Jusqu'au Bout Du Monde - ft everyone !

Peter en vrac ? Ok, je finis presque en pot de colle, mais avoir cru le perdre, ça m’a mis un coup à la tête figurativement. C’est cucul, je me suis juste rendue compte que j’l’aime plus que juste bien. Il est drôle, gentil, intéressant, beau … et j’ai tous ces petits papillons qui remontent de mon bas ventre, caresse mon cœur et mettent des paillettes dans mes yeux avant de prendre un envol vers les cieux qu’ils dominent de ses ailes majestueuses. Oui, oui ! Je l’aime. C’est donc avec une certaine résolution que je m’allonge à ses côtés alors que le navire a enfin repris le large depuis quelques heures. Sa capitaine lui autoriser – voire ordonner – de prendre une pause salvatrice. Mon pirate donne un milliard de sa personne, et il finit en confetti dès qu’il s’étend sur son hamac, à peine quelques heures et il repart fissa. Définitivement, je vais devoir le kidnapper sur terre pour qu’il se permette de passer plus de trois heures à mes côtés sans penser au taf. Mon bras capture le sien et je me love contre lui alors que le balancement de l’eau nous conforte qu’aucune tempête n’est prévue pour le moment. Je dépose un baiser sur l’arrête de sa mâchoire et sa barbe naissante me picote le bout du nez. Ça doit faire partie des supers pouvoirs des fées, il a travaillé sans relâche pendant des heures et le voilà qu’il sent presque la tartelette aux fraises. A moins que son pouvoir c’est de me faire penser à mon dessert préféré. Un sourire s’esquisse sur mon visage et je m’aventure à glisser quelques mots à son oreille sans savoir s’il dort ou non.

« Peter, je suis amoureuse de toi … »

Je n’attends aucune réponse de sa part et de toute manière je m’endors presqu’immédiatement après avoir prononcé ces quelques mots.

Lorsque nous arrivons à notre destination, j’aime autant vous dire que la scientifique en moi a du mal à se contenir. Je prends un millier de note pour retranscrire tout ce dont je me souviens des dolines et du trou de Belize plus particulièrement. Après avoir couché sur le papier mes pensées, je jette un œil aux baigneurs. C’est à ce moment-là que mon homme se jette du haut du mat et effectue quelques cabrioles avant de plonger dans les eaux tropicales. Je n’arrive pas à réprimer un cri de stupeur avant de me souvenir que ces ailes sont un atout considérable et que ce n’est sans doute pas la première fois qu’il effectue un tel tour. Je dépose mon carnet et le ferme avec l’intention de ne pas me laisser envahir par mon travail au moment où Peter a décidé de s’amuser. Prévenante, je n’ai qu’à faire glisser ma robe pour me retrouver en maillot de bain et je saute du plongeoir afin de le rejoindre ainsi que d’autres comparses.  Sur le pont j’adresse un signe à Jack qu’il ne voit même pas puisqu’un sorcier le jette par-dessus bord et je cris une fois encore connaissant l’amour de mon frère pour la flotte. Toutefois, il est trop loin de moi et le pyro saute à ses côtés et je devine que mon frère lui donne du fils à retordre. Ça lui apprendra à jeter un chat à la mer. Rassurer, je continue de nager vers ma fée qui nage aussi bien qu’il vole, j’ai l’impression d’être une ado lorsque mon regard se pose sur son torse nu, puisqu’il ne porte que son propre maillot de bain et le feu me monte aux joues. Je vous ai dit que je le trouvais beau ? Ah bon, je me répète alors !

« C’est trop beau comme endroit ! Tu aurais dû me dire qu’on venait ici, j’aurais pris mes instruments de mesures et … »

Le rouge aux joues s’embrase d’autant plus alors que je me rends compte comme je me suis encore perdu sur mon taf.

« Désolée, j’ai dû mal à décrocher … c’est juste que, ça colle avec mon projet. »

On ne va pas en parler, ce n’est pas le point et je n’ai pas encore assez d’éléments pour le présenter à la communauté scientifique non plus.

« Bon et sinon, vous avez d’autres surprises de ce genre ? »

Je nage vers lui pour effacer la distance qu’il reste entre nous. Il reste toujours aussi secret sur les projets du Hollandais, je vais bien finir un jour par savoir tout ce qui se complote et surtout j’espère qu’il va se permettre de prendre un peu de repos et peut être que j’envisagerais même de lui présenter autour d’un repas, mon frangin … le chaton aura intérêt à bien se tenir

Il m'aura fallu plusieurs heures, plusieurs jours pour me remettre de mes émotions. Je ne me souviens pas d'avoir sauvé quelqu'un d'un bout du mat qui se brise, ni de mettre retrouver à l'abri grâce à Tomas ou ensuite grâce à ma tante. Je ne me souviens pas non plus des heures suivantes le temps d'arriver sur l'îlot et de soigner les blessés les plus graves. J'en ai des flashs back en faites c'est tout. J'ai cessé de trembler lorsque Tyha et Tomas me rejoignent, mais je ne dis pas un mot pour autant. Tyha nous annonce qu'elle va aider un peu et Tomas me parle pas mal, avant de lui aussi s'absenter. Je reprends la parole après une nuit de silence, sans manger; comme si je me réveillais d'un cauchemar. Les jours suivant nous nous baladons ensemble, nous reprenons tous du poil de la bête et nous prions pour les morts; prions, chacun à sa propre vision de ce mot, personnellement je prends simplement du temps près du feu le soir pour revoir leur visage avant que les pirates ne les envoient sur les flots pour ensuite brûler les radeaux. C'est ce souvenir là, une fois les visages et les esprits apaisés, que je décide de garder en mémoire. J'aide comme je peux, avec la cueillette et je m'essaie à la pêche avec ceux là même que je regardais jouer aux cartes lorsque tout cela à commencer. Un jour que nous sommes posés autour d'un feu, Tomas nous demande de lui parler de nos pouvoirs.

