Jusqu'au Bout Du Monde - ft everyone !

La réaction de ma cousine ne tarde pas, la pauvre passant par à peu près toutes les couleurs de l'arc-en-ciel (du blanc au rouge en passant par le bleu le jaune et le magenta, si si, j'vous jures) quand elle se retourne vers moi, et je lui offre mon plus beau sourire pour me faire pardonner, l'écoutant me répondre qu'elle ne mérite pas d'être appelée "ange". Ouais nan elle a raison, c'est insultant pour elle.

"Disons que j'avais jamais essayé de voir si j'avais le pied marin, et trop de jours de congés à prendre... Et Alistair avait besoin de vacances, quoique je pense que le pied marin, lui, il l'a pas. Et j'confirme, t'es bien mieux qu'un ange."

Pas que j'ai eu le loisir d'en voir de près, cela dit. C'est marrant, j'évite, comme j'évite de me jeter dans les flammes d'un orange pénétrant qu'Alistair sait faire apparaitre, ou j'sais pas, comme le hareng va pas se jeter dans la gueule du grand requin blanc tout seul comme un grand...

"Fin j'te laisse, j'en connais un qui a pas fini de m'en vouloir, imagine en prime si j'le laisse vider ses tripes tout seul comme un grand..."

Je lui offre de grands yeux épouvantés accompagnés d'un léger rire, avant de saluer le trio et m'éloigner pour aller retrouver mon démon préféré. Si il m'en veut? Je pense que ça rentre dans le top 3 avec mon idée d'un mariage et la chute libre depuis le toit terrasse de la dernière fois (que faut qu'on discute d'une connerie de mon cru @Alistair Cavannaugh), mais on s'en remettra.


Si j'ai ri de mon fiancé et de son mal de mer évident? Disons que face à lui, j'ai fait appel à un humour particulièrement pourri, toutes les expressions marines que j'ai pu trouver, lui signalant chaque changement de couleur par lequel il a pu passer (et là on parle d'une palette allant plutôt du vert au vermillon, avec une pointe de jaune qui m'a fait me demander si il me faisait pas une jaunisse en plus du reste, et lui ai promis que ça resterait une anecdote dont nos arrières petits enfants auraient connaissance (remarquez qu'il ne devait vraiment pas être bien pour ne même pas remarquer ma connerie profonde sur ce point). En vrai, j'm'en suis voulu de lui infliger ça, et j'ai préféré rester avec lui plutôt que de profiter de la vue ou de quoi que ce soit d'autre. Quand à dormir sur le pont? j'ai appris de longue durée à user de mes ailes pour nous protéger du froid de la nuit... non sans lui indiquer que s'il trouvait à me gerber dessus, il se chargerait de nettoyer chacune de mes plumes une par une, bien sur. En vrai, ne sachant pas trop avec quel genre de créatures on embarque, j'évite d'exposer mes ailes à la vue de tous. Pas envie de les retrouver sur le marché noir. Mais une fois que tout le monde, à l'exception de quelques membres d'équipage, est couché, je me fait moins prudent. Ils ont bien une fée à bord, et elle a ses deux ailes, donc...

Les jours suivants, son mal de mer dissipé, nous ont donc trouvés plus d'une fois accoudés au bastingage à observer l'horizon. Pour aller où? Ça, je crois que c'est un secret bien gardé des pirates. Si j'en ai profité pour passer du temps avec Laureen? J'aimerai surtout réussir à l'attraper sans ses petits camarades pour connaitre la version de son histoire qu'elle leur a donné. Vu sa réaction de l'autre jour, le mode "mi ange mi démon" doit pas être dans leurs informations. Ce que j'en pense? Que je suis un demi-ange (soit, une abomination pour nos charmants géniteurs) qui se tape un démon, alors... faudrait sacrément que je balaie devant ma porte avant de critiquer ce qui se trouve devant la sienne...

La soirée organisée par les pirates? Le style musical est plus que particulier, pour ne pas dire que je préfère de loin la musique inécoutable que Alistair peut laisser dans mon autoradio quand il emprunte ma voiture, mais ça ne m'empêche pas vraiment de trainer mon cher et tendre jusqu'à la piste de danse. Si j'sais danser? Non, absolument pas, mais je crois que l'idée première c'est d'éviter de lui marcher sur les pieds, ça reste dans mes cordes... ou pas. Quand à la jolie demoiselle qui tombe littéralement devant mon charme? Je n'ai vraiment pas réussi à l'empêcher de chuter, ne m'attendant pas à tel mouvement de sa part. Et avant que je réagisse, d'autres se chargent de la relever. Soudée comme je les aime, cette petite bande. Même si je suis pas convaincu que la jeune devrait boire un verre de plus. C'est le maitre d'hôtel qui parle. Veiller à ce que mes clients repartent sur leurs deux jambes fait partie de mon boulot.

"Ça va, si on oublie que je trouve tout à coup formidable le dernier CD que tu t'es acheté, Alistair." Commencer une phrase en répondant à un pour ensuite m'adresser à un autre? Normal. "Va pour un verre, même si je recommande pas l'alcool avec le mal de mer." Je glisse la main dans celle de mon compagnon en disant cela, mais en vérité, c'est plus une façon détournée de faire une mini moral à la jeunette qu'à lui. Lui, il gère sa consommation. Elle, j'en suis pas convaincu. Mais je doute qu'elle apprécierait que je joue les paternels stricts avec elle... d'ailleurs, elle a un parent à bord au moins? Ok Amaël, laisse tomber la neige.

J’esquisse un sourire amusé par son audace, elle veut donc jeter son démon de feu à l’eau ? Si elle voyait ma forme véritable, sans doute comprendrait-elle qu’en étant entièrement constitué de magma, je vais me retrouver en roche noire en deux-deux ! Je ne relève pas concernant son ignorance sur le jeune homme étrange, enfin … un de plus parmi l’équipage constitué d’autant de créatures surnaturelles, ce sont finalement les deux humaines totalement innocentes qui finissent par m’intriguer par leur normalité maladive. J’abandonne toute idée de me concentrer sur autre chose que la douce merveille qui se tient à mes côtés et l’embrasse tendrement, avec bien moins d’entrains que la capitaine et sa seconde dont il est difficile de rivaliser avec.

Les dix jours qui s’écoulent, se remplissent par de longues conversations avec Inaya sur une multitude de sujets, juste prendre le temps de toujours plus se connaître ! Ma couleur préférée ? Le jaune. Mon livre ? L’art de la guerre. Le pays que j’ai visité et qui m’a le plus plu ? Alors là, je pars dans tout un cours d’histoire sur la Chine médiévale qu’il m’a été donné de visiter et de toutes les rencontres que j’y ai faite. Si ma belle n’a pas encore saisi toute l’amplitude de mon côté démoniaque, en voilà un que je dévoile … mon âge exact ? Pas besoin d’être précis à ce point, mais si elle le souhaite, je pourrais remonter à bien plus loin sur la frise chronologique. Encore plus loin et c’est ma vie en Enfer que je pourrais lui décrire … pas sûr que cela soit au goût de Marie, mais qu’y puis-je, c’est chez moi et je ne peux connaître aucun regret alors que je reste fidèle à ma nature luciférienne.

Bien sûr, je ne me contente pas de profiter d’être avec Inaya uniquement. Plusieurs fois, j’ai eu l’occasion d’échanger avec mon filleul, ce jeune démon est de la partie avec son fiancé et je me suis permis de le présenter à ma douce tout en l’introduisant elle-aussi. Si elle n’est pas encore ma fiancée, je ne peux nier y songer. Ce sera une soirée d’été chaude, en tête à tête. Nous serons tous les deux à nous promener dans un temple au Japon. Pourquoi là-bas ? Sans doute encore une de mes idées saugrenues, mais je m’entête à me dire que j’ai envie de l’y emmener. Un voyage mémorable et je conclurais avec ma demande au sommet de Fushimi Inari Taisha. Après des milliers de portiques rouges vermeils, nous contemplerons la splendeur de Kyoto depuis les hauteurs et j’espère qu’elle me dira oui. Bien sûr, je me plierais aux conventions humaines jusqu’à un certain point. Déjà, j’accepte de mettre un genou à terre devant elle. Je trouverai une bague qui mettra en valeur la clarté de son regard. Nous scellerons notre amour autour d’un contrat et d’une cérémonie extraordinaire. Toutefois, il me sera impossible de l’emmener à l’église … Sans malice, le feu qui me brûlerai serait bien le seul que je ne pourrais contrôler et il me consumerait. Enfin, tout cela n’est qu’un songe. Encore une de mes fantasy pour me conformer à ma vie d’humains et peut-être compléter ma couverture pour que l’on ne se doute pas de ma véritable nature. A moins que je me mente encore et que je ne finisse par vraiment y tenir à me lier avec cette humaine pour qui mon cœur bat, la cavalcade d’un palpitant infernal. Je n’ignore pas que je ne serais pas le premier démon à tomber dans les bras d’une humaine, j’ai également notion de ce que cela implique sans savoir si Lucifer punirait une telle attitude ou s’en ficherait totalement. Il a parfois des humeurs incertaines, mais comment lui en vouloir ?

Ce soir, nous avons l’occasion de nous divertir et je compte la faire danser autant que mes compétences me le permettent … je n’ai jamais appris et mise à part essayer de suivre le rythme, j’abandonne vite et l’entraîne après seulement deux chansons sur la touche. Accueillis par des boissons aux arômes exquises, nous prenons chacun un verre que nous portons à nos lèvres.

« Je ne sais pas ce que c’est, mais je valide ! Encore une raison de ne pas laisser le jugement dernier achever l’humanité. »

Je plaisante, je plaisante … à demi-mots ! Les cavaliers de l’apocalypse sont encore dans les boxes avec leur monture méphistophélique et les nourrissent des déjections putrides qui émanent de la lie de l’humanité.

Une jeune femme s’abreuve à nos côtés, seule, mais pas perdue pour deux sous et je reconnais une des humaines qu’Inaya m’a présenté comme étant sa cousine.

« Bonsoir Axel, vous avez perdu votre comparse ? »

Il me semble la voir souvent près d’une brunette qui parle trop fort pour sa petite taille. J’ai tout le temps envie de lui mettre un bâillon pour la faire taire et pire encore lorsqu’elle se met à rire. Ma chère à mes côtés, mon bras glissé autour de sa taille, je me rapproche de la relative qui se prénomme Axelonnie. Curieux et n’arrivant pas à me retenir je finis par demander :

« Comment vous êtes arrivée sur ce bateau … je veux dire, vous êtes juste humaine ? »

J’avoue ignorer ce que ma belle a dit à sa cousine et je tourne un regard interrogateur un poil tardivement me rendant compte de la témérité dont je venais de faire preuve et de ce que cela pourrait produire si ma nature démoniaque venait à être révélée. J’espère que ma douce saura traduire le message que je lui envoie, une sorte d’appel à l’aide silencieux face à ma bévue.

Nous voilà parti depuis dix jours maintenant. J'avais eu l'occasion de parler avec pas mal de monde. Marie quand à elle avait eu l'occasion de s'éclipser pendant mon sommeil, comme elle le fait déjà à Chicago, pour sortir et entamer des échanges avec des membres bien particulier sur ce navire, dont Marius, le cartographe. Il parvenait à la voir et ces gens là sont rares.
Nous avions enfin réussi à trouver du temps avec Rampa pour discuter, pour se raconter nos vies ( tout du moins une partie). Tout n'était pas dit, mais ça ne me semblait pas nécessaire pour vivre en couple, pour cette part de mystère qui nous tiens.

