Let me give you little tips, bro [Matt&John]

Une journée ordinaire pour un type ordinaire... incapable d'avoir un quelconque effet sur quoi que ce soit autour de lui. Un fantôme quoi, oui, je sais, et après avoir été le premier à me rire de ces pauvres hères dans une autre vie, je dois dire que c'est un destin bien cruel. Que j'ai mérité? Si vous me permettez un brin de sincérité, je dirai juste que je pense qu'il y a bien pire que moi comme engeance de démon. Y a les vrais démons, déjà, les tueurs en série, ensuite, des types dont les actions arrivent à me retourner le cœur quand je vais voir un film du genre au cinéma, alors je vous dit pas la tête que je ferai si j'avais à réellement tomber sur un vrai corps dans l'état où ils le mettent... oui, j'ai connu une ou deux épidémies de peste noire, et c'était pas bien joli, mais ça veut pas dire que ça m'a endurci les boyaux. Bref, je mérite pas ça, non? Si? J'en sais rien, mais j'vais me montrer légèrement égoïste en répondant non.

Quand à Marius? Faut le supporter ce gosse. Je suis encore plus ravi d'avoir eu une fille depuis que je l'ai rencontré. Bien que mes petits fils ne lui arrivaient pas à la cheville en matière de mauvaises habitudes en tout. Entre nous, heureusement pour moi qu'il n'est pas souvent à domicile, ça m'évite de tourner chèvre. Mais d'un autre coté, ça serait pas mal pour lui qu'il passe un peu plus de temps ici, ça me permettrait peut-être de lui mettre un truc ou deux dans la tête. Du genre? Ne pas laisser le congel ouvert avant de partir, surtout quand t'as pas prévu de revenir avant dix jours... j'ai peut-être pas de corps physique actuellement, mais il n'empêche que les odeurs de pourri, merci mais ça, je les sens. Si j'ai réussi à la refermer la porte? Ouais, j'suis resté bloqué sur cette pensée pendant quatre jours avant de faire réussir la... 300eme tentative?  J'ai besoin d'une clope. Si j'peux pas m'en allumer une? Merci je sais.

Je vais donc prendre l'air, maudissant un instant le destinataire de ma visite à venir d'habiter si loin quand les bus me passent à travers le corps et me contraignent donc à la marche à pied. Mon pouvoir de téléportation? J'vous le donne en mile, il s'est fait la belle avec la totalité de ma magie quand j'me suis pris cette balle dans le cigare. Je vous épargne donc la petite heure de marche qui m'attend pour aller d'un point A à un point B, et ferait juste remarquer que je tente, comme un con, d'ouvrir la porte de l'hôtel avant de la traverser simplement. La petite subtilité du bâtiment, c'est qu'il est en hauteur... me demandez pas comment un fantôme arrive à monter un étage, c'est comme les Chocapics, c'est magique...

Si je finis par trouver celui que je cherchais? Pas sorcier, suffisait de chercher sur sa terrasse privée. Au tel bien sur, et vu les excuses qu'il balance pour expliquer avoir du boulot, faut pas être devin pour savoir à qui il cause. J'attends quand même qu'il raccroche avant de tousser pour lui signaler ma présence.

"Il est immortel lui aussi, ou tu te dis que si tu le fais poireauter assez il passera l'arme à gauche avant que t'ai à le larguer?"

Je retire ma veste avant de la déposer sur le dossier d'une chaise - d'accord, le sol c'est bien aussi... - et faire mine de m'appuyer contre le mur derrière moi en croisant les bras. Ouais, aller ennuyer mon demi-frère préféré (le seul que je connaisse, surtout), ça offre la perspective d'une humeur moins pourrie en revenant.

D'accord, faut dire ce qui est, Matt a l'air de trop bonne humeur pour mon humour noir.. autre façon de dire que j'ai cru un instant qu'il allait me faire le coup de sauter par dessus la balustrade. S'il te plait frangin, attends que j'ai remis la main sur ma magie avant, histoire que je puisse au moins interférer dans tes projets. Ca me ferait mal de devoir expliquer que j'ai tout vu mais j'ai pas bougé... eh attendez, elles captent les fantômes ses caméras de surveillance? Oui non parce que tout hôtel qui se respecte est bardé de caméras, non? Bref, c'est pas le sujet.