- Tu sais déjà tout des miens... Des plantes qui s'épanouissent et d'autres qui meurent... enfin ça arrive moins souvent que la première fois qu'on s'est vu quand même, c'est plus aussi systématique.


Le trou de Belize ... Tyha demande ce qu'on fait et Tomas rétorque qu'on va aller nager. Il part se changer en un rien de temps. Je souris à Tyha et nous allons faire de même. Il saute un moment avant nous. Je prends le temps d'observer la vue, l'eau bleue à perte de vue. Je me demande ce que c'est ce trou au milieu de ce je crois être du corail et je ne demande pas plus d'informations aux matelots de peur de reculer devant le précipice. Nous finissons par le rejoindre. Le saut m'effraie moins que la première fois. Nous nous retrouvons non loin du kitsune. Un seul regard entre nous deux suffit pour nous mettre à l'éclabousser. Le jeu dure ainsi un certain temps. Nous nous décidons ensuite à faire le tour du bateau pour le voir de plus près. Lorsque nos lèvres commencent à blanchir malgré la température chaude de l'eau et à fatiguer nous retournons à reculons sur le pont. Nous nous étalons de tout notre long, persuadés que nous ne gênerons pas puisque même les pirates profitent un peu de cet arrêt.
Soudain alors que nous discutons avec Tyha de tout est de rien, deux hommes passent derrière nous et le premier rit en parlant du kraken et des touristes qui se baignent la dedans sans en avoir peur et enfin dire que nous sommes inconscients. Je blêmis...

- Il plaisante n'est-ce pas ?

Tomas s'est endormit, mais sous le choc de cette phrase je ne peux m'empêcher de serrer fort son poignet, sans pour autant quitter Tyha des yeux, en attente de réponse. Je suis censée être forte pas vrai, c'est ce que me dise toujours mes parents et ce que je pensais aussi jusqu'à cette traversée, mais là trop c'est trop.

Juste le temps de tenir debout sans m'étaler dans le sable - comptez une petite heure quand même, j'ai beau être pirate depuis plusieurs années, les bains à remous, c'pas ma came - et je trouve le moyen de me rendre utile aux travaux de réfection du navire. Si on a essayé de me faire remarquer que je devrais prendre deux minutes pour souffler avant de rejoindre - pour de vrai cette fois - la liste de nos chers disparus ? (Remarquez que je vais regretter sincèrement de ne plus risquer de me faire enfermer dans une lampe à huile dès que je me pointe dans la cuisine). Pas vraiment. Il se trouve qu'un péquin avec des ailes, et qui sait ce qu'il fait (donc on oublie l'espèce d'ange), c'est un minimum utile pour faire des réparations en haut du mat. On m'enverra me reposer plus tard, quand mes ailes me porteront plus. Et un truc à savoir sur les fées... on n'aime vraiment pas perdre de temps à dormir. Quoique mon coté humain me rende plus sensible à la fatigue que les autres. J'en cherche encore les bons cotés, en vrai. Bref.

Reprendre la mer et les automatismes qui vont avec n'est pas pour me déplaire. J'ai perdu mon pied terrestre il y a un moment, et si y a pas un bar pour m'aider à tanguer un peu, je suis même capable d'attraper un bon vieux mal de terre. Bon, le truc qui change, c'est que je dors un peu plus dans mon hamac - et en bonne compagnie - que dans le nid de pie. Honnêtement, j'pique un petit roupillon là-haut entre deux vérifications du cap et de la tranquillité des alentours, mais c'est juste par flemme de redescendre.

Le trou de Belize? Ouais, il est habité, c'comme le Loch Ness, le Michigan, ou la boite aux lettres de la maison abandonnée. Dans le dernier cas, j'accuserai des leprechauns, et pour le reste, je vous laisse découvrir. Allez savoir, on aura peut-être le droit à la visite d'un Dragon d'eau ou d'un serpent de mer avant la fin du voyage. Pour ma part, je laisse certains de mes collègues et pas mal de touristes sauter à l'eau les premiers, gardant la lunette à l’œil pour m'assurer que le coin est sur, avant de retirer ma veste et mon gilet avant de sauter à l'eau. Depuis mon perchoir? Ben, disons que le vertige, je connais pas, que je l'ai déjà fait un millier de fois, et que j'ai une paire d'ailes au besoin. Donc ouais, depuis mon perchoir. Et je me permet même de sauter en arrière, m'offrant une pirouette en cours de route. Quitte à faire de l’esbroufe...
J’atterris dans l'eau tête la première, sans y provoquer plus d'éclaboussures que ça. La faute à mon poids plume et à une entrée dans l'eau avec un angle optimal. J'connais mon métier, les plats, c'pas pour moi. Je remonte à la surface, glissant une main dans mes cheveux pour chasser quelques mèches rebelles de mon front, avant de m'écarter pour éviter le métamorphe, qui lui va s'offrir un plat fabuleux. J'crois que j'pourrai le faire monter sur la planche, rien que pour me refaire cette scène. Tiens, y a longtemps qu'on a jeté personne aux requins, croyez qu'on a perdu la main?

Perséphone finit par me rejoindre d'une nage plus adroite que son frère occupé à faire couler un sorcier, et je l'écoute distraitement quand elle me dit qu'elle aurait du amener ses outils de mesure. Mon allergie au travail se réveille là. Si moi aussi je suis un bourreau de travail? J'appelle pas ça un travail, c'est un divertissement perpétuel, ce job. Parole de fée allergique au travail.

"C'est exactement pour ça que j't'en ai pas parlé. J'crois que la cap'taine avait écrit "vacances" sur la brochure."