La soirée s'annonce prometteuse. Rampa m'emmène sur la piste de danse pour deux ou trois danses; je vous avoue ne pas y avoir fait attention, trop préoccupée que j'étais à regarder ses beaux yeux, dans lesquels je me perds si aisément. Il finit par m'emmener à l'écart du groupe, près du buffet et des boissons. Il me tend un cocktail sans alcool, avant de se servir lui-même. J'en bois une gorgée et le nectar est divin il a raison.
Il est le premier à voir Axel. Elle est seule pour l'instant. Lorsqu'elle se tourne vers nous, je lui fais mon plus grand sourire. Je suis tellement heureuse qu'elle soit de nouveau parmi nous, même si je ne suis pas sûre d'avoir saisi comment c'était possible.
Il parle d'humanité avec elle. Lui ai-je dit comment elle était revenue d'entre les morts ? Visiblement non si j'en crois le regard qu'il me lance quelques secondes plus tard, comme se rendant compte d'une erreur, que je mets quelques instants à comprendre.

- Toi tu n'as pas encore rencontré le reste de la famille ! Elle ne pouvait que savoir pour cette croisière, tout le monde baigne plus ou moins dans le surnaturel. Faudrait qu'on se fasse un repas tous ensemble, ça pourrait être sympa.

J'allais voir régulièrement mon filleul et sa soeur, je passais donc un peu de temps avec Max, mais pas plus que ça. Elaine, Nath et Dante ? Je ne les voyais quand de très rares occasions, comme pour l'anniversaire des jumeaux par exemple.
Je ne suis pas rentrée dans les détails ne de ce que chaque membres de cette famille sait faire, ce n'est pas à moi de l'expliquer, peut-être ne le souhaitent-ils pas en plus.

On est le 11 juillet 2021… Pour l’hybride, ces dix jours se sont passés en un éclair. Dix jours durant lesquels elle a discuté avec d’autres passagers, profité du paysage, pris des photos avec son appareil et respiré l’air marin. A ce sujet, elle avait taquiné un jeune homme qui restait allongé par terre dans son hamac, le visage tout vert. Alistair était l’une des personnes dont elle ne pouvait lire l’esprit, mais elle n’en avait pas besoin pour voir son agacement, donc elle l’a laissé tranquille avec ce sujet. Elle avait aussi été amusée par deux autres femmes, Axelonnie et Ghilian, qui parlaient à tout le monde en s’excitant de la croisière et transmettaient leur joie de vivre à la majorité des passagers. Elles sont clairement humaines mais ne sont pas perturbées par le surnaturel ambiant, qu’elles connaissent sûrement un peu. Amélie aime bien leur parler. A propos d’humains, elle a l’impression d’en croiser peu (si on ne compte pas les sorciers) alors que beaucoup en avaient entendu parler, ce qu’elle trouve encore plus drôle. Peut-être que l’équipage a trouvé un moyen de les dissuader de venir, pour qu’il n’y ait quasiment que des créatures surnaturelles, comme un prix plus exorbitant que celui qu’elle avait vu. Rien que le fait d’y penser la fait sourire.

Elle avait aussi croisé de beaux jeunes hommes et flirté avec certains, mais deux séducteurs suscitent encore plus son intérêt. Le premier est Marius, avec qui elle a eu des conversations enrichissantes. Le second est Tomas, un jeune homme typé asiatique qui a presque le même âge qu’elle. Même si elle le trouve un peu immature, il se débrouille bien en séduction et elle apprécie lui parler.

Lors du dixième soir, une magnifique lumière verte éblouit la vue des voyageurs sur le pont. Elle a pris en photo ce rayon, qu’elle veut garder en souvenir. Puis une fête commence. Des lumignons de toute part, une musique entraînante, des danses amusantes… De quoi plaire à Amélie. Cette dernière picore dans le buffet, pour goûter toutes sortes de mets avant de danser. Elle évite les cocktails. La dernière fois qu’elle a bu de l’alcool, elle s’est retrouvée dans une maison inconnue. Elle préfère ne pas encore perdre le contrôle d’elle-même sous l’euphorie ambiante. Elle aperçoit Tomas assez près d’elle, discutant avec deux adolescentes. Enjouée, elle s’approche de lui.

- Alors, Tomas, tu profites bien de la fête ?

Elle regarde la brune et la rousse en leur souriant.

- Salut, les filles. Je suis Amélie Persakis. Vous êtes bien Elaine et Tyha ?

En fait, je pourrais m'y habituer. Se laisser dorer la pilule le poil à l'air sur le pont du navire, j'veux dire. Faut juste filer assez vite quand un marin ou un autre sort la serpillière. J'regrette de pas avoir amené les marmots, ils se seraient bien amusés là dedans. Quoique, j'ai beau les adorer, ça fait pas de mal de respirer un peu... même si je peux pas m'empêcher de me demander comment ça se passe à la maison.

Dis jours passent plus rapidement que je ne l'aurait pensé, occupé que je l'ai été à fouiner chaque centimètre carré de ce bâtiment, et après l'éclair vert, je décide de profiter de l'ambiance générale pour reprendre apparence humaine, ne perdant pas de temps à entrainer ma sœur dans la danse. Jusqu'à ce que son bourdon préféré n'arrive derrière elle pour prendre le relai. Bourdon? Oui ben j'avoue j'l'ai pris pour une abeille la première fois qu'il m'a volé sous les yeux, et j'ai bien failli l'avaler tout rond. J'ai un poil trop tendance à être un chat sous forme féline...ok, pas que sous forme féline. Sur qu'en me concentrant un peu, je saurai ronronner sous toutes les formes. Comme quand ma sœur me colle un bisou sur la joue comme elle seule sait le faire.

"Boite de nuit avec toi? Comment j'fais pour draguer si on me croit déjà casé?!"

Je finis par laisser ma rouquine préférée à la vigilance (ok, à la relative proximité, dirons-nous) de sa fée, allant rejoindre le buffet pour me remplir la panse. C'est bien le buffet, ça change du nid de souris que j'ai trouvé dans la cale. C'est là que je me dit que je suis pas net... en temps normal, limite je sursaute de voir une souris... sous forme animale, ça fait un petit repas... ou une balle vivante, fonction de l'humeur.

Avant que ça ne jase, non, Anya et moi ne nous sommes pas pris le chou, et non, elle ne m'a pas expédié manu militari sur ce rafiot. En vrai, Dim et elle se sont offert un petit voyage en Russie, et peut-être bien que Mina a suivi. J'aurai pu suivre, mais pour une première fois de retour au pays après un siècle, je me suis senti de trop. La Russie, c'est leur truc à eux. J'suivrais la prochaine fois, promis. Du coup, ce voyage en mer, ça a été l'occaz de sortir un peu de Chicago, même si ma première nuit à bord m'a fait en vouloir à Jack de m'avoir suggéré l'idée. Jack? Le chat blanc qui se croit discret. Nath a eu la bonne idée de refuser le projet, même si il a presque failli changer d'avis quand sa fille a parlé de vacances entre copines, et qu'elle devra me remercier d'avoir accepté de garder un œil sur elle de loin pour lui. Sérieux, il est barré avec sa fille, mais bon, l'exemple que j'ai, perso, c'est Dim, et il est aussi prêt à tout pour sa nièce, alors...

Le fait qu'il y ai un copain au milieu des copines? On a tous eu 17ans, et j'ai accepté de veiller sur elle, pas de l'espionner non plus. Pour ça, faudrait déjà que je regarde plus souvent dans sa direction, parce qu'il y a pas à dire, ce navire, il vaut le détour. Et j'ai beau avoir bien plus d'expérience dans l'infanterie que dans la marine, j'imagine ce bâtiment fort capable d'arraisonner tout ce qui passe à sa portée. Des restes de l'armée? On peut pas passer quatre ans sur le front sans en garder des séquelles, comme de sursauter quand les gosses font exploser des pétards le 4 juillet ou d'analyser les lieux où on fait plus que passer de façon à repérer les forces et les faiblesses, et surtout, les issues. Bon, les issues sur un tel navire, elle ne sont pas légion, mais il reste l'option de sauter à l'eau. Se téléporter? Je suis assez peu coutumier des rivages pour en avoir beaucoup sur mon GPS interne. Comment ça fonctionne? Vous avez déjà joué à un jeu vidéo qui ne vous dévoile les lieux sur la carte qu'après que vous les ayez visité au moins une fois? Ben c'est la même. Avec en prime une incertitude pouvant être due à la distance, la fatigue, ou un manque de concentration... autrement dit? Essayer d'arriver dans un placard à balais, faut oublier, parce que les murs ne laissent aucune seconde chance.

Bref, la petite sauterie organisée après dix jours de traversée me fait regretter de ne pas avoir embarqué avec ma bien-aimée, mais je saurai me contenter du buffet, de la vue, et de la présence de quelques connaissances. Jack et Elaine, bien sur. Thya, évidemment. Et nul doute qu'ils ne sont pas les seuls que je connaisse à bord. Mais chacun étant occupé avec son propre groupe, c'est le lion que je supporterai en premier. D'accord, il n'est pas désagréable, faut juste se rappeler de ne surtout pas le lancer sur le sujet de ses chats, sinon on ne s'en sort pas.

Dix jours ont passé une fois de plus. Les amitiés se lient au fils de l’eau et tous les voyageurs ne regrettent pas l’ombre d’une seconde ce voyage sensationnel.

Liane reste friande de savoir tout ce qui se passe sur son navire et veille toujours au bon déroulé de l’expédition. Toutefois, la pirate en elle revient même devant les convives qui se rappellent soudainement sur quel bateau ils sont à bord. Après tout, vous ne changerez pas l’âme de ce qui fait le charme du Hollandais et il est indéniable que Liane Midow en fait partie. Plus fréquemment, Peter se souvient qu’il a en plus de son job, une jeune femme qui vient souvent le voir pour passer un peu de temps à ses côtés et finalement, pourquoi pas ne pas partager la même couche … Il faut dire que les voyageurs ont pris leurs marques, requièrent de moins en moins les compétences des corsaires, apprennent à se débrouiller et profiter de la croisière. Perséphone ne se plaint nullement de ce nouveau conjoint hors-norme qu’elle trouve tout bonnement extraordinaire. Pour sa part, elle investigue toujours plus auprès de l’équipage pour accroitre ses connaissances nautiques. Quant à Marius, on ne sait pas qui de lui ou Ghilian aura passé une des soirées les plus mémorables de leur vie en se côtoyant intimement pendant la fête et pourtant tout revient à la normal dès que les festivités sont passées. Le plus drôle serait de savoir si Axelonnie a percuté ce qu’il s’est passé entre eux ou était-elle trop occupée à profiter des boissons et converser avec sa cousine et son conjoint. Tyha, Tomas et Elaine sont restées tous les trois fidèles à eux-mêmes et leur amitié devient de plus en plus tangible. Un de celle qui perdura au-delà de cette aventure. Amaël et Alistair profite de ce temps off pour oublier les soucis de la routine et revivre un amour plus simple, sans mariage, sans travail, sans contrainte. Amélie vie pleinement cette croisière, s’entourant de quelques hommes subjugués tant bien même par sa beauté et sa voix sans qu’elle n’ait eu vraiment à chercher à les séduire, sans doute des cœurs faciles qui n’attendaient que de rencontrer une créature aussi attirante. Jack paresse, flâne, un chat quoi ! Et Ryan laisse le quotidien pour profiter enfin de ne pas avoir à penser à sa belle-famille plus que atypiques.

La nuit est plus qu’installée lorsque le cri déchirant de la Banshee réveille le navire tout entier. Mais quel est donc le sombre présage qui plane sur le Hollandais ? Car oui, il est proche, plus oppressant que ce qu’il a pu être depuis des années.

C’est à ce moment que la vigie du vaisseau décide de frapper avec vigueur sur le bois de la porte. Le bruit mat ramène la demoiselle à la réalité. La jeune Capitaine saute de son lit, enfile son manteau et se coiffe de son chapeau en hâte avant d’ouvrir la porte, le regard sévère. Aussitôt elle aperçoit le visage défait du jeune homme qu’elle se ravise et sort sur le pont d’un pas précipité. Il est rare que ce dernier se permette de la déranger excepté si lui-même ne peut résoudre le problème. Le faciès de Liane perd toute sa couleur alors qu’elle aperçoit la raison qui a amené la fée à la consulter.