Je quitte le mur à coté duquel je suis installé pour m'appuyer, façon de parler, sur le coté du fauteuil sur lequel il vient de s'écraser en toute élégance. Attendant qu'il remarque que j'ai bougé pour jeter un œil dans sa direction. Ouais, on est d'accord, on ne peut pas dire que la journée lui réussisse.

"Explique?"

D'accord, en vérité, je ne lui laisse pas vraiment le temps d'en placer une avant de reprendre la parole, décidé à faire valoir mon point de vue avant qu'il ne me prouve par a + b que j'ai tord.

"Je ne le connais pas, ce mec, donc je ne te dirai pas qu'il te mérite mieux que ça ou quoi que ce soit de ces balivernes. J'ai eu un superbe zéro pointé par ma propre fille au sujet de mes conseils matrimoniaux, alors je ne ferai pas mieux avec toi. Mais ce que je sais avec certitude, c'est que t'as meilleure mine après avoir passé une heure avec lui plutôt qu'une heure sur ton ordinateur à faire tourner cette boutique."

Je tente sans succès de croiser son regard, ne comptant pas non plus me mettre à quatre pattes au sol pour y parvenir, avant de finir par mettre le doigt sur la réalité qui me taraude l'esprit depuis cinq petites minutes.

"C'est moi, ou tu t'interdis de te sentir bien avec lui? C'est quoi le souci?"

Non, je ne me moque plus. Je dirai même que mon intérêt est sincère. Et si j'compte être de bon conseil? Nope. J'ai bien trop de trucs dans la tête pour bien dormir - ou dormir tout court - , et sans doute que ça va faire mal quand ça va me revenir dans la face. Mais si j'peux être le point de vue extérieur dont il a besoin, qu'il en profite, j'ai rien de mieux à faire de ma journée.

Humeur des moins plaisante j'en conviens avec lui je n'ai pas besoin de porter un masque en permanence, en il me voit tel que je le suis en ce temps ci de l'année, j'ai sans doute déjà eut meilleur mine mais ça je ne le sais pas trop, j'évite le miroir. Je me suis écrasé dans un fauteuil, une cheville sur le rebord de la table basse l'autre pied au sol, tout ça pour éviter la rambarde qui devient de plus en plus intéressante donc autant m'en tenir loin, je sais que je ne sortirais plus pour ne pas t'avoir cette envie. Les quelques caméras verront que je parle un peu tout seul avant de sauter. Que de minuscules vidéos de 10 secondes aux intercalés de 30 secondes. C'est juste pour dire que ma terrasse est surveillée au cas où je me ferais voler.

Ne me demandez pas comment mais je sais qu'il a bougé. Je relève à peine le regard lorsqu'il me demande de m'expliquer, chose que je n'ai pas le temps de faire qu'il enchaîne. Apprendre qu'il n'est pas un bon conseiller matrimonial, confirmé par sa fille, je le crois. Je dois admettre qu'il n'a pas totalement faux. Faut bien faire tourner la boutique, que je rattrape tout mon retard en décembre pour ce qui est de passer une heure en compagnie de Shawn, me laisse pensif. Je fixe un point sans réellement le voir, mais je tique sur le mot interdit.

-Je ne m'in….

Je m'arrête parce que c'est la demi vérité. Parce qu'il es vrai que je me sent bien avec lui, mais lorsque je me retrouve seul tout semble s'écrouler après quelque heures  incapable de garder ce petit nuage bien longtemps. Je relève les yeux avec un certain désespoir, je ne me comprend même plus a vrai dire.

-Parce que.. je suis passé maître à perdre tout ceux a qui je m'attache depuis que s'est arrivé?

Je baisse les yeux sur mes mains encore une fois, il sait de qui je parle, d'Elle, lui même entre autres, sans compter le temps où j'ai agit en parfait libertin avant de m'arrêter il y a cinq ans, parce que celui là est apparu. Je réprime un frisson, je sens que cela va encore se répéter même s'il a sûrement un moyen de le contrer mais je me borne à l'idée qu'un malheur va arriver comme à chaque début d'hiver.

