On avait dit 10 jours ? ft Ghilian & Maxwell

La brune a à peine franchit le seuil que je sors une nouvelle fois le téléphone. Déjà, je m’assure qu’elle n’est pas partie avec cette voleuse ! et ensuite, je rentre dans mon agenda : dans 10 jours appeler Ghilian. Il n’y a pas d’à peu près qui tienne avec moi. Après tout, elle a eu ce qu’elle voulait, un bouc émissaire de choix qui lui permettra de passer elle entre les mailles du filet et surtout un potentiel concurrent qui va devoir attendre sur la touche dorénavant … ou potentiellement manger les pissenlits par la racine. La pègre n’est pas particulièrement connue pour faire des fleurs et pourtant … c’est l’occasion autour d’un cercueil. Je soupire. Non mais dans quoi je me lance, je suis tombé bas ou c’est ma manière de me relever ? impossible de savoir pour le moment où j’en suis, il va de toute façon bien falloir que je récupère mes lardons un jour.

[10 jours plus tard]

« 20h ce soir, rendez-vous entre la 44ème rue et l’avenue Martin Luther King.
Max »

A l’heure prévue, j’attends qu’elle débarque. Je regarde nerveusement ma montre à plusieurs reprises, tapote l’écran tactile qui la compose pour voir si j’ai reçu un sms, bien pratique ces montres connectées. Rien. Je soupire exaspéré par un tel laisser-aller. Même au fond du trou, jamais je n’arriverais en retard. Bon, autre chose, elle ne m’a jamais précisé qu’elle viendrait, je me suis contenté d’envoyé mon texto, resté sans réponse et espéré qu’elle se ramène. Cela peut faire un sacré concours de circonstance quand on y pense et venant de la demoiselle, j’en demande peut-être beaucoup après une seule et unique rencontre. Mais qu’y puis-je ? je m’attends toujours à ce que les gens fassent preuve d’autant de pragmatisme que je m’évertue à l’être. Non, en fait, je n’ai rien à faire. Je le suis. Pragmatique. Trop ? A vous d’en juger. Un nouveau soupire exaspéré franchi mes lèvres alors que toujours aucun signe de la belle ne m’annonce la fin de cette longue agonie. Je n’aime pas être pris pour un poireau.

Deux heures plus tard.

J’ai pris mon mal en patience et toujours en train de lire les derniers mis à jour de quelques logiciels de programmation, je n’ai finaement pas tant que cela vue le temps passer. Une main se pose sur mon téléphone et je fronce les sourcils face à cette interruption malvenue. Le sourire éclatant de le demoiselle me fait lever les yeux au ciel.

« Viens j’ai un truc à te montrer. »

Je prends les devant et la guide jusque devant la façade d’un vieil immeuble légèrement en friche. Je sors les clés de ma poche gauche et ouvre la porte principale. Nous montons deux étages, nouvelle clé et hop.

« Nos bureaux. »

Ben oui, je vais pas faire ça chez moi. J’ai choisi cet appart, parce que c’est une sous location de sous location de sous location … enfin bref et j’ai même pas eu à vraiment fournir de papiers d’identité ni quoi que ce soit, les versement de loyer se feront en espèce et j’ai quand même une bonne connexion internet ici. Le minimum quoi. Plus qu’à faire le ménage, installer des bureaux et on aura officiellement un endroit où travailler.

Concernant le choix du quartier ? Facile, la boutique de magie noire à proximité reste un excellent argument pour moi. Je ne compte pas lui en parler – pas de suite peut-être en tout cas – mais je compte bien mettre un bon lot de protection sur notre poste.

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On avait dit 10 jours ?

« 20h ce soir, rendez-vous entre la 44ème rue et l’avenue Martin Luther King.

Max »


C’est peut-être la quinzième fois que je relis le SMS. Un coup d’œil sur le haut de l’écran de mon portable m’apprend que je suis en retard d’une grosse demi-heure, ce qui ne m’empêche pas de siroter tranquillement ma petite bière. Présomptueux de sa part de penser que j’ai que ça à faire de bouger mon popotin à l’autre bout de la ville ! Sans me demander mon avis en plus. Bon ok, j’ai que ça à faire... Cela dit, il n’est pas sensé le savoir ! Je finis ma bouteille, mais loin de quitter mon confortable canapé, j’attrape un briquet et me roule une cigarette récréative, dirons-nous. C’est un véritable caprice de ma part de ne pas aller à l’heure à ce rendez-vous...

Et mon caprice se prolonge jusqu’à 21h30, heure à laquelle je me décide enfin à prendre une douche rapide, d’attraper des fringues pas trop fripées, puis de sortir comme une furie, les cheveux encore dégoulinants. Ah ouais. Ne cherchez pas la logique, mais je vais me grouiller sur la moitié du chemin maintenant. C’est pour faire genre m’voyez.

C’est donc avec deux petites heures de retard que je me pointe, sans avoir une seconde pensé à envoyer un SMS pour voir s’il était toujours là. Heureusement, j’aperçois la grande silhouette de Max assez rapidement, ce qui n’est pas son cas. Le nez sur son téléphone, il ne prend conscience de ma présence que lorsque je lui cache l’écran avec une main.

- Salut ! Tu vas bien ?

Je lui adresse un grand sourire, auquel il se contente de lever les yeux au ciel. Quel manque de courtoisie ! On lui a jamais appris à dire bonjour ?! Il semble avoir des préoccupations autres que la politesse, vu qu’il ‘invite à le suivre d’une manière assez cavalière. Genre j’ai l’habitude de suivre des types que je connais à peine... Pff... Je lui emboîte le pas, le regardant suspicieusement entrer dans un immeuble franchement pas classe, et ne peut m’empêcher de râler devant le fait qu’on prenne les escaliers. Non mais les ascenseurs ça n’a pas été inventé pour qu’on les regarde ! ... J’avais pas dis que je devais reprendre le sport moi il y a quelques temps ? Bref... J’arrive enfin sur le palier du deuxième étage pour le voir ouvrir un des appartements.

