Help - ft Silas & Dante

Silas et moi … Moi et Silas … je ne saurais pas dire ce qui a réellement changé entre nous, puisque depuis plus de dix ans, il me semble que nous travaillons toujours de la même manière. Je suis celui qui va parler aux victimes avec compassion et lui il est celui qui clos l’enquête en mettant hors-jeu le criminel avec tendresse, sauf que tendresse, c’est le p’tit surnom que j’ai donné à son crochet du gauche tellement je suis sûr qu’il a déverrouillé plus d’une mâchoire. D’accord, c’est une putain de caricature, mais grosso-modo, c’est ça. On a fini par même savoir se comprendre sans parler lui et moi, de vrais camarades d’armes. Le truc, c’est que j’aime bien qu’il sache qu’il peut compter sur moi et ça, ça passe par ne pas me montrer faible. Ce soir, je déroge à ma propre règle par soucis pour l’homme de ma vie. Un soupir franchit mes lèvres en sentant la pression m’engourdir les muscles. Je me crispe sur le volant de ma Tesla, incapable de sortir alors que cela fait bien une vingtaine de minutes que je suis en bas de son appart’. Je ferme les yeux et prends le temps d’inspirer et d’expirer lentement. Futile pour un vampire … j’ai même pas de cœur à qui faire descendre le rythme et pourtant c’est tout comme. Enervé contre ma condition de merde, je frappe le volant avec violence manquant de le déloger de justesse de son emplacement. Manquerait plus que ça ! Que je foute en l’air ma voiture ! C’est limite une relique compte tenu de sa longévité.

Conscient qu’il va bien falloir me lancer avant le lever du jour, je finis par m’extraire de la voiture. Un simple t-shirt et un jean, encore une fois, j’ai oublié que j’aurais dû mettre une veste. Enfin bref, passons, ce n’est pas maintenant que je vais en trouver une. Je gravi les marches quatre à quatre pour atteindre l’étage du vampire.

En prêtant une oreille attentive, je peux au moins me dire qu’il y a peu de chance que Silas soit en compagnie de qui que ce soit. Je frappe à la porte et le vampire m’ouvre presqu’immédiatement.

« Salut, est ce que je peux entrer ? »

Pas chiant pour deux sous, mon collègue me laisse entrer sans broncher et je m’installe sur son canapé. On va dire que déjà, je connais les lieux pour y être trop souvent fourré et ensuite, si je squatte son canapé, il sait qu’un truc me titille et que j’ai besoin de lui parler. D’habitudes, c’est pour une enquête en cours, là … Il me rejoint rapidement

« J’suis désolé, j’sais qu’on avait pas prévu de se voir ce soir, mais faut que je te parle. »

Je baisse le menton et ma main cherche machinalement la perle dans mes cheveux que je n’ai pourtant pas enfilée ce soir. La blessure sur mon torse m’intime de continuer à guérir vite et la perle reste un frein.

« Déjà, sache que j’ai merdé … tu sais le type qui a buté des femmes et les a enterrés je ne sais où ? Ben j’ai corrompu notre affaire. A cause de moi, on va jamais les retrouver. J’ai pété un câble l’autre soir et je me suis rendu chez lui. Pas pour l’interroger. »

Je jette un regard à mon collègue qui comprend sans doute ce que je veux dire. Un nouveau soupir m’échappe. J’ai putain de honte. Toutes ces familles qui pourront jamais faire le deuil de leur femme, mère juste parce que je me suis laissé emporter par ma folie meurtrière. Maintenant, on ne saura jamais où ce connard les a caché.

« En fait, c’est surtout ça la raison de ma venue … j’y arrive plus Silas … le vampire hurle en moi et je merde de plus en plus. J’étais à deux doigts de bouffer Nath. On s’est disputé … enfin, je me suis surtout énervé tout seul et ça a dégénéré. J’ai pensé qu’à ce type pour me défoulé, j’avais trop peur de buter le premier venu si je trouvais pas vite une solution. Je comprends pas comment tu fais, on est vampire depuis aussi longtemps toi et moi et pourtant, je t’ai jamais senti sous son joug. »

On reparlera pas des trois autres fois où j’ai failli déjà foutre en l’air certaines de nos affaires cette année … le problème se réitère, s’intensifie et mon chéri a raison. Si je ne trouve pas la solution auprès de Silas, je ne sais pas auprès de qui. Je me recroqueville sur le canapé, trop confus pour me résigner à regarder mon collègue dans le blanc des yeux.

