu peux m'expliquer ça tout de suite tu sais... Parce que là tu me parles de marché aux fées, de banshees et de nécromants et je suis complètement larguée ! Ou alors tu me parles de ton "Peter", au choix.

Je lui adresse un sourire angélique -si tant est que je puisse encore en faire- et part dans la cuisine chercher de quoi ramasser la flaque de tisane. Va bien falloir que je m'y colle, alors autant le faire tout de suite.

Je retiens une pointe de cynisme lorsqu'elle m'avoue être heureuse de pouvoir me parler de tout ça, malgré qu'elle soit triste pour moi. C'est quand même terrible d'avoir attendu qu'il m'arrive cette tuile pour que je découvre toute la vie de ma meilleure amie. Mais je ravale la réplique qui me brûle les lèvres et préfère éponger ma table basse.

- Tu vas avoir tellement de choses à m'expliquer... On devrait peut-être prendre des vacances, avant de débuter notre projet.

Je suis à moitié sérieuse. J'aime apprendre de nouvelles choses et si en plus ça à un intérêt à la vue de ma nouvelle condition... C'est bête, les nuits polaires sont déjà finies dans l'hémisphère nord.

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Je ventile avec ma main devant mon visage qui tape maintenant dans l’écrevisse. Avec ma chevelure rousse ça fait un peu ton sur ton.

« C’est moi ou il fait chaud ? »

Elle va pas me lâcher, je connais cette mimique, ce regard … je suis foutue !!! Je soupire.

« Bon ok, je vais essayer d’être claire, mais ça va pas être aisé. Bon déjà, moi je peux prendre deux formes : une biche ou un pudu … le petit cervidé ridicule et qui détale à la moindre peur. Mon frère est un lion ou un chat. Tu l’as déjà vu en chat chez moi je crois une fois. Ma mère est une chouette et mon père un raton laveur … dis comme ça, c’est déjà pas mal étrange. Tu suis ? »

Je commence après tout par ce qui me concerne depuis tellement longtemps et que je lui cache … c’est vrai. C’est dur aussi d’avouer, tellement peur de la perdre ou de me faire trahir. Je sais pas ce qui serait le plus dur à vivre.

« Peter, lui, est une demi-fée, me demande pas qui, quoi, comment … j’ai pas eu les détails, il le vit pas tous les jours bien je crois. Même si moi, je le trouve juste épatant. Il peut devenir tout petit, voler comme de rien et sinon, il est juste incroyablement canon. »

Fée ou humain, le dernier argument a peut-être à voir avec aucun des deux. Je suis amoureuse de toute façon, me demandez pas d’être objective.

« Le plus compliqué arrive. Est-ce que tu connais la légende du Hollandais Volant ? Pirate des Caraïbes et tout ça ? Ben hum … Peter bosse comme vigie sur ce bateau fantôme, il est pirate, un vrai de vrai. »

Quoi ? J’ai des paillettes dans les yeux quand je dis cela ? Possible, d’un côté, il est la personne la plus improbable qui pouvait bien être avec moi. Cela dit, je dois quand même attirer des personnes extraordinaires puisque Liv aussi est mon amie. Et maintenant elle est vampire … le bestiaire s’agrandit. Je reviens à l’équipage qui est aussi pas mal édulcoré.

« Sa capitaine est une banshee, c’est quelqu’un qui est mort et qui est redevenue vivante, mais je connais très très mal cette espèce et encore moins l’histoire de Liane. Sinon le cartographe est un sorcier qui peut voir les morts, mais si j’ai compris, c’est le genre l’Ankou, il guide les âmes vers la lumière quand elles se sont paumées. Il est bizarre, mais plutôt dans le bon sens du terme. »

Comme moi quoi. Et tout ça c’est la version simplifiée encore, parce que moi-même je suis très limitée dans mes interactions avec ces autres espèces et donc, je vais pas non plus les disséquer pour les comprendre. Enfin … un vampire, ça meurt pas si on le dissèque et on peut bien parler de dissection puisqu’il est mort techniquement … Ah, mais je vais pas ouvrir Liv quand même ! Peut-être le mec qui l’a transformé sinon …

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- Je te suis, mais c'est totalement pas logique ! J'aurais pensé qu'il y avait un rapport générationnel entre vos formes animales !

