''Cause this is a disaster | feat Maxwell & Ghilian

Mentir à son homme, c'est mal! Mentir à son homme pour lui préparer une surprise... c'est pardonnable, n'est-ce pas? Tôt dans l'après-midi, je me suis éclipsée avec les enfants, prétextant vouloir profiter de ce beau soleil avec eux. Ce qui en soit n'est pas faux. J'ai tellement de temps à rattraper avec eux, que je ne sais plus où donner de la tête. Je tente également de mettre de côté ce pincement au cœur qui me tiraille à chaque fois que je réalise toutes ces choses que j'ai loupé. J'ai donc en effet passé une partie de l'après-midi avec eux, dans le parc. Puis je les ai emmené chez leur nounou attitrée. L'espace d'un moment, je me suis sentie horrible de les abandonner pour le reste de la journée et pour la nuit. Cependant... Maxwell et moi avons besoin de nous retrouver. Nous sommes parents, mais nous sommes avant tout un couple. Un couple, qui apparemment, n'a pas eu d'intimité depuis un an et demi. Moi j'ai l'impression que ça ne fait que quelques mois, mais Maxwell, contrairement à ma petite personne, il n'a pas joué à la belle au bois dormant.

Je me suis ensuite empressée de faire quelques courses et de rentrer. Un coup d'oeil à mon cellulaire m'indique qu'il est à peine 17h. Tant mieux, ça me laisse un peu de temps avant de tout mettre en place pour notre future nuit d'amour. J'angoisse. C'est notre première nuit seuls, en amoureux, sans enfants qui bavent, ou qui crament une de mes mèches de cheveux, ou qui fait léviter cette horrible peluche dauphin.

Une tablette sur le coin de la table, je suis les instructions pour préparer un gratin de légumes à cuire au four. Hum. C'est que ça a l'air plutôt simple. Je découpe, je positionne dans le plat et je met le tout dans le four. Thermostat 6, pour 50 minutes de cuissons... C'est ridiculement long! Je lève les yeux au ciel, augmente la température et c'est parti mon kiki!

Les choses sérieuses vont pouvoir commencer mais avant, j'envoie un sms à Maxwell pour lui dire que moi et les petits, nous rentrerons tard mais qu'un plat l'attends à la maison. Je veux qu'il ai la surprise en arrivant et quoi de mieux que de le laisser croire qu'il n'y aura personne à son arrivée de son... de son quoi déjà? J'ai cru comprendre qu'il était occupé aujourd'hui mais je ne lui ai pas posé plus de question que cela. J'arrange ensuite la table, avec les couverts, les bougies qui vont bien. Je tamise les lumières et prépare les coupes de vin. La présentation... c'est terminé!

Maintenant, petit tour dans la salle de bain pour me décrasser. Si d'ordinaire j'adore me prélasser sous l'eau, là, je carbure. Je ne veux pas rater ma surprise, je dois absolument être prête avant qu'il arrive. Après ma douche, je sors de sa cachette le costume de Miranda Lawson, personnage iconique du jeux vidéo de Mass Effect. Je me souviens comme si c'était hier, du jour où j'ai accueilli Maxwell en tenue de stormtrooper. Autant vous dire que ça avait fait son effet. J'espère qu'il en sera de même ce soir.

Pour me détendre, je met en route l'enceinte bluetooth et la chanson Telephone de Lady Gaga et Beyonce se met en route. Je changerais de registre musicale à l'arrivée de mon troll mais en attendant, je me dandine dans le salon avec la peluche dauphin dans les bras. J'ai encore un peu de temps avant le retour de mon homme. C'est le moment où jamais de décompresser.

Petite journée tranquille. J’ai passé une partie de ma nuit à jouer à une table de poker illégale, j’ai rien perdu, un peu gagné, dormi de ce fait toute la matinée, puis j’ai passé l’aprèm à fouiner pour trouver du boulot ou des infos à vendre.

Une journée tranquille donc, comme je vous le disais. Je me préparais à passer une soirée dans un night-club renommé, quand soudainement, je sais pas trop pourquoi, j’ai décidé de changer brusquement d’idée. Mais juste quand j’allais sortir. Et du coup, me voilà partie en direction de chez Maxwell –Je-porte-un-nom-de-produit-d’entretien- habillée de manière fort différente de mes habitudes.

