The living dead girl | feat Maxwell

Suis-je devenue folle? Il est vrai que la folie est une notion relative et qu'elle est, dans sa finalité, difficile à définir. Cependant, je ne vois aucune autre alternative. Je refuse d'y voir une autre alternative! Je tente de rassembler mes souvenirs, de comprendre le décalage entre mon ressenti et l'environnement dans lequel je me trouve. J'essaie de trouver un sens à ma situation. Des évidences se font. Le déni persiste.

Je resserre les pans du gilet que je porte. Trop large, à la couleur aussi délavé que mon faciès, le vêtement empeste le vieux et le moisi. Il est cependant le seul linceul qui me protège réellement de ce froid nocturne. Ma main se pose sur les courbures de mon ventre. Il a perdu ses rondeurs, une absence de vie à l'intérieur de moi qui ranime cette angoisse qui me ronge l'estomac. Où sont mes enfants? Comment vont-ils? Et Maxwell? Mes jambes répondent à cette impatience grandissante et s'activent. Mes pieds foulent l'asphalte avec vigueur. Je veux retrouver le réconfort de mon chez-moi. Je veux retrouver la présence apaisante de mon troll. Je veux voir les visages attendrissant de mes deux gremlins.

Après une marche interminable, se dresse devant moi l'immeuble de Maxwell. Enfin. Un soupir franchit la barrière de mes lèvres et je cours jusqu'à l'entrée. Un voisin quitte l'établissement, traîné par un labrador enjoué à l'idée de respirer l'air nocturne. Je profite de cette occasion pour entrer car je suis dans l'incapacité de retrouver mon jeu de clés. Je tente de me rappeler où elles peuvent être. Impossible.

A choisir entre l'ascenseur et les escaliers, je choisi de grimper les marches deux par deux. Attendre une cage métallique m'est insoutenable alors que je n'ai qu'une envie, retrouver ma famille. D'ailleurs, est-il bien à la maison? D'autres questions m'assaillent maintenant que je suis devant notre porte d'entrée. Est-ce que je suis partie longtemps? Est-ce que je dois lui expliquer cette conversation étrange que j'ai cru avoir? Est-il possible que j'ai fait une fugue dissociative, ou un truc du genre? Victime d'un mauvais sort, peut-être? Un truc bien costaud qui se joue de mes souvenirs, de mes sensations et de ma capacité à discerner la réalité. Un coup de Sidney?

J'inspire. J'expire. Je sonne. Et j'attends.

Chaque seconde à attendre est une lente agonie. Ce sentiment d'urgence me ronge, déchire mes entrailles et empêche mes poumons de fonctionner correctement. Je fixe la porte, m'attendant à tout et en même temps à rien. Je suis dans le monde réel mais je m'en sens déconnectée. Des faux-raccords qui ne cessent de mettre mon cerveau en état de fusion. J'entends d'abord des bruits de pas et enfin, la porte s'ouvre sur Maxwell. Mon palpitant loupe un battement.

Pendant longtemps, j'ai redouté l'indifférence de Maxwell. Pendant longtemps, j'ai redouté le jour où je ne serais qu'un meuble de plus dans son appartement. J'ai crains ce jour, si fort, pensant que ça serait la pire chose au monde... mais à cet instant précis, je réalise que je me trompais sur toute la ligne. La surprise qui émane de lui n'est en rien rassurante. Mes sourcils se froncent et la boule d'angoisse à l'intérieur de mon ventre grandit. Elle enfle et remplace la vie qui s'y logeait quelques heures - quelques jours? - auparavant.

- C'est bien moi, que je souffle.

Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique. Mon souffle se bloque dans ma gorge. Pourquoi ai-je l'étrange impression de ne pas devoir être là? De ne pas censée être là? Mes yeux demeurent ancrées sur ses prunelles. Je tente de comprendre, de déceler le moindre indice m'indiquant dans quelle direction aller, un indice afin de comprendre ce qui nous arrive.

- J'imagine que tu ne t'attendais pas à me voir ce soir.

