Fuite de gaz, attentat terroriste, secousse sismique... aucun d'entre nous n'a encore pris le temps d'allumer la radio ou la télé pour en savoir davantage, mais ce qu'on a rapidement observé, c'est le ballet des ambulances et des gens arrivant aux urgences couverts de sang. Si nous avons su nous organiser comme à chaque fois qu'un incident survenu en ville fait de nombreuses victimes, que ce soit carambolage, fusillade ou incendie d'immeuble, ça nous a tout de même fait une sacrée cohue aux urgences, au point de renvoyer les cas les moins graves vers d'autres hôpitaux de la ville. Du moins jusqu'à ce qu'eux aussi commencent à nous envoyer les leurs. Pour ma part, j'ai fait mon boulot d'infirmier urgentiste, j'ai parfois pris des raccourcis qui ont probablement aidé certains patients mais dont j'entendrais parler dans un futur plus ou moins proche, et j'ai surement trop usé de mon don de guérison pour mon propre bien. Alors la pause, je n'ai pas hésité une seconde à la prendre dès que j'en ai eu l'occasion, et par mesure de précaution, c'est à pied que je me suis éloigné de l'hôpital par besoin d'une véritable coupure dans ma journée.
Avançant sans but précis, c'est vers la promenade de la Riverwalk que mes pas me mènent, au moins jusqu'à ce que je finisse par m'étendre dans l'herbe à l'ombre d'un arbre, pouvant dire avec une quasi certitude que j'ai atteint mes limites pour la journée. Et si je ne fais au début que somnoler, ne comptant m'offrir qu'une sieste rapide avant de reprendre du service, je finis assez rapidement par ne plus entendre ni le brouhaha des gens qui circulent à pied ou en trucs électriques (entre les gyroroues, les trottinettes, les gyropodes, les hoverboards... trucs c'est bien résumé), ni même le bruit des oiseaux qui jacassent dans l'arbre au dessus de moi. Autrement dit, je suis HS, me réveille qui veut.

Made by Neon Demon

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Mon bras passé par dessus mes yeux pour m'épargner la lumière du soleil, j'entends une voix s'élever à coté de moi. Je relève mon bras tout en tournant la tête vers l'ombre installée à coté de moi, finissant par me relever sur les coudes quand je reconnais le visage qui me fait face. Cet homme, je l'ai croisé lors de la traversée chaotique sur le Hollandais Volant, il y a plusieurs mois de cela. Lui et moi partageons une affinité certaine pour le feu, bien qu'il semble plus souffrir de son don qu'autre chose, s'il me faut être honnête sur mon avis sur la question.

"Je partage mon temps entre les néons blafards des urgences d'un hôpital public et un nid de vampires. Attraper un coup de soleil serait la dernière des bénédictions. Lesbus c'est ça?"

Non pas que nous ayons pris le temps de nous présenter quand nous avons pris celui de discuter après la tempête que nous avons subi à bord du navire pirate, mais je n'ai pas passé un mois à bord sans entendre son compagnon s'adresser à lui ou citer son nom.
Je me cale sur un coude pour tendre une main dans sa direction, plissant les yeux face au soleil qui m'agresse les rétines après ma sieste improvisée.

"Ryan. Content de te voir en un seul morceau. Compte tenu de...il s'est passé quoi au juste?"

Sans doute que je dois être l'un des derniers benêts de la ville à ne pas être au courant, mais mon besoin de déconnecter m'a interdit d'aller voir sur Google ce qu'il en était. J'ai bien compris qu'on avait évoqué des bâtiments détruits, de toute manière il n'y a qu'à voir les blessures que l'on a pu soigner depuis pour en témoigner, sans parler des traces de débris et de poussière de bâtiments que l'on trouvait sur chacune des victimes qui nous sont arrivées, mais cela m'éclaire peu sur l'origine des choses. On n'a pas vu assez de forces de l'ordre barricader chaque entrée de l'hôpital pour parler d'attentat terroriste (non mais nos logiques ne se recoupent pas quand ils en viennent à demander les papiers d'un homme à l'agonie sur un brancard avant de laisser les collègues le faire entrer dans le bâtiment, même si je respecte profondément leur travail), mais ça n'exclut qu'une seule des possibilités qui s'offrent à nous dans ce schéma. Des possibilités plus grandes encore quand on connait le monde tel que nous deux le connaissons, hors des concepts des humains lambdas.