D'autres surprises? C'est le moment où j'entends deux de mes collègues, restés sur le pont, parier sur le nombre de touristes que le kraken emporterait avec lui dans les profondeurs. Très spirituel, vraiment. Vrai que d'ordinaire, on compte sur la vigie pour repérer ce genre de problème.

"On en a. Mais la définition d'une surprise c'est de rester secrète. J't'aide à remonter?"

Disant ça, je fais apparaitre mes ailes dans mon dos, devant lutter un peu plus que d'ordinaire pour décoller, l'eau retenant mes premiers battements d'ailes, avant de rester en vol stationnaire au dessus d'elle, attendant qu'elle n'attrape ma main pour la remonter sur le pont du navire. Ce qu'il me reste à faire? Nan, pour une fois, je compte trainer un peu sur le pont. Surtout parce que je sens qu'on va avoir plus d'un flemmard qui ne va pas vouloir remonter à l'aide du filet de cordes.

Alors que tout le monde détend ses muscles endoloris, certains pirates préparent la surprise suivante. Les plongeurs ne vont pas être en reste puisque bientôt un navire à moteur d’une taille bien moindre vient accoster le Hollandais et délivre quelques fournitures supplémentaires. Effectivement, pour les plus aguerris, les plus téméraires ou juste les curieux, la Capitaine, Peter, Marius et d’autres entreprennent de convenir d’une excursion dans les profondeurs abyssales.
Bien sûr, rien ne vous oblige à suivre la clique qui enfile sa tenue de plongée au grand complet, mais attendez-vous à revenir avec de profonds remords.
Une fois tout ce beau monde habillez, les pirates lead vers la noirceur aquatique sur les conseils d’un spectre que seul Marius peut voir. Cela a nécessité des jours de préparation pour n’omettre aucune mauvaise surprise et anticiper toutes sortes de solutions. Il est hors de question de perdre encore ne serait-ce qu’une seule âme et la capitaine a été intransigeante. Le regard sévère, elle jette fréquemment des coups d’œil au meneur pour s’assurer qu’il n’hésite pas lors de son déplacement. Pour tout dire, il est même bien trop excité pour la laisser calme, le nécromancien jubile et un sourire constant s’affiche sur son minois d’enfant. Le regard perçant de la fée garde ses vertus dans ses eaux profondes et Liane se sent rassuré de le voir à ses côtés. Ils ont tellement d’heures de navigation ensemble, qu’elle ne s’imagine plus sans lui et la mort du cuisinier n’aide pas à la rendre plus flexible sur ses sentiments. D’un point de vue extérieur, la relation qu’entretien la capitaine avec son équipage pourrait paraître pour un maternage sans le côté malsain et étouffant. Juste une bonne dose de bienveillance et de bon moment.

Alors que vous continuez de vous enfoncer, les poissons multicolores deviennent de plus en plus rares, quelques requins essayent de vous approcher, mais un étrange dragon d’eau passe non loin de vous et vous pourriez être convaincu de l’avoir vu faire un clin d’œil : un autre métamorphe ou créature du genre ? En tout cas, le spectacle de sa présence, de ses ondulations vous laisse sans voix et le groupe de plongeurs restent un moment à le regarder veiller sur vous. Mais Marius vous fait comprendre qu’il faut continuer et vous sentez l’ombre impressionnante du dragon qui continu de veiller sur vous.

Bientôt le gouffre s’élargit et vous apercevez une immense cavité sur le côté, le sorcier vous indique qu’il vous faut la rejoindre et vos palmes vous propulsent avec grâce dans cette direction, le silence comme compagnon et votre vue qui semble de plus en plus difficile à acclimater. Soudainement, vous vous demandez comment vous faites pour supporter la pression. Le nécro ne vous a rien dit, mais le matériel est enchanté pour l’occasion : vous ne manquerez pas d’air et ne souffrirez pas des changements de pressions. Les requins pourraient bien vous mordiller un orteil qu’ils s’y casseraient leurs dents. Enfin bref, ne vous inquiétez pas pour les menus détails et profiter.

Après plus d’une heure à nager, vos membres commencent toutefois à devenir endoloris, vous vous arrêterez bien, mais où ? La réponse ne tarde pas à arriver. Sous vos yeux médusés, une cité entière apparaît et vous rester sans voix, ça tombe bien, il est impossible de parler ici. Mais quel n’est pas votre surprise quand un convoi de sirène et de triton vous aborde, sourire aux lèvres et vous parent d’une bulle magique qui englobe votre tête. Sans comprendre, vous observez le jeune sorcier retirer son masque et cesser d’être oxygéné sans aucune crainte, bientôt sa voix, claire et nette, vous parvient alors qu’il salut vos hôtes. Il adresse un clin d’œil à l’assemblée et vous invite à l’imiter.

« Je vous présente les sirènes de Belize, ces charmantes personnes nous autorisent à visiter leur ville et même aller apercevoir leur invité du moment … le Kraken ! Sachez-le, il est légèrement excentré à une dizaine de minutes après la sortie de la cité et c’est un véritable amour. »

D’un geste convaincant il hoche la tête et désigne une direction pour ceux qui le souhaitent.

« Il y a pas mal de marché avec des objets uniques, des œuvres d’art et autres souvenirs, vous pouvez aussi en profiter pour découvrir leur culture, c’est extraordinaire. »

Toutes les sirènes ne sont pas aussi pacifiques, mais celles-ci sont habituées plus ou moins à recevoir de la visite et n’ont jamais montré le moindre signe d’hostilité, bien au contraire. Actuellement, ils aident le Kraken à prendre du repos. Etre une légende vivante, couler des navires, terroriser des marins, c’est fatiguant, c’est pourquoi, entouré de ces êtres, il se montre le plus adorable des octopus, mais ne vous aventurez pas à le revoir en dehors, vous ne le reconnaîtriez pas.

Bonne promenade aquatique à tous !