« Aide-moi, je sais plus quoi faire. Si je trouve pas une solution, il va falloir que je m’éloigne de Nath et je pense pas que j’y survivrais. »

Y’a pas plus sincère. Je ne pourrais pas vivre si je le quitte. Je sais quel mal je lui ferais et c’est bien la pire chose que je puisse imaginer.

Made by Neon Demon

Je pensais m'offrir une sortie ce soir. J'ignore encore s'il s'agira de me préoccuper d'une enquête mineure que j'avais laissé de coté, ou d'une chasse. Ca dépendra de ce qui se présentera en premier. Ce que je n'avais pas prévu? La visite inopinée de Dante. Et pourtant, il y a plusieurs années que je l'attends, cette conversation qu'il semble vouloir avoir ce soir. Je passe par la cuisine pour ramener deux verres et une bouteille d'alcool fort, mais malheureusement pas assez fort pour nous, que je dépose sur la table basse devant lui. Avant de m'installer sur le canapé à coté de lui, le laissant m'expliquer la raison de sa venue. Je ne peux nier un regard d'incompréhension alors qu'il me dit qu'il a fait passer de vie à trépas notre suspect numéro un dans notre dernière grosse affaire en cours. C'est là qu'il dérive sur le fameux sujet, entre deux mea culpa et trois auto-flagellations. Je pose une main sur son genou pour concentrer son attention sur moi, avant de lui répondre, prenant le temps de choisir mes mots pour ne pas lui délivrer le message inverse à celui que je souhaite lui passer.

"On les retrouvera autrement. Je te connais assez bien pour te savoir capable de retourner chaque pierre d'ici à Miami en vue de réparer cette erreur. C'est une des choses qui font de toi un bon détective. Et une bonne personne. Meilleur que je ne le suis. Parce que je ne suis pas convaincu que j'aurai eu des remords à massacrer ce type."

Oh que non, je ne clamerai pas que je gère le vampirisme mieux que lui. Disons que nous avons deux manières de faire différentes, comme au boulot. Il est organisé et méthodique. Je suis brouillon et désordonné. Là où il trouve des solutions en suivant des pistes avec la logique nécessaire à les trouver, je saute aux hypothèses et aux conclusions sans m'être concentré dessus, comme des idées qui fusent en pensant à autre chose. Bref, je dirai qu'il vient de trouver la limite de sa manière de faire, et je suis à la fois content qu'il s'en rende compte avant de faire quelque chose qu'il pourrait vraiment regretter et désolé pour lui qu'il s'en rende compte.

"Je lui lâche la bride. Je chasse, et quand je le fais, je ne suis plus vraiment moi-même. Même si je tâche de cibler des gens qui ne méritent pas de vivre. Mais il m'arrive de faillir parfois. La mère de Tom n'aurait jamais du rencontrer mes crocs. Et j'ai beau adorer mon fils et ne regretter en rien de l'avoir vu grandir et devenir l'homme qu'il est aujourd'hui, j'ai la mort de cette femme sur la conscience."

J'attrape la bouteille pour nous servir deux verres largement bien servis, avant de lui en glisser un dans les mains, laissant quelques gorgées descendre dans ma gorge avant de reposer mon verre sur la table basse.

"Empêcher un fauve de chasser ne l'empêche pas de mordre. Ca le frustre juste assez pour l'encourager à le faire. Les poches de sang et les clubs de saignée, ça nourrit, mais ça laisse pas l'occasion au prédateur de se défouler."

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Mon collègue a bien entendu les mots pour me réconforter concernant notre enquête et je me persuade qu’il a raison. On les trouvera. Je n’ai aucun regret à l’avoir massacré si cela ne concerne que lui, c’est tout ce qu’il y a autour, les autres familles qui me préoccupent réellement. Il en vient à ses conseils sur la manière de gérer le démon qui sommeille en nous. Quelque part … je m’en doutais qu’il me dirait cela, mais c’est ce lâcher-prise qui m’est tant difficile. Et si un jour mon débordement conduisait à blesser Nath ou sa fille comme lui a tué la mère de Tom … Je sais qu’il l’aime son gosse, mais il lui a pris sa mère et la culpabilité, je ne comprends même pas comment il fait pour vivre avec. Je blesse Nath ou Elaine, je retire ma perle et j’attends sur les quais de mourir, c’est obligé et tellement clair dans mon esprit que c’est l’unique solution. Toutefois, pourquoi ne pas disparaître justement avant de risquer de les blesser. Je soupire.

