One step closer ... - ft Shawn & Dante

C’était pas prévu bordel ! C’était vraiment pas prévu ! Je m’écrase contre un mur et retiens une respiration qui n’existe plus depuis longtemps. Mes dents se serrent et je regarde passer une dizaine de ces bêtes alors que je reste tapi dans l’ombre. Sourcils froncés, impossible de discerner le moindre visage, ils sont bien trop rapides. Trente secondes s’écoulent qui me paraissent une éternité à attendre l’écho de leur pas disparaître. Espérant la voie libre, je cours en sens inverse et remonte le long du bâtiment afin de leur échapper. Ma veste frôle la paroi, ma présence se mêlant à l’obscurité. Et il est où le sorcier ? Nath va me tuer … Je desserre les dents le temps d’un juron silencieux et fonce une fois encore en direction de l’intérieur de la bâtisse n’ignorant pas que le danger risque bien d’être plus grand, mais je ne peux pas le laisser derrière. Comment j’ai pu me fourvoyer autant … Branché sur une histoire de nécro qui s’amuse à faire surgir des esprits frappeurs, les hurlements des abattoirs ont éveillé masse de soupçons, notre choix s’était porté sur une exploration nocturne de l’édifice. Pourquoi de nuit ? Je n’ai pas ma perle et mes forces sont décuplées, mais afin de ne pas me retrouver seul face à un mage, j’ai bêtement demandé à Shawn de m’assister. On devait juste se trouver face à des spectres … ok je sais que ça sonne pas mieux, mais je vous assure que la meute de loups, c’est bien pire. Ils ont dû sentir la présence de ma carcasse et depuis, impossible de fuir le coin. Shawn et moi on a été séparé et je désespère à remettre la main sur son p’tit cul d’illusionniste.

Indécis s’il est plus prudent de chercher longtemps ou de l’appeler pour essayer de le faire venir vite, je ne sais pas lequel de ces deux conneries ramèneront le plus de loups dans mes pattes. Je jure une fois encore dans ma langue maternelle.

« Putain, Shawn t’es où ? »

C’est entre le murmure et le cri, autant vous dire que ça ressemble à rien et j’entends bientôt derrière moi une horde de pas se diriger dans ma direction. Décidant que Shawn a pas autant de paires de jambes, je prends la poudre d’escampette et mets à profit mes talents de monte-en-l’air pour fuir mes assaillants. Arrivant au niveau des infrastructures du plafond, je cours le long d’une poutre en métal surplombant la pièce principal. Pas plus mal cela dit, mon perchoir me permet de repérer le sorcier. Lui aussi est en mode course et j’aperçois derrière lui un duo prêt à lui mettre une dérouillé. Je fonce vers lui et saute des hauteurs pour atterrir avec grâce entre lui et ses poursuivants. Crocs dehors, je m’attaque au premier qui aurait mieux fait de prendre ses jambes à son cou. Mes canines percent sa chair sans aucune résistance et ma prise s’intensifie lorsque je sens ses griffes cisailler ma chair dans un ultime effort pour se défaire de ma prise. Une fois que je ne sens plus que son corps flasque, je repousse son cadavre au moment où son compagnon décide de lui porter assistance en m’agrippant les épaules. Je me sens tirer en arrière et ma tête se heurte au mur le plus proche m’arrachant un grognement digne d’un démon. Je me redresse et essuie d’un revers de manche le sang qui me dégouline sur la face. L’imbécile est seul. Le vampire se déchaîne et un sourire carnassier vient barrer mon visage. Peu importe ce qui se passe ce soir, je ne pars pas sans Shawn …