C’est donc vêtue d’une jolie – et c’est très objectif comme jugement-et plutôt courte robe de satin orange que je me faufile dans l’immeuble. Ça fait déjà plusieurs semaine que j’ai un badge pour y entrer. Et je vous arrête de suite, ce n’est pas Maxwell qui me l’a filé ! je l’ai juste acheté sur internet. C’est un badge universel, celui des services postaux quoi...

Allez, ascenseur, dernier étage et zou ! Avant même d’arriver devant la porte, une odeur fort alléchante vient me chatouiller les narines. J’espère que ça vient de l’appartement ciblé ! Je dis jamais non à de la nourriture gratuite ! Je n’essaye même pas d’entrer, sachant pertinemment que la porte est fermée à clé. Mais là aussi, j’ai la parade ! Admirez comment on se sert d’un kit de crochetage mes biquettes ! Bon, la situation doit être totalement décalée : voir une nana en talons, robe, petite pochette sur l’épaule, bien coiffée et maquillée en train de crocheter une serrure... Je veux une photo ! Quelques dizaines de secondes plus tard –l’expérience très chers, l’expérience !- et la porte cesse toute résistante. Avant même de rentrer, je lance un bruyant :

- Hey ça sent super bon c’que t’as fait !

Je claque la porte, avant de prendre conscience que la musique que j’entends n’est sans doute pas du style de Max... et que la blonde qui me regarde n’est définitivement pas Max. Un rapide coup d’œil sur la déco m’apprend que je suis pourtant bien au bon endroit (nan mais sérieux... depuis le temps que je lui dis que jaune et noir c’est franchement moche ! ). Je reporte donc mon attention sur le seul élément qui détonne dans l’endroit qui m’est devenu un peu familier ces derniers mois.

Comme je vous le disais, il y a une blonde –fort jolie- dans une tenue... étrange... qui semblait se dandiner avec vigueur en plein milieu du salon, sur du Lady Gaga, si mon oreille ne me trompe pas. On se fixe quelques instants, avant que je ne demande avec toute la politesse donc je suis capable :

- Salut, t’es qui ?

Oui, alors que je viens –techniquement- de rentrer par effraction. Mais j’ai pas souvenir que Max m’ait parlé d’une quelconque femme qu’il fréquenterait... Bon en même temps, c’est pas vraiment le genre de sujet qu’on a abordé, ni même qui m’intéresse. Mais je sais pas pourquoi, vu le regard qu’elle me lance, je sens qu’encore une fois, mon don pour me trouver au mauvais endroit au mauvais moment c’est encore déclenché...

La musique entraînante réussi à m'éloigner de mes sombres pensées. Le temps d'une chanson, je me trémousse avec insouciance, oubliant l'idée que Maxwell n'a pas vu mon corps à nu pendant dix huit longs mois. Mes inquiétudes ne disparaissent pas, elles sont juste mise de côté et c'est si bon. Tellement que je n'entends pas la porte s'ouvrir. Par contre, une voix surgit parmi les paroles dynamique de Lady Gaga. Mon corps se raidit et mon cœur loupe un battement. D'abord surprise, je met une fraction de secondes avant de réaliser que ce n'est pas mon troll.

Lorsque je me retourne pour affronter l'intrus, je reste stupéfaite. L'incompréhension déforme les traits de mon visage et mes sourcils se rejoignent en un froncement prononcé. C'est quoi, ce putain de bordel de merde? Une femme outrageusement sexy, habillée d'une robe outrageusement sexy, et à la dégaine outrageusement sexy, se tient là... dans l'appartement de MON troll, sans y avoir été invitée. Je récapitule. Une putain de bonasse possède les clés d'appartement de MON homme?! Et elle débarque quand je ne suis pas censée être là? L'incompréhension se transforme à mesure que les secondes passent en une colère fourbe et sournoise. Cette rage qui s'installe progressivement, et s'injecte dans mes veines tel un poison. Le pompon est atteint quand l'intruse ose me demander qui JE suis? Sérieusement? Un petit rire dédaigneux résonne dans ma gorge et s'échappe dans les airs.

