Aucun doute, tu vas m'en vouloir, reste à savoir si je m'en préoccupe. [John et Matt]

Matt n'a pas encore réussi à me virer de son penthouse mais je pense que ça ne saurait tarder. Il semblerait que c'est un risque à prendre quand on passe plus de temps chez son frère que chez soi. Faut dire que chez moi, hormis tourner en rond, réfléchir sans but et attendre que le temps passe, je n'ai pas grand-chose à faire de mes journées. Marius? Reparti en croisière, pour un temps aussi indéterminé que d'ordinaire. Ce gamin est un courant d'air, et en même temps, c'est pas plus mal, autant pour lui que pour moi. C'est une pile électrique ingérable qui a largement besoin de se dépenser. Bref, je disais donc que Matt ne va pas tarder à me virer de chez lui, même si j'arrive très bien à me virer tout seul quand il ne passe pas la soirée seul. Disons que quand son propre couple vous est inaccessible, vous avez du mal à supporter la vision du bonheur des autres. Même si ça ne fait pas de mal de voir cette grande perche apparemment heureux avec quelqu'un, quand on sait ce par quoi il a pu passer par le passé. Je crois que nous sommes aussi doués l'un que l'autre pour composer avec notre immortalité, rapport à nos relations avec les autres, seulement, l'un de nous deux a merdé en ayant largement le temps de s'y préparer, et l'autre a merdé en se prenant la réalité en pleine gueule sans la voir venir. J'vous laisse deviner qui est qui.

Et je suis une fois de plus planté sur sa terrasse à profiter du spectacle des lumières de la ville à la nuit tombée quand je l'entends arriver dans mon dos. Mon frère, ce grand imperturbable qui me semble pourtant bien perturbé ces derniers temps. Si je crains d'en connaitre la raison? J'avoue attendre qu'il mette les pieds dans le plat le premier, mais si je pouvais dormir, l'idée me priverait très certainement de sommeil.

"T'as l'air de manquer de sommeil. Plus que d'habitude j'entends. Tu devrais dire à ton mec de te laisser dormir un peu le soir."

Bien sûr qu'il fallait une remarque grivoise pour lancer la conversation, sinon à quoi bon?

Celle-là, je l'ai pas volée. Même si je me contente d'abord de hausser les épaules pour toute réponse, avant de détailler le fond de ma pensée.

"Le gamin était au port. Fallait bien que j'surveille qu'il me foute pas le feu à l'appartement."

A dire vrai, je l'aime bien ce jeune nécromancien, même s'il est totalement timbré sur les bords, et que je brulerai en Enfer avant qu'il n'entende dire que je l'aime bien. Enfin, vu ma situation actuelle, je devrais éviter ce genre de commentaire... disons que j'en suis plus proche que jamais, de l'Enfer...

"Il a pas essayé de t'assommer? Je t'assure que ça fonctionne. Tu devrais demander à..."

A Ziva. Ou pas. Si j'ai le plus souvent cette attitude désinvolte, limite je-m'en-foutiste, il y a bien deux sujets qui me touchent particulièrement à cœur. Ma femme et ma fille. Juste de quoi me faire avaler ma salive avant de laisser mon regard se perdre de nouveau vers les lumières de la ville. Celles du ciel? Faudrait déjà les percevoir au milieu des lampadaires.

"Pas de quoi. Chacun son tour d'empêcher l'autre de faire des conneries plus grosses que soi. Note que j'ai pas compté, mais j'suis sur d'avoir des points d'avance."

Plus qu'il ne l'imagine d'ailleurs, mais je lui laisserai tout loisir de reprendre l'avantage dès lors que je serai en mesure de donner le moindre signe de vie à ma sorcière bien aimée. Pour le moment, c'pas les tours de passe-passe de Matt qui y suffiraient. Je l'ai bien assez fait souffrir comme ça, entre la perte de Farah et ma propre sortie théâtrale, pour ne pas jouer à ses dépens sur les rares instants où je peux exister aux yeux du reste du monde. Et, s'il faut se montrer égoïste, je souffre bien assez de ne pas être auprès d'elle pour refuser de me retrouver auprès d'elle en ne pouvant être rien d'autre qu'un simple spectateur invisible. Faut dire ce qui est, Asmodée est peut-être le démon du désir, mais ses deux abrutis de fils sont doués pour pas être foutus d'aller au bout des leurs, entre les histoires de couple compliquées de Matt et les miennes, sérieux...

"Faut pas se plaindre non, il a même réussi à tout éteindre avant de partir."

Peut-être que je suis trop dur avec ce gosse. D'un côté, il me fait tellement penser au cadet de mes petits fils que je crois que c'est plus fort que moi. Dans sa jeunesse, Mika était un casse-cou fini qui en a autant fait voir à ses parents qu'au "cousin éloigné" que je prétendais être durant cette année que j'ai pu passer auprès d'eux, et si j'ai perdu tout contact aujourd'hui, Marius me le rappelle.

