L'affaire est clause - ft Alistair & Rampa

Depuis le début de l’affaire, je ne peux m’empêcher d’observer le comportement d’un des deux avocats. Ce n’est pas juste son travail qui m’intrigue, mais toute sa personne … trop familier … Le plus surprenant étant qu’il me semble également d’une grande puissance et donc certainement pas humain. Démon ? Vampire ? Sorcier ? je pencherai volontiers pour le premier, mais qui pourrait-il bien être ? Le jeune homme continue son monologue, défendant son client avec vigueur et ne laissant rien au hasard pour que la victime trouve un minimum de compensation à ce procès. Il se trouve que c’est par un pur hasard que je me retrouve juge à cette cour. Mon habitude se situe souvent plutôt sur les affaires de meurtres, tordues ou impliquant sans aucun doute de la magie. Mais cette fois-ci, pour remplacer un collègue, je me suis attribué moi-même l’affaire. Cela me donne un regard sur les cas mineurs qui se trame, pourquoi pas découvrir quelques secrets bien enfouis qui pourrait m’échapper. J’essaye de me montrer intéressé, mais j’avoue que ces histoires de violences conjugales me laissent assez indifférent. Je ne comprends pas pourquoi elle ne lui retourne pas simplement une mandale. Les humains sont vraiment la faiblesse incarnée lorsqu’ils le veulent.
La plaidoirie se termine et le jury s’éclipse afin de délibérer*, j’en profite pour m’éclipser également. Un garde m’amène un café et je regarde s’éloigner l’avocat en question et me faufile à sa suite. Par chance, il n’allait pas en direction des toilettes mais de la machine à café, disons que c’est un peu plus simple de l’aborder autour d’une tasse plutôt que d’un bidet.

« Je ne crois pas que je vous avais déjà croisé sur une autre affaire. Vous êtes avocat depuis longtemps ? »

Maintenant que je lui fais face, le sentiment de connaître ce visage se fait plus intense. Je lui tends une main franche.

« Rampa Johns, je suppose que vous le saviez, mais enchanté de pouvoir vous voir de plus près que du haut de ma chair. »

Je lui adresse un sourire en coin, peut être encore légèrement méfiant, ne sachant s’il est ami ou ennemi.

Made by Neon Demon

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Le jeune homme m’explique les raisons probables pour lui que nous ne nous soyons pas encore rencontré. Certes. IL ne semble des plus enclin à venir de lui-même exécuter les plaidoiries pour défendre ses clients. Pourquoi pas, pourtant il semble avoir le charisme nécessaire à charmer un jury … même si malheureusement aujourd’hui, cela ne changera certainement pas le funeste sort de la femme qu’il défend. Son mari sera libre, retournera chez lui, continuera à la battre, la tuera et la liste des femmes décédées, victime de violences conjugales que la justice n’a pas su aider s’allongera. Il reste plutôt jeune dans sa carrière, mais aucun doute qu’il doit être performant sur tout le travail en amont pour ses clients, ce qui excuserait amplement son absentéisme à la cour.

Lorsque nos mains entre en contact, une décharge familière me saisit … impossible de remettre le nom du démon qui porte cette aura et pourtant … je sais que c’est un démon comme moi, et que j’apprécie, ce qui restreint la liste de manière significative. Tellement que je ne sais même pas qui y figure réellement autre que Lucifer lui-même. J’essaye de capter une once d’info supplémentaire qui me permettrait de savoir vers quel inconnu je viens de signifier ma présence de démon sur terre. Il faut dire que contrairement à un grand nombre d’entité démonique présente à la surface, je n’ai pas eu l’envie de dissimuler mon identité en prenant un pseudonyme. Si quelqu’un connaît Rampa, bras droit de Lucifer, alors il sait que c’est moi, il n’y en a pas des milliers je suppose. Un sourire se dessine à la commissure de mes lèvres.

« Il me semble qu’il va falloir être un peu plus précis, alors je me permets … Je suis Rampa et vous êtes ? »

Si je suis téméraire ? Oui et alors ? J’aime mettre le feu au poudre il faut dire.

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Si le sourire que j’esquissais quelques seconds auparavant était partiellement faux, celui que j’arbore à présent trahi une sincère émotion, tout du moins venant d’un démon tel que moi, de la joie. Oui messieurs, vous avez bien entendu. Je suis capable d’exprimer de la joie. Je pourrais même la comparer à celle qu’Inaya m’apporte. Et oui, ma perle rare, ma blondinette d’une douceur incomparable, elle porte en elle la pureté et la beauté du monde sans même le savoir. Et l’innocente qui s’ignore n’en est que plus envoutante. Laissons de côté les charmes enivrants de ma compagne pour revenir à ceux de mon fils de cœur.