« J’la sentais venir cette réponse … c’est évident et Nath me le reproche bien assez de pas m’accepter. Putain d’hypocrite qui accepte pas plus le sorcier en lui tient ! On s’est bien trouvé … »

Silas nous sert à boire et mon odorat ne me trompe pas. Amen mon frère … je saisi le verre avant toute chose me sentant le besoin très humain de ne plus être responsable de mes actes et laisser l’alcool prendre le dessus … mauvaise pioche cela dit puisque le vampire ne me permet plus cette liberté que je n’ai déjà pas eu vraiment de mon vivant, hormis quelques soirées à l’alcool frelaté de mauvaise qualité. Je masse mon crâne du plat de mes mains avant de finir par mes temps, ça m’aide à y voir plus clair.

« Tu fais ça sur Chicago ? Je sais pas pour toi, mais je tiens vraiment à peine trois jours, est ce qu’il y a vraiment autant de gens qui méritent de mourir ? J’peux pas me dire que je tue plus de cent personnes par an c’est juste impossible ! »

Je peux pas devenir un tel monstre, pas tout de suite, je ferais comment pour regarder Nath dans les yeux si je deviens un meurtrier en puissance, me coucher à ses côtés comme si de rien n’était … Je lâche un nouveau soupir, dépité par cette problématique insolvable. Je ne parlerai même pas des salles de saignée … j’avais un favori dans l’une d’entre elle, jusqu’au jour où j’ai pas su m’arrêter. J’avais senti qu’il était plus faible ce jour-là et que j’aurais pas dû insister, mais j’avais les crocs qui me démangeaient et j’ai succombé à l’appel du sang. J’y suis retourné, j’y retourne, mais c’est pas se nourrir que de craindre à chaque morsure de commettre la même erreur. Je m’adosse au canapé et repose ma tête en arrière regardant le plafond plus longtemps que prévu, mais totalement perdu dans mes pensées. J’ai tellement envie d’être là pour mon sorcier, mais ne devrais-je pas l’être de loin ? Même mort, mon cœur se serre dans ma poitrine alors que je sais que l’échéance arrive, je vais partir. Il aura Elaine et ses petits-enfants, mais je ne pourrai plus faire partie de la grande image familiale. Il va vieillir et mourir, sereinement, entouré par les gens qu’il aime. Je n’y vois juste pas ma place jusqu’au bout … j’ignore encore si je le laisserai croire que je me suis suicidé ou si je le ferai vraiment, mais qu’importe, loin de lui, je suis mort … encore plus je veux dire. Je sens les larmes perlées aux coins de mes yeux. Tient, je pensais que je ne pouvais plus pleurer ? C’est peut-être de dire adieu à ma part d’humanité … il s’en va pas la dernière porte que je lui laisse et ce sont mes larmes pour l’homme que j’aime.

Je ne peux pas donner une date à ce départ, si je lui en donne une, cela signifiera que mon couple est foutu et je pense qu’il n’y aura aucun délai. Le jour où je ne le sens plus, je partirai comme cela, sans me retourner et rien qu’en ayant cette réflexion, je sais que le jour approche à grand pas. Surtout si j’ouvre grand la porte au vampire … C’est horriblement égoïste, mais tout aurait été différent si lui et moi étions pareil …

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"C'était pas un reproche." Je le laisse sortir le nez de son verre avant de reprendre, certain d'avoir son attention. "Tu crois que j'l'ai accepté moi-même? D'être un danger potentiel pour les miens? De voir ma sœur et mes enfants vieillir au soleil tandis que je reste éternellement dans l'ombre? De devoir tuer pour rester en vie? Ton sorcier a pas idée de ce que c'est. Si il ne veut pas utiliser sa magie, il l'utilise pas, point. Nous, on peut pas se permettre d'oublier ce qu'on est."