"J'admets. Confier une formule tirée du grimoire d'un démon supérieur à une sorcière du bien n'était pas mon idée la plus brillante. Cela dit, quinze jours de sommeil, ça ne t'as pas fait de mal. Et t'en aurais bien besoin aujourd'hui."

Si je suis prêt à admettre que l'erreur venait davantage de ma transcription que de la prononciation de Ziva? Faut pas pousser pépé dans les orties non plus. Enfin, faut dire quand même qu'il aurait pu le traduire en anglais son grimoire, avant de me le confier, le paternel. Comme si je traduisais l'araméen ancien tous les jours moi!

Mon regard sombre se tourne vers lui quand il prononce un nom que je ne l'ai plus entendu prononcer depuis dix longues années. Delaware. Je ne prétendrai pas penser qu'il me parle de l'Etat ou de l'équipe de football qui va avec.

"Au moins tu n'y es pas retourné seul. J'ai besoin d'un verre."

Ce qui signifie? Qu'il a le droit de faire son truc, parce que actuellement, le verre, je vais être bien emmerdé pour le saisir. Mais heureusement pour moi, on n'a pas besoin de mots précis pour se comprendre, et je ressens bientôt cette sensation de pesanteur qui va avec la tangibilité que Matt parvient à m'offrir pour quelques instants, par ci par là. Des instants volés à la grande Faucheuse pour lesquels je devrais songer à l'embrasser. Et qui dit tangibilité, dit que je m'autorise à me remplir un verre conséquent, dont je vide une bonne moitié avant de le remplir aussi sec, et alors seulement, rejoindre mon frère à la balustre où nous étions posés au début.

"Je suis mort, ça aide." Pas à comprendre, apparemment. "C'est moi qui t'ai lavé le cerveau, ça parait logique que l'effet s'atténue après qu'on ait plombé le mien. T'as dû voir ou entendre un truc qui t'as servi de déclic. Rappelle-moi de frapper ton sorcier quand j'le verrai, tu sors beaucoup trop depuis que tu es avec lui."

Je vide mon verre sans y prêter attention, quittant volontairement le contact visuel avec mon frère, le temps de quelques instants, avant de poser le verre vide sur la balustre entre nous, gardant deux doigts appuyés dessus, appréciant de sentir le contact de la matière contre ma peau. C'est tout con, mais je vous assure que quand vous êtes privés de contacts avec le reste du monde depuis cinq ans, un simple verre, c'est déjà un truc de fou.

Pour une fois, le gamin comme il l’appel a reussi un explois, bravo. Je ne suis pas obligé d’entrer magiquement par «infraction» pour refermer le frigo ou un truc du genre.

-Mettons une croix sur le calendrier, il a bien fait les choses pour une fois…

Façons de parler bien sûr, je ne le marquerais pas au calendrier, au nombre de choses qui marque le mien depuis longtemps j’ai des choses écrites dont j’ignore la provenance. Je lui lance un regard oblique lorsqu’il confirme avoir confié la formule a sa femme.

-J’me demande encore pourquoi tu ne l'as pas lancer ce sortilège, une chance que j’ai une constitution démoniaque pour y avoir survécu, hein…

Je leur en veux de moins en moins parce que c’est du passé justement. Même si j’ai pas trop compris la situation. Je suis en vie et c’est ce qui compte, non? J’ai appris à me méfier de la dites sorcière. J’imagine aisément le regard qu’il me jette lorsque je révèle être retourné a Delaware House. Non, je n’étais pas seul et je doute être capable d’y retourner seul. Un jour peut-être, qui sait. J'accède à la demande semi-voilée de le rendre tangible, j’y accorde à chacun de ses passages depuis cinq ans, il n’a même plus besoin de le demander que s’en ai automatique et qu'à chaque fois il met un temps à le réaliser, le temps que j’y accorde est de plus en plus long, je me félicite, un jour je trouverais la bonne formulation sans risquer ma vie en retour.

Je quitte la balustrade en entendant la réponse, la réponse me convient à moitié, réfléchissant au déclic qui ne me vient pas en déposant mon verre, autant mieux ne rien avoir dans les mains. Finalement, j’ai peut être une piste et je ne lui en veux pas.

-Ne le touche pas, grâce à lui je retrouve enfin un semblant de vie que je n’avais plus… Je suis limite menaçant en le disant en reprenant mon verre pour boire le restant, je me radoucit Es ce moi qui te l'a demandé, quelqu’un d’autre, ou es ce ton initiative?