Un certain silence s'installe pendant lequel je la fixe, aussi incrédule qu'hostile. Mon poing se plante contre ma hanche pendant que ma main libre caresse distraitement ma gorge. J'ai des envies de meurtre. J'ai juste envie de hurler, de tout casser et de castrer Maxwell. En même temps, c'est de ma faute, hein. Je l'ai trop dévergonder!

- Dans la mesure où tu t'incruste dans NOTRE appartement, c'est peut-être à moi de te retourner la question. T'es qui, toi? La femme de ménage, peut-être?

Ma langue claque contre mon palais. Inutile de s'énerver tout de suite. Attendons le retour de Maxwell Abraxas, pour s'illustrer dans l'art de castrer un homme.

Je souffle fortement à l'insinuations de la blonde. Moi ? Femme de ménage ? Respire cocotte, respire. Pas la peine de se prendre la tête pour si peu... C'est juste qu'elle a sans doute des peaux de saucisson devant les yeux...


- Ghilian. Et je suis pas vraiment femme de ménage comme tu t'en doutes au vu de ma tenue.


Le "grognasse" est retenu de justesse au fond de ma gorge. C'est qu'elle m'aurait presque vexée dis donc... Alors que quand on voit sa tenue... Puis une autre info fait tilt dans mon petit cerveau.

- Attend.... Votre appartement ?


Bon... je sais bien qu'il a des gosses et que donc forcément il y a une nana dans le coup - je le vois pas adopter des humains, Max- mais vu qu'il en parle jamais je pensais... je sais pas vraiment ce que je pensais en fait. Pour ce que ça m'intéresse...

Ouais dis comme ça, je passe pour une personne égoïste, mais accessoirement, Max, je l'aime bien. Du coup j'ai pas forcément envie de l'emmerder en m'aventurant sur un terrain qui m'a semblé glissant.

J'ai pas le temps de dire que que ce soit, que la porte de l'appartement s'ouvre, puis se referme sur Max. OK. Je sais pas pourquoi, je sens que la situation va être magique... Il se décide enfin à rentrer et je lui lance un regard presque désolé, avant qu'il ne me demande ce que je fais là. D'une manière fort désagréable. Mon sourire se fane un chouia. Bien.


- Depuis le temps qu'on se fréquente, t'ai je déjà avertie de ma venue ?


Petit sourire gentillet, choix de mot voulu, vas y. Débrouille toi avec ça mon grand. Je sens que la blonde veut buter quelqu'un, et a mon humble avis, tu seras prioritaire.

J'ai dis que j'appréciais Max ? C'est vrai. Mais me faire agresser verbalement deux fois à quelques minutes d'intervalles me met un peu sur les nerfs.

Je croise mes bras sous ma poitrine, me demandant ce qui lui passe par l'occipital quand il demande où sont ses gosses sans aucune forme de politesse lors que la jolie blonde est très visiblement énervée. Puis c'est leur nounou la blonde ? Dans une tenue aussi cheloue ? Nan. Vu comment elle m'a regardé, c'est plus que ça. Genre peut être bien la mère des petits morpions. Oh ça promet... je vais peut être aller fouiller la cuisine voir s'il y a du pop corn quelque part...

- Ah oui... une collègue, que je répète avec lenteur, en détachant chaque mot.

Mes poings se crispent de plus en plus. J'en ai mal aux jointures. Mes ongles s'enfoncent dans ma chair. Une collègue avec qui il a couché et qui se retrouve ce soir dans son appartement, dans une tenue des plus éloquentes. J'inspire. Je bloque l'air dans mes joues et j'expire. Lentement, très lentement. Je tente de rationaliser. J'étais morte. La vie continuait, sans moi. Je passe l'éponge sur le fait que c'est une de mes plus grandes peurs et qu'elle s'est justement réalisée. Il est dans son bon droit... Je le sais et pourtant, je me sens trahie. J'essaie, vraiment, de capituler, de rationaliser. En vain. Je suis submergée par une vague de colère. C'est comme un tsunami qui emporte tout sur son passage. Je ne veux pas être raisonnable. Je veux hurler. Tout casser. Les briser en deux!

- Et c'est maintenant que tu me parles d'elle?

Ne pas hurler... ne surtout pas hurler. Ma langue claque contre mon palais et j'enchaîne aussitôt, sans lui laisser la possibilité de répondre.