-Et j'ai.. peur… qu'il soit le prochain sur la liste…

Je l'avoue presque en tremblant des mains par l'anxiété/la fatigue que je me fait.

Son plaidoyer ne tient pas la route, et il semble s'en rendre compte en cours de route, parce qu'il ne me laisse pas même l'occasion de l'entendre.  Eh, j'ai eu son âge avant lui, il me semble. Et je crois que malgré qu'on ai vécu chacun de notre coté jusqu'à récemment, jamais à moins de 1000 kilomètres l'un de l'autre, juste parce qu'il semblerait qu'on ne devait pas se rencontrer plus tôt, on a eu une vie sensiblement ressemblante. Si mon premier mariage m'a laissé de marbre complet, la joie des arrangements et autres convenances, j'ai eu mon compte d'histoires sans importance à mes yeux avant de croiser la route de celle qui devait faire de moi un époux comblé. Rien que d'y penser me fait mal, en passant, mais il me semble que nous parlions de Matt, alors, focus.

"Tu veux que je te dise? On dira ce qu'on voudra de ces fichus mortels, je crois que nous autres qui devrions vivre éternellement avons bien plus peur de la mort qu'eux, pour qui elle est inéluctable."

Oui, bon, d'accord, ma situation actuelle rend mes paroles quelques peu peu crédibles, parce que dans le genre "immortel", je ne me pose pas vraiment là. Enfin, j'assume cette partie de mes conneries. Celle que j'assume moins, c'est d'avoir faire souffrir mon épouse, la condamnant à cette éternité à voir périr ceux qu'elle aime, parce que j'ai été trop égoïste pour supporter d'être celui qui la perdrait un jour. Si j'ai un remord dans ma vie, c'est bien celui-ci.

"Je ne vais pas te raconter de fables, mon histoire, tu la connais, autant que je connais la tienne. Mais si je peux te donner un conseil, petit frère..." Le "petit frère" qui me dépasse de dix bons centimètres, mais on repassera. "Profite de ce que la vie peut avoir à te donner tant qu'elle veut bien t'en donner. Celui qui a dit qu'il valait mieux avoir des remords que des regrets est un con, ça, c'est clair, mais rejettes pas aujourd'hui par peur de demain."

Si je pouvais, je le prendrais dans mes bras. Vu sa tête, il a besoin d'affection le garçon. Mais j'ai usé la quasi totalité de mes neurones avec cette histoire de porte de congélateur, alors je ne pense pas que ce soit aujourd'hui que je réussirai un autre exploit du genre. Non, le prochain que je prévois, c'est de faire tomber la pile de vaisselle entassée dans le lavabo de Marius, mais pour ça, j'attends qu'il soit là, que ça fasse plus d'effet.

"De toute façon, je vais être franc. Techniquement, vu que c'est à peu près la seule personne dans ton téléphone à pas concerner le boulot, je te dirai que oui, ça sera très certainement le prochain sur la liste.  Sauf si tu épouses un grand-père grabataire entre deux. Après, il a quoi? 35? 40ans? Ca te dit pas de profiter des trois ou quatre prochaines décennies pour vivre un peu? Il t'attendra pas trois siècles hein."

Si je suis peu réconfortant? J'vais pas lui faire miroiter la Lune en bikini non plus. Il est immortel, et pas son sorcier. CQFD. Et il est hors de question que je l'aide à faire la même connerie que j'ai pu faire moi-même. Jouer avec des forces qui me dépassent, c'est toute l'histoire de ma vie, bien sur, mais on voit aujourd'hui le résultat de mes expériences concernant l'immortalité... entre moi coincé dans cet entre-deux-mondes qui ne compte probablement pas me lâcher de sitôt, et Ziva devant probablement me maudire sur dix générations de l'avoir laissée endurer ça toute seule... Bordel Johnny, y a pas trente ans qu'on enterrait notre fille, t'aurais pas pu éviter de te la bouffer, cette balle?