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Ouaip, plus le temps avance plus le soleil gagne du terrain sur le pyromane infirmier couché dans l'herbe de ce parc rencontré lors de la croisière passé sur le Hollandais Volants. Je m'installe tranquillement à ses côtés observant les feuilles danser au gré des vents que je fait savoir ma présence après un moment. Lorsque je sens un mouvement à côté de moi, je tourne la tête vers lui. Je croise un bras sous ma tête pour avoir un meilleur angle de vue, toujours couché sur l'herbe.

-Mais un coup de soleil avec un bras dans le visage, ne vaut pas cette "bénédiction". C'est ça ou la torche humaine de la croisière..

Ma peau s'enflamme l'espace d'un clignement des yeux avant de revenir à la normale. Je me rassoie d'un mouvement pour mieux l'observer, j'essaye de me souvenir de son nom qu'il me devance. Ryan, Ryan, un jour ce nom va s'imprimer dans mon cerveau. Je n'ai vraiment pas la notion des noms. Je lui serre la main en retour avant de me laisser retomber sur l'herbe.

-Attend, attends, tu ne sais pas ce qui ce passe pour travailler en première ligne depuis ce qui s'est passé? Je me rassoie plus confortablement Un énorme trou s'est formé dans Ravenswood dévoilant tout ce qui se passe dans les sous-sol.

A voir sa tête, il est à la ramasse plus que je le pensais, j’attrape mon portable et lui montre quelques photos sur quelques articles de journaux et une photo prise avec mon portable comme une preuve de ce que j’avance. Je l’informe de ce que j’ai pu ramasser comme information sans trop avoir l’impression d’en avoir trop donné.

-Au moins, tu semble moins à la ramasse… Alors, si on oublie ce petit enfer, qu’arrive t-il avec toi?

Tant qu'à le croire, autant prendre des nouvelles, j’ai pas souvenir de l’avoir vue au mariage, disons que j’ai oublié la moitié des gens qui y était.

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Pas faux mais quand j'ai fermé l'œil, j'étais à l'ombre, alors on ne peut pas dire que j'y ai pensé. Rajoutez qu'il est rare que je dorme plus d'une heure sans me réveiller ou me faire réveiller, et sans doute qu'en vérité, je ne craignais pas grand chose. Hormis de me faire dépouiller peut-être? Je l'ai senti s'installer à coté de moi, j'ose penser que je sentirai quelqu'un me faisant les poches. Enfin, à voir, je ne compte demander à personne d'essayer. J'étouffe un bâillement alors qu'il me confirme son identité, laissant le feu le prendre l'espace d'un battement de cil avant de reprendre son apparence habituelle. De quoi me faire vérifier d'un coup d'œil que nous n'avons pas attiré l'attention. Enfin, à voir les gens évoluer comme si de rien n'était autour de nous, je me demande déjà si je n'ai pas rêvé cette garde de 36heures (c'était 48? Peut-être bien) de folie furieuse comme on en a rarement.

"Tu le contrôles. J'imagine que ça signifie que tu as fait la paix avec toi-même."

Notre magie n'est-elle pas le reflet de ce que nous sommes après tout? Il était sans doute plus prudent pour tout le monde que j'ai la capacité de contrôler le feu, mais pas de le créer de nulle part. Tout comme quiconque a eu un jour un aperçu de la vie chaotique de Nath comprends aisément que ses pouvoirs sont un tel bordel qu'il a préféré renoncer à les utiliser. Mon coté sorcier se dit que c'est dommage, le fait d'être son ami me dit qu'il n'a pas besoin de ces déboires là en prime du reste, même si pour le moment, il a l'air de naviguer en eaux calmes.

"Comme tu l'as dit, j'étais en première ligne. Enfin en seconde, si on considère que la première déblaye les gravats. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'en apprendre davantage. Ni l'envie, pour tout te dire."

Cela dit, s'il compte me donner les détails, je ne vais pas cracher dessus. J'appuie mon dos contre le tronc de l'arbre tandis qu'il me passe son téléphone pour me permettre de lire quelques articles de journaux sur le sujet, évoquant effectivement une brèche énorme dans le sol de la ville sans toutefois donner plus de détails sur son origine. Faut croire que c'est secret défense, ou qu'ils n'en savent rien. On aura surement une explication "logique" d'ici quelques jours, quand les grands pontes en auront discuté entre eux.