- Tu te fous de ma gueule, Abraxas. Vraiment... Je crois que là tu te fous de ma gueule! C'est pas possible autrement!

Je comble l'espace entre nous, d'un pas énergique. Je me stop en cours de route car je sais que si je m'approche d'avantages, je vais... je sais pas ce que je vais lui faire! J'hésite entre lui crever les yeux, lui arracher la langue, le gifler, ou lui foutre un bon coup de genou dans les parties. Je reste donc à un deux bon mètres de distance.

- Quand je suis revenue, ce soir là... Tu n'as pas hésité à me dire, avec ton tact légendaire, que j'étais morte depuis plus de dix huit mois. Oh ça oui... tu as bien été capable de me le foutre dans la gueule! Hein... mais tu t'es bien gardé de me dire que pendant que j'étais morte... Monsieur allait fourrer la madame qui...

Je cherche la brune des yeux et lorsque je la vois, ma colère monte d'un cran.

- Qui, putain, pique mes pops corn!!!!

Caramel beurre salé, en plus. Mes préférés! Bref! Je m'occuperais de son cas plus tard. Je reporte mon attention sur Maxwell, le fourreur de madame!

- Donc en gros... c'est ça l'histoire?! Youpi! Ta femme est morte! Du coup... Youpi! Monsieur peut aller tremper sa grosse quéquette de troll partout? C'est ça?! Non mais j'y crois pas! Sérieux... Je dois m'attendre à d'autres surprises du genre? T'as participé à un gang bang pendant qu'on y'est? Tu t'es bien amusé pendant que je mangeais les pissenlits par la racine? De toute façon... c'est ma faute! Bah oui! Je t'ai trop dévergondé, aussi! Quelle idée! On aurait dû rester chaste jusqu'au mariage! Remarque si ça avait été le cas... je ne serais pas tombée enceinte! Tu sais... cette grossesse... hein... je te rappelle que je suis morte pour mettre au monde NOS enfants! C'est cool de savoir que tu t'es vite remis de ça, Maxwell!

Et ensuite... bah faut bien que je reprenne ma respiration. Mes joues sont en feu. Je ne décolère pas, mais pas du tout. Plus je parlais et plus je sentais cette rage m'envahir. Mais surtout, j'ai peur. Je suis terrifiée de ce lien qui semble y'avoir entre eux. Alors c'est ça, l'histoire? Il m'a vraiment oublié pendant tout ce temps?

Je m’éclipse après cette rapide introduction de ma petite personne... Max, est-ce vraiment utile de lui balancer de but en blanc qu’on a couché ensemble ? C’est pas très délicat devant une dame aussi excédée. Ni même prudent je dirais. J’en ai vu des disputes de couple –je cherche pas vraiment a savoir si les gens ont déjà quelqu’un moi- mais là j’admets que tant d’honnêteté aussi directe... Habituellement c’est plutôt un « C’est pas ce que tu crois chérie ! ».

En arrivant dans le coin cuisine, je remarque enfin la table joliment mise. Ah. C’est que madame avait bien fait les choses... Un léger petit haussement d’épaule de ma part et je me mets à farfouille dans les placards de la cuisine et trouve un fond de pop corn caramel beurre salé. Pas mes favoris, ils arrivent en deuxième position derrière les sucré-salé – j’ai des goûts simple que voulez-vous-, mais je ne vais pas faire la difficile. Je tends l’oreille, histoire de ne pas louper ce qui se passe dans le salon. Allez hop ! Au micro onde !

Ah. Bah tient. Max ne t’a pas parlé de moi ma cocotte ? Tout simplement parce que y’a rien à dire très chère... C’est arrivé que quelques fois, plus par faiblesse de la part du brun qu’autre chose. Je rejette pas la faute sur Max hein, jusqu’à preuve du contraire on était deux dans l’histoire, mais il y a pas de quoi en faire tout un plat ! Le ‘ding’ caractéristique de l’appareil me permet de sortir la précieuse denrée, que je laisse dans le paquet et je reviens sur le champ de bataille.

