Ca manquait d'action dans le quartier... [Nath & Dante]

Les bras ballants, je pourrais presque ressentir la fatigue comme un humain normal. J’écarquille les yeux devant la tonne de paperasses que je viens de trier. C’est d’une lenteur incommensurable, mais pour une fois que c’est pour une bonne raison. Un dossier qui se termine par une affaire conclue, le meurtrier ira certes manger les pissenlits par les racines, mais il n’y avait rien pour le sauver et on ne peut pas toujours laisser la police s’occuper de tels êtres surnaturels sans que cela risque d’impacter leur propre sécurité. Cette conclusion ? Non elle n’est pas sortie de nulle part, mais bel et bien d’une sordide mésaventure s’étant achevé en bain de sang. Trois policiers morts pendant l’arrestation et pour que finalement le coupable s’enfuit ne laissant plus aucune traces derrières lui. Alors certes, ce n’est pas ce que je souhaite en temps normal, mais il faut savoir faire des concessions, pour le plus grand bien. Je grimace. Je deviendrais presque un dictateur avec ce genre de pensées. Je regarde l’horloge un instant… mmh … si tard. Mes yeux se posent un instant sur ma tasse de sang pas vide, mais coagulé. Immangeable. Et voilà que mon estomac fait connaître son avis sur la question dans un grondement qui n’augure rien de bon. Meh … j’ai faim.

Quoi ?

Je zieute une fois encore l’horloge. Mais non ! Mais quel débile je fais, j’avais dit à Nath que je le rejoignais. Sans réfléchir, j’attrape mes clés et ferme le bureau derrière moi. Une veste, un portable … non, je n’ai pas pensé à les prendre, faut dire que je suis un peu distrait quand il s’agit de mon homme et que je n’apprécie pas trop l’emplacement de son bar, alors c’est sans réfléchir que je parcours les ruelles à vitesse inhumaine. Ce n’est pas si loin que cela, mais je suis extrêmement en retard. Je pense bien m’insulter un millier de fois dans ma tête sur le trajet, me maudissant d’être incapable de faire mieux que cela pour mon mec.

J’arrive en trombe alors que j’observe mon brun se faire démolir par une bande de … non, j’ai pas de mots polis pour les décrire. Le peu de sang qu’il me reste ne fait qu’un tour et c’est canines dehors que je m’avance vers eux. Je me sens bouillir alors qu’un nouveau coup frappe Nath de pleins fouet. Il a l’air d’encaissé, c’est bien mon mec ça de savoir comment prendre les coups pour minimiser les dégâts. Cependant, la rage finit par me saisir et l’odeur du sang de mon cher et tendre n’arrange en rien la situation. Un grognement surgit du plus profond de ma nature vampirique. Je suis plus proche de l’animal que de l’humain que je chéris tant et qu’il m’importe tant de préserver. Faut dire qu’un malheureux concours de circonstance ne va certainement pas m’aider à redescendre de suite.

J’ai faim.

C’est avec une rapidité qui ne leur donnera aucun avantage que je cours à leur rencontre. Deux d’entre eux arrivent de fronts et poings parés de métal, ils me frappent alors que j’arrive sur eux. Je n’évite même pas. C’est un peu le danger dans cet état. Inconscient total, je prends le coup sans broncher, le sang coule de ma lèvre et je les regarde, les sonde et un éclat de rire démentiel m’échappe.

« Va falloir faire mieux que ça. »

Ma langue passe sur la plaie et je chavire drastiquement du côté bestial au contact de l’hémoglobine. J’attrape le plus proche que j’attire vers moi et plante mes crocs dans sa carotide.

Au loin, le cri de Nath se rapproche.

EPSILON

Malgré l’appel de Nath, je reste perdu dans le festin qui se propose de lui-même à moi. Le liquide vermeil coule à flot et j’en savoure chaque gorgée qui descend. Chaud. Tellement chaud. La vie revient en moi … mais la raison se fait attendre et je garde le besoin de serrer un peu plus fort le mécréant – mécréaaaaant – qui a osé frappé mon homme. Je ne sens pas la main qui se pose sur moi, trop subtile, trop fine, ni même la voix tendre de mon chéri qui tente de m’arrêter. J’ai faim et je comble le vide qui s’est créé en moi. Le trou que la bête appel à remplir, une vague de sang qui immerge mon humanité et l’enfoui toujours plus profondément. L’autre, bientôt mort. Son pouls s’affaiblit à chacune de mes déglutitions et ses cris transpercent de moins en moins la nuit. C’est là que j’entends une voix. Trop près. L’autre qui revient à la charge ? Je ne réfléchis pas et laisse le premier homme tomber alors qu’il s’évanoui sur le parvis, affaibli, mais vivant.