Nous avons trouvé tout ce qu'il nous fallait et nous avons pu reconstruire tout ce qui avait été détruit lors de la tempête. Nous avons pu repartir et arriver au trou de Belize. Ça a demandé un peu de préparation, mais nous sommes fin prêt pour une petite excursion sous-marine et je serais du voyage. J'ai un peu de mal avec ces combinaisons moulantes en caoutchouc ou je ne sais quelle matière, mais c'est ce qu'il se fait de mieux et je ne tiens pas à perdre de nouveaux passagers et amis. Nous nous changeons. Morgane est remise, elle veux venir avec nous, je n'y vois pas d'inconvénient. Marius explique le programme aux passagers et une fois changée, je me dirige vers la passerelle et plonge. Je sors la tête hors de l'eau pour attendre tout le monde. Morgane me rejoint en deux mouvements de brasse et je prends sa main dans la mienne. Une fois tous les participants arrivés, je me tourne vers Marius pour le suivre. Il est celui qui sait où nous allons aujourd'hui; encore une histoire d'esprit. Nous nous enfonçons rapidement dans les abysses. Je suis toujours autant époustouflée par les animaux que l'on peut trouver dans les fonds marins. J'aime particulièrement les tortues. J'ai soudain des étoiles plein les yeux... oui au sens propre... une histoire d'étoile de mer aux couleurs des plus flashy. Je sens toujours la main de Morgan dans la mienne.
Je profite de ce périple pour laisser passer tous les souvenirs qui me passent par la tête. Pablo est dans beaucoup d'entre eux et pas toujours dans des scènes très catholiques si vous voyez ce que je veux dire. Dans beaucoup d'autres, nous fêtions nos cinq ans de vie commune avec Morgan et Pablo en tant que cuisinier avait jouer les traiteurs.

Malgré tous les obstacles qui se mettent sur notre route : intempéries, décès, surnaturel, je pouvais parfois regretter des décisions, mais jamais ma vie. Alors imaginez un peu lorsque je suis arrivée devant une cité ressemblant de loin à celle d'Atlantis. Je suis ébahit. J'aperçois des êtres qui s'approchent de plus en plus de nous, cheveux ondulant par la force de l'eau, nageoire battant sous leur force pour avancer et ils sont là en un rien de temps. Je laisse toujours Marius nous guider, sans le lâcher des yeux. Ce petit me plaît plutôt pas mal et je vais probablement le garder, mais parfois il est, disons qu'il pourrait assez vite m'agacer à tout savoir sur tout avec ses esprits. On verra bien ! Pour l'instant, il fait son taf et même un peu plus. Je tourne le regard vers celui émerveillé de Morgan. Comme nous tous, pirates, elle a une préférence pour la vie marine.
Nous avons désormais un choix à faire : la cité ou le kraken. Je vote pour le kraken, tout comme ma chère et tendre. J'attends de voir qui se dirigent où pour suivre le groupe qui ira jusqu'au céphalopode.

Nous l'atteignons au bout de quelques minutes de nage. Il loge dans une grotte dont ses tentacules dépassent. J'imagine qu'il nous entend ou nous sent puisqu'il sort avant même que nous nous approchions trop près. La première chose que j'aperçois de lui est la lueur jaune de ses yeux. Rien que de repenser aux légendes sur cette créature j'en ai des frissons. Il est si grand ! Tout en lui est si effrayant. Chaque tentacule sort de sa grotte avec une certaine lenteur, ça me donne l'impression qu'il se laisse glisser plus qu'autre chose. Son corps fait une bonne quinzaine de mètres de hauteur, alors imaginez en entier. Mais pourtant il est si calme face à nous que j'aurais presque envie de croire le discours de Marius, sur le fait qu'il se sente apaisé ici.

J'ai beau avoir fait de la mer mon environnement, ma place en haut du nid de pie, et non dans un sous-marin, prouve, à mon sens, que je préfère quand même les airs à l'eau. Et surtout aux profondeurs. Ahhh pis y a un autre truc qui va pas le faire dans cette idée à la con. Les costumes. Déjà, ils collent, c'est horrible. Ensuite, c'est pas confortable, fin ça va avec. Enfin, le noir me va pas au teint, du tout. J'suis une fée quoi, j'aime la couleur. Et là c'est triste. Bref, j'ai une envie folle de rester sur le pont, bien au sec, à profiter de la vue. Mais il parait qu'on en a besoin, justement, de ma vue, dans les bas-fonds. Parait que c'est le contre-coup d'un métier sympa, parfois, c'est moins sympa. Enfin, mon exubérance habituelle restera au  placard ce coup-ci, et je me contenterai de suivre le groupe sans plus d'excitation que ça - ok, aucune -, gardant cependant ma vue aux aguets, parce qu'après tout, c'est là la raison de ma présence ici. Les sirénéens et leur cité? Mouais. Le Kraken me fascine un peu plus, je dois l'admettre, mais c'est compliqué de captiver une fée qui n'a pas envie de l'être, croyez-moi. Ok, en vrai, si Marcus a dans l'idée de réveiller le monstre, je vous promet que je le lui donne à bouffer. Le pirate, à manger au monstre, si ma phrase était ambiguë. Je doute que Marcus ait l estomac pour une telle fricassée de poulpe. L'idée face à un lion, c'est de courir plus vite que le voisin. Face à un Kraken et quand on est pas doué avec des palmes, j'me dis que offrir le voisin comme bectance peut être un bon plan... Ok, je dis pas non à une bulle d air, parce que voici l'idiot qui essaye de parler sous l'eau... Et qui est en train de se demander si il ne nagerait pas mieux en battant des ailes qu'avec ces palmes qui arrêtent pas de se freiner et d offrir une résistance pas possible à l eau. Oui, en passant, ça explique pourquoi la vigie, qui devait pourtant ouvrir la voie, se retrouve à la traine. La fée a oublié son diplome de nage sous-marine!

