Et si on causait, toi et moi? [Shawn X Dante]

Nath bosse cet aprem. C'est bien pour ça que j'en ai profité pour passer chez lui pour faire mon sac. J'ai du boulot pour me refaire une place dans les rues de Chicago après plus de cinq années d'absence, mais c'est pas en squattant plus longtemps chez lui que je vais y arriver. Plus, j'ai vraiment pas envie de tenir la chandelle pour son idiot de vampire. Jaloux? Du tout. Le passé c'est le passé, aucune ambiguité là dessus. Je me demande juste jusqu'où Nath ira pour mettre sa peau à vendre. Un vampire sérieux? Et le prochain ça va être quoi? Une goule? Une harpie? Bref, il a passé l'âge des leçons -  selon lui toujours - et j'vais pas passer dix ans de plus à le baby-sitter. Mais j'appelle ça de la connerie profonde.

Faire mon sac, un truc rapide.Le sac à dos "plein" aurait presque l'air vide. J'ai jamais été matérialiste, juste de quoi rester propre et pas besoin de plus. Je fais un dernier tour de l'appart du regard avant de conclure que c'est bon pour moi, passer ma veste et balancer mon sac sur mon épaule. Si je me sauve comme un voleur? Je fais surtout en sorte de pouvoir me barrer. Dix fois que j'essaye, et dix fois que monsieur arrive à m'expliquer par A+B qu'il y a bien assez de place pour moi ici. Ouais, j'avoue qu'entre Elaine, Dante, lui et moi, on est pas tassés hein... pis sans déconner, la situation est bien assez bizarre pour pas en rajouter.

J'entends la porte qui s'ouvre derrière moi, et je décide de prendre des devants avant de me faire avoir une fois encore.
"Cherche pas à me dissuader. Un toit sur ma tête, pas mon truc, c'pas à toi que j'vais l'expliquer."
Je me retourne, prêt à m'enquiller l'escalier sans me retourner ... sauf que c'est pas mon casse-cou magique préféré qui se trouve face à moi. Ok, tant mieux d'un coté. Si je peux m'éviter une discussion longue et pénible, je prend.
"S'cuse, j'ai cru que t'étais... bref laisse tomber."

Passer chez Nath en pleine journée, en sachant qu’il est au travail, Elaine à l’école … oui, j’espère aussi très honnêtement que Shawn fera acte d’absence tout autant. Je suis plutôt persuadé de son bon sentiment quand il dit qu’il n’y a pas de jalousie, ni d’ambiguïté sur leur relation, d’après Nath. Je n’ai pas osé m’adresser à l’autre gentleman, de peur de me prendre son mépris. Je mettrais plutôt ma main à couper que ce sont mes crocs qui le gêne … et cela, impossible d’en décrocher un mot au brun, il faut juste pas qu’on en parle. Paradoxalement, c’est moi qui éprouve une jalousie intense puisque je ne doute pas qu’il a dû en parler en revanche avec son ami. Je me sens exclu de notre relation et j’évite assez soigneusement son appartement depuis qu’il à son invité.  Généralement, je trouve toujours un prétexte pour m’éclipser voir Elaine finalement ou finir la soirée chez moi quitte à être seul. Je me sens la cinquième roue du carrosse, l’outsider qui débarque. Je connais bien moins mon brun que lui et cela me met en difficulté lorsque nous conversons puisqu’il arrive souvent que je ne connaisse même pas la personne ou l’évènement dont ils parlent ensemble.

J’ai bien compris que Shawn revenez de prison et tout, trop honnête, je n’ai même pas voulu regarder son dossier. Je ne veux pas avoir à porter un jugement falsifier par un de ces documents austères et qui ne reflètent qu’une infime partie de sa vie.

Je passe la porte de l’appartement du brun … pas besoin de dévérouiller et j’ai comme un mauvais pressentiment que ce n’est pas la personne que j’aimerais voir qui se trouvera de l’autre côté. Peut-être Elaine a finit plus tôt sa journée ? L’espoir fait vivre. C’est effectivement le second sorcier qui m’accueille de sa voix grave.

Je me mords la lèvre pour réprimer mon découragement. Il va me falloir être social un minimum.

