I can't stand this game anymore - Silas

J'ai essayé de lui parler et j'ai fait qu'envenimer les choses. J'ai essayé de m'éloigner, mais cette boule dans mon estomac à l'idée de ne pas être présent pour elle lorsqu'elle en aura besoin est parvenue à me faire perdre l'appétit. J'ai essayé de n'en avoir rien à faire, mais c'est apparemment un échec total et complet, étant donné que je suis incapable de me la sortir de la tête. Donc présentement, je suis appuyé contre le tronc d'un arbre à proximité du commissariat, à l'abri de la lumière révélatrice du lampadaire le plus proche, à guetter la sortie de ma médecin légiste préférée, conscient que son boulot est à peu près le seul endroit où je suis sur de pouvoir l'approcher sans avoir son démon dans les pieds, même si je peux sentir la trace de son odeur dans les parages. Entre ça et l'odeur surpuissante des deux vampires originels qui squattent les lieux, j'ai l'odorat légèrement court-circuité, mais son odeur à elle parvient à passer au dessus du reste, et je ne risque pas de la rater quand elle finit par sortir du commissariat. Non, je ne me considère pas comme un stalker de connaitre ses horaires de boulot. Je dirai simplement que c'était plus pratique, à une époque, de connaitre les heures des différents protagonistes de la boutique pour savoir quand aller voir qui sans risquer de croiser qui d'autre. Intéressant quand on est pas le bienvenu dans les murs. Ce qui n'est pas le sujet actuel.

Je laisse un peu trop mon instinct de chasseur prendre le dessus alors que je me glisse devant elle dès lors qu'elle s'est suffisamment éloignée du commissariat pour que je ne me retrouve pas trop vite avec un flingue braqué sur la tempe. Pas que ça me ferait grand mal, mais ça ferait mauvais genre. Ma main glisse sur son poignet alors que je me retrouve trop près d'elle pour lui être confortable, me trouvant incapable de lui dire quoi que ce soit malgré tout ce que j'avais réfléchi, rassemblé et répété en prévision de cet instant. Rien que la voir là, face à moi, et cette expression de ... non, je refuse de dire "effroi", même si, pour être honnête, on en est pas loin ... me fait perdre aussi bien mes moyens que mes mots, et je reste un instant interdit, incapable d'articuler autre chose que son prénom. Incapable de me décider sur l'émotion qui gagne la partie dans mon être. Pour finir par mettre mon cerveau en stand by complet et me pencher vers elle pour l'embrasser.

Baiser qui, aussi court soit-il, a le bon gout de me remettre les idées en place. D'accord, la gifle que j'ai pris en réponse y a surement contribué, et pas qu'un peu. Je reste immobile un instant, acceptant aussi bien sa réaction que les sentiments qui vont avec. Sans doute que j'avais besoin que ce soit clair, et là, ça l'est. Même si ça n'éteindra en rien la flamme qui brûle pour elle en moi. Mais j'ai laissé l'incendie prendre trop d'ampleur récemment, et la douche froide n'est sans doute pas inutile.

" J'suis désolé, pour tout ça. Et j'veux juste qu'on retrouve ce qu'on avait avant. Avant que j'sois plus con que la moyenne... d'accord, que la moyenne basse du bas du panier."

Je recule d'un pas, baissant le regard vers le sol, fugacement, avant de trouver l'autre coté de la rue fort intéressant.

"T'as mon numéro. Si ça te dit de boire un verre ou bosser sur une affaire, comme avant. Et si ça te dit pas, t'entendras plus parler de moi. Mais... t'es sans doute ce que j'ai de plus proche d'une amie, et je m'en voudrais d'avoir réussi à tout gâcher par ma stupidité."

Je glisse une main sur sa joue, rapidement, avant de m'éloigner, regrettant presque de ne pas lui offrir la satisfaction de pouvoir voir ma propre joue rougir sous l'effet de son coup. Fichue absence de circulation sanguine de mort-vivant à la manque...

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