Une tempête …
Au loin, un amas de nuages d’une noirceur sans nom s’agglutine et semble venir de toute part pour engloutir le bateau. Forcément, le cri ayant alerté tout le monde, les visiteurs se retrouvent sur le pont et les pirates sont quant à eux déjà en train de replier les grandes voiles pour éviter qu’elles ne se déchirent sous les vents violents.

La Banshee le sait, quelqu’un, si ce n’est plus, ne survivra pas à cette nuit …

Alors voilà, vous êtes sur le pont et la panique vous gagne, toutefois, un semblant de bon sens vous indique qu’il vous faut être efficace. Vous pouvez dorénavant jetez un regard sur votre gauche et votre droite pour vous entraider. Qui se trouve au plus proche de vous ?

Près du mât, une corde se détache et un marin tente désespérément de la rattacher au taquet. Il lui faudrait sans doute un peu d’aide s’il ne veut pas que le vent gagne et délabre le tissu.

Un tonneau roule et se dirige dangereusement vers deux voyageurs. Tétanisés par la peur, ils ne parviennent pas à l’esquiver et déjà l’un d’eux se retrouve à passer par-dessus le bastingage, disparaissant dans les eaux tumultueuses … c’est trop tard pour lui, mais son voisin tient à la rambarde de bois et appel à l’aide.

La seconde a accouru vers la barre et tente de maintenir un semblant de cap pour ne pas partir à la dérive, mais la force du courant est trop forte et elle lâche soudainement. Surprise par ce retournement, la voilà qui perd son équilibre et percute la balustrade tête la première avant de s’affaisser sur le sol.

Un enfant, perdu, pleure toute les larmes de son corps. Il ignore où sont ses parents et l’anarchie qui règne sur le pont ne paraît pas être le lieu adéquat pour le protéger. Les géniteurs inconscients qui ont emmené leur progéniture vont comprendre pourquoi cela était déconseillé.

Un passager angoissé tente de prendre le large en libérant l’un des canaux de sauvetage … Il n’a pas l’air de se rendre compte que l’océan se déchaîne et qu’il ne fera qu’une bouchée de la frêle esquisse s’il parvient à monter à bord.

Autour de vous, un millier de scénettes improbables peuvent se dérouler. Libre à vous d’aider une de ces âmes en peine ou de vous diriger vers une autre action que le narrateur n’aura pas dépeinte.

Liane avait espéré de tout son cœur, de toute son âme que ça n'arriverait pas durant ces deux mois, mais à croire que c'était trop demander à l'univers. Elle se réveille en sursaut. Elle transpire comme à chaque fois que son don fait des siennes. Elle n'a plus aucun membre de sa famille, il s'agit forcément de personnes sur ce navire, elle le sait, elle le sent...

On frappe à la porte et elle se lève en sursaut, file s'habiller, avant d'ouvrir. Elle tangue légèrement, le temps d'agripper la poignée de la porte et d'ouvrir. Peter lui demande de venir immédiatement. Elle acquisse d'un signe de tête. Elle est tout à fait réveillée et sortit de transe lorsque elle arrive sur le pont.
Il y a bien longtemps qu'elle n'a plus besoin de dire à l'équipage ce qu'il doit faire en de telles circonstances et pourtant quelque chose la chagrine dans cette tempête. Elle est loin d'être ordinaire, d'être comme les autres. Ne lui demandez pas comment elle le sait, c'est plus fort qu'elle, c'est instinctif. Elle comprend mieux son cri désormais. Autant quand le cri est là, elle ne s'en souvient pas, autant elle a apprit à décelé, le après cri, cet état second, cette sensation étrange qui lui déchire les entrailles de savoir au plus profond de son âme qu'il va y avoir un ou plusieurs morts non loin.

Avant qu'elle n'est le temps de dire ouf, Morgane qui avait prit la barre est projeter sur le pont. Liane a envie de hurler son nom à cet instant, mais son cri est étouffé dans sa gorge. Elle court vers elle et pendant un bref moment, plus rien autour d'elles n'a d'importance à ses yeux. Non loin d'elle il y a ce petit garçon qui a peur et qui cri de tout son petit corps, mais Liane est sourde à cet appel. Elle arrive enfin près de sa seconde, de sa moitié, de celle qui l'a fait hurlé parfois, mais qu'elle aime tellement au fond. Et elle a peur. C'est sa tête qui a prit le coup, elle le sait, elle l'a vu. Comment ? Elle ne sait même plus pourquoi elle regardait dans sa direction à ce moment là. Surement une envie de se rattacher à quelque chose de concret dans cette furie destructrice.

Le temps avant que Morgane n'ouvre les yeux lui paraît une éternité. Liane souffle quelques instants avant d'être rattraper par le monde extérieur. Un membre de l'équipage l'a rappelle à la réalité en l'attrapant par le bras. Il n'y a plus personne pour mener le navire. Elle demande à cet homme de trouver l'infirmier du navire pour qu'il s'occupe de sa belle. Il s'exécute aussitôt et Liane confiante retourne à son bateau. C'est dans des jours comme celui-ci qu'elle sait pourquoi elle a choisi de devenir pirate, ne lui reste plus qu'à montrer de quel bois, elle et le Hollandais sont fait. Elle l'entend craquer, mais pas de quoi l'inquiéter pour l'instant, rien de plus naturel vu le déferlement de la tempête autour d'eux. Elle arrive quelques dizaines de mètres plus loin, prête à remettre la main sur la barre. Le Hollandais ne lui a jamais fait défaut, il ne va pas commencer maintenant.
Elle voit des dizaines de situation critique lui faire face, mais son meilleur moyen de les aider, de les sauver tous, c'est d'être à sa place de capitaine.

- Peter !!

Elle appelle Peter, et espère que ses oreilles de fées, si prompt à entendre les ragots seront bonnes à entendre son appel. Elle a besoin de ses talents de fées pour passer à travers la foule et les guider. Il est surement dangereux pour lui de voler en de  telles circonstances, mais il le faut. Être dans son nid, vu les nuages ne les aideront pas, il doit aller au devant du danger, pour qu'elle puisse avoir le temps de virer de bord.

Tu t'es ridiculisé à cette fête suite à ta chute, mais passons, tu as su rebondir grâce à tes amis venu à ton secours et c'est tout ce qui compte après tout, les amis. Tu es allée boire un verre ou deux. Oui parce que quitte à se ridiculiser autant qu'il y est une raison à cela, parce que de base tu n'avais même pas bu. Mais tombée sur les fesses pas bourrée et bin ça fait un mal de chien, alors bon. Le cousin de Tyha et son ami ne font pas de réflexions lorsqu'ils viennent vous rejoindre et vous profitez sans plus de difficultés de cette soirée des plus charmantes. Vous avez même la visite d'une charmante demoiselle qui semble connaître Tomas. Comment tu le sais ? Elle l'a appelé par son prénom, tu parles d'une championne de l'analyse. Et elles vous appelle aussi toi et Tyha par vos prénoms. Il a donc parlé de vous avec elle. Ils doivent être à la fac ensemble.

- Salut. Enchantée Amélie. Ouais moi c'est Elaine.

Tu ressens une légère pique dans le cœur lorsque tu croises son sourire. Elle est charmante, très belle et tu as peur qu'elle ne laisse pas Tomas indifférent. Au bien sur il n'y a rien entre vous encore, mais tu l'apprécie de plus en plus, tu t'attaches à ce garçon et tu as peur qu'elle ne prenne trop de place dans sa vie et le détourne de toi, de votre amitié si importante à tes yeux. Amitié ? Oui tu n'espères rien d'autre à vrai dire. Plus depuis trois ans, lorsque ton cœur à sombré dans le noir, après sa trahison. Tu as pardonné, tu es passée à autre chose semble-t-il, mais au fond de toi tu as toujours cette peur que les mêmes évènements ne se répètent inlassablement.
Vous passez un long moment à discuter et à danser tous les quatre et malgré toutes tes craintes, tu ne peux t'empêcher de l'apprécier.


Les jours passent et ne se ressemblent pas ici. Dix nouveaux jours se sont écoulées depuis que toi et tes amis êtes ici sur ce navire. Il est très étrange, un peu effrayant parfois, sans compter l'équipage. Ton côté social t’amène pourtant à aller leur parler au fils des jours qui passent pour essayer d'en savoir plus, mais ils restent très mystérieux. Ils te font tous penser à des personnages de films avec leur langage et leur façon d'être, sans parler de leur tenus que ta mère trouverait extravagantes, mais qui toi te plaît beaucoup. Tu ne souhaite pas non plus être un poids pour eux, ou te montrait trop insistante alors tu observes de loin.
Cette nuit là, tu n'arrives pas à dormir, tu décides donc de suivre une partie de carte un peu plus loin dans le dortoir. Tu essaye de faire le moins de bruit possible. L'un d'eux t'aperçois et te propose de jouer, mais tu as comprit qu'il y avait de l'argent en jeu et ça ne t'intéresse pas, tu sais qu'il te plumerais en un rien de temps. Tu promets de te taire sur le jeu de chacun et ils te permettent de rester.  Au loin le ciel s'assombrit déjà, mais tu n'y fais pas attention, trop absorbée par le spectacle qui se joue devant toi.

Un hurlement parvient à tes oreilles, il fait vibrer ton cœur. Devant toi les hommes cessent soudain de jouer, se relevant de tout leur long vers la cabine de la capitaine, même si ça tu n'en sais rien. Tu aperçois un homme courir devant toi et revenir quelques instants plus tard avec la capitaine. tout le monde est réveillée désormais, ce cri à l'évidence, tu ne te poses même pas la question à vrai dire. Tu les suit tous les deux du regard et soudain tu comprends. Ton cœur rate un battement, devant cette masse qui avance vers vous si rapidement et si lentement à la fois. Tu ne saurais décrire cette sensation... Tu pries soudain pour que tout ça ne sois qu'un cauchemar. Tu souhaiterais pouvoir être auprès de tes parents et surtout de ta mère, qu'elle te pardonne de lui avoir menti sur tes vacances, mais tout ça est bien réel et tu n'auras peut-être plus la chance de lui dire. Il te faut plusieurs minutes pour réaliser tout ce qu'il se passe autour de toi. Le vent s'agite, le bateau qui tangue sur les flots. Les marins qui vont et viennent sur le pont pour essayer de tous vous sortir de là, la seconde qui est propulsé plusieurs mères plus loin, le petit garçon seul qui cherche ses parents des yeux, mais la foule se déchainent aussi surement que la houle et personnes ne semble le voir. Tu ne lâches pas ce garçon des yeux, tu souhaites aller vers lui pour le protéger et l'aider à retrouver ses parents, mais ton corps te dis zut et fais du sur place. Comment ai-tu censé faire pour intervenir si ton corps ne réponds plus à tes injonctions. Finalement quelqu'un intervient avant toi et soulève le gamin de terre. Tu ne reconnais pas cette personne, tu tentes déjà de te retenir toi de tomber en t'agrippant à un hamac. C'est peine perdue, il craque sous ton poids et une fois de plus tu te retrouves par terre. Lorsque tu relèves la tête, les cheveux devant les yeux, le gamin a disparu, tu espères qu'il va bien.
Tu tournes le regard et tu vois un marin soutenir une corde qui vient de lâcher. Ton corps te réponds enfin et tu peux aller l'aider. Enfin ça c'est ce que tu crois. Tu t'accroches tant bien que mal à cette corde pour l'aider, mais le vent est si fort, la nature même joue contre toi. Tu finis par lâchée, la corde t'a brûlé les mains. Tu pousses un cri de douleur. Soudain tu réagis, si il y a une corde sur un bateau ce n'est pas pour rien, tout à un sens; elle retient forcément quelque chose, mais quoi ?

- ATTENTION!

