Still here | feat Maxwell

Ma relation avec Maxwell, dernièrement, est très souvent ponctuée de conflits. On ne va pas se mentir, ces conflits viennent de moi. JE créais les problèmes toute seule mais j'emporte mon troll dans le sillage. Une chance pour moi, son pragmatisme et son calme aident à apaiser les tensions. Souvent, en tout cas. Toujours est-il que je n'ai pas été un cadeau pour lui, depuis mon grand retour. Trop jalouse, trop impulsive, trop émotive, trop colérique... à côté de ça, ma grossesse c'était la croisière s'amuse. Je veux donc nous offrir un moment à deux, tel un nouveau départ. La promesse que je ne me laisserais plus dévorer par mes vieux démons. Il le mérite très amplement après tout ce qu'il a traversé et ce que j'ai pu lui faire subir.

Pour cette occasion, j'ai demandé à mon amie Raegan de surveiller les gremlins, chez-nous, à l'appartement. Au moment de partir, les petits monstres dormaient déjà paisiblement. Je m'en suis assurée, en partie pour avoir la conscience tranquille. Je ne veux pas que mes enfants pensent que leur mère passe sa vie à les refourguer à une nounou. Je veux juste pouvoir profiter un peu de mon troll, sans dispute, sans cri, et sans bave de gremlins. J'ai donc envoyé un sms à mon troll, avec une petite énigme de geek. Si il réussit à déchiffrer l'énigme, il sera en mesure de me retrouver directement ici, au Lincoln Park. Dans le cas contraire, il rentrera à la maison et Raegan lui expliquera le topo. La troisième option est qu'il ne vienne pas, car trop fatigué, ou par manque d'envie. Je préfère ne pas y songer. Surtout lorsque je vois tout ce que j'ai préparé pour ce pique-nique nocturne improvisé.

Comment je peux stresser autant que si c'était un premier rendez-vous? Ah oui... parce que j'ai joué ma chieuse depuis des semaines auprès d'un homme formidable. Bravo Axelonnie. Bon et bien, il ne me reste plus qu'à attendre l'homme de ma vie. Si il vient, bien évidemment.

Il ne voulait pas venir ce soir... c'est la seule chose qui me trotte dans la tête. Son corps est là, son esprit est ailleurs. Je le vois, cette lassitude qui émane de lui. Cependant, il est hors de question que je laisse tomber si facilement. Je ne suis pas revenue d'entre les morts pour laisser mon couple s'effondrer. Pas sans me battre. Alors je feinte l'ignorance. J'agis comme si je ne remarquais rien et continue d'arborer un sourire joviale. Si je lui montre que je suis contente d'être là, avec lui, si je lui prouve que je suis capable de laisser mes doutes et mes peurs de côtés... Si je lui montre que je suis prête à faire de réels efforts, alors peut-être que les choses pourront enfin s'améliorer.

Une fois installé, il ne dit toujours rien. Okay. Ce n'est pas grave. Il vient tout juste d'arriver, ça ne sert à rien de le presser. Ce n'est pas grave si il préfère garder le silence le temps de dévorer sa mousse au chocolat... ou sans même toucher au reste de la nourriture. Tout en grignotant ma carotte, je l'observe. Est-ce qu'il a aimé mon dessert, au moins? Et si il ne mange rien, c'est parce que ma simple présence lui coupe l'appétit? Ou il a déjà mangé? J'aimerais rompre le silence, lui dire quelque chose, lui demander comment a été sa journée. Sauf que j'ai peur que ce soit mal perçu. Un simple "alors, le travail c'était comment?" pourrait résonner comme un "alors t'as couché avec l'autre bombasse?" alors que ce n'est pas mon intention.

Pour la première fois depuis qu'il est là, il semble prêt à dire quelque chose. Instantanément, je redresse mes épaules et un sourire fend mon visage. Mes grands yeux claires le fixent, pleine d'espoir. Ma respiration se bloque, dans l'attente d'un mot de sa part.

-  C’est sympa. Merci.