"En passant, cette liste de "chers disparus" que t'es en train de composer mentalement. T'es gentil, tu barres mon nom. Sinon il parait que tu as un superbe appartement à hanter. Tu ne me trouveras plus ni "cher" ni "disparu", crois-moi."

Alors pourquoi mon cerveau ne cesse de me faire des scénarios les plus improbables qui soit? J'en sais foutrement rien. J'ai beau avoir la moitié de son âge que nous avions eu une vie semblable. Sauf que lui a connu deux mariages et moi qu'un seul, qui s'est tragiquement terminé après six mois. A l'approche de mes 225 ans, que je suis la a imaginé le pire. Oh, que c'est compliqué que j'en ai mal a la tête.. Mettez sa sur la déshydratation, tiens. Le mot inéluctable me reste en tête.

-L'humain n'est qu'un être éphémères, ses... ses ce qui les rend si sexy….tandis que nous…

Tandis que nous, on reste là plus ou moins insensibles au temps. La mort nous chatouille sans plus et nous passe le bonjour que notre heure n'est toujours pas arrivée et qu'il ne viendra probablement jamais à moins de faire une connerie comme il l'a fait. Un faible sourire passe mes lèvres parce que oui, j'ai pensé à mon beau brun en disant que les mortels sont sexy. Parce que oui, il ont tous un petit quelque chose qui fait que l'on s'attache à quelques-uns d'entre eux. Lorsqu'il s'adresse de nouveau à moi, je lève les yeux au mot petit frère.

-Alors dit moi pourquoi je me ramasse dans cet état a tous les hivers?

Dépressif au bord du suicide, tout sa parce que l'image des Fêtes a été autrefois ternis par le décès de ma femme. Il serait peut être temps de changer le cours de l'histoire mais cela ne me viens pas en tête, qui ne voit pas cette alternative. Je continue à l'observer en cherchant la réponse qui ne vient pas immédiatement. Lorsqu'il mentionne mon portable je baisse les yeux vers lui sur ma table basse posée à côté de ma cheville. Il a raison, il est l'un des rares numéros qui ne concerne pas le Pandemonium. Un rire m'échappe.

-Ne compte pas sur moi pour me marier de nouveau quoique… Non c'est impossible oublie ce que j’ai dit…

Pas avec nos vies diamétralement différentes que nous menons. Mais je me laisse la pensé que s'il me le demanderais, ce qui serait vraiment étonnant, j’accepterais sans aucun doute. Parce que c'est vrai quoi… Que passé quelque heures en sa compagnie effectue un léger changement, je me sens en vie de nouveau. Mais quelle con, je fait, je l’aime et c'est réciproque du moins je l'espère bien. A continuer ainsi, je brise la promesse que je lui avais faite à son décès: De vivre pour l’honorer, de retomber amoureux et de refaire ma vie avec le prochain qui saura faire battre mon cœur autant qu’Elle. La personne qui a réussi c'est lui, allez savoir pourquoi après dix ans. Déposant mon pied a terre, je me relève un peu pour attraper mon portable que j’ouvre.

-Un loft partiellement habité, oui… et je suis probablement la seule personne capable de te matérialiser une fois par mois ne serait que quelques heures?

J’ai juste besoin d’un peu plus d'expérience en magie, du bon point de convergence dans la Toile Arcane et du bon sort.. parce qu’il es pas fichu de se rappeler ou il a mit son putain de grimoire pour que je l’étudie! Oubliant le portable dans ma main.

Je ne suis pas convaincu que j'aurai dit que tous les humains sont "sexys" simplement parce qu'ils sont humains, mais je vois où il veut en venir.

"Intéressants, innovants, tellement déprimants aussi. Vivants. Je crois que c'est ça qui est le plus attirant chez eux. Ils vivent chaque jour comme si c'était le dernier. Nous, faut nous mettre un coup de pied au cul pour qu'on bouge, et encore."