Sans doute de la mienne, mais j’en ai aucun souvenir et c'est peut être mieux ainsi. Bien que j’en ai pas la moindre idée, j’ai perdu la carte et j’avais commencé à abandonner l’humanité qui m’habitais, bien que je sois un démon des plus pacifique habituellement. Laissant le côté démoniaque l'emporter de plus en plus en devenant de plus en plus dangereux avec l’humanité entière que contre moi même. J’en voulais à la terre entière alors que j’en voulais à moi-même de ne pas accepter ce qui m'arrive en connaissant les risques d’aimer une simple mortelle. M’avoir plongé dans le coma leur a été une bénédiction pour m'arrêter. A la demande de la femme que j’aimais qui leur ai apparue l’espace d’un instant les suppliant de m’arreter coute que coute avant de causer une catastrophe que j’aurais sans doute regretté en revenant a moi. A mon réveil, j’ai a peine chercher de réponse en me sentant complètement vidé et plus ou moins désorienté.

«Une mise en scène» a été mise en place en m'annonçant qu’ils étaient désolé et qu’ils avaient tout essayé, en laissant des brochures à propos d’un deuil à faire à l'époque que si j’avais besoin d’aide de les appeler, chose que je n’ai pas fait puisque je n’y comprenais pas grand chose et que je refusais de le croire. Ils ont mis le refus sur le fait que je souffrais possiblement d’une amnésie causée par «l’accident». Depuis, j’ai fuit Delaware, mon ancienne vie, me concentrant sur la nouvelle que je tentais de mener, jusqu'à ce que je me remette à sortir dans les bars cinq ans plus tard et que je croise Shawn. Grâce à lui quelques petits changements se sont opérés en moi, reprenant goût à la vie, de me laisser une seconde chance en quelque sorte.

-...J’ai fui devant la réalité et voilà qu’elle me rattrape dix ans plus tard… J’ai mal de l’avoir oublié toute ses années, je n’ais jamais pu en faire correctement un deuil et je lui inflige ca…


Peut être que que justement vivre cette épreuve accompagné me feras peut être réaliser quelque chose.

Pourquoi je n'ai pas moi-même lancé le sort qui lui a permis de jouer à Blanche-Neige une paire de semaines? La réponse est très simple, pour tout dire. Comme j'arrivais parfaitement à attraper la grippe en hiver depuis que j'ai transmis une partie de mon immortalité à Ziva, j'ai pu constater que l'utilisation de formules magiques m'épuisait davantage que par le passé. Faire appel aux dons de mon épouse pour la partie la plus simple de l'opération ne me semblait pas une idée stupide, sur le coup.

"Je voulais être certain d'avoir assez d'énergie en réserve pour la suite. A moins que tu n'ais préféré que je risque de te faire régresser au stade prépubère plutôt que de t'épargner quelques mois trop douloureux."

C'est moi ou on s'attendrait presque à ce qu'il montre les dents quand on parle de son homme? Il parvient à me tirer un sourire en coin, même si je suis sérieux dans mes paroles. Matt risquait bien moins de tomber sur un déclic en sortant pas le nez de son hôtel de la journée. Même si je serai un horrible grand frère si je n'étais pas heureux pour lui qu'il ai enfin trouvé à se sortir la tête du boulot, et avec un type qui a pas l'air de s'intéresser à lui que pour son statut social, qui plus est.

"C'était pas mon initiative. Ni la tienne. C'était la sienne. Il l'a envoyée vers toi, pour te faire entendre raison, accepter sa perte... mais je crois que Asmodée s'y connait autant en gestion du deuil que nous deux. Alors il l'a envoyée vers moi. Elle l'a fait pour te sauver la peau. On l'a fait pour te sauver la peau. Crache pas là-dessus."

Je reste un instant silencieux, gardant une distance raisonnable avec lui pour lui laisser l'espace dont il a besoin pour respirer, avant qu'il ne réponde, paraissant plus désœuvré que jamais. Je me rapproche suffisamment pour venir poser une main ferme sur son épaule, tentant de croiser son regard par la même occasion.

"Tu ne lui "inflige" pas ça. Tu lui donne l'occasion de te soutenir dans un moment pénible. Si il en vaut vraiment le coup et qu'il accepte d'être là pour toi, passe pas à côté. T'as voulu affronter ça seul une fois, et ça t'as franchement pas réussi. Refais pas la même connerie."

Je finis par m'éloigner à nouveau, m'offrant quelques pas sur le sol ferme, tangible et bien existant de sa terrasse, en profitant pour poser mon verre à l'abri avant de revenir vers lui, reniflant une bonne remontée d'air tout en m'accordant avec moi-même sur une suite que je risque de trouver déplaisante.

"Maintenant, si tu veux m'en coller un, profites-en avant que je change d'avis."

A l'époque sa puissance magique dépassait la mienne, je n’ai jamais compris pourquoi il l'avait refilé à Ziva, qui s'est fait un malin plaisir à me plonger dans le coma en me disant qu'elle recommencerait n’importe quand, si elle apprenait que je derape une autre fois. Elle pourrait débarquer n’importe quand d'ailleurs. Oh misère.. En me passant les mains dans le visage pour essayer de comprendre ce qu’il me dit et en réalisant qu'elle pourrait débarquer n’importe quand.