Le jeune homme m’a enfin dévoilé sa véritable identité et voilà la source de cette joie soudaine. Je serre encore plus chaleureusement sa main y joignant ma seconde. Ma voix s’adoucit et lui réponds calmement.

« Non mon cher, ce n’est pas Lui et jamais je ne te forcerai à rien … je serais un bien piètre parrain. »

Le tutoiement est de mise, je me trouve en face de mon filleul. Le seul, l’unique. Je ne l’avais pas vu depuis … non on ne va pas chiffrer, cela donnerait des rides à mon enveloppe humaine et quel dommage de se risquer à abîmer un si joli corps. Je lâche finalement le lien que nous avons établi psychiquement pour l’ancrer dans le réel tout en le laissant assimiler ce que je viens de dire. Je ne comprends toutefois aucunement son aversion pour son père, le maître des Enfers. Il faut dire que je tiens en respect Lucifer et que le sentiment est mutuel. Ce n’est pas pour rien qu’il m’a demandé d’être le parrain de son fils. Je soupire et lui adresse un regard un tantinet inquisiteur. Je m’aventure à le détailler et enregistrer les choix qu’il a fait, tout du moins ceux apparents. Un blondinet d’une élégance certaine, la jeunesse transpirant par tous les pores de son être. J’imagine que nous sommes tous les mêmes, notre part démoniaque nous interdit de revêtir un être sans le moindre charisme.

« Cela dit, je comprends mieux pourquoi ton père m’a envoyé ici … il s’est bien gardé de me prévenir. »

Cela n’aurait de toute manière rien apporté qu’il me prévienne. Je suppose que la relation conflictuelle qu’ils entretiennent n’intervient pas dans mes décisions. Je reste un tiers, un médiateur. Lesbus n’a pas à subir de ma part ce qu’il reproche à son paternel et briser le lien que nous avons ne me procurez la moindre satisfaction.

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L’illusion parfaitement abstraite de mon humanité joue son rôle à la perfection. Un corps humain pour un cœur démonique … et quelle apparence, cela fait maintenant des millénaires que je l’arbore sans aucune honte même lorsque je m’en vais visiter mes collègues. Bien sûr, je peux repasser tout feu tout flamme s’il le faut et d’autant plus si un démon se sent le besoin d’être convaincu de ma supériorité.

« Je n’étais pas au courant, ton père a pas toujours vocation à me donner tous les détails. Il me fait confiance pour être au bon endroit au bon moment. »

J’adresse un clin d’œil à mon filleul et fini mon café encore fumant sans ciller.

« Je t’invite ce soir, 20h au Bel Canto. »

Ce restaurant d’une classe inestimable se situe au cœur des quartiers chics et branchés de Chicago. Les serveurs virevoltent et chantent sur des airs d’opéra alors que nous mangions des mets dignes des plus somptueux festins.

En attendant l’heure, nous regagnions chacun notre place au sein de la cour et laissons l’affaire suivre son cours sans que je ne puisse dans tous les cas trancher favorablement en la plaidoirie de mon filleul. Les preuves sont trop explicites du côté de l’accusé et permettent de le libérer sans contraintes futures pour lui. La justice est comme cela.

[19h30 : Restaurant Bel Canto, quartier de Lincoln Park]

J’entre, je m’annonce … il y a toujours une table de libre pour moi, même si cela implique que la réservation d’un autre faite depuis 6 mois lui sera annulé au dernier moment. Il voulait demander sa fiancée en mariage ? Inviter sa fille pour sa remise de diplôme ? Pas de problème, il peut toujours se trouver un Burger King …

J’averti qu’un jeune homme du nom de Alistair Cavannaugh va arriver et qu’il faudra l’amener à ma table. En attendant, je me prends une bouteille de rouge au prix frisant l’excentricité. Je ne promets pas qu’il en reste quand arrivera le jeune homme. Je souris en voyant le doux breuvage remplir le verre, le serveur me propose de valider, je hume les fragrances qui se dégagent de la coupe, trempe mes lèvres et fais claquer ma langue après le passage du liquide vermeil. Un signe de tête au sommelier et il finit de remplir le verre. Je m’en délecte.

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Je souris à la vue du jeune homme et l’invite d’un geste à se servir. Je comptais bien me boire la bouteille seul, mais la partager avec lui me semble tout autant agréable. Je recommanderai la même s’il le faut.

