Je croise son regard lorsqu'il affirme à son parrain qu'un mariage civil nous ira très bien. Dans les faits oui. Même si j'avoue que ce pied de nez au ciel, je l'aurai volontiers provoqué. Mais si c'est pour mettre sa peau en danger, c'est pas la peine de tirer le diable par la queue. Rampa prend congé de nous et je me rapproche de Lesbus, glissant une main à sa taille alors qu'il laisse tomber le masque et reprend son apparence originelle. Si ça me file toujours un frisson? Je n'ai pas peur de lui. J'ai peur pour lui. Parce que je n'ai pas encore tout à fait pris l'habitude de le voir ainsi, et qu'il faut toujours une demi-seconde à mon cerveau pour se rappeler qu'il ne craint rien des flammes qui courent sur sa peau.

"Un cercle plus large que toi... t'es au courant que passer ma mère, ma cousine, mon cousin par alliance et son gosse, on a à peu près fait le tour? Fin si, avec un peu de persuasion et un bon pot de vin, j'devrais pouvoir demander à mon patron de lui emprunter une salle pour la soirée."

Je le laisse m'embrasser, y répondant rapidement avant de me retourner pour me serrer contre lui, tassant autant que possible mes ailes dans mon dos pour me coller contre lui. Et si le plus simple serait de les faire disparaitre tout simplement? J'ai pas connecté les bons neurones pour aller avec cette réflexion.

"J'dois dire que j'aime assez l'idée que cette partie de toi soit à moi. Comme mes ailes t'appartiennent toutes entières."

Bien sûr que je ne me gêne pas pour les utiliser en son absence, mais je peux l'assurer sans hésiter une seconde qu'il est le seul à les toucher, déjà, et ensuite, le seul dont le toucher me fait réagir comme il sait le faire. Je me laisse aller contre lui, me moquant éperdument de la "menace" des flammes dans mon dos, finissant par lier mes doigts aux siens en réfléchissant.

"Ça te dit qu'on rentre? On aura l'occaz d'en reparler. Et j'remets pas au lendemain, j'te le promet. Pas cette fois. J'veux juste rentrer et profiter de ta présence ce soir, sans se prendre la tête. Demain j'te fais le p'tit dej et on en cause."

"Mi familia es su familia."

Je tourne juste assez la tête pour glisser mon nez sur sa joue. Il sait que je suis sincère quand je dis ça. Ma mère voit en lui le second fils qu'elle n'a jamais eu. Quant à Kelean, je crois parfois qu'il l'aime plus que moi. Nathaniel et Thya? Le premier devrait apprendre à montrer ses émotions aux autres, et faudrait bien que je lui présente la seconde. Tout ça pour dire qu'il se méprend quand il pense n'avoir aucune famille.

"Je sais. Mais pas tant que ça en vérité. Je suis sérieux, pour une fois j'me défilerai pas."

Un léger frisson me parcourt alors que je sens le contact de sa main sur mes ailes, pouvant ressentir son toucher sur chaque plume qu'il parcourt, sur l'arête de mon aile sur laquelle il fait glisser sa main, et je m'y perd tant, une fois encore, qu'il me surprend presque en se trouvant de nouveau face à moi pour m'embrasser. Un instant plus tard, le décor autour de nous a changé, pour retrouver cet appartement haut perché qui est le nôtre. Les voitures? J'y pensais pas vraiment, mais puisqu'il en parle...

"Et ramène les par la route. La mienne a pas aimé la dernière tentative de téléportation."

Le reste de la soirée n'appartient qu'à nous, et tout ce que j'en dirai, c'est que nous risquons de laisser quelques plumes brulées trainer derrière nous. Avis aux commères aux murs trop fins.