Le diable est dans les détails [Shawn&Matt]

Ma journée? Nan, j'ai encore arnaqué personne aujourd'hui. Bon, faut dire que le jour est pas fini non plus. Un coup de mou? Plutôt l'impression de prendre une routine, et si je cherchais vraiment une routine, j'prendrais un boulot.. ou j'retournerait faire un tour à l'ombre. Ah ça, dans le genre routine... J'ai le cerveau solide, mais ils ont quand même bien failli me faire exploser quelques neurones. A pas servir, ça grille ces machins là. Fin, c'est ce qu'ils disent dans les dessins animés, parce que les études scientifiques... ça m'arrive d'y jeter un oeil quand toutes les télés d'une vitrine diffusent une émission du genre, mais avouez qu'on trouve plus facilement des vitrines diffusant un Disney ou "qui veut gagner des millions"... Mais on s'égare.
Je disais donc que j'avais besoin de faire autre chose, et j'ai vu un type faire des illusions valant ce que je sais faire de mes dons, sur internet, et ça avait l'air de choquer personne. Du genre? Traverser une vitrine sans la casser? Facile, archi facile. Suffit qu'y ai pas de vitrine à l'origine. Nan mais j'vous expliquerai le truc plus tard. En attendant, j'ai entrainé Nath avec moi, bien sur. Il bosse pas, Dante si, Elaine est en vacances, et les chats de Jack ont à manger pour 15jours tranquille alors pour aujourd'hui, il est à moi. J'me comprends. Disons que si un type cumule les qualités de connaitre cette ville aussi bien que moi, et en savoir assez sur mes pouvoirs pour repérer un endroit intéressant, c'est lui.

On se trouve sur le trottoir d'un carrefour, à décider si y a pas un truc à faire avec la grille du passage interdit qu'on a si souvent escaladée (et derrière laquelle se cache un molosse qui nous a plus d'une fois couru au cul), quand Nath attire mon attention sur l'autre coté de la rue.

"Si j'te dit qu't'as une touche?"
"J'te rappellerais que j'ai quelqu'un."
"Ouais ben lui il est pas au courant, crois-moi."

Je lève les yeux au ciel avant d'accepter de tourner le regard, juste pour qu'il me lâche avec ça. Pour le retourner aussi vite, lui collant une claque sur le bras en passant.

"T'es con."
"Attends. M'dis pas qu'..."

Et le voilà qui se montre totalement "discret" (comprenez "pas du tout") pour reluquer en retour. Ca compte comme un fratricide quand on n'a aucune goutte de sang en commun? Nan? Très bien.

"Si tu m'avais dit qu'tu t'cherchais une grande perche, j't'aurai présenté mon frère."
"Non merci. Un seul Abraxas m'a suffit, j'ai vraiment pas envie de tester le reste de la famille. Pis t'avoir comme beau-frère..."

Je lui offre un regard exagérément effrayé avant de lui claquer l'épaule, décidant de remettre ça à plus tard.

"Bon allé, on s'rappelle. Va déloger Dante de son bureau, il est aussi pâle que si sortait pas de jour, ton vampire."

Je lui claque la bise avant de le laisser là, me débrouillant de traverser la rue au rouge sans me faire renverser (cherchez pas, au vert c'pas moins dangereux, pour ça, faudrait que les voitures s'arrêtent quand c'est rouge pour elles), avant de m'arrêter devant Matt, glissant mes mains dans mes poches en même temps. Entre nous, simple habitude prise à cause de Nath. J'suis pas le seul de nous deux à savoir vider les poches sans être vu. Mais faut croire qu'il était pas d'humeur, mon portefeuille manque pas à l'appel.

"Salut toi. Qu'est-ce tu fais dans le coin*?"

Mais quelle journée de fou, le genre de journée ou le téléphone ne vous lâche pas ou bien lorsque vous avez ne serait-ce que deux minutes quelqu'un toque à votre porte, vous accoste ou trouvé d'autre prétexte pour vous déranger. La liste est bien longue.

A plusieurs moment, je consulte ma montre. Pourquoi, parce que j'ai bien envie de les laisser en plan quelques heures. J'ai une visite d'immeuble qui est bientôt programmée. Immeuble laissé à l'abandon depuis deux ans. Il n'y a beaucoup de rénovation à faire la dedans. Je dois d’abord y penser et le faire inspecter plus en profondeur, je ne souhaite pas tomber sur des problèmes de grandes envergures qui pourraient compromettre les travaux. Tout en réfléchissant, je découvre les lieux, ni trop près ni trop loin du centre ville. Je me demande si les lieux se retrouvent sur un flux de la toile arcanique ou autre.

