Nouvelle lieutenant de police dans la place - ft Jack

Quelques mois plus tôt

Sélène était arrivée à Chicago avec ses hommes il y a environ une semaine. Elle traquait les loups-garou où qu'ils se trouvent, c'était son job premier. c'est pour ça qu'elle avait été envoyé ici. Elle avait directement été voir le chef de la police pour savoir si il avait une place de libre pour elle. Elle exerçait aussi dans son pays, alors ça ne devait être qu'une formalité. Ce type était étrange. Un très vieux vampire. Il n'était pas de sa patrie, mais pas loin. Elle était heureuse de pouvoir compter sur un allié aussi bien placé. Il lui avait posé quelques questions et l'avaient rapidement intégré à l'équipe spéciale gérant les enquêtes surnaturelles. Sélène était comblée. Elle avait obtenue ce qu'elle voulait. Elle supposait qu'elle devrait rendre l'appareil à cet homme un jour où l'autre, mais pour l'heure elle savourait.

Aujourd'hui était son premier jour au commissariat. Elle ignorait qui serait son partenaire, en aurait-elle seulement un ? Ça ne l'a dérangeait pas de bosser seule, tant qu'on ne se mettait pas dans ses jambes. Le capitaine Tapes, lui fit lui-même faire le tour du propriétaire. On lui indiqua son bureau, puis ils en ressortirent et il demanda le silence un instant.

- Voilà le lieutenant Horvath qui nous vient d'Hongrie. Elle a été envoyé par ses supérieurs pour en apprendre d'avantage sur nos techniques de travail et pouvoir en emmener le meilleur chez elle. C'est un échange donc elle pourra sans aucun doute nous apporter beaucoup. je vous serais gré de lui faire un accueil digne de ce nom... je vous remercie.

Il la saluait et la laissait retourner à ses occupations. Avant de retourner dans son bureau, elle espérait que quelqu'un s'intéresse à elle et viennent lui parler...

J'avais promis de faire un effort, je l'ai fait. On ne m'y a pas repris depuis la dernière fois qu'on m'y a repris. C'est vague? Tant mieux. Plus de détails? On m'y a repris depuis ma rencontre-sauvetage avec la jeune Elaine.Oui, Elaine la fille de Nathan, mais il se trouve qu'elle a un prénom et que je le connais. Alors, "rencontre avec la fille de Nathan", non quoi.
Bref, on m'y a repris. C'est pas ma faute si je suis chanceux aux jeux. Moi tricher? Jamais de la vie... si peu. Ok, peut-être que j'avais un cinquième as dans ma manche. Mais ça justifiait vraiment le passage à tabac?
Reprendre la voiture? J'aurai pu, malgré mon arcade éclatée et le super œil au beurre noir que je vais me payer demain. Mais j'en ai pas eu l'occasion. La municipale s'est chargée de jouer les voitures-balais. Et voilà comment j'atterris au commissariat, assis à un bureau depuis à peu près une heure, le chiffon plein de sang dans ma main servant tour à tour à éponger ma lèvre ouverte et à appuyer sur mon arcade éclatée...Sinon c'est pas que je m'ennuie mais je compte bien obtenir un point de suture ou trois ou quatre, j'peux repasser demain non?

Et voilà plus de flics, et toujours pas pour moi... d'un coté tant mieux. Y a que moi qui sente l'odeur de cadavre que le nouveau chef laisse derrière lui? Si ça c'est pas un vampire - et pas un frais - moi je suis un poisson-clown. Il finit par s'éclipser, laissant la femme qui l'accompagnait apparemment un peu pommée dans le coin. Beh ouais ma jolie, c'est ramassage de presque-cadavres alcoolisés ce soir, peuvent pas être partout les collègues. Pour ma part? Pas une goutte. Je réserve l'alcool aux fêtes.

"Si vous savez pas quoi faire." Je laisse filer un sifflement entre mes dents, comme le fait de parler tire douloureusement sur ma plaie. "Semblerait qu'on m'ait oublié là."