Bah ouais j’te pique tes pop-corn... j’ai l’impression d’être dans un film là, fallait bien que j’accompagne ça avec de la bouffe de circonstance. En plus j’ai faim. J’enfourne les grains éclaté de maïs en lui adressant un grand –odieux- sourire. D’ailleurs, je crois que j’ai jamais autant kiffé des pop-corn de ma vie. Pop-corn qui ont failli avoir ma peau lorsque la blonde, excédée, lui balance une diatribe aussi mignonne que cheloue à la gueule. Pourquoi elle le traite de troll ? bref. Par contre, lui parler des deux merdeux, c’était un coup bas de sa part, pas besoin de connaître Maxwell pour s’en apercevoir à son langage corporel.

Nan puis en plus, si elle était morte, pas de problème ! Il allait pas la déterrer pour... eurk. Je ne finirais pas cette pensée ! Va-t-en de mon crâne !!! Je secoue la tête et reprend du pop-corn. Habituellement, dans ce genre de situation, j’ai tendance à envenimer la situation, ça m’amuse grandement. Mais... je vous ai déjà dit que j’appréciais Maxwell pas vrai ? Essayons donc de calmer un peu le jeu, même si je suis pas spécialement douée pour ça. Ça va être ma première dans une dispute de couple ! De toute manière je pourrais pas faire pire que Max, et c’est d’ailleurs bien pour ça que je ne lui laisse pas la possibilité de répondre à cette tirade :

- T’es franchement pas doué avec les mots, Max.

Je ne suis même pas dépitée quand je souffle ma phrase, mais il y a une sorte de menace sous-jacente.« Ferme ta gueule ». Pas que j’en attendais spécialement plus de sa part. C’est pas un humain très sociable. A se demander comment on fait pour s’entendre. Je reprends des pop-corn, avant de me retourner vers la jolie blonde. Sa femme. Axel. Bien. Composons donc avec ces nouveaux éléments...

- Si je peux me permettre Axel, et ma voix soudainement assurée sous-entend que je vais me le permettre, qu’ils le veuillent ou non, je crois qu’il y a méprise. Max ne s’est pas remis de ta mort comme tu sembles le penser. Et impliquer les morpions, c’est un coup bas de ta part.

Vous avez vu ? Je sais être une adulte quand je veux ! Et ouais, faut pas être étonné. Jouer la cruche, c’est un de mes passe-temps.

- En plus...

Je m’arrête subitement au milieu de ma phrase :

- ...Attend ! Mais comment ça t’es morte ?

D’instinct, je me rapproche de Max. C’est quoi encore cette histoire ?! Elle est quoi ? Une vampire ? Un zombie ? Pourquoi faut toujours que ma vie tourne autour du surnaturel depuis que je suis à Chicago ?! Bientôt je vais apprendre que des gens peuvent se transformer en lion en total détente si ça continu !

- Là je demande un arrêt des hostilités ! Je suis paumée !

Ce qui ne m’empêche pas de bouloter encore quelques pop-corn, sans quitter des yeux Axel. Ouais, je me méfie d’un coup.

- T’es franchement pas doué avec les mots, Max.
- On est d'accord la-dessus!

Cependant, je n'apprécie pas du tout son intervention. Maxwell est assez grand, dans tout les sens du terme, pour se débrouiller seul! Elle joue le rôle de garde du corps, aussi? Hein, pourquoi pas tant qu'on y'est! Ah mais non c'est vrai... c'est sûrement son garde du corps très rapproché! Raaah! J'ai des images d'eux entrain de forniquer et tout de suite, ça me replonge dans une rage monstrueuse! Alors, sérieusement... c'est lequel des deux que je tue en premier?

- Si je peux me permettre Axel.
- Non, te permet pas!

Sauf qu'elle s'en contre fiche de mon avis. Tiens... comme c'est étonnant! Je gonfle mes joues d'air. J'expire lentement. Prison. Prison. Prison. Prison. Je me répète ce mot en boucle dans ma tête. Si je les bute j'irais en prison. Je m'accroche à cette idée, ça m'évite de lui sauter à la gorge, à cette brune trop canon qui a fourré mon putain de mari!

- Je crois qu’il y a méprise.
Pff. A d'autres.
- Max ne s’est pas remis de ta mort comme tu sembles le penser.
Genre.
- Et impliquer les morpions, c’est un coup bas de ta part.
Je vous emmerde tous les deux, en fait.