Disant cela, je tire sur le nœud de ma cravate pour le desserrer. C'est cruel de pas pouvoir me griller une cigarette durant ce genre de conversation, sérieusement. Je me relève lorsqu'il me demande pourquoi cela le touche autant, me dirigeant vers ce balcon qu'il préfère éviter à présent pour jeter un regard vers le vide en contrebas. Mouais, c'est possible qu'à cette hauteur, ça fasse mal d'arriver en bas. D'accord, pour moi, si elle ne m'avait pas déjà fauché au préalable, ça serait la mort assurée. Lui, je pense qu'il s'en remettrait.

"Parce qu'elle a laissé sa trace sur ton âme. Et que, inconsciemment, tu refuses de la laisser s'altérer. Tu crains peut-être de perdre quelqu'un d'autre, mais tu crains aussi de laisser quelqu'un d'autre t'approcher et la remplacer. En passant, je crois que tu aurais fait plus de mal à la voiture garée devant l'entrée qu'à toi-même si t'avais sauté."

Je vais pour taper sur la rambarde, ce qui se finit bien sûr par ma main traversant le tube en métal et la paroi en verre. Bloody Hell. D'accord, un demi-démon qui se sert de l'Enfer dans un juron, on a déjà vu plus original.

"Ca, ça ne regarde que toi. Je crois qu'on ne peut pas vraiment prévoir quand ça nous tombe dessus, cela dit."

On ne reparlera pas du culot de Ziva le jour où ses parents ont envoyé un sarcasme agréable dans ma direction, et qu'elle n'a rien trouvé de mieux que de leur répondre que "de toute façon on va se marier, et c'pas vous qui nous en empêcherez" ... C'est toujours intéressant d'être le dernier prévenu de ses propres fiançailles. D'un autre coté, y avait à peu près aucune chance que je les lui refuse donc... elle ne s'est pas aventuré sur terrain trop glissant.

"Un bien beau projet, mais ne détourne pas la conversation vers moi. Mon cas, on aura bien d'autres soirées pour en parler."

Au moins, il voit où je voulais en venir avec le fait que les humains sont sexy, sous cette pensée il avait réussi à m'aracher un sourire rêveur que je garde l'espace d'un instant. C'est vrai qu'il est sexy, je m'en mords presque les doigts rien qu'à y penser.

-Ils ont tous un petit quelque chose bien à eux…

Ce coup au cul, il vient? Oh wait… C' est un fantôme, nevermind! Je continue de l'observer du coin de l'œil. Qu'est ce qu'il cherche a faire? Peut importe moi je reste là, je ne bouge pas d'ici. Je l'écoute tranquillement en silence.

-J'ai plutôt peur de... l'oublier… Tu crois qu'il viendrait me faire la morale à l'hôpital, si je saute?

Rah! Pourquoi il m'a redonné cette envie? De quoi me faire plaquer, oui, mauvaise idée. Alors je m'obstine à rester dans mon fauteuil. Mais je doute que je sois réellement capable de l'oublié. J'ai pourtant gardé quelques photos et quelques vidéos dans mon ordinateur portable. Son portrait repose avec l'écrin de ma bague de mariage qu'il a réussie a me faire enlever il y a cinq ans et demi. Ses peu de temps après que je suis tombé nez à nez avec le beau brun à l'époque. En continuant de l'observer j'étouffe un rire, il oublie souvent qu'il est un fantôme ma parole. Je ne relève rien sur le mariage, j'ai déjà donné et il a raison, il nous tombe dessus sans qu'on s' attende..

Lorsque je réalise que j'ai toujours mon portable dans la main, je baisse les yeux dessus. Qu'est ce que je fais? Je dois admettre qu'il a raison. Je me sens bien avec lui, alors pourquoi je reste planté là. Qu'est-ce qu'il dirait si j'allais le retrouver? Parce que j'envisageais de passer la nuit avec lui, peu importe où il le voudrait tant que je réussisse à fermer les yeux, j'ai tellement besoin de ce petit moment. Pour une fois que je ne pense pas à le dévêtir, quoi que… Voilà, je repars dans mes pensées, délicieux, sucré. Le dévêtir doucement, embrasser sa peau, le toucher, le faire bander.. okay vous aurez compris où je vais?  J'ai besoin d'une douche froide, maintenant. Finalement j'ouvre mon portable pour envoyer un rapide message texte.

