Si ça fait un bon moment qu'on ne m'a pas aperçu dans les parages? Les fées savent faire des miracles, du genre de décorer l'ensemble du Lincoln Park pour Halloween, puis Noel, en une seule nuit, mais de là à tout remettre en ordre chez elles après un tremblement de terre digne de Tchernobyl (qui était pas un tremblement de terre, merci, je sais)? Faut pas non plus pousser mémé dans les orties. Bref, tout ça pour dire que j'ai abandonné le navire quelques temps pour me rendre utile à la maison, même si certains savent très bien m'expliquer que sans poussière de fée, mon utilité est limitée. Contrairement à d'autres demi-fées, j'ai des ailes, et je sais où me fournir pour garder un petit stock de poussière de fée, même si c'pas la mienne propre. Du moment qu'elle peut servir, la provenance, qu'est-ce qu'on s'en fiche sérieusement? Et non, je ne dis pas ça que parce que j'ai pas le choix que de me fournir ailleurs. Mais c'est pas le sujet.
Le sujet c'est que ce soir, je suis de sortie, et les lampadaires m'avaient franchement manqués avec leur lumière si hypnotique. Si on a déjà eu cette conversation, de la fée attirée par la lumière du lampadaire? Je m'y suis surement déjà brulé les ailes quelques fois, mais c'est plus fort que moi, ça m'attire chaque fois davantage que la fois précédente. Donc oui, je suis une nouvelle fois en train de tourner autour d'un lampadaire, finissant par m'installer à califourchon sur le rebord du carreau cassé qui l'entoure pour profiter de la chaleur de l'ampoule, qui n'a pas encore subi le malheur d'être remplacée par une vulgaire led. C'est pas drôle les leds, on peut se poser dessus sans même s'y chauffer les pieds...

Bref, assez rigolé, serait temps que j'pointe au boulot moi, depuis le temps. Alors, d'une pirouette arrière, je rejoins le sol tout en reprenant taille humaine, attendant d'avoir les bottes bien posées au sol pour faire disparaitre mes ailes. Si on m'a vu? Le quartier est tranquille à cette heure. Et en toute honnêteté, je mise plutôt pas mal sur le fait qu'un humain allant dire qu'il a vu une fée risquerait suffisamment l'asile pour ne pas ouvrir son clapet sur la question. Si on n'est plus dans les années 40? Oui alors, les humains et l'art et la manière de se croire à la pointe de la modernité de leur société... j'ai pas 40 ans et j'ai depuis longtemps compris l'histoire, alors j'ose me dire que les immortels doivent en rire entre deux têtes dans le mur...

Made by Neon Demon

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A peine ai-je posé les pieds au sol que je me fait percuter par derrière par un idiot le nez collé au portable. Comment j'le sais, vu qu'il est dans mon dos? Le bruit d'un portable qui fait "paf" au sol, c'est reconnaissable. Je me retourne alors qu'il se penche pour ramasser son appareil, devant même me reculer quand il se relève étant donné qu'il est aussi grand que moi. Disons qu'on se serait fracassé le crâne l'un contre l'autre si j'avais pas bougé. Je brasse de l'air avec ma main pour signifier qu'il est tout excusé (d'aucuns diraient que brasser de l'air est ce que je fais de mieux de ma journée), avant de baisser le regard sur l'écran de son portable. Pas pour regarder ce qui s'y trouve, nope. Pas non plus, pour une fois, parce que je suis irrésistiblement attiré par la lumière émise par l'appareil dans sa main. Plutôt pour m'enquérir de son état de santé.

"Pas de casse?"

Si je compte m'excuser d'être arrivé de nulle part? Pas vraiment, il avait qu'à pas avoir son nez collé sur son portable, il m'aurait vu débarquer.

"Bon ben tant mieux alors, bonne route!"

Et je pars en sens inverse du sien sur le trottoir, au moins sur cinq ou six mètres avant de m'arrêter pour regarder de nouveau dans la direction de l'homme au portable.