Je ne dis rien. Contrairement à ce que l'on peut penser, je sais me maîtriser. Je me contente de penser très fort et de serrer les dents. Peut-être qu'à force de ronger mon frein, je vais réellement finir par me calmer. Ou pas. Franchement j'en sais rien. Je sais pas. Je ne sais plus. Ils m'emmerdent profondément, là. Les deux. Je veux juste les virer de l'appartement avec un bon coup de pied au derrière pour m'empiffrer de glace, et pleurer en écoutant Separate, de PVRIS.

- En plus... Attend ! Mais comment ça t’es morte ?
- Ah non...

Je proteste en la pointant du doigt! Je m'insurge! C'est MOI qui vit une petite crise existentielle! Ce n'est pas le moment pour elle de flancher! Focus, là, Ghilian! Y'a erreur! En plus de me voler mon homme, tu veux aussi me piquer mon droit d'hystérie?! Je refuse! Puis elle se rapproche de Maxwell. Non mais je vous jure... et ensuite on ME demande de me calmer? Tss. Je lève les yeux au ciel, exaspérée.

- Là je demande un arrêt des hostilités ! Je suis paumée !
- Oh... T'es paumée, ma pauvre! Tu vois derrière toi? C'est la sortie. T'as juste à retourner et partir, loin de mon mari.

Non mais je vous jure. Parce qu'en plus je dois lui expliquer mon état de morte mais pas vraiment, à la maîtresse de mon homme? Non mais sérieux, on aura tout vu! Puis surtout... surtout... que Maxwell ne sort pas une de ses phrases super pragmatique du genre "en fait on est pas marié". Parce que je lui démonte sa jolie petite gueule de troll. Je vous jure que je le démonte comme un meuble ikéa!

- Axel … mon amour … s’il te plaît calme toi.
- Que je me calme... je répète lentement, comme pour être certaine de comprendre ce qu'il me demande.

C'est facile pour lui, de me dire ça! Néanmoins, j'enregistre "mon amour". C'est pas souvent qu'il m'appelle comme ça. Alors je veux bien continuer à ronger mon frein le temps qu'il s'explique encore un peu. Je serre des poings, me mord la lèvre. J'attends.

- Déjà, je suis pas vite remis, mais on en parlera que tous les deux.

Okay... Bon! Sur ce coup-là, je suis d'accord. On en reparlera que tout les deux. Surtout si c'est pour m'annoncer qu'il préfère continuer sa vie sans moi et tenter sa chance avec la belle greluche. Je préfère que ça reste qu'entre nous. Le truc... c'est que je n'avais pas réalisé que si il tentait de me calmer... c'était pour mieux expliquer la situation à Ghilian. Okay... je vois. On ne s'énerve pas... Je soupir fort.

- Tu te souviens que tu m’as parlé d’Abraxas … ben devine quoi … il m’a fait un cadeau, je suppose de retour dans la famille et c’est ma femme. Dans une première réalité elle est décédée quelques mois après avoir donné naissance à mes gamins, dans notre réalité, Abraxas l’a sauvé et le temps de la remettre sur pied … ta da !!

Au mot "tadam" je lève les bras et prends une posture chelou, vous savez, celle que prend les animatrices télés pour montrer un truc à la con. Sauf que le truc à la con, ici, c'est moi avec ma tenue de Miranda Lawson.

- Et tu es très belle habillée comme ça.

J'espère bien, j'ai galéré à trouver une cachette pour cette tenue.

- Merci, que je répond, adoucie par son compliment.

Le hic? Ghilian qui a répondu la même chose, en même temps que moi. J'ai de nouveau des images en tête. Et ça me rend dingue. Cette fois, j'en ai marre. Vraiment.

- Okay... là c'est trop.

Je m'approche de la brune et récupère les pop corns.

- Alors ça c'est à moi.

Je me tourne ensuite vers Maxwell.

- Quant à toi, Maxwell Abraxas, si tu ne veux pas finir émasculer avant la fin de la soirée, t'as tout intérêt à partir chez ton frère pour la nuit! Je ne veux plus te voir, c'est bon! Vous m'avez saoulé, tout les deux! Dégagez!