"Quand tu dis "tout ce qui se passe en sous-sol", tu parles d'Ilusk? Me r'garde pas comme ça, j'suis peut-être pas d'ici, mais j'suis sorcier, j'en ai entendu parler. Donc j'imagine que faut chercher l'origine sur un truc de chez eux qu'a voulu monter, ou un de chez nous qu'a voulu descendre."

Ou les ouvriers des chantiers entamés aux quatre coins de la ville pour ce futur réseau de métro souterrain (dans une ville qui a déjà du être surélevée pour installer des égouts? Ces américains...) ont tapé dans le mauvais tuyau et fait sauté le réseau de gaz... bref, j'suis pas technicien en sciences des explosions.

"Moi, je ne suis qu'un humain doté de pouvoirs magiques, et j'ai autant épuisé l'humain que la magie ces derniers jours. J'ai du choisir mes combats, et je n'aime pas plus cela aujourd'hui que par le passé."

Mon don de guérison n'est effectivement pas sans conséquences. La souffrance des gens dont j'améliore la condition physique m'imprègne chaque fois davantage, et il est évident qu'il m'est plus facile de soigner une coupure au bras qu'un poumon perforé. Au fil des mois, j'ai appris à "améliorer les choses" en faisant ensuite confiance à mes collègues pour prendre le relai plutôt qu'à m'obstiner à soigner totalement des dégâts qui m'auraient de toute manière dépassé (sans oublier que justifier le drainage d'un pneumothorax reste à peu près faisable, expliquer que le patient se sauve en courant deux minutes après, beaucoup moins), mais parfois, admettre que je ne peux rien apporter sans me mettre moi-même en danger, ça, c'est le plus difficile. Quelque part, je ne regrette pas de n'avoir pas eu ce don à l'époque de mon service militaire. Devoir admettre qu'on est qu'humain, avec les possibilités et les limites qui vont avec, est bien plus simple que devoir accepter que même avec ce don, on ne peux rien faire de plus. Ici, les humains sont capables de petits miracles sans avoir besoin d'une intervention magique. Quand vous n'avez qu'une trousse de secours et le sable du désert autour de vous pour vous aider, faut admettre que même le système D a ses limites.

"Ravenswood tu dis?"

Lui rendant son portable, c'est le mien dont je me saisis pour jeter un œil à mes messages et mes appels manqués. Dmitri prévoyant de saigner à blanc le fils de chien de sorcier responsable de ce bordel, pas surprenant. Anya me demandant de la rappeler sitôt que j'ai une seconde de libre... je lui renvoie un message pour lui dire que tout va bien et que je la rappelle le plus tôt possible. Et un second pour lui dire que je la retrouve direct à la maison après. Je pense que ce n'est pas le moment que n'importe quel vampire, même avec le meilleur contrôle qui soit, débarque à l'hôpital. Je n'ai pas leur flair et je pouvais déjà sentir l'odeur de sang, de stress, de peur, et tous ces trucs qu'on trouve chez les êtres vivants victimes de catastrophes, dans laquelle j'ai baigné ces derniers jours.

"Ok, tu serai pas venu en voiture à tout hasard? J'ai laissé la mienne dans le parking de l'hôpital, et j'me connais assez pour savoir que si je repasse par là, j'en sortirai pas aussitôt."

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"Ce fut un mal pour un bien."

Je lui offre un léger sourire en coin tout en achevant de regarder les dernières infos du portable que je lui rends finalement. J'aurai préféré entendre parler d'une invasion de feux follets, pour le coup. Les images sont moins insoutenables, même si cela aurait pu être bien pire. On n'a pas compté les morts par milliers comme cela a été le cas lors du 11 septembre... pas la même cause, certes, mais le contexte géographique s'en rapproche.

"Tu n'as pas l'air de l'apprécier, cette ville des souterrains. Et j'te confirme, à Ravenwood, il y a un gros chantier, je perds 40 minutes à contourner pour aller bosser le matin. J'imagine que les choses ne vont pas s'être améliorées avec ça."

Il se relève, et je me saisis de sa main pour me relever à sa suite, attrapant ensuite son bras pour me stabiliser avant de le relâcher et poser rapidement une main dans son dos quand il me demande si j'habite Ravenswood.