Ah. Malgré tout mes efforts pour garder mon sourire intact, je le sens se décomposer à vue d’œil. Je me la joue modeste et hausse les épaules, baissant les yeux vers ma mousse au chocolat qui ne me fait plus trop envie, soudainement. Il a dit ça pour être gentil, c'est tout. Il ne voulait pas être là... La question étant de savoir si il ne veut pas être là ou si il ne veut plus être avec moi.

- J’suis fatigué, c’est tout.

Menteur. Ce n'est pas la seule raison. On le sait très bien. J'inspire aussi lentement que discrètement et je ferme les yeux le temps d'expirer. Ces quelques secondes me sont bénéfiques pour taire ces vieux démons qui ne demandent qu'à ressurgir. J'ai bien conscience que si je ne me bat pas maintenant pour notre couple, alors Maxwell finira par m'échapper. Ces coups de couteaux qui lacèrent mon cœur à chaque mot qui prononce ne sont rien. Cette peine qui me submerge à chaque fois que je lis la lassitude dans son regard, ce n'est rien. Tout ça... Tout ça ce n'est rien comparé à ce que je pourrais ressentir si il décidait de m'abandonner. Alors oui, c'est peut-être égoïste de ma part mais je ne compte pas laisser Maxwell Abraxas me filer entre les doigts sous prétexte qu'il a cru que je bouffais les pissenlits par la racine pendant un an et demi!

- Ne t'inquiète pas, mon troll. Je comprends.

Bienveillante et chaleureuse, je lui adresse un sourire sincère. Parce que oui, je comprends vraiment. Il est fatigué et pas seulement de sa journée. De moi aussi. Mais ça va changer... ça doit changer. Puisqu'il ne semble pas décider à manger ce qui se trouve sur les couvertures, je range la nourriture à l'intérieur du panier afin de nous laisser de la place. Dans la foulée, je me lève pour déposer le-dit panier sur le banc à seulement trois mètres de nous et récupère, à l'intérieur de ma glacière, deux bières. J'en dépose une à côté de Maxwell et tant qu'à faire, je me met assise juste à côté de lui.

- Oh! J'allais oublier le plus important!

J'abandonne ma bière et me traîne à quatre pattes jusqu'à mon sac à main. Je fouille à l'intérieur et en extirpe un cadeau super bien emballé par mes soins. Toute contente, je reviens m'installer près de lui pour le lui donner. Je me suis ruinée pour lui acheter un jeu qu'il n'avait pas encore et j'espère sincèrement qu'il va aimer. Je l'ai entendu le mentionner une ou deux fois. Pas à moi directement mais bon...

- C'est un vrai cadeau,que je précise. Payé avec mon propre argent et pas avec ta carte. En attendant de régler mon soucis de certificat de décès, j'ai réussi à trouver des petits contrats sur des sites de freelance. Donc... Surprise.

Je conclus en déposant un baiser sur sa joue.

- Axel, j’ai pas envie.

Je lâche un petit rire nerveux. Oui, ça j'ai bien compris qu'il n'avait pas envie. Pas envie d'être ici, pas envie d'être avec moi. Pas envie, quoi. Je commence à bien l'imprimer dans un coin de ma tête.

- Enfin pas comme ça. J’suis sûr que t’as super bien choisi, mais c’est pas ça que je veux.

Je fronce mes sourcils. Il est bien là, le soucis. J'ai l'impression que depuis mon retour, je n'arrive plus à le comprendre. D'ailleurs, ce n'est pas qu'une simple impression. Je suis larguée, complètement dépassée par les événements. Je lâche un soupir, en écho avec le sien, et me radoucis lorsqu'il me prend dans ses bras.

- J’veux juste être poser, me réorganiser dans ma tête, dans ma vie, poser les choses, tranquille, avec toi et voir ce qu’on peut faire ensemble. J’ai pas envie de « preuves » que tu m’aimes ou me connaisses, je le sais.