C’est chelou comme situation quand même... mais ça ne m’inquiète pas plus que ça. Les situations étranges, c’est un peu mon gagne-pain... Mais disons que j’aurais moins été intrigué s’il m’avait trainé dans un hôtel. Les choses auraient été plus claires dans mon esprit que son énigmatique « Nos bureaux. ».

Rien ne va dans ces deux mots. « Nos », il n’y a pas de toi et moi où j’ai loupé un épisode et « bureaux »... genre le truc où les gens se ramènent en costard cravate ? Mon cerveau pédale dans la semoule plusieurs secondes avant que je ne percute. « Nos bureaux » comme dans « partenariat » ? Wahou. Je ne m’y attendais pas à celle-là ! Du coup j’ai plusieurs choses qui me viennent à l’esprit et qui veulent sortir en même temps, ce qui donne un merveilleux nouveau mot quasi imprononçable :

- Kesjpourno ?

Avec ça, je fou des droits d’auteur et je suis riche dans la journée ! Le pire, c’est que même moi je sais pas vraiment ce que j’ai voulu dire. C’est pourquoi je referme avec délicatesse –désolé si j’ai réveillé des poules !- la porte et reprends comme si de rien n’était :

- Je veux un grand canapé ! C’est non négociable !

Vu qu’apparemment c’est mort pour la baie vitrée... Vous trouvez que j’accepte vite ? Moi aussi. Mais je suis plutôt curieuse, et ses propositions de la dernière fois, à savoir me rendre quasi indétectable sur les internets et me dégotter des contrats juteux, me séduit grandement. Et si pour ça je dois faire genre, faut aller au bureau et passer des coups de fil dans un canapé différent de celui de mon appart, bah ça me va. Surtout que j’aime pas avoir des gens dans mon chez moi.

Je retire ma veste et furette à droite à gauche –c’est des moisissures sous la fenêtre ?!-, avant de revenir vers Max et lui tendre une carte de crédit avec un post-it orange collé dessus.

- Ton salaire de la dernière fois. Je t’avoue que la prime a été plutôt conséquente alors ça m’a semblé plus judicieux de t’ouvrir un compte offshore.

C’est fou comme ils ne sont pas regardant sur les papiers d’identités dans certains coins du monde...

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Je souris. C’est assez rare pour qu’elle en prenne note, mais sa spontanéité et son enthousiasme s’avère contagieux. Par contre, faut pas me prendre pour une bille.

« Deal, mais 50-50, j’suis pas milliardaire, tu payes avec moi »

Je suis pas mécontent de l’endroit, un bon coup de javel et vinaigre et je vais exterminer le peu de moisi qui persiste. Ensuite un pot de peinture blanche et je refais tout du sol au plafond. C’est mort, je ne travaille pas dans un environnement malsain. Je regarde le plancher … vermoulu … Lui aussi il va sauter et on va remplacer par un plancher en chêne épais, qui résiste au café renversé sans broncher. Pas tant pour moi, je transpose juste qu’elle doit être d’une maladresse sans nom … rappelons-nous l’épisode du lamantin dans mon salon et ça suffit à me convaincre.

Je prends la carte de crédit – logique – je ne vais rien redire sur sa manière, après tout, j’aurais sans doute fait de même. Et puis, c’est mon ticket pour acheter cette maison. Je vais juste faire rentrer une partie de l’argent sur un faux client, une fausse commande et hop, argent blanchi et je paye la maison avec.

« Parfait, on va quand même le fermer et j’en rouvrirais un autre … avec mes méthodes … »

Ben oui, parce que quitte à être un codeur sorcier, autant en profiter pour devenir totalement invisible. Je jette un œil rapide autour de moi et repère les endroits qu’il me faudra protéger magiquement. Déjà, cette fenêtre … je vais essayer de la rendre invisible de l’extérieur. Vous voyez Harry Potter ? Les maisons dissimulées qui ne se révèlent qu’aux personnes connaissant leur existence ? La même. Seul Ghi et moi-même pourront nous y rendre.

« Par contre, on amène personne ici, ça risquerait de tout mettre en péril, je me débrouillerai pour nos …. Rdv … Déjà, j’aimerais mieux qu’il se fasse tout sur le cyber et pas en vrai. »

Déjà parce que c’est plus safe et ensuite … ben j’aime pas les gens. Pour commencer, je ferais un tour seul à la boutique de magie noire. Ce qui me semble le plus juste c’est de nettoyer les murs, poser les charmes (souvent à grand coup de pinceaux, écriture magique et autres) et je recouvre avec la peinture blanche. Pareil pour le parquet. Je le retire, je place mes sorts et après je mets le nouveau par-dessus. Ni vu ni connu. Pour le reste, meuble et tout, j’l’emmènerais avec moi, comme ça, elle pourra pas dire que le canapé lui convient pas et je pourrais quand même mettre mon grain de sable. Ben oui, j’aime les choses soft.

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On avait dit 10 jours ?

Rha le mec quoi ! Même pas il m’offre un canapé... je vous jure... J’espère au moins qu’il me laissera le choisir ! Surtout la couleur. Hors de question de ma retrouver avec un truc jaune canari ! Enfin pour le moment, il y a des choses plus pressantes qu’un canapé. Comme le fait de plus voir des gens. Il veut ma mort ? j’ai besoin de voir mes clients moi ! pour savoir si je peux leur faire confiance ou fuir comme la peste. Mais bien entendu, plutôt que de lui expliquer, je e peux m’empêcher de demander d’une voix innocente :

- Tu veux me garde pour toi tout seul ?