D'un coté, Dante avait besoin de ça. D'avoir une vie de couple "normale" avec un type qui ne se méfie pas de sa paire de crocs, qui ne recule pas d'un mètre à cause de sa peau froide, ou qui n'étouffe pas des haut-le-coeur à le voir se préparer une tasse de sang au micro-ondes. Qui l'accepte simplement. Mais Nathan fait pire que ça sans s'en rendre compte. Il banalise. "C'est pas important". Si, ça l'est, parce qu'à trop oublier que ça l'est, quand ça nous revient dans la gueule, ça fait mal. J'ai jamais pu oublier totalement, personnellement. Pas après le meurtre de sang froid de ma propre épouse (notez que c'est plus la signification de l'acte en lui-même que sa disparition qui m'a chagriné), pas après avoir transformé et perdu ma propre fille à cause de ça. Pas non plus après avoir détruit à jamais une partie de la vie de Tom. Dante a pas tout ça sur la conscience, sans doute que ça l'aide, d'un coté. De l'autre, quand je débarrasse le monde d'une âme qui n'aurait jamais du s'y trouver, je relativise. Ca me fait rien, même si je sais que cette personne a une famille derrière. Vaut mieux être seuls que mal accompagnés. Dante est trop empathique pour ça. C'est bien pour ça que c'est lui qui se charge de l'aspect familial de nos enquêtes. J'y arrive plus, à voir les gens pour ce qu'ils sont.

"Pour te répondre, Chicago est une grande ville, et sa police est particulièrement inefficace. Y aurait de quoi faire. Mais non, je ne me restreint pas à la ville, et non, je ne tue pas 100 personnes par an. Une vingtaine tout au plus. Un peu plus quand je ne compte vraiment pas voir certaines ordures se sortir d'un procès foiré à cause d'un idiot de flic qui a oublié de mettre des gants sur la scène de crime. J'te dis pas de te nourrir exclusivement comme ça. C'est pas dans ta nature, j'le sais bien. Mais de temps en temps, lâche la bride, ça fait pas de mal. Et ça t'évite d'imaginer le plaisir que tu prendrais à égorger un type en salle d'interrogatoire malgré les trois flics qui t'entourent. J'suis pas aveugle."

J'l'ai perdu là. J'ai besoin d'aucune aptitude vampirique pour m'en apercevoir. Il est reparti se faire des films où il est le grand méchant et où il met en péril l'existence même de ceux qu'il aime. Ou dans lesquels il trouve une solution pour que ça s'arrête. Je me relève du canapé une fois de plus, me dirigeant cette fois vers un placard dans lequel je récupère un écrin dont la taille correspond bien plus à un collier qu'à une bague. Revenant vers lui, j'hésite une dernière fois avant de le lui tendre, posant une main sur les siennes pour l'arrêter alors qu'il s'apprête à l'ouvrir un peu vite à mon gout.

"J'ai eu des hauts et des bas. J'en ai encore. Alors j'avais donné ça à Adé. La brûlure est... intense. L'électrochoc dont on a besoin si jamais on perd les pédales. J'en ai jamais eu besoin, mais ça me rassurait de savoir qu'elle l'avait. J'imagine que Nathan refusera d'avoir ça autour du cou, mais tu saura quoi en faire."

A l'intérieur de la boite que je le laisse ouvrir à présent? Un crucifix en argent, rien de moins. Certainement pas capable de faire passer un vampire de vie à trépas vu sa taille, mais la piqure de guêpe dont on peut avoir besoin.

"J'peux te poser une question plus personnelle?" Je lui laisse le temps de me refuser sa permission avant de reprendre, n'hésitant pas à accrocher son regard du mien. "Tu comptes le transformer ou pas? Et on s'en fout de son avis. Toi, c'est quoi le tien sur la question?"

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Je hausse les épaules, je ne le vois comme un reproche que parce de la part de Nath, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Il est encore plus flippé que moi de ses pouvoirs alors que concrètement, il les maîtrise sans doute un milliard de fois plus que je ne dompte mon monstre.