Je m'arrête pour vérifier ce fait, j'essaye de ressentir l'énergie magique ou l’aura que dégage l’endroit. Mais je ressens un petit quelque chose plus loin, des regards sur moi. J’y pige pas grand chose, à cause du soleil que j’ai dans la figure. Je dois paraitre idiot en plein milieux du trottoir. J'enfile mes lunettes de soleil j’y vois mieux, es ce moi qu’on regarde? Peut être et je m’en fiche un peu, je sais que je suis agréable a regarder.

J’observe malgré moi ce qui se passe de l'autre côté, je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit de continuer à les suivre du regard. Me demandez pas quoi, je l’ignore. Jusqu'à ce que l'un d’eux traverse la rue. Qu’elle cons, je fait lorsque je reconnais celui la.

-Simple reperage…. Jamais, je n’aurais imaginé tomber sur toi et… c'était qui?

Parce que, ouais, soleil, une vue réduite, même avec des lunettes de soleil, je n’ai pas pu mettre de noms sur l’autre personne.

Je jette un coup d’œil de l'autre coté de la rue, sachant que je me débarrasserais pas de Nath aussi facilement. Il va pas s'incruster nope, mais il va jeter un coup d’œil avant de se tirer. J'ai beau veiller sur lui depuis 25ans, j'ai parfois l'impression que c'est lui qui veille sur moi, quand il y pense en tout cas.
La question de Matt me tire un sourire en coin, en passant, et je le laisse mariner deux secondes de plus avant de lui répondre.

"C'est moi ou c'est de la jalousie que je vois là? T'inquiète, c'mon frère. Fin, en quelques sortes. Disons qu'on s'est adoptés, et que j'peux plus m'en défaire depuis le temps."

Je hausse les épaules. En vrai, la relation que j'ai avec Nath, c'est pas évident à expliquer. Parce que nan, y a plus rien qui pourrait attiser une jalousie quelconque entre nous, mais en même temps, je crois que chacun a besoin de l'autre pour avancer. Ou au moins, de savoir que l'autre va bien et est dans le quartier.

"Accessoirement, s'tu veux tout savoir, c'mon ex. Mais l'eau a largement coulé sous les ponts depuis. Bref, tu repères quoi? T'sais, si t'as besoin d'un guide du quartier, je suis ton homme."

Ça fait que trois décennies que j'traine mes baskets dans cette ville. J'en connais les coins, les recoins, les raccourcis, et les planques anti-descentes de flics. Les bons plans pour se nourrir et se loger aussi. Bref, j'suis surement moins malheureux dans ces rues que la plupart des gens qui possèdent un appart chauffé fermé à clefs et un frigo.

Je remarque que l’autre type n’est pas aller bien loin, je le salue de la main en reportant mon attention a celui qui se trouve près de moi. Si je suis jaloux, moi? Non pas du tout en fait, peut être un tout petit peu que je chasse pour l'incompréhension. Je le laisse se moquer de moi, je l’ai un peu mérité.

-Un frère? Je l’apprend.. intéressant..

Je n'arrête pas d’en apprendre au cours de nos rencontres et  est ce qu'à l'inverse, est ce qu’il en apprend aussi sur moi? Même le sujet le plus banal pouvait devenir intéressant. Je suis peut-être trop facile à faire vivre, finalement. Attendez la, son ex? Le fameux ex petit copain la?

-Ha? Oh! Le fameux Nath?

Je lance un regard autour de moi, il n’a pas tord, que je suis con a la fin.

-J’ai visité le vieil immeuble à cinq minutes d’ici…

Lançant un regard vers la direction derrière moi.

-Pas très viable si tu veux mon avis…

Détacher ma veste en retirant ma cravate que je fourre dans ma poche en détachant les deux premiers boutons de ma chemise.

"Rassure moi, t'as une très bonne mémoire? Ou faut vraiment que j'arrête de parler de ce gars?" Question à laquelle j'en lis davantage dans son regard qu'il ne voudrait sans doute le dire à voix haute. "Ok, ça craint."

Il me parle finalement d'un vieil immeuble à son avis peu viable qu'il a visité quelques rues plus loin. Et je le vois, dans le même temps, reléguer sa cravate dans sa poche, signe incontestable que l'homme d'affaire prend sa pause.

"Tiens, Matthew Savage prend une pause. Donne. Ta cravate."

Je finis par la prendre moi-même pour l'arranger grosso modo autour de mon propre cou. Bon, en ayant fermé les boutons de mon col ça aurait surement été plus pro, mais osef.

"J'vais te montrer ce que c'est qu'une visite d'immeuble. Y a pas un agent immobilier qui connait la pierre qu'il fait visiter aussi bien qu'un mec qui a du tester la moitié des squats de cette ville. Montre, vas-y."