Je lui lance un clin d’œil avant de reprendre :

- On peut pas tout faire derrière un écran, certains veulent voir avec qui ils traitent, mais t’inquiète, ça, c’est la partie que j’aime bien... et souvent on fait ça dans un bar, un restaurant, une bagnole ou une ruelle dégueulasse toute sombre comme dans les films. Pas besoin de les emmener ici.

Et puis certaines personnes, je refuse pas d’aller boire un verre ou faire un resto avec. Vous verriez la gueule des établissements dans lesquels ont va des fois... C’est le genre de truc où votre goutte de vin est à 20 dollars pièce ! C’est aussi le bon endroit pour remplir son carnet d’adresse. L’argent appelle l’argent, que voulez-vous... Et moi, j’aime bien l’argent. J’aime bien les gens aussi. Alors l’idée de tout faire derrière un écran, ça m’enchante pas trop.

Je rejette un coup d’œil sur la pièce, réfléchissant à d'éventuels détails qui m'auraient échappés :

- Il y a d’autres choses qui te chagrine ? Parce que perso, à part les moisissures, le manque de canapé et de baie vitré, c’est potable pour un bureau. Avec un frigo aussi. Et je fume, au passage.

Et non, je demanderai certainement pas l’autorisation pour fumer... surtout qu’à mon humble avis, un joint de temps en temps ne lui ferait pas grand mal.

- Et vu qu’on a fait le tour du propriétaire, on peut bouger non ? Où tu veux encore me montrer autre chose ?

Et surtout, n’y voyez rien de graveleux de ma part, pour cette fois. Mais vu l’heure, je serais plutôt d’humeur à aller me poser dans un coin boire un bon cocktail, plutôt que de rester dans un appartement vide.

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Je me laisse totalement surprendre par sa remarque et balbutie une ineptie sans nom. Tant pis et adieu crédibilité …

« Mehein ? »

Pourquoi je la voudrais pour moi tout seul ? Bon certes, j’ai quelques idées qu’un homme comme moi pourrait faire d’une femme comme elle, mais rien que je n’envisageais avant qu’elle ne fasse la remarque et honnêtement … je sens le feu de mes joues trahir mon flux de pensées. Ouf, son professionnalisme l’induit à reparler de notre petit business. Tant mieux. Je toussote et évalue la probabilité que ce qu’elle m’annonce ne génère pas trop de stress et de contrariété à mes plans initiaux. Faut que je me dise que si on collabore, c’est normal de prendre un peu de nos deux façons de faire. Même si la mienne est meilleure, on va pas aller à son encontre. Après, je garde dans un coin de ma tête qu’un jour … un jour je lui expliquerai pourquoi j’ai raison. J’attendrai qu’elle m’annonce un plan foiré lors d’un de ces entretiens qu’elle veut tant avoir avec ses clients.

« Okok, mais c’est toi qui gère le social, j’ai dans l’idée que je serais pas à mon aise …. »

De toute façon, la brunette à l’air de savoir parfaitement de quoi elle parle et de l’importance d’effectuer un tel travail de couverture. Je soupire et ferme les yeux, évacuants les parcelles d’incertitude qui demeurent. C’est pas le moment de faire le gros asocial de merde Max, t’es obligé ok ? Je rouvre les yeux et l’écoute m’énumérer les suppléments à rajouter à la clause de notre contrat. Bon, c’est pas un peu too much là ? Bientôt elle va me demander la clé de ma caisse et que je la rajoute sur l’assurance conducteur du véhicule.

« Les moisissures, j’m’en charge. Le canapé, tu viens demain avec moi le chercher ? Le frigo, j’irais tout seul, j’pense que tu t’en tapes de la taille du congélo … j’aime les sorbets et on va avoir chaud cet été. Et je fume pas donc t’iras à la fenêtre ma belle, sinon je te fais avaler tes clopes. »

Non, j’aime vraiment, mais alors vraiment pas les cigarettes et c’est déjà une immense preuve de flexibilité de ma part que de l’autoriser à fumer à la fenêtre. Pour d’autres, j’aurais dit d’aller en bas de l’immeuble, mais bon. Admettons. Décidément, qu’est-ce que j’en fais des concessions. Tout ça parce qu’une petite parcelle de moi retrouve de la relation que j’avais avec Axel en cette femme. Une dégénérée. Je soupirs une fois encore. C’est pas possible elle a le feu au cul ou quoi.

Je sors de mon sac une bouteille de champagne et deux coupes … ben oui, c’est pas
comme cela qu’on faite une nouveau partenariat ? Et ça l’aidera à mieux accepter quand je sortirais les contrats …

« Deux minutes ? »

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On avait dit 10 jours ?

Si j’ai remarqué qu’il a rougi ? Oui. Et je note ça dans un coin de ma tête. J’aime bien flirter, même si c’est pour de la déconne. Mais je le trouve vachement directif ! Demain faut aller chercher le canapé... et si j’ai quelque chose de prévu hein ? Puis faut que j’aille fumer à la fenêtre... Et mes libertés dans tout ça ?! Je claque ma langue contre mon palais mais n’ajoute rien de plus. Je l’aurais à l’usure de toute manière !

En vrai, c’est le « ma belle » qui m’a adoucit. Toujours accepter un compliment, même s’il est pas pensé. Je le regarde farfouiller dans son sac et hausse un sourcil lorsque je le vois sortir une bouteille de champagne avec les coupes. Ok... Cette situation est chelou... mais bon ! Il a l’air d’être en rade avec les conventions sociales.

Ouais je sais, vous vous dites que moi aussi... mais moi je choisi de les ignorer délibérément. Lui il a juste l’air d’essayer de faire les choses correctement. Un peu de spontanéité que diable ! Néanmoins je prends les coupes, effleurant ses doigts au passage, et lui adresse un grand sourire avant de répondre à sa question :

- Pour du champagne ? Un peu plus, sinon c’est un crime.