"Sinon, un type tout seul à cette heure-ci dans ce coin là, et qui a pas du tout l'air d'un pêcheur de sardines, il s'est perdu? Ou il a rancard avec l'un de ces maudits chats puants avec lesquels je partage la cale?"

Si je fait l'âne pour avoir du foin? A peine. Mais si ça peut me permettre d'étancher ma curiosité, ça m'occupera deux minutes avant de rejoindre le reste de l'équipage.

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"Vous"? La dernière personne qui m'a vouvoyé... Je ne m'en rappelle même pas. On a le tutoiement facile chez les pirates, et accessoirement, je ne suis que la vigie. Si j'étais capitaine là... d'accord, on ne me vouvoierait sans doute pas davantage. C'est peut-être ce qui me fait faire demi-tour pour vouloir en savoir plus sur cet étrange énergumène prêt à me vouvoyer.

"No problemo, les quais sont à tout le monde. Même si certains voudraient qu'ils ne soient qu'à nous."

Le tout dit avec un grand sourire et aucun reproche envers quiconque. C'est le problème avec nous autres pirates, tout doit nous appartenir, et ce qui n'est pas à nous... le sera un jour. Je souffre de la même maladie que les collègues, rassurez-vous, et en prime, je rajoute une collectionnite aigue typiquement féérique plus exacerbée que jamais, qui se voit d'ailleurs au premier coup d'œil aux breloques en tous genres qui ornent mes vêtements. Et pour ceux qui se demandent, doit y en avoir encore plus de cousus dans l'intérieur de mon manteau. Et plein mon coffre dans la cale. Et tellement dans ma chambre que ma mère refuse d'y entrer. Bref, pirate + fée, mauvais mélange.
Quand au fait que les chats de fond de cale ont tendance à le trouver? Il semble que cela se confirme cette fois encore. Je retire mon tricorne de mon chef pour le saluer, prenant le fait d'être appelé à mon tour "chat de vieille cale" comme un compliment. Si ça l'est vraiment? Pas certain, mais ce que je m'en carre.

"En général, ça s'appelle être un aimant à emmerdes. J'en ai assez dans mon entourage pour les reconnaitre. En passant, c'est un compliment, au moins, c'est des gens avec lesquels on s'ennuie pas. Y a toujours un truc pour leur tomber sur le coin du pif."

Je l'examine rapidement de haut en bas et de bas en haut de mes yeux trop clairs surlignés par probablement trop de eyeliner, avant de lui tourner autour et revenir face à lui, croisant les bras face à ma propre incertitude.

"Mouais. J'suis pas certain de la tenue, mais s'tu veux voir des pirates, j'm'en vais justement au navire."

Et si mon doute est justifié? Les copains et moi, on a si bien développé nos techniques d'appâts de requins que même dans l'eau douce du lac on en trouve... c'des dragons ? Ah peut-être. Ma foi, ça mange la même chose non? C'est quoi la petite voix qui me dit que ça va finir par manger des fées si j'ferme pas mon clapet? Je regarde autour de moi, finissant même par balancer deux ou trois claques dans l'air pour attraper le maudit moustique qui me chuchote à l'oreille. Si j'ai pas peur que ça soit une fée? Je suis con, merci, je sais, mais pas au point de reconnaitre une fée quand j'en vois une. En attendant, je remet mon chapeau en place d'une pirouette experte de la main, avant de reprendre la direction des quais. Suivra suivra pas, son problème.

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Avant de me remettre a marché, je sors une nouvelle fois mon portable de ma poche en lançant l’application de Google Maps pour essayer de me situer. Tandis que celui que j’ai percuté fait référence aux chats de cale et que nous nous trouvons près des quais.