« Jamais de mauvais vin à ma table. »

C’est un principe. Les goûts de luxe d’une vie humaine, je m’y suis fait. J’aime l’opulence et je ne m’en cache pas, mais humainement accessible si les petites gens vous demandent. Je suis un juge qui touche les cœurs des gens qui se croient défendu par un saint … s’ils savaient …

J’en profite pour remplir mon verre également et porte le divin breuvage à mes lèvres. Je prends mon temps avant de lui répondre. Rien ne presse. De par notre nature, nous avons tout le temps du monde pour discuter. Le seul regret c’est qu’Inaya ne m’attendra pas aussi longtemps et je compte bien profiter de ma jolie mortelle le temps de son passage parmi les vivants. Aucun doute qu’une fois morte, elle ira là où je ne pourrais la rejoindre. Je dessine le contour de mon verre avec mon doigt en réfléchissant à la réponse la plus adéquate à lui donner. J’avoue ne pas avoir penser plus loin que nécessaire et je comptais sur ma spontanéité pour passer ce moment avec mon filleul.

« Quel bon vent, comme tu dis. »

Je lui adresse à nouveau mon sourire, content de le voir ne pas redouter de passer un peu de temps en ma présence.

« Laissons le hasard nous surprendre. Je préfère croire que c’est justement non prémédité par qui que ce soit. J’aimerais juste pouvoir profiter d’un être qui m’est cher et sans avoir à me limiter. »

Si mes paroles restent évasives, c’est pour une bonne raison. Le proverbe « les murs ont des oreilles » n’aura jamais été aussi vrai qu’à Chicago. Après tout, Alistair est bien le premier que je rencontre à Chicago avec lequel je peux autant parler de nos affaires que de notre vie souterraine. Le serveur s’approche de notre table et nous donne à chacun un menu. Il accompagne ce geste d’une explication succincte de ce qu’il faut retenir concernant les mets proposés ce soir. Difficile de ne pas craquer pour un tartare de bœuf … la viande crue. Je soupire au souvenir de chair déchirée et du sang qui coule. Un jour démon, le lendemain humain. Une nostalgie fugace en comparaison à ce que la vie m’apporte depuis peu et je ne peux dénier l’importance de ma belle dans ce processus. Une sourire s’épanouie encore une fois sur mon visage à cette douce pensée. Que voulez-vous, je suis un romantique.

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Je profite du fumet exquis qui se dégage de mon verre, breuvage des dieux s'il en est, pour prendre le temps de scruter la salle dans laquelle nous nous trouvons. Pourquoi donc n'y ai-je jamais amené ma douce Inaya? Sans doute parce que j'ai l'habitude de séparer le travail et le plaisir, et que ce restaurant fut le cadre de bien des diners professionnels. Lesbus ne fait-il pas partie de la famille? Notons que cet après-midi encore, nous nous retrouvions dans la même salle d'audience. Le qu'en-dira-t-on n'est jamais bien loin dans notre métier. Et bien qu'il ait perdu son procès, d'aucuns pourraient penser qu'il ai cherché à se mettre le juge dans la poche si nous nous affichions dans un endroit plus enclin aux réunions familiales.

"Bien, que souhaites-tu commander? Si tu me demandes, je te conseillerai le tartare de boeuf avec des spaghettis de courgette aux pignons de pins. Accompagné d'un gratin de pomme de terre réservé à coté. Mais ce n'est que mon avis personnel."

Son commentaire ironique sur l'amicalité d'un éventuel conseiller des sous-sols me laisse perplexe. J'ai bien entendu Azazel évoquer une cité souterraine dont la présence nuirait à ses projets de reconquête de l'Enfer, mais il y a à mon avis bien d'autres ennuis qui l'attendent en chemin. Par exemple? Sa faiblesse, pour commencer. Il a été renversé une fois, espère-t-il vraiment faire mieux à présent? Ses supposés alliés, pour continuer. Lucifer a plus d'un agent dans les rangs du challenger, ce dernier serait bien fou de ne pas s'en douter. Ses méthodes, pour finir. Gangréner Chicago? La belle affaire. C'est pas ça qui va nous emmener l'Enfer sur Terre...

"Les sous-sols, dis-tu?"