Tu entends quelque chose qui craque et vu le bordel sonore aux alentours c'est forcément puissant comme bruit ou très proche de toi ou les deux... Et c'est la troisième option la bonne. Demandez pas ce que c'est ni d'où ça vient, mais y a juste un énorme rondin de bois qui va céder. Tu relèves la tête et tu vois la fissure. Tu baisse la tête. Tout te semble aller au ralenti, comme dans un film. Tu rebaisses la tête et vois que quelqu'un est venu secourir le marin, mais il est trop tard, ça va lâcher qu'ils le veuillent ou non. Tu aperçois une femme au milieu de tout cela. Elle ne bouge pas. Tu ne la connais pas visiblement, tout du moins tu ne reconnais pas sa nuque qu'elle te montre en étant ainsi tournée. Tu lui fonces dessus pour l'éloigner du danger. Tes mains te font mal mais là, prise sous le coup de l'adrénaline tu n'as pas vraiment le temps d'y penser. Tu l'éloignes juste avant que la fameux truc en bois ne s'effondre sur elle. Elle te regarde abasourdi par le choc. Tu connais cette sensation, cette détresse dans son regard, tu n'en penses pas moins, toi aussi tu as peur.

Pas de gaffe. Pas de gaffe. Je t'en supplie, cousin... Tout sauf une autre boulette, c'est tout ce que je te demande. J'ai vraiment pas envie de prendre des heures à expliquer à mes potes qu'en fait mes pouvoirs ne sont pas ceux d'une sorcière mais d'un ange. Je veux pas imaginer l'avalanche de questions et d'exclamations qu'il en suivrait... Et puis, je rappelle que mon but premier est de garder ma réelle identité secrète jusqu'au bout. Mais au final, il ne redit rien sur ma tentative de rattrapage de tir et je peux enfin relâcher la pression.

- Perso, j'suis venu avec des amis et j'espère qu'on va pouvoir passer des vacances de dingues tous les trois. En plus, c'est la première fois que je monte sur un bateau !

Bon j'ai l'air d'être un peu folle là... Mais j'étais vraiment excitée comme une puce à l'idée de passer les plus belles vacances de ma vie.

Je souris à son compliment. Si il m'avait dit ça y'a un an, j'aurais complètement beugué et penserait qu'il avait tord car il n'y avait pas mieux que d'être un ange "pur". Maintenant, j'avoue avoir un peu mis de côté mes idées de rédemption aux yeux du Créateur et aussi celle de devenir une véritable gardienne aux ailes blanches. Mais avec le temps, je me dis que ça ne reste que des rêves à la limite de l'utopie... Je ne pourrais jamais me séparer de ce sang démoniaque qui coule dans mes veines.

Je pouffe de rire. Je plains son petit ami... Pas, pour son mal de mer mais bien pour le fait qu'il devra se taper la présence d'Amael H24. Bon ok, je taquine. Il est cool, mon cousin et en vrai, je suis bien contente de ne pas me sentir seule en hybride à moitié angélique. Après tout, on se comprend entre recherchés par les anges. Je le salue une dernière fois avant qu'il parte.

- Souhaite un bon voyage (et surtout un bon courage) à Alistair de ma part.


Dix jours se sont déjà déroulés et pleins de trucs se sont passés. On s'est fait pleins de délires avec mes deux amis et j'avoue que j'ai jamais autant rigolé de ma vie. Je me souviens encore qu'on s'était donné le défi de faire le plus beau plongeon dans la mer et "vu mon talent de nageuse", j'ai finit dernière du classement. On était que trois participants à la fois... Arriver à la troisième place sur un podium c'est pas si mal, non ? Mais, on a quand même passé un super moment que j'oublierais pas de si tôt. D'ailleurs ce soir, il y a une sorte de bal qui a été organisé par l'équipage du navire. La musique est bien différente de celle d'une boîte de nuit mais l'important c'est qu'elle est restée entrainante. Justement tous les trois, on a pas pu y résister et on est entré sur la piste de danse. Même si nos mouvements ressemblent à que dalle, on a tout donné et je me suis grave amusée encore une fois.

Un peu plus tard, je rejoins Tomas qui est maintenant tout seul au milieu de ce monde avec son verre. De loin, il fait assez pitié on va pas se le cacher. Après, je sais la raison de son stress... Il a finit par me dévoiler en secret ses sentiments qu'il avait pour Elaine. Franchement ? Je m'en doutais pas qu'un peu. J'avais bien remarqué le genre de petits regards et sourires qu'il avait quand Elaine se trouvait pas loin. C'est trop mignon ! En plus, je trouve qu'ils iront super bien ensemble ! Bon après je verrais me voir attribuer le rôle de chandelle mais pas grave... Ils seront heureux et c'est tout ce qui m'importe. Et puis, j'avoue que j'ai grave envie de les voir s'embrasser... Heu bref. Pour l'heure, je dois plutôt rassurer Tomas. C'est vrai que je l'avais conseillé d'avouer ses sentiments à la concernée, ce soir. Mais je pensais pas qu'il allait stresser à ce point...

- T'inquiètes pas, ça va bien se passer... - je lui souris, taquine en cherchant à alléger la situation - Je serais toujours derrière toi pour te rattraper si tu te mets à nous faire un malaise en plein milieu de votre conversation.

En parlant d'Elaine, la voilà se vautrer magistralement devant mon cousin et son fiancé. Je jette un regard à Tomas en souriant au coin des lèvres. On reconnaissait bien notre Elaine. Après je ne réfléchit plus et vient lui donner un coup de main en l'aidant à se relever et en lui demandant si elle n'avait pas mal. Plus de frayeur que de mal au final car elle proposa d'aller boire un verre pour oublier ce petit incident. Tomas décide de s'incruster et j'en profite pour faire de même.

- Je vous suis !

Je suis donc le petite groupe jusqu'au buffet où on pouvait se réapprovisionner en petits fours. Tiens j'ai pas goûter à ça ! Je prend une sorte de tartine au saumon qui se révèle est super bon. Puis pour accompagner tout ça, je me sers un verre de jus de pomme. Je commence à discuter avec les autres et pendant notre conversation, je n'hésite pas à jeter mon regard vers mon cousin en croisant les doigts pour qu'il ne dise pas une nouvelle boulette cette fois-ci. Une jeune femme ayant l'air de connaître Tomas, vient ensuite se taper l'incruste. Je décide de me présenter la première.

- Vous avez visé juste ! Enchantée, moi c'est Tyha.

Cette Amélie est sympa et franchement j'ai encore fait une belle rencontre. On passe la soirée à papoter et perso, je me suis gaver de tartines au saumon. Encore heureuse que je n'ai pas eu trop mal au ventre dans la nuit...


Dix jours se sont une nouvelle fois déroulés et pendant tout ce temps, j'ai commencé à m'intéressé à ce qu'il y avait autour de moi. Il m'était arrivé de passer des heures entières à m'installer sur tout l'avant du Hollandais Volant afin de contempler la vaste étendue d'eau atour de moi. Ce monde me paraissait juste immense. Même si ça fait déjà plus d'un an que je suis là, j'ai l'impression qu'il me reste pleins de choses à découvrir et à faire.

La nuit est calme, le dortoir est silencieux, je m'endors donc facilement dans mon hamac. Jusqu'à le cri strident d'une jeune femme me réveilla tout d'un coup. Mon coeur fait littéralement un bond et je n'ai pas le temps de comprendre que tout le monde commence à s'agiter autour de moi. Je me lève et prise dans l'agitation, je finis par trouver la raison à tout ça. Une tempête. Il fallait qu'une tempête vienne gâcher ce voyage qui se voulait à la base paisible. Ma première pensée est de retrouver Elaine et Tomas pour vérifier si eux, vont biens. Cependant, la pluie et le vent se montrent plus violents que prévues et j'arrive pas à les trouver dans tout ce remue-ménage. Sauf qu'une voix réussit à se démarquer et à parvenir à mes oreilles. C'était en particulier la voix d'un au secours. Je me tourne vers elle et découvre quelqu'un accroché à la rambarde de bois avec seulement une main, qui est à deux doigts de finir à la mer. Sans réfléchir la moindre seconde, je cours vers lui et lui tend ma main.

- Attrapez mon bras ! Vite !

Il réussit à faire ce que je lui dis et je me mis à serrer son bras en retour. Je commence donc à essayer de le remonter et je tire de toute mes forces. Mais j'y arrive à moitié. La personne que je comptais sauvé était un homme et je sentais énormément la différence de poids entre nous... Avec le temps que je mets, je vais peut-être finir par dessus bord avec lui... Je reste, malgré tout, déterminée et continue de tirer.

Le regard dans le vide, je ne vois pas tout de suite l’amoncellement de nuage noir sur le fond nocturne. Et pourtant, des éclairs finissent par cisailler le ciel révélant toute l’amplitude de l’horreur qui nous attend. Le cri, les pas précipité autour de moi me tirent de ma léthargie brutalement et je sens l’adrénaline donner un rythme à mon palpitant digne des batteurs les plus rapides au monde. Tyha ? Elaine ? Inaya ? Je n’ai de pensées que pour elles. J’ai laissé tout le monde dormir dans les dortoirs et n’arrivait pas à trouver le sommeil moi-même. Instantanément, je regrette ne pas savoir situer mes amies. Tout le monde s’agite et en quelques secondes le pont ne ressemble plus à rien, une scène de « Où est Charlie ? », sauf que je recherche deux petite brunettes. Je mords ma lèvre inférieure violement pour essayer de canaliser mes neurones restant pour me concentrer sur une seule et unique tâche, c’est à ce moment-là que j’aperçois au loin le minois paniqué de la jeune Abraxas. Mon cœur arrête sa cavalcade une fraction de seconde et plusieurs battements sautent. Un milliard de personne semblent me séparer d’elle. Calculant un itinéraire, usant de la montée de stress pour aller rapidement vers elle, je m’arrête alors que je trébuche presque sur un petit garçon apeuré. Au même instant, un homme se saisit de lui et l’emmène vers l’intérieur du vaisseau. Toujours plus de monde et quand je relève mes yeux, je ne retrouve plus Elaine. La panique me gagne encore une fois et j’ai envie de stopper le temps, empêcher tous les êtres autour de moi de se mouvoir de manière si anarchique. Sur ma gauche, un cri m’interpelle. Je retrouve Elaine qui lâche ce qui semble être une corde, encore et toujours trop loin, je ne peux qu’être témoin de la scène qui se joue et j’en pleurerais de peur de la perdre. Heureusement, il y a plus d’une âme bienveillante sur ce navire et c’est un autre qui épargne à la jeune fille d’avoir le crâne fracassé par une immense poutre de bois qui se brise sous la violence des vents.
En essayant de la rejoindre, un vieil homme tombe devant moi et hurle de douleur alors qu’un homme lui marche dessus ne l’ayant pas vu. Je m’abaisse, le saisi et l’aide à retrouver un semblant d’équilibre avant de l’aider à rejoindre une entrée vers une autre des bâtisses. Ce dernier à l’abri, je ressors fissa et accours enfin jusqu’à rejoindre la sorcière. Elle est étalée de tout son long, une jeune femme à ses côtés tout aussi mal en point. J’aide Elaine à se remettre sur pieds et nous soulevons ensuite la demoiselle pour qu’elle s’asseye et retrouve ses esprits. A genoux tous les trois, nous formons un petit îlot de sureté contre le bastingage alors que le reste du pont est toujours plus agité, je prends la plus jeune dans mes bras et la sers contre moi. C’est bon. Elle a assez fait … mais tout cela ne me dit pas où se trouve Tyha et c’est les yeux du renard qui se met à épier sa proie parmi la foule.
Pour la énième fois en trop peu de temps, mon palpitant rate un battement et je vois la jeune fille en train de lutter pour remonter un homme à bord à seulement quelques mètres de nous. Dans la hâte, je dépose un baiser sur la joue d’Elaine en lui promettant de revenir.