- Ce qui est plus ou moins arrivé avec l'ère du Hollandais volant de son vivant, si je me souviens, il est toujours amarré au même quai qu'autrefois…

Si je sais à qui je m’adresse ? Pas la moindre, je sais qu'à le regarder, mais qu'il est sûrement de l'équipage. Si nous nous sommes déjà croisés ? Peut-être, mais je ne pourrais pas dire avec exactitude. Nous n’avons que les lampadaires pour nous éclairer ce soir. J’ai mis dans le mille pour être un membre de l'équipage, j'étouffe un rire sur la salutation faite avec son tricorne que je n’avais pas réellement remarqué jusqu'à maintenant. Mes pas m’ont menée par ici et je ne sais pas pourquoi. Encore une fois, un pirate ne m'est tombé dessus, pas celui que je connais, mais un autre. Faut admettre que je les attire quelque peu.

- Quand je dis que ce sont eux qui me trouvent et jamais le contraire…

Je le suis des yeux lorsqu'il me tourne autour en croisant les bras. Cela doit faire au moins quelques décennies que je taille un peu plus ma barbe et que j'essaye de garder mes cheveux a la longueur actuelle sans être ni trop long ni trop court, je suis dans l’entre deux qui me satisfait. J’baisse les yeux sur ma tenue, un peu trop rangé.

- Je savais que j’aurais pas dû laisser mes tenues plus… décontractées en Inde…

Même s’ils ne me reste plus rien là-bas à proprement parler, apport quelque tenue dans le placard de mon bureau qui ne valait pas la peine que j’entasse dans une valise. Ses mains dans les poches que je le suis, lorsque le navire se profile de plus en plus devant moi je m'arrête quelques secondes en me disant qu’il y a un moment que je n’y ai pas mis les pieds. Sur les quais, je demande innocemment…

- Il y a toujours du rhum ?

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"Faut bien un quai spécial pour un navire aussi spécial. Il ferait un peu tâche au milieu des hors-bords du port de plaisance, et y a pas la place de le caser dans le port de pêche non plus."

Je crois même que ça doit se lire dans ma voix que je trouve l'idée d'amarrer le Hollandais ailleurs qu'à son ponton d'attache totalement irréaliste. Et je suis à moitié fée, les trucs "irréalistes", j'en connais pas beaucoup. Y a beaucoup de choses "irréalistes" pour la plupart des gens qui peuvent se révéler très réelles pour peu qu'on ai un peu de poussière de fée en stock pour les rendre réelles.

Je vais jamais y arriver au navire, au rythme auquel j'y vais, mais ce type m'intrigue vraiment, alors il est possible que je fasse un seconde demi-tour dans sa direction quand il me rétorque qu'il a laissé la moitié intéressante de ses fringues en Inde. Qui laisse la moitié de ses fringues à l'autre bout de la planète sérieusement? A moins qu'il n'habite là-bas et soit en vacances ici, mais sérieusement, il a l'air tout sauf en vacances vêtu de la sorte. Ouais nan, la supposition n'est pas crédible une seconde. Si lui est en vacances, moi, j'ai le mal de mer. Et depuis le temps que je navigue, ça se saurait.

"En Inde... tu sais qu'en général, c'pas plus mal d'avoir son coffre à portée de main? Enfin, au moins dans la ville où t'accoste 300fois par an en tout cas. Ca aide à avoir le choix des tenues."

Et après l'avoir contourné pour l'examiner de haut en bas, c'est à mon tour de tourner sur moi-même, écartant même les pans de mon manteau pour lui donner un meilleur aperçu de la vermine que je suis.

"Tu vois, ça c'est du style!"

De la bricole, conclurait sans doute la captaine, mais au moins, on peut dire que je sais marquer les esprits. Et sans me servir de mes ailes en prime. Enfin, je finis par lui offrir mon plus grand sourire quand il me demande s'il y a toujours du rhum à bord. Voilà qu'il sait comment me parler en plus.