« Euh … Salut … Non, non t’excuse pas … je passais juste récupérer deux trois affaires sur une enquête en cours … »

Et bien oui, il est le milieu de l’après-midi et théoriquement, c’est pas trop l’heure à laquelle les vampires pointent le bout de leur nez. L’exception se fait toujours grâce au charme que je tresse dans mes cheveux afin de bénéficier d’une protection magique face à la brûlure mortelle de l’astre du jour.

« Tu sais, je pense que Nath ça le rassure de savoir que tu vas bien aussi … »

Certes, pas ma place de le dire, mais il est évident que mon beau brun préfère savoir son ami en sureté et surtout, cela lui donne l’impression d’avoir sans doute un œil sur d’éventuels déboires qu’il pourrait rencontrer.

Y a du changement chez Nath. Je sais pas si c'est cui-là qui a cet effet sur lui ou si ça date d'avant, mais j'ai connu une époque ou personne exception faite de sa fille n'entrait dans son nid, qui n'était certainement pas au 5eme sans ascenseur pour rien. Maintenant, il vit dans un vrai hall de gare. Pas un mauvais changement, mais pas un de ceux sur lesquels j'aurai parié.

"T'as pas à te justifier. C'pas moi qui vais te dire de pas faire comme chez toi. J'peux te demander comment...fin, fait jour quoi."

Ok, m'épargner la conversation longue et inutile de la part de Nath pour y avoir droit de la part de son mec... sérieux? Je pose mon sac à dos sur la banquette avant de m'asseoir à coté. S'il veut causer, je me défilerai pas. C'pas comme si y avait un problème entre nous. Enfin, ok, c'est un suceur de sang, et je suis aussi tranquille de le savoir près de Nath que près d'Elaine, mais à ceux qui pensent jalousie, y s'est passé quinze ans au moins pour que de l'eau passe dans le moulin. Non mais celui-là... Y a à peu près 7milliars d'humains sur Terre, faut qu'il aille se mettre dans la gueule du crocodile... Enfin, connaissant le guss, ça ne devrait même pas me surprendre. La dernière fois, c'était une tarentule, ça change...

"Ouais j'sais bien. Raison pour laquelle je profite qu'il est absent pour mettre les voiles. Il arriverait presque à me faire culpabiliser de vouloir reprendre ma liberté. J'l'adore, et c'est super cool de sa part de me laisser dormir là... mais franchement, quatre murs et un toit, c'pas mon truc.. surtout après avoir passé les dernières années entre quatre murs et un toit."

Si j'ai aucun complexe à évoquer les dernières années? J'ai tué personne, aux dernières nouvelles. J'vois pas pourquoi je devrais en faire un secret d'Etat. Et, n'en déplaise à Nathan, si Elaine me pose la question, je serait franc avec elle. Elle a l'âge de comprendre qu'on puisse faire une connerie, surtout avec le père qu'elle a, excusez-moi.

"T'sais, qu'il sorte avec Pierre Paul ou Jack, j'm'en fous. J'dirai même qu'un peu de stabilité, ça peut que lui faire du bien. L'histoire, c'est pas qui t'es. C'est c'que t'es."

Mes doigts jouent avec la clef de l'appart, que Nath m'a laissé bien sur, et que je compte bien déposer en partant. Je sais que ça le dérangerait pas que je la garde, et en même temps, jouer les parasites, assez peu pour moi. On verra si il fait -30 cet hiver, là, peut-être que je ferai une exception.

"Nath, c'un peu comme un frangin pour moi. Et Elaine une nièce. Ils sont ma famille." La seule que j'ai depuis longtemps, à dire vrai. "Et je suis plus doué que ces deux là réunis avec mes pouvoirs. C'pas une menace. Une simple information."

