Le méchant loup est de sortit - ft Ewleth

Le méchant loup est de sortit

Le méchant loup est de sortie

La nuit est tombée depuis un moment, et là où la plupart des elfes sont de retour au village, je finis ma propre patrouille dans ces bois que j'ai apprivoisé comme les parois de roche de mon enfance. C'est là que je les entend, ces cris d'enfant. A ma connaissance, il n'en manque aucun au village, mais Jakob a su me montrer la facilité avec laquelle un enfant peut échapper à ses parents. Je fait glisser ma dague de ma ceinture à ma main, l'utilisant pour me dégager un chemin dans la direction des pleurs. Jusqu'à ranger la lame alors que je sens que je m'approche, écartant discrètement quelques branches pour avoir un aperçu de ce que je traque. Une fillette, mais pas du village. Une change-peau donc. Sauf si les vampires se sont mis à concevoir. Je me montre face à elle, doucement, me baissant à sa hauteur avec mes mains en évidence. Je sais ce que ces êtres pensent de moi, un sentiment assez semblable à celui de nombreux elfes du village d'ailleurs.

"Hey petite. Tu t'es perdue?"

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Le méchant loup est de sortie

La fille du chef des métamorphes... une situation qui m'a l'air trop familière, d'un certain point de vue. Il a bien fallu que je sauve la vie de deux jeunes elfes trop aventuriers pour que le village commence à voir l'homme derrière la couleur de ma peau.

"Je ne vais pas te tuer. Mais t'aider. Je connais ces bois mieux que toi, il semblerait."

J'hésite un instant quand elle me dit qu'une autre enfant serait portée disparue dans les bois. Deux options. Soit je ramène celle-là au village avant d'aller chercher l'autre, soit je vais chercher l'autre en emmenant celle-là. Une hésitation qui me prend quelques secondes supplémentaires avant que je ne finisse par tendre la main vers elle, la laissant décider de me suivre par elle-même. Disons qu'il y a une chance qu'elle soit rentrée au village par ses propres moyens, alors autant vérifier cette théorie avant d'aller perdre la première en route.

"On va rentrer chez toi alors. Si on croise ta copine en chemin on la prendra avec nous. Sinon, je retournerai la chercher après."

Notez que si Saleen sait à quelle heure je pars, elle sait rarement à quelle heure je vais rentrer à la maison...

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"On va bien retrouver notre route. Tu veux connaitre un secret? La nuit, j'y vois comme toi tu vois en plein soleil."

Je me redresse, prenant le temps de regarder autour de moi pour avoir une idée précise de notre position actuelle avant de prendre une direction ou un autre pour démarrer. Ok, on est pas dans le coin le plus fréquenté de la forêt, mais je sais comment retrouver des sentiers plus habituels de façon assez directe. J'ai cependant une dernière hésitation avant de lui soumettre une idée qui me parait intéressante si on considère qu'elle doit à peine voir où elle pose les pieds, et son état de fatigue évident.

"Veux-tu que je te porte? Tu décides. Si tu n'as pas envie, tu peux marcher."

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Je ne suis pas sur qu'être comparé à un animal soit du meilleur gout, mais sorti de la bouche d'une enfant apeurée, perdue et fatiguée, je ne suis pas sur d'en prendre ombrage. D'autant plus que la plupart des animaux ne sont pas détestables, bien au contraire, même s'il faut bien avouer que cette ile peine à s'adapter à ma présence parfois.

"J'en suis certain. Et quel animal voudrais-tu devenir plus tard?"

Je ris franchement quand elle me demande de lui promettre de ne pas la manger, et je lui tourne le dos tout en m'agenouillant pour lui permettre de grimper sur mon dos, me relevant une fois qu'elle me semble bien accrochée.

"Je te promet de ne pas te manger. Sois tranquille."

La petite calée dans mon dos, j'avance d'un bon pas au milieu des arbres, me laissant guider par les quelques étoiles que j'aperçois entre les branches des arbres quand elles se montrent, et surtout par ma connaissance du terrain. Pas que j'aille souvent à proximité du village des métamorphes, mais je sais où il se trouve comme eux savent rallier le village des elfes.

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Je ne répondrais pas franchement sur la question de l'humour des métamorphes, étant donné que j'ai encore des difficultés à suivre celui des elfes, pour commencer. Disons que l' "humour" sincère est un concept que j'ai découvert parmi mes cousins à la peau blanche, étant donné que chez moi, l'équivalent serait plutôt le sarcasme, le cynisme, et cet humour sombre promesse d'un futur peu agréable dont nous sommes friands. C'est à dire? Qu'il vaut mieux prendre au sérieux un Drow qui se demande combien de lamelles de peau il peut arracher à une fée avant qu'elle ne perde conscience, même s'il le dit avec l'air le plus nonchalant du monde.

"Je ne sais pas comment ça fonctionne. Mais j'imagine que si tu ne veux vraiment pas te transformer en insecte, tu ne te changeras pas en insecte. Du peu que j'ai vu des vôtres, la personnalité entre en compte non? Tu m'as l'air vive. Pourquoi pas un cerf, ou un de ces petits félins des bois?"

Pour être honnête, ces métamorphes sont une plaie quand il s'agit de chasser. Les elfes savent les repérer au premier coup d'œil. Pour ma part, je n'ai pas ce talent. Alors on pourra remercier les puissances supérieures pour mon manque de talent à l'arc, qui fait que je vais rarement chasser en solo. D'accord, elle me prend de court avec son histoire d'araignée et d'insecticide, et le rire clair qu'elle me tire est totalement sincère et involontaire. Un rire qui ne dure que le temps qu'elle se remette à appeler son amie égarée, et je m'arrête pour écouter les alentours un instant quand elle me le demande.