Je me mordille la lèvre. C'est un beau programme tout ça, surtout il m'inclut dans sa nouvelle vie. La question qui me terrifie le plus étant de savoir si j'ai toujours une place. Et si il se rendait compte qu'il serait mieux avec une autre? Mon troll me serre un peu plus contre lui, ce qui n'est pas désagréable. Il est chaud. Je suis glacée. Ce qu'il semble remarquer car il me donne sa veste.

- Merci, que je souffle.

Aussitôt, je me repositionne plus confortablement dans ses bras. Je ferme les yeux pour profiter de sa présence, de son odeur, de sa voix.

- J’sais pas ce qui se passe dans ta tête, mais t’es pas partie, t’es morte, t’as rien à te faire pardonner ou à rattraper. T’es là et c’est tout ce qui compte.

Je lâche un petit rire avant de soupirer.

- Si tu savais tout ce qui se passe dans ma petite tête...

Je commence à m'agiter pour trouver une meilleure position. Qu'il soit d'accord ou non, je m'installe à califourchon sur ses jambes, parce que c'est beaucoup plus agréable que le sol et parce que je peux voir son visage, me plonger dans ses beaux yeux de troll, tout en gardant une proximité agréable avec lui. Mes doigts courent le long de ses bras, pour finalement se perdre dans ses mains.  

- Je me réveille et du jour au lendemain... tout change. Toi y compris. Et c'est normal, ce n'est pas un reproche. Au contraire c'est une bonne chose parce que c'est dans l'ordre des choses, d'évoluer.

Tout à mes paroles, je joue avec ses doigts, je caresse la paume de sa main. C'est tellement agréable de pouvoir le toucher. Et surtout, ça a quelque chose d'apaisant.

- Et j'ai pas été cool avec toi, depuis mon retour. J'en ai conscience, tu sais. Tu as déjà beaucoup de choses à gérer.

Si j'abandonne ses doigts, c'est pour mieux m'occuper de sa nuque et de ses épaules que je masse délicatement.

- Ton travail avec Ghilian, les enfants, la maison, mon retour. Je me suis laissée envahir par mes vieux démons et je n'ai pas su voir que pour toi aussi, c'était difficile. Tu as besoin de temps pour t'habituer à mon retour. Peut-être même que tu as besoin de temps pour savoir si j'ai encore une place dans ta vie et tu sais quoi? Là aussi c'est normal.

Je dépose quelques baisers sur son front, sa tempe, sa mâchoire mais je ne m'aventure pas plus loin. J'ai l'impression de devoir tout reprendre depuis le début. Alors il n'est plus question de le brusquer, ou de forcer les choses. J'ai compris le message, enfin je crois.

- J'attendrais le temps qu'il vous est nécessaire, Maxwell Abraxas. Je suis ici, maintenant, et je ne compte pas repartir.

Je souris. Comme il le dit si bien, mettre des mots sur tout ça n'a rien de facile. Parce qu'avant de pouvoir lui en parler, je devais déjà faire ma propre introspection. Plusieurs semaines m'ont été nécessaire mais nous y voilà. Lui et moi, en train de discuter de manière posée, sans la moindre animosité. Je dois même avouer que je me sens de plus en plus légère. Il a raison. Il est temps de lui faire confiance. Vraiment. A cela j'acquiesce d'un mouvement de tête.

-  Pour Ghilian, c’est une collègue et franchement un super collègue. Elle est pas prise de tête, elle aime l’argent et elle sait comment faire pour notre business. Et le plus difficile pour toi je suppose, ben c’est que ça va rester mon amie.

Je grimace. Une amie? Une super collège? Pas prise de tête? Arf. Je me crispe un peu malgré-moi. Elle enchaîne les supers qualités pour lui plaire. Cependant... comme il l'a dit plus tôt, il est temps de lui accorder mon entière confiance. Si il m'assure que j'ai encore sa place dans sa vie, si il m'assure que Ghilian n'est qu'une collègue... alors okay. Je vais prendre sur moi et accepter l'idée qu'ils se côtoient. Le troll, dans la foulée, continue de dévorer son dessert. Il est trop mignon, à parler la bouche pleine comme un gosse. Attendrie, je caresse distraitement ses cheveux.