Un pas vers moi et je repère d'office mon erreur. Y avait pas que le vieux qui sentait le cadavre... disons qu'il le sent assez fort pour dissimuler son odeur à elle... Bravo Jack, bravo...

je me retrouve laissée pour compte par le capitaine qui me laisse entre les mains de mes nouveaux collègues, mais pour leur part, ils ont l'air fort occupé et non pas de temps à m'accorder ce que je comprends aisément. Si je m'en trouve vexée ? peut-être un peu intérieurement, mais je ne dis rien.
Une voix un peu trop aigu pour mes délicates oreilles m'interpelle. Il a remarqué que je ne savais quoi faire visiblement. Il a été laissé là sans personne pour s'occuper de lui. Ça va être simple, je ne sais rien de lui, donc autant dire qu'il va pouvoir me faire poireauter un moment sur le pourquoi du comment de sa présence ici. Oh son de sa voix je devrais pouvoir savoir si il me ment ou non mais bon... Je sens son odeur bizarre de bestiole, mais pas de loup. Bof pas intéressant du coup je ne vais pas me faire les crocs sur lui du coup, pas drôle.

Je viens me placer face à lui. J'enlève ma veste et la dépose sur le dossier du fauteuil et vient m'asseoir. Je tente de trouver un papier qui m'explique ce qu'il fabrique ici, mais vu le chantier sur ce bureau je crois que je peux toujours rêver. Je relève la tête vers lui. Vire deux/trois dossiers qui m'embêtent, pose les mains jointes devant moi sur le bureau et lui demande, avec ce petit accent de l'est :

- Qu'est-ce que vous faites ici ?

La vampirette s'installe devant moi, prenant bien le temps de s'installer avant de me poser enfin la question qui tue. La raison de ma présence ici. Une question qui me tire un sourire que je regrette aussitôt, tirant de nouveau sur ma plaie ouverte. Une bonne nuit de sommeil, voilà ce dont j'ai besoin ici et maintenant.

"Je vous retourne la question. J'ignorai que les russes et les américains avaient inventé l'Erasmus des flics."

Ok, maintenant que j'ai joué au plus fin, je crois que la dame attends sa réponse.

"J'suis trop bon au poker. On me l'a fait regretter. Maintenant si vous aviez l'obligeance de me conduire à l'hosto avant d'attirer la moitié des vamps de la ville, je dis pas non. Faites pas cette tête, vous êtes repérable à dix kilomètres à la ronde vous autres. Et j'cause même pas de l'ancêtre là-bas. Sur que ça sent moins fort dans le tombeau de Toutankhamon."

Je retire le chiffon de mon arcade, le tournant, le dépliant et le repliant dans mes mains pour essayer d'y trouver un coin encore capable d'absorber un peu de sang. Ça serait dommage que j'en mette partout, en prime.

Mes pupilles se dilatent à sa première et stupide phrase... Je vais peut-être le bouffer finalement, juste pour faire bonne mesure. J'aime pas qu'on se paye ma tête.
Si j'ai repéré son odeur particulière visiblement lui aussi et me le fait bien remarqué. Il me rappelle qu'il pisse le sang et qu'il faudrait faire quelque chose. Chez moi, on l'aurait laissé, mais je ne suis plus chez moi, je ne dois pas l'oublier. Doit bien y avoir un médecin légiste dans le coin, laissez moi deux minutes.
Je vais chercher mon renseignement auprès d'un "collègue" et reviens après avoir compris non sans mal où se trouvait ce médecin. Je lui fais signe de se lever, avec un regard noir qui ne lui permet pas de discuter, il voulait un toubib, il va l'avoir. Je mets cinq bonne minutes à trouver le bon escalier. Et une fois tout en bas, je remarque que la température s'est refroidi. J'aperçois un jeune homme qui m'indique le bureau du médecin légiste. J'aperçois des cheveux blonds attachés et un masque sur son visage lorsqu'elle se retourne. Je vois à ses rides autour de ses yeux qu'elle me sourit légèrement.

- Bonjour docteur Davenport. Je vous amène cet énergumène. Si vous pouviez le rafistoler histoire qu'on puisse le mettre en cellule pour les prochaines heures.

Je lui rend son sourire tout en parlant. Je me rends compte que je ne me suis même pas présentée. Je lui tends la main pour la saluer.