Ou peut-être ne s'attendait-il plus à me voir tout court? J'inspire un bon coup et gonfle un instant mes joues d'air. Un frémissement agite ma carcasse et je resserre un peu plus le gilet contre moi. Je suis gelée et n'éprouve qu'une envie, rentrer au chaud, voir mes enfants. Je reste malgré ça figée sur place. Cette sensation de ne pas devoir être là est persistante, à la limite de l'assourdissement.

De nous deux, il est le premier à quitter son immobilité. Il commence par un pas timide vers moi. Si je n'étais pas si décontenancée, je me serais jetée dans ses bras. Seulement voilà, l'incompréhension me cloue encore sur place. Pourquoi tant d'hésitation en ce simple geste? La seconde suivante, il comble la distance entre nous et enfin, il m'enlace. La chaleur de son corps, son odeur, sa présence...  L'espace d'un instant, j'oublie tout et je me laisse enivrer par cette sensation de bonheur qui éclot en moi. Car après tout, peu importe ce qui se passe, nous sommes réunis. Ensemble. Envers et contre tout.

Cette bulle éclate rapidement. Notre étreinte se termine et guidée par mon troll, nous rentrons à l'appartement. Un vent de panique me submerge aussitôt. Je m'efforce de ne rien montrer mais j'entends mon cœur pulser à la vitesse d'un TGV.  Tout a changé. Ce n'est plus notre appartement... ce n'est pas le cocon que j'ai quitté il y'a quelques jours pour me rendre à l'hôpital. Ce n'est plus chez-moi.

Le silence perdure entre nous et ce n'est pas normal. J'en prend pleinement conscience une fois assise sur le canapé, à attendre qu'il ramène nos boissons. De toute façon, rien dans cette situation n'est normal. J'étudie avec attention les lieux, je note mentalement les meubles qui ont disparus et ceux qui les ont remplacés. Je remarque ce verre d'alcool presque vide sur la table basse. Et pour une raison quelconque, je suis soulagée de ne voir qu'un verre et pas deux.

Au retour de Maxwell, un sourire fend l'espace d'une seconde mon visage éthérée. Il dépose sur la table un thé au gingembre et citron pour moi, mon préférée. Ce n'est qu'un détail mais comme dirait la chanson... "pour moi ça veut dire beaucoup". Je m'apprête à m'emparer de la hanse lorsque le silence est enfin brisé. Je décide alors d'entièrement me concentrer sur lui, mes grands yeux claires tournées vers mon troll. De manière peu consciente, je joue nerveusement avec les manches de mon gilet.

Je suis tombée dans le coma et ensuite... quoi?! Les mots me percutent avec violence. J'assimile à peine ce qu'il vient de m'annoncer mais je sens déjà les larmes me monter. Une panique sourde me donne le vertige. Et nos enfants, dans tout ça?

Comme si il était capable de lire mes pensées, Maxwell me rassure aussitôt sur le sujet. Cassandre et Aedan vont bien. Dans l'immédiat, c'est la seule chose qui m'importe. C'est la seule information que je suis en mesure de traiter. La main de mon troll s'empare de la mienne et je la serre doucement.

Je gonfle mes joues d'air et j'attends plusieurs secondes avant d'expirer lentement. Morte? Ce mot se répète en boucle dans mon esprit. Suivi de près par "impossible". Je secoue la tête comme pour rejeter cette idée. Il y'a une erreur quelque part. Je n'ai pas pu... je ne suis pas... je me mord la lèvre d'avantages pour contenir mon envie de crier. Je retire ma main et me lève.

- Non... que je souffle plus pour moi-même qu'autre chose.

C'est insensée! Comment pourrais-je être ici, sinon? Comment... je... Non! Juste non! J'entame les cents pas au milieu du salon, une main sur le cœur, à inspirer et expirer parce que j'ai l'impression de manquer d'air.

- Non, non, non... juste non!

Je lâche un petit rire hystérique.

- Y'a une erreur. Tu te trompes.