-Oh bon sang…

J’ai légèrement mal à la tête avec tout ce qui se bouscule en apprenant les événements, ajoutons à cela la fatigue que je cumule, mais peu importe. Il devrais être heureux que je sorte enfin de cet hôtel, je le voyais bien qu’il n'appréciait pas trop que je m'emprisonne dans l'hôtel a se point quand même. Plusieurs se demandaient si je ne souffrais pas d’un traumatisme quelconque à mettre le pied dehors. Comme l’agoraphobie ou tout autre trouble, cela m'a pris bien du courage pour réussir à mettre le pied dehors et de m'éloigner du Pandemonium, même si j’ai encore du mal à le délaisser quelques heures avec tout ce que j’ai fait. Attendez ce n’est pas de mon initiative, ni la sienne alors se serait, Lui… Lorsqu’il le nomme, je soupire.

-Il ne… Elle… Quoi?

Mais je relève à peine les yeux sur une autre mention. J’ai aucun souvenir qu’elle m’est apparue comme lui m'apparaît depuis cinq ans. Ai-je été aveugle à ce point? Si apparemment… Pourquoi elle ne m'apparaît toujours pas? A t-elle déjà quitté ce monde sans que je puisse lui dire: au revoir?

-Elle m'a sauvé?... J’ai tenté de me suicider?

Parce que sérieusement, j’ai aucune idée de ce que j’ai bien pu faire pour en arriver là. Au point de devoir me neutraliser et de m'effacer la mémoire. Y être parvenue leur aurait épargné toute cette mascarade autour de moi. Mais je suis toujours parmi les vivants, c’est qu’il y a une raison a tout ca. Je fourre une fois de plus mon visage dans mes mains pour tenter une fois de plus de remettre des morceaux de puzzle en place, mais il reste disparate. Je ne bouge pas lorsque je sens sa main sur mon épaule, mais je ne bouge pas de la position dans laquelle je me suis mis à fixer le parquet, levant les yeux lorsque je le sens s'éloigner, croisant mes doigts.

-C’est si… complexe, que j’y comprends pas tout et je crois pas réussir à comprendre… Mais je sais que je dois le faire pour clore ce chapitre, non?

Ce n’est pas un chapitre mais bien le premier tome d’un recit. Puisque je n'ai jamais terminé ce récit là, que j’en n’ai commencé un autre en me réveillant la-bas. Il me faut terminer ce tome là pour savourer pleinement celui que je suis en train de vivre. Alors autant mieux ne pas m’en rappeler complètement et que j’en fasse correctement un deuil. Oui, je pourrais lui en coller une mais à quoi bon, s’il perd sa tangibilité il ne sentira plus rien.

-A quoi bon… Je fini par me lever en tirant sur ma cravate pour l’enlever Si tu me dis tout ce qui s'est passé, alors oui probablement… Je m’approche sans approcher la balustrade Mais cela reviendrait à ruiner tout le travail que vous avez fait… Au point ou j’en suis, il es peut être mieux que j'en sache pas plus...

Ce que le voyage dans le Temps m'as appris est de ne jamais retourner en arrière pour le changer, tôt ou tard la catastrophe que vous avez essayer d'empêcher va venir sous une autre apparence et que le futur que vous avez connu en sois totalement changer, non cela n'en vaut pas la peine. Étrangement, je n'ais jamais chercher a le faire pour ce qui es arrivé.

La méprise de Matt me fait remarquer que la détresse semble l'emporter sur la colère que j'ai pourtant senti vibrer un instant en son for intérieur. De quoi penser que mon pain dans la gueule, je vais l'attendre assez longtemps pour m'autoriser à reprendre une posture moins "préparé à prendre un pain dans la gueule". Notez que je ne le verrai peut-être pas venir quand il va venir, aussi. C'est ce qu'on appelle les risques du métier.

"Tu crois que sa majesté des mouches se serait foulé le petit doigt à t'arrêter si t'avais essayé de te suicider? Il n'attend que ça de nous voir arriver en Enfer, au moins, il n'aura plus à garder un œil sur ses erreurs de parcours." Je le laisse réfléchir une demi seconde avant de continuer, sentant qu'il va bien falloir que je crache ce morceau-ci. "T'as bien failli nous faire péter l'Apocalypse avec quelques siècles d'avance mon pote, alors ouais, il s'est foulé le petit doigt pour t'arrêter. Mais comme faut pas non plus lui demander de s'impliquer personnellement, il est passé par son intermédiaire. Il espérait qu'elle te raisonne, sans savoir ce que j'ai appris au fil des siècles. Y a rien de pire que de voir le fantôme d'un être cher après sa perte. Pourquoi je reste ici plutôt que de rallier la Californie à ton avis?"