"Dans le mile Emile. Et j'avoue que je serai plus tranquille quand je verrai la maison debout et ma famille entière."

Sa voiture est de l'autre coté du parc? Ca me fera marcher un peu, c'pas plus mal. D'accord, j'ai déjà pas mal marché ces derniers temps, mais entre la marche précipitée des urgences et une marche tranquille dans le parc... faut pas comparer ce qui n'est pas comparable.

"Merci. Sincèrement. En d'autres occasions, je me serai téléporté sur place, mais vu mon état de fatigue, ça ne serait pas prudent."

Mais si ma voiture était à coté je serai rentré au volant? Je risque assez peu de me prendre un mur en voiture. Enfin si, mais entre se retrouver coincé DANS un mur et se manger un mur, je pense savoir lequel je choisis.

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Je lève la main dans un signe vague avec le regard qui va avec.

-Oui et non…

Tout en récupérant mon portable que je vérifie rapidement pour le ranger dans ma poche. Je ne suis pas du genre à regarder les journaux télévisés, lorsqu’un journal traîne, je le feuillette de temps en temps, mais je déroule de temps en temps les actualités sur mon portable, ce qui me convient parfaitement. Le dénombrement des victimes n'est toujours pas connu et cela m’importe peu, je le saurais à un moment donné.

-L’autre sous-sol est encore pire, croit moi, j’y ai vécu pendant 14 ans, avant de monter dans l’autre sous-sol que nous connaissons sous le nom d’Illusk. Cela ne fait pas bien longtemps que nous sommes sur la terre ferme..

Je l’aide à se relever tranquillement en restant solidement sur place, veillant à ne pas qu’il chute dans son manque d’équilibre.

-J’m’excuse d’avance nous allons avoir 40 minutes de stress avant d’en voir le résultat…

Le détour qu’il a évoqué un peu plus tôt, avant d'arriver chez lui. J'espère que google map a pris en considération le trou béant, ce que je doute. J’entame la marche dans le petit sentier du parc sans presse parce qu'il n'y en a pas à avoir.

-Non, ce n’est pas conseillé et pas recommandé, y a certains murs qui ne permettent pas de respirer…

Les murs de briques ou remplis d’isolation ou quelque chose du genre. Parce qu'avec la panique, le manque d’air et tout ça, vous risquez de mourir entre deux cloisons ou directement dans le mur. Vous avez déjà entendu parler d'un machabé retrouvé dans un mur, b'ah c'est probablement un type qui s'est téléporté dans celui-ci ou s'est fait assassiner et caché là par le meurtrier qui voulait effacer les traces.

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Je met un instant à comprendre de quel "autre sous-sol" il parle. Parce que être sorcier et connaitre l'existence des démons est une chose, mais accepter la réalité du Paradis et de l'Enfer en est une autre.

"Je te crois. On ne parlerai pas d'Enfer sur Terre si l'Enfer était une promenade de santé."

Je me contente d'un hochement de tête quand il s'excuse d'avance sur le fait que nous ayons probablement 40 minutes de route supplémentaires à cause des travaux sus-cités. S'il veut mon avis, avec ce trou au milieu de la ville, et le bazar qui va inévitablement aller avec, je pense que nous serons contents si on n'a que 40 minutes de trajet en plus que quand tout fonctionne bien. Par contre sur la suite, il peut se vanter d'avoir réussi à me tirer un rire malgré la situation.

"Parce que tu connais des murs dans lesquels on peut se téléporter sans crever toi? J'parle pas d'atterrir entre deux cloisons, j'parle d'atterrir dans la cloison."

Je le suis sur le sentier qui mène en direction de l'un des parkings qui entourent le parc, là où il a très certainement laissé sa voiture. En chemin, je réfléchis à un itinéraire bis pour rentrer chez moi, un itinéraire qui serait plus long en temps normal mais qui, dans ces conditions, sera probablement plus rapide... seulement je suis infirmier, pas ambulancier, alors à moins de poser la question à un certain homme chat qui, par son "métier" de taxi (le jour où il sera déclaré, j'ôterai les guillemets), doit savoir répondre sans demander de l'aide à son GPS, on ne peut pas dire que j'ai la réponse. Enfin, si, d'autres itinéraires pour aller de chez moi à mon taf, heureusement que j'en connais, le problème c'est de savoir si c'pas des rues où on va plus vite à pieds qu'en voiture quand la rue principale est bouclée...

