Raconte moi tes malheurs, j'te raconterais p'têt les miens! - PV Nathan

Il était plus de deux heures du mat', c'était dimanche matin et nous allions enfin pouvoir fermer. Enfin encore fallait-il que nous arrivions à faire décoller les quelques gaillards qui continuaient à faire la fête. nous nous étions dit que nous ne les resservions pas, mais c'était il y a déjà une bonne demi-heure. Plus le temps passait et moins ils descendaient vite leur verre. Pour certains s'étaient l'inverse, tout dépend de qui ont avait en face. Luther était sur les comptes dans son bureau et moi et Nathan avions déjà fait une bonne partie de la vaisselle en attendant les dits jeunes gens, enfin jeunes et moins jeunes attention y a des quarantenaires, cinquantenaires qui ont pas de mal à lever le coude. Ils m'ont offert plusieurs verres depuis le début de la soirée, mais là ils ont passé un cap, juste à discuter de choses qui n'ont ni queue ni tête. Je tente une première approche.

- Dites les gars, je sais que vous vous amusez bien, mais il se fait tard. On va fermer!

Ils me regardent avec un grand sourire, un peu hagard. Et bin on est pas couché, c'est moi qui vous le dis!  Comment on fait pour se débarrasser des mecs qui traînent un peu trop, on fait appel à Nath' et si besoin à Luther. Si le premier suffit pas, en général le deuxième en vient à bout, ou inversement parfois. Bref, je retourne derrière le bar, avec mon verre qu'est sec de chez sec cette fois, c'est sur. Je lance un regard à Nath' pour lui demander d'intervenir et de mon côté je continue ma vaisselle, avant de m'atteler au coup de balai.

Je reviens vers Nathan complètement déconfite, ne sachant plus quoi faire pour qu'ils décollent leur fesses des chaises. Il accepte de s'en charger et un peu plus loin je le vois donc parlementer avec les quelques irréductibles. Finalement les premiers se lèvent enfin et embarquent les derniers récalcitrants. Les premiers passent devant moi avec de grand sourire niais, à ce niveau là y a même plus de drague lourdes ils sont juste fracassés. J'espère juste qu'ils n'ont pas l'intention de prendre leur voiture. Ah bin non pas possible on leur à prit leur clé y a un moment déjà, quand ils étaient encore à peu près frais pour nous les filer sans broncher. Ils viendront les récupérer demain. J'espère pour eux qu'ils sont pas mariés, parce que rentrer dans cet état là honnêtement moi je serais leur copines ou copains, même pas en rêve ils passent le seuil de la porte de la chambre et si on a des enfants même pas le seuil de la porte d'entrée... Non mais des fois. j'ai beau faire un métier qui demande à ce que les gens prennent des verres et appréciés d'en boire aussi quelques uns, il y a des années que je ne me suis pas trouvé aussi mal et c'est pas près de m'arriver de nouveau.

Je suis toujours avec mon balai et je sors de derrière le bar pour faire la salle, lorsque Nath' reviens avec les derniers verres. Malgré l'heure tardive j'essaie d'être assez énergique pour pas y passer deux heures.

- Ils étaient gratinés eux.

J'entends Luther s'activer dans son bureau. Lui aussi à du terminer. Il n'est pas toujours avec nous lors de la fermeture, mais à croire qu'il était motiver ce soir. Il sort, fait un signe de tête à Nathan pour le saluer et vient m'embrasser sur le front. Il ne dit rien, pas un mot et s'en va. Il est pas le gars le pus causant de la terre, mais je l'aime quand même que voulez vous! Derrière lui je vais descendre le rideau métallique, je ferme la porte. Nous n'aurons plus qu'à mettre l'alarme en route et passer par la porte de derrière quand nous aurons terminer... comme d'hab quoi! Je retourne vite fait à mon balai.

- Y a un moment qu'on a pas vu Elaine. Ca va avec sa mère ?

Il arrivé parfois à la gamine de se pointer au bar pour voir son père, mais là depuis un moment c'était off. Et avec le monde qu'on avait eu ce soir, j'avais pas eu l'occasion de lui demander plus tôt.

- Pas faux! Oh bin la journée aussi j'te rassure!

Je n'ai pas le temps d'en dire plus que Luther sort de son bureau après avoir compté la caisse, qu'il était venu me demandé y a un bon quart d'heure déjà. Il s'en va rapidement et après avoir fermé derrière lui je reviens vers Nathan pour finir. Le balai finit je n'ai plus qu'à l'aider. Il lave les verres, j’essuierais donc. Il répond ensuite à ma question sur la p'tite Elaine. Je l'aime bien cette gosse, elle est vive d'esprit, toujours un mot sympa pour chacun d'entre nous. Qu'il la monte contre elle? Elle a picolé ou quoi ? Nath' il aime pas son ex c'est clair, mais il dirait jamais du mal d'elle devant sa fille, pas son genre, même si il en pense pas moins.

- Skype! Ce qui détruit les relations mères/filles, c'est bien connu!