Autrement dit, j'ai furieusement envie de séquencer leur génome, à tous les quatre. Ca voudrait dire qu'être métamorphe est génétiquement transmissible mais que les animaux sont totalement aléatoires ? Il y a là un mystère qui demande à être résolu. Dire que tout le matériel nécessaire est au labo...

Mais je n'ai pas le temps de m'appesantir sur le sujet qu'elle enchaîne sur son petit-ami. Ses pommettes reprennent la teinte vives qu'elles avaient quelques peu perdu les secondes d'avant, et je suis de nouveau devant une bizarrerie : il existe des êtres hybrides. Bien, pourquoi pas après tout. Tout le monde connait l'existence des mules et autres léopons, alors pourquoi les humains ne pourraient pas s'hybrider avec d'autres races... Faut juste être au courant de leur existence.

Si je relève la dernière partie ? Qui n'a jamais été rendu aveugle par les sentiments ? D'autant plus que ça se trouve, Persé est totalement réaliste et son Peter est tout simplement canon, comme elle le dit. Dans d'autres circonstances, j'aurais peut-être trépignée de joie devant toutes ces nouvelles, mais là, je me contente de l'écouter, un léger sourire aux lèvres. C'est toute la joie que je peux exprimer, ce qui n'est pas mal du tout, vu l'état dans lequel j'étais il y a une heure.

Puis je lui ai quand même fait un câlin - sans redonner un coup de crocs au passage- alors on va dire que je suis dans la bonne pente. Pour le moment.

J'hoche la tête quand elle me parle du Hollandais Volant. Oui, je connais la légende dans les grandes lignes, et ça s'arrête là... Mais je ne peux m'empêcher de m'exclamer quand elle m'apprend que son copain est un pirate.

- Pardon ? Tu veux dire que toi, la personne la plus douce et la plus gentille que je connaisse, tu sors avec un pirate ?!

Alors là, nous ne devons pas avoir la même définition de pirate. Si c'est un vrai de vrai comme elle dit, désolée, mais je m'imagine un type qui bute des gens pour leur butin, et je ne parle même pas de ce qu'il peut faire aux femmes. L'amour rend aveugle, je vais me faire un plaisir de lui acheter des lunettes ! Mais non contente de m'apprendre ce détail, voilà qu'elle continue avec une banshee, un sorcier qui voit les morts... La vraie vie est donc un film d'épouvante ?

- Je crois que je vais utiliser mon nouveau temps libre pour me documenter sur tout ça...

Je souffle, mais enchaîne sur le sujet qui m'a fait tiquer un peu plus tôt.

- Un pirate tu disais ? Et comment tu l'as rencontré ? Parce que si je traîne dans des endroits chelous, selon tes propres termes, je ne me suis jamais amourachée d'un pirate, moi.

Je lui tire la langue, geste ô combien puéril mais hé, on est des scientifiques, pas des vieux sages chinois. D'ailleurs je me suis jamais amourachée de grand monde. Il y a bien eu un camarade de fac, erasmus lui aussi... qui est reparti en Europe. C'est la vie et j'ai fais mon deuil depuis le temps. Mais depuis, il n'y a rien eu de bien sérieux de mon côté. C'est triste à dire mais le boulot me prend trop de temps. Enfin prenait.... Et même si j'en ai pas l'air, je suis grave contente pour Persé.

- T'es au courant que maintenant que tu m'as dit tout ça, t'es obligée de me le présenter ?

Vu son regard, elle a très bien compris avant même que je lui dise, alors je préfère préciser :

- Pas tout de suite cela dit. On va attendre que je règle quelques... détails.

Je m'en voudrais d'essayer de le bouffer lui aussi.