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Je parle bien de l’Enfer, de là d'où viennent les démons de tout genre, dont moi. Je lui laisse assimiler l’information à propos du deuxième sous-sol. Je me fiche bien qu’il y croit ou non, moi, je sais qu’il existe et je ne serais pas de ceux qui l'amèneraient là-bas pour lui prouver. Juste y penser j’en ai des frissons dans le dos.

-La où nous marchons, est la promenade de santé, Illusk, l’est aussi, mais elle est un peu plus mouvementée…

Surtout avec les drow qui cherchent la bagarre si tu ne mets pas le pied à la bonne place, disons qu’ils agissent un peu comme la police en ces terres. J’ignore les embûches qu’il y aura sur la route, juste venir ici m’a pris 15 minutes supplémentaires pour faire un truc. Pour la prochaine fois, je prendrais l'option de la téléportation. Parlant de téléportation, je réfléchis sur un type de mur où l’on peut se téléporter sans crever.

-Heum…. Si tu parles d'atterrir dans la cloison, ce n'est pas un peu impossible ? Vu l’épaisseur du truc ?

Je montre une mince ouverture d’un demi-pouce avec mes doigts, du moins ça, c'est l’épaisseur d’une feuille de gypse. On accède par le sentier du petit parc à ma voiture qui se déverrouille à mon arrivée. Je lui ouvre la portière en sachant très bien qu’il risque de chercher comment l’ouvrir. J'accède sur l'écran de mon tableau de bord au GPS pour qu’il y rentre son adresse, je vais sans doute devoir dévier souvent de la route initiale, mais bon.

-Juste au cas où…

J’ai beau connaître la ville, mais j’ignore où il vit et vu son état de fatigue, je risque de le perdre en cours de route.  

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Je croise son regard quand il me dit qu'ici, c'est une promenade de santé en comparaison de cet autre monde dans lequel il est né. C'est sans doute vrai, et sans doute que ça l'aide à relativiser la sauvagerie qu'on peut trouver dans ce monde aujourd'hui comme mon histoire personnelle m'aide à relativiser.

"Et pourtant, même dans cette "promenade de santé", on est toujours plus ou moins sur le qui-vive. Les alarmes de police, les pétards, les travaux... cette folie furieuse des derniers jours aux urgences. J'ai fait l'Afghanistan, j'prétends pas tenir la comparaison, mais je comprends."

J'en parle pas souvent, pour ne pas dire jamais, pour ne pas dire que hormis ma famille et quelques rares amis proches, personne n'est vraiment au courant. Si, deux ou trois collègues, parce qu'il est devenu assez évident, sur le terrain, que j'avais pratiqué la médecine de guerre, mais on ne peut pas dire que je leur ai offert les détails qui vont avec. Mais je sais pas, faut croire que le feeling se fait avec lui.

Concernant son histoire de cloison, je finis par comprendre d'où vient le problème de compréhension entre nous. C'est si évident en fait, que je n'y avais pas pensé jusque là.

"J'suis anglais. Chez moi, les cloisons font plutôt 50 centimètres d'épaisseur, voire plus. En bonne roche qui supporterait une apocalypse ou deux. T'en ressors pas. C'est vrai qu'ici, tu tapes un peu fort dans un mur tu passes à travers."

Je le laisse m'ouvrir la portière de sa voiture avant que je ne me glisse à l'intérieur, avant de lui indiquer l'adresse à noter sur le GPS quand il m'en fait la demande. Bien sur que je sais rentrer chez moi, mais effectivement, si on peut s'éviter de suivre les panneaux "déviation" qui vous font en général tourner en rond trois fois avant que vous ne retrouviez par hasard la bonne route.

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Je l’écoute tranquillement en silence en acquiesçant sur certains événements que l’on peut retrouver au travers de cette dite promenade. Reste qu'il n’est peut-être jamais descendu plus bas que les niveaux du métro, et même d’Illusk sans le savoir réellement qu’il se trouve au même niveau. Je recule d’au moins quinze ans en arrière pour me retrouver derrière les portes de l’enfer. Ce qu’il me décrit est tout de même proche, mais l’Afghanistan y est encore plus proche, ajoutez a cela les crie qui se fait entendre sous la torture, ceux qui revive leur pire cauchemar en boucle sans etre capable d’en sortir les rendant de plus en plus psychopathe, bien qu’il y ait un quartier plus calme, pour ceux qui on marchandé avec Hades,Satan ou bien en sont d’origine et qui non rien demandé pour arrivé la-bas. Bref, je suis né à la limite des deux quartiers, j’y ai connu le bon comme le mauvais côté du monde.