Ouais bon, j'abandonne l'idée de me battre avec le nœud de cravate. Le faire à quelqu'un, je sais faire. Le faire sur moi, nan, du tout.

"En passant. T'es beau gosse aujourd'hui."

Au moins j’ai bonne mémoire, j’en suis ravi, j’emet un petit rire lorsqu’il confirme qu’il devrait peut être arrêter de parler de celui-la.

-Ce n’est pas de ta faute, si tu ne peux pas t’en empêcher, après tout ce que vous avez vécu…

Contrairement à moi qui n’a que le Pandemonium et presque personne de mémorable de ma «petite» vie sur terre, je m'abstiens de parler de ses sujets, je pourrais être barbant. Il n’y a pas grand chose de palpitant quand votre vie se résume à travailler d’arrache pieds.  

-C’est pas lui qui tient un bar ? Faudrait que j’aille prendre un verre avec une bonne compagnie…


Glissant les yeux vers lui, message subtil. Fourrant ma cravate dans l’une de mes poches que je me la fais piquer, suivant ses mouvements des yeux. Un sourire en coin apparait sur mes lèvres. Comment j’arrive à résister à ne pas… L’embrasser en attrapant la cravate entre l’une de mes mains, laissez tomber je n’ais rien dit. Me décalant en lui nouant la cravate. Qu’il es ssseex… Okay je m’égard, revient sur terre mon vieux.

-Je te suis…

Malgré mes pensées qui divaguent, je le suis tranquillement. Je sors de mes pensées en l’entendant.

-L’art d'agencer la chemise avec le reste.. ? Je ne dirais pas ce qui me passe par la tête…

Ok, note à moi-même, ne plus mentionner Nathan aujourd'hui. J'peux bien réussir à faire ça, non? Ce type a vraiment pris trop d'importance dans ma foutue vie, alors même que, sérieux, c'est même pas la relation la plus longue que j'ai pu avoir! Après, Matt a vu juste sur ce point. Mes pires galères de gosse, c'est avec Nath que je les ai connues, je dirai même que c'est à cause de lui que je les ai connues, et sans doute que ça, ça laisse une trace indélébile dans notre histoire commune.

"Ouais, pas faux. Mais admet qu'c'est nul de ma part d'en causer autant devant toi. Donc à partir de maintenant, je me concentre sur toi, et uniquement sur toi. Ok?"

Disant cela, je me rapproche de plus en plus de lui, pouvant bientôt sentir son souffle sur mon visage, mais en restant juste à la lisière de ses lèvres. Deux options coco, soit tu te penches, soit j'investis dans un tabouret. Je m'écarte légèrement, croisant son regard pour voir à quel point il est sérieux, quand il suggère qu'il pourrait bien être intéressé par un verre en bonne compagnie. Ok, j'ai jalousé un peu vite, pourtant pas dans mes habitudes, mais c'bon, j'ai pris le bon sens de la phrase j'crois.

"Il est barman. Si il tenait la boutique, crois moi qu'elle aurait déjà coulé depuis longtemps. Mais ça n'empêche que je suis partant pour un verre. A une condition. Aucune œillade au serveur."

Aucun sérieux dans mon ton, et pourtant, y a peut-être bien une fois encore une légère pointe de jalousie dans mes paroles. Ce type va me rendre chèvre! Donc ouais, pendant qu'il me dépanne avec cette fichue cravate, je lui colle une pichenette sur l'épaule, juste comme ça. Avant de glisser mes doigts dans les siens pour l'entrainer vers cet immeuble qu'il a si peur de prendre sur la tête.

"Que j'pourrais fort bien te l'enlever, cette chemise? Ok, on a dit pro, alors, viens plutôt me montrer ce qui te chiffonne avec ce bâtiment."

Je l’écoute tranquillement avec un petit sourire aux lèvres, en l’écoutant doucement.

-Au moins toi, tu as quelqu'un qui a marqué ta vie avec quelque anecdote tandis que moi… Je marque une petite pause pour réfléchir faussement. Humm… Voyons voir, tu préfères que je parle du Pandemonium a la place? Tu lui parles de moi au moins?

Parce que le Pandemonium lui a un tas d'aventures avec moi et sans moi, bon d’accord la plupart sans moi puisque ce qui se passe dans les chambres reste dans les chambres. Mais j’aimerais bien voir l’un de ses fantasmes ou désir ou peut être pas. J’oublie qu’il dissipe la magie tout aussi bien que moi. Il me faudrait un grand pouvoir de concentration pour qu’il tienne plus longtemps pour en voir ne serait-ce qu'un fragment a moins que mon dons naturel fonctionne sur lui? Oh, que de la tentation! Stop, non! Je ne ferais pas ça! La magie, je peux l'exploiter mais pas mon dons de savoir ce que veut vraiment la personne devant moi, pas sur lui.