Brosser cet oiseau de malheur fait partie de mon quotidien depuis plus de quinze ans. Je ne rate pas l’occasion de glisser mes doigts dans ses plumes, dans les endroits que je sais particulièrement sensible. Je me délecte des sons qu’il essaye d’étouffer le plus possible. Me grisant particulièrement l’esprit d’image des plus sensuelles possible que je dois aussi réprimer le plus possible s’il ne veut pas que nous nous téléportons à la maison. Il m’en voudrait grandement de gâcher la fin du voyage de cette façon, surtout que j’ignore toujours où nous sommes dans cette étendue d’eau, donc impossible de revenir. Ma téléportation ne fonctionne que si j’ai déjà vu ou si je suis déjà aller là où je veux aller  en pouvant me localiser géographiquement. Mais je n'ai pas mon portable avec moi et l’équipage reste très vague sur le sujet. Alors, je me concentre pour ne pas fléchir. Sauf que je remercie cette halte pour poser pied sur la terre ferme, cela aide à améliorer mon humeur changeante de ces derniers jours.

Avec la tempête, j’ai du mal à conserver mon avatar, mon apparence démoniaque reprenant le dessus à chaque fois. Ma guérison est lente, l’eau salée qui me brûle à chaque tentative d’entrer dans l’eau commence à me peser. Au moins, je sais que je ne fais pas d’infection avec l'affirmation d'Inaya, mon parrain a fait du bon travail en me soignant de manière rude et qu'avec toute cette eau salée qui agit en désinfectant naturel. Sauf que la guérison met plus de temps et cela m'énerve et cela se remarque sur ma légère prise de tête avec moi-même. Le beau tableau que je lui offre, mais j’ai quand même un petit sourire en coin lorsqu’il me répond, je reste néanmoins pensif.

-J'vais toucher l'eau avant que tu me sauve, idiot. Le navire fait a peine deux étages de haut….

Je baisse les yeux sur mes mains parcourues de flammes…

-Je deviendrais sans doute un bloc de magma? Je ne veux pas l'expérimenté...

J'ai jamais testé a dire vrai. Je sais que la lave et l'eau ne font pas bon ménage. L'eau bout à un tel rythme qu'elle devient gazeuse et que la lave se solidifie en formant le magma. Je ne souhaite pas l'expérimentation sous cette forme. Je le suis des yeux quand il s'approche en le laissant faire, les flammes venant doucement danser sur lui. Elles l'aime bien et moi aussi. Je n'arrive pas à défaire mon regard du sien. Il peut même lire, la surprise sur mon visage, est ce qu'il vient de proposer ce que je viens d'entendre? La réponse ne se fait pas attendre, que je l’embrasse et nous téléporte dans la cale, le navire est à l'arrêt non? Vous devinez la suite? Jamais, je n’aurais imaginé une telle demande de sa part! Cet ange a un don particulier, lorsque je rumine du noir de me faire changer d’avis en un tour de main. Sa proposition m'a surpris et ne me laisse pas indifférent, je frissonne de plaisir.

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Depuis que nous avons repris le voyage après la tempête, je suis de meilleure humeur. J'ai réussi à garder un peu plus longtemps mon avatar, sauf qu’il me lâche dès que je m’endors ou dans d'autres circonstances. J’ai rapidement abandonné de m’endormir dans un hamac sous mon apparence démoniaque, je me suis retrouvé au sol au moins trois fois. Je dois avouer que mon matelas me manque de plus en plus. Ce matin-là, je me réveille tardivement, au bruit d’un moteur à bateau. Depuis quand le hollandais volant avait un moteur d’ailleurs? Je m’habille vite fait avant de monter sur le pont, je suis légèrement perdu et grogi, mais ou sommes nous?  Que c'est beau, j’entend la destination et le planning offert de la plongée sous-marine. Je retrouve l'ange noir et me place a côté.

Nous voilà donc au trou de belize, intéressant. Le calvaire enduré en valait la peine. Est-ce que je plonge ou pas? Je tiens de plus en plus sous ma forme humaine, qui menace de disparaître pour ma forme démoniaque à tout moment. Je me questionne sur la décision que prendra mon fiancé en le rejoignant.

-Tu plonges?

S’il plonge, je peux bien tenté, mais je ne garanti rien. J'espère que la combinaison est un peu imperméable, la sensation de l’eau salée sur mes brûlures n’est pas la plus agréable. Parce que oui, mon avatar affiche ces brûlures là aussi. Je l’enfile avec difficulté et saute à l'eau, eau salé/brûlure, ne font toujours pas bon ménage je grimace en remontant à la surface. Elle me brûle moins qu’au début, j'arrive à gérer, du moins j'espère bien.  Qu’il me suit et me voie hésite en me frottant la joue. Tandis que les autres plongent, il m'entraîne par la main pour le suivre en me disant: Viens sinon, tu vas regretter de ne pas m’avoir suivi… Ses pas faux, cette expérience ne se présentera peut être plus. Alors j’endure mon mal, après quelque minutes, je ne ressens presque plus rien venant de mes blessures, trop obnubilé par la beauté de l’endroit.

Marius lui explique le phénomène géologique qui a donné cette merveille. Il s’agit du résultat de la montée des eaux lors de la période glaciaire. En effet, ils ont inondé les grottes et le plafond s’est effondré, ne laissant que cette intensité bleue. Pendant qu’il pousse un sourire d’extase, Amélie regarde de nouveau le trou du Bélize.

« C’est tellement beau… »

Il ajoute qu’il aurait besoin de son aide pour certaines choses. Bon, il pense aussi à d’autres, mais ils savent tous deux que ce n’est pas le moment. Il lui demande de prévenir les sirènes du Bélize de l’arrivée des autres passagers et de l’équipage une heure plus tard. Elle accepte avec joie, ravie de voir des congénères de sa mère. Elle enlève ses vêtements, ne gardant que son maillot, et elle plonge dans le trou.