« Non, je sais que c’est pas un reproche, mais de ta part c’est pas pareil, j’me rends compte à quel point c’est juste évident et vrai. »

Rien de plus, il me pointe la vérité qui était juste sous mon nez depuis tout ce temps, mais faire entendre à Nath ça … c’est pas gagné, il est têtu mon sorcier, sans doute que ça rajoute à son charme cela dit. Et moi ? Je suis un bisounours, une bonne poire, naïf au possible. Je ne sais pas ce que s’est dit le vampire qui m’a transformé, mais sans doute pas que j’en ferai un bon, il a juste dû péter un câble et pas se rendre compte de l’immense erreur qu’il faisait. Enfin, je ne vais pas m’en plaindre, il m’a permis de rencontrer l’homme de mon après vie. Oui, parce qu’en plus d’être naïf, je suis aussi un gros romantique dépendant de ma relation amoureuse comme pas deux après avoir vécu une rupture horrible avec mon premier amour. Je n’imagine même pas ce que j’aurais à dire à une psychologue si je me décidais à aller en consulter. Pour sa réponse sur sa fréquence de consommation, je valide, je n’avais pas pris en considération que mes poches de sang sont mille fois moins nourrissantes qu’un humain entier. Je ricane à sa dernière phrase. Oui, ok, j’ai eu des moments difficiles ces derniers temps et j’avoue que j’ai de la chance d’avoir réussi à revenir à la raison avant de faire un carnage au commissariat. Cela ne m’empêche pas de me perdre dans mes pensées, très loin dans les méandres de mon cerveau vers les recoins les plus sombres et les plus déprimants. Si mon sorcier est ma plus belle expérience jamais vécu, il est aussi mon plus grand dilemme. Que faire de mon immortalité quand l’homme que j’aime n’a que quelques dizaines d’années encore devant lui. Le vampire me ramène à la réalité alors qu’il revient vers moi après être allé quérir une mystérieuse boîte qu’il me tend. M’apprêtant à l’ouvrir pour dévoiler son secret, sa main m’arrête net et je plonge mon regard dans le sien, interrogateur. Un « off button » … Après avoir piqué ma curiosité, il me permet de l’ouvrir. Une croix en argent, magnifique … et source de souffrance pour tout bon vampire qui se repecte. Je me mords la lèvre. Il va falloir que je convaincs mon homme de la porter. Peut-être sur la même chaîne que sa bague de fiançailles, ça me fera une double piqûre douloureuse. Une fois encore, il attire mon attention et j’avoue me demander ce que Silas pourrait bien avoir comme question personnelle pour moi. Autant dire que je ne suis pas déçu et un sourire empreint de nostalgie vient habiller mon faciès.

« Sans hésiter une seconde … mais on sait tous que la décision ne nous revient pas. »

Enfin, je lève les yeux au ciel, je doute que Silas ait eu le choix et moi non plus finalement.

« Je pense que si je le trouvai sur le point de mourir, je le « sauverai », mais je ne suis pas sûr qu’il le verrait comme tel. »

Je triture mes mains nerveusement.

« Un jour on aura cette discussion lui et moi, à moins que je n’aurai déjà une idée qu’il refusera et dans ce cas-là, je partirai … Je peux pas vivre, risquer de le croiser et faire comme si tout allait bien. »

Je baisse mon regard.

« Tu ferais quoi à ma place toi ? »

Quelque part, ce cadeau empoisonné me permettra sans doute de prendre la température sur la question auprès du brun, mais je le vois déjà refuser et ça me fait peur, tellement peur. L'échéance arrive ...

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"On n'a pas eu le choix, toi et moi. Ca veut pas dire qu'on peut pas le donner aux autres."

Je le laisse me répondre concernant précisément Nathan, et je comprend rapidement ce qu'il me dit entre les lignes. Il n'a bien sur pas envie que son homme se retrouve en danger... mais ça lui simplifierait grandement la décision s'il n'avait pas le choix que de le transformer pour lui sauver la vie. Je le comprends. Il se trouve partagé entre le fait de savoir la malédiction que représente notre condition et l'envie de partager son éternité entière avec lui.

"Tu pourrais vraiment? Partir sans te retourner, ne pas savoir si il est encore de ce monde ou pas, si il s'est contenté d'accepter et continuer sa route ou si il a pas parcouru la moitié du pays pour te retrouver? Penser qu'il pourrait avoir besoin de ton aide mais être trop loin pour le faire? J'ignore si c'est faire preuve de courage ou de folie, mais je sais que j'en serai pas capable."