- Je suis le lieutenant Horvath. Je viens tout juste d'arriver de Hongrie.

Je le laisse entre de bonnes mains et jolies par dessus le marché. Je croise les bras tout en me calant contre les fameux tiroirs glauques on on trouve les cadavres.

- Et vous êtes ?

Celle là ferait des ravages si elle avait une mitraillette à la place des yeux. Et la voilà qui s'éloigne. Si c'est rassurant ou pas? J'ai pas encore arrêté ma décision à ce sujet. Finissant par revenir, elle m'indique de la suivre, et je me relève avant de m'exécuter, me demandant où elle compte m'emmener. Y a un peu moins de témoins par là, on peut vraiment pas faire demi-tour? Bon sinon Jack, crétin, tu peux encore la bouffer avant qu'elle te bouffe au besoin...

Fait plus froid là. J'vais peut-être bien m'offrir un peu de crinière, au final. Bon, à ce rythme on va finir dans les cryptes... ok, la morgue... je pile devant la porte, alors qu'elle s'offre le plaisir d'une conversation avec la légiste. Sinon, j'suis pas encore mort, alors pour l'autopsie, on attendra. Attends voir, en cellule?

"Depuis quand on finit en cellule pour s'être fait tabassé? On est pas en Russie ici..."

Hongrie? Pareil, c'est à l'ouest de l'Atlantique. Pis c'est le même accent apparemment. Y avait pas assez de vampires russes en ville... Bref. Je crois que j'ai jamais été aussi heureux de croiser une humaine, même légiste. Plutôt jolie faut bien dire ce qui est. Je finis par franchir la porte, allant m'installer au plus loin du cadavre le plus proche. C'est glauque cet endroit sérieux...

"Jack Crawford. Y aurait moyen de virer l'aut là? Ça vous fait peut-être triper mais j'aimerai bien dormir les trois prochaines années perso."

Mon premier et dernier cadavre? Je l'avais dévoré... enfin "dévoré", disons qu'il a tâté de mes crocs... bref, j'en fais encore des cauchemars... Quand au fil et aux aiguilles? Ça ça va. Ça m'arrive assez souvent pour que je ne tourne pas de l’œil pour si peu. Enfin, avec le décor auquel j'ai droit, ça se pourrait.

- J'ai du mal à croire qu'on ai pu vous envoyer au commissariat parce que vous vous êtes fait tabassé. J'aurais la véritable raison, faites moi confiance.

Je prêche le faux pour avoir le vrai. L'envoyer en cabane ? Non pas vraiment prévu, à moins qu'il continue à me cacher des trucs. Si il me prend pour une conne, il sait pas encore a qui il a affaire le garçon. Chez moi j'aurais pu me permettre de lui laisser pisser le sang pour avoir les infos que je voulais, y avait toujours moyen d'arranger la vérité, mais ici ? Oh mon dieu je regrattais déjà. Quoiqu'avec le capitaine de police, ce Vladimir Tapes qui était à l'évidence de la vieille école, comme avait pu le remarquer le gamin, il y aurait peut-être moyen d'arriver à faire quelque chose, mais je ne le connaissais pas encore alors on verrait bien par la suite.
La toubib s'approche de lui et lui demande qui il est. Elle a tout plein de matos et s'attèle déjà à le soigner. Virer le cadavre ? Je souris de toutes mes dents en le voyant blanchir à vu d'œil.

- Madame ne va pas le ranger pour votre bon plaisir , avant de le ressortir de son tiroir; si il est là c'est qu'elle a pas finit, donc il va y rester.

Je regarde la jolie demoiselle à l'œuvre, bon en l'occurrence j'ai surtout le temps d'observer son dos et ses ... enfin bref…  Malgré ce que je viens de dire, je vois le jolie blondinette lâcher ce qu'elle a entre les mains pour se diriger vers le dit cadavre et le recouvrir d'un drap, avant de s'excuser de ne pas y avoir penser plutôt.
J'étais sur le point de lui demander ce qu'il était, parce qu'il avait clairement pas l'odeur habituelle d'un humain, mais pas non plus d'un lycan, quand je me suis rappelé qu'on était en compagnie d'une humaine pour le coup, donc je vais éviter.