"Un navire pirate sans rhum, ça serait comme une église sans curé. Moi c'est Peter. Et toi? T'as l'air d'en savoir plus que le commun des mortels sur le navire. T'es quoi? Sorcier, loup-garou... vampire?" Ce coup-ci, ce sont les yeux que j'ouvre en grand, alors que je me rapproche de lui. "Nan, pas vampire, te manque cette aura de mort qu'ils ont autour." Et moi, je suis quoi? En retard, déjà, à force de blablater, alors si on reprenait notre marche pour commencer?

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- Ses vrai qu’il ferait tâche au milieu de navires plus modernes...

Voir qu'aucun sorcier ou illusionniste n’a essayé de lui donner une façade un peu plus adaptée en s'amarrant à un port. À moins que quelqu'un ne se soit déjà essayé et que cela se soit soldé par un échec. Hum… Je dois m'arrêter dans mon élan lorsqu'il fait demi-tour à nouveau.

- L’Inde a été l’une de mes dernières destinations… Disons que je ne m'arrête jamais assez longtemps a quelque part pour me traîné une garde-robe complète….

Quand est-ce la dernière fois où j’ai eu une garde-robe des plus complètes ? Autre de ce qui rentre dans deux valises. Il y a fort longtemps que je n’en porte aucun souvenir. Il m’arrive même de laisser une de mes valises quelque part pour repartir presque à neuf à ma prochaine destination. Je crois que je vais bien faire cela lorsque je partirai ailleurs.

-Disons que ce n’est pas réellement dans ma palette de couleurs. Je doute que cela m’aille…

Qui s'enlève sans doute sans encombre comparer à moi. Je me gifle mentalement au passage. Arg, je n’arrive pas à croire que j’en arrive là avec mes pensées. Je l'écoute en me disant qu’il y a un tas d'églises abandonnées de leurs cultes, mais je comprends l’idée. Quel nom vais-je lui donner sans doute mon nom le plus commun des mortels ?

- Gabriel, mais tu as sans doute déjà entendu parler de moi…

Je me laisse approcher alors qu’il essaye de deviner ce que je suis. Je plisse les yeux à la supposition d'être un vampire que je ne suis pas.

- Je ne suis pas de ceux-là, je ne crame pas au soleil. Essaie encore…

On me surnomme parfois comme étant l'ancêtre ou celui qui ne trouve pas la mort quand il la cherche.

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Et non, je ne tiens pas en place, mais ça, je crois qu'il n'y a pas besoin de le lui dire pour qu'il l'ait remarqué. On nous trouve souvent énervants, horripilants ou tout simplement casse-pieds, nous autres fées. Et pour être honnête, je ne suis pas à mon premier enfermement dans une marmite ou une lampe à pétrole sur le navire parce que j'ai gonflé la mauvaise personne... ok, c'était la petite spécialité de notre regretté chef cuistot ça, mais il a fait des émules en la matière.

"Tu sais qu'ils ont inventé des sacs de voyage maintenant?"

Enfin, mon bagage est un coffre qui doit faire 15kg à vide, alors je ne suis pas franchement le mieux placé pour parler.

"Bah, les goûts et les couleurs, ça se discute. A une époque, je ne jurais que par le bleu. C'est ce qui va le mieux avec mes ailes après tout. Mais depuis un temps, j'ai opté pour le rouge. Ca attire l'œil, et puis, c'est une couleur royale, et vu que je suis sans conteste le roi du nid de pie de notre navire..."

Gabriel, nope, comme ça ça me dit rien. Mais si fallait que je retienne le nom de tous ceux qui utilisent le navire comme ferry, ou profitent des croisières organisées par la captaine entre deux pillages de navires, j'aurai pas fini.

"Nope, ça me dit rien. Mais si t'as pour projet de me suivre jusqu'au Hollandais, y aura t'être moyen de corriger cette erreur."