Non, je ne pourrai pas. Disparaitre pour de bon, ne jamais savoir ce qu'il est advenu des miens. Je préfère de loin accompagner mes proches jusqu'à la tombe s'il le faut, même si cela me fera mal de les voir me quitter les uns après les autres. Ce que je ferai à sa place? Je me laisse le temps de la réflexion en vue de lui apporter la réponse la plus sincère possible.

"J'l'imposerai pas à ma sœur. Elle a sa vie, une vie bien plus "normale" que ce que j'aurai pu espérer pour elle en m'ayant pour frère, et j'accepte volontiers de veiller sur mes neveux et nièces quand elle ne sera plus là. La question ne se pose pas pour Tom. Et je ne pense pas que Gwen voudra de nouveau de cette vie. Mais si elle me le demandait, je la rendrais immortelle à nouveau, en espérant que chacun de nous ai appris des erreurs du passé."

J'hésite un instant, sachant qu'il y a une chance sur deux pour que la suite nous mette en désaccord lui et moi. Mais quitte à être honnête, autant l'être jusqu'au bout.

"Et si Tom et Elaine me le demandaient, je transformerai ma belle-fille sans l'ombre d'une hésitation. Mon fils est heureux avec elle, et j'espère bien les voir heureux longtemps encore. Comme Nathan et toi. Si tu me permet de te donner mon avis. Vous êtes deux crétins. Toi qui craint de le voir mourir avant l'heure. Lui qui craint de te laisser seul après sa mort. En vérité, c'est pas avec moi que faut que t'en discute. C'est avec lui. Parce que, si je résume, il en a rien à faire de sa magie, il veut pas te lâcher de sitôt, et comme tous les mortels avant lui, il n'a pas franchement envie de se voir vieillir. Hormis que j'te souhaite qu'il soit meilleur vampire que sorcier, j'vois pas bien c'qui te retient."

J'vais pas peser le pour et le contre pour lui, mais à mes yeux, la balance pèse pour le coté du pour, et pas qu'un peu. Le seul truc contre que je trouve c'est d'imposer ce mode de vie qui ne nous convient pas à l'homme qu'il aime. Mais contrairement à nous qui sommes tombés là dedans sans guide et sans avoir eu d'aperçu avant achat, nos proches connaissent nos aprioris sur notre situation. C'est pas l'ado fascinée par le vampire qui ne voit que le coté "beau gosse immortel" du bazar, le Nathan.

"Parles-en avec lui. Et tiens-moi au courant."

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Oh que non, aucun choix pour le coup, c’était ça ou crève à la limite et c’est bien là le problème. Cela me simplifierait la vie que Nath l’ai pas non plus, que je puisse juste le transformer pour le sauver et basta. Lui donner une seconde vie … éternelle et avec moi. J’suis romantique mais je nous imagine déjà parcourir le monde, sac à dos et sac de couchage pour seuls partenaires. Par contre, partir sans lui, ok c’est en partie hypocrite. Je l’aime trop pour ne pas me soucier de lui.

« Qu’à moitié, je trouverais toujours un milliard de moyens d’avoir de ces nouvelles, potentiellement retourner sur Chicago pour le voir de loin et mes p’tits enfants. Sinon je sais que s’il meurt, j’me foutrai sans doute en l’air aussi, j’ai 75 ans … j’ai eu une vie, j’peux pas en demander plus et j’suis persuadé que Nath tiendra pour sa fille et ses p’tits enfants aussi. Enfin, je te dis ça, mais j’suis pas à sa place, c’est juste l’idée que j’ai. «

Puis vient la fameuse question de ce qu’il ferait à ma place et je l’écoute. Patiemment. Su tous les points. Je hausse les épaules, convaincus que je ferais pareil pour Elaine. Je ne me vois pas lui refuser une vie d’amour avec son homme et ses enfants alors que moi-même j’en rêve.

« J’comprends et je pourrais pas le faire par respect pour Nath, mais j’serais heureux que tu le fasses pour eux. »

Je rigole lorsqu’ils nous traitent de crétins. Oh oui. Mon homme et moi, les deux crétins finis qui tournent autour du pot depuis dix ans … j’aurais aimé qu’on arrive à en parler dix ans plus tôt, qu’il n’évite pas le sujet et que je sois moins con à tellement pas vouloir le froisser que je n’ose pas l’aborder non plus.