Dès qu’elle entre dans l’eau, elle s’émerveille de ce qu’elle découvre sous l’eau, admirant les algues colorées, les poissons variés et les petits coquillages. Quand des requins commencent à s’approcher d’elle, elle sent son estomac se nouer mais remarque leur air intimidé. Un dragon d’eau passe assez près d’elle. Elle essaie de le saluer mais il hoche la tête sans essayer de lui parler. Il continue juste de veiller à sa sécurité.

Environ une heure plus tard, elle fait face à une cité sous-marine, qu’elle admire aussitôt. Même en différant d’Atlantis, elle est aussi magnifique. Comment font les créatures marines pour construire des villes aussi époustouflantes ? Voyant un convoi de tritons et sirènes, elle leur annonce l’arrivée des autres passagers dans une heure. Dès qu’on va lui une bulle d’oxygène, elle précise n’en avoir pas besoin. Quand on l’interroge sur sa tenue, elle répond qu’elle respire sous l’eau car elle est une demi-sirène. On lui propose de voir le Kraken, qui se repose en périphérie de la ville, ou de visiter la ville. Le Kraken est sûrement fascinant et elle pense qu’elle aurait peut-être le temps de le voir. Mais pour le moment, la ville et la culture de ce peuple l’intéressent davantage.

Elle qui ne voulait pas que son frère soit là lors de la tempête, elle aurait aimé qu’il soit à ses côtés en cet instant, sûre qu’il aimerait aussi. En ce moment, il passe ses vacances en Grèce, sans doute un peu pour les visites touristiques dont il parle, mais surtout pour savoir davantage sur leurs grands-parents et peut-être essayer de leur parler. De ce dernier point, elle en est persuadée, même sans lire dans ses pensées. De son côté, même si la culture des tritons et sirènes du Bélize n’est sans doute pas la même que ceux de Grèce, les visites de cités sous-marines lui donnent au moins une idée de comment on peut vivre sous l’eau, à l’écart des humains. Même si elle prétend s’en ficher, elle aussi explore ses origines. Elle le fait juste d’une manière différente.

Emoustillé. Voilà, je peux résumer en un mot ce que je suis en ce moment même et je me dandine et profite de nager à droite à gauche après avoir donné quelques dernières indications à ceux qui voulaient en savoir plus afin de faire leur choix, après, nous pouvons rester autant de temps qu’ils le souhaitent, juste remonter avant la tombée de la nuit. A cette profondeur, je conçois que la notion de jour et de nuit semble incompréhensible et pourtant, ces êtres aussi sont régit par des cycles et le retentissement majeur et l’attraction lunaire qui fait varier sensiblement le niveau de l’eau, les flux et autre. Cela, toutes les créatures aquatiques le ressentent. Je regarde la sirène (demi-sirène me dirait-elle) de notre groupe qui s’éloigne. Elle a eu la gentillesse de prévenir de notre visite et de me confirmer que nous étions attendu sans aucun soucis, je ne doute pas que sa présence est un atout considérable à notre permission d’entrée dans la ville.

Pour ma part, j’hésite aussi, j’ai envie de rencontrer des gens mais … le Kraken !!! Enfin, je me résigne à aller directement contempler la créature et choisi d’aller errer dans les magnifiques avenues qui composent la ville sous-marine. Les tritons me saluent et une horde de mouflets écailleux viennent tourner autour de moi, ils tirent sur ma combinaison, curieux de cette étrange seconde peau qui me recouvre. Incapable d’échanger verbalement, je leur montre avec des gestes et restent un moment à jouer avec eux. Un petit me prend par la main et m’entraîne jusque devant ce qui semble être sa maison. Après quelques mots échangés avec la personne que je suppose être sa maman, la sirène sourit, entre chez elle et ressort avec une truc … de plus près, c’est une brochette de je ne sais quoi et la demoiselle me signe de manger. C’est l’avantage des bulles, je peux y faire entrer la nourriture et goute le met que l’on me propose. Des étoiles doit briller dans mes yeux et je finis en deux secondes, un rire cristallin échappe à la sirène qui se presse de m’en apporter plus qu’elle glisse dans un coquillage puis le referme. Quelle élégante manière de transporter de la nourriture ! Je suis subjugué et la remercie vivement, avant de partir, je passe la main dans les cheveux du bambin et lui adresse un clin d’œil. Il rit lui aussi et retourne jouer avec ses amis. Quel adorable petit bout !

Continuant ma pérégrination citadine, je tombe sur un marché où se vendent mille et une merveilles. Le problème, c’est que je n’ai que faire de possession matérielle et me contente de conserver de magnifiques images mentales de cet endroit et de ce qu’il recèle. Toutefois, ma gourmandise l’emporte et je cède devant d’autres victuailles alléchantes. Les marchands acceptent les échanges et j’offre quelques pièces de notre monde contre de la street food de l’océan, ce n’est quand même pas banal ! Après presque une heure à déambule, je tombe devant une sorte d’antiquaire qui vend des trésors trouvés de par les fonds marins, comment je le comprends ? Simplement parce qu’il détient également des objets de la surface aillant vieilli sous l’eau. Un vieux scaphandre, un vélo, … mais aussi des merveilles de son monde. Parmi toutes ces trouvailles, mon regard s’attarde sur une médaille de ce monde. Une sorte de perle de nacre aplatie aux reflets verts et dont un artiste minutieux à graver dessus une image du kraken … Quoi de mieux que pour me souvenir pour toujours de cette excursion. Je vide mes poches afin d’obtenir le précieux médaillon et le vendeur me le confi en me le mettant au cou. Nous nous adressons un sourire mutuel, content de mon achat et lui de sa vente avant que je rejoigne les abords de la ville.