Je le laisse s'approcher, la petite différence de grandeur m'amuse, il l'a sans doute remarqué avec le temps. J'oublie que c'est lui qui porte ma cravate et qu'il ne peut pas me la tirer dessus. J'allais pour suivre la danse quand il recule.

-Si nous ne sommes pas trop loin.. on pourrait y faire un arrêt.. pas le serveur, hum? Parce qu'il t'intéresse, alors?

Faussement outré, la cravate nouée je raccourci l'espace entre nous pour un baiser rapide sur le front pendant qu'il me fait la pichenette. Mes doigts glissent dans les siens, pendant qu'il cite l'une de mes pensées, exactement celle-là et bien d'autres!

-Oh ouais et… Je tousse un petit coup pour étouffer ma phrase. Bref, pro, pro..

Je dois me concentrer sur l'immeuble vers lequel nous nous dirigeons.

-Disons que je n'aie pas tant investiguer, mais j'ai crue ressentir quelques squelettes dans le placard pas très net...

Si Nathan a marqué ma vie d'une façon unique? Totalement. Mais je vous épargne la méprise. C'est bien plus par notre relation après la relation que par notre relation tout court. Parce que des mecs, j'ai pas eu que lui avant mes 18ans hein, même si j'ai pas menti à Matt, j'arrive encore totalement à les compter sur mes dix doigts, ceux qui ont fait partie de ma vie. Nan, Nath c'est particulier. C'est le gamin que j'ai empêché de faire trop de conneries quand il a fini à la rue. Celui que j'ai vu s'échapper de la rue pour avoir enfin un semblant de vie décente, avant de le voir sombrer si loin que j'ai passé les dix années suivantes à me demander ce que je trouverais en revenant au squat le soir. Si on a remis ça, après son divorce? On aurait pu, mais veiller sur lui comme l'ami fidèle que j'étais était déjà bien assez lourd à porter. J'ai eu du mal à tenir une relation à coté tellement j'ai pu mettre ma vie entre parenthèses pour m'assurer de pas le retrouver pendu à une poutre ou overdosé dans un caniveau à cette période, mais j'regrette pas quand j'le vois aujourd'hui. C'est ça les amis. Être là quand ça va, mais surtout quand ça va pas. Et je sais sans l'ombre d'un doute qu'il sera là pour moi si j'en ai besoin un jour. Même au risque d'emmerder profondément son mec. Comme je serai là de nouveau au risque d'emmerder profondément le mien. C'comme ça qu'on fonctionne, et si ça peut paraitre bizarre, ou suspect ou quoi aux autres, tant pis.

"Quelques anecdotes... si tu savais mon pauvre. J'adore Nathan, et sa fille plus encore, mais ce type est une plaie. Parole de vingt-cinq ans d'amitié. Hé. C'est pas parce que t'as pas 50 histoires pour casser du sucre sur le dos de quelqu'un que ça veut dire que personne t'as marqué jamais. C'est parfois des petits trucs. Le prof qui t'as trouvé bon et t'as inspiré un taf, le flic qui t'as empêché de dérailler alors que t'allait faire une connerie, ou cui qui t'as sauvé après que t'ai fait une connerie... y a toujours quelqu'un. C'est juste pas toujours simple de savoir qui. T'sais, la vie, c'est pas cette chose énorme grâce à laquelle tout le monde te reconnait. C'est ce million de petites choses autour qui font qui t'es vraiment."

Il veut un exemple tout bête? J'en ai un à sa portée. Comme ça, là, sans réfléchir plus de cinq secondes.

"Parles-moi du Pandémonium si tu veux. Mais pas de la couleur des murs ou des pièges magiques que sont ses fichues chambres. Parles-moi de cette pierre qui a failli t'ouvrir le crâne quand t'as visité le chantier, ou de cette marche d'escalier qui grince, ou j'sais pas, du placard préféré de tes employés pour oublier qu'ils sont au boulot. Des petits trucs dont tout le monde se fout, mais c'est sa vie, à ton foutu hôtel. Tu vois?"

Si je parle de Matt à Nathan? En vrai, je dois admettre que je ne me suis pas épanché sur les détails. Déjà parce que lui et moi, on a rarement discuté de nos compagnons du moment (de ses nombreux "coups d'un soir" encore moins). Ensuite, parce que j'ai envie d'être égoïste pour une fois et me garder ce grand zigoto un peu pour moi seul. Sera toujours temps de se faire des sorties à quatre plus tard, genre, dans une autre vie.