« Reste ici, je reviens. »

Toutefois, les aller-venus des passagers en proie au stress m’empêchent d’atteindre rapidement la jeune demoiselle. Après quelques coups de coudes reçu et bousculades, je parviens à me frayer un semblant de chemin dans sa direction. Heureusement, une âme charitable remarque également sa détresse et s’est également précipitée pour l’aider avant que je n’arrive. Chacun tient un bras de l’homme et je m’attèle à le saisir par où je peux avant qu’une vague trop imposante ne se décide à l’emporter. A trois, nous parvenons à hisser l’homme à bord et il s’affale sur le sol du pont ainsi que ses trois sauveurs, le souffle court, alors que justement, la vague tant redouter vient s’écraser et nous projette son écume de pleins fouet. Je jette un regard du côté de Elaine qui semble toujours bien accroché. Incapable de me dire que je la laisse seule, je marche à quatre pattes jusqu’à elle, suivi par la demi ange. Tous les trois réunis, nous restons serré les uns contre les autres calés contre la rambarde, trempés par la pluie et transit de froid.

J’ai l’impression qu’il n’y a plus qu’à attendre, prendre notre mal en patience ou couler avec le Hollandais.

Dix jours se passent encore à merveille pour Amélie. Mais comme dit le dicton, cela ne peut pas durer.

Elle est au bord du Hollandais Volant, à admirer les étendues de l’océan. De sombres nuages commencent à assombrir le ciel. Au début, cela ne la préoccupe pas trop, cela entache juste la beauté du paysage à son goût. Soudain, elle entend le cri du Capitaine. Comme si elle faisait un cauchemar, comme si elle était en danger et avait besoin d’aide. La demi-sirène se remémore d’une anecdote de sa mère pour expliquer à ses enfants ce qu’est une banshee. Un jour, elle et ses amies sirènes avaient entendu un cri féminin déchirant. Quelques jours plus tard, l’une d’elles, qui nageait trop vite, s’était violemment cognée la tête contre un rochet pointu. Le coup était fatal. Alors Amélie frisonne.

Un éclair retentit. Les vagues s’agitent et s’agrandissent. Le bateau tangue de plus en plus, au point où la demi-sorcière a du mal à garder l’équilibre. A partir de ce moment, elle se rend compte que certaines personnes y passeront. Peut-être elle. Elle espère que cela ne lui arrivera pas. Elle ne veut pas y passer, elle trouve sa vie trop courte. Mais que faire ? Même si elle peut respirer sous l’eau, si la houle l’emportent, elle y passera. Elle pourrait entrer dans le bateau pour se mettre à l’abri. Mais si le bateau coule, elle n’est pas sûre d’y survivre.

Dans la tumulte, elle aperçoit un passager essayer de libérer un des canaux de sauvetage. Ne le connaissant ni d’Êve ni d’Adam, Amélie court vers lui pour l’en empêcher.

- Monsieur, vous ne devez pas prendre le large !

- Mais madame, si je reste ici, je vais mourir !

- Peut-être, mais si vous partez, vous y passerez à coup sûr ! Regardez l’océan !

Le jeune homme obéit. En effet, les flots se sont déchaînés. S’il prend le large, il y trépassera. Il s’affole encore plus.

- Vous avez raison ! Mais comment rester en vie ?!

- Suivez-moi.

En essayant de garder son sang-froid, Amélie prend le bras de l’inconnu et le mène vers la porte du navire.

- Si le bateau coule, comment on se sauve ?!

- Nous verrons. L’essentiel, c’est qu’on sera à l’abri des vagues.

Et ils entrent à l’intérieur.

Dix jours de plus se passent dans une routine devenue presque routinière. A peine entachée par les premiers jours et le mal de mer de Alistair. Et qui pourtant ne parvient pas à devenir lassante, les flots ouvrant chaque jour de nouvelles possibilités, de nouvelles rencontres à bord de ce navire, et de nouveaux paysages. De nouvelles races à découvrir, également, pour toi qui a vécu toute ton enfance à Illusk, où le surnaturel est si familier que devoir dissimuler ta nature à Chicago t'as été si peu naturel. Tu remarques cependant n'avoir encore croisé aucun vampire à bord, sans doute que l'effet "100% bois" du navire n'y est pas pour rien. Sans doute ont-ils conscience qu'il serait facile de tomber sur un pieu par ici, que cela soit volontaire ou non.

Depuis quelques jours, tu as pris l'habitude de profiter que le reste des passagers ferme l’œil le soir pour t'installer à la proue du navire, tes jambes passées par dessus le bastingage, flirtant avec le vide. C'est là que tu le sens. Ce changement dans l'air que tu es incapable d'expliquer, mais que tes plumes pourtant dissimulées n'apprécient guère. Un pressentiment qui te fait poser de nouveau les pieds sur le pont du navire, et te sauve momentanément la vie. Car c'est à ce moment précis que retentit le cri de la banshee, un cri qui te transperce les tympans et te fait porter les mains à tes oreilles, tentant vainement de diminuer l'intensité sonore.

Quelques instants plus tard, la capitaine sort de nulle part - ou plutôt, de sa cabine - sur les pas de sa fée, et l'équipage semble soudain moins tranquille. Je dirai même que l'agitation monte d'un cran, et tu ne peux que la capter en passant, te sentant plus fébrile alors que tu sens le vent se lever aussi soudainement que la mer d'huile se fait soudain agitée. Nombreux sont les passagers tirés du sommeil à se presser sur le pont, là où le danger se trouve précisément. En se qui te concerne? Tu cherche à mettre la main sur Alistair, songeant qu'il va vraiment finir par t'en vouloir de cette croisière.

Tout ce passe cependant trop rapidement pour que tu atteignes ton but. Les flots se déchainent, le bois grince, crisse et se tord, une corde lâche, un marin hurle un avertissement que personne n'entend, submergé par le hurlement du vent ayant décidé de jouer avec la coque de noix qu'est devenu le navire. Et devant toi, alors que tout le monde s'écarte pour échapper au rondin de bois s'écrasant au sol, la brave petite Elaine, qui se jette dessous pour tirer une autre femme de là. Tu ne perds pas de temps à réfléchir, n'as de toute façon pas le temps de réfléchir, et tu déploies tes ailes semblables à celles d'un corbeau au dessus d'elles, les protégeant de la chute du morceau de mât au dessus de leurs têtes. Une victoire? Tu la ressens cependant comme une défaite alors que ton aile gauche t'envoie des signaux de douleur impossibles à ignorer. Alors que le craquement sinistre qui a suivi la chute du rondin n'était en rien du au bois, mais plutôt à tes os n'ayant pas apprécié la scène. Tu dégages ton aile en évitant que le bout de bois n'écrase quelqu'un d'autre. Et alors que ton aile droite se replie parfaitement dans ton dos, comme un prolongement de ton ombre, la gauche reste à demi pendante sur ton coté. La douleur? Transperçante, mais tu prends sur toi de t'en occuper plus tard. Même s'il ne faudra pas te demander trop de réflexion, étant donné le pourcentage de ton cerveau concentré sur ton aile blessée.

"Allez vous mettre à l'abri. Fissa."

Le sable est chaud entre ses doigts. Chaud, fin et blanc. Parfait. L’air iodé lui titille agréablement les narines et ébouriffe ses cheveux. L’endroit de rêve : Kapalua, sur Maui. La tête levée vers le ciel bleu où quelques nuages se sont égarés, elle regarde pensivement les mouettes voler en cercle. Elles piaillent forts ces sales bêtes. Enfin, ce sont peut-être des goélands... Bref, des trucs qui volent quoi.

Elle se remet debout et jette un œil par-dessus son épaule : malgré sa mauvaise humeur évidente, son compagnon ne lui tirera aucun soupir ou grognement d’exaspération. Ils sont à Hawaii, le paradis sur terre pour Ghilian et elle est gaie comme un pinson ! Elle ne perdra pas son sourire pour quoique ce soit. Surtout pas aujourd’hui.

Elle farfouine dans son sac vert orné de perruches colorées, laissant du temps au brun pour qu’il la rattrape. Une fois chose faite, elle se retourne vers lui, tenant fièrement un petit objet rouge dans sa main :

- J’vais pas faire ça dans les règles parce que j’ai la flemme et que les règles, c’est pas mon truc.

Elle met de force la boîte dans les mains de l’homme qui lui fait face, puis d’un air beaucoup trop sérieux, elle demande, d’une voix plus rauque que d’habitude :

- McTwisp, veux-tu m’épouser ?

Le regard vrillé dans celui de l’homme, elle attend anxieusement, pensant soudainement que s’il dit oui, c’est hors de question qu’il porte un costume pour la cérémonie ! Le style pingouin, c’est pas son truc ! Mais lorsqu’il ouvre la bouche pour lui répondre, c’est un cri lui vrillant horriblement les tympans qui la réveille en sursaut. Son premier réflexe est de plaquer ses mains contre ses oreilles, le deuxième est de s’extirper du hamac. Au même moment, le bateau tangue violement, la projetant contre le mur, qu’elle rencontre en jurant.

Elle peine à reprendre ses esprits, les oreilles encore sifflantes, l’esprit toujours à Hawaii, se demandant pourquoi elle a demandé l’ancêtre de Maxwell en mariage, qu’un nouveau roulis la fait repartir dans l’autre sens.

Cette fois, elle se ramasse lamentablement et reste quelques secondes au sol, tentant de rallumer son cerveau. Puis des cris lui parviennent du pont, ainsi qu’un roulement de tonnerre, le Hollandais qui bouge dans tous les sens... ça pue la tempête !

Elle se redresse affolée, s’agrippant où elle peut, regardant autour d’elle à la recherche d’Axel. Pas de jolie blonde en vue... Ghilian sort des cabines, tentant de garder son équilibre et beuglant le prénom de son amie, jusqu’à ce qu’elle lui tombe littéralement dans les bras :

- Ma caille ! Tu fous quoi ?

Elle lui serre le poignet, bien consciente qu’Axel prenait la direction des escaliers menant au pont. Elle n’écoute même pas ce que cette dernière lui raconte : sans doute veut-elle faire preuve d’altruisme et tout le bazar... Conneries !

- C’est une putain de tempête ! T’y connais rien ! Tu vas gêner plus qu’autre chose !

Est-ce qu’Axel l’entend ? Oui. Est-ce qu’elle l’écoute ? Non. Un nouveau roulis envoie la brunette faire un câlin à la paroi boisée, tandis qu’Axel tourne les talons avec un petit signe de la main. Quelle bécasse celle-là quand elle s’y met !

- Si tu crèves Axel, j’vends tes gosses et j’me barre avec Maxwell en Papouasie !

Si c’est crédible ? Pas du tout. Maxwell ne voudrait jamais aller en Papouasie. Mais passons, le moment est mal choisi pour de tels petits détails. Elle regarde le foutu escalier que vient d’emprunter la blonde, avant de rebrousser chemin. Hors de question qu’elle aille se faire tremper sur le pont et qu’elle risque sa peau pour d’autres gens. Et quand Axel reviendra, elle va lui passer un savon d’enfer !

Evitant tant bien que mal les marins qui courent à droite à gauche et les touristes paniqués, Ghilian se carapate en sens inverse, partant se réfugier dans la cale, en réussissant l’incroyable –mais réel- exploit d’y arriver sans se casser la figure.

Là, après une rapide vérification que rien ne se balade –mourir écrasée sous un baril de rhum, c’est fun, mais elle a pas prévu de décéder maintenant- elle se déniche un coin où elle s’affale, la tête dans les bras.

- Maxwell, si je meurs, j’te tue !

Sur ses bonnes paroles, elle tâte ses poches –dormir habillée à ses avantages semble-t-il- et met la main sur un joint. Malgré l’humidité ambiante, elle parvient à l’allumer, ce qui lui tire un petit gloussement de pintade. Comme quoi, dans ce foutu merdier, il y a quand même quelque chose qui va !

Maintenant qu’elle est sauve – sauf si le rafiot coule- elle pense brusquement que Marius doit aussi être sur le pont... Ouais bon, c’est son taff... Ça serait con qu’il passe par-dessus bord... mais bon, Ghilian est confiante : c’est pas un manchot, il devrait survivre. Toute à ses pensées, elle met un peu de temps à percuter qu’un lion blanc vient de faire son entrée dans la cale.

Un. Putain. De. Lion. Blanc.

Elle regarde sa clope quelques secondes : nan, les effets sont pas aussi rapide.