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Je ris à la précision qu’il apporte à son choix. Il faut dire que les menus d’ici cherchent à nous compliquer la tâche, même si une certaine élégance s’en dégage.
J’appel d’un mouvement de main le serveur et lui passe notre commande en lui désignant les items sur le menu directement. J’ajoute une seconde bouteille rouge alors que je m’en sers, finissant la bouteille. Ne dit-on pas marié dans l’année ? Inaya en robe de mariée … non c’est trop précoce il me semble que les relations humaines demandent plus de temps avant de sceller avec ce genre de contrat leur amour.

« Eh bien voilà qui promet d’être un régal. »

Je lève mon verre et le porte à mes lèvres. Cela me fait déjà le plus grand plaisir de le trouver si paible. Qui aurait pu penser que la rencontre entre deux démons puisse se passer aussi sereinement ?
XIXème siècle !
On n’arrête pas le progrès, certains diraient. Je fronce les sourcils à l’énonciation du sous-sol. A bien cherché dans ma mémoire, j’avoue être perdu.

« Illusk … mmmh… de nom sans doute, mais tu sais, j’ai passé trop d’année sur terre pour me sentir déconnecté. Tu m’en parles ? »

Peut-être pourra t’il éclairer ma lanterne. Je conserve une certaine distance avec ce qu’il se passe en bas, histoire de garder les pieds sur terre et les humains me donnent bien assez pour m’occuper avec toutes leurs avancés technologiques, leurs guerres, … Une pensée pour ma nouvelle Bentley rouge. Belle machine.

Nous avons de toute façon le temps d’ici que le repas soit amené à notre table, toutefois, les serveurs se relayent pour nous amener différents amuse-bouche. Tous plus minuscules les uns que les autres, juste de quoi mettre les convives en appétit pour la suite sans non plus risquer de le perdre pour le plat de résistance.
Je me concentre sur les éléments que m’apporte le jeune homme concernant cette vie sous-terraine qui me semble si lointaine. Toutefois, je garde dans un coin de mon esprit, qu’il me paraît tout aussi intéressant d’en savoir plus sur lui. Sa vie humaine, son travail, ses amours, ses passions, … une approche humanisée de notre relation en adéquation avec la couverture que nous tentons si bien de préserver. Pourquoi ? Parce que nous nous devons de nous fondre dans la masse quel que soit notre but. Pour ma part, c’est la corruption, j’aime aider les humains à faire ressortir le pire qu’ils ont en eux. Il me faut préserver l’étiquette que je colle à cette enveloppe charnelle, tout en jouant le plus finement possible.

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Alors que le jeune homme me parle d’êtres surnaturels, sans doute des confrères, venus des entrailles de la terre, je perds le fils et reste dans mes pensées et marmonne d’un air songeur.

« J’ai rencontré un homme d’une aussi grande créativité … on dirait presque un de ses romans … Le Silmarillion … Machin fils de truc, héritier de je-ne-sais-quoi … très instructif sur comment les humains envisagent l’histoire et la fantasy sous une même aile.

Je me remémore mes soirées à le regarder écrire dans cette vieille taverne d’Oxford, un homme du siècle précédent, un de ceux qu’on ne verra peut-être plus jamais renaître. Je nous revois accoudés, descendant des pintes et des pintes à parler sur l’existence même de tels personnages, l’invraisemblable réalité dans laquelle nous baignons… Et pourtant si proche d’une vérité qu’il n’aurait pas été prêt à accepter. The Eagle & Child reste cependant un de mes points de chute préférés lorsque je retourne dans le coin, le charme à l’anglaise impossible à trouver à Chicago.

« Amaël ? »

Un nom, un simple nom. Pourquoi me paraît-il vaguement familier ? Un dossier ? Une affaire ? Ou quelque chose de plus anciens, de plus étranges ?

Mettons donc une trêve à la marée de souvenirs qui me traversent et reconcentrons-nous sur mon filleul. Oui, oui ! Parce que c’est pour lui que je suis là ce soir, mais qu’y puis-je ?

« Tu vas me penser pour un total ignorant, mais j’ai beaucoup de mal avec les prénoms. Ça va, ça vient et j’en oublie parfois quel prénom est attribué à quel visage. Est-ce possible qu’Amaël soit l’un de ceux dont j’ai simplement oublié le faciès associé ? »

Damne ! Pour quel démon je passe à devoir refaire ma culture de la sorte ? J’ai tellement pris part à m’amuser en tant qu’humain que j’en oublie mes condisciples de l’autre monde. La chance me sourit toutefois, car c’est à Alistair que je m’adresse et il ne me jugera pas sur mon insouciance, je mettrais même ma main à couper que lui aussi se complet dans son rôle humanisé.