- Bon pendant que madame s'occupe de vous, est-ce que je peux avoir la vrai raison de votre présence ici.

Je croyais que les vampires avaient l’ouïe fine. Elle, elle est particulièrement bouchée. J'vais pas lui raconter que j'ai piqué une caisse pour lui faire plaisir, franchement...

En vrai, je pense que ça la fait tripper un max tout ça. D'où la morgue, d'où le cadavre. Je partage pas le délire. Alors je garde le regard concentré vers la jolie blonde de la morgue, même si mon ouïe, elle reste à l'écoute de la vampire. Ne jamais oublier qu'un vampire est dans la même pièce que vous.

"Merci."

Je ne la quitte pas du regard, observant le moindre de ses gestes, de la quantité d'alcool qu'elle met sur la compresse à la façon dont elle passe le fil dans l'aiguille. Méfiant? Assez quand il s'agit de potentiellement me laisser une cicatrice sur le visage.

"Ok, au risque de me répéter. J'ai gagné un petit paquet à la table de poker. On m'a attendu à la sortie. Ok, peut-être que j'avais un as dans ma manche, mais on a jamais fini en tôle pour ça."

Je grimace alors que l'aiguille pique ma peau pour la première fois. La première fois est toujours la pire. Après, c'est qu'une sensation désagréable. Autant que le magnifique coquard que je vais me payer demain matin au réveil. Et franchement, je préfère me réveiller entouré de chats que d'ivrognes ramassés au fil de la nuit.

Une très jolie jeune femme accompagnée d'un homme plutôt mal en point débarque à la morgue. Tu as toujours préféré user de tes capacités sur les morts, mais tu as fait tes années de médecine générale et tu es donc capable de t'occuper de blessures; tu connais l'anatomie mieux que personne après tout.
Tu écoutes ces deux là parler et tu attends. Le jeune homme vient s'asseoir sur une des tables et te demande de ranger le corps juste à côté.

- Oui bien sur je comprends, ne vous en faites pas.

Tu t'y attèles aussitôt. Il est vrai que tout le monde n'a pas cette facilité avec les morts. Tu poses un drap sur le corps, avant de te laver les mains, de désinfecter une aiguille et de te lancer dans une couture pour refermer l'une des blessures du jeune homme.
Les deux continuent à s'agacer devant toi, l'un souhaitant obtenir la vérité et l'autre jurant que ce qu'il dit est la vérité. Tu ne sais pas qui a raison, Marie non plus d'ailleurs. Tu comprends mieux pourquoi tu as trouvé la lieutenant jolie, elle plaît beaucoup à Marie. Oui tu peux trouver une femme jolie c'est sure, mais c'est d'autant plus fort lorsque Marie s'y met. Le blondinet s'agite un peu trop à ton gout en parlant avec la lieutenant et tu demandes à cette dernière de sortir quelques minutes le temps de finir tes soins. Elle s'exécute ... on ne dit jamais non à une personne avec une aiguille et de l'alcool croyait moi !

- Détendez vous !

Oui tu sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais tu espères tout de même.

- Vous avez vraiment gagnez au poker ? Ils étaient combien à vous attendre ? Ils ont pas fait semblant !

Ola bin si Marie s'y met on est pas rendu. Tu espères simplement qu'ils ne prennent pas mal toutes ces questions.

La fliquette vampirette finit par se faire la belle, et croyez-moi que ça m'aide pas mal du tout à me détendre, rajouté au fait que la jolie blonde décide d'outrepasser ses ordres pour enfermer son mort à double-tour sous un drap. On est d'accord que les zombies, ça existe que dans les films? Oui, c'est un métamorphe qui demande ça, mais moi, je bouffe pas les gens. Fin, je jurerai pas que ça m'est jamais arrivé, mais c'est pas le but premier de mon existence, comparé à d'autres.

Je la laisse me titiller l'arcade sourcilière avec son fil et son aiguille sans broncher, comme le gentil chat bien élevé que je sais être quand je l'ai décidé. Jusqu'à ce qu'elle me demande si mon excuse est valable. Sérieusement? Je suis aussi bon menteur pour que la vérité arrive pas à se faire entendre?

