That's my girl | feat la gang de fifilles

Dire que je suis surexcitée est un euphémisme. J'attendais ce jour depuis... et bien depuis que je savais que j'allais demander Maxwell en mariage! Je pense que l'étape le plus jouissive dans la préparation du mariage, c'est bien celle-ci : l'essayage de robe!  C"est une étape à ne pas négliger puisque je suis censée être la plus belle femme présente dans la salle. Ouais, avec des canons comme Inaya ou Ghilian, ça va pas être simple. D'où mon envie de prévoir des robes affreuses pour les demoiselles d'honneur, histoire qu'elles deviennent des demoiselles d'horreur. Est-ce que je suis mesquine à ce point? Oui. Je pourrais. Mais je les aime trop pour être aussi cruelle. Elles aussi, elles ont le droit de briller.

J'ai donné aux femmes de ma vie l'adresse et l'heure à laquelle se pointer. Sauf Ghilian, je lui ai dit de venir une demi heure plus tôt afin d'anticiper son éventuel retard. Mauvaise idée, j'ai culpabilité et je me suis demandée ce qui allait se passer si elle venait à l'heure demandée. Alors je me suis pointée plus tôt que prévu. Ce n'est en soit pas problématique. L'avantages de la boutique que j'ai choisi, c'est que c'est une boutique de luxe spécialisée dans les robes de mariée et pour me faire patienter, j'ai droit à un magasine et à une coupe de champagne.

Le message d'Axel est -pour une fois- succinct. J'ai reçu, une heure, un lieu, agrémenté de quelques mots : 'Essayage de robe pour le mariage". Inutile de vous dire que je suis arrivée avec seulement 3 minutes de retard. La faute au chauffeur de taxi. un véritable escargot. Je commence à me demander s'il y a un chauffeur digne de ce nom dans cette ville ! Je vais finir par m'acheter une voiture, je vous jure. Mais passons.

Je m'engouffre dans le magasin, où je retrouve la jolie blonde confortablement installée dans un fauteuil de cuir verre de champagne à la main !

- Madame !

Mon accent français laisse sans doute à désirer mais cela n'a que peu d'importance. Je lui tire une révérence en ignorant la vendeuse qui s'est approchée de moi.

- ça ne te ressemble pas de rester tranquillement assise à siroter du champagne alors que t'as tout ça à essayer !

D'un grand geste je lui désigne l'ensemble du magasin, puis laisse enfin la pauvre vendeuse me débarrasser de ma veste. J'en profite pour faire un tour sur moi-même pour regarder rapidement l'entièreté du magasin, avant de m'affaler à côté d'Axelonnie.

- Bon ok, pas tout. Il y a des trucs, si tu tentes de les essayer, je te renie sur 30 générations.

Je sais, ça ne veut rien dire mais je m'en fou. Je suis certaine que la blonde comprendra où je veux en venir. Puis soudainement, avant qu'Axel n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, la lumière se fait dans mon esprit.

- Ah ! Je sais pourquoi tu attends sagement au lieu de faire la folle ! Quelqu'un d'autre doit venir et il est en retard c'est ça ? Rha franchement. C'est trop pénible ces gens toujours jamais à l'heure.

Axel manque de s'étouffer et j'hausse un sourcil devant son rictus. Quoi. C'est vrai, j'aime pas attendre... Mais avant que je ne puisse protester, une coupe de champagne crépitante de fines bulles m'est proposée, ce qui faire taire toutes mes futures récriminations. Plus qu'à attendre la retardataire en papotant alors.

Ces derniers mois avaient été particulièrement saugrenues en se qui concerne ma relation avec ma cousine. Comme vous dire ? Elle était morte, puis était revenue d'entre les morts. Alors que j'emmenais des fleurs sur sa tombe, elle était là et me parlait comme si tout était normale. Nous nous étions parlé longuement. Ensuite nous nous étions revu sur ce maudit bateau de pirate. Et aujourd'hui je l'accompagnais pour des essayages de robes de mariées. Devant cette idée, je redeviens l'adolescente que j'étais lorsque nous évoquions le mariage respectif de nos rêves.

J'arrive sur place avec les fameuses cinq minutes d'avance de rigeur en ce qui me concerne. Je déteste être en retard et faire poireauter les autres, l'inverse me gène moins, enfin à un certain point bien entendu. Mais on est pas là pour parler de ça.
Je rentre dans le dit-magasin et cherche Axel des yeux. Je la vois rapidement de profil. Elle n'est pas seule. Je ne reconnais pas cette personne, on va faire les présentations ... Je m'avance de plus en plus et ... ah bin non que je suis bête, c'est sa copine, elles étaient sur le bateau ensemble. Je vais me souvenir de son prénom, ça va me revenir.

- Bonjour mesdames. Il n'y a pas trop longtemps que vous m'attendez j'espère !