Je jette un œil autour de nous avant de trouver ce que je cherche, à savoir un transat sur le pied duquel me poser les miches. Pouvez pas savoir le bien que ça fait de s'asseoir deux minutes, ailleurs que sur le sol j'entends.

"Je suis le roi des égoïstes. J'ai enterré plusieurs enfants, et qu'ils soient de mon sang ou pas m'y change pas grand-chose. J'ai eu plusieurs vies, de nombreuses connaissances, plus ou moins proches, tout en gardant à l'esprit qu'un jour ou l'autre, j'allais les perdre. T'es la seule constante dans ce merdier. Avec Ziva. J'l'ai convaincue que l'éternité c'était le pied, parce que je refusais l'idée de la perdre un jour. A cause de moi, elle a mis sa fille en terre à un âge auquel aucun parent ne devrait être encore présent pour enterrer son enfant. Mieux encore, j'l'ai abandonnée à mon tour, même si c'était loin d'être prémédité. J'peux dire que je l'ai condamné à un enfer sans fin, à cette vie dont ni toi ni moi ne voulons aujourd'hui."

Tout ça pour dire? Les mots ont suffisamment dépassé le cadre de ma pensée pour que je ne sache même plus où je voulais en venir à la base. Ah oui si. Que malgré mon égoïsme exacerbé, ce n'est pas pour me protéger que je refuse de reprendre contact avec Ziva tant que je n'ai pas trouvé une solution pérenne à mon problème. C'est pour la protéger elle. Parce que j'imagine assez bien la souffrance que ce serait de savoir que je suis là sans être là, et peut-être qu'une part de moi espère pour elle qu'elle soit parvenue à avancer sans m'attendre. Une toute petite part, faut l'admettre. Concernant Matt? Il avait besoin d'un chaperon, et j'avais besoin d'une tête connue.

"Bref." Que je dis en me relevant, décidant de m'en griller une pendant que faire se peut. "Si tu veux mon humble avis, je préfère t'en parler franchement maintenant qu'à l'époque. T'as peut-être pas eu l'occasion de faire ton deuil de manière consciente, mais je suis sûr que ton inconscient est pas resté inactif ces dix dernières années. Et t'as ton sorcier. Une nouvelle page à écrire, si tu veux parler bouquin." Je me bat un instant avec un briquet qui ne fonctionne pas assez souvent pour ne pas rouiller, finissant par parvenir à tirer une bouffée de fumée de ma cigarette avant de conclure mon monologue. "Entre nous, Ziva et moi étions d'accord sur ce sujet. C'était mal de te priver de ces souvenirs. Mais c'était nécessaire. J'espère que tu retrouveras toutes les pages, sans la souffrance qui allait avec."

Je suis pas le type le plus violent qui existe. Certes je m'énerve mais j'en viens rarement au poings. Avec ce que j'ai appris, j'aurais toutes les raison possible de lui en vouloir, mais non, je reste là à le regarder d'où je suis, sans trop comprendre essayant d'assembler tant bien que mal les morceaux qu'il me donne. Au pseudo qu'il donne à notre paternel, il arrive a me soutirée l'esquisse d'un sourire.

-Que l'on vivent ou que l'on meurt, il s'est toujours foutu de ses progénitures parce qu'on ne vaut rien.

Du moins c'est ce que je crois, ce grimoire est censé être entre nos mains et il n'y est plus, je l'écoute en passant une fois de plus les mains dans le visage pour chasser la fatigue.

-Parce qu'elle ne peut pas te voir tandis que moi si et que t'aime bien m'enquiquiner..

Le fait d'apercevoir les fantômes est sûrement relié au fait que nous ayons côtoyé la Mort à plusieurs reprises.

-Elle ne t'a jamais réellement crue Mort en fait, c'est peut être pour ça qu'elle ne te vois pas, parce qu'une partie d'elle sait que tu es "vivant"...

Je ne sais pas s'il va y croire ou pas, ce qui expliquerait la cause ou pas. Plusieurs côtoient les fantômes, d'autres les ressens, d'autres ignorent qu'ils flottent parmi nous attendant leurs salut. Le fait que j'aurais pu causer l'apocalypse m'étonne légèrement, je ne suis pas aussi puissant que ça, non? Ce blanc doit être dû aux sorts qu'ils mon lancé.

Je le suis des yeux en silence debout verre à la main prêt à le remplir de nouveau. L'idée de le dématérialiser juste pour me foutre de sa tête ne me vient même pas. J'avale une longue gorgée d'alcool avant de le remplir de nouveau avant de reprendre place. Contrairement à lui, à ma connaissance, je n'ai pas engendré d'enfants, cela ne m'est jamais venu en tête mais j'y suis passé proche il y a dix ans. Il y a autre chose qui me passe en tête. Il m’étonne qu’il parle autant pour plus ou moins rien dire, j’ignore où il veut en venir et je ne sais pas trop le comprendre. Je ne réplique rien sur le coup, nous avons chacun une vie diamétralement différente et si semblable à la fois. J’ai assisté à quelque événement le concernant, il a fait bien plus de vague que moi.