J'essaie un trait d'humour pour détendre l'atmosphère. Je lui souris. Oui malgré la fatigue, je tâche de toujours garder le sourire, surtout pour mes amis/collègues dans la même galère que moi. Mais ce qu'elle comprend pas Claire, c'est qu'en laissant du leste à sa fille et son ex, elle se rapprocherait d'Elaine, mais ça c'est pas toujours simple à comprendre dans sa situation.

- Bin ouais, avec ton nouvel appart, ça doit aider aussi, c'est sur. C'est plus proche de son école, nan ? Pis à l'âge d'Elaine, faut aussi qu'elle comprenne que ta fille est libre de ses choix!

Bon ça il le savait déjà, j'avais pas besoin de lui redire, mais c'était sortie tout seul. j'avais pas toujours de filtre quand je parlais et là j'avais mit les deux pieds dedans, enfin je crois. J'ai du mal avec ces histoires de famille, on peut pas dire que j'en ai vraiment l'habitude.

- C'est clair que c'est différent, c'est une habitude à prendre je crois. Dans la journée t'as ceux qui bossent pas et qui passent leur journée là à te parler parcequ'ils ont personne d'autre avec qui discuter, t'as cleui qui vient gratter un jeu avant de repartir après avoir eu les infos quotidiennes et après arrive ceux qui font une pause entre deux rendez vous, ceux là ils me font bien rire. Pas un pet de travers ou sa journée est foutu au gars.

Je ris sous cape. Ils me font triper eux. On en vient ensuite à sa fille. Lui, accro à sa fille ? Une évidence. Et des fois où j'ai vu Elaine c'est réciproque. C'est beau à voir leur relation je trouve. Pas eu l'habitude de ça, alors même si ça me fait toujours un petit pincement au cœur quand je les vois, j'en suis aussi ravie pour eux. J'ai un peu de ça avec Luther, mais c'est pas pareil.

- Tu m'étonnes, ça c'est le pied une douche chaude.

Il me tend un petit gâteau, que je prends avec plaisir. J'ouvre le sachet je mords dedans rapidement, pas que ma vie en dépende, mais c'est agréable après une bonne journée de taf.
Je l'écoute continuer de parler de sa fille. Il en a les yeux qui brillent limite. Lui une menace pour sa fille ? Eu bin pas que je sache non! Après je le connais pas par cœur non plus ce type, on est pas meilleure pote, on est juste collègue, mais ça e parait tellement évident. comment sa femme peut-elle ne pas voir ça ? Je comprends pas sérieux.

- Je suis pas experte, mais je pense qu'elle le voit bien que t'es pas un danger pour elle, juste que c'est dur de voir sa fille quittait le nid, alors d'autant plus dans votre situation ... enfin je suppose!

Lui et Luther ça passe mal, mais bon, Nath fait son taffe, y a pas dire, donc bon Luther reste zen, malgré la maladresse légendaire du premier et ses envolées lyriques, mais on l'aime notre Nath' quoi qu'on dise, ça serait bien fade sans lui ici.

- La tu vois c'est la première et dernière chose que je vais faire en rentrant.

Nous parlons ensuite de sa fille et de son ex femme. Il en a gros sur la patate et faut que ça sorte. je suis contente qu'il se confie à moi, c'est plutôt rare venant de lui.

- Justement si elle sait autant de chose sur toi, elle devrait bien comprendre la situation et ton envie de bien faire pour ta fille. Vous devriez peut-être trouver un terrain neutre pour discuter, sans Elaine et sans l'avocat. Un moment rien que vous deux pour que tu puisses lui expliquer ta nouvelle situation et ce que tu comptes faire pour la suite, ça la rassurera forcément. Tu restes zen, elle se braque pas et hop... Une garde obtenue de plus!

Je souris comme une gamine. Je ne sais pas ce que c'est que d'avoir son problème, pour moi c'est simple, mais enfaites j'en sais strictement rien. Il soupire, s’assoit sur le bar et me propose qu'il ferme pour que je rentre... il a rêvé tout éveillé lui; je vais pas le laisser dans cet état là, il a faillit s'ouvrir le crane, il manquerait plus que ça!

- Or de question!

Je prends deux verres et une bouteille de rhum un peu plus loin, je verse le liquide dedans et lui tends le premier avant de prendre le deuxième pour moi.

- Allez cul sec! Et pas de discussion! Je bois le mien rapidement, avant de poursuivre : Tu peux me parler Nath', je suis tout ouïe. Et c'est pas peux dire quand on me connait. Et évite pas le sujet, il fait que ça sorte tout ça! A moins que je sois pas celles à qui tu veuilles en parler bien sur je comprendrais, mais dans tous les cas faut en parler, ça fait toujours du bien!

- Elaine a apprécié le cadeau ?

Oui je disais cela pour le chat qu'il venait de dire qu'il devait reprendre des croquettes. Il y a quelques semaines maintenant qu'il l'avait récupéré ici même dans les cuisines. La bataille avait été courte mais intense. Il s'était réfugié sous un meuble si je ne m'abuse et le sorcier avait du gérait quelques coups de griffes. Connaissant un peu la gamine je ne doutais pas que ça lui plaise.

