Sujet: Après la captain, le gardien [LIBRE] Mar 11 Aoû 2020, 09:20 (★)
Après la captain, le gardien
Le ciel ne trompe pas. Malgré que je ne sois pas né sous ses cieux, j'ai appris à lire les signes avant-coureurs de la météo si changeante de ce lac et de l'ile sur laquelle je vis depuis tant de décennies. Ce qu'il m'explique à l'heure actuelle? Que la banshee a décidé de jeter l'encre par ici. Le Hollandais Volant et son flot de passagers, un concept avec lequel j'ai eu le plus grand mal au début. Quand on vit sur un territoire aussi simple à protéger des invasions qu'une Ile magique protégée par un sort si puissant qu'aucun des navires que l'on voit passer au loin ne l'atteint jamais, pourquoi autoriser un seul d'entre eux à déverser son paquet d'inconnus sur ses rivages?
J'ai appris au fil du temps que cette navette était bien utile aux locaux, et malgré que nous ayons conservés ici un mode de vie plus traditionnel qu'en ville, la ville est parfois bien utile, voire même un moyen de s'échapper pour certains de nos jeunes, de ceux qui ont grandi avec la télévision et Internet. Une pensée qui me ramène immanquablement à Alraen. Aux dernières nouvelles, il a pris la dernière navette, et si lui et moi n'étions pas plus ou moins en guerre constante, je pourrait être fier qu'il soit parvenu à le faire sans que je ne l'ai remarqué. En matière de discrétion, l'élève a dépassé le maitre.
Enfin, ceci est un problème que je règlerai plus tard. En vérité, un problème qui serait sans doute réglé depuis longtemps si j'avais accepté de mettre un peu plus de méthodes Drows dans son éducation... du moins pour apprendre la rigueur qui va avec la discipline et le respect de ses ainés. J'ai assez peu apprécié la morsure des fouets serpents de ma tante pour ne pas les infliger à l'un de mes enfants... même si des pensées que je rejette bien vite me disent que ça ne lui aurait peut-être pas fait de mal... Bref, on ne fait pas d'un guerrier drow un placide elfe blanc en un jour, et le naturel revient parfois au galop. Mon sang coule dans les veines de mon fils, et contrairement à son ainé, il a pris de moi plus que je ne l'aurai souhaité.
L'éclair vert, au delà des vagues, me ramène à une réalité que je n'avais pas remarqué avoir quitté. Je déplie mes jambes pour me relever sur l'aplomb rocheux qui me sert de point d'observation et m'enfonce dans la forêt, connaissant par cœur la route que je me vois pratiquer pour rejoindre la plage en contrebas. Une route abrupte sur laquelle mes pas m'ont plus d'une fois trahi, malgré mon agilité naturelle et l'entrainement que je n'ai jamais abandonné au fil des années. Toujours être prêt à la bataille, même quand elle semble loin. Une grande partie de la philosophie Drow est à jeter aux ordures, mais sur certains points, les miens ne se trompent pas.
Cette fois encore, je dois à ma lance de ne pas avoir fini à terre, les pluies diluviennes des derniers jours ayant rendu le terrain instable entre les racines des arbres millénaires. Une lance que je replace dans mon dos alors que mes pas me conduisent sur la plage de sable fin. Je reste néanmoins à la lisière des arbres, tenant à inspecter la cargaison de loin avant de me montrer à découvert. Les habitués savent sans nul doute que je suis là. Les nouveaux le découvriront bien assez vite.
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