Pas un vampire, ça j'aurai pu le dire moi-même. Les vampires ont cette aura mortifère qui ferait mourir une fée sur place sans que l'on ait à dire face à elle qu'on ne croit pas en son existence. Si c'est vrai cette légende? Croyez pas que j'vais vous le dire, si? Bref, j'élimine d'office le loup-garou, l'elfe, le drow et le dragon, entre les oreilles pas pointues et le fait qu'aucune alerte "se trouver face à un prédateur" s'est allumée dans mon cerveau, facile à dire.

Décidé à jouer le jeu des devinettes, je me rapproche de lui jusqu'à croiser mes mains sur son épaule et poser mon menton par dessus, l'étudiant de trèèès près.

"Tu sens pas la fricassée, alors on oublie la sirène, et j'sais reconnaitre une fée quand j'en vois une. Me dit pas que t'es un sorcier? C'est si ordinairement... ordinaire! Sans déconner, on en a au moins trois sur le rafiot, et on en croise à tous les coins de rues de ces machins là!"

Oui bon d'accord, je préfère de loin croiser des sorciers que des loups-garous un soir de pleine lune. Ce que j'ai contre les loups-garous? Les soirs de pleine lune, j'en ai la pétouille, tout simplement. Parce qu'à ma connaissance, c'est la seule créature de notre monde qui a zéro contrôle sur ce qu'il fait de sa vie pendant une nuit, genre ils te boufferaient sans même s'en rendre compte, juste parce que leur estomac leur dit que y a un truc qui bouge devant eux (si j'exagère? J'suis pas prof de cryptozoologie, et je suis sur qu'un arachnophobe trouve qu'un bébé araignée de 5mm de long est une migale, donc zuteuh, j'exagère si je veux), donc nope j'aime pas, je cours pas après, et je préfèrerai encore aller voler une pièce dans le trésor d'un dragon sous le cul du dit dragon. Voilà c'est dit.

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J'essaie du mieux que je peux pour le suivre des yeux. Je le trouve  légèrement étourdissant par moment. Je laisse échapper un petit rire a la mention que les sacs de voyage existent.

-Oui, je sais, mais ma vie tient en deux valises et un sac à dos sans plus depuis plusieurs années. Je ne veux pas m'encombrer…

Parce que je dois être en mesure de partir rapidement en tout temps, je n’ai aucune attache ou presque. Bien que j'ai laissé quelque affaires a certain endroit, ils ferment ou brûlent, je me retrouve avec moins.

-Je dirais que les goûts changent avec les années… Il n'y a pas que le rouge qui fasse Royale, le bleu aussi…

Je remarque qu'il essaye toujours de me replacer ce qui me fait sourire. Disons que la dernière fois où j'ai mis les pieds, j'utilisais sans doute encore mon autre prénom Uriel et j'avais sans doute les cheveux un peu plus longs à l'époque. Preuve que je suis capable de changer suffisamment d'apparence lorsque je dois disparaître.

-Es ce que qu'Uriel, te parles un peu plus?

Je serais surpris je l'admet. A moins que Marius n'ai pas vanter nos exploits ? Chose très possible à bien y penser, je n'en vaut pas tant la peine après tout. Parce que je ne laisse pratiquement rien derrière moi, un doux souvenir ou bien de la frustration en tête avant de disparaître de leur vie. Bref, je me fais plus d'ennemis que d'amis, ainsi se déroule ma triste vie.

-Bingo…  Désolé d'être une tristesse à tes yeux..  mais j'appartiens à une très vieille lignée…

Agé de 350 ans, dernier de ma lignée, d'une magie qui disparaît de plus en plus et qui goûte sans doute l'encre. Incapable de m'orienter en autre chose….

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Sa vie tient en deux valises et un sac... et celle d'un marin à son avis? J'aime l'idée, même si je suis plutôt doué pour m'encombrer de babioles en tous genres. C'pas des trucs auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux, c'plutôt du "oh c'est beau" qui m'occupe cinq ou dix heures d'affilée parce que ça brille. Donc j'ai la collectionnite aigue facile, mais en même temps, ma vie tiens dans un coffre. Paradoxal, je sais.