"Pas plus qu..." Quoi que... "Attends."

Je change de direction, laissant mon instinct prendre le dessus, me guidant entre les arbres sur une pente montante où je finis par m'aider des troncs pour grimper, mon agilité perturbée par le poids de l'enfant dans mon dos et la main que je maintiens sous sa jambe pour l'empêcher de glisser. A quelques distances de là, un trou, et dans ce trou, une gamine au visage trempé de larmes.

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La jeune métamorphe saute de mon dos à peine a-t-elle vue son amie coincée dans ce trou, et je glisse même une main autour de son bras pour lui éviter de tomber dans le trou à sa suite.

"Reste tranquille, je m'en occupe."

Je jauge rapidement la profondeur du fossé dans lequel la jeune fille s'est retrouvée piégée, avant de me laisser tomber dedans, atterrissant souplement à côté d'elle, avant de me relever de toute ma hauteur devant la gamine effrayée. Je jette un regard vers Mélinda restée en haut, lui demandant implicitement de rassurer sa copine pour moi. Je regarde de nouveau la petite, tentant de tendre une main vers elle.

"Je t'aide à remonter?"

Lani finit par accepter mon aide, et une fois bien accrochée sur mon dos, je fais appel à mes dons de lévitation pour sortir de là. M'accrochant tout de même aux aspérités de la paroi face à moi pour m'aider, étant donné que je connais les faiblesses de ce pouvoir lorsque je suis ici, à la surface. A peine arrivé en haut, la petite descend de mon dos pour aller se jeter dans les bras de sa copine, et je les laisse faire un moment, me disant qu'on est pas à deux minutes près pour rentrer. Mais également que je ne vais pas pouvoir porter les deux en même temps, et donc que je ne serai pas contre l'arrivée impromptue de l'équipe de secours.

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La gamine est trempée comme une soupe et je n'ai pas l'once d'un manteau à lui proposer, moi qui suis parti uniquement couvert de la veste courte qui laisse mes bras libres de tout mouvement, étant donné que le temps ne se prêtait pas à porter autre chose quand je suis parti au matin. La jeune Mélinda m'assurant qu'elle peut marcher, je laisse la seconde petite monter sur mon dos, lui conseillant de s'agripper fermement à mon cou avant de me mettre en marche, tâchant de suivre le rythme de la petite qui me tient par la main. Ca va être moins rapide, c'est certain.

A peine quelques minutes s'écoulent avant que mon ouïe ne capte du mouvement venant dans notre direction, et si je me tend un instant, ralentissant légèrement le pas pour ne pas brouiller le bruit que j'entend avec celui que nous produisons, je finis par reprendre un rythme de marche normal (au moins pour l'enfant à mes cotés) quand je comprends que ce qui vient vers nous est plus allié qu'ennemi. Je n'irai pas jusqu'à dire "ami" me concernant, mais j'ose penser que j'ai deux avocates dans cette rencontre. Les métamorphes sont rapidement sur nous et je fais taire l'instinct qui n'aime pas de se trouver ainsi submergé alors que la petite qui s'endormait dans mon dos un instant plus tôt fait désormais de grands efforts pour descendre sans attendre que je me baisse pour l'aider.

"Alors autant que je lui épargne cette peine. Mais je ne l'ai pas fait pour ça tu sais. J'allais pas passer à coté de vous sans réagir."

Les métamorphes n'ont pas besoin de me parler pour que je sente leur défiance à mon égard, aussi je n'en abuserai pas et décide de faire taire ma propre méfiance en passant devant eux, acceptant de tourner le dos à la menace qu'ils pourraient représenter, et ce même si ma dague reste passée dans ma ceinture sans que je ne fasse le moindre geste pour la leur donner en gage de bonne foi. Chacun ses concessions. Et il ne faut effectivement pas longtemps pour que l'on rejoigne un autre groupe de métamorphes, dirigé par celui que je sais être le chef du village.

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Être encerclé de la sorte n'est guère pour me convenir, mais je parviens à faire taire cet instinct qui me commande de réagir jusqu' me retrouver face à face avec le chef du clan, que je laisse volontiers profiter des retrouvailles d'avec sa fille avant qu'il ne s'intéresse à ma personne. Etant père moi-même, je peux tout à fait comprendre ce qu'il a pu ressentir face à la disparition de son enfant, et ce même s'il parait que l'instinct paternel des drows n'est pas le plus développé du genre féérique. Ce qui n'est pas faux.

Je marque une hésitation devant sa main tendue vers moi avant de la saisir en retour, hochant simplement la tête en réponse à ses remerciements certainement portés par l'émotion. Ce qui signifie? Que je ne prend pas notre alliance pour acquise, pas quand ma présence parvient encore à chagriner certains elfes de notre village.

"Pas de quoi. J'aurai apprécié qu'on en fasse de même pour mon propre fils."

Même si Jakob a interdiction de se perdre dans ces bois qu'il parcourt à ma suite depuis tant d'années. Saleen me trouve dur avec lui, et me le fait parfois savoir d'ailleurs, mais j'estime que le minimum que je puisse offrir à mon fils, ce sont les clefs pour survivre dans mon monde. Un monde où on regardera toujours la couleur de sa peau avant ce qu'il a dans le cœur. Ca, ce n'est pas sa mère qui pourra le lui apporter.

Je reprends ma main quand je sens la poigne de l'homme se relâcher autour de la mienne, saluant finalement les fillettes d'un hochement de tête avant de retrouver l'obscurité des bois, en direction de mon village.