-  C’est sans doute la seule fois où tu m’as jamais entendu utilisé ce mot. Et je ne choisirai pas entre mon amour pour toi et mon amitié avec elle, pour moi les deux sont totalement compatibles.

Mes bras s'accrochent à son cou alors que je penche ma tête vers l'arrière pour lâcher un grognement. Il m'énerve. Il m'énerve mais je l'aime. Il m'énerve mais il a entièrement raison. Je relève la tête en lâchant un soupir, puis je pose mon front contre le sien. Rien que de pouvoir faire ça, ça m'avait manqué.

- Et je ne te demanderais jamais de choisir entre ton amitié pour elle et notre histoire. Comme toi, tu ne m'as jamais demandé de choisir entre mon amitié pour Dante et toi.

Malgré son animosité envers le vampire, et ma très brève aventure avec celui-ci, Maxwell ne m'a jamais posé d'ultimatum. Il n'a d'ailleurs jamais balancé mes affaires par la fenêtre, viré de l'appartement, ou mis à sac mes affaires parce que... Ô malheur, j'avais jadis eu un rapport sexuel avec son ancien collègue. Il m'a toujours accordé sa confiance. C'est à mon tour de lui rendre la pareille. Surtout que je compte bien rattraper le temps perdu avec Dante et renouer des liens amicaux avec lui.

Tendrement, je lui retire un petit surplus de chocolat qui traînait au coin de ses lèvres, à l'aide de mon pouce. Je suis ravie de constater qu'il aime le dessert que je lui ai préparé. Je note pour moi-même de penser à lui en faire de temps en temps. Pourquoi pas tout les dimanche? Histoire de créer un petit rituel agréable pour lui. Qu'il sache qu'en fin de semaine, il aura droit à sa petite douceur.

- Bon! Et maintenant...

Toujours en restant sur lui, je me penche sur le côté pour attraper son cadeau. Je sais très bien ce qu'il m'a dit tantôt, qu'il n'en avait pas envie mais maintenant qu'on a mis les choses à plat et qu'il a gavé son organisme de sucre, j'ose espérer qu'il soit dans de meilleures dispositions.

- Ouvre-moi ce cadeau, sale troll. Sinon je te jure que ça va mal finir pour toi.

Avec mon grand sourire, ma bouille angélique et mes yeux plein de malice... je ne suis pas crédible. Je le sais et ça me fait rire. Toutefois... je lui donne quand même un avant goût de sa punition, en le chatouillant brièvement au niveau des côtes avec ma main libre.

- Pire à cause de toi et de Nath, j’dois même le voir comme un membre de la famille, vous allez me tuer !

J'éclate d'un rire franc et sincère. Et toc, mon troll! C'est le karma qui te punit pour avoir mis Ghilian à l'horizontal pendant ma prétendue mort et de vouloir malgré tout resté ami avec elle. Si c'est mesquin de penser comme ça? Oh que oui! Si c'est un brin hypocrite? Oui, bon, aussi. Maxwell n'est ni plus ni moins que dans la même situation que moi, lors de notre début de relation. Je ne peux toutefois pas m'empêcher de trouver la situation amusante. On forme quand même une sacré paire, lui et moi.

M'enfin, je ne m'attarde pas sur le sujet de Dante. Je l'adore et j'ai vraiment hâte de le revoir, pour qu'on passe du temps ensemble. Sauf que là, je n'ai qu'une priorité et c'est mon troll. Mon troll que j'incite à ENFIN ouvrir son cadeau! Parce que je suis pressée de savoir si je me suis plantée ou non.

- Okok et si c’est nul, j’t’oblige à y jouer et le finir.
- Seulement si tu me regardes jouer.

Comme ça, l'un dans l'autre, on passera du temps ensemble. Si il aime, je serais sa plus fidèle spectatrice. Si il déteste, il sera mon plus fidèle bourreau, à se tenir à côté de moi. Le grand diablotin prend tout son temps pour déchirer le papier. Rah! C'est frustrant. Je suis là, mes claires prunelles naviguant constamment entre son magnifique visage et le jeu qui est prêt à se dévoiler à lui. Nerveusement, je joue avec mes doigts, sauf que ça ne calme pas les pulsations de mon cœur pour autant.