"Il sait que j'ai quelqu'un. Que j'suis bien avec. Et que j'ai prévu de te faire sortir de ton bureau plus souvent. Le reste c'est entre toi et moi. Non pis si j'te le présente, va falloir que j'te présente toute la clique derrière, ... quand j'ai signé pour gagner un frère, il était pas livré avec le reste de la clique!"

Non, je ne renie pas ma nièce, jamais. Sauf que c'était un peu plus simple quand c'était "Nath, Elaine et moi" contre le reste du monde. Aujourd'hui faut composer avec un beau-frère, un frangin supplémentaire avec lequel je n'ai jamais vraiment pris le temps d'aller discuter, deux neveux de plus avec la mère qui va avec ... ça fait du monde. Un peu trop pour moi.

"On pourra ouais. Après cette visite. Et le serveur, nan, j'ai pas envie que toi il t'intéresse. Ou que lui s'intéresse à toi. Quoi?"

J'ai visé juste avec cette pensée que j'ai cité à voix haute. On vient de deux univers totalement différents, et faut l'admettre, on n'a absolument rien en commun hormis des pouvoirs similaires, lui et moi, mais j'sais pas, j'commence à attraper el dico. Lui est encore bien à la ramasse avec moi, mais c'est pas désagréable. Perturbant des fois, faut dire. Bref, concernant son immeuble?

"Si j'peux me permettre, les placards ça se nettoie. J'veux dire, c'pas parce que y a eu un mort un jour dans un bâtiment, ou un trafic de drogue, ou j'sais pas, l'orchestration de l'assassinat de Lincoln, que c'te baraque est foutue, si? J'te l'offre celle-là, cadeau de l'ex-taulard."

C'est pas souvent que je mise sur l'humour sur les cinq années que j'ai perdu pour rien à l'ombre des barreaux, mais il aura effectivement gagné le droit de me voir essayer. C'est pas tant le fait d'avoir fini au trou qui m'a chagriné, entre nous, j'ai 35ans de conneries derrière moi qui auraient pu finir, ajoutées les unes aux autres, par m'y emmener. C'est surtout d'avoir été assez con pour tomber dans le panneau qui m'y a conduit qui me la met mauvaise. C'peut-être aussi pour ça que j'y vais si lentement avec lui. J'ai beau pavaner, le dernier connard qui a abusé de ma confiance l'a mise à mal, cette confiance. C'est surtout de la donner sans conditions, qui est devenu compliqué, et j'me rend compte que c'est Matt qui en fait les frais. J'ai envie de lui faire confiance, et en même temps, j'attends le premier coup de pute. J'me gave moi-même hein.

"Viens faire le tour du proprio, pour voir. Et essaye d'imaginer moins de gravats et plus de décos. J'te jouerai bien le tour de l'illusion mais..."

"Et c'est pas de moi. Mais j'te l'accorde, c'est bien trouvé."

Concernant les histoires de l'hôtel? Je ne suis pas un grand fana des rumeurs et autres racontards, en général, mais ça doit pas être triste de laisser trainer un peu ses oreilles là-dedans. J'imagine que son personnel est bien placé pour avoir à en raconter. Sur lui? Pas certain qu'il le tolèrerai.

"Ok, alors, vas-y, balance. C'est quoi le truc le plus bizarre que t'as vu dans ton hôtel? Et j'parle pas de l'espèce de blob à six bras que j'ai croisé l'autre coup.. même si ça, c'était bizarre."

Non parce que en ce qui concerne la magie, j'me démerde, ok, je fais ce que je veux de mon don ou presque, et je sais différencier un vampire d'une licorne du premier coup d'oeil. Mais y a quand même des trucs qui passent dans son hôtel dont je préfère même pas savoir dans quelle catégorie ça se catalogue. J'suis pas raciste hein, même si je laisserai clairement pas un vampire approcher ses crocs de mon cou et que j'essaye de pas être dehors les soirs de pleine lune, mais y en a quand même qui sont pas gatés par la nature. Quoiqu'ils trouvent peut-être que ce sont nous autres sorciers qui le sommes pas... bref, assez d'explosion de neurones pour la journée.

"Ou c'est le reste de la famille qui s'est greffé à lui. Fin, ça m'fait deux neveux de plus à pourrir à Noel quoi."

Comme si j'avais pas assez de gamins à pourrir dans les rues de la ville. Dit comme ça c'est tordu, je sais, mais croyez bien que je n'ai que de la bienveillance à l'égard de ces gosses. Et plus vite ils s'en sortent, mieux ça me va. Même si certains sont plus faits que d'autres pour cette vie. J'aurai été bien emmerdé à l'époque qu'on me force à en sortir. Cette ville toute entière, c'est ma baraque, et j'en connais presque tous les coins intéressants. Les légendes urbaines? Aussi, bien sur. En vrai, heureusement qu'il n'existe plus, cet hôtel des meurtres, parce que croyez bien que j'en connais deux ou trois qui seraient allé fouiner, et j'me compte dans le lot. Et bien sur que j'suis allé me faire peur a l'abattoir, j'dirai même que c'était un passage obligé à Halloween ce truc, quand j'avais moins de quinze ans et moins de cervelle.