Je balance les pop corn par terre, commence à tourner les talons et là... et là vous ne sentez pas cette odeur de fumé? Pendant un instant, je me demande si la colère ne me fait pas cracher des flammes par les narines mais non. Cela vient du four. Putain! Mon gratin! Je trottine jusqu'à la cuisine, j'éteins le four et une fois munie de gant, je retire mon plat.

Bon, je savais que la diplomatie c’était un truc surcoté. Ça marche pas ! La Axel, elle a l’air vachement énervée contre moi maintenant. Enfin, pas grave, elle est mignonne quand elle est en colère.

Mon cerveau décide sagement de classer l’affaire dès que j’entends qu’Abraxas est impliqué dans son histoire de mort/non mort. Pas envie de me prendre la tête avec tout ça ce soir... mais je trouve qu’il sauve pas mal de vie, alors qu’il avait lourdement insisté sur le fait de rien déranger dans le temps, où un truc dans le même délire... Apparemment, ce conseil n’est pas valable pour lui... Toujours les même qui prennent des libertés...

Bref je disais, pas envie de me prendre la tête avec ça. Je reprends le fil de la conversation lorsque Max me complimente sur ma tenue. Ça ne lui ressemble pas, mais je le remercie... en même temps qu’Axel. Oups. Nan mais en même temps, elle a une tenue trop étrange pour que le commentaire lui soit adressé ! Ou alors Max a des...

Pas le temps de finir ma pensé que mes pauvres pop-corn me sont arraché des mains. Hey ! Mais je les ai pas finis ! Boudeuse, je regarde Max se faire menacer de castration, faisant le deuil des pop-corn, qui finissent sur le sol alors qu’elle nous ordonne de dégager.

Maxwell s’exécute à une vitesse stupéfiante, me laissant seule, pendant que la blonde est dans la cuisine. Je jette un œil, pour la regarder retirer du four un gratin un peu trop bronzé. Ah. C’est ballot. Mais je vais m’abstenir de faire le commentaire à voix haute, j’ai pas envie de me prendre un truc brûlant dans la face. J’ai dis, je vais m’abstenir de tout commentaire... mais... c’est tellement difficile...

- Plus qu’à virer le cramé, mettre de la crème et du fromage par-dessus et remettre au four.

Est-ce que c’est vraiment le moment pour des conseils culinaires ? Certainement pas vu le regard qu’on me lance. Mais c’est foutrement dommage de gâcher de la nourriture. Enfin ce que j’en dis...

Bon, c’est pas tout, mais je sens que je vais finir par apprendre à voler si je reste dans les parages. Axel me semble prête à exploser et je préférerais ne pas être trop proche quand ça va arriver... J'attrape Flipper qui traîne au sol, tout en lançant à Axel :

- Bon bah, à la prochaine ! C’est sympa d’avoir appris ton existence !

Oui, je suis une garce d’en rajouter une couche, je sais. Et je n’ai strictement rien à dire pour ma défense parce que c’est un état de fait que j’accepte. D’ailleurs, tout ça m’a mis d’humeur à allumer une cigarette dans l’ascenseur et d’aller me poser en bas de l’immeuble.

- Ô Axel ! Fait moi rêver ! Prouve-moi que la flamme de colère qui dévorait tes yeux céruléens va s’abattre sur le mobilier et qu’en cette nuit étoilée je verrais des affaires voler !

Hé, je vous en bouche un coin avec mon envolée lyrique hein ? Enfin, il n’y a qu’un pauvre chat rôdant dans le coin et Flipper qui m’auront entendu. Tristesse.

Il me faut attendre la moitié de ma deuxième clope pour que j’entende une fenêtre s’ouvrir et qu’une chemise n’aille se déposer sur le trottoir. Suivi, d’autres fringues, puis d’un objet qui s’explose sur le bitume dans un grand bruit.

Oh. Merde.

J’y connais pas grand-chose, mais ça ressemble foutrement à une console de jeu. Max va péter un câble et je ne serais pas là pour y voir... En plus, il risque de m’en tenir rigueur. Mais bon, c’est pas comme si je pouvais arrêter le massacre... La seule chose que je peux faire, c’est attendre la fin de la pluie d’affaire, faire la liste des consoles mortes au combat, et lui en faire livrer des neuves.

Ouais. On va faire ça. Comme ça Max sera peut-être moins grognon et Flipper et moi aurons un truc à faire de notre soirée...