Cette fois-ci, je m’éloigne de la luminescence naturelle de la cité pour rejoindre un sentier, guidé par un triton au courant de l’excursion des hommes de la surface, il m’entraine ainsi que trois autres personnes vers l’immense créature logée dans une cavité des plus impressionnantes, mais rien en comparaison à lui-même ! Je le regarde mouvoir ses immenses tentacules avec la grâce d’une danseuse. Captivé par ce ballet aquatique, je m’assieds sur une roche et le contemple, un sourire béat sur le visage. Je sais déjà quel sera mon prochain tatouage !

Je ne retiendrais pas de cet après-midi que Lesbus met sérieusement en doute ma vitesse de réaction s'il avait besoin de mon secours. J'ai des choses bien plus importantes à retenir après cette discussion entre nous. Ok, j'ai gardé dans un coin de ma tête son inquiétude concernant le sort réservé à un bloc de lave fumante plongé dans l'eau, mais ma réponse était légèrement à coté de la question.

Dormir par terre? J'ai maudit ce maudit démon à chaque fois qu'on a fini au sol, et ok, au bout de la troisième fois, je l'ai laissé s'installer en hauteur tout seul, sachant qu'il ne tarderait pas à me rejoindre sur les sacs en toile que j'avais réunis au sol pour nous faire un semblant de matelas.
Le matin me trouve sur le pont de bonne heure, à profiter de l'air marin qui circule autour de nous, agenouillé sur le garde-corps en compagnie de la fée du navire. J'irai pas jusqu'à dire qu'on a comparé nos ailes, mais chacun a alimenté la curiosité de l'autre, c'est certain. Verdict de mon coté? Ça a l'air bien trop fragile pour m'aller, ces ailes, par contre, pour le vol sur place, ça a l'air pratique. Les miennes sont plus adaptées pour planer sur les courants d'air. Fin bon, moi quand je m'arrache des plumes, ça finit par repousser... lui, je doute qu'il puisse récupérer un morceau d'aile par magie...
L'arrivée de Lesbus - que j'embrasse rapidement quand il se retrouve à ma hauteur, même si son attention est occupée ailleurs - me détourne de mon analyse, et je pose une main sur son épaule pour regarder ce sur quoi il est concentré. Un bateau pneumatique? C'pas ce que j'aurai pensé trouver près d'un rafiot tel que le Hollandais, clairement.

"T'en a plus à nous dire, papillon?"

Une expédition sous-marine? Mon regard croise celui de mon compagnon quand il me demande si je compte en être.

"Uniquement si tu plonges."

D'accord, plus on s'approche du moment fatidique, plus il semble sur le point de reculer, alors , une fois suffisamment immergé pour être sur que l'eau ne risque pas de lui causer du mal, je me rapproche de lui, attrapant sa main pour l'entrainer à ma suite.

"Allé viens. Sinon tu vas t'en vouloir d'avoir raté un truc pareil. Et si ça va pas on rentre fissa, promis."

Si je sais nager? Pour être honnête, je suis une brêle complète, du genre qui est plutôt capable de barboter en chien pour rejoindre la rive du lac souterrain quand on le jette dedans. Autant dire que les premières secondes sous l'eau sont plutôt une épreuve de force pour moi, mais je crois que je finis par comprendre à quoi servent les palmes. Ok, j'en ai peut-être envoyé un coup ou deux à Lesbus par accident. Enfin, vu le paysage qui nous est offert, je crois qu'il ne m'en voudra pas trop.

Une expedition sous-marine s’organise sous mes yeux émerveillés. Je suis muette tellement je suis impatiente d’en être ! Bien sûr, je ne demande pas à mon félin de frère s’il m’accompagne et j’avoue que si je pouvais, j’laurais bien glisser dans une sacoche pour quand même lui donner le plaisir de découvrir la faune aquatique, mais mon amour de la découverte scientifique n’est pas unanime et je suis même partiellement déçue de voir Peter rechigné à une telle sortie. Un soupire franchit mes lèvres et j’esquisse un sourire, tant pis, moi, je saurais en extraire le meilleur j’en suis sûre. Pour éviter d’envenimer la chose, je laisse ma fée gérer avec ses compagnons le côté logistique et préparation et consignes et … enfin, tous les trucs chiants quoi, pour ma part, je caresse la combinaison que je dois enfiler, d’une matière étrange, je devine que quelque chose n’est pas 100% naturelle. Bingo ! Des combinaisons de plongée magique, un petit cri de bonheur m’échappe et je me hâte de revêtir ma tenue avant de trier quelques affaires pour la plongée. On nous conseille d’emmener un peu d’argent et cela attise encore plus ma curiosité, alors j’en prépare sans doute trop et je révise mes affaires pour faire des concessions. Adieu le calepin, de toutes façon il va prendre la flotte c’est sûr, adieu l’appareil photo, je n’avais pas prévu qu’il faille en prévoir un qui aille sous l’eau et adieux ma barrette à cheveux qui se coince pour la troisième fois contre le masque. Bonjour cependant la mèche rebelle qui vient entraver ma vision en se collant systématiquement par-dessus mon œil gauche.