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J'ai le droit de remercier Dante de ne pas avoir entrainé Nathan là-dedans? Tant pis, j'le fait quand même. Par contre, dans le genre "détectives du mois", les deux vampires, je les retiens. La prochaine fois qu'ils confondent des loup-garous avec un nécromancien éveillant des esprits frappeurs, je les envoie contrôler leur odorat quand même. Non, je les envoie au casse-pipe tous les deux et advienne que pourra.
En attendant, je me planque derrière l'illusion du mur que je fais apparaitre entre moi et la bande de chiens galeux qui nous traquent, Dante et moi, sachant que ce n'est pas une image qui défiera leur odorat, mais pensant que le fait de ne rien voir les éloignera peut-être une minute ou deux. En vérité, je pense que c'est le fait d'avoir repéré le vampire qui les éloigne véritablement de moi, mais peu importe. Prochain coup fumant du genre, j'invite Matt. Pourquoi? J'sais pas, pas être le seul à risquer réellement ma peau pour les brillantes idées des autres? Bref, l'idée c'est de se retrouver à la sortie, et entiers, sauf qu'avec les bruits de bagarre que j'entend, j'en connais un qui va avoir moins de risques que moi de ressortir entier, parti comme il l'est. Je laisse mon mur disparaitre pour avancer jusqu'à la pièce où l'action se déroule, évitant d'attirer l'attention des loups en longeant les murs. Leur attention, je l'attire plus loin, en utilisant mes dons pour soustraire Dante de leur vue pour le faire apparaitre plus loin. Non, il a pas bougé, et je doute que l'illusion tienne longtemps, alors j'y rajoute un nouveau mur avant d'appeler le vampire, comptant sur son ouïe fine pour m'entendre avant que je ne m'éloigne. Nous finissons par nous retrouver dans le couloir, et je le laisse prendre les devants, pensant qu'il retrouvera son chemin mieux que moi dans le noir. Avant de le retenir d'une main agrippant son bras quand un pressentiment me prend au croisement d'un autre couloir, et je passe devant lui, jetant un rapide coup d'œil pour confirmer ma pensée - deux loups arrivant par la droite - avant de me concentrer à gauche pour faire simplement apparaitre deux ombres portées par la lumière de la lune sur le mur du fond. De quoi les envoyer à l'autre bout sans nous voir. Soyons honnêtes, ça me change des tours de passe-passe pour touristes.

"J'te laisse passer devant."

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La voix de Shawn ? Extrêmement perturbant. J’ai l’impression qu’une seconde avant il a disparu de ma vue pour réapparaître et je vois mon ennemi perdu alors qu’il regarde à travers moi comme si je n’existais plus. OK, c’est donc ça sa magie. Je suppose qu’il joue avec leur sens comme jamais et je retiens un grognement et mon envie de lui briser la nuque pour rejoindre le sorcier. Nous nous mettons à courir comme jamais, profitant de ce moment d’incertitude, c’est pas sûr que le petit jeu du mage marche plusieurs fois et on va vraiment finir en kebab si ça continue.

A une intersection, la main de Shawn se pose sur mon bras et je m’arrête net, laissant place à mes sens aiguisés pour confirmer les a priori de mon compagnon. Deux loups nous arrivent dessus et je peux remercier encore une fois le sorcier pour nous éviter une confrontation. C’est pas tout, mais je me suis bien fait lacérer et si je n’aurais pas de cicatrice, je vais quand même bien douiller d’ici à ce que ça guérisse. Je jette un œil en l’air avant de me décider pour une autre alternative.

« T’as le vertige ? »

Ok, j’attends pas vraiment sa réponse que je passe un bras autour de sa taille avant de bondir jusqu’à une poutre assez basse qui me permettra par la suite d’en rejoindre une plus haute. Nous voilà à marcher en équilibre sur les infrastructures métalliques de l’édifice. De là, nous rejoignons une salle en hauteur apparemment abandonnée même par la meute. Je dégomme le verrou de la fenêtre en amortissant le bruit avec ma manche et nous nous glissons tous les deux à l’intérieur. Un rapide tour me permet de constater que la porte est verrouillée, rouillée et sans doute ne s’ouvrira pas sans un bon coup d’épaule surhumain.