Sans réfléchir, je me retourne brutalement et flanque une mandale au jeune homme qui tente de m’interrompre.

Mon sang se glace – lui qui venait de se réchauffer, c’est ballot quand même – Nath.

Alors, s’il voulait me rappeler à l’ordre, il aurait pas pu faire mieux. Le voir sur le sol à cause du coup que je viens de lui asséner m’a stoppé net. Ma circulation sanguine fraîchement renouvelée ne fait qu’un tour et je me précipite sur lui. Entendre son souffle me rassure illico et le brun ouvre les yeux alors que je m’accroupi à ses côtés.

Rebutés par notre efficacité, les vauriens encore debout déguerpissent laissant derrière eux leurs compagnons amorphes. Honte à eux. Toutefois, ma priorité se situe bien loin de leur état de santé, alors que celui du barman m’interpelle au plus haut point.

Je me fonds en excuse avant même qu’il ne puisse me dire quoi que ce soit. Le pire, c’est que j’ai conscience que ce n’est pas lui qui m’en veut, je porte bien assez ma culpabilité pour dix et c’est sans doute cela qui surajoute des craintes à la relation que nous entretenons. Il ne m’en voudrait pas si … je déglutis avant même d’avoir achevé le cour de ma pensée.

Après une telle dérouillée, le brun saigne.

Je n’ai pas fini mon repas et même si j’ai pu déguster l’entrée, un plat de résistance ne ferait pas de mal à la bête tapie en moi.

Je m’écarte violement et manque de tomber en arrière. Ce n’est pas le vampire, mais l’humain qui revient à la charge. Mon regard se détourne de son visage et je me redresse lui tendant la main pour l’aider à se remettre sur pieds également.

« Désolé … comment tu te sens ? »

Je respire lentement et relève mes yeux bleutés vers lui. Ma main glisse dans ma poche et je sors un mouchoir de son paquet que je lui tends avant de me rapprocher. Je ne suis pas particulièrement serein à ce qu’il se passerait, mais j’aurais aimé arracher un baiser à ses lèvres, mais le sang qui perle à leur commissure m’invite à rester prudent …

EPSILON

Perso, je ne me suis pas trop attardé sur les lésions présentes sur son faciès, trop tenté par l’appel du sang. Je n’arrive pas à comprendre comment il fait pour prendre un air aussi neutre, détendu alors qu’il vient d’enchaîner l’assaut de ses hommes et ma maladresse légendaire de vampire-débile-en-manque-d’hémoglobine. J’esquisse un sourire timide, il me fait vraiment oublier le monstre et ravive l’amant inquiet. Je le laisse essuyer vaguement une goutte de sang et mon mouchoir me semble d’un coup totalement désuet au regard de l’état de son arcade et de son nez, c’est plutôt un gant et une bassine qu’il faudrait pour nettoyer le brun.

Alors qu’il passe son bras par-dessus mon épaule pour s’appuyer, j’en profite pour lui glisser quelques mots.

« Je fais bien la tête que je veux quand on voit la tienne … »

Meh.

La balance se tient à peu de chose entre ce que lui ont fait ces cons et ma gifle. Enfin, je ne vais pas débattre parce qu’avec Nath, quand il a une idée en tête, je peux toujours courir pour lui en faire démordre.

« Deal. »

Même si les odeurs de sangs séchés commencent à se ternir, je ne renonce pas au fait qu’il me faudra bien un petit complément au menu de ce soir. Le gredin avait de la force, mais un sang dégueulasse. Je m’aventurerais bien à dire que son hygiène alimentaire est responsable, tout du moins les litres d’alcool qu’il doit se payer tous les jours. Et oui, ça se sent ce genre de choses. Concernant l’arcade ouverte … j’espère pour lui qu’il en a de l’alcool à la maison ou que l’ecchymose aura tellement gonflée qu’il sentira pas la différence entre pas d’aiguille et une aiguille au moment de le recoudre. Je me souviens que la première fois que je suis tombé sur le kit de couture de Nath, je me suis posé des questions et elles ont été vite évincées quand un soir il est rentré cabossé … depuis, j’ai suivi des tuto youtub.