Il sourit. Alors... il aime? Ma respiration se bloque quelques secondes.

- Ok, alors ça c’est encore un bon point pour toi, j’vais p’t-être même refuser l’invitation de Nath pour squatter son canapé pour venir dormir avec toi.

J'éclate une nouvelle fois de rire et lève mon poing en l'air, en guise de victoire! Ouais! Je suis trop douée pour satisfaire mon troll! C'est qui la meilleure? C'est moi! Et de toute façon... qu'il ne s'y trompe pas. Cette nuit, il est hors de question qu'il dorme ailleurs qu'auprès de moi. Ce soir, et pour toutes les autres nuits, il est à moi.

Puis il se tortille. Je pourrais quitter ses jambes, me vautrer à côté de lui. Je n'en fais rien. Je suis super bien installée, à califourchon sur lui, il me tient chaud, et j'ai tout le loisir de le regarder, de respirer son odeur et de le toucher. C'est donc sans problème que je le laisse galérer pour attraper son téléphone.

Curieuse, je l'observe. Je suis toujours aussi admirative de ses pouvoirs. En quelques secondes, il a été capable de recharger son téléphone. J'en prend bonne note pour les fois où je serais en rade de batterie et en manque de temps pour la manière traditionnelle. D'ailleurs, est-ce une impression où il maîtrise bien mieux ses pouvoirs, maintenant?

Pas le temps de m'en préoccuper. Maxwell met en route une chanson que je reconnais dès les premières notes. Skillet... un sourire apparaît sur mon petit minois. Nous avons par moment des goûts complètement opposés mais ce qui est certain, c'est qu'on partage le même amour pour ce groupe de musique. Mon troll me serre contre lui et j'en profite pour fermer les yeux. C'est si bon.

- Ne pars plus jamais. C’est moi qui meurt en premier, t’as pas le choix.

Alors qu'il enfoui son visage dans mon cou, je dépose quelques baisers dans ses cheveux, mes doigts caressant son dos pour le réconforter. Je ne compte plus partir de sitôt et si on est amené à mourir... j'espère que ça sera ensemble. Je ne sais pas comment il a fait. Très sincèrement, si les rôles avaient été inversés, je ne sais pas si j'aurais été capable de me relever, même pour mes enfants. Il a cette force en lui que j'admire et que je ne suis pas certaine d'avoir un jour.

- Alors, je ne veux pas en faire une compétition mon troll... mais même si ton cœur cessait de battre maintenant... je resterais celle qui est morte en premier. Donc au final, s'toi qui a pas le choix. J'reste la preum's, quoi qu'il arrive.

Si il est trop tôt pour blaguer sur ma mort? Oui. Peut-être bien. Je n'en sais rien. J'ai l'impression que ça sera toujours trop tôt car la blessure sera toujours trop profonde. Alors le mieux et de s'y habituer maintenant et relativiser comme on le peut. Avec douceur, j'empoigne sa touffe de cheveux pour l'obliger à redresser la tête.

- Et de toute façon... je t'interdis de mourir sans moi. Toi et moi, on finira vieux, dans une superbe villa en bord de mer. Et on s'éteindra en regardant un couché de soleil, ou en jouant à Rayman's legend.

Beh quoi? J'ai le droit de rêver à la plus douce des morts possible! C'est un luxe que je m'autorise après avoir trépassé une première fois. Mon front se pose contre le sien pendant que mes mains se faufilent sous sa chemise. Mes doigts glacés contrastent avec la chaleur de sa peau et j'éclate de rire. Le pauvre, c'est comme si je venais de lui balancer des glaçons. Ce n'est pas pour autant que je retire mes doigts, au contraire. Je prends plaisir à caresser son derme, ça faisait longtemps et ça m'avait manqué.

- Tu m'as manqué, que je murmure proche de ses lèvres.