Le moment venu, des milliers de papillons fourmille dans tout mon corps et je plonge sans aucune hésitation. Le chemin est long et je conçois que mes lacunes en sport n’y sont pas pour rien. J’avance péniblement et tente de ne pas mettre trop de distance entre moi et le peloton de tête qui regroupe Marius et d’autres nageurs plus doués. Mon petit bonheur, c’est de voir que Peter n’est pas loin, même sans pouvoir rien lui dire, cela me conforte de l’avoir pas trop loin pendant que je barbote, je serais bien capable de me perdre sur une ligne droite avec autant de choses à contempler dans tous les sens. Ce qui n’aide pas à avancer, c’est que dès que je croise une merveille (un dragon d’eau par exemple) je m’arrête totalement et essaye de mémoriser autant de détails que possible pour pouvoir esquisser quelques croquis une fois revenue sur le pont, mais je ne suis pas au bout de mes surprises et je redoute que ma mémoire soit assez bonne pour tout mémoriser … Nous arrivons devant une somptueuse citée aquatique et on nous propose également d’aller rendre visite au Kraken … autant dire que je n’hésite pas et je me presse de rejoindre ma fée préférée une fois la bulle posée sur ma tête. Bien plus facile pour communiquer !

« Kraken ? ça te dit de m’accompagner ? »

Je laisse mes pieds reposer sur le fond océanique et attend une réponse de ma fée, un sourire tendu d’une oreille à l’autre.

Je blêmis d’avance, et pourtant ma curiosité me pique. Toutefois, je ne peux réprimer une grimace de dégoût en observant les combinaisons qu’on nous propose. Je suis autrement plus classe que ces immondices et j’avoue que je me laisserai presque tenter d’annuler ma proposition à ma douce sur ce simple critère, mais lorsque je la vois apparaître dans la sienne et son sourire, ses formes dans cette tenue moulante. Je ne peux que me laisser séduire par l’idée de la regarder onduler dans les profondeurs abyssales et découvrir avec elle quelle surprise nous réserve l’équipage. Soucieux de mon image, je ne préfère pas regarder mon corps une fois revêtu. Après tout, d’autres personnes font de la plongée et ils se doivent aussi d’enfiler ce genre d’attirail, mais un je ne sais quoi me fait craindre pour mon image que je maintiens avec acharnement. Sans doute aussi que le démon en moi redoute qu’un de mes congénères n’apprennent qu’un démon de feu se soit amusé à barboter au milieu d’humains pour son plaisir. Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je me fais à l’idée que ma conception du plaisir s’est étiolée au fils des siècles et qu’il serait de bon ton que je remette au goût du jour ma jouissance personnelle de cette existence de terrien.

Docile comme un agneau, je me laisse guider par ma douce qui nous entraîne ainsi que toute l’équipe dans les profondeurs abyssales. Au final, je me laisse convaincre que le plus extraordinaire et le froid glacial qui ne m’atteint pas et la noirceur de ses eaux profondes.

Je dévisage le triton qui me tend une bulle magique et en revêt mon visage. Pourquoi pas. Cette magie me semble assez extravagante et je me demande si ce sortilège n’est pas provisoire et que ce serait pour cette raison que l’équipage du Hollandais nous demande de rentrer avant la nuit. Un sourire enjôleur, je regarde ma belle Inaya après le laïus du jeune cartographe.

« Tu as une envie en particulière ? Je te suis »

Je suis une pile, y’a pas à dire ! L’idée de rejoindre les fonds marins et tout le tralala … c’est une expérience unique dans une vie et je ne me vois pas le faire autrement qu’en si charmante compagnie. Ben oui, je pars un peu du principe que Tyha et Elaine vont être autant enjouées que moi et me rejoindre dans l’expédition folle aquatique. En tout cas, Inaya et son cher … pyromane ? sont de la partie. Je l’ai vu allumé des feux sans utiliser le moindre briquet … y’en a un autre dans le genre calcifer à la Miyazaki … Ryan je crois. Sur un bateau, je trouve un poil dangereux d’avoir ce genre d’énergumène parmi les voyageurs. Enfin bref, tout ça pour dire que je fais partie des tarés qui se pressent pour enfiler une combinaison de plongée et me tortille dedans. Heureusement je suis tout fin, mais mon dieu, ce genre de textile devrait être interdit à la vente. En surface, l’eau est chaude, douce et scintillante, mais lorsque nous nous enfonçons dans les profondeurs, l’obscurité nous enveloppe et je distingue au loin quelques poissons lanternes, un dragon d’eau, des raies manta et autres créatures … soudain, un long ruban de mer jaillit. Grand d’une dizaine de mètres au bas mots, il ondule lentement et se dirige vers la surface, c’est magnifique.

Si je déchante, c’est plutôt lorsque je vois la tête de nos hôtes … des sirènes … je me souviens vaguement de ma première rencontre avec une de ces créatures et ça avait rien de bien amicale, heureusement qu’Amélie m’a réconcilié avec ses congénères sinon j’aurais fait demi tour direct. Je nage vers la demi-sirène en question et l’interroge.

« T’en penses quoi ? Kraken ou cité ? »

Je me sentirais plus rassuré en la présence de cette dernière. Toutefois, avant de prendre mon choix définitif, je sonde pour voir d’autres visages familiers avec qui j’apprécierais grandement passer du bon temps pendant cette excursion. Elaine ? Tyha ?

La fin du voyage approche à grand pas, mais pour profiter une dernière fois de ces vacances extraordinaires, la Capitaine et son équipage accoste sur les rivages d’une île paradisiaque. Pas une âme qui vive à l’horizon juste des transats et des bungalows de paille. Un tiki bar se découpe sur la plage et des dizaines de cocktails attendent les voyageurs assoiffés.

Vous voilà prêt à rester une petite semaine à vous prélasser avant de reprendre le large. Les eaux limpides inspirent au calme et la brise dans les palmiers bercent les visiteurs.

Concernant le retour à Chicago, c’est au crépuscule du septième jour que tout le monde est pressé pour remonter à bord. Une dernière vérification s’impose pour être sûr de ne laisser personne derrière et enfin le Hollandais libère ses voiles au large. Vous pouvez vous reposer, profiter, mais au petit matin, vous aurez l’immense surprise de voir le rivage familier du lac de Chicago et la ville se réveiller au première lueur de l’aube.

Bon retour parmi les citadins !