"J'ai joué, j'ai peut-être légèrement truqué la partie, j'ai gagné, et ils me l'ont fait regretter. J'dois dire qu'ils y ont pas été de main morte." Disant cela, je ne peut pas m'empêcher de toucher ma lèvre du bout du doigt. Doigt que je retire vite fait, parce que mine de rien, ça pique. "Ils étaient deux, dans l'genre armoire à glace avec des bras épais comme ma cuisse. Fin, le genre de gars qu'on emploie pour foutre les gens dehors dans ce genre d'établissement, j'vous fait pas de dessin."

Un léger éclat de rire jaune plus tard, je me sers d'un truc utile. Mon odorat. Parce que le ton de sa voix a changé trop subitement dans ses dernières paroles. Fin, nan, j'repère que de l'humain là-dedans. Bizarre. C't'être une façon de séparer son coté professionnel du reste, allez savoir.

Je le soigne comme je peux. J'ai pas l'habitude que mes victimes bougent et ai la peau chaude. J'ai l'air d'un serial killer en pensant ainsi, mais c'est pourtant la vérité. Marie intervient ensuite pour lui demander si ce qu'il dit est vrai. Et si c'est faux je doute qu'il le dise à une collègue de la police. Il nous explique toute la situation qui l'a amené ici ce soir.

- Je vous crois, je vous assure. Mais je doute qu'elle vous croit. C'est même certain, elle a pas l'air commode." Vous devriez faire profil bas durant votre passage ici."

Ok. Dans ma tête c'est souvent le merdier depuis que Marie y a élu domicile, faut reconnaître, mais d'habitude ça reste entre nous. On a pas pour habitude de finir les phrases de l'autre, c'est plutôt perturbant et je la supplie intérieurement d'arrêter.

- Nan c'est bon j'ai l'image.

Il s'arrête soudain de parler et je me dis que nous sommes allez trop loin dans ces questions. Je ne sais plus trop quoi dire et du coup je préfère m'atteler à une autre de ses blessures, ses lèvres. Je ne peux pas faire de pansement banal, je vais donc commencer par chercher de la glace pour faire dégonfler. Je mets la glace dans le premier torchon propre que je trouve pour ne pas qu'il se brûle non plus et le lui tend.

- Je ne vais pas pouvoir faire grand chose pour votre lèvre à part ça. Passez à la pharmacie en sortant d'ici, ils auront des produits plus appropriés.

Bon conseil, difficile à tenir cela dit. Faire profil bas est quelque chose qui m'est particulièrement compliqué, pour être honnête. Et une fois encore, cette légère inflexion dans la voix, qui me pose tant question. Une question à laquelle je n'aurait certainement pas la réponse aujourd'hui, mais un mystère à résoudre, assurément. Ca ira avec la petite créature que la jeune sorcière et moi avons poursuivi sans succès un soir. Tiens, il y a un temps que je ne l'ai pas croisée, la petite Elaine. Bref.

"Et c'est peu de le dire. De quoi éviter de revenir trop vite."

Pis, j'vais être honnête, ça sent moins le mort ici, à la morgue, que là-haut dans les bureaux. Les humains sont peut-être totalement ignorants de notre monde, mais ils ont vraiment aussi peu d'odorat? J'les plains autant que je les envie, sur ce coup. J'les plains d'être les moutons de la bergerie dans laquelle les loups se sont invités, sans qu'ils aient même l'idée que les loups puissent être dans les parages. Et j'les envie de pouvoir respirer là-dedans.

Une fois qu'elle a fini de me triturer l'arcade - non, sans déconner, bon boulot, ça m'a a peine piqué -, elle se préoccupe de ma lèvre fendue, m'annonçant ce que je sais déjà, qu'hormis de la glace et une bonne pommade antiseptique, elle ne peut pas grand chose pour moi. Bon, de base, j'aurai préféré finir à l'hosto qu'à la morgue donc la pharmacie, ça me semble un bon compromis.  Quand j'vais raconter ma soirée aux copains, ils me croiront pas. Faut dire que y a que moi pour mettre de l'excitation enjouée dans le récit d'un passage à la morgue... parce que ouais, une fois que y a plus de cadavre à portée de vue, c'pas si mal.