Depuis mon retour, on a pas vraiment eu le temps ou l'occasion d'avoir un moment pour nous. Ni même de partager des moments complices comme celui-ci. Ce soir, j'ai l'impression de le retrouver. Enfin.

Je lui ai manqué aussi... c'est con, c'est vraiment con, mais de l'entendre ça me réchauffe le cœur. Aussitôt un sourire s'imprime sur mon visage. C'est que je pourrais presque en chialer tellement ces quelques petits mots, tout simple, me prennent aux tripes. Et merde, voilà que je deviens émotive. Nop. Nop. Nop. Je profite que Maxwell s'allonge pour me lover contre lui. Voilà, au moins, si je me met à chialer, il ne verra rien, que dalle. Puis là, il est trop occupé à jouer avec mes cheveux et ça me détend. Encore une chose qui m'avait tant manqué. Je ne regrette pas d'avoir passé des heures dans la salle de bain pour mes soins du corps et capillaire. J'ai les cheveux au top, tout doux, tout propre, tout démêles pour que mon troll puisque y glisser ses doigts toute la nuit si il le veut. Quant à moi, si j'étais un p'tit chat, je ronronnerais de bonheur.  

Les yeux fermés, je profite de ses caresses dans mon dos. J'écoute sa voix, enfouie mon visage dans son cou pour y déposer quelques baisers. Encore une fois, il a raison. Au moindre soucis, le moindre questionnement, je lui en parle. Nous formons un duo, une équipe, un tandem, bref, nous sommes un couple. C'est ensemble qu'on doit avancer. C'est la communication qui doit primer. Et la confiance, aussi. Beaucoup. On ne va pas se mentir, je vais avoir besoin d'une grosse dose de confiance pour le laisser travailler avec Ghilian. Le seul truc qui me rassure, à peu près, c'est que si jamais Maxwell remettait le couvert avec la brunette, il me le dirait probablement le soir même. Rien que pour ça, il a toute ma confiance. Maxwell est honnête. Il l'a toujours été. Quant à la maison, je soupirs contre sa peau. Je prend le temps de respirer son odeur avant de lui répondre. C'est tellement apaisant.

- Pour la maison... je te cache pas qu'au début je l'ai mal vécu. J'avais l'impression de n'être qu'une pièce rapportée dans tes projets. Genre... comme un cheveux sur la soupe, tu vois. Mais toujours en sachant que... ce n'était pas ta faute. C'était la faute à personne. Puis tant qu'à être dans la confidence, c'est putain de frustrant de ne pas pouvoir être légitimement en colère contre toi.

Je lâche un petit rire. C'est nerveux, j'espère qu'il ne va pas se vexer. Ce n'est pas le but, au contraire. On doit jouer carte sur table et c'est bien ce que je fais. Pour qu'on puisse ensuite passer à autre chose une bonne fois pour toute. Je me redresse un peu, mes deux mains sur son torse, afin de le regarder. Rah. Ce qu'il est beau, mon homme. C'est quand qu'il me passe la bague au doigt? Ah oui. Focus Axel. Il y'a une suite à ce que tu as lâché.

- Puis... je me suis souvenue de nos débuts.

Avec tendresse je caresse sa joue, puis ses cheveux.

- Je suis arrivée comme un cheveux sur la soupe dans ta vie. Je n'étais qu'une pièce rapportée et franchement, pas mal bien cabossée. Et pourtant... pourtant je me suis sentie chez-moi. Parce que c'est toi, ma maison, Maxwell. Et les enfants. Le reste, ce n'est pas important. Enfin si... la décoration je m'en occupe. Faut voir l'état dans lequel t'as foutu l'appartement. C'est laid. Désolée, mon troll.

Je lâche un petit rire avant de l'embrasser. Je ne fais que l'embêter, le pauvre. Bon, maintenant que j'ai dit ce que j'avais sur le cœur, je me remet correctement en place. Allongée sur lui, ma tête contre son torse.

- C'est fou ce que t'es confortable, mon troll. Sérieux, je pourrais m'endormir comme ça. Pas toi?