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Rien qu’à l’entendre, je sais exactement ce qui se passe dans sa tête. On est des scientifiques et elle doit avoir les mêmes envies que moi de trouver le pourquoi du comment de certaines espèces. Un sourire se dessin sur mon visage angélique à l’idée de retrouver mon amie peu importe les derniers évènements. Comme quoi, ce n’est pas cela qui détermine qui elle est et je reprends véritablement confiance en mon projet de trouver une solution.

« J’te passerais les échantillons de sang de ma famille, mais fais juste gaffe de pas les laisser à la vue de n’importe qui, je veux pas que les autres soient au courant. »

Je lui glisse cela – ben oui parler de sang à une jeune vampire qui en manque c’était vachement délicat de ma part ! – avant d’enchaîner vivement sur ma fée préférée qui répond au doux nom de Peter, c’est plus que ça apporte toujours un peu plus d’espoir à trouver quoi faire, parce que là, si je devais m’y mettre de but en blanc à trouver un miracle, je ne l’ai pas. Et Perséphone Crawford n’accepte surement pas l’échec. Je suis une peureuse, mais qui a de l’ambition et rien ne m’arrête lorsque j’ai une idée en tête. Liv sait que je peux soulever des montagnes dans mon domaine lorsqu’il le faut et ce n’est pas peu de le dire au regard des difficultés que j’ai eu à vaincre ne serait-ce que ma timidité.

Je pose mes mains sur mes joues pour y dissimuler le feu qui s’y répands en l’entendant autant me complimenter que parler de mon pirate.

« Ouiiiii, un vrai de vrai avec un sabre et tout ! »

Vous connaissez Wallace et Gromit ? Y’a une super scène où Wallace est choqué car il n’a plus de fromage « No cheese Gromit ! There is no cheese ! » Et bien , j’ai exactement la même gestuelle en ce moment. J’ai un amour indéniable pour cet humour à l’anglaise que je trouve presque charmant de stupidité. Un peu comme moi quoi.

« Euh … tu te souviens de mes vacances l’année dernière ? Ben c’était au triangle des Bermudes, entre autre avec lui. Et en fait, la première fois c’était simplement pour aller chercher un truc sur l’île mystérieuse au milieu du lac Michigan … Oui, j’espérais trouver un artefact magique pour m’aider au labo et ça a fini juste par être très agréable et plus du tout branché sur mes recherches. En fait, je connaissais rien à cette île, mais son côté invisible par les non magiques est pas du tout exploitable à petite échelle … Même pas compris comment ça marche pour te dire. »

J’ai dû prélever quelques échantillons, mais tout est revenu normal, incroyablement et tristement normal. Je regarde son expression … et je me rends compte de tout ce que je ne pouvais pas lui dire une fois de plus. Je me mords la lèvre et prends sa main dans la mienne.

« Je suis terriblement désolée de n’avoir jamais eu le courage de te le dire … »

La lacheté et moi … une grande histoire d’amour. J’espère juste que Liv saura me pardonner et je vais tout faire pour lui prouver que je tiens à notre amitié plus que tout au monde, s’il me faut aujourd’hui braver des tempêtes, j’aurais peur, mais j’y irais pour elle.

Le feu, toujours le feu qui me brûle le visage dès qu’on évoque Peter.

« Oui, oui … j’y compte bien. »

Et tout mettre à plat avec elle, j’ai un milliard de choses à évoquer et pleins d’autres que je n’osais pas expérimenter seule, mais qui, aujourd’hui, ne me paraissaient pas insurmontable si je peux le faire avec elle. On va dire que présenter mon copain à quelqu’un, c’est déjà un beau pas en avant … je n’imagine même pas le présenter à mon félin de frère … Il me prend déjà pour une uluberlu … et il a raison d’un côté, mais zut !

« Règle, ce que tu as à régler, mais, même si tu as besoin de temps, je ne pense pas que c’est en te coupant du reste du monde qu’on trouvera la solution … Laisse-moi t’aider et vite. »

J’ai déjà mon SMS en tête pour mon frère et j’y crois … je regarde Liv toujours sur la réserve.