-Rassurez-moi vous avez bien fait les choses.. Je veux dire les arrangements… Je soupire Arg, tu sais ce que je veux dire… J'hésite  J’ignore où elle se trouve…

Je n'ai jamais pu lui dire au revoir encore moins l’enterrer et bien faire les choses comme je lui laisse comprendre les sous-entendus. Je lui pique le paquet de cigarette au passage et je m’en prend une.

-Sans la souffrance t’es sérieux? Regarde-moi…

Complètement perdu, encore une fois devant lui. J’ignore ce que mon subconscient en n’a pensé ou ce que j'ai pu faire en dix ans. Fuir, éviter bien des gens, me créer une nouvelle vie, qui n’est pas si déplaisante a bien y penser. Je fume quelque secondes en réfléchissant.

-Vous m’avez tellement brainwasher que j’ignore ce que mon subconscient a fait… Tout ce qui me vient… La fuite pure et simple…

"On vaut bien plus qu'il ne l'avouera jamais. Parce qu'on s'est construits sans son aide, et qu'on a pas besoin d'être des "fils de" pour avancer dans nos putains de vies mal rangées."

Je tourne légèrement le regard vers Matt quand il tente de répondre à la question à laquelle mon discours endiablé ne m'a finalement pas permis de répondre, devant admettre que sa réponse est justement le nœud du problème. Je prends cependant le temps d'une nouvelle bouffée de fumée avant d'approfondir ma pensée, allant enfin là où je comptais aller au départ.

"Si elle le peut vraiment pas, c'est moi qui en souffrirais. Si elle le peut, c'est elle qui en souffrira. D'un côté comme de l'autre ça craint. Te concernant... t'avais besoin que ton grand frère veille sur toi, et si en plus je peux te casser les pieds, appelons ça un bonus."

Je lève un sourcil quand c'est son tour d'approfondir sa pensée, me précisant que Ziva n'a jamais vraiment cru à ma mort.

"Elle était là, Matt. C'est pas quelqu'un qui lui a raconté l'histoire. A moins que quelqu'un d'autre lui en ai donné une version différente?"

Et là, je ne me cache pas de le soupçonner en personne. Parce que je sais qu'il a gardé contact avec mon épouse, quelque chose pour lequel je ne le remercierai jamais assez. Mais j'ose espérer qu'il n'a pas fait passer la mauvaise info dans le combiné. Je sais que Ziva m'en voudra de lui faire un coup pareil, mais si je dois mettre vingt ans à trouver une solution à cette histoire, je ne compte pas la forcer à m'attendre durant tout ce temps. Même si j'ose espérer très égoïstement qu'elle m'attende tout ce temps.

"Puis-je te rappeler que dans sa grande ironie, notre père a fait en sorte que je sois élevé dans une foutue église? Bien sûr qu'on a fait les choses comme nous nous devions de les faire."

Et sans doute que j'y ai ajouté suffisamment de magie pour que le temps n'ai aucune emprise sur sa dépouille, même si je doute que mon frère aille jusqu'à la faire sortir de terre pour en avoir le cœur net. C'était une question de respect à son égard, de mon point de vue. Les effets de ma disparition, du coup? Notez qu'on a été deux à s'en mêler, alors ça devrait aller.

"T'as un stylo?" Je n'attends pas franchement qu'il me le donne pour le lui arracher des doigts quand il en trouve un, avant de sortir un morceau de papier froissé de la poche de mon manteau pour griffonner quelques mots dessus. Une adresse et un emplacement, bien sûr. Un papier que je tends d'abord vers lui avant de reculer ma main, tenant à mettre une chose au clair. "Si je pouvais encore me téléporter, je nous y emmènerai directement. Etant donné que je suis toujours rouillé de ce côté, et que j'comprendrais que tu veuille pas que je t'accompagne, promets moi de pas faire ça tout seul."

Pour être honnête, il a l'air d'avoir besoin de se vider une bouteille, mais si une bouteille avait suffi il y a dix ans de ça, on aurait vraiment gaspillé notre énergie à lui éviter plus d'ennuis qu'il n'en a déjà eu.

"J'te regarde. Et j'te vois. Comme j't'ai vu à l'époque. Crois-moi, j'vois la différence. T'es bon à ramasser à la petite cuillère et c'est normal, mais j'vois pas la souffrance à l'état pur que t'as pu ressentir par le passé. J'te sens pas prêt à nous offrir une petite fin du monde pour le dessert. Et vaut mieux pas, parce que j'ai clairement plus la capacité de t'assommer à nouveau. Bref, le déni c'est censé être avant la douleur dans les étapes du deuil, mais t'as raison, on t'as mis le cerveau à l'envers, alors fais comme tu le sens. Juste, le fait pas seul."  