J’attends patiemment qu’il ouvre la bouteille et serve le liquide pétillant, avant de trinquer avec lui, notant au passage qu’il a de beaux yeux bleus. Focus, cocotte.

- Par contre j’te préviens... si tu sors de la paperasse, j'te fais avaler la bouteille par le nez !

Je sais pas pourquoi je lui sors ça après deux gorgés d’alcool. Peut-être parce qu’il se me semble un peu trop protocolaire...

- Je suis allergique à la paperasse, sauf quand il faut la trafiquer.

Ah. J’ai encore parlé à haute voix. Va falloir qu’il s’y habitue. Je finis ma coupe et lui tend. J’en reveux. Je suis en manque d’alcool. Je suis en manque de beaucoup de chose en fait, comme l’argent, les mecs et la cigarette. Mais pour le moment, je peux avoir que le champagne, donc je vais m’en contenter.

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La demoiselle sait où placer ses priorités et il semblerait qu’une coupe de champagne fasse partie de celles-ci. Bien. Je ne vais pas m’aventurer à dire que je cerne le personnage après juste un détail, mais cela peut toujours être intéressant à garder dans un coin de mon esprit. C’est donc généreusement que je nous sers un premier verre. Les bulles pétillent et la condensation sur le verre me rassure quant à la fraicheur du breuvage. S’eut été dommage d’attendre plus et de devoir le consommer tiédasse, tant pis pour la paperasse. Car autre information … ne pas sortir mes contrats. Je déglutis et lui souris maladroitement.

« Ok, fais comme si j’avais rien prévu autre que le champagne alors … »

C’est pire que d’avoir un asticot qui ronge la moindre de mes pensées, elle les fusille avant même qu’elles aient le temps d’éclore. Après, soyons honnête, il faut savoir faire des concessions, et pour elle – et la grosse quantité d’argent qu’elle représente – nous allons dire que l’investissement en vaut la chandelle. Je ravale donc ma fierté, formule une pensée endeuillée à mes contrats si bien rédigés et n’aborde plus le sujet de la soirée. L’objectif, c’est de m’amuser, j’ai plus le temps de me conformer à tous les protocoles que j’ai rigidifiés depuis ma plus petite enfance et enfin, il faut que j’assure un avenir pour mes morveux, hors de questions de galérer financièrement. Pour eux, c’est ciel et terre que je remue.
Lorsqu’elle me tend une nouvelle fois sa coupe déjà vide, je la ressers sans broncher. Hésite. Me décide à l’accompagner. Bon, c’est pas dans mes habitudes de boire, mais l’occasion s’y prête et depuis la mort d’Axel, on va dire plutôt, après la mort de mon père, je vois différemment mes pratiques et les raisons de leur existence. Alors quand une me semble absurde et que tout me pousse à ne pas boire parce que « c’est mâââââl » ben finalement, je ferais peut-être mieux de mettre de l’eau dans mon vin, sans mauvais jeu de mots.

« D’ailleurs, en parlant de tes talents, tu voudrais pas me faire un topo … de tout ce que tu sais … de la ville, de ce que tu peux faire ici … »


Je ne sais pas trop ce que j’espère, qu’elle me donne son CV ? ça serait chouette, mais j’y compte plus trop à ce stade. Lui donner le mien ? Lequel ? Celui qui dit « Maxwell : informaticien, consultant au commissariat » ou encore « Maxwell : hacker électromancien ». Faut bien avouer qu’aucun des deux n’est facile à aborder avec la brunette et j’aviserai bien mieux en me faisant une idée des connaissances qu’elle a de cette ville et de son identité si … particulière. Après si elle me sort que les vampires lui doivent du fric, qu’elle a un deal avec une banshee ou encore que ses clients favoris sont des goules mangeuses de chat, pourquoi pas.

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On avait dit 10 jours ?

Parce qu’il avait vraiment prévu des papiers ? Non mais et puis quoi encore ? je vais avoir des semaines de 40h de travail avec des congés payé ou comment ça se passe ? Naaaaaaaaan, oublie ça Ghi, fait comme s’il n’avait rien dit... La coupe de champagne est la bienvenue, histoire d’oublier cette terrible idée.

Mais mon répit est de courte durée, maintenant il veut presque un CV.

- C’est un entretien d’embauche ? Nan parce que si c’est le ca, t’aurais du me le préciser, j’aurais mis autre chose !

Je le fixe quelques secondes avant de reprendre une gorgée de champagne puis de daigner répondre :

- Ce que je sais sur Chicago ? Que cette ville est bizarre, ce qui m’empêche pas de faire le même taff qu’à Atlanta ou Dallas. On m’appelle pour des besoins, auxquels je peux répondre seule ou avec un tiers. Et si tu veux tout savoir, à a la base j’étais censée être à New York. Seulement j’sais pas, mon bus m’a jeté ici.

J’hausse les épaules, intiment convaincue par le fait que je suis bien montée dans le bon bus, et que l’erreur n’est pas de mon fait. Je finis ma coupe, pensant que ce champagne est loin d’être mauvais. J’en ai certes bu des meilleurs, mais franchement... Rho puis zut, la bouteille est ouverte... Je retends ma coupe, avant de reprendre :

- Maintenant, à moi de poser des questions !

Ben ouais, je reste une petite fouine quand même... et son foutu nom me trotte en tête depuis la dernière fois ! Enfin soyons franc : ça n’a pas fais que me trotter en tête, j’ai cherché de mon côté, sans rien trouver de concluant. Pas que ça m’étonne, mais là, je sais pas. Je suis d’humeur à écouter des choses totalement délirantes. Je prends ma coupe de nouveau pleine, puis me lance :

- Abraxas, c’est pas un nom commun on est d’accord ? Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre à ma question rhétorique et enchaîne : un mec grand, yeux bleus, plutôt pas mal, qui emmène les gens faire un tour de grande roue pendant la première foire mondiale de Chicago, et qui s’appelle Abraxas, ça te parle ?