« Snack micro onde cette fois, ça sera plus safe … t’as mangé ? »

Parce que tant qu’à faire, on passe dans les ruelles et y’a bien toujours un bouiboui d’ouvert pour vendre de la street food et j’aimerai mieux ne pas être le seul à manger histoire qu’il ait son attention sur autre chose que ma tasse de sang. D’ailleurs, je me surprends à me concentrer sur une autre odeur pour oublier mon appétit constant, celle de Nath. Il est pas lavé, il vient d’enchaîner des heures de taf dans un bar rempli d’alcool et d’énergumènes qui connaissent peut être même pas le mot « douche » et il arrive encore à sentir bon. Ça mérite bien une petite pause tendresse ? Je m’arrête quelques secondes et l’aide à rester droit, dans mes bras.

« Une dernière fois … Mais pas pour la mandale. Désolé. J’étais un peu à la bourre au taf. »

J’ai bien conscience que si je m’excuse encore pour la gifle, il serait bien capable de me mettre des pichenettes jusqu’à ce que je sente plus le bout de mon nez, mais ça n’empêche que je peux bien aussi rester poli et m’excuser de mon retard. Pour faire passer la pilule et éviter qu’il me dise encore d’arrêter de m’excuser à tout va, je l’embrasse. Ben voilà ! Lui il a du sang qui donne envie. Enfin … bon, on disait quoi ? Ah oui, il sent bon.

D’une lenteur qui défie l’entendement nous regagnions une ruelle plus éclairée, loin de la scène de combat qui mériterait bien quant à elle un coup de karcher pour nettoyer l’ensemble.

EPSILON

Note à moi-même : ne pas faire rire Nath !
Exercice des plus difficile pour moi puisqu’il n’y a qu’avec le jeune homme que je peux me permettre de sortir mon panel de blagues les plus moisies, sans doute pour son plus grand désarroi. Je garde en tête les prochaines, je le lui resortirais a posteriori et pour rendre la chose encore plus insupportable, je lui expliquerai mon trait d’humour. Quel plan machiavélique, un véritable génie du mal ! Bon aussi, j’aurais touché le fond du panier, mais c’est pour la bonne cause.

« oui bah je pense qu’un bon concentré de globule rouge hospitalier microondable m’ira très bien. »

Terme professionnel, c’est l’équivalent des barres protéinées pour les militaires en mission lorsqu’on est un vampire. De quoi calmer le bête u bon moment.

« Ben écoute, il y a un kebab à l’angle, je préfères que tu manges avec moi. »

J’avoue ne pas trop savoir si lui ça le dérange de me voir manger du sang en même temps qu’il ingère sa nourriture d’humain.

Nous tournons à la rue suivante et le resto en question nous ébloui par la lumière qui s’en dégage. Un vieux néon représentant un bonhomme informe apportant un kebab peu appétissant à sa bouche. On passer sur la présentation, je suis sûr d’avoir entendu du bien de ce qu’il propose. Pas besoin d’entrée, une fenêtre comptoir permet au brun de passer commande depuis l’extérieur et c’est pas pour me déranger. Je me calfeutre dans le col de ma veste. Si le visage de Nath affiche clairement qu’il vient de se prendre une dérouillée, le mien est un peu plus difficile à justifier. Le sang qui coule à la commissure de mes lèvres et mon air incroyablement frais … sans compter la moustache de sang, si si vous savez ! comme lorsqu’on boit un verre de lait …  n’allons pas tenter le diable en me présentant devant le garçon qui prend la commande du brun.

Re pas en main, nous continuons notre marche vers l’appartement de mon homme – non – notre appartement ? Je souris bêtement alors qu’il me demande si l’ascenseur fonctionne.

« Euh … »

Mais oui ! Il y a un ascenseur … entre mes escalades de façade quand je n’avais pas encore le trousseau de clés et maintenant où je préfère prendre les escaliers. Je n’ai aucune idée si un vampire peut s’empâter, mais je ne préfère pas le savoir, alors l’ascenseur …

« Sinon je te porte, ça te donnera un avant goût du mariage ! »

Ne pas imaginer Nath en robe de mariée, ne pas imaginer Nath en robe de mariée …. Trop tard.