Je fonce vers Axel et lui fais la bise, accompagnée d'un câlins. Je suis tellement contente qu'elle est pensée à moi pour un jour comme celui-ci.
Je ne sais plus ce qu'on avait dit avec son amie, je ne sais même pas si on a eu une vraie conversation, hors présentation elle et moi. Dans le doute je lui tends la main. On verra bien. Elle saura me faire la remarque si je fais une boulette.
Je me permets ensuite un :

- Contente d'être là ! Merci de l'invitation Axel.

Je suis mauvaise langue, je dois bien l'avouer. Ghillian est bien en retard, mais de quelques petites minutes seulement. Je pensais sincèrement devoir l'attendre des plombes. Sans même le savoir, ou même le vouloir, elle trouve le moyen de me surprendre. Que ce soit par sa ponctualité toute relative que par son accent français des plus adorable.

— Mademoiselle.

Si j'étais moins flemmarde, je bougerais mon cul de ce canapé pour faire la courbette à ma tour. Au lieu de ça, je tend ma coupe de champagne et je trinque en direction de la brunette. Elle vient à peine de débarquer qu'elle remplit l'espace de son énergie et de sa vitalité. Et par sa simple présence, elle m'apporte un soutient qu'elle ne soupçonne même pas.

— Faut pas croire, ça m'arrive d'être calme et modérée.

Anxieuse et morte de trouille, surtout. La vendeuse, l'arrivée de Ghilian, l'attente d'Inaya. Le tout concrétise ce qui va suivre. Je ne parle pas de juste essayer des robes, mais de ce que ça implique. Un mariage. Je vais devenir madame Abraxas. La femme d'un sorcier issu d'une lignée démoniaque. Dis comme ça, c'est stylé, et effrayant. Par chance, la voleuse de voiture (et de pop-corn) ne me laisse pas le temps de réfléchir à tout ça. La nature même de ce bout de femme m'oblige à vivre profondément ancré dans le présent.

Voilà qu'elle menace de me renier sur trente générations. Faussement offusquée, j'ouvre grand la bouche, prête à répliquer quelque chose. Sauf que le temps de trouver un truc à dire, elle enchaîne sur autre chose. Cette fois, j'éclate de rire. Oh, ma Ghighi d'amour... si tu savais. Je me contente de hocher la tête afin de lui donner raison. Effectivement, c'est chiant les gens jamais à l'heure... Sourire en coin, je noie mon envie de rire avec le champagne. Sacré bout de femme.

La vendeuse arrive avec une coupe pour mon invitée et enfin, la brune pose son popotin. Je regarde l'heure sur mon téléphone. Connaissant Inaya, elle ne devrait plus tarder. Nous patientons en parlant de tout et de rien. En fait, on raconte surtout plein de conneries et je plains la pauvre vendeuse qui surprend quelques bribes de ce qu'on dit. D'un point de vue extérieur, ça doit n'avoir ni queue ni tête et parfois, quand j'ai la malchance de décrocher deux secondes, je réalise qu'en effet, on raconte que de la merde. Sauf que c'est drôle. Et qu'on s'éclate bien.

Puis enfin, ma cousine préférée déboule! Heureuse, un sourire éclaire mon visage. Et lorsqu'elle parle de l'attente éventuelle, je pose une main sur la cuisse de Ghilian, espérant couper court à toute remarque éventuelle sur le fait qu'on "attende" Inaya depuis des plombes.

— Pas du tout, tu arrives juste à temps.

A défaut de préciser qu'elle est arrivée en avance. Si Ghilian commence à comprendre que je mens sur les horaires que je lui donne, je suis foutue. Je quitte mon siège prend ma cousine dans mes bras, me concentrant pour ne pas renverser ma coupe sur elle. Je sais qu'on est en pleine cession d'essayage mais ce n'est pas une raison de lui offrir une golden shower de luxe. Je la garde plus longtemps que nécessaire dans mes bras, trop contente de l'avoir avec moi pour cette étape importante de ma vie. Lorsque je m'écarte, je la laisse saluer la brunette. Discrètement je fais un signe de tête à la vendeuse afin qu'elle dépose une robe bien particulière dans ma cabine.

— Bon, maintenant que les femmes de ma vie sont là, les essayages vont pouvoir commencer!

Je dépose ma coupe sur la table basse, puis frappe dans mes mains en sautillant sur place. C'est bon, l'excitation me gagne à nouveau. Rester sur place m'est à présent difficile et j'ai envie de courir partout pour simplement évacuer ce trop-plein d'énergie qui m'anime à nouveau.

— Mais avant... j'ai quelques chose à vous montrer! J'arrive tout de suite!

Sans leur en dire d'avantages, je trottine jusqu'à ma cabine. Avec l'aide de la vendeuse, j'enfile la robe mystère et je reviens vers elles, fière et enjouée comme une gosse devant ses cadeaux de noël. La gueule de la robe? D'un jaune poussin allant vers le fluo, avec des manches bouffantes en tulles. Il y'a tellement de froufrou sur ce truc que je ressemble à une vieille meringue enceinte de neuf mois. Je pense qu'avec un truc pareil Ghilian va me renier sur bien plus que trente générations.