-Tu sais, tout ce que tu m’a décrit n’est pas le vacarme constant d’un des quartiers que j’ai connus… Mais dans les deux sous-sols, je recommande de savoir la base de combat d’une manière ou d’une autre et de toujours garder une arme sur toi…

Pendant qu’on marche, je lui montre mon poignet droit armé de quelques bracelets, dont l’un deux portes quelques breloques dont l’une qui laisse entrevoir ce qui pourrait ressembler à un cure-dent en croix avec quelques marques d'une ancienne blessure causé par elle. Je ne prendrais pas de chance de la matérialiser à la vue de tous. Je ne cache pas le rire lorsqu’il tilt a l’épaisseur d’une cloison sèche lorsque je lui montre.

-B’ah disons qu’entre la feuille de gypse, tu as les montants d’un mur et une autre feuille derrière, ce qui te laisse plus ou moins 10cm pour atterrir dans un mur moderne d’ici.

J’ai vraiment trop fait de rénovation dans les dernières semaines. Mais je ne peux pas m'empêcher d'ajouter…

-Vos murs doivent être plus insonorisés qu’ici, je me trompe ? Tu n'entends sûrement pas ton voisin baiser aussi clairement qu’il serait à côté de toi…

Si je cherche à insonoriser la maison de campagne ? Pas du tout, bon peut-être une pièce en particulier qui ne se retrouvera pas dans la maison principale, le cabanon, la grange, hum laissez moi cogiter quelque chose bande de petit pervers ! Dans la voiture, je l’invite à me refiler son adresse. Je doute qu’il reste éveillé assez longtemps vu son état de fatigue. Je laisse quelques secondes au GPS de s’y retrouver, il y a beaucoup d'entraves dans le chemin, mais je vais arriver a manœuvré sans trop de mal et ce quartier-là, j’y connais plus grand-chose. Avant de démarrer, je laisse un message à mon ange, que j’aurais un peu de retard.

-T’a le temps d’une sieste, je crois…

Je sais que j’ai une voiture silencieuse, je laisse un petit fond de musique diverse, c’est temps si Spotify me suggère une playlist country anglaise.

-------> Playlist Country Alistair

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Je n'insiste pas davantage sur nos histoires à la fin si différentes et si similaires de ce que chacun de nous appelle l'Enfer. Si lui l'a vécu littéralement, celui que j'ai connu moi-même me hante encore et toujours, et je n'aime guère m'étaler sur le sujet plus que nécessaire.
Quand à cette histoire de mur? Sa franchise me tire un rire sincère, bienvenu dans cette conversation qui me paraissait bien pesante jusque là.

"Je vis avec des vampires, j'te rappelle. Les murs sont jamais trop insonorisés. Rajoute que Dmitri a eu la bonne idée de faire des pièces en rab des chambres d'hôtes / restos gratuits à domicile, et j'te promet que y a pas que mes insomnies qui m'empêchent de fermer l'œil."

Bon d'accord, quand t'as appris à dormir au milieu des alertes et autres bruits de combats à moins d'un kilomètre de ta position, il en faut beaucoup pour t'empêcher de dormir quand tes cauchemars s'en mêlent pas. Et puis, la meilleure invention du siècle sont les bouchons d'oreilles, c'bien connu.

Quant à profiter du trajet pour faire une sieste? Excellente idée. Que je risque fort de mettre en œuvre en moins de dix minutes. Si mon instinct de survie devrait pourtant être assez développé, avec le passé qui est le mien, pour ne pas me laisser m'endormir en présence d'un démon? Il ne s'allume plus depuis longtemps à savoir les crocs de Anya à moins de trois centimètres de ma gorge quand on dort, et, si j'en ignore la raison, hormis mes suppositions alliant nos dons respectifs à l'équation, j'ai étrangement foi en ce type. On verra à quel point mon instinct se foire ou non sur la question plus tard.

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