Lorsque j'arrête de tourner en rond, ce n'est que pour mieux le fixer. Et soudain, ça me frappe. Il a changé. Pas seulement physiquement... je parle de lui, tout entier. Il est différent... Tout est différent, de toute façon. L'appartement, ses cheveux, ses nouvelles habitudes. Depuis quand il boit de l'alcool fort? Je veux dire... au point d'investir dans un bar?

- 18 mois... C'est vraiment le temps pendant lequel je vous ai abandonné, toi et les enfants?

Comment vivre avec l'idée de l'avoir abandonné si longtemps? Comment vivre avec l'idée d'être une inconnue pour mes propres enfants? Ma respiration se bloque à ces simples pensées. Il acquiesce mais ni lui ni moi ne trouvons quelque chose à rajouter. De toute façon, je doute qu'on nous en aurait laissé l'occasion. La porte s'ouvre à la volée sur un homme qui, vaguement, m'est familier. Mon corps tressaute, surprise par cette intrusion des plus inappropriée. Mon regard navigue entre l'inconnu, mon troll et le gros toutou.

- C'est quoi ce bordel? que je souffle, complètement paumée.

Je fixe l'inconnu, incapable de parler ou même de bouger. Pourtant je suis de nature bavarde. Je me sens conne, vraiment. Parce que j'entends ce qui se dit mais je reste complètement larguée. Prévenir Maxwell de quoi, exactement? Comment ça, il m'a sauvé? Quoi? Pourquoi?! Mais merde, on peut m'expliquer? Je lâche un hurlement dans ma tête mais cette colère liée à la frustration disparaît lorsque je vois Maxwell prendre son ancêtre dans les bras.

Bien malgré-moi, les larmes me montent aux yeux et je regrette d'avoir été aussi égoïste. Ce n'est pas le moment de flancher, ni même de laisser l'hystérie me gagner. Je dois rester forte, pour mon troll, pour nos gremlins. Ce qu'il a eu à traverser... ça me brise le cœur, bien plus que le simple fait d'avoir perdu la vie.

Au retour de Maxwell à mes côtés, je lui saisi la main et glisse mes doigts entre les siens. Je le regarde un instant. Malgré ses cheveux en bataille et son allure débraillée, il est toujours aussi beau. Je dois même dire que son look de père à la dérive lui donne un côté sexy. Il m'explique que ce Abraxas est son ancêtre et j'acquiesce. Avec ma main libre, j'essuie tendrement les quelques larmes qu'il n'a pas su essuyer correctement.

- Sale troll, va.

Je lui souris puis me détourne. Nous avons un invité et des réponses à obtenir. J'inspire, stock l'air dans mes joues et expire lentement. Quoi qu'il ai à m'annoncer ou à m'expliquer, je ne dois pas laisser mes émotions m'envahir. Je suis forte. Je dois être forte. Toutefois, je ne suis pas certaine d'y parvenir sans une dose de courage liquide. La main de Maxwell toujours captive dans la mienne, je me rapproche de la table basse pour saisir le verre de rhum presque vide.

- Je vous écoute.

La seconde d'après, je vide d'une traite le contenant. La brûlure est vive. La chaleur se répand à l'intérieur de mon corps mais à au moins le mérite de me remettre les idées en place.

- Elle est où l'entourloupe?

Bah ouais, faut pas déconner. Rien n'est gratuit dans la vie.

Maxwell est sur un petit nuage. Je le comprends. Je suis moi-même prise d'une certaine émotion. Ce n'est pas tout les jours que l'on revient d'entre les morts. Je ne peux malgré tout pas m'empêcher de tiquer sur toute cette histoire. "Si entourloupe il y'a...". Ouais, en gros, il y'a bel et bien une entourloupe! Et je suis certaine que mon troll penserait la même chose que moi. C'est juste qu'il est trop occupé à jouer avec mes doigts au lieu d'écouter l'ancêtre. Enfin... son ancêtre! Je vais sûrement prendre des pincettes pour émettre mes doutes auprès de Maxwell. La famille, ça a un petit quelque chose de sacré, il paraît.