Si j'insiste particulièrement sur ce point? Avant Ziva, j'ai longtemps été seul, refusant de me lier à des gens que j'allais inévitablement perdre, et quand je m'attachais suffisamment à une personne pour souffrir de sa perte, je n'avais personne avec qui partager cette douleur. J'ai dit à Ziva que c'était facile, en temps qu'immortel, d'apprendre à partager sa vie en chapitres d'un même bouquin, mais pour être honnête, c'est parfois facile de retourner plusieurs pages en arrière et se perdre dans la nostalgie du passé. Si Ziva est l'exception qui confirme ma règle de la solitude, c'est autant à cause de mes sentiments pour elle que parce qu'elle est la première avec qui j'ai véritablement fait équipe. La première à qui je me suis confié comme à personne, et avec qui j'ai pu partager tout ce que je gardais pour moi depuis deux siècles.

"On en reparle d'ici un siècle. De la chance de m'avoir, j'entends." Je laisse mon mégot tomber dans le vide, observant cette étincelle rougeoyante suivre la voie descendante jusqu'à ce qu'il ne me soit plus permis de l'apercevoir. "Concernant l'ancêtre, j'avais 12 ou 13 ans. Mon père était en terre depuis trois ou quatre mois quand il a débarqué en espérant sans doute prendre la place libre. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'l'ai reçu. J'mordais comme un rottweiller à l'époque. J'en ai jamais réentendu parler après. Pas directement en tout cas."

Je m'écarte de la rambarde, reportant mon attention sur lui quand il réplique concernant Ziva. Je reste un instant à le regarder, finissant par poser une main sur son bras en guise d'excuse pour mon comportement avant de m'asseoir en équilibre sur le haut de la rambarde, parvenant presque à être à hauteur d'yeux de mon frère en agissant ainsi, et tant pis pour le vide dans mon dos.

"Désolé, je ne suis pas franchement rationnel quand on en vient à parler d'elle... mais je ne t'apprends rien. Ca me rend dingue de rester coincé dans cet état."

Je ris gentiment quand Matthew me sort le couplet de l'exorciste, balayant l'argument d'un revers de la main.

"Exorciste de pacotille. Tu crois que j'ai un jour pu supporter le contact d'un crucifix contre ma peau? Une allergie au métal que disait ma mère... disons que ça aura presque convaincu la vieille sœur bigotte de l'église que j'étais pas le fils de Satan. Presque." Et cette histoire d'exorcisme? Ouais, j'en ai tenté un ou deux, d'accord, le premier j'ai passé un marché avec le démon, et le second c'était du fake complet. Les crucifix? Avec la bonne paire de gants ça passe, ça picote désagréablement, mais ça passe. "Ton problème c'est le même que cui de la majorité des démons. Intérieurement, t'en as la frousse, de ces "lieux sacro-saints". Moi non. Tu l'as dit, j'y ai grandi. Ça aide à y entrer sans cramer."

Concernant l'histoire de Matt et de sa femme? Il va tout seul vers la conclusion de cette conversation, c'est pas moi qui vais renchérir par-dessus. J'espère juste qu'il sait que je suis là quand il en aura besoin, c'est tout.

"J'espère bien. Sinon, compte sur moi pour te tirer les cornes, gamin."

Il me tire un petit rire en coin à l'idée que je ne sois pas "si insupportable que ça". Quant à l'idée d'avoir croisé le paternel en chair et en os? En toute honnêteté, c'est pas moi que ça chagrinerait de pas avoir eu droit à cet honneur. Quand à une éventuelle ressemblance entre le père et le fils cadet?

"Les yeux. Rien qu'avec ce regard, tu peux pas le renier. J'dis ça, mais tu me dirai probablement la même chose. Pour le reste j'peux pas dire, c'était y a genre 440 ans, et j'en ai un peu rien à foutre de lui, alors les détails..."

Je hausse les épaules pour lui signifier que je n'en ai pas beaucoup plus à lui apprendre, avant qu'il ne rajoute qu'il fait ce qu'il peut pour m'aider dans ma situation actuelle. Qu'il n'en doute pas, je le sais bien, mais on peut pas dire que ça soulage des mas.

"J'te jures que si c'est lui qui s'est débrouillé pour récupérer le grimoire, et si y a de quoi me sauver la mise dedans comme je le pense, je risque fort de m'intéresser légèrement plus à son cas, en revanche. J'suis pas maso non, mais j'pourrai le devenir..."

Je glisse une main dans mes cheveux, les mettant encore plus en bataille qu'ils n'ont l'habitude de l'être si cela peut être possible. Histoire de me calmer avant de dire un truc que je risquerai de regretter.