"Peut-être."

De la jalousie? Vis à vis d'un mec qui pourrait faire de l'œil au mien? Ouais, ça se pourrait. J'suis pas connu pour être possessif pourtant, mais je pense pouvoir admettre que c'est un manque de confiance en moi, sur ce coup. Tout en prévoyant un meurtre si je recroise un certain connard de ma connaissance qui me rend incapable de faire pleinement confiance à cette nouvelle relation que j'espère bien entretenir un moment. D'accord, peut-être pas un meurtre, j'ai rien d'un meurtrier, mais ça se pourrait que la bouche d'égout ouverte devant lui "disparaisse" de sa perception. Une patte cassée ça me soulagera déjà pas mal. Mais bref, assez parlé de mon ex. Mon autre ex. Cui qui m'a offert un voyage à l'ombre. Bordel, si faut que j'explique duquel je parle maintenant... J'croyais que y avait qu'à Nath que ça arrivait ça...

"Explique?"

-Garde la en mémoire.. Elle pourrait servir de nouveau…

Sur un coup de blues ou quelque chose du genre. J’ignore d'où elle sort, mais elle me fait sourire d'une certaine façon juste a y penser, pour ne pas dire d’un sourire niais. Bon d’accord, sur le coup rien ne me vient vraiment mais j’y réfléchis. J’hausse un sourcil à la description du blob a six bras que j’ai du croisé sans réellement le voir lors de sa visite.

-Disons qu’une louve garou plus un vampire dans une idylles des plus improbables? Prenant l'ascenseur pour se diriger vers une chambre? Que j’ai retrouvé presque intacte soit dit en passant…

Parce que tout le monde sait que les loup-garou et les vampires sont des ennemis de longue date, alors imaginez les ensembles. Tout comme le couple que fait mon Maître d'hôtel Nephilim avec un démon de l’Enfer. Juste à y penser, j’ai la paume de ma main qui me picote. Je ne les comprends tout simplement pas ces deux-là. Retrouver des employés en pleine séance de minouchage dans des placard, classique, en surprendre deux dans les toilettes public, ça passe, mais surprendre une séance d’exercice à demi nue dans le bar derrière le comptoir ça passe moins.. Des couples des plus probable qu' improbable, l'hôtel en voit de toutes les couleurs, elle réussit toujours à les satisfaire dans la mesure du possible. Ce qui me ravit le plus, c’est qu’ils reviennent encore et encore. Mais je laisse c’est petite broutilles pour plus tard, je ne voudrais pas l'effrayer. Tiens en parlant de ce temps des fêtes, je me pose une question qui ne tarde pas à traverser mes lèvres..

-… Noël… tu le fêtes?

Okay, ce n’est pas ce que je voulais dire, mon cerveau ne s’accorde pas avec mes lèvres. Je sais que cette question me serait retourné, ce que je voulais savoir, c’est s’il désirait quelque chose, mais je connais la répercussion de ce genre de question, j’ai une chance sur deux d'activer mon pouvoir démoniaque hérité de mon paternel même si je ne le veux pas.

Je le suis tranquillement alors qu’il continue de parler, je me montre intrigué lorsque je lui demande s’il ne serait pas un tout petit peu jaloux.

-Intéressant… Je regarde mais je ne touche pas, tu as ma parole…Sauf que mes pensé serons dirigé vers toi…

Parce que ne pas regarder est assez complexe si la personne passe près de nous ou pas. Je reve deja a quelqu’une de mes pensé des plus salace que je me reserve, le genre de rêve qui te reveille en pleine erection que ma seule personne a due mal a gérer sans douche froide, afin vous voyez le topo… J’entre dans le bâtiment a sa suite, disons qu’avec ce que j’ai ressentie, elle ne m'inspire pas vraiment. Lorsqu’il me demande une explication, je fouille un peu plus profondément dans mes grimoires mentaux.

-J’ai peut être un sort qui ralentit la dispersion ou qui augmente l’efficacité d’illusion plus ou moins cinq à dix minutes, j’te dis pas le mal de crâne que je vais me taper si je dois le faire à chacune des pièces ou des étages…

Mal de tête crâne garantit, puisqu’elle me rendrait plus ou moins perméable aux illusions, comme pour un humain qui cherche comment fonctionne le sort.