Malgré tout, je ne remet pas en cause la sincérité de cet Abraxas. J'entends et je comprends ce qu'il nous raconte. Je le crois volontiers et j'apprécie son geste. Apprécier son geste... je lâche un petit rictus pour moi-même. On dirait que je parle d'un bouquet de fleurs, d'un chèque donné pour noël mais vous avez un meilleur terme? Voyager dans le temps, revenir d'entre les morts, ce n'est pas quelque chose de concevable, il n'y a donc pas de mots assez fort pour exprimer ma gratitude à ce niveau-là.

Quant à la proposition de voir les enfants, je me crispe un peu. L'angoisse m'étreint la poitrine et la comprime. Je tente d'afficher un air neutre mais la terreur me foudroie sur place. Tout le trajet, je ne rêvais que d'une chose, les voir. Et là... là cette perspective me terrifie. Je ne suis qu'une inconnue pour eux. Et... et je ne les ai pas vu grandir. Est-ce que je suis prête à les voir? J'ai su me montrer forte jusque là mais il n'est pas exclu que je fonde en larmes. Déjà que c'est gênant de pleurer devant Maxwell, alors devant l'ancêtre... non merci.

Comme pour trancher sur l'idée, des cris se font entendre et Maxwell s'empresse de ramener nos deux gremlins. Pendant tout ce temps, ma respiration s'était bloquée et j'avais regardé le chien avec détresse. A cela, rien d'étonnant, il n'a pas bougé d'un poil. Merci Cerbère pour ton aide et ta compassion, j'en prendrais bonne note pour plus tard.

Je n'ai pas de mots pour décrire l'émotion qui s'empare de moi au moment de les voir. De la joie à l'état pur comme une boule incandescente qui éclate dans ma cage thoracique. Une boule se forme dans ma gorge et comme je m'en doutais, je commence à pleurer en silence. Mes enfants. La chair de ma chair. Ils sont là. Je tend mes bras pour accueillir Cassandre. Petite boule de chair aux yeux magnifiques. Elle me fixe avec son regard à la fois curieux et innocent. Elle est tellement belle, j'en reviens juste pas.

- Bah merde alors, que je sanglote. Je suis maman.

Bravo cap'tain obvious! Ces deux gremlins, je les ai porté, je les ai expulsé mais ça a malgré tout toujours été une notion un peu abstraite. Je savais que j'étais mère. J'aimais déjà mes deux morpions sans les voir... mais le savoir, ce n'est pas la même chose que de le conscientiser. Ses petits doigts s'enroulent autour de mon annulaire et je suis bien contente qu'elle ne tente pas de me curer le nez comme le fait son jumeau avec l'ancêtre.  

- Merci.

Cette fois je m'adresse à Abraxas. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir déjà remercié auparavant, toute obnubilée que j'étais à comprendre, à chercher l'entourloupe. A ce moment précis, alors que je tiens ma fille contre moi et que j'embrasse son petit front tout chaud, ça m'est bien égal qu'il y'ai un prix à payer. Je m'en contre fiche si il oublie certains détails. Tant pis. Si entourloupe il y'a, alors, on s'en occupera tous ensemble et on fera front. Comme on l'a toujours fait. Ensemble.

Puis Cassandre me sort de mes pensées. Son regard se détourne de moi, soudainement intéressée par le gros chien sur le canapé. Elle se penche vers la grosse bestiole mais je la maintiens fermement. Je ne suis pas vraiment à l'aise à l'idée de la laisser s'approcher de Cerbère. Parce que merde... un chien de l'enfer, quoi! Je gonfle mes joues d'air et expire afin de calmer mes sanglots. Je renifle. Et expire une dernière fois. C'est bon, je sens que je peux formuler une phrase sans chouiner.

- Dis-moi, Abraxas, t'es certain que ton sac à puce ne va pas mordre nos gremlins, hein?

A voir la tronche du chien, il a pas apprécié le terme de sac à puce. Hum. Susceptible, dis-donc.