"J'étais l'fils du pasteur, ça aurait été bien compliqué pour moi de jamais foutre les pieds dans l'église. Mais c'pas pour ça que j'ai un jour connu les cantiques par cœur. Quand j'étais môme, les objets saints m'effrayaient, inconsciemment, sans que je sache pour quelle raison. C'était dans mes tripes. J'aimais autant passer du temps avec mon père, même dans son église, que je craignais d'y mettre les pieds. J'me suis endurci après. J'voulais être autre chose que le fils du démon. J'aurai presque pu passer mon séminaire si il m'avait pas eu avec le grimoire. Toute cette magie, c'était tentant... enfin, t'as surement déjà entendu le couplet alors passons à autre chose. J'me mangerai bien une pizza moi. Ça te dirai qu'on se commande quelque chose?"

Un verre, une clope, ouais, me reste une bonne bouffe pour me dire que j'ai pas perdu ma journée. Je tape dans mes mains avant de sauter de la balustrade, mes pieds heurtant le sol du balcon un peu vite au gout de mes chevilles, qui me tirent une légère grimace en passant. Seul avantage d'être un fantôme, on échappe à la douleur. Mais je préfère de loin avoir mal et être entier que ne rien ressentir et ne rien ressentir... prenez les deux sens de l'expression, c'est cadeau.

"Me concernant, j'suis à peu près sûr que ma mère a jamais su qu'il était passé par là. C'était pas son genre de tromper son mari. A l'époque, c'était pas un truc de cul béni quoi."

Aujourd'hui, j'dirai que tout le monde se fout assez de tout pour que cul béni ou pas, l'adultère soit une norme à laquelle rares échappent. Mais on n'est pas là pour philosopher sur les pêchés de la race humaine, y en a bien assez en stock pour qu'on n'ait pas assez de notre immortalité pour en faire le tour.

"L'invoquer? L'ancêtre? J'ai un gros doute sur le fait qu'il réponde à nos questions ouais. Hormis en profiter pour foutre un peu plus le bordel dans nos vies. Et nous embrouiller l'esprit. Fin bref, faire son Asmodée quoi."

A la limite, faudrait en reparler si on arrive à avoir la preuve irréfutable que c'est bien lui qui est derrière tout ça. Histoire de le caler contre un mur pour y causer entre quatre yeux. Mais passons.

"Le latin ouais. Dommage que le grimoire ai été écrit en araméen ancien, ça, j'ai dû l'apprendre, et j'ai encore quelques lacunes en la matière."

Mais j'ai tendance à apprendre rapidement quand quelque chose me motive, et croyez bien que dans ma jeunesse, ce grimoire, il m'a plus que motivé à apprendre à le lire pour user et abuser des sorts qu'il contenait. Si je me suis calmé par la suite? Ziva m'a calmé. J'ignore où j'en serai aujourd'hui si je ne l'avais pas rencontrée, mais malgré nos hauts et nos bas (souvent provoqués par ma personne d'ailleurs), elle a toujours été mon garde-fou.

Je tourne le regard vers lui, le découvrant enfin aussi fatigué qu'il semble l'être, quand il me dit qu'il risque fort de ne pas réussir à maintenir son sort assez longtemps pour me permettre de m'offrir une pizza. Ok, changement de plan.

"Ok, t'as bien un truc instantané dans ton frigo. J'me casse une graine en deux minutes et j'retourne jouer les esprits frappeurs. Deal?"

"Ou il l'a joué à la Uther Pendragon. J't'adore, mais si tu tentes d'insulter ma mère, j'peux aussi bien t'en coller une, mon frère."

Ma théorie? Qu'un démon adepte des désirs humains doit bien avoir un jeu de métamorphose dans sa poche. Si je tente de m'en convaincre moi-même? Mon père n'avait pas plus l'attitude d'un homme trompé avec ma mère et son "peut-être ou peut-être pas fils" (suivant la première théorie de Matt) que ma mère l'attitude d'une femme bafouée face à son bâtard à mon égard. Non, on dira ce qu'on voudra, ma théorie me semble la plus juste.

"Remet-moi ça sur le tapis. Entre nous, ça te ferait pas de mal, là, tout de suite, un bon coma de deux semaines. "

Et ils sont nombreux ceux à qui ça ne ferait pas de mal, pour être honnête. Moi le premier? Alors non. Après six ans coincé entre deux mondes, j'vais profiter un peu de la vie avant de songer à m'en reposer. Enfin, parlant de se reposer, je crois que mon blablatement incessant ne va pas tarder à avoir la peau de mon frangin, alors je ne l'attends pas pour aller fouiner dans son frigo et trouver un reste de nouilles froides à avaler. Je vous dit pas la dalle que je vais me récupérer si un jour on arrive à me ramener pour de bon, avec cette mauvaise habitude de repas pris à la volée entre deux périodes plus ou moins longues de fantomite aigue...