Je m’adosse au mur et m’effondre sur mon postérieur, une main appuyant sur ma plaie. J’ai pas besoin de grand-chose, mais 5 minutes ça suffirait pour me requinquer … et bordel j’vais finir par avoir faim. Même si j’ai bien planté mes crocs dans le loup de tout à l’heure, je n’en ai rien bu. Toxique cette merde.

« Désolé Shawn … C’est le casse-pipe là ! Laisse-moi 3 minutes et on repart. »

J’ai même pas besoin de lui demander s’il est blessé. Si c’était le cas, je le sentirais. Forcément, c’est traître. Même si théoriquement je peux tenir trois jours sans manger, cela va dépendre entièrement de ce que je fais et définitivement, courir, me battre, ne sont que des activités énergivores… Je soupire et me redresse ayant retrouvé un semblant de calme.

« OK, le souci, c’est qu’ils me sentent à 15km, j’te propose qu’on va jusqu’à un certain point ensemble et dès qu’ils me tombent dessus et que j’suis sûr que tu peux t’enfuir, tu te barres. »

Hors de question qu’il risque sa peau à cause de moi. J’ai mis un dawa phénoménal avec notre excursion et les loups sont en chasse. J’suis leur cible prioritaire, on va dire que c’est l’avantage, ils voudront être sûr de me bouffer avant de se rabattre sur le mage et je peux aisément servir d’appât avant de prendre moi-même la poudre d’escampette. Faut pas croire, mais je peux m’en sortir, seul, j’en suis persuadé.

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Le vertige? Pourqu.. D'accord, rappelez-moi de tuer ce vampire. Accessoirement, non, j'ai pas le vertige, mais il a bien failli me faire lâcher un cri de surprise qui nous aurait pas du tout aidé à m'attraper comme il l'a fait pour nous faire monter sur cette poutre sur laquelle je le suis avec un peu moins de souplesse que quand j'avais quinze ans. Raison pour laquelle je le laisse passer devant pour nous libérer le passage, et accessoirement lui permettre d'être plus rapide que moi au besoin, avant de le rejoindre dans cette pièce vide d'apparence où il nous a emmené. Un bail qu'elle n'a pas servi, celle là, et y a pas besoin d'avoir des sens surnaturels pour le comprendre. Suffit d'être un squatteur professionnel qui sait repérer les meilleures places. Et on en arrive au sentiment qui me titille depuis tout à l'heure. Ces loups ne sont pas là par hasard. Ils squattent un endroit vide assez grand pour s'y établir. Et quand j'vois la taille de certains squats de la ville et le nombre de personnes qui y trouvent refuge entre deux descentes de flics... A mon avis, ils sont nombreux.
Tout à mes réflexions, je ne m'aperçois que Dante se pose au sol qu'une fois qu'il y est, et je le rejoins en trois pas rapides pour l'inspecter rapidement. D'ordinaire, je ne m'affolerai pas pour un vampire, ils ont le cuir épais, mais la guéguerre entre eux et les loups-garous est tellement connue que je ne suis pas convaincu qu'il soit à 100% immunisé contre leurs crocs et leurs griffes.

"Tant que c'pas nous qui finissons au casse-pipe. T'es sur que ça gère? Ca a pas l'air bien beau."

Je m'éloigne le temps de jeter un regard vers la porte qu'on a forcé pour voir si rien n'arrive dans cette direction, laissant à Dante le soin de se relever tout seul comme un grand avant de m'exposer un plan assez stupide pour que je n'ai pas besoin de me demander ce qui l'a attiré chez Nath.

"Ok, donc, dans l'hypothèse où j'arrive à trouver la sortie de ce labyrinthe sans me faire bouffer, tu me laisse aller dire à Nath que j't'ai laissé te faire déchiqueter par une meute de loups sur les dents? Vaut encore mieux que j'reste avec toi, j'ai plus de chances d'en ressortir vivant, tu crois pas?"