Je n’apprécie pas trop révéler mon secret alors je me garde bien d’être évasif sur le sujet de mes charmes.
« De la magie, je survis au soleil, c’est toujours pas hyper agréable mais ça me permet de travailler la journée. »
Loin de moi l’idée de le retenir, je n’y songe même pas, mais je préfère que les choses soient claires, ce n’est pas moi qui le chasse. Je soupire. Un mélange de soulagement et d’angoisse. Je le sens bien que mon homme va pas être totalement serein en voyant que Shawn est parti. En même temps, il le connaît depuis assez longtemps pour se dire qu’il devait s’y attendre. J’avoue être un peu dans le flou et ne pas me souvenir si Nath m’a parlé de ce qu’a fait Shawn pour finir en prison, et j’ai beau avoir travaillé au commissariat et avoir toujours accès au dossier, je me sais trop sage pour aller fouiller dans le passé d’un homme. Je me crispe lorsqu’il me parle de ma nature… Encore et toujours, mes crocs posent problème … Je soupire à nouveau. Avec moi, tous les moulins à vent pourraient fonctionner à pleins régimes à force de soupirer.
« Oui bah il sort avec moi et j’ai la canine un peu pointue, merci, je suis au fait de mes défauts. »
Je grommèle et en même temps, ça ne m’arrive pas bien souvent de montrer un tel tempérament. Il faut dire qu’il n’y vas pas de main morte pour me faire comprendre que je le dérange et que s’il faut me mettre au tapis, il n’y réfléchira pas deux fois. Paradoxalement, je prendrais volontiers la défense des pouvoirs de mon copain et de sa fille, je reste persuadé qu’ils ne sont pas mauvais, juste qu’ils ne savent pas encore exploiter leur pouvoir … certes pour Nath c’est peut-être déjà trop tard mais qui sait ! Cette fois-ci je m’énerve à la menace.
« T’as qu’à te mettre sur la liste d’attente, tu crois qu’t’es le premier à me dire que je gêne ? Que j’suis un nuisible dangereux ? Et si tu te crois meilleur t’avais qu’à rester pour lui ! »

Un sortilège qui lui permet d'éviter de finir en tas de poussière au moindre rayon de soleil? Possible. Entre nous, y a longtemps qu'ils auraient du y penser, ces vampires. Si chaque race de la création se la jouait pas solo de son coté... ok, j'suis un des premiers à me méfier de ces bêtes là, parce que, comme tout un chacun qui a fait de la rue son domicile fixe, je connais les dangers de la rue de nuit. Et le vampire en général, il est dans le top 5. Avec les tueurs en série, les flics corrompus, les histoires de gangs et les rats. Cherchez pas, j'ai la frousse de ces bestioles. Pas à fuir en courant, mais j'aime pas.

"Pas con comme plan."

Si j'me suis montré un peu sec? Peut-être. A force de jouer les grands frères responsables avec Nath, c'est fort probable que je vois le mal partout dès qu'il s'agit d'une nouvelle de ses inventions. D'un coté, notez qu'il les invente à chaque fois.

"J'ai pas dit qu'tu gênais, ou que j'me ferais un plaisir de me débarrasser de toi. J'pourrai rester. Si j'me méfiais assez de toi pour pas vouloir te laisser seul avec eux. J'le fais pas, et j'compte pas le faire."

Contrairement à lui, je garde le calme le plus complet, ne haussant le ton à aucun moment, si ce n'est un instant pour lui couper la parole avant qu'il ne dise encore plus de conneries qu'il n'en a déjà raconté.

"J'dis juste que j'ai pas vu Nath aussi concerné par une relation depuis... longtemps. Et qu'une part de moi espère qu'il s'emballe pas trop vite." Je croise les mains, laissant un silence avant de lui concéder le point de ce qui me chiffonne chez lui, non sans y poser une nuance. "Et ouais, ton plus gros défaut, c'est qu't'as les dents longues. Et t'y peux rien, parce que j'imagine que t'as autant demandé à les avoir que j'ai demandé à voir la magie débarquer de nulle part dans ma vie. Laisse-moi l'temps d'me faire à l'idée."

J'suis méfiant. Pas totalement réfractaire à l'idée. A un moment donné, je sais que Nath a tendance à se montrer naïf quand il le veux, mais si il y a une chose dont je suis convaincu, c'est qu'il ne laisserait pas Dante s'approcher de Elaine si il pensait qu'il y avait un risque pour elle. Et Elaine est la seule et unique raison pour laquelle il se montrerait lui-même méfiant. En passant, je la plains, le jour où elle va vouloir lui présenter quelqu'un. Bref.

"Sinon, pour la p'tite histoire. C'lui qui m'a largué. Mais franchement, tu peux l'garder. Tu apprendras assez vite que c'est un calvaire de se demander à longueur de journée si il a pas réussi à se tuer en descendant un trottoir."

J'attrape en passant le chat que je sens se frotter contre mes jambes, pour le placer sur mes genoux. Tiens, ça donne quoi les vampires et les animaux? Question mal formulée, j'la refait. Il se laisse caresser le chat, ou il se barre en feulant?