- Des démons, des vampires, des sorciers, des fées... Et maintenant, un lion ! J’en peux plus de cette ville ! Et de ce rafiot ! ... Faut que tu saches... J’suis impropre à la consommation.

Elle ferme les yeux, ni tiquant même plus sur le fait qu’elle parle à un prédateur de 200kg et pose sa tête contre le bois gémissant du bateau, optant sagement pour sa technique favorite lorsque du surnaturel lui arrive en pleine face : technique de l’autruche. Ça associée au joint, si elle rouvre pas les yeux, fait abstraction du roulis perpétuel et des cris, tout se passera bien...

Voir ma sœur courir après sa fée préférée, ça a été quelques jours. Je suis passé à autre chose entre temps. Comme explorer chaque recoin du navire - avec une priorité pour la réserve de rhum -, apprendre à jouer aux cartes avec les règles des pirates - et ils ont un peu plus d'honneur que les videurs de casino ces gars là -, ou encore essayer de retenir les noms de toutes les voiles de ce rafiot. De quoi conserver plus souvent mon apparence humaine que mon apparence de chat. Une apparence qui pourrait me permettre d'épier tranquillement... si je n'étais pas sourd comme un pot sous cette forme. Autre détail d'importance... les parois en bois, ça attire les puces.

Je dors tranquille dans un hamac quand un cri me vrille les tympans. Du genre que je suis sur que je l'entendrais, même sous forme féline. Je pose ma main sur mon crâne pour empêcher mon cerveau d'en sortir avant de me casser la gueule du filet de cordes qui me sert de couchage. Décidément, quand on me réveille comme ça, j'ai tout sauf la souplesse d'un chat. Tenter de monter l'escalier vers le pont se solde par une douche. Sans doute une vague. Une idée qui me fait rester à l'intérieur perso. Pourquoi? J'aime pas l'eau, c'est un truc de chat ça. Je dirai même que je vais faire encore mieux, et m'enfoncer davantage dans les entrailles du navire jusqu'à me glisser dans la cale. Pourquoi je décide de prendre une apparence un poil plus massive? On est capable d'oublier le chat dans la cale. Et j'ai trop la pétouille pour conserver mon apparence humaine. Donc le lion, ça me va très bien. Et si en prime je peux effrayer cette fille qui a eu la même idée que moi (pour la cale, pas le lion), c'est un bonus. Ok, en d'autres circonstances, elle et moi seuls dans cette pièce, j'aurai peut-être eu d'autres idées en tête, mais le boucan au dessus me stresse assez pour que je me contente de lui offrir des yeux exorbités et une gueule juste assez ouverte pour dévoiler partiellement mes crocs. Pas dans le but de l'effrayer... mais plutôt d'évacuer ma nervosité comme je le peux. Je passe à coté d'elle, frottant ma crinière puis ma fourrure contre sa jambe en passant, avant d'aller m'installer sur un tas de sacs en toile, baillant ensuite à m'en décrocher la mâchoire. Oui, j'ai les dents longues, mais j'ai pas prévu de la bouffer pour autant.

Le bruit de pas d'autres bipèdes me fait tourner le regard vers la porte de la cale, pour voir plus de monde arriver. Eh, non, c'ma planque à moi! Une pourquoi pas, trois, c'est le début de l'invasion. Je gronde d'ailleurs juste assez pour exprimer mon mécontentement, sans aller jusqu'à les virer non plus. J'reste humain - ou presque -, et j'conçois que d'autres aient la trouille.

La petite fête des membres de l'équipage ajoute un point de festivités dans les contemplations du paysages bleu et blanc a perte de vue. Toujours aucune idée où nous allons et aucun moyen de soutirer la moindre information. Un poil embêtant, oui, je l'accorde. Je me suis fait même quelques nouvelles connaissances depuis que je me suis remis du mal de mer.

Pendant les dix premiers jours, je me suis même excusé de ce que j'ai pu dire lorsque j'étais malade. Dormant à même le sol du pont et  du dortoir. Le fiancé aurait pu me forcer à me lever et au moins entrer dans le bâtiment des dortoirs pour être à l'abri. Mais je suis tout de même reconnaissant envers les gestes qu'il a fait. Ceux qui se sentent concernés, bah mes plus plates excuses sur mon comportement. Au moins cela m'a permis de repartir du bon pied. Je ne suis pas là pour me faire des ennemis après tout. La petite fête me confirme que tous les deux nous ne savons pas danser convenablement. Dès que je remet la main sur mon portable, j'appelle la petite école de danse qui est venue l'autre jour au Pandémonium. Au moins, j'aurais une base que je me dit cela nous épargnera de nous torturer encore plus à l'avenir. Je note ce détail parmi tant d'autres dans un coin de ma tête.

Dix autres jours passent ou j'ai remis la main sur une guitare. Cela fait depuis que j'ai quitté Illusk que je n'en avais pas touché une. Me remémorer des accords est un peu pénible jusqu'à ce qu'un joueur plus expérimenté me réexplique les bases. Au fur à mesure qu'il me les enseignait elle me revenait en tête. Le remerciant en promettant de toujours la remettre en bon état. Peut être que je m'y remettrai à mon retour qui sait. J’ai aussi hâte de croiser un meilleur rasoir que celui que j’ai apporté. J’ai laissé mon fiancé sur le pont pour aller m'allonger dans mon hamac, n'arrivant finalement à ne pas trouvé le sommeil que j’observe de loin les joueurs de cartes..

Je sursaute en même temps qu’eux au cri strident qui transperce votre corps. Je me remet tranquillement de cette petite montée d'adrénaline, je pose pied au sol et je chancelle, mais qu'est ce qui peut bien arrivé? Lorsque cela semble se stabiliser, je recherche des yeux mon brun préféré, j’entend de plus en plus les murmures autour de moi qui confirment ce à quoi je pense, une tempête… Ne le trouvant pas dans le dortoir, une pointe d'anxiété me traverse que je sors en sachant très bien que cela est une mauvaise idée que je me fais illico douché, cela confirme mes doutes. J’entend dans le ‘’lointain’’ un enfant qui pleure, je remarque du coin de l'œil que la sous-capitaine s'est blessé, mais semble toujours en vie, j’évite de justesse le tonneaux qui fonce vers nous. Je ne remarque pas l’homme qui passe par-dessus bord tant que mon esprit est tourné sur mon fiancé. Il occupe mes pensées à quatre vingt dix pour cent en la combinant à l'adrénaline. Devant me tenir sur les rambardes de bois pour ne pas glisser sur le sol lorsqu’il tangue dangereusement. Jusqu'à ce que je le voie enfin en tournant un angle d’un bâtiment, tentant de protéger deux personnes avec l’aide de ses ailes? Mon corps rate fortement un battement, mon esprit imprimant lentement l’information que le rondin de bois vient vers moi, j’ai a peine le temps de faire un mouvement pour l'éviter qu’il me touche l’épaule et la joue, m'assomant de moitié en prime! Glissant contre le mur du bâtiment encore intact. J’ai la tête qui tourne et un mal de chien qui me rappelle des événements du passé, je serre les dents en relevant les yeux à la recherche de celui qui me garde en vie. Je le vois enfin, que je sombre dans l'inconscience et que la douleur est pire que je ne l'imaginais finalement, mon corps en n'ayant trop pris durant la recherche. Le tonneau m’avait frôlé la cheville, le rondins de bois qui me passe à travers l’épaule en la déboitant et le coup dans la gueule n’a pas aidé. Le corps humain que j’emprunte n’est pas aussi fort que ma réelle apparence qui n’est pas si éloigné de celle-ci.

Un cri, une tempête, un bateau et il n'en faut pas moins pour se retrouver dans une galère intersidérale.
Voilà déjà trois semaines que nous sommes en pleine mer et ce n'est pas la situation la plus facile pour Rampa et ça ne va pas s'arranger ce soir. Nous dormons tant bien que mal tous les deux dans le même hamac. Y a pas une place de fou, mais on s'en fiche, nous sommes ensemble. Je dois être folle pour dormir dans les bras d'un démon, non ? Ca n'a pas été simple à accepter pour moi enfaites. Durant un moment j'ai cru à une mauvaise blague d'un ami, puis nous avions parlé et tout c'était éclairci, enfin presque... Que je le veuille ou non, que j'accepte ou non ce qu'il est et ce qu'il a pu faire de cette condition, je ne peux m'empêcher d'éprouver des sentiments forts pour lui. Comme tout le bateau, je crois, nous sommes réveillés par un cri. Je sursaute et nous fait tombés tous les deux sur les planches de bois. Ce n'est pas des plus agréables, mais honnêtement c'est secondaire en cet instant. Le bateau tangue. Je vais voir au niveau d'un hublot, il n'y a pas de vitre et je me prends toute l'eau dans le visage. Je finis par réussir à apercevoir le ciel. Il est déjà bien sombre et ça risque de ne pas s'arranger.
Mon cœur est près à sortir de ma poitrine. C'était censé être une petite excursion paisible, sans incident. Je me retourne vers Rampa. Je ne sais pas quoi dire, aucun son n'est capable de sortir de ma bouche. Je me rapproche tant bien que mal de lui, avant de prendre ses mains dans les miennes.

- Si tu veux tu peux rester ici, je vais essayer d'aller voir si je peux être utile.

Je n'ai en réalité aucune envie de partir, de le quitter, je sais à quel point il aime l'eau... mais mon instinct de médecin (avec quelques années d'étude de médecine générale derrière moi) me pousse à aider, même si mon cœur et ma raison de médecin s'occupant principalement de cadavre me dit de rester à l'abri.
Le vent se déchaine désormais. J'entends des choses tomber autour de nous. Je tremble légèrement, dû à l'adrénaline probablement. Mais rester seul ici doit être pire encore que de braver les flots déchainer car il décide de m'accompagner.
Nous arrivons tant bien que mal sur le pont. J'ai envie de vomir, mais je parviens à me retenir. Je crois que ça n'arrivera que lorsque nous aurons cessé de bouger ainsi, un peu comme dans un manège; si seulement ça s'arrête un jour. C'est un déferlement de panique, de situation toutes plus perturbantes les unes que les autres qui sont déjà enclenchés lorsque nous arrivons. " Je serais peut-être plus utile de mon côté, Inaya, quand penses tu ?" Je ne sais quoi penser de cette question. Elle en sait bien plus que moi sur les êtres surnaturelles, même si j'ai beaucoup apprit à son contact. Et si pendant qu'elle était partit je devais me retrouver à soigner l'un d'eux et que je ne sache pas où trouver tel ou tel organe, pas forcément fichu au même endroit que sur un corps humain... Mais elle ressent mon doute : Nous sommes ensemble depuis suffisamment longtemps, tu l'a malheureusement fait plus d'une fois, tu sauras gérer, j'en suis persuadée. Sur ses mots je ne peux qu'acquiescer. J'ignore ce qu'elle pourra faire sans corps physique, mais je la sais capable de gérer beaucoup de chose. Elle arrive bien à draguer, alors je ne m'inquiète pas trop. Faudra pas que ça trop longtemps quoi, mais ça je m'en inquiéterais plus tard. Je la sens soudain quitter mon corps. Je déteste toujours autant cette situation. Souvent elle attend que je m'endorme pour le faire et j'apprécie cela de sa part. Nous nous sommes toujours très bien entendu toutes les deux. Mais parfois, comme là, je suis belle et bien réveillée, et ça n'a rien d'agréable du tout. Je grimace un moment, tête baissée pour encaisser le coup. Je me redresse soudain. J'ai déjà perdue assez de temps comme ça, mais que faire. Je me tourne vers Rampa, le questionnant du regard. J'aperçois la seconde se relever tant bien que mal, avec du sang sur la tête, mais le médecin de bord est déjà là. Je le reconnais parmi les autres, nous avions parlé un peu il y a quelques jours. J'aperçois aussi le cuistot qui est marin avant tout et se démène pour aider ses comparses. Finalement, j'aperçois un "truc" en bois nous foncer dessus, après une chute assez importante du haut du bateau. Oui bin excusez moi je connais pas le terme marin pour ce bout de bois. C'est un jeune homme à une dizaine de mètres de nous qui se le prend dans l'épaule et le visage, sans compter le tonneau qui passe à côté de lui. Je me dirige vers lui aussi vite que possible. Il est inconscient. Ok, par quoi je commence ? Il s'est prit des éclats dans sa joue et il a l'épaule déboitée. D'abord les éclats pour éviter l'infection. J'aurais besoin d'une pince, mais vu le bordel ambiant ce n'est même pas la peine d'y songer.