Je glisse un bras sous le sien puis dans son dos pour l'aider à avancer, au moins le temps que sa plaie cicatrise un peu. J'connais pas bien la physionomie des vampires, mais ça devrait pas déjà avoir fini de saigner son truc? J'ai pas prévu de servir de donneur de sang volontaire ce soir, moi!

"Amènes-toi par là. Doit bien y avoir une sortie par les toits. De là, j'espère que tu sais te changer en chauve-souris."

En vrai, y a toujours moyen de descendre d'un toit, surtout du toit de ces vieilles usines où y a pas deux hauteurs de toiture identiques. S'il s'agit de sauter de trois mètres de haut ou de descendre par une gouttière, j'dois encore être capable de le faire sans me péter une cheville dans le mouvement.

"En passant, t'aurais pas une idée de ce qui fait peur à un loup-garou, à tout hasard?"

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Je lui souris brièvement. C’est mignon, il s’inquiète pour moi.

« No soucy, j’vais douiller comme il faut, mais ça va finir par guérir, c’est pas si profond. »

C’est un mensonge. C’est profond et j’en ai pas mal … l’enfoiré a ruiné ma chemise et rien que pour ça je suis content de l’avoir envoyé en enfer. Définitivement l’enfer … on peut pas pourrir mes fringues et aller au paradis, c’est un crime. J’en profite qu’il fasse le tour de la pièce pour me redresser en grimaçant alors qu’il ne le remarque pas. Ça tombe bien, je le vis assez mal de me montrer faible, j’suis un peu trop warrior sur les bords faut croire. Quant à mon plan, je le trouve parfait et j’adore sa réponse.

« Tu diras à mon prince que j’ai péri vaillamment au combat ! Et honnêtement, je t’amène jusqu’à la sortie presque, juste que je sens que les lycans vont pas être d’accord pour qu’on se barre et j’suis plutôt convaincu que c’est moi leur intérêt premier. Que veux-tu, j’suis trop sexy ! »

Il me lâche pas et m’aide même à marcher. Oh non ! Oh non ! Une fois que ma médiocrité m’apparait en pleine poire, je me défaits bien vite de son contact. Fierté mal placée qui m’arrache une nouvelle grimace et pas des moindres.

« On va dire que c’est p’t être moi qui vais vraiment pas m’en sortir si j’continue à faire le con … Et question chauve- souris, c’était pas dans la liste des pouvoirs à ma transformation, juste une blinde de charme pour manipuler qui je veux à ma guise. Manque de pot, ça marche pas sur les p’tits loups. Par contre … j’ai pas encore tout donné, j’peux encore leur faire peur … »

Je montre les crocs pour l’occasion et je sais que si je pars en mode rampage, je peux bien m’en décimer encore un paquet … tant que ce sont des « faux » loup-garou. Ok, je capitule en partie, mais j’ai tellement merdé pour le coup, j’ai méga honte. Et sinon, on pourrait foutre le feu à l’endroit, mais je crains qu’une idée aussi débile ne prenne trop d’ampleur. Pour le coup, je suis mon partenaire.

« On est haut, mais y’a pas de fenêtre sur l’extérieur d’ici, faut qu’on sorte … Je fracasse la porte, on court. Tu passes en premier et si besoin, je les retiens, mais fait pas le con à jouer au héros ! »