— Vous en pensez quoi? Ce sont vos robes de demoiselle d'honneur.

De demoiselle d'horreur, ouais! Promis, dès qu'on finit cette séance de robe, on fout au feu celle que je porte. Il n'a jamais été question de porter un truc pareil, mais sérieux, je voulais trop leur faire la blague. Juste pour voir leur tronche face à une telle annonce.

J'admire la retenue d'Axel face au retard de l'autre personne. Sa cousine Inaya, je crois. J'en mettrais même ma main à couper. Axel n'a de cesse de m'en parler. Du coup je ferme mon bec, encouragée par la tape sèche sur ma cuisse. Soyons polie. Puis au pire j'avais rien de prévu en cette après-midi. Amusée, je regarde Axel essayer d'étouffer la dernière arrivée dans un câlin qui dure trois plombes.

Ouais je sais, je suis impatiente. Mais je veux voir Axel essayer des horreurs, juste pour me constituer un dossier.

Puis après le câlinage, les salutations en bonne et due forme pour ma pomme. Au moins c'est plus rapide ! Je rends la poignée de main en sautillant presque sur place, incapable d'attendre plus longtemps. Heureusement, la future madame Abraxas me libère de cette interminable attente pour disparaître dans une cabine et ressortir de longues minutes plus tard.

A sa vue, le premier reflexe qui me vient et de dégainer mon portable et d'immortaliser cette horrible vision atroce qui s'offre à mes yeux. Déjà, c'est jaune. Ensuite c'est bouffant, et pour finir c'est laid. A un point incroyable. Ce qui fait que je ne crois pas une seconde que ce soit nos robes de demoiselles d'honneurs. Cela serait vraiment gâcher de l'argent et je sais de quoi je parle.

Je jette un œil circonspect à Inaya, en priant pour qu'elle pense la même chose que moi, mais d'humeur joueuse je me rapproche d'Axel et lui tourne autour :

- Je pense qu'il manque un peu de froufrou dans le dos et que cette merveilleuse couleur va jurer de fou avec les cheveux de ta cousine.

Je reviens à ma place précédente me retenant de demander quel créateur a aussi peu de goûts pour créer une chose pareille, et surtout qui sont les clientes qui osent porter ce truc si ce n'est pas pour une blague. Cela dit, je ne peux m'empêche de regarder la future mariée et de lui lâcher, avec un petit sourire en coin :

- 30 générations, Axel, 30 générations...

Fiou, j'ai eu chaud, tout va bien. Je profite de ce long câlin avec Axel. Je suis un poil moins expressive que ma cousine, mais c'est elle, alors ça ne me dérange pas d'être tenue ainsi dans les bras. Ravie qu'elle ne met pas renverser sa coupe dans les cheveux lorsqu'elle m'a enlacé, je souris de toute mes dents, il aurait plus manquait que ça. Présentations de nouveau faites avec Ghilian, voilà ma cousine qui disparaît presque aussitôt dans une cabine. J'en profite pour récupérer la coupe de champagne tendu par une des vendeuses, avant de m'asseoir sur l'un des fauteuils disposés de telle sortes de voir quiconque sortir des cabines d'essayages et avec assez de recul pour tenter un petit défilé comme on en voit dans les films. Ne sachant trop quoi dire, je souris à Ghilian, de mon sourire un peu gênait. Oui, je sais c'est idiot, mais que voulez vous, on ne me changera plus... quoi que !

Axel revient quelques minutes plus tard dans une robe que je ne saurais décrire. Je pose ma main sur ma bouche pour éviter de dire une horreur sur ce que je pense. J'en reste scotché sur ma chaise tellement je trouve ça moche. Je lance un regard perplexe à Ghilian en réponse au sien, avant qu'elle ne se lève et lance un trait d'humour. Je ne suis pas connue pour mon humour, je préfère m'abstenir et répondre avec toute la sincérité dont je suis capable, ça me vient du fond des tripes quoi

- Oui, tout à fait d'accord avec Ghilian. Ça ne m'ira pas. T'imagines avec les flashs des photos, je ferais un tel néon qu'on te verra même plus.

Ok, y a un brin d'humour, mais un humour à la Inaya, alors je promets rien.
Si je crois vraiment que cette robe puisse être son choix pour ses demoiselles d'honneur ? Oui, je crois, à moitié ... Ma cousine est capable de tout, surtout pour ne pas ressembler aux autres et le ridicule ne tue pas après tout. Du coup je me retiens de lui dire qu'on peut trouver autre chose, parce que d'un côté e doute qu'elle est autant mauvais goût, d'un autre côté si c'est vraiment son choix pour que son mariage ne ressemble à aucun autre, alors je ne me vois pas être celle qui lui dit clairement que c'est moche. Je suis plutôt franche, mais j'ai des limites, je préfère le silence dans ces cas là.