Fatiguée de rester plantée tel un piquet, je décide brusquement de m’assoir à même le sol, puis ajoute d’un ton boudeur, plus pour moi-même qu’autre chose :

- Je voulais l’appeler McTwisp, mais l’idée lui plaît moyennement... Pourtant c’est mieux qu’un nom de produit d’entretien...

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Je souris, ben oui, mais d’un côté, j’suis comme ça, elle saura sur quel pied danser avec moi au vue de mon comportement immédiat : un antisocial, psychorigide, protocolaire. Je ne serais ni plus, ni moins chiant. Et encore, je me plis pas trop mal à elle pour pas la faire fuir. Je crois que c’est un des enseignements de Nath, je suis chiant souvent et ça peut faire partir les gens. Je crois d’ailleurs qu’il n’a jamais compris pourquoi Axel était restée avec moi. Bon en plus du fait que je l’ai mis en cloque …

Ce simple mot « bizarre ». Je ne peux qu’approuver la description de Chicago faite par la demoiselle, par contre un bus entier qui se trompe de destination … attend … mais c’est pas plutôt elle qui est pas monté dans le bon ? Enfin, autant ne pas relever même si la question me titille, j’ai comme l’impression que c’est exactement ce genre de chose où Nath a jouer un grand rôle sur ma compréhension des autres humains. Décidément, mon frangin serait fier de moi s’il voyait tout le travail et la retenu que je fais preuve pour pas emmerder la dame… Je profite que la brunette parle pour l’observer, sa posture, ses mimiques, son penchant pour la bouteille – je remplie son verre encore une fois – la coupe qu’elle porte à ses lèvres … ses lèvres. Je me rends compte soudainement, qu’en fait, ben elle est plutôt belle et je me sens presque mal à l’aise de notre proximité. C’est moi ou il fait chaud ici d’un coup ? Je m’attèle à ouvrir la fenêtre, qui coince, un grand coup dedans et elle se débloque dans un couinement pas très convaincant, coulisse vers le haut et laisse entrer de l’air frais. Il va falloir également que je m’occupe de son cas. Je sors de ma réflexion à l’énonciation d’un autre Abraxas …

« Comme tu dis, c’est pas un nom commun … par contre tu me perds là, la première foire mondiale ? Celle de 1893 ? »

Ben ouais, c’est important de connaître son histoire … et de savoir sortir discrètement son portable pour aller chercher sur Wikipédia …

« Je crois qu’il va falloir qu’on parle d’autres choses … »

J’pensais pas déballer aussi tôt mes compétences, mais là, elle me met clairement le couteau sous la gorge. J’vais essayer déjà de voir ce qu’elle connaît et après on avisera pour que je reste sur son niveau de compréhension sans compromettre non plus ma couverture d’humain normale que je tente tant bien que mal de préserver. Enfin, si ce qu’elle me dit est vrai, elle a déjà été confronté à la magie et a pu faire quelqu’un lien avec mon arrière-grand-père. Au pire, ça pourra toujours nous aider dans notre affaire, j’aurais pas besoin d’essayer de dissimuler dès qu’il me faudra coder magiquement parlant.

« Déjà, l’appelle pas McTwisp, un peu de respect pour mon ancêtre s’il te plaît … et ensuite c’est putain de cool Abraxas comme nom ! »

Franchement, elle a vu DeadPool ? Le mec s’appelle Ajax ! J’ai jamais débouché mes toilettes avec un produit Abraxas que je sache. Et puis, je porte bien trop fièrement mon nom pour ne pas le défendre avec la plus grande des vigueurs. Je me rapproche d’elle sous l’engouement que je porte à ce débat. C’est vraiment un modèle de poche, va pas falloir un grand canapé pour la mettre dessus, j’suis sûr même qu’un fauteuil la contiendrait déjà en entière.

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On avait dit 10 jours ?

Parce qu’il y en a eu d’autre de première foire mondiale ? Si c’est la première, c’est celle 1893. Je lève les yeux au ciel mais m’abstiens de tout commentaire. Mais d’où c’est cool Abraxas comme nom ?! C’est cramé à des kilomètres à la ronde qu’il y a anguille sous roche ! Puis j’le respecte hein ! j’ai été putain d’adorable avec lui. J’ai pas fais de connerie, j’ai pas tout cassé le temps et j’ai –presque- gardé mes mains dans les poches. Enfin manière de parler vu que je vous rappelle que j’étais engoncé dans une robe !

- Nan mais McTwisp, ça c’est cool ! C’est le lapin blanc dans Alice ! Je veux pas dire, mais il m’a quand même trainé aux pays des Merveilles dans un sens...

Le regard que Max me lance est assez étrange pour que je réfléchisse deux secondes à ce que je viens de dire. Ok, ça sonne bizarre... Mais c’est pas faux d’un côté ! Puis pendant que je suis à réfléchir, je capte autre chose :

- Comment ça ancêtre ? Nan parce que bon, il a pas l’air bien vieux hein... D’ailleurs maintenant que j’y pense, il a l’air même trop jeune pour être ton père.

Est-ce que je me focalise sur autre chose que le sujet principal ? Sans doute. Mais c’est une habitude chez moi.

- Et puis assieds-toi. Je vais finir par me tordre le cou pour te regarder !

Parce que non content d’être une asperge, s’il reste debout pendant que moi j’ai le croupion à terre, je vais vraiment me faire un torticolis. Il semble un instant réticent -c’est juste de la poussière mec ! ça va pas te tuer !- avant d’accéder à ma demande. Voilà ! je dois toujours lever les yeux, mais mes cervicales sont sauves.

- Et donc, si t’es de sa famille, tu peux aussi faire des trucs chelous ?

