The tenth, not the best one [Dante&Nath]

Le vrombissement dans mes oreilles ne s’arrête pas et je reste planté dans mon salon, une véritable loque humaine. La vue de tout ce sang, le goût sur ma langue, encore chaud, la folie dans ma tête alors que mon estomac hurle pour être nourri et mes veines qui pulsent à travers chacun de mes membres pour demander plus son dû. Je ne suis qu’un objet, un outil animé par des désirs primaires qui me contrôlent. Je me sens vide et pleins, rassasié et affamé, réjouie et sans âme. La voix de Nath me sort de ma torpeur, de mon état vaseux juste à temps pour réagir maladroitement. J’essuie ma bouche succinctement sans me rendre compte que dans la confusion, j’ai plus étalé le reste de mon repas que l’avoir fait disparaître. Je relève mon visage vers mon homme alors qu’il me demande ce qui me met dans cet état.

  « Je … »

Je retiens un sanglot. La culpabilité m’assaille et je me rends compte que c’est définitivement pas la bonne personne devant laquelle ma trouver dans un état pareil et la meilleure par la même occasion. Planète paradoxe continu sur son orbite.

  « J’ai merdé Nath …. »

Les occasions où je me suis retrouvé à m’abreuver directement au vaisseau jusqu’à ce que mort s’ensuive pour ma victime se compte assez facilement. Je ne suis pas né tueur, ni en tant qu’humain, ni en renaissant immortel. Une sorte de cœur tendre trop sensible pour la noirceur qui me ronge. Aucune volonté pour la combattre réellement, juste des tentatives plus ou moins vaines pour la contrôler, l’amadouer sans vraiment la maîtriser.

Je n’ose même pas le regarder dans les yeux, je n’ai beau pas être responsable directement de la mort de ce dernier que je me suis tout de même laissé emporter par ma faim, Sylvana n’a été que le trigger, le reste est de ma responsabilité.  Et en même temps … je suis un vampire, c’est normal que je mange … qu’est-ce que je dois accepter de cette nature ?

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Il en a pas marre d’être parfait ce mec ? J’ai juste envie de me serrer contre lui et d’oublier que j’suis un abruti, ou tout du moins partiellement. Je fais une petite moue alors qu’il finit de m’essuyer mes lèvres. A croire qu’il lit dans mes pensées, le brun s’installe à côté de moi et me serre contre lui.
J’en rirais presque tellement ses paroles ont du sens et me soulagent. C’est juste que cette foutue nature vampirique est effrayante. Va-t-elle devenir incontrôlable ? Est-ce que ma conscience fonctionne uniquement parce que je suis encore humain ?

« Promets-moi juste que si un jour je perds le contrôle et que t’es dans les parages, tu me mettras la pâté pour pas te faire de mal ? »

Forcément que le problème vient aussi de là. Si je me répugne à faire le moindre mal à n’importe qui, je ne saurais comment vivre avec moi-même si je blesse quelqu’un que j’aime. Heureusement que Nath est un sorcier, je peux toujours me dire qu’il aura effectivement la force de me contenir ou de me détruire si jamais je pète un câble.

Je soupire un grand coup et essaye de me ressaisir, finit d’être pathétique. Je frotte mon visage pour essuyer les dernières traces de ma misère et pose ma tête sur l’épaule de Nath.

« Y’a une nouvelle vampire en ville, pas du genre humain friendly si tu vois ce que je veux dire … J’pense qu’elle doit être bien plus vieille que moi, j’me suis senti ridicule à côté d’elle. »

Et c’est pas peu dire. Toujours un peu terrifiant comme je reconnaît une sorte de « supériorité » lié à l’âge que peux avoir un autre vampire et vu mon jeune âge, je ne me suis que rarement senti en haut de l’échelle.

Je finis par me lever et nous prépare une théière de thé vert, des petites tasses en céramiques japonaises et quelques biscuits secs. Je pose le plateau sur la table basse en face de nous et revient m’assoir à côté du beau brun qui a opté pour le confort du canapé.

« Merci. »

Je dépose un baiser sur sa joue et glisse même jusque ses lèvres qui me retournent l’attention.

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D’un côté, ce n’est pas comme si je ne le savais pas que c’est une tête de mule celui-là. Je le crois sur parole que si ça marche entre nous, il sera plutôt du genre dévoué et battant que larve amorphe qui attend que le malaise passe.

« Mouais … c’est bien ça qui m’inquiète. Il faudrait que je prévois des stocks de super glu si je veux te tenir à un endroit. »

Un endroit loin de moi et du danger que je suis. Mais son air de mama qui me réprimande m’amuse et me fais presqu’oublié mon inquiétude. Le véritable pouvoir de Nath repose dans son optimisme et sa force. Je veux bien croire qu’il a dû en découdre plus qu’un peu pour en arriver là et faire de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Quand je pense à toutes les années que j’ai passé sur terre, j’ai l’impression d’être une mauviette à côté.

« Le jour où tu me vois dans les bras d’une femme, tu t’inquiètes plus de ma santé mentale qu’autre chose. Elle est espiègle, j’arrive pas à savoir si elle est véritablement mal intentionné ou juste qu’elle s’ennuie. C’est malaisant. »

Le plateau de thé, le croissant à moitié enfourné dans la bouche il me demande de montrer les crocs … J’arrive à tousser de la manière la moins sexy au monde des miettes immense de viennoiseries. J’ai pas besoin de respirer pour avaler de travers et devoir tousser. Même en étant mort, c’est pas agréable le croissant dans les poumons. J’essaye maladroitement de réunir tous mes postillons en un petit amas de reste de croissant avant de regarder le brun dans les yeux.