Une petite fille à son papa. Je comprends, j'ai moi-même longtemps essayé d'attirer l'amour et l'attention de mon père, en vain. Par chance, Maxwell est l'exact opposé de cet homme, et même si ça me brise le cœur de me séparer de mon gremlins, une part de moi est heureuse de constater l'affection qui les lie. Mon troll prend place à mes côtés et lorsque son bras libre encercle ma taille, je laisse ma tête reposer sur son épaule. Aussi discrètement que possible, je respire son odeur. Sa présence et sa chaleur apaisent l'agitation en moi. Maintenant que nous sommes à nouveau réuni, tout ne peux que bien se passer. Nos enfants vont bien. Je suis vivante. C'est le principal et comme il le dit si bien à sa coquillette, je suis là pour rester, à présent.

La grosse boule de poils approche et se frotte à Cassandre. Je réalise difficilement qu'un homme est coincé à l'intérieur. Puis je me rend compte  que je suis entourée de créatures surnaturelles. Sorciers et petite sorcière, tout du moins je le suppose... un chien de l'enfer et ça fait donc d'Abraxas un... démon du temps? Quant à moi et bien... je suis au pire une revenante et au mieux, une survivante? Une voyageuse du temps? Non. Juste une humaine complètement larguée.

Un petit rictus s'esquisse sur mon visage. Maxwell demande vraiment à Cerbère si il aime être tapoté? C'est mignon. Le cabot ne semble pas mécontent à l'idée sans pour autant sauter de joie.

- Sinon on peut le remercier en achetant un Kong. Vous savez... ce sont les jouets pour chien qu'on rempli de nourriture. Il paraît que ça les occupe toute la journée.

La tète du cerbère se tourne vers moi et à en juger par la tronche qu'il tire et son aboiement... il n'apprécie pas trop. En même temps, désolée mais là, ce que je vois, c'est un canidé. Certes, il vient des entrailles de l'enfer et d'un coup, je déglutis. Chien de l'enfer... oh merde! Est-ce que ça sous entend qu'un enfer et un paradis existe? Si cette version de moi-même a survécu, j'en viens à me demander où se trouve exactement l'autre version de moi, sur le plan... et bien de l'au-delà. Elle grille des marshmallow au paradis ou elle se fait grillée sur un barbecue en enfer? D'ailleurs... est-ce que si je m'amusais à profaner ma tombe, je trouverais mon corps ou juste le vide? Comment ça fonctionne, exactement? Okay! Faut que j'arrête de réfléchir, je me fais des noeuds au cerveau et la fatigue m'arrache un bâillement.

La fatigue commence à me piquer les yeux mais je refuse de céder à l'appel de la fatigue. Je viens tout juste d'arriver. Je peux enfin toucher Max, sentir son odeur. Je peux enfin voir mes enfants, les prendre dans mes bras, même si Cassandre préfère pour le moment ceux de son père. Quant à l'autre gremlins, il a l'air de bien se plaire dans les bras de son ancêtre. Le tableau de la famille parfaite... et je refuse de renoncer à ça pour un simple coup de fatigue.

J'embrasse donc la joue de mon troll, caresse celle de ma chouquette et me redresse. Au passage, je dépose un baiser sur la tête d'Aedan et met en route la cafetière.

- Dîtes-moi, Abraxas, ça se passe comment, exactement? Je veux dire... Est-ce que je suis une autre version de moi-même? Un peu comme lorsqu'on écrit un roman et qu'on se demande si on ne devrait pas changer la fin. On retourne au point médian, on change la fin mais on fait une nouvelle sauvegarde. Ce qui veut dire que les deux versions existent. Ou alors...

Je m'arrête parce que je me paume moi-même. Une migraine apparaît tellement je réfléchis et que je tourne ça dans tous les sens. Je gonfle mes joues et expire l'air, exaspérée par moi-même. Je pourrais pas juste profiter au lieu de m'emmerder comme ça?

- Bon et sinon, qui veut du café?