Et mince … je suis un débile complet… je n'avais pas compris que c'était Nath qui avait mis fin à leur relation et voilà que je remue le passé. Je ne sais pas comment je le vivrais si le brun décidais du jour au lendemain que notre relation est finie. Je déglutie mal a l’aise face à ma maladresse. Chose étrange, Nath ne m'a jamais incité à me poser ce genre de question, je suppose que vu comme je suis moi-même bancale, je le trouve plutôt bien équilibré dans sa vie et sans doute j'arrive à un moment où cela s'avère plutôt vrai … un bel appart, une bonne relation avec son frère, une chambre pour sa fille et des échanges cordiaux avec son ex femme, un job stable au bar, tout semble plutôt roulé pour lui si on oublie qu’on s'est rencontré en prison chacun d'un côté des barreaux. Il a sans doute encore quelque déboire avec la justice mais c'est lui qui apporte de monotonie à ma vie, celle agréable où l'on sait que quelqu'un nous attend lorsqu'on rentre le soir.

Je baisse d'un ton et reprend mon calme.

« Excuse moi mais je suis lasse qu'on me rappelle ce que je suis a défaut de qui je suis. Si ma nature me définit entièrement alors oui, je partirais. Et ce serait justifier que tu t’inquiètes. Pour l'instant je me gère et j'en parle avec Nath, il m'aide. »

Je regarde jalousement le chat se frotter contre lui alors qu’il m’évite soigneusement a chacun de mes passages. Je n'essaye même pas de le caresser à croire qu'il a en aversion mon odeur …. Pourtant j'ai souvenir que lorsque je vivais à la rue, les chats étaient plutôt copains avec moi, celui-ci ne doit pas aimer que je réquisitionne son maître.

A sa tête, je sens qu'il va s'excuser d'avoir abordé le sujet, convaincu qu'il l'était que c'était moi qui avait cassé avec Nath. Honnêtement? Je ne dirai pas avec certitude que ça serait pas arrivé à un moment ou un autre. Je l'aime vraiment, cet idiot, mais ma relation avec lui est bien plus simple à présent qu'on est clairs sur ce qu'il y a entre nous. Pour moi, il reste ce gosse pommé que j'ai ramassé dans la rue après une énième fugue de chez un homme qui n'aurait jamais du être autorisé à devenir père. Et les années passant... il est toujours aussi pommé dès qu'on lui met une nouveauté sous le nez donc ouais, jouer les grands frères protecteurs me va bien.

"Laisse tomber, ça fait quinze ans au moins, heureusement que j'm'en suis remis. Pis, si il avait pas croisé sa tarentule, j'aurai pas une nièce à pourrir, donc l'un dans l'autre, y a rien à regretter. Et si ça peut te rassurer, j'crois qu'il a compris la leçon avec les araignées."

J'esquisse un sourire en coin pour souligner mon commentaire. Non, je ne qualifie pas la gente féminine entière d' "araignées", faut bien qu'il y ai des hétéros pour peupler le monde j'ai envie de dire. J'dis juste que parmi ces femmes, y a de sacrées tarentules. Mais revenons à nos moutons.

"T'sais, si Nath ramenait un lionceau, j'aurai peur qu'il se fasse mordre, même s'il me certifiait qu'il ne mange que de l'herbe. J'compte pas rester, parce que vous avez pas b'soin que j'tienne la chandelle, mais t'as raison sur un point. Ça m'empêchera pas de m'inquiéter."

Je repose le chat au sol alors qu'il commence à vouloir jouer avec tout ce qui dépasse de mes vêtements. Mon collier, la ficelle de la capuche de ma veste, les bretelles de mon sac à dos... J'ai pas plus envie que ça que ses petites griffes bien aiguisées nous fassent tester la théorie de Dante selon laquelle "il gère". Plus sournois que moi en aurait peut-être profité, mais c'pas mon genre. Si il me dit que ça va, ça va. Le seul truc, c'est qu'il a intérêt à courir très vite si j'me goure à son sujet.

Oui, ben oui … je suppose que de toute façon, ni lui, ni moi ne comptons refaire le passé. Il a eu Shawn, c’est fini. Il a eu Claire, c’est fini. Mais je n’imagine pas la mère d’Elaine comme une araignée, d’ailleurs, je pense tout à fait que Nath a plus que sa part dans leur divorce. Un couple c’est à deux si ça marche et c’est à deux si ça foire, même si c’est pas toujours à part égale.