J’aime bien. Je l’enjoins à pas faire ce que je m’apprête moi-même à faire, mais j’me sacrifie sans problème. J’attends pas vraiment sa réponse et je m’attaque à défoncer la porte à coup d’épaule. La rouille est telle qu’un seule suffit avec ma force à la déloger. Par contre le vacarme est telle que je suspecte qu’on nous entende jusqu’en Alaska. Le sorcier se met à courir et je le suis de près. L’avantage c’est que les loups étaient plutôt au sous-sol, le désavantage, c’est qu’ils sont incroyablement rapide et partout … Je manque de foncer dans le p’tit cul de Shawn alors qu’il se stoppe net. Deux loups nous font face et je devine au bruit qu’un nombre conséquent arrive par derrière. Encore une fois, je sors les crocs et mets de côté ma douleur pour sauter sur le plus proche. Toutes griffes dehors, il me lacère le bras alors que je tente de me protéger de son attaque. Je profite de son coup manqué pour le frapper d’un coup de pied dans le bassin, puis un crochet du gauche ce qui a pour effet de le déstabiliser et le projeter contre son collègue. Ceux derrière nous, j’ai dans l’idée que le mage a réussi encore un de ces tours puisque je les entends se stopper net et vociférer. J’attrape la main du sorcier et prends la tangente dans un couloir perpendiculaire. Ça va nous mettre un poil plus de temps pour atteindre une fenêtre, mais j’y crois. Comme quoi l’espoir fait vivre, un escalier de métal au bout nous permet de rejoindre directement le toit. On aurait bien aimé qu’ils descendent, mais non … ça monte. N’entendant plus rien d’immédiat dans les environs. Je m’arrête pour regarder le nouvel endroit où nous nous trouvons … Il parlait de sauter non ?

« Ça va ? »

Avantage du vampire … pas de respiration, soit je suis pas à bout de souffle comme le sorcier qui reprend une sacré respiration pour le moment avant qu’on enchaîne les réjouissances. Soyons honnête, on a définitivement pas beaucoup de temps.

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Il va bien qu'il me dit? Ouais, et ma mère était la mère de l'année aussi. Alors non, je ne vais pas le lâcher avant d'être sur que ça va. Ou qu'il se dégage de ma prise, aussi, ça marche bien comme option.

"Toi, t'as jamais vu Nathan en rogne. Crois-moi, je vote pour les loups-garous. Et j'vais te poser la question autrement, monsieur "sexy". Entre un bout de barbaque avariée et un steak saignant, tu optes pour quoi? J'suis pas sur qu'ils comptent trop se casser les crocs sur ta couenne."  

D'accord, le coup de la chauve-souris, c'était cliché. Mais sur un malentendu, ça aurait pu marcher. Allez savoir, avec ce monde de fêlés dans lequel on vit. En revanche, y a un autre truc qui "aurait pu marcher sur un malentendu mais fait un flop total", c'est lui espérant effrayer des loups-garous avec sa paire de canines. Faudrait déjà qu'il sache m'effrayer moi, et je suis un poil plus conscient que son amoureux éperdu de la dangerosité de ce qu'il est. Alors je me répète, si il ne m'effraye pas, moi, simple sorcier de mon état, je crains que les loups se contentent de rire, même s'il en a déjà tué quelques-uns ce soir.

"Toi, joue pas au con à faire le héros."

Cela dit, je passe tout de même devant lui, parce qu'il a raison sur un point, son dos est plus résistant que le mien aux griffures de loup. Plus exactement, même si j'ai aucun aprioris sur les gens de par leur origine ou ce qu'ils sont, l'apprentissage de la rue aidant, je dirai qu'un avenir de loup-garou ne me sied pas particulièrement...
Sauf que c'est par devant qu'ils s'en viennent, et si je parviens à m'arrêter avant de leur atterrir dans les griffes, Dante manque m'y envoyer sans y faire gaffe. Le vampire ne perd pas de temps à libérer le passage malgré son état, et nous finissons par prendre la poudre d'escampette, les loups à nos trousses retardés quelques instants par le mur que je fais apparaitre derrière nous. C'est mon truc les murs? Je dirai que c'est le meilleur exemple de "l'illusion peut être réelle pour qui y croit". En général, les gens n'essayent pas de passer à travers un mur, si il parait réellement réel.
Un nouvel escalier nous fait monter encore un peu plus, et nous arrivons à un autre étage, après que j'ai placé un autre mur sur le chemin de nos poursuivants. L'ennui des illusions, c'est qu'elles ne durent pas une éternité, surtout quand je ne me concentre pas vraiment dessus... et puis, faut être honnête, au bout du vingtième mur, l'astuce ne prendra plus... En attendant, j'en profite pour reprendre mon souffle, maudissant le vampire et son absence de problème de respiration après une course dans les escaliers sous la pression d'une meute de loups. J'peux même pas mettre ça sur le compte de l'âge, parce que je sais parfaitement qu'à 15ans, j'aurai pas fait mieux.