Blague nulle, je m’en mords cependant la joue. Le mariage ? j’ai le droit d’aborder ce sujet avec lui ?
Je le regarde d’un air désolé qui pourrait se traduire pas « oups » alors que nous arrivons devant son immeuble.

« Non, mais t’as le droit de m’envoyer boulet quand je sors des conneries plus grosses que moi. »

De toute façon, ça va être l’heure du verdict. Ascenseur ou pas ? Je m’arrête et sors mes clés de ma poche après m’être assuré que Nath ne risque pas de tomber si je le lâche. Je me missionne intérieurement de passer son corps au peigne fin pour essayer d’adoucir chaque ecchymoses … je sais qu’il n’aime pas devoir s’arrêter de bosser. Et moi … je ne sais pas si je peux, mais après la conclusion de cette affaire, peut être qu’un ou deux jours de repos ne me feront pas de mal.

EPSILON

Je ne boude pas, mais j’ai du mal à répondre à cela … lui donner faim ? Pas vraiment.

« Plutôt te dégouter … »

Je ne le dis pas trop fort, il serait bien encore capable de me trouver bête. D’un côté, c’est mieux non que je me pose ce genre de question. Je suis son premier copain vampire si je ne m’abuse. Attend, vraiment ? Oui, enfin je crois. Sinon, je me suis habitué à mon régime alimentaire restreint, je suis même devenu gourmet dans le genre … on peut pas boire le sang de n’importe qui, la qualité est vachement impactée quand même. La qualité de vie du donneur, mais autre chose … le sang d’un sorcier, pour y avoir goûté, ce n’est vraiment pas la même. A croire que la magie se transporte à même les hématies. Je suppose qu’il n’y a qu’un vampire pour dire la différence. Toutefois, cela concerne toutes les créatures magiques. Je serais bien incapable d’identifier l’un ou l’autre, seulement ce qui est sûr, c’est qu’une fois que je connais le goût du sang d’une race, je pense que je serais capable de la reconnaître. Après je ne m’amuse pas à goûter le sang de tous ceux que je croise pour me faire un répertoire, mais quand même. Je m’y intéresse d’autant plus qu’avec Silas, cela peut nous aider quelques fois à savoir dans quoi on se lance.

Concernant sa réflexion sur ma blague, je ne tendrais pas la joue, mais presque. Il faut dire que vue le niveau de la dernière, je le mériterais bien. Toutefois, l’ascenseur, dans sa grande clémence, fonctionne mettant fin au débat. Nath s’installe, j’ai l’impression qu’à peu de chose près, la cabine remplie assez bien son taf pour éviter qu’il tombe. Il a quand même l’air claqué …

« De rien. »

Je le dis sans le penser. Merci de t’avoir foutu une claque ? Merci d’avoir pété un câble et manqué de t’ajouter au menu ? Je sais bien pourquoi le brun me remercie, mais de mon point de vue, c’est plus difficile de l’accepter ? Mais quand il dit mon prénom comme cela … je n’ai pas le cœur à débattre, alors, pour me faire pardonner, je m’approche de lui et posant mes mains sur ses hanches, je pose un baiser sur sa joue.

Le « ting » de l’ascenseur annonce la fin de notre longue escalade. J’aide mon cher à rejoindre le palier puis l’intérieur même de son antre. Nous voilà à nouveau en zone neutre, loin des rixes de la rue. Machinalement, après avoir laissé Nath œuvré seul à ses occupations, je me dirige vers le congélateur qui m’est entièrement dédié … je me demande comment le brun a pu expliquer à sa fille que j’ai besoin de mon propre congélateur et qu’elle ne peut pas y mettre ses glaces … Une poche en main, je prends une tasse, pareil, je la dédie à mes breuvages ne souhaitant pas infliger un fond d’hémoglobine à qui que ce soit. De toute façon, je m’occupe toujours de la vaisselle tout de suite après ne me sentant pas à l’aise si l’un ou l’autre devait le faire à ma place. Je n’avais pas ce souci quand je vivais seul, mais bon, si ce n’est que ça, je peux sincèrement dire que la cohabitation se passe plutôt bien. Au passage, je sors un sac de petit-pois de l’autre congélateur pour l’amener à Nath. Cette fois, c’est le tintement du micro-onde qui m’appelle et je reviens vers la table où s’est installé mon coloc.