-Ou quelque chose qui me permettrait de la retenir plus de deux minutes…

Beaucoup moins risqué pour un Maître du Temps de ralentir le temps de l’illusion, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt… L’option numero deux risque d’être la meilleur option… Cela fait un moment que les lignes du Temps ne m’ont pas interpellé.

Concernant Noël? Si y avait que moi seul, nope, je le fêterai pas. Pour une raison très simple. Noël c'est une fête de famille, et donc techniquement, faut en avoir une, de famille. J'ai longtemps pensé ne plus en avoir. Et si j'ai compris mon erreur depuis, j'ai pas franchement su pardonner à cette fête. Et pourtant, je ne suis clairement pas le dernier à aller voir les illuminations des fées au parc Lincoln ou à abuser des marrons chauds des marchands ambulants. J'aime ce qui fait cette fête, mais pas sa symbolique. Bref, c'est compliqué. Le truc c'est que j'le fête quand même, à ma façon, parce qu'un gosse abandonné ou orphelin crache jamais sur les petits plaisirs de la vie, et donc ouais, j'ai un super costume de Père Noël qui est au moins crédible pour les moins de 8ans. Notez que - heureusement - ils sont pas nombreux, mais après cet âge ils sont logiques, et "Shawn absent" + "inconnu sous un costume" = "Shawn sous le costume". Ils sont meilleurs que moi en math ces gosses, y a pas à dire.

"J'en fais profiter les gamins. Je crame un fric monstre en cadeaux, et on se fait un repas correct avec tout le monde. Et j'me fait rincer le gosier chez Nath. J'imagine que son appart va pas être assez grand cette année vu le bordel dans la famille d'ailleurs. Sinon, moi-même, personnellement, j't'avoue que Noël, je m'en branle un peu."

Je donne un coup de pied dans une planche censée remplacer une porte pour la débloquer un peu avant de la décaler juste assez pour nous permettre de passer, mettant le doigt sur un truc en passant.

"D'ailleurs t'y échapperas pas, en passant. Au repas de famille."

A l'idée qu'il reluque mon frangin, j'vais rien dire. Soyons honnêtes, Nath a une belle gueule, et si j'commençais à flipper dès que mon mec croise un truc potable, faudrait franchement que j'me remette en question. D'accord, j'me remet en question, mais juste parce que je capte pas pourquoi, au milieu des trucs potables, c'est sur moi qu'il s'est arrêté. Prochain débat.

"Sinon, plutôt que de te ruiner la santé avec un peut-être ou peut-être pas magique, pourquoi tu ferai pas jouer ton imagination? J'sais bien que les humains d'aujourd'hui en ont pas des mas parce qu'ils ont de super portables qui font le boulot pour eux par écran interposé, mais dans mon monde de bisounours, nous autres illusionistes, on en a encore un peu, non?"

Ou bien c'est moi qui ai le cerveau d'un gamin de dix ans qui s'attends encore à voir des lucioles phosphorescentes dans l'eau du lac quand la lune se reflète juste dans les vagues du bord. No sé.

Sérieusement, pourquoi j'en suis venu à parler de Noël. Je me gifle mentalement. Je réfléchis à ce que je vais pouvoir bien lui répondre vu que je ne la "fête" plus depuis au moins dix ans. Quoi que même avant, je n'avais pas trop cette notion des fêtes plus ou moins chrétienne des mortels alors bon. Mais j'ai appris à l'apprécier pour ces décors enchanteur, j'adore la décoration de l'hôtel et des terrasses. En vérité, je me terre dans le fond de mon lit cette journée-là pour une fois que j'appuie sur le bouton pause.

-Un peu dans le même sens de la dernière partie..  

La partie de je m'en branle, bien sûr. Je me fraye un chemin à sa suite dans le bâtiment abandonné. J'fige presque en l'entendant, je suis touché.

-Qu..quoi? Au regard qu’il me jette en se retournant... Oh Hum, d'accord… même si je crois pas y avoir ma place quoi..

Malaise, bien sûr que je suis inclus dans cette famille de fous, a quoi j'ai pensé, j'ai passé le test haut la main lors d'un souper entre son ex devenu frère et son copain vampire. C'est la première fois qu'on me fait une invitation depuis des années, du moins pour la fête de Noël, a peine sorti de ma torpeur je le rejoins. Si lui est là, je vais bien m'en sortir pas vrai? En revenant près de lui, je l'écoute. Utiliser mon imagination? Hum… J'étouffe un rire à son monde illusoire de Bisounours, le stress d'un peu plus tôt me quitte lentement. Sérieusement, je m'en fait pour rien en plus. Me suis-je pas permis de recommencer à vivre? Oui et je compte bien en profiter le temps que cela dure, alors j'irais à leurs réunions de famille.