« Tu me ferais presque peur à ce que ça te donne des idées si je te les montre. »

Pour être honnête, j’ai pas encore trop de crainte à les lui dévoiler. C’est plus l’acte de me nourrir qui me répugnerai à lui démontrer. C’est écœurant. Sans doute pas autant que de lui montrer mes dents pleins de reste de nourriture cela dit. Je passe donc ma langue sur mes dents pour vérifier qu’il ne risque pas d’y avoir un spectacle de l’horreur et laisse mes canines se déployer. C’est plutôt naturel et sur commande. J’adresse par la suite mon plus beau sourire à mon homme en attendant sa réaction. Il pourra se vanter d’avoir vu les canines d’un vampire souriant sans avoir été dévoré ensuite. C’est quand même pas banal, mes congénères sont plutôt du genre à sourire sans doute mais sans doute pas laisser la personne s’en aller après.

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Mouais, de toute façon, dans le monde des vampires je suis l'équivalent d'un caniche chez les chiens. Pas vraiment effrayant, et je cherche pas à l'être, crocs ou pas crocs. Il faut donc dire que le côté prédateur ne refléte pas vraiment mon "interprétation" du vampire. Il y a des choses dans la vie et dans la mort qu'on ne choisi pas, devenir vampire en fait peut être partie, quoique je ne peux m'empêcher de penser que cela a été mon choix de résister, de survivre à la morsure et de continuer à marcher dans la nuit. Par conséquent, c'est aussi mon choix d'utiliser mes nouvelles compétences pour aider les personnes qui en ont besoin. C'est en autre ce qui a décidé mon entrée dans els forces de l'ordre puis de continuer mes investigations avec Silas.

"Non mais t'inquiète je risque pas de mourir une deuxième fois, par contre je te confirme que la sensation d'avoir un truc coincé est toujours aussi désagréable et même sans avoir besoin de respirer derrière."

Le brun sait parfaitement jouer son rôle de mec protecteur, quand j'y pense, cela me fait un bien fou d'être celui qu'on protège. J'ai passé ma vie à essayer de protéger les autres, mettre une carapace et résoudre les conflits. Les révolutionnaires qui avaient besoin d'un leader et Luka qui faiblissait chaque jour un peu plus dont j'étais la béquille pour l'aider à avancer.

"Je te dirai si je la recroise, ne t'inquiète pas. Disons que je vais essayer aussi de pas rester focus sur mes préjugés et voir si j'ai juste mal compris ses intentions. Si je ne suis pas mauvais, il faut peut être aussi que j'arrête de considérer que tout vampire est mal intentionné."

Bien que dormir est plus que futile dans ma situation, je ne peux m'empécher de ressentir une immense fatigue m'engourdir. Lâcher la pression devant cet homme ma fait toujours un effet tel, il a le don pour faire ressurgir l'humain en moi et effacer le vampire.

"Ouais enfin, ton moment de faiblesse t'a fait avoir Elaine et je mettrais ma main à couper que c'est sans doute la meilleure chose qui te sois arrivé dans ta vie sa naissance. T'étais fait pour être père du coup ton entorse est excusable, moi j'y gagne rien à aller vers la gente féminine si tu vois ce que je veux dire."

Je souris tristement à cette idée qui ne m'effleure pas souvent. Je ne serais jamais père et peut être ne devrais-je pas trop y penser avant de finir totalement déprimant et finir de foutre en l'air ma soirée avec Nath.

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Sur la naïveté, il a pas tort, autant pour lui que pour moi. Chacun notre tour, nous sommes bien capables de la plus grande ignorance quitte à foncer dans la gueule du loup en rigolant et sautillant comme des gamins. Je laisse jouer avec mes doigts, sentant la chaleur qui s’en dégage et ma main qui progressivement s’adapte à sa température. Je laisse dans un coin de ma tête la vampire pour ne penser plus qu’à mon homme et ce moment de tendresse. Ici, en sécurité, je peux être libre de jouer l’innocent. Je ricane lorsqu’il me parle d’être « jaloux » des autres mecs et encore plus Silas.
« Je pense que ça va aller, j’ai jamais tâter du côté de ce vampire, mais j’pense pas que la gente masculine l’intéresse. Et moi j’suis plutôt Nathophile uniquement ! »
J’arrive déjà pas à passer autant de temps que j’aimerais avec mon brun, alors pourquoi en prendre un autre et celui-ci est parfait. Non mais sérieux, qui peut se vanter d’avoir un copain qui te propose naturellement de devenir le beau-père de sa gamine, qui a un humour aussi pourri (oui c’est un compliment) et capable de mettre le feu à tout autour de lui. Je le trouve extraordinaire, même si écrit tel quel sur le papier, on peut se poser des questions. En opposition, il accepte bien de ma part mon immortalité, mon régime à l’hémoglobine et mes sorties nocturnes pour la plupart. Soyons honnête, sur le papier, ça sonne pas mieux non plus.
La soirée se prolonge et nous continuons nos discussions légères, mettant de côté la vampirette et ne pensant plus qu’à mon beau ténébreux. Bientôt, les caresses remplacent les mots et nous regagnons sa chambre.

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