"Ca ira mieux quand on sera sortis de là. Rappelle-moi de me fournir un sort de téléportation la prochaine fois, ça doit bien exister."

Comme si j'avais l'habitude de lancer des sorts... lire un bout de papier sans fourcher, j'dois encore savoir le faire, n'en déplaise aux "grandes familles" de ce monde qui méprisent les sorciers qui ne font pas partie de leurs covens.

"Bref, que te disent tes yeux d'elfe, Legolas?"

Sans blague, c'est l'heure pour les références cinématographiques? Oui ben j'ai pas trouvé mieux, pour les critiques, on verra quand on sera sortis, non?"

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Pas vraiment sur qu'il ai compris ce que je voulais dire avec mon histoire de barbaque, mais j'suis pas sur que ce soit le moment idéal pour faire la causette et prendre le temps de s'offrir des explications détaillées. De toute façon, y a une constante dans les vannes. Si la vanne est pas comprise, c'est qu'elle est mauvaise, point. Y a pas à en causer 25 ans. C'comme une blague qu'il faut expliquer, ben c'est qu'elle est pourrie, archi pourrie.  Bref, sa conclusion me convient. On est d'accord qu'on est pas d'accord, point, avançons.

A l'abri entre deux attaques de loups, on arriverait presque à le trouver, ce temps pour les explications détaillées. Et je crois que je pourrai me gifler moi-même d'abord lâché sans y faire attention qu'il pourrait y avoir une prochaine fois à ce genre d'expérience. Et on se demande comment ça peut coller, Nath et lui. Y a pas à aller chercher loin pour voir qu'au delà de leur amour/désamour du rangement et de leur incapacité totale à se parler franchement, ils se ressemblent trop pour que ce soit rassurant. Parce que j'vous le donne en mile, des conneries pareilles, en temps normal, c'est signé.

"Si ça te dérange pas, on parlera de nos projets d'amitié quand on sera sortis de là. J'ai jamais vu autant de loups-garous au même endroit."

Et surtout jamais autant de loups transformés avec un féroce appétit. Parce que bon, y a une règle d'or quand on habite dans cette ville, c'est de pas trainer dehors les soirs de pleine lune... d'accord, de nuit tout court, désolé l'ami mais y a trop de vampires en ville pour que les rues soient sures. Tout ça pour dire que croiser des loups-garous en mode humain ouais, ça ça m'arrive régulièrement (rien qu'au bar tiens), en apercevoir un ou deux en soirée, aussi, mais là, je pense que j'vais m'offrir un ou deux cauchemars bien mérités dans les nuits à venir, même si je garde bonne figure face à Dante. Le mode "demoiselle en détresse", je le laisse à d'autres. Mais faut être honnête, je ne crane pas. Après sa question, je m'accorde quelques secondes supplémentaires pour respirer, sachant bien que de toute façon, m'en faudra plus plus tard. Pas envie de trainer, j'préfère être bien vivant pour respirer plus tard si ça dérange personne.

"On va dire ça. J'le reprendrais mieux plus tard."