Histoire que je sache si je vais me retrouver encore dans une époque qui n’est pas la mienne. Ou si je dois m’attendre à des trucs ésotériques en tout genre...

Codage par Libella sur Graphiorum

Je passe un doigt sur une plinthe et regrette amèrement cette idée saugrenue que je viens d’avoir. Une grimace de dégoût traverse mon faciès. Je vais exterminer la saleté d’ici et ça va se sentir que Maxwell Abraxas est passé par là ! Mais interdiction quand même de me comparer à un produit d’entretien … J’essuie l’excédent de matière sur mon pantalon … pas de mouchoirs oblige, il va finir au sale ce soir.

« Mouais, si tu le dis … t’avais quand même Doc de Retour vers le futur ou le Docteur de Dr Who qui aurait grave pu être plus sympa ! »

Je soupire. C’est qu’elle fuse et qu’elle fait vite les liens la demoiselle, va falloir que je sois un peu plus transparent que ce à quoi je m’attendais, mais bon, à ce rythme je crois que je m’en tape royal de devoir lui dire quoi que ce soit. Ma femme est morte, ma vie fou le camp et j’ai besoin de changement, alors autant saisir l’opportunité jusqu’au bout et on verra bien ce qu’on en fait.

« C’est mon arrière-grand-père … enfin je crois … ouais bon j’suis pas trop sûr, mais tu verras que la généalogie Abraxas est un peu … carrément tordue même. »

Je grogne, ouais, c’est bestial mes réponses, primaires même, mais j’aime pas sa manière de m’intimer des ordre. Je la fusille du regard et cède à sa demande en ayant une pensée pour les kilos de poussières que mon fute va transporter rien qu’en m’y posant. Me voilà en tailleur à moins de cinquante centimètres d’elle et j’ai toujours autant l’impression qu’elle est de taille microbe.

« Satsifaite ? »

D’un côté, j’vois pas pourquoi la brunette a tant besoin de me regarder, ça lui apporte rien de me voir et y’a pleins de trucs dégueu incrusté dans le parquet à regarder depuis sa hauteur aucun doute qu’elle peut me les détailler.

« Raah … t’as fini de tout capter trop vite ! »

Bon, j’avoue en fait, je trouve ça cool qu’elle soit autant perspicace. Ça veut dire qu’en business aussi ça va fuser de la sorte ? Grave bien ! Après un faux soupire agacé, je me mets en mode démo … Ben ouais, mais ça faisait partie de mes objectifs, améliorer mes pouvoirs et tester de nouvelles choses.

Des arcs électriques se forment entre mes doigts et une sphère d’énergie naît en fusionnant de ces derniers à quelques centimètres de la paume de ma main. Je l’envoie vers le plafond et l’ampoule se met à briller avant que le filament grésille de manière funeste indiquant une fin de vie précoce pour lui. Je regarde la boule suivre son chemin avant de reporter mon attention sur la belle. Un sourire en coin prend forme sur mon visage, fier de ma petite démonstration.

« Je suis pas un pur démon comme mon arrière-grand-père, mais issue d’une famille de sorciers. C’est déjà pas dégueu comme héritage. »

Bon, de mon côté, je crois qu’il y a que des sorciers directement au-dessus de ma tête, c’est sûr que Nath, ce Cracmol avec sa mère humaine a pas eu ma chance. Enfin, c’est une question de point de vue, lui j’suis sûr qu’il s’en serait bien passé de tout ça. Mais bon, j’aimerais bien qu’il s’y intéresse un minimum ne serait-ce que pour assurer à Elaine une chance de devenir aussi bonne sorcière qu’elle le mérite. J’suis impatient de savoir quel élément la petite finira par maîtriser réellement.

« Je code aussi en langage magique, ça me permet d’être intraçable et surtout d’accéder vraiment à beaucoup de données … enfin un peu comme ce que j’ai utilisé pour toi quand t’es venue avec ton problème. »

J’pense qu’elle s’en brosse de quel langage j’utilise, je vais pas m’étaler sur le sujet, juste qu’elle sache que ça va quand même nous mettre un sacré avantage pour nos affaires.

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On avait dit 10 jours ?

Si vous voulez tout savoir, je connais pas de Doctor Who –c’est quoi ce nom d’ailleurs ?- et n’ai jamais vu Retour vers le Futur. Comment on peut retourner dans un truc qui c’est pas encore passé ? sauf avec McTwisp sous la main hein ? je vous le demande ! Mais passons. J’essaye de retenir le nombre « d’arrière » qu’il faut ajouter à Abraxas. Ben franchement, il est vachement bien conservé, mais je garde cette pensée pour ma petite personne.

Lorsqu’il s’assoit et me demande si je suis satisfaite, je lui souris de toutes mes dents :

- Pour l’instant, oui.

Je ris franchement lorsqu’il râle parce que paraît-il je capte les choses trop vite.

- Ce n’est pas en étant stupide que je suis arrivée là où j’en suis... mais jouer la potiche est un rôle que j’adore.

Puis ça me semble logique... Pourquoi il y aurait que McTiwsp –Abraxas pardon- qui pourrait faire des trucs badass ? Comme s’il lisait dans mes pensées, Maxwell tend sa main et je regarde, fascinée, des arcs électriques courir entre ses doigts. Puis une boule apparaît avant d’aller illuminer une ampoule, avant qu’elle ne meurt d’un un grésillement peu engageant. Ok, ce type devrait avoir une voiture électrique ! il pourrait rouler gratos comme ça ! Et maintenant il fait tout nuit dans la pièce. Malin ! Je peux plus le regarder comme ça...

- Ha nan mais parce que les sorciers ça existent aussi ? J’étais au courant pour ce truc de démon là mais...

L’info me fait carrément oublier de lui dire à quel point c’est économique comme pouvoir. Et beau, on va pas se mentir.