- Je vais avoir besoin d'alcool, une fois que j'aurais enlever tous les éclats.

Je dis ça en levant les yeux vers Rampa. Il a voulu suivre, je vais lui occuper l'esprit à autre chose. Il va pouvoir m'aider.

Voyant la porte beige d’une cave, tu l’ouvres et y entres avec l’inconnu. Dans cette salle se trouvent Ghilian et un lion blanc qui te fait déglutir. Tu interroges la jeune femme :

- Que fait ce lion ici, Ghilian ?

Vert de peur, le pauvre homme tente d’ouvrir la porte. En entendant un bruit de glaciation, tu l’empêches de continuer. Tu poses tes yeux marrons sur la poignée noire, maintenant en partie glacée. Si ce jeune homme avait continué son geste, il aurait totalement recouvert la poignée de glace et bloqué la porte. Vous seriez tous enfermés, entourés par des tonneaux retenus par des cordes, à moins que ce lion fasse de vous de la viande rouge. Tu tournes ta tête vers l’inconnu aux cheveux dorés.

- Je préfère l’ouvrir moi-même.

Tu commences à tourner la poignée ronde. Tu grimaces, elle est tellement froide… Puis quelque chose te vient à l’esprit, ce qui te fait lâcher la poignée.

- Mais oui, bien sûr !

Tu regardes les yeux bleus de l’animal. En essayant de lire ses pensées, tu te rends compte que ce ne sont pas celles d’un animal. Du moins, pas totalement. Tu souris à cette découverte.

- Qu’est-ce qu’il y a ? te demande l’inconnu, étonné et toujours pas rassuré.

- Ça m’étonnerait que l’équipage possède un tel animal. On n’a vu personne monter dans le bateau avec un lion blanc, et l’équipage ne l’aurait sûrement pas accepté. Or, il y a beaucoup de créatures surnaturelles ici, dont sûrement des métamorphes. On a donc affaire à un type capable de se changer en lion.

Suite à cette affirmation, tu t’assois au sol, aussi souriante que si le ciel n’était pas gris.

- Je ne savais pas qu’il y avait des lions blancs. Je croyais qu’ils étaient juste orangés. J’aime bien cette couleur. Comment vous vous appelez, vous deux ?

La sueur perle le front du blond qui fixe toujours le lion. Tu t’adresses à l’animal :

- Il vaut peut-être mieux prendre forme humaine, au moins pour le rassurer.

Je suis interrompue dans mes divagations mentales par une voix que je crois reconnaître. Une petite voix me dit que je ne dois pas ouvrir les yeux, mais je sais plus trop pourquoi, alors je l'ignore, clignant des paupières plusieurs fois avant d'avoir une image nette sur la rétine. Je regarde autour de moi, passant rapidement sur le lion et l'homme inconnue et fixe quelques secondes la demoiselle.

Je sais que je la connais mais... Je plisse les yeux, avant que ça me revienne : Amélie. Sauf que j'ai oublié ce qu'elle me demandait plus tôt. J'hausse les épaules, avant de regarder le lion. Ah. Oui. C'est vrai. Il y a un lion.

Est ce que c'est normal ? J'ai du mal à réfléchir. Je crois que ma cigarette était un peu trop récréative.

Mais un lion sur un bateau...

Un lion sur un bateau, c'est un gros chat sur un bateau. Et les chats, ça aime les câlins. Mais vu qu'il est gros, il faut lui faire un gros câlin non ? C'est de ça qu'elle me parlais Amélie ? J'me souviens qu'elle parlait du lion. D'ailleurs, elle lui parle encore, mais j'arrive pas à comprendre ce qu'elle raconte.

Je me lève, manquant de trébucher au bout de deux pas. C'est moi ou ça tangue fort sur ce rafiot ? Mais mon but est presque atteint, et je me laisse choir sur le prédateur, passant mes mains dans son pelage, l'air béat :

- Gros câlin pour un gros chat !

Je le sens bouger sous moi, mais ça m'inquiète pas vraiment : c'est trop confortable, trop doux et chaud : je vais sans doute m'endormir. A cette idée, je baille longuement, prend une position plus confortable, et grogne un "'ne nuit" d'une voix éteinte.

J’aime Inaya, mais me retrouver avachi sur elle de la sorte après être tombé lamentablement de notre hamac, j’aime moins. Une vraie loque, je m’extirpe de cette position définitivement inconfortable pour retrouver un semblant de contenance. Toutefois, je deviens vite plus blanc qu’une blette alors que le navire tangue dangereusement. Je regarde ma douce se faire arroser comme une vulgaire salade alors qu’elle jette un œil furtivement par une lucarne. Le résultat m’inquiète plus qu’autre chose et le démon en moi craint pour ses flammes. Cependant, je ne renonce pas à accompagner la médecin sur le pont lorsque la situation l’exige. Le piment me monte au nez et je secoue la tête de droite à gauche pour lui annoncer que je refuse catégoriquement de rester en arrière.

« Je te suis ma chérie ! »

Que direz les Maîtres des Enfers si un démon tel que moi s’évanouissait au premier danger, tremblant comme une feuille de laitue. Je grimace toutefois alors que nous rejoignons le pont tant bien que mal. Mes mains sur les épaules de ma belle, je pense deviner que sa colocataire décide de la quitter momentanément puisque sa réaction indique une souffrance invisible à mes yeux. Elle se tourne vers moi et son regard est interrogateur alors que je ne saurais quoi lui dire sur la conduite à tenir. Je suis moi-même aussi vide et creux que l’intérieur d’un poivron.

La scène qui se déroule sous nos yeux me laisse sans voix alors que le jeune Alistair se prend en pleine poire un fragment du mât et le voilà dans les choux.  S’il continue de la sorte, il va finir par aller sucrer les fraises précocement ce qui serait fort dommage pour un démon.

« Oui, bah je m’imagine pas descendre à la cale, le temps que j’arrive ça sera peut-être d’autres dangers qui t’auront assailli … »

Je suis contrariant ? Je l’ignore, j’ai juste pas envie de laisser la femme de ma vie seule sous une tempête qui continue de se déchainer autour de nous. Alors certes, je réponds un peu durement, mais c’est vraiment par amour pour le coup, parce que, si je ne m’abuse, si je veux trouver de l’alcool facilement, le mieux est de se rendre à la cale pour récupérer du rhum.

« Tu permets ? »

Je prends place à côté de mon filleul et appose ma main sur sa joue balafrée. Sans une once de remord je le grille comme une aubergine sur un barbecue et brûle les éclats de bois présents dans sa joue en même temps que je cautérise la plaie de la manière la plus efficace. Le feu, ça brûle, ça referme la plaie et empêche le saignement et en plus ça désinfecte.

Je vois Inaya ouvrir grand ses yeux et sa bouche s’arrondir sous l’effet de la surprise.

« C’est un démon … mon filleul, il s’en remettra t’inquiète ! »

J’ignore totalement si son enveloppe humaine gardera ce souvenir. Sûr que s’il était éveillé, il m’aurait mis une patate pour se défendre. Je lui conseillerais sans doute plus tard de reprendre forme démoniaque s’il veut guérir plus rapidement. Nos avatars sont malheureusement limités en terme de guérison.
Je me tourne vers la jeune femme au moment où un nouveau tonneau roule vers nous. Ma main déjà enflammée projette une boule de feu qui éclate le projectile de bois le repoussant dans l’autre sens. Par chance, l’humidité environnante empêche le brasier de se répandre et les flammes s’étiolent presqu’aussitôt. J’aime pas la pluie …
Surpris par une nouvelle houle, j’agrippe la demoiselle que je sers contre moi de toute mes forces craignant qu’elle ne m’échappe. A côté de nous, une jeune femme s’affale de tout son long et manque de percuter avec sa tête un pieu de bois, par « chance » il ne lui transperce que l’épaule et elle pousse un cri déchirant. En voilà une autre qui aura aussi besoin des soins de ma douce si on oublie pas que je ne peux rien faire pour l’épaule de mon cher Alistair et que je laisserai également Inaya gérer.

Ils sont faibles ces humains décidément !

Quand la tempête rugit et que vous êtes vous-même déchainé, la réponse la plus appropriée reste de poussé la chansonnette. C’est donc sur l’air de Billy Talent que je zigzague entre les corps qui s’excitent autour de moi. Personnellement, un sourire étire mes lèvres et je ne me laisse pas abattre par les humains qui choient autour de moi. Mon but et de faire aller ce bateau vers sa destination, éviter qu’il ne coule. Les gens à son bord … ben je préfère vivre moi et tant pis pour eux, il y a un moment dans la vie – voire beaucoup pour ma part – où il faut savoir sauver son cul avant de s’occuper de celui des autres. C’est pourquoi je m’attelle plutôt à aider à fixer les cordages ou encore prendre note des dires d’un esprit qui m’annonce une zone d’éclaircie en amont. J’escalade le bâtiment, virevolte d’un pas léger et n’hésite pas à sauter par-dessus les personnes au plancher afin de rejoindre la capitaine au plus vite. A ce moment-là, sa seconde retrouve un semblant de conscience et j’aperçois Liane se diriger vers la barre afin de reprendre la direction de son navire. C’est une autre entité spectrale qui se dresse devant moi.

« La colère des dieux … la colère des dieux … la colère des dieux … »

Merde ! Il est bloqué sur la fonction repeat et je peux qu’imaginer qu’il signifie par là que la tempête n’a rien de naturelle. Je grimace et le chasse d’un mouvement de la main. J’arriverais pas à le faire rejoindre l’au-delà en deux-deux et j’ai pas le temps pour l’instant de me pencher sur son cas.

« Capitaine ! Eclaircie à bâbord ! Mais la tempête est d’origine magique, rien ne peut nous dire qu’on arrivera à la semer … »

Je sifflote mon air du moment alors qu’un troisième esprit fait son apparition. Je reconnais la jolie Marie rattachée à la vivante Inaya, cousine d’Axel et qui sort avec un type louche qui pu l’immortel. Encore un qui a pas envie de rejoindre le paradis et je dirais même qu’il n’aurait rien à y faire.

« Salut toi ! J’ai une mission pour toi ma belle ! J’ai un crétin de mort-vivant qui a juste su me dire que la tempête avait rien de normal, t’arriverais à m’en dire plus ? »

Je dois donner l’impression de parler tout seul, mais j’ai l’habitude qu’on me prenne pour un fou et je le vis très bien. Le regard des autres, je n’en ai que faire et surtout que pour l’instant, les autres en questions sont trop occupés à morfler, surtout le mec en bas qui vient de prendre cher dans la tronche. J’avoue me marrer sur le coup. Lui aussi il a rien d’humain, je ne me doute pas qu’il s’en remettra bien assez vite de cette petite anecdote. De l’autre côté du pont, j’entrevois trois jeunes qui semblent amèrement regretter le voyage actuel. Vous me pensez sans cœur ? Non, juste survivaliste et parfois, cela implique d’être grandement égoïste, mais si vous aviez autant que moi la mort à vos trousses, vous ne chipoteriez pas sur ma manière de penser.

Si je peux affirmer que le chat blanc a déjà essayé de me bouffer à plus d'une reprise? Ouep, totalement. Soit disant qu'il m'avait pris pour une mouche, ou un colibri. Je l'emmerde. D'un autre coté, il est pas pourri aux cartes, et j'compte bien en profiter pour choper une combine ou deux. Le truc c'est de tricher? On est pas doués pour les mensonges, nous autres fées, au point que nombreux sont ceux à faire courir le bruit qu'on est tout simplement pas en capacité de mentir. Ceux-là n'ont pas vu Peter Pan. Clochette est assez douée pour le mensonge. Moi en revanche... mauvaise tendance à la nervosité quand j'essaye.