« Tu veux que je parte ? C’est trop dur si je reste ? Je peux t’amener à manger ? »

Trouver des poches de sang pour la ravitailler, ça doit être faisable au labo, j’ai bien un contact avec les gars de la collecte du sang pour ceux qui donnent au nom de la science, si quelques poches disparaissent, ça ne manquera pas trop.

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Je frétille intérieurement de joie lorsque Persé m'assure qu'elle me rapportera des échantillons pour que je puisse essayer de démêler cette histoire. Heureusement que je n'ai plus réellement besoin de dormir, avec tout ce que je veux essayer de comprendre en plus de nos recherches actuelles...

Le fait qu'elle exprime de nouveau son désolément face à son silence ? je ne peux décemment pas lui en vouloir. Oui, j'ai peut-être l'impression d'avoir été d'une certaine manière trahie, mais d'un côté je rationalise. Elle m'a caché des choses qui aurait sans doute pu la mettre en danger. De plus, je suis certaine qu'on lui a dit de cacher cette particularité, de ne jamais rien dire aux gens qui ne font pas parti de son monde. On parle tout de même de gens qui se changent en animaux. Imaginez une seconde si je genre de caractéristique venaient à fuiter ?

A l'esprit me vient tout de suite l'Armée : nul doute que les militaires utiliseraient ces pouvoir pour de l'espionnage, du sabotage, même les combats... Et du côté de la science, qui ne rêverait pas de séquencer ce qui leur permet de changer de forme et à terme peut-être même implanter cette fonction génétique dans des humains lambda ?  Oui, je réfléchis à des utilisations extrêmes... mais possible. Alors que Persé ne s'inquiète pas je comprends.

Et plus proches de nos petites vies, la simple peur d'être rejetée est un complexe suffisant à mes yeux. Sur un sujet aussi incroyable, je ne pense pas que l'ouverture d'esprit soit suffisante pour accepter l'existence de telles créatures.

- Je ne t'en veux pas Persé, c'est pas le genre de truc facile à caser entre deux cupcakes. Puis maintenant, le point positif, c'est qu'on peut tout se dire !

Je dégage doucement ma main de la sienne. Elle est définitivement un peu trop chaude contre la mienne et ce n'est pas des sensations la plus agréable.

je note l'embrasement de ces joues alors que je la ramène sur le sujet de son petit-ami. Elle serait parfaite dans le rôle d'une adolescente follement amoureuse. C'est mignon-niais. Mais je suis réellement heureuse pour elle. Quant au fait qu'elle veuille m'aider, c'est tout bonnement admirable. Je sais bien que nous sommes amies, mais elle me propose de m'apporter de quoi manger. Je reste un moment indécise, ne sachant qu'elle solution est la moins pire : me débrouiller comme une grande ou admettre qu'un peu d'aide serait appréciable...

Une fois de plus la raison l'emporte et j'accepte sa proposition, à son grand soulagement apparemment :

- Je ne suis pas contre un coup de main pour remplir mon frigo mais fais attention à toi et surtout... Préviens-moi avant de débarquer. J'ai pas envie qu'il y ait encore un autre... incident. Je lui jette un regard à la fois désolé et décidé : Sinon je fais changer ma serrure !

Vu que j'ai bien compris que je ne reverrais jamais mon double de clé. Mais maintenant que l'excitation de toutes ses nouveautés -on va être subventionnée !- mes instincts se font de nouveaux un peu plus insistants. Alors même si ça me coûte de l'admettre, je me vois dans l'obligation de foutre gentiment dehors mon amie, pour sa sécurité.

- Et ne le prends pas mal mais je pense que oui, tu devrais sagement retourner chez toi... Mais j'te propose qu'en arrivant tu allumes ton ordi et qu'on se lance ton petit film mignon en lecture synchronisée.

Un ersatz de soirée, mais je n'ai pas mieux à lui proposer. J'ai réussi à ne faire rien d'irréparable jusque là mais on ne va pas tenter la bête plus que de mesure.

Persé à beau faire de son mieux pour le cacher, je vois bien qu'elle est rendue triste par la situation, mais mieux vaut une Persé triste qu'une Persé morte. C'est mon avis, mais je suis certaine que beaucoup de gens le partage.

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