+Lincoln park, hum?+

Au moins, on est d'accords sur ce point. Je peux sans souci cataloguer à peu près chaque race qui existe, même sans les avoir toutes connues personnellement. Les démons sont des pourritures (et croyez-moi, le fait d'en avoir le sang dans les veines ne me rend pas plus tendre sur la race en général), les elfes sont hautains, les dragons cupides, et les fées incapables de concentrer un neurone sur quelque chose plus de trente secondes... j'vais pas vous faire la liste complète, vous avez le topo. Les humains, eux, sont inclassables. Totalement capables d'être à l'image de n'importe lesquelles de ces races et plus encore. Les sorciers? Idem. Ce ne sont que des humains avec de la magie dans les veines. Même si j'espère ne pas me montrer désobligeant envers mon épouse en pensant de la sorte.
Je détourne le regard du vide, la pensée me venant que j'aurai très bien pu traverser le balcon en m'y pointant, quand Matt reprend la parole en réponse à mes paroles.

"Lui je n'en sais rien, je n'ai pas le plaisir de le connaitre. Moi par contre, je risque bien de te l'offrir, la morale."

Pas que j'ai moi-même toujours fait attention à ne pas mettre ma vie en danger. Surtout du au fait que techniquement, jusqu'au siècle dernier, j'étais invulnérable ou presque. Mais vouloir attenter intentionnellement à sa propre existence, c'est une autre affaire. J'ai été élevé par un pasteur, je vous rappelle, alors le suicide, ça va de pair avec le meurtre, l'adultère et tout ce qui s'en suit. Ouais, d'accord, la magie c'est censé être dans le même panier, mais j'ai la foi sélective.

"J'crois surtout que ça te bouffe parce que tu gardes ça pour toi. Si tu le sens bien avec lui, causes lui en. Ok, ça va pourrir l'ambiance comme il faut, mais toi ça va te libérer un coup, et lui il comprendra peut-être enfin pourquoi tu donnes l'impression d'avoir enterré père et mère la veille au soir. Pardonne moi l'expression."

Je le regarde triturer son portable, appareil du diable s'il en est (surtout quand on le perd et qu'on retourne la maison pour le retrouver... à dix centimètres de notre première idée de recherche...). Ouais, bon, le message doit pas être bien long vu que ses doigts ont pas navigué longtemps sur l'écran. Et il n'a pas l'air encore très motivé à se lever de son fauteuil. 200ans qu'il a? Je lui en donne quinze. Mes petits-fils faisaient la même tête quand leur père les envoyait au collège au pas de course.

"Tu sais quoi? Je reviens sur ton idée de rematérialisation temporaire de ma personne. Fais donc ça, vas-y. Ici et maintenant. Comme ça je pourrais me faire le plaisir de te mettre le coup de pied au cul dont tu as besoin. Ou alors file moi son numéro. Si t'en veux pas..."

Oui je suis marié, merci, je sais. Et s'il ne trouve que ça à me répliquer, je lui répondrais que ce que Ziva ne sait pas ne peut pas lui faire de mal. En vérité, aujourd'hui encore, je me damnerai pour cette femme. Alors pensez bien que, si j'ai les remarques lubriques faciles, ça ne reste que des mots. Bref, revenu dans sa sphère de proximité, je me glisse derrière lui de façon bien visible pour regarder l'écran par dessus son épaule. Pas besoin d'être physiquement présent pour que les gens trouvent ça chiant, croyez-moi. Si mon plan consiste à le faire fuir de chez lui? Ca se pourrait.

Certaines créatures obscures ne valent pas la moindre attention sauf peut-être quelques-unes. Tandis que les humains, ils ont un petit quelque chose pour me faire tourner la tête pour m'en intéresser. J'vous dit pas le nombre qui sont passés sous mes mains autant humains, sorciers, que créatures obscures. Mais le dernier, je compte bien le garder un peu plus longtemps sous mes mains, mais je suis en train de tout foutre en l'air en restant sur mon fauteuil.