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Un sourire éclot sur mon visage alors que le jeune homme me propose une visite guidée par ses soins. Illusk le tour ! Par Alistair Cavannaugh. C’est le regard pétillant que j’accepte la proposition.

« Mais quelle bonne idée ! Je prétexterai un voyage d’affaire … s’en est un en quelque sorte en plus s’y on y réfléchi … Tu as une idée de combien de temps prendrait un tel périple ? »

Oui, parce qu’il faut quand même que je prévienne ma Douce si j’envisage de partir. Une semaine ? ça m’irait bien au grand maximum, je ne voudrais pas m’éloigner trop longtemps d’elle … C’est physique, j’en ai besoin. Et j’émets quelques doutes sur la faisabilité d’emmener une humaine dans un tel endroit … Non… déjà si elle savait avec qui elle sortait. Je me mords la lèvre. Sentiment d’excitation propre à l’espèce humaine. Etre tout à la fois si proche d’elle et maintenir ce secret … c’est d’une rare jouissance. J’envisage de pouvoir en parler avec elle, uniquement si les conditions s’y prête et surtout, si elle est capable d’intégrer une telle information … Et la tentation … celle de l’étourdir, de lui montrer ma puissance, qu’elle me voit tel que je suis et le brasier qui se déclenche en moi quand je pense à elle. Cette idée s’insinue en moi et j’ai de plus en plus envie d’être vrai avec celle qui partage ma vie aujourd’hui. Peur de son jugement ? Non, je n’ai peur de rien … Ainsi je le pense …

Qu’apprends-je ? Mon filleul est fiancé !!! Je regarde la photo qu’il me tend d’un homme, ma foi très agréable à l’œil et quelle merveilleuse nouvelle ! Je bondis de la table et la contourne pour l’enlacer fièrement. Après quoi, j’interpelle un serveur pour qu’il nous amène une bouteille de champagne.

« Ah l’amour ! N’est-ce pas une expérience extraordinaire ? »

Nos coupes s’entrechoquent et la première gorgée vient chatouiller mes papilles alors que les bulles éclatent à leur contact. Sensation plus qu’agréable et me voilà repartie dans mes pensées vers ma Douce.

« Et quand pourrais-je avoir l’occasion de rencontrer l’homme qui a su faire chavirer ton cœur ? »

Ben oui, il faut quand même que je m’assure qu’il soit bien, sinon, quel parrain serais-je ?

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Bonne nouvelle, apparemment le voyage peut être illimité si nous avons la possibilité de revenir quand bon nous semble. Un poids en moins, je n’aurais donc pas à justifier de mon absence si cela se résume à une simple journée de voyage d’affaire. Je connais le Pandémonium de nom, mais ne me suis encore jamais rapproché de son propriétaire, peut-être pourrais-je y voir l’occasion de jeter un œil sur ses affaires. D’autant plus que le bâtiment m’intrigue au plus haut point et je demanderais bien un entretien privé avec le Maître des lieux pour une visite guidée.

« Comme tu préfères. Toutefois, je serais curieux de profiter d’une nuit au Pandémonium. »

Je remarque bien que ma spontanéité a quelque peu dérouté le jeune homme. Encore un trait de mon humanité qu’il me faut perfectionner semble-t-il et je garde dans un coin de mon esprit que cette attitude peut ne pas être apprécier par tout le monde. Cela m’arrange, je ne suis pas friand des accolades. Enfin, lui, c’est différent, la famille n’a pas la même place après tout. C’est juste qu’au fil des siècles, j’ai dû tellement élaborer et modifier ma personnalité pour trouver celle qui me sied le plus, que j’en oublie parfois qu’il me faut me stopper dans ma quête de perfection. L’homme parfait n’existe pas et c’est là le mystère qui me met en difficulté.

« Tu veux dire littéralement ou figurativement ? Explique-moi. »

S’il me faut rencontrer l’homme qui a fait chavirer le cœur de mon filleul, je peux bien le laisser m’en parler autant qu’il le souhaite. Je ne voudrais pas faire d’impair le jour où nous nous présentons.

« Aah ! Il travaille aussi là-bas ? Et bien cela pourrait être effectivement une première fort appréciable ! Enfin, s’il a envie après une journée de travail d’aller boire un verre bien sûr par exemple. Mais avant tout, parle-moi plus de lui. »

Tout en écoutant le garçon me parler de son cher et tendre, un serveur arrive avec notre champagne et nous en sers une coupette chacun. Nous trinquons à son amour et secrètement, j’offre une pensée vers ma Douce, ma Belle, Inaya …

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