- Mais genre vous avez des écoles comme dans Harry Potter ?

Et il a là la presque entièreté de ma connaissance cinématographique. Vu le regard qu’il me lance, c’était apparemment une question con. Hey ! je fais ce que je peux moi avec ces infos délirantes ! il enchaine sur d’autres informations, autrement plus intéressante. Vas-y, concentre toi ma petite caille, ça, c’est franchement important. S’il est intraçable informatiquement parlant... Oh mon... Ce type est une poule aux œufs d’or.

- Ah nan mais attend, t’es en train de me dire, en restant tout calme, que tu peux faire n’importe quoi sur informatique, sans craindre de te faire attraper ?

S’il me répond oui, je lui saute dessus et lui roule la pelle du siècle. Nan mais c’est vrai quoi... Vous imaginez ce qu’un type pareil pourrait gagner ?! Finalement, je veux bien signer un contrat avec lui...

... Ok, nan. Faut pas déconner.

- Il y a autre chose que je dois savoir dans le genre délirant pendant qu’on y est ? Nan parce que McTw... Abraxas a été succinct. Enfin, disons que j’étais à moitié persuadée de délirer ou d’être carrément morte pendant notre balade. Là je suis quasiment sûre d’être vivante et je suis pas défoncée.

Juste un joint je vous rappelle. Il y a quasi 2 heures. Aucune chance que tout ça soit des hallucinations, alors autant en profiter et boucler une petite part du dossier surnaturel. Je dis petite, parce que je suis pas stupide non plus. Si la moitié des « inventions » des écrivains et autres artistes sont vrais, je crois que le dossier surnaturel va être long, lourd et indigeste. Mais ça ne veut pas dire que je ferais pas un effort pour comprendre et retenir le maximum de chose. Savoir, pouvoir... je vous fais pas un dessin.

Codage par Libella sur Graphiorum

Un bon point pour la brunette, sans compter que je ne proposerai pas une collaboration avec n’importe qui. Elle a intérêt à survivre à mon ombre si elle ne veut pas se faire bouffer et j’estime qu’elle a de quoi rivaliser avec mes propres talents, sans non plus empiéter. On va se compléter grave … Faut dire que j’ai des sacrées lacunes à combler si on parle de mon côté social … Perso, je suis pas capable de jouer les potiches.
Si on oublie que je lis pas dans les pensées, j’aurais bien répondu à Ghi que je n’ai pas de voiture électrique parce que j’ai un problème de Voltage qui a tendance à faire cramer les circuits de tout ce que je touche … donc non, pas d’électrique parce que pas envie de bousiller ma caisse.
La demoiselle semble plutôt bien prendre les révélations. Faut dire qu’après un démon, un sorcier peut paraître un peu moins effrayant et l’arrière-grand-père présente bien ! Une perle je dirais même.

« Yup ! Et t’es pas au bout de tes peines par ici ma grande ! »

Je lève les yeux au ciel, elle croit vraiment qu’on va avoir des vieux barbus qui nous enseignent quoique ce soit ? Non, honnêtement, je préfère mille fois avoir eu l’instruction paternelle pour m’aider à devenir maître de mon pouvoir plutôt que de simplement avoir fait mumuse sur des balais grotesques dans une école pour ringard. On peut pas être sorcier et aimer Harry Potter, c’est physiologiquement impossible … enfin, pour moi en tout cas.

« Nan, pas de Dumbledore et de débile en toge … C’est mon père qui m’a tout appris … »

On peut dire ce que l’on veut – surtout Nath – mais c’était un putain de sorcier notre père et je suis définitivement pas le plus à plaindre question héritage magique. Entre ma mère et mon père, deux lignées de sorciers assez puissantes pour avoir leur petite renommée, je touche ma bille en ce qui est matière de sortilège. Mais mon dada, ça reste l’informatique et le sourire qui me barre le visage au moment où elle s’extasie de mes capacités est l’un des plus sincères qu’elle verra jamais. Je suis accro à mon Monstre et générer un code capable d’allier mes deux facultés a été l’apothéose de ma vie. Que j’entretiens, pas question de redescendre ! Sans doute pour cela aussi que j’ai soudainement besoin de ma dose d’adrénaline après la disparition de ma femme.

« Je suis une ombre sur le net, insaisissable et si je nous en donne les moyens, on va bien s’amuser avec ça ! T’es définitivement pas en train de rêver et défoncé … ça j’en sais rien, j’vais pas te demander de pisser dans un pot. »

Quoique … Non elle va me démolir si je lui demande ça.

« Ici t’as de tout. Vampire, sirène, fée … c’est pour ça aussi qu’il va falloir faire gaffes avec qui on fricote, y’a pas que des tendres et la lie de l’humanité ici à parfois la dent longue … »

Je parlerai bien du beau frère aussi qui à pas que la dent langue, mais je vais m’énerver si je pense à celui-là. Donc on oublie Dante et on focus sur la jolie demoiselle qui me fait face. Je me relève et lui tend une main pour l’aide à me rejoindre.

« Tu me laisses une semaine, je vais mettre quelques glyphes et autres pour protéger cet endroit … d’où l’interdiction de ramener qui que ce soit et même le livreur de pizza ça compte ! Je retape le tout histoire de pas avoir envie de vomir en voyant ces foutus moisissures et on va chercher ton canapé … »

Je m’étire de tout mon long, histoire de détendre mes muscles et adresse un clin d’œil à la belle. Ça me met de tellement bonne humeur tout ça ! j’vais avoir le feu pour me motiver à tout faire rapidement.

« On peut passer à la boutique de Magie Noire si tu veux, ça te donnera une idée … »

J’aurais bien fait tout, tout seul, mais j’ai comme l’impression que si je lui propose, ça l’aidera un peu plus à comprendre que je raconte pas des foutaises pour me la taper ou je ne sais quoi … pas que l’idée me déplairait, elle est mignonne, mais j’suis pas vraiment le genre de gars qui pense avec sa queue et encore moins à apprécier des contacts physiques avec tout et n’importe qui.