"C'est cool. Très cool même.  J'aime l'idée même."

Je tends l'oreille quand il en vient à me dire que le bleu est également une couleur royale. C'est pas faux. Je devrais peut-être songer à revenir aux origines des fois... Enfin, je prends cela pour un compliment, aussi je ne tarde pas à lui offrir une vision du bleu de mes ailes avec un grand sourire.

"Ok, vu comme ça, bleu et rouge ensemble, je suis un empereur! J'aime décidément bien ta vision des choses."

Je réfléchis sincèrement à cet autre nom qu'il me donne, mais en vérité, il m'apporte plus de questions que de réponses. Je finis même par m'asseoir sur le rebord de la fenêtre la plus proche, laissant la lumière filtrant de l'intérieur se refléter dans la membrane fine de mes ailes. Je finis par remonter une jambe contre moi, posant mon menton sur mon genou.

"Uriel nope, pas plus. Mais j'ai pas la mémoire des noms alors, t'en formalise pas. J'me demande quand même... qu'un vampire change de nom passé trois ou quatre décennies pour passer inaperçu, je pige, mais toi, c'quoi l'intérêt? A moins d'avoir voulu disparaitre comme dans les films d'espionnage?"

Par contre, désolé de te décevoir à mon tour l'ami, mes les "très vieilles lignées" de sorciers, ce que j'en ai à carrer j'vous jures... Moi aussi je suis d'une "très vieille lignée" de fées, si on veut aller par là, vu que du coté de ma mère, y a toujours eu que des fées depuis la naissance de notre race... il n'empêche que je reste un sacré bâtard dans l'équation (ce qui me va très bien), alors la super lignée ancestrale là dedans, elle prend du plomb dans l'aile. Ca peut très bien être la même chez lui, et en toute sincérité, ce que je m'en fiche...

"Ouais, la moitié des sorciers du comté disent la même, tous les vampires sont des descendants directs de Dracula, et toutes les fées ont connu la fée Clochette en son temps."

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Le Pandémonium? Ah oui, ce gros hotel en plein centre-ville. Ben disons que quand vous avez vos pénates dans la dite ville, vous allez pas souvent à l'hôtel. Si y en a que ça dérange pas? C'est pas faux, mais j'ai assez de ma chambre chez moi, de mon hamac, du nid de pie du navire, de toutes les planques que nous autres fées pouvons avoir en ville, et quand on a épuisé le filon, reste encore l'option de se faire inviter. Tout ça pour dire que j'ai jamais fichu les pieds dans cet hôtel.

"Y a surement d'autres versions du Pandemonium dans d'autres villes d'autres pays non? Ou d'autres hôtels qui valent autant le coup d'œil? J'suis meilleur pour t'indiquer les bars près des ports, j'te dirai. Déformation professionnelle."

Un frisson me parcourt quand il valide ma théorie selon laquelle je ne serai rien de moins que l'empereur du Hollandais. Je sais pas pourquoi, je doute qu'il serait une brillante idée d'en dire autant à proximité du navire, tiens. Face à la captaine pour des raisons évidentes, face à l'équipage parce qu'ils me coinceraient dans un pot de confiture pour voir combien de temps l' "empereur" met à dévisser le bouchon de l'intérieur. Et à dire vrai, ce n'est que plaisanterie pour moi. J'ai bien trop de respect pour la captaine pour songer une seconde à une éventuelle mutinerie, même quand j'ai trop d'alcool dans le sang pour me rappeler quels muscles utiliser pour battre des ailes.