Ressaisis toi Matthew, tu ne peux peut pas le laisser filer entre les doigts. C'est le premier à t'être rentré dans le compas et que tu a tenté mainte fois de prendre contact avec lui, bien chanceux qu'il n'ait pas fait de déclaration harcèlement. Tu ne peux pas abandonner après cinq ans d'efforts, tu n'as pas fait cela pour rien quand même. Je l'écoute en silence en le suivant des yeux.

-Il m'étonne que tu n'aies pas eu le loisir de le croiser…

Je ne continuerais pas ma phrase avec ce que j'ai en tête de quoi me perdre quelque seconde de plus dans mes pensées. Lorsque nous nous voyons, j'essaye de le voir à l'extérieur du Pandemonium ce qui aide à lâcher prise et je dois avouer que cela me fait du bien de temps en temps. Okay, ses bons j'ai compris, je ne sauterais pas dans ce vide. Je me demande bien de quoi serait fait son monologue si je le faisais. Bref, passons. Je n'irais pas consulter un psy, de quoi me faire interner directement quoi. Mais le frangin a raison une fois de plus, dire que je n'avais pas vraiment pensé à cette alternative de lui en parler au lieu de tout garder.

-Oh.. pourquoi n'y ai-je pas pensé… mais qu'elle con… je dois admettre que tu as raison, il doit finir par le savoir tôt ou tard..

Je suis le premier à dire au autre que la communication passe par les deux côtés en amour et je ne suis même pas capable de suivre mon propre conseil, bravo. Mettre cela dans une conversation ce n'est pas simple du tout.. Ouais, je sais que je ne l'avais pas dit, mais je suis veuf. Plus ou moins consciemment je lui envoie un message. Plongeant légèrement dans mes réflexions les plus chaudes. Je frissonne malgré moi, pas parce qu'il fait froid sur ma terrasse chauffée, je relève les yeux derrière moi et je le retrouve là que je me lève, pas question qu'il me traverse le corps ses foutrement pas agréable!!

-Ha? Depuis quand on s'intéresse a d'autre autre que sa femme?..

J'oublie qu'on parle de moi et pas de lui.

- Ça va! S'est bon j'ai compris, je vais me douché!

Mon portable est resté dans le fauteuil, lui verra probablement la réponse avant moi alors que j'entre prendre une douche chaude et que je termine froide. Putain, cet homme a le don de me faire bander qu'en pensant a lui, c'est pas croyable. Un autre signe qui fait que je ne peux pas le laisser filer entre les doigts. Je reviens vingts minutes plus tard, dans mon jean noir, un nouveau t-shirt, ma chemise bordeaux ouverte, une veste, jettant le manteau sur le fauteuil pour récupérer mon portable, rapide coup d'œil, passant mes main dans mes cheveux que je ne coiffe absolument d'aucun produit, enfilant mes lunettes et finalement le manteau.

-Tu sais que tu es matérialisé depuis au moins 20 minutes? Tu as quarante minute pour me botter le cul, ou de t'en fumer une..

Paquet que je prend de mes poches m'en allume une et jette le reste sur la table basse. Ouais bon fumer, n'est pas ma marque de commerce mais j'en grille une de temps en temps à son honneur, le paquet peut me durer des mois. Je ne serais pas surpris de le retrouver à demi vide. Seul le Seigneur des ténèbres sait combien il s'en grillera avant de redevenir un fantôme. Je m'améliore vraiment en magie, je réussis de plus en plus à le garder plus ou moins une heure à présent sous forme matériel

Je ne le reprend pas quand il me dit que j'ai raison. C'est assez rare pour que je porte un toast imaginaire à son bon entendement.
Par la suite, il répond à mon tacle par un autre tacle, et je lui offre un sourire entendu, content de voir qu'il a gardé un poil d'humour malgré l'atmosphère générale des lieux. Si je compte arrêter là la partie? Bien sur que non. Et c'est d'un haussement d'épaules que je lui réponds.

"Je te ferai remarquer, très cher, que ça fait cinq ans que je n'ai pas eu le plaisir de la croiser, ma femme. Un homme a des besoins tu sais. Et si ton mec est partant pour un fils d'Asmodée, il devrait pas être contre l'ainé de la fratrie, t'en penses quoi?"