Même si j'imagine que son ouïe doit hurler de m'entendre respirer comme je le fais alors qu'on tente d'être discrets pour pas se faire bouffer. J'y peux rien, j'ai beau ne pas être fumeur professionnel, je m'appelle pas Usain Bolt non plus. J'respire, j'ai l'endurance d'un dromadaire asthmatique, les quarante balais qui vont avec, et j'vous prie de faire avec.
Cela dit, je le laisse passer en premier cette fois, lui confiant la tâche de nous emmener le plus loin possible des loups, faisant confiance à ses sens développés pour anticiper leurs déplacements. D'accord, je dis de la merde, j'ai pas fait l'armée ou quoi donc mes stratégies, elles s'arrêtent à une époque où le gamin que j'étais s'alliait à cinq ou six autres pour piquer en douce à l'épicerie. Bon, notez qu'on s'est rarement fait piquer, mais rien à voir avec une meute de loups-garous déchainés.
Un bordel à l'extérieur me fait faire un bond, bousculant presque Dante au passage. Dante qui décide de ralentir l'allure, et même si je l'en remercie intérieurement, je me dit que moi, j'accélèrerais à sa place. Fin, soyons honnêtes, accélérer, c'est pas franchement dans mes cordes là, donc ralentir me va aussi. On retrouve le chemin jusqu'au rez-de-chaussée, où Dante se détend complètement, assurant qu'on a plus qu'une porte et on est bons. Mate, on t'as jamais dit de pas porter la poisse?
D'ailleurs, son sourire plein d'espoir ne trouvera pas la réponse qu'il attendait, vu que je suis convaincu de ne pas imaginer la montagne de poils qui vient vers nous dans son dos. Changement de tactique, assez de faire apparaitre des murs, d'autant plus que je suis sur que l'illusion ne prend plus depuis un moment. Cette fois-ci, plutôt que faire apparaitre, je fais disparaitre. Pas convaincu que l'illusion aille jusqu'à jouer sur son odorat ou son flair, mais sur sa vue, ça, j'en ai aucun doute. Je m'obstine donc à garder un maximum mon souffle calme, le plus silencieux possible, et me rapproche de Dante pour avoir le moins d'effort à fournir. Faut admettre que j'ai pas mal usé de mon don ces dernières minutes, trop sans doute.

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Non mais c'est top quand on arrive à communiquer sans avoir besoin de mots. Autant dire qu'avec Nathan, ça marche du feu de dieu. Avec Dante, va falloir songer à s'offrir un traducteur automatique, parce que clairement, y a un truc qui foire. Non pas que ça me préoccupe de pas savoir communiquer avec le mec de mon frère sans avoir besoin de mot, mais dans le contexte actuel, ça aurait été un poil pratique. Du coup, au lieu de reculer comme un con pour aller se jeter dans les bras d'une armoire à glace pleine de poils, il serait resté bien en place, la bestiole serait passée devant nous sans nous voir, et on serait repartis tranquilles. Bref. Si je m'étais attendu à la suite en revanche... Il n'échappera pas à un cri de surprise de ma part quand il s'emmanche à me soulever pour se tailler en courant, mais j'le frapperai plus tard. D'ailleurs, chose promise chose due, et à peine a-t-il décidé de me rendre au plancher des vaches que je lui colle un coup de poing bien senti dans l'épaule, avant même qu'il n'ait le temps de pondre son explication.

"Tu me confond avec ton mec. C'est lui l'adepte des câlins en situation de crise, pas moi."

Cela dit, j'en profite quand même pour reprendre mon souffle, enfin, parce qu'avec tout ça, j'compte bien dormir demain moi. Et peut-être piocher dans mes réserves pour me payer un café parce que la magie, elle a atteint ses limites pour aujourd'hui. D'un côté, j'vais pas me plaindre d'être fauché non plus, j'peux bien me payer un café au tarif d'un café pour une fois!

"Bon, si on se taillait avant que ton allergie au soleil devienne notre prochain problème? J'suis rincé."

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