« Comment tu te sens ? »

Juste le temps de poser ma tasse, me rendant soudainement compte de l’égoïsme monstre dont je venais de faire preuve.

« Mets le sac là où t’as mal, je reviens. »

Je me dépêche d’aller à la salle de bain et récupère de quoi nous rincer le visage et potentiellement désinfecter et recoudre mon homme. Je profite sur le chemin pour enlever l’excédent de sang de mon propre faciès, puis m’attèle à son minois.

« Laisse-moi faire veux-tu ? »

Sinon, je lui apporte un miroir, mais bon comme ça je peux en profiter pour faire un état des lieux des coups qu’il a pris …

EPSILON

Malgré les circonstances, il arrive encore à me faire rire. Un point commun, l’humour en défense et pour pleins d’autres occasions, Elaine va avoir du mal si un jour on se fait devant elle un concours de blagues pourris … j’imagine déjà les repas de famille de taré, elle va adorer !

« Non, mais t’as pas besoin d’excuses … si t’assumes de refuser ça. »

Je désigne mon corps. Ben ouais, inutile de nier, j’suis sexy et je le vis bien. Honnêtement j’en ris avec lui, autant que je l’utilise pour manipuler certains interrogatoires … pas le choix des fois, c’est un peu venu avec mes canines ce côté très prédateur-proie et même dans les jeux de la séduction. Toutefois, je me suis toujours bien gardé de n’en faire usage que professionnellement pour combattre le crime et jamais pour séduire à mes propres fins. Et parfois, juste les mots suffisent soyons sincère.

Bon, oui, mais le congélo est pas blindé de sacs de petits pois faut dire, sinon j’ai mes poches de sang mais … plus de 200 $ la poche … hum je l’aime, mais j’aime manger aussi et tant qu’à faire j’aime aussi que ce ne soit pas lui mon encas.

Je soupire et cède à sa proposition ne supportant pas de faire l’amalgame entre l’odeur de son hémoglobine et ma satiété toujours insatisfaite. Il attrape ma main et s’en sers comme oreiller. Cela dit, j’dois bien être presqu’aussi frais que les petits pois. Cul sec. Le but n’est plus tant de réellement savourer surtout après l’autre qui m’a servi d’entrée. Alors je vide ma tasse d’une traite et essuie mes lèvres de ma main libre pour ne pas laisser de traces de ma mixture.

« C’est bon ! A toi maintenant beauté ! »

Je me penche vers lui et dépose un baiser sur sa tempe en me saisissant au passage de la trousse posée sur la table.

Rien ne sert de détailler la scène suivante a part pour imager la multitude de grimaces que Nath me sort à chaque entrée-sortie de l’aiguille dans sa chair. On passe également mes innombrables « pardon » qu’il a sans doute envie de m’arracher la langue à la longue. Le sac de petits pois a le temps de finir tout ramolli et maintenant un tas informe entouré d’une flaque d’eau. Poubelle. Il me faut pas loin de trente minutes pour être satisfait de mon travail sur le faciès de mon cher et tendre.

« Bon … je deviendrais pas chirurgien esthétique, mais eux leurs patients sont endormis ! Sinon je peux juste t’accompagner au lit … t’as la tête du mec qui va s’endormir dans son canap’ si je le reconduis pas tout de suite dans sa chambre. »

Pas que cela me contrit, le plan c’était récupérer Nath à la sortie de son taf et se poser tranquillou tous les deux. Bon adieu le tranquillou, mais on peut toujours aller se reposer. Je l’aide donc à se relever et c’est à la vitesse d’une vieille tortue arthrosique que nous regagnons son – notre – lit. Je l’aide à finir de se mettre en tenu pour la nuit … calbut quoi … et fait de même.  J’veux bien faire office de paquet de surgelé géant pour la nuit s’il a besoin de coller son corps meurtri. Autant en hiver il va le regretter, mais là … J’ose même pas aborder le petit moment où j’ai perdu mon contrôle, j’suis même pas sûr qu’il a envie d’en reparler, ça va me tarauder je le sens, de toute façon c’est pas comme si j’avais prévu de dormir de base.

EPSILON