"J'te l'ai dit, j'retiens pas les noms." Je descends de mon rebord de fenêtre, posant les pieds par terre en faisant un pas dans sa direction pour m'arrêter juste devant lui. "Par contre, des yeux pareils, ça, ça me serai resté en mémoire." Je lui offre un nouveau sourire en coin avant de me saisir de sa main, avant de passer sous son bras pour lui tourner le dos, faisant disparaitre mes ailes en passant. Question de discrétion... oui, ça m'arrive. "Allé, si tu veux arriver au navire avant le lever du jour, va falloir se magner un peu."

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J'acquiesce à ses paroles concernant le Pandémonium. J'ai jamais franchement voyagé hormis sur le Hollandais, alors les hôtels, c'pas franchement ma spécialité, mais si c'est son avis sur la question, c'est que ça doit être vrai. Jusqu'à ce que le prochain me dise autre chose de contraire. On est pas sorciers nous autres fées, c'le dernier qui cause qui a raison, à peu de choses près.

"Ouais, j'te dirai la même. A l'exception près qu'une boite d'allumettes avec un peu de mousse me va bien aussi. L'avantage de la miniaturisation. Si j'devais trainer dans les chambres d'hôtels, elles me couteraient pas cher."

Je l'entraine jusqu'au navire, finissant par me miniaturiser devant la passerelle pour faire un tour rapide des lieux et déterminer qui se trouve à bord exactement. Pas grand monde, pas plus mal. J'apprécie à peu près chaque membre de l'équipage, on est une de ces grandes familles où chacun sait compter sur les autres mais aussi lutter contre les rivalités qui existent entre nous. Honnêtement, lors d'un abordage, je ne suis pas la lame la plus fine de l'équipage, mais je compense avec ma vue aiguisée et ma taille de guêpe, qui me permettent de voir l'ennemi arriver avant l'heure et d'être doué pour l'infiltration. J'ai trop de respect pour les navires pour apprécier les faire couler, mais parfois, un trou dans une coque, ça peut aider à prendre l'avantage.

Je réapparais à ses cotés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, faisant disparaitre mes ailes comme je reprends taille humaine, avant de m'engager sur la passerelle.

"T'sais, j'suis pas préposé au recrutement, et c'la captaine qui décide et personne d'autre, mais s'tu sais pas quoi faire des prochaines semaines, c'pourrai qu'on soit pas contre une nouvelle tête ou deux qui pourrait se rendre utile à bord."

Les iliens vont surement pas apprécier de manquer de ferry pour le temps à venir, mais j'ai cru entendre qu'on en reviendrait à notre piraterie habituelle quelques temps. Non, j'ai rêvé? Ok, c't'être l'air marin qui me manque.

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À force de voyager dans le monde, j’ai dormi à bien des endroits aussi misérables que luxueux, j’ai connus la rue, d’auberge, de taverne que d'hôtel, ainsi que quelques navires. Vous vous demandez sûrement, si j’ai déjà dormi dans le Hollandais ? Oui, quelquefois, même si j’ai eu l’impression de passer dans le voile des limbes sans y mettre réellement les pieds, parce que mon heure est loin d'être venue.

-T’a un certain avantage que je n’ai pas, vois tu...

Caser un mètre quatre-vingt-cinq a quelque part n’est pas aussi simple que d’y caser une fée qui mesure moins de dix centimètres. Je le suis tranquillement jusqu'au Hollandais.

Lorsqu'il se transforme pour faire sa ronde, je pose à peine le pied sur la passerelle. Je n’ose pas aller plus loin et je ne sais pas pourquoi je recule. Bien que je sois invité d’avance, je n’ose pas monter à bord, je préfère attendre son retour qui se fait rapidement d’ailleurs que je sursaute.

- Je ne sais pas en quoi je pourrais être utile…

Pas parce que je suis bon à rien, mais ma magie ne leur serait pas utile à bord. Je sais manier quelques armes, mais sans plus. Lorsqu'il est monté à bord du navire, je le suis derrière jusqu'à mettre le pied sur le pont.

- Nous sommes seuls ?

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