« Si tu savais comme on a parfaitement réussi à éviter le sujet tous les deux … on parle pas de ses pouvoirs, on parle pas de moi étant un cadavre ambulant, on parle pas de son frère non plus ni de son père … tous les sujets qui fâchent, on évite … ou dès qu’on essaye, on finit par se retrouver nu sous la couette … »

Je ris une fois encore, on est vraiment ridicule et pourtant ça va nous conduire droit dans le mur de continuer. Je soupire et me lève du canapé … En fait, j’vais finir par chialer, mais je vais aller le faire dans les bras de mon mec, parce qu’il est temps que je sois un peu honnête avec lui et les peurs qui me hantent.

« Merci Silas, désolé d’avoir squatté ta soirée ! »

Je lui donne une tape amicale sur l’épaule avant de me décider à laisser mon collègue vaquer à ses occupations. La nuit n’est pas finie pour moi et j’attends de pied ferme ma prochaine discussion avec mon homme …

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Je ne le lâche pas du regard alors qu'il me balance carrément qu'il pense au suicide. Et ben si c'est ça de s'accrocher à un mortel, j'ai bien fait de rater ma chance avec Inaya, croyez-moi. Bien que je ne perde pas tout à fait espoir, mais c'est un autre sujet. Le concernant, je n'irait pas le contredire en lui faisant remarquer qu'à la manière dont il semble contrôler le prédateur en lui, j'ai des doutes sur le fait que ce dernier se laisse tuer sans résister, fusse-t-il par lui-même... Mais c'est pas un débat qui semble devoir être lancé aujourd'hui.

J'acquiesce d'un mouvement de tête quand il me dit qu'il ferait de même pour Elaine, s'il n'en était de Nathan. J'vais être honnête, à la place de son sorcier, je n'apprécierai pas qu'on prenne cette décision pour ma fille sans m'en parler avant. Mais elle a passé l'âge de devoir demander la permission à son père pour respirer. Donc, sans doute que, le cas échéant, j'en toucherai un mot à Nathan, de père à père. Mais une chose est certaine, il aura à accepter la décision de sa fille, point.

Les concernant tous les deux, il semble que j'ai tapé dans le mile, et il me le confirme l'instant suivant entre deux rires, avant de songer à s'éclipser pour me laisser "profiter de ma soirée", ouais, alors j'avais dit quoi déjà? Ah oui, chasse ou enquête... je pense que je vais aller marcher le long du lac plutôt.

"Avant de partir, Dante. Avant de songer à transformer ton sorcier, faut vraiment que tu règles ce problème qui est le tien. C'pas en arrivant pas à gérer ton démon que tu gèreras le sien en prime. Alors, le jour où tu veux qu'on aille chasser, toi et moi, hésite pas. Et attends pas que ce soit quelqu'un d'autre qu'une enflure qui le méritait qui te tombe sous les crocs. Crois-moi, ça reste sur la conscience."

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Je pose un regard sur mon collègue … que dis-je ? Mon ami. Vraiment, je ne sais pas s’il le sait, mais sans lui c’est sûr que j’aurais merdé depuis longtemps aussi.

« T’es la voix de la sagesse ! Sans problème, je viens vers toi et je compte bien apprendre à vivre avec avant d’envisager de transformer Nath … »

Merde, ça fait bizarre de dire ça, j’ai l’impression de prévoir d’avance de le faire devenir immortel sans même être sûr de savoir ce qu’il veut, juste pour moi. Je me décide donc à passer par les toits, bondissants et me défoulant déjà physiquement. Je saute jusqu’à la fenêtre de notre appartement et remercie intérieurement Nath qui a pensé à la laissé ouverte. Même en hiver, il a pris le pli de me laisser une porte d’entrée me connaissant que trop bien. Arrivant sur mes deux pieds, un atterrissage silencieux en prime, je me fais rapidement chauffer une poche de sang en me remémorant ma soirée et le continu de mes échanges avec Silas. J’en ai des choses à travailler, c’est un fait et le « ding » du micro-onde me tire de ma rêverie. Ok, ça c’est pour ce soir, mais va vraiment falloir que je chasse cette semaine, donc Silas va vite me revoir !

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