Ce soir, je suis en haut de mon mât, à observer l'horizon grâce à ma longue-vue, guettant plus facilement les krakens que la météo. Jusqu'à ce qu'un nuage sombre masque le peu de lumière que m'offrait la lune presque pleine - rassurez-moi, on a laissé les loups-garous au port? -, et me fait tourner le regard ans la direction opposée, là où la tempête apparait au loin. Pas assez loin. Je connais les flots à force d'y vivre, et celle-là, on passera pas à coté. Je quitte mon poste par la voie des airs, ne prenant pas le temps de faire disparaitre mes ailes avant de frapper à la porte de la cabine de la captaine, remarquant à peine le cri qui traverse l'air. Trop l'habitude. Même si faudrait être stupide pour ne pas trouver un lien avec le grain qu'on va se prendre incessamment sous peu.

La seconde prend la barre. Pas longtemps. La tempête la jette au sol trop rapidement. Connaissant les priorités, je vais filer un coup de main aux collègues pour affaler les voiles afin d'éviter qu'elles soient déchirées par les rafales de vent. Jusqu'à ce que la captaine ne me rappelle auprès d'elle, comptant que j'aille voir plus avant comment se présentent les choses. Si j'obtempère, je fais tout de même vriller mes ailes dans mon dos pour faire remarquer que le plan ne me plait pas plus que ça, avant de prendre une taille bien plus passe-partout et tenter de passer entre les courants d'air pour aller au devant du navire. Soyons honnêtes, je n'irait pas bien loin, et en vérité, je ne dépasse le navire que de quelques mètres quand ce n'est pas le vent qui me trahit, mais les vagues. Si je me faufile de sous l'une à sous l'autre, la dernière que j'évite est suivie de la prochaine de bien trop près, créant un mur d'eau qui me tombes dessus, m'assommant sous le coup. Une dernière brillante idée? Reprendre taille humaine, histoire d'éviter de me faire bouffer par le premier thon qui passerait par là. La suite? Écran noir, la scène est votre.

Comment dire … j’ai essayé, maints et maints fois de lui tirer les vers du nez ! Mais allez donc faire cela quand l’occupant vérolé fait 3 cm de haut et vole à vive allure dans tous les sens ! Non, je plaisante, je ne l’ai pas embêté de toute façon, je suis bien trop occupé à virevolter de partout et à m’amuser pour l’embêter avec notre destination, n’y a-t-il pas un grand homme qui a dit « Ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage » ? Je suis sûre qu’en cherchant bien dans les méandres de mon parenchyme cérébral, je trouverais la réponse. Mais cela n’intéresse personne je crois !
La fée qui me sert de petit ami m’invite même à partager son hamac bien que je ne puisse pas vraiment me plaindre qu’il y prenne beaucoup de place compte tenu que j’ai l’impression qu’il passe tout son temps à travailler. Pirate, c’est du 7 jours sur 7 et 24h sur 24 … je ne me plaindrais plus jamais à mon taf finalement.



Je reste perplexe sur ce que pourrait être une coiffure de fée et jette un œil sur la coupe de mon chéri pour m’assurer que son bandana ne dissimule pas des tresses et des perles, plus rien ne m’étonnerait de la part des créatures surnaturelles ! Oui, bon j’oublie souvent qu’il paraît que j’en suis une aussi, mais je suis juste un petit pudu blanc tout mignon, innocent !

« Ben écoute, on verra le jour où tu me présentes ta mère ! »

J’éclate de rire ne l’imaginant pas une seule seconde prendre les devants pour ce genre de chose. De mon côté, je n’irais pas non plus le présenter il faut dire. J’ignore ce que dirais les darons et Jack a déjà bien assez tenté de le niaquer pour que je me dise que même là, les présentations étaient un poil trop précoces. Je souris et grimace tout à la fois à sa remarque sur mon frère.

« Très honnêtement … il a déjà essayé, c’est juste que j’l’ai retenu. On va dire que j’ai une marque de dent dans le dos et je t’assure que c’est pas celle du chaton donc estime toi heureux de pas l’avoir vu encore sous son autre forme. »

Je lève les yeux au ciel, j’ai juste omis de lui parler de ça. Il faut dire qu’on parle de pleins de trucs, mais pas de mon frère vu que j’ai un peu fait exprès de pas lui dire de suite qu’il est présent à bord.

« Ah oui, excuse moi, j’ai oublié de te dire, mais le petit pudu et le chaton, ce sont plutôt les formes citadines, histoire qu’on ne se fasse pas trop rôdé et encore pour moi ça marche pas des masses. Mais sinon, je suis une biche toute aussi blanche. »

Je lui adresse un clin d’œil avant d’ajouter :

« Je te montrerais une autre fois. »

Le grand lion blanc à bord du navire, j’ose juste espérer que Jack ne s’amusera pas à poursuivre la fée sous cette forme, je me sentirais trop mal. En attendant, j’ouvre grand mon bec après sa démonstration de dégustation de tapas, j’ai juste envie d’essayer. Toutefois … j’avais oublié que je suis tellement adroite que je m’étouffe presque et rigole comme une pintade après un échec critique. J’avale tant bien que mal ma bouchée et me blotti contre le pirate. Zut alors ! J’aime bien me retrouver dans ses bras, c’est là que je me dis que vraiment, je le fais pas assez.

« Tu crois que si je m’étais étouffé t’aurais pu rétrécir et aller chercher le morceau ? »

J’ouvre de grands yeux interrogateurs en direction du brun. Non, mais c’est une vraie question ! Comme dans « Chéri j’ai rétréci les gosses » ou plutôt « il était une fois la vie ». Y’a pas un moment où ils se miniaturisent dans un corps ? Je sais plus, ça date de y’a trop longtemps tous ces trucs.



Un cri ? Le navire tangue et m’expulse de la couche de la fée … dont je déplore l’absence à l’instant même où je me rends compte que je vais mourir. Non, mais c’est sûr. Je vais mourir. Je suis seule, sur un bateau, au milieu de la mer et personne pour me dire comment nager. J’ai su, mais j’ai oublié. Paniqué comme pas deux, je me mets à hurler le nom de mon cher et tendre sans que cela ne semble le moins du monde le faire venir. Des larmes grosses comme des pois chiches ruissellent le long de mes joues et je regarde les autres partir vers le pont. Franchement, un gamin de 5 ans aurait plus de contenance que moi à cet instant.

« Peter ? »

Ce n’est plus qu’un sanglot entre deux hoquets, mais j’espère toujours le voir arriver, me serrer dans ses bras et me dire que tout va bien se passer. Pour le coup, je perds la notion de ce que je devrais faire et monte les marches qui m’amènent à la cohue générale. Un vague déferle et inonde le plancher et les gens présents avec, moi compris. Un nouveau hoquet et plus de larmes me saisissent alors que j’ignore toujours où se trouve la fée. Une autre vague heurte de pleins fouets le navire qui dérive et je perds l’équilibre. Je dévale les marche en roulant et cri une fois encore. Arrivée en bas, je tremble comme une feuille, c’est pas moi la courageuse de la famille ! Il est où mon putain de frère quand j’ai besoin de lui ? Pour finir je prends ma forme de pudu et me recroqueville sur moi-même. Ouais, ouais ! Le gros lion planqué à la cale, c’est lui le plus courageux, je vous assure. Bientôt, je vois passer plusieurs humains que je finis par suivre, une femme qui aide un homme et tous deux descendent à la cale. Je les suis discrètement jusqu’en bas. Mon cœur rate un millier de battements alors que je vois un immense lion blanc trôner au milieu des humains, mes sabots claquent sur le sol alors que je fonce vers lui et m’enfoui dans sa crinière, je me frotte également contre la main de l’humaine qui lui fait un câlin. Elle aussi elle a compris que Jack est le meilleur doudou de réconfort au monde ? Je reprends forme humaine et toujours en train de pleurer toutes les larmes de mon corps, m’adresse au félin.

« J’ai peur Jack. »

J’essuie ma morve dans sa crinière … il trouvera bien 5 min après la tempête pour laver son pelage, mais là, j’ai pas moyen de contrôler les fluides qui s’échappent de mes narines ou de mes glandes lacrymales.

Définitivement, je n'ai pas le pied marin, même si j'échappe au mal de mer. Enfin, il y a toujours quelque chose à faire ici, assez pour ne me laisser que peu de temps pour penser au fait que Anya me manque et que je ne saurai définitivement pas vivre bien longtemps sans elle. Tout en me faisant un résumé mental complet de tout ce que je vois pour le lui raconter au retour. Sans doute qu'elle en aura autant à me raconter sur sa Russie natale, elle qui n'a pas eu le loisir d'y retourner depuis plusieurs décennies.
Je profite également de la traverser pour apprendre à manier cet étrange don que je semble développer depuis peu de temps. J'avais bien remarqué que certains patients guérissaient plus vite en ma présence, sans savoir comment ça fonctionne exactement. Loin d'être expert, bien que je manie ma pyrokinésie d'une main de maitre, je préfère autant essayer de faire quelque chose face à des échardes que face à des blessures potentiellement mortelles. Je cherche encore le mécanisme, pour être honnête, mais quoique je fasse pour y parvenir, je fais plus de bien que de mal, et ça, c'est déjà pas mal. Bon, je suis bon à m'offrir une sieste derrière, autant dire que sur une garde de dix heures c'est pas terrible, mais il parait qu'il reste un mois de traversée, ça aide. D'ici là, j'espère être capable d'en faire quelque chose, même s'il est plus facile pour un enfant qu'un adulte d'apprendre à manier un don. La curiosité d'un enfant l'aide à découvrir plus facilement les automatismes. Si c'est pas le cas pour tout le monde? Contrairement à d'autres qui se disent qu'il ne fait pas grand effort, je comprend les réticences de Nath en la matière. Ce que je comprend moins, c'est qu'il ai omis d'avoir cette conversation avec sa fille en temps et en heure. C'était pourtant pas bien compliqué, si?

Parlant d'Elaine? Elle n'a pas encore réussi à se casser la jambe une nouvelle fois, ce qui est déjà pas mal. En revanche, j'oublierai de prévenir Nathan qu'il risque d'avoir un gendre à rencontrer. Chacun ses emmerdes. Parlant d'emmerdes, les murs sont pas assez épais sur ce navire. Pourquoi? Parce que ce cri, c'est horrible. Enfin, ce n'est rien à coté de la tempête qu'il annonce. Chutant lourdement du hamac dans lequel j'avais déjà eu bien du mal à monter (je vais le cramer avant la fin du voyage, je vous le promet), je finis par remonter sur le pont, à la suite de nombreux autres. Pour trouver l'équipage en mauvaise posture et de nombreux inconscients en moins bonne situation encore. Mon attention se trouve cependant occupée par une lampe à pétrole qui tombe au sol à quelques mètres de moi, l'essence se répandant au sol continuant à se consumer malgré le bois détrempé sur lequel elle est tombée. Je tend une main vers la trainée de flammes, lui faisant prendre la forme d'une boule de feu avant de l'appeler dans ma main, que je referme dessus pour l'étouffer. J'aurai tout aussi bien pu l'éteindre de loin. Mais avec un combustible, je préfère la prudence.

Une vague traverse le pont, détrempant tout et tout le monde à bord, et je me retiens d'une main au premier morceau de bois fixe que je trouve, pour m'empêcher de partir avec le ressac de la vague. Le tout pour glisser sur le bois trempé du pont et manquer m'étaler de justesse. Bon, que j'utilise mes dons ou pas, je reste avant tout porté sur le secours à autrui. Alors je me glisse vers le blessé le plus proche pour tâcher de me rendre utile. Pas que j'ai une trousse de secours sur moi, mais pour faire un garrot, ou une autre opération nécessitant peu de matériel, je suis dispo.