J'avais enfin eu une discussion avec Elaine : une discussion mère/fille comme on en fait peu dans notre famille.
Elle était toujours face à moi, un livre dans les mains et le sourire aux lèvres. J'avais commencé par lui évoquer ma discussion avec son père. Elle avait semblé intrigué qu'on puisse discuter sans se friter lui et moi, ce qui m'avait fait rire puisqu'elle avait raison. Ca nous arrivait si peu depuis la mort d'Oli que c'était une journée a marqué d'une pierre blanche. Elle n'avait pas a tout savoir de ma vie avec son père ou de ma relation avec Paul (avec tous les hauts et les bas que ça implique), mais nous avions au moins, enfin, le loisir de discuter plus posément elle et moi. Elle avait grandit, mûrit et moi j'avais apprit aussi à me relâcher (un peu).
Nous avions commencé par évoquer Tomas. Je la voyais clairement heureuse avec son chéri; j'en étais réellement contente pour elle et en même temps, je ne parvenais pas à cesser d'avoir peur pour elle. Ils sont rares ce qui peuvent prétendre être avec leur premier amour toute leur vie. Je lui souhaitais d'être heureuse, je le jure, mais je ne pouvais pas non plus m'empêcher de faire un rapprochement de mon histoire avec son père. Nous avions quasiment son âge quand nous nous sommes mit ensemble. A la différence qu'en tant que "belle-mère" j'appréciais d'avantage mon "gendre" que ma mère ne l'a jamais fait avec Nathan.
Ce garçon était toujours courtois avec nous quand il venait chercher Elaine. Il était le premier à l'encourager dans ses études, ce qui me rassurait d'autant plus. Elle avait même retrouvé un niveau correct, elle qui s'était détourné de ses études, il y a quelques mois.
Elle sortait de sa phase rébellion ce qui n'était pas pour me déplaire.
Pendant cette discussion, elle m'avait aussi demandé si je pouvais lui montrer une photo d'Oliver. Elle m'avais demandé à la garder, j'avais accepté bien sur. Je lui proposais même de lui montrer son album photo, le jour où elle le voudrait. Elle a hoché la tête, mais n'a rien dit de plus à ce sujet.
Je lui avait finalement parlé "sorcellerie". Je ne croyais pas encore tout à fait moi-même à ce que je disais, malgré l'exemple donné par Nath. Elle avait eu l'air soulagé de pouvoir enfin parlé de ça avec moi. Elle m'expliquait qu'elle avait découvert cette capacité, il y a environ deux ans maintenant. Qu'elle était contente d'avoir pu rencontrer des sorciers un peu plus doué que son père dans le domaine pour pouvoir l'exercer et qu'elle était consciente d'avoir encore du travail, mais elle semblait plutôt contente de ses progrès. Ma fille n'était pas du genre sûre d'elle, mais là c'était le cas, ce qui me rassurait grandement, je dois le reconnaître.
Depuis que notre discussion s'était achevée, elle ne quittait plus son livre des yeux. Je savais qu'elle avait plus les yeux sur la photo de son frère que sur les lignes du livre, mais je préférais ne rien dire de plus. Je ne tenais vraiment pas à la braquer, à dire le mot de trop. On était des pros pour ça dans cette famille... Elle viendrait vers moi ou vers son père comme elle l'avait fait tout à l'heure. Je ne voulais pas la brusquer. Je savais que tout ça avait était un choc pour elle. Je faisais donc mine de lire moi aussi, tout en gardant un œil sur elle. Elle était si belle ma petite fille.
Au bout d'une bonne heure, ce sont les pleures de sa petite soeur qui nous sortent de notre torpeur. Elle demande si elle peut y aller. Je la laisse faire. Très vite elle arrive avec Leilani dans les bras et la pose dans son parc. Depuis qu'elle sait pour Oli, elle ne passe plus de temps seule avec elle. J'espère que cette crainte lui passera. Je m'en voudrais de refiler mes psychoses à ma fille. Elle mérite pas ça.