Mes doigts frôlent les siens alors que je me saisit de la poche de glace qu'elle me donne, avant de la poser précautionneusement contre ma lèvre enflée. Ouais, pour aller boire un verre au bar, j'vais peut-être attendre un jour ou deux.

"Merci." Je laisse passer le temps d'apprécier le froid sur ma plaie avant d'écarter la glace de ma lèvre et reprendre la parole. "Du coup là, j'peux y aller? Sans repasser par madame sourire, j'veux dire?"

De toute manière, s'il s'agit de repasser devant elle... j'ai un truc infaillible pour éviter les regards... qui se soucie d'un chat?

Nos mains se frôlent sur cette poche de glace et j'ai un léger frisson. Marie pense qu'il y a quelque chose de surnaturel en lui. Rien de malveillant de prime abord, mais assez pour que je me recule légèrement.

- Pas de quoi !

Je suis relativement mal placé pour lui dire quoi faire désormais. D'un côté la lieutenant de police à l'air douée pour faire son boulot, d'un autre côté ce serait peut-être bien d'écouter les gens à qui elle s'adresse, sinon où est l'intérêt; à moins que ce ne soit un problème de communication, de langage je veux dire. Elle n'est clairement pas d'ici, son accent à tirer au couteau en est la preuve parfaite.

- C'est pas à moi de vous dire quoi faire. La raison veux que vous passiez par la porte principale, juste derrière laquelle il y a cette femme. Maintenant, j'ai pas l'impression qu'elle soit très à même de vous laisser partir, de vous écouter.

Attendez, suis-je entrain de conseiller à un mec qui vient de se faire arrêter de trouver un moyen de fuir ? Je suis pourtant en couple avec l'un des des juges de cette ville... Mais y a t'il vraiment une raison d'arrêter cet homme ce soir ? Je ne crois pas. Et puis il n'y a aucune raison pour qu'on sache que j'ai dit quoi que ce soit. Il doit bien se douter que les corps ne passent pas par cette porte, c'est comme dans les films, y a porte qui les amène jusque ici depuis la rue et c'est pas la porte qui mène au commissariat juste au dessus.

Elle accepte mes remerciements et semble écouter mes doutes à retourner dire bonsoir à la suceuse de sang. De base, j'suis pas raciste, en aucune façon, mais je sens quand même que cette vampire là pourrait bien se faire une dose de sang de chat dans l'arrière boutique, surtout après qu'on lui ai rapporté le dit chat qui pissait le sang. J'ai même du bol qu'elle m'ait pas bouffé sur place en fait.. bref, elle est partie, et la jeune (et jolie) demoiselle face à moi semble avoir le même avis que moi sur la question de recroiser la vampire, même si c'est plus sous-entendu que dit à voix haute. Les murs ont des oreilles, alors, le sous-entendu me suffira.

C'est-à-dire que quand elle me donne son accord tacite pour que je sorte par derrière, je pourrai l'embrasser, vraiment, si la douleur dans ma lèvre ne me rappelait pas à l'ordre de ne pas essayer. Je me contente donc de me remettre debout, m'assurant un instant que je ne tangue pas trop avant de poser le chiffon plein de glace partiellement fondue sur la table et poser mes mains autour de ses épaules pour la remercier encore, bien que le simple fait de lui offrir un franc sourire me tire une grimace quasi aussitôt.

"Alors bonne soirée à vous, toubib."

Je sors dans le couloir, attendant à peine d'avoir franchit la porte pour prendre une apparence plus discrète, courant bientôt à quatre pattes dans une robe immaculée, si ce n'est les taches de sang qui trainent sur ma tête. De quoi penser que j'me suis bouffé une voiture, mais j'habite pas bien loin, j'devrais réussir à revenir chez moi sans croiser un idiot d'écolo comptant emmener le chat blessé chez le véto le plus proche. Si elle m'a vu? Aucune idée, j'vous rappelle que j'suis sourd comme un pot sous cette forme, et j'me suis pas vraiment retourné pour vérifier. J'sais juste que la prochaine fois, j'ouvre la porte avant, j'ai du m'y reprendre a deux fois pour faire plier cette fichue poignée de porte en sautant dessus.