« Je ne connais que très peu Claire, elle n’a pas l’air si terrible. »

Après, je suis peut être trop gentil avec tout le monde et presqu’un peu bisounours sur les bords. C’est bien pour ça que je ne me suis pas braqué de me retrouver avec un mec que je venais de sortir de derrière les barreaux. Beau, intéressant, drôle et un milliard de qualité encore que je découvre à chaque instant. Un jour, ne soyez pas surpris de me voir me ramener avec une peluche licorne pour la lui offrir.

« De toute façon même si j’étais un type normal tu t’inquiéterais. Et franchement, vue ce que j’ai déjà rencontré, j’t’assure qu’il y a pas besoin d’être un vampire pour faire peur. »

Des tarés de toutes sortes pullulent dans les rues de Chicago. Cette ville est rongée, malsaine. Mon travail me le prouve chaque jour qu’on peut aller toujours plus loin dans l’immondice. Je me frotte les yeux car malgré le charme, la lumière reste une véritable nuisance pour moi et l’appart de Nath est définitivement trop lumineux avec ces baies vitrées.

"Mouais, j'sais pas si elle en a l'air. Mais elle en a la musique en tout cas. J'dis pas que j'suis objectif non plus. On l'serait pas à moins."

C'est à dire? Que d'un point de vue totalement détaché, elle m'a piqué mon mec pour me le rendre brisé en éclats. Ouais, en vrai, Dante a raison sur un point. Pas besoin d'une paire de crocs pour faire mal aux autres. Une réflexion qui me tire presque un rire, tellement il vise juste.

"Nath m'avait pas dit que t'étais télépathe. Mais tu marque un point. J'crois qu'il m'a tellement habitué à chercher pire que le précédent que je repère les défauts avant les qualités. Et crois moi que mon dernier domicile fixe m'a pas aidé à voir le bon chez les autres."

Je finis par me relever de la banquette, repassant mon sac sur mon épaule avant de lui tendre la main.

"Vu qu'on est clairs. C'pas que tu m'ennuie mais j'suis plus ou moins sur un coup. Et j'vais pas tarder à me faire désirer à ce rythme. Tu pourras dire à Nath que j'compte trainer du coté de l'université." Je m'apprête à passer la porte de l'appart, avant de m'arrêter une nouvelle fois, gardant la main sur la tranche de la porte. "Et Dante? Prend soin de lui. C'est un idiot fini, et il va t'en faire baver sans même s'en rendre compte. Mais il vaut le coup. Et si tu lui répète que je t'ai dit ça, t'es un homme mort." Je ferme les yeux une seconde, me demandant si oui ou non je vais au bout de ma connerie. Ouep, allé, soyons fous. "Plus que tu l'es maintenant, j'entends. Bon allé, à la revoyure!"

Pour moi, Shawn, Claire, tous les autres ex que je ne connais pas … que dire ? Il a eu une vie, faites de bonnes ou mauvaises rencontres et si ces deux là font toujours partie intégrante de son quotidien, c’est qu’ils doivent pas être si horrible que ça. Sinon je suppose que c’est à force de rencontre que Shawn a pris l’habitude de cerner vite les défauts, histoire de survie, sans doute plus élaboré que moi, je fonce dans le panneau presqu’à chaque fois alors que je me suis promis d’essayer de me protéger après la mort de Luka. Je me lève en écho pour le saluer sur le pas de la porte ne sachant qu’ajouter de plus.

« Sans problème je lui dirais. »

Aucune raison de m’inquiéter, Nath et lui savent toujours se retrouver si je ne m’abuse. Nos mains se serrent, entendu que nous partons finalement sur de plutôt bonnes bases lui et moi. Si j’avais su !  J’esquisse un sourire à sa dernière réplique.

« Mince, j’allais faire la blague ! »

Vraiment, il m’a littéralement ôté les mots de la bouche. Je le laisse franchir le seuil et claque la porte derrière lui … bon … qu’est-ce que j’étais venu faire ici d’ailleurs ? je soupire et me dirige vers la cafetière froide abandonnée par mon cher et tendre le matin même … tout du moins je l’espère. Peut-être cela m’aidera à y voir plus claire.