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On avait dit 10 jours ?

J’éclate de rire lorsqu’il me parle de pisser dans un pot.

-Pour notre deuxième rendez-vous, ça serait effectivement étrange. Même pour tous les autres, en fait, dis-je après quelques secondes de réflexion.

Bah quoi c’est vrai... J’ai l’esprit ouvert mais c’est chelou comme demande, quelque soit le contexte. Bon. Sauf dans un labo. Mais là n’est pas le sujet. Il enchaîne sur la faune locale –bah ouais, c’est comme les humains, c’est des animaux ! –et je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire en coin à la fin de sa phrase. Qu’il se rassure, des tendres, ca existe pas vraiment dans mon milieu. Même moi faut pas me chercher, les contacts ça ne sert pas qu’à faire joli... Certains servent justement à éviter de se faire chercher... Mais ce n’est pas là-dessus que je rebondis :

- Ok et les vraies fées ça ressemble à quoi ? C’est comme euh... le petit machin avec des ailes dans le dessin animé là ? Tu sais, avec le crocodile qui a mangé un réveil...

Ouais, que voulez-vous, la télé, c’est pas mon truc. Ça l’a jamais été. J’ai toujours préféré aller crapahuter dehors qu’avoir le cul sur un fauteuil devant un écran. Et en grandissant, même si j’adore faire la larve, je regarde toujours très peu les écrans. En parlant d’avoir le croupion calé, il semblerait qu’il soit temps de me décoller du sol. Maxwell se relève et me tend une main, que je saisie. Je fais une moue lorsqu’il me dit que le livreur de pizza ne pourra pas venir au bureau. Boarf. Ça arrangera ma ligne ! J’irais récupérer mes pizze en bas s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir... Mais dès qu’il parle de mon futur bureau –aka le canapé, suivez un peu !- mon visage s’illumine ! ça c’est trop cool. Je m’imagine déjà dedans !

Mais avant que je laisse ma joie s’exprimer par des verbiages de circonstances, sa dernière proposition me laisse pensive. Aller dans une boutique de magie noire ? L’idée me tente autant qu’elle me rebute. Déjà, y mettre les pieds, ça serait vraiment la fin de la fin de la méthode autruche. Bon vous allez me dire, il vient de lancer une mignonne boule d’éclair du bout des doigts, son ancêtre m’a sauvé la vie en me téléportant dans le passé... et une simple boutique rendrait ça plus réel ? Bah ouais... Parce que s’il existe des boutiques, c’est qu’il y a plus de gens comme eux dans la rue. Et je sais pas si c’est une bonne nouvelle... Mais le pire, c’est que je me connais : j’ai les mains baladeuse, et là comme ça, si je chipe le truc qu’il ne faut pas... J’imagine déjà le pire. Vu tout ce qui me tombe sur le museau depuis que je suis à Chicago...

Mais d’un autre côté je suis ultra curieuse ! C’est vrai ! à quoi ça ressemble une boutique de magie ? Il s’y vend quoi ? Et ils payent en dollars ? Les acheteurs sont contrôlés ? Tant de questions...

Je reste dubitative, avant de trancher en secouant la tête :

- Une autre fois ! C’est pas l’envie qui m’en manque mais...

J’hausse les épaules sans finir ma phrase. Flemme de me justifier. Et de toute manière, mon téléphone « pro » ne m’en laisse même pas le temps : il vibre, signe qu’un message vient de m’être adressé. Sans une excuse pour le brun, je zieute l’appareil : il est apparemment temps pour moi de décoller ! Je suis attendue ailleurs ! Je remets le portable à sa place et me reconcentrer sur Maxwell.

- Une semaine pour tout remettre en ordre alors ? J’espère que tu es un homme de parole ! Tiens-moi au courant pour le canapé ! je dois te laisser !

Dommage qu’il soit si grand –ma taille étant parfaite !- sinon je lui aurais planté un bisou sur la joue avant de quitter l’appartement. A la place, je lui souffle un baiser assorti d’un léger clin d’œil. Amusant comme ça me rappelle notre rencontre précédente tient.. Peut-être qu’un jour, je le quitterais de manière civilisée...

Codage par Libella sur Graphiorum

Je hausse les yeux au ciel. Qu’est ce que j’en sais à quoi ça ressemble une fée. C’est juste un putain d’être humain avec des ailes et capable de se miniaturiser ! Rien de plus, rien de moins.

« A toi et moi et en moins intéressant. »

Carrément hautain, j’m’en fiche, je le pense aussi il faut dire. Je ne pense pas avoir jamais rencontré une fée qui soit autant intrigante que l’humaine qui se trouve actuellement en face de moi – Axel pardonne-moi – Faut dire qu’elle est autrement plus cynique et j’aime ce peps qu’elle dégage sur tout. Malgré un état larvaire affligeant épisodiquement. Enfin, je suppose que si la brunette souhaite un canapé, ce ne sera pas pour le regarder, mais bien s’y vautrer. En fait tant mieux qu’elle ne m’accompagne pas, j’ai pas envie d’avoir à la surveiller ou d’être ewclu à vie de a boutique de Magie Noire, ça m’aurait grandement emmerdé et je suis sûr qu’elle n’aurait pas su garder ses mains baladeuses. Instinctivement, je porte ma main à ma poche contenant mon téléphone pour m’assurer qu’il y soit toujours.

« File et j’te recontacte. »

Je lâche un sourire à son baiser envolé comme un benêt. Merde elle a vraiment des lèvres somptueuses et un sacré regard. Je soupire et regarde l’étendue des travaux qu’il me reste. Je retire les boutons de mes manchettes et les retrousse. Une semaine sera bien assez …

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