Nous en venons ensuite au sujet principal de cette discussion. Il me parle de son ex-femme, de leurs embrouilles et d'Elaine au milieu de tout ça. Je bsuis loin de pouvoir imaginer ce qu'il vit et finalement ce que je viens de lui dire ne l'aide peut-être pas autant que je le croyais. Il doit me trouver bien naïve.
Il boit cul sec le verre que je lui offre et je me dis que je suis bonne pour le déposer chez lui. Pas que ça me déplaise, mais c'est peut-être pas dans son programme.

- Oui j'imagine que tu as raison. J'ignore de quoi je parle après tout, y a belle lurette que mes parents se disputent plus pour ma garde.

Je tente un sourire, mais c'est peine perdue lorsque j'évoque mes parents. Mon sourire disparait, mais je reste tout de même attentive à ses paroles. Je bois tranquillement le verre que je me suis servie et lui en sert un autre en attendant.

- Je te déposerais.

Il descend du bar et vient me prendre dans ses bras. Nath et moi on est que pote c'est clair et net depuis le début et c'est pas près de changer, mais j'apprécie ce moment avec lui. Il me parle un peu de lui, il me fait confiance, c'est agréable.

- 'Fin le jour où t'as envie, tu sais où me trouver quoi! Allons y! Fermons ce bar et je te dépose! Il est grand temps d'aller se reposer!

Je prends les clés que Luther nous a laissé tout à l'heure, je fais rapidement un dernier tour du propriétaire, la porte de derrière et bien fermée et nous voilà bientôt dehors, fermant la porte principale avant de baisser le rideau de fer.

Je souris à sa première phrase sur le chat. Elaine délaissée son père ? je n'y crois pas un instant; ou c'est que c'est vraiment très grave.
Je retiens quelques larmes pour ne pas lui montrer que la disparition de mes parents me touchent encore terriblement maintenant, après tout ce temps. Entre cette mère que je n'ai pas connu et ce père qui m'a ignoré toute ma vie.... mais non pas maintenant! Luther est l'un des rares à avoir connaissance de ce fait, les autres font tous partis de la meute et aucun ne parlerait, j'ai confiance en eux... sinon mes crocs seront les faire taire, mais je m'égare. Une boule se forme au fond de ma gorge. Plus aucun son ne sort durant un moment.

Il sort après avoir rentré son bolide, je le suis, baisse le rideau, ferme et nous voilà en voiture. Je démarre et le laisse me guider pour m'indiquer la route. Je ne suis jamais aller chez lui, c'est l'occasion ... enfin chez lui,au moins en bas de l'immeuble. Je vais pas m'incruster ... surtout que Nath' est pas de ce bord là, alors bon ... On verra si d'ici là le trajet lui délit la langue.

- Tu bosses demain ?

Oui c'est un peu bête comme question, mais bon, faut bien relancer la discussion après un si long silence.

- Je bosse pas demain non, mais tu me connais, je ne passe pas un jour sans venir voir Luther. Tu me paieras bien un coup! Je lui enverrais un message pour lui expliquer, t'inquiète!

Je souris à cette remarque. Il ouvre la fenêtre, se frotte les yeux et je comprends qu'il peine à garder les yeux ouvert tout comme moi, mais je sais qu'une fois qu'il sera sortit je mettrais de la musique et je n'aurais pas de problème de sommeil, je me connais, je ne suis pas inconsciente.
Nous arrivons devant son immeuble, je me gare sans difficulté. Et là il me propose de venir prendre un verre avant de repartir. Je me connais si je bois encore un verre, je ne repars pas. J'ai beau vendre de l'alcool, ce n'est pas pour ça  que je le tolère. Je ne deviens pas désagréable, je suis même plutôt gaie une fois que j'ai bu, mais cela m'endors.

- Non je te remercie, je vais aller me poser un peu. La semaine a été longue là, pis des soirs comme celui-ci ça va deux minutes quoi!

J'aime mon taf, mais comme pour tous, parfois il m'agace, parfois je ne le supporte plus et aimerait en faire un autre bien plus intéressant psychologiquement et financièrement. Et le reste du temps je me dis que je ne pourrais plus m'en passer : contact avec les clients, bonnes rigolades avec la plupart, anniversaires surprises, enterrement de vie de jeune fille/garçon. Tout ça me plaît vraiment les 3/4 du temps comme pour n'importe quoi. Je n'ai pas choisit ce taf pour rien.

Il descend, je le salue avec un dernier sourire avant qu'il ne claque la porte et une fois assez éloignée, je me permets de manœuvrer. Je me dirige vers mon propre appartement. Je m'éloigne rapidement de chez lui avec une des musique d'AC DC à fond dans la voiture, fenêtre grande ouverte pour le plus grand déplaisir des rares passants et peut-être des habitants, mais tant pis, j'en ai besoin pour arriver sans encombres. ce que je parviens à faire après dix minutes. A cette heure ci il n'y a plus aucune circulation en ville.