Que j'aille me faire foutre? J'imagine assez bien. Je n'insiste pas davantage alors qu'il finit par lever son cul de son fauteuil pour aller se doucher. N'allez pas croire, d'ordinaire, je suis plutôt du genre discret. D'accord, sauf en ce qui concerne la magie, mais pour le reste, j'aime à passer inaperçu. Mais avec lui, je sais pas, à croire que je me permet de me montrer comme le plus exubérant des deux. Entre nous, à l'heure actuelle, ce n'est pas bien compliqué.

Bon, c'est une douche qu'il devait prendre ou une inondation en règle de l'immeuble? Je commence même à me dire qu'il me l'a faite à l'envers et a laissé l'eau couler avant de se barrer par une autre porte. Ce qui me convainc de traverser la pièce pour aller vérifier par moi-même ce qu'il en est. Contourner la table basse? La bonne blague. Si j'ai tendance à le faire par habitude, je peux aussi bien passer à travers. A ceci près que la douleur dans mon mollet quand je m'y essaye est bien réelle, de même que le presque gadin que je me suis offert. Et c'est ce moment que mon idiot de frère choisit pour réapparaitre la bouche en cœur et me préciser qu'il a fait usage de sa magie à mon avantage. Il me l'aurait dit s'il ne m'avait pas trouvé à genoux à frotter ma jambe douloureuse?!

"C'est amusant, j'en étais arrivé à la même conclusion. Si j'étais toi, je filerai avant que j'ai fini cette cigarette. Des fois que j'aurai toujours envie de te botter le cul après."

Si je peux être honnête? J'vais en profiter pour lui emprunter sa douche. Pas que les fantômes croisent beaucoup la poussière, mais la sensation de l'eau chaude sur la peau, ça ne se refuse pas. En attendant, le paquet de clopes qu'il vient de poser disparait de sa vue d'un simple geste de ma part. J'espère pour lui qu'il a laissé le briquet dedans, sinon je lui retourne la baraque. En vrai, il n'a pas encore quitté la pièce que j'ai déjà la clope au bec, et je n'ai pas perdu la main pour y mettre le feu. Si ma dose de poison quotidienne me manque? Totalement. Y a bien d'autres choses qui me manquent, bien sur, mais une heure, c'est très rapide.

Je sais pas dans quel merdier tu te met, Matt, mais les secrets, c'est jamais bon, surtout dans un couple. Enfin, je ne le retiendrais pas davantage, surtout qu'il est déjà parti. Je me vautre donc sur le canapé, appréciant pour une fois le confort du meuble, prenant le temps de fumer ma clope tranquille. Avant de changer d'idée et quitter la terrasse à mon tour, à la recherche d'un téléphone avec lequel me commander une pizza. Sur la note de mon frère, bien sur. Cela fait, je retrouve le confort du canapé et une nouvelle clope, la première n'ayant pas duré le temps de mon aller-retour.

Concernant son histoire de "créature obscure"? On est au 21eme siècle, et je serais bien curieux de savoir si la moitié des sorciers de la planète ont pas du sang de démon dans les veines, de base. Quoique j'ai pu constater que le coté "démon" se transmet pas vraiment sur 25 générations. Je sais pas si c'est parce que sa mère est une sorcière et que ça a été plus fort ou quoi, mais ma fille n'avait rien d'un démon, croyez-moi. D'accord, elle avait clairement échappé à mon héritage, pour être honnête. Hormis ses yeux. Ma femme disait toujours qu'elle avait mon regard, surtout quand elle voulait se montrer insolente. Ou terriblement sérieuse. Ou qu'elle avait un truc à demander et nous offrait un exposé de pourquoi on devrait le lui accorder avant de nous le demander. Un coup de nostalgie qui me tire un léger sourire avant que je n'écrase mon mégot dans le cendrier et que je me relève de là. J'avais parlé d'une douche, et je compte bien en profiter. D'ailleurs Matt, je risque fort de te débarrasser d'une chemise. Note à moi-même, lui dire de me laisser un portable à proximité la prochaine fois, j'aurai bien eu un message ou deux à lui envoyer.