-J'y avais pas trop pensé, j'peux essayer… Déjà, j'avais pensé a une maison de jeux, chaque étage aurait sa section dédié, comme un casino, l'administration au rez-de chaussé, vestiaire, la "banque", plus haut, Blackjack, poker, roulette, dés etc…

Sans savoir qu'en le disant l’illusions s’installe quelque seconde, je ne le remarque pas trop, parce que ses lui que je regarde.

-Si cela ne peut pas se faire, sinon, un banal hôtel ou je sais pas trop..

Ou un centre d'hébergement pour personne en difficulté, cela vient de me traverser l’esprit parce que je remarque l’illusion qui dure quelque seconde en relevant les yeux.

-T'as vu ce que je viens de voir?

"Ok, on s'en branlera à deux alo... nan, oublie, la tournure est vraiment mauvaise."

Quand à ce repas de famille auquel il pense ne pas avoir sa place?  Va vraiment falloir qu'on ai une discussion sur la bizarrerie de la famille Abraxas un de ces quatre. Ok, pourquoi pas maintenant, aussi, ça peut être pas mal.

"L'idée, c'est que cette famille est la plus disfonctionnelle qui soit, et suffit que j'm'offre cinq ans à l'ombre pour que ce soit encore plus le dawa en sortant. Genre j'découvre que mon frangin a un demi-frère et s'envoie un vampire qui serait accessoirement l'ex de sa belle-soeur. Rajoute que ma nièce sort avec le fils d'un autre vampire qui bosse avec le premier cité. Alors sérieusement, celui qui me dit que t'as pas ta place là-dedans ... bienvenue chez les fous."

Et ben voilà, quand on arrête de vouloir faire compliqué, on arrive à faire simple. Preuve en est, j'arrive à apercevoir, fugacement, le cheminement de ses pensées dans les illusions qui s'installent et se succèdent dans cet intérieur délabré. La dernière me laisse indécis sur sa signification exacte, cela dit. Ou bien c'est moi qui refuse d'ouvrir les yeux, pour une fois.

"Une idée pas dégueu? Je suis à peu près sûr qu'une bonne moitié des orphelins des rues de cette ville apprécieraient l'initiative. Cela dit, c'pas hyper économiquement viable comme projet, j'imagine."

Faut dire également que l'idée d'un "chez-soi" stable ne plairait pas à tout le monde. Elle m'aurait pas plu, à l'époque, et me plairait pas plus aujourd'hui que j'ai vécu dans 6m² pendant trop longtemps. Mais avouons-le, la plupart de ces gamins ont rien à faire dans un squat insécurisé sombre et humide où ils sont totalement livrés à eux-mêmes, si on oublie les rares gars dans mon genre qui tentent de veiller sur eux comme on a pu veiller sur moi à leur âge.

Je lui colle une claque sur le pectoral quand il ne peut pas s'empêcher de rebondir sur une expression foireuse de ma part. Ne pouvant pas retenir longtemps un sourire amusé, voire un rire franc, pour être honnête.

"J'en ai bien peur."

Quand à cette famille de barges à laquelle j'ai choisi d'appartenir? Je savais bien que j'avais oublié une pièce du puzzle.

"Ah oui, le démon. J'avais oublié cette partie. Y en a un dans la généalogie. Tu vois que tu dépareilles pas."

Si cet oublie prouve que je me fiche pas mal du coté démon des uns ou des autres? A vous de me le dire. J'l'ai pas fait exprès pour prétendre m'en ficher pas mal alors... A l'évocation d'une migraine, je glisse la main dans ses cheveux, caressant sa tempe avec mon pouce.

"Respire. T'as vu la taille du bordel? Réserve un étage à chaque idée folle qui te passe dans la tête et t'auras encore de la place pour celles des autres. C'que j'en dis, c'est qu't'es p't'être un démon, comme tu n'as de cesse de le répéter, mais t'es plus doué que la plupart des humains pour penser aux autres, alors, des bonnes idées, tu sauras en trouver."

Ma main sur son torse glisse jusqu'au col de sa chemise que j'agrippe légèrement, décidant de jouer le jeu un instant de plus.

"Cela dit, si c'est avec moi que t'y penses, j'vais pas me plaindre. On est d'accord que y a qu'avec moi que t'y penses?"

Mouais, ton mitigé entre le faussement jaloux et le faussement insécure, faudra que je revois ça.

"Quant à cette famille, tu sais ce qu'on dit. Le mec tu le choisis, la famille tu la subis. L'idée c'est de pas inverser les choses, là ça devient malsain."

Ou ces films où les couples peuvent plus se blairer, mais du genre à ne même pas passer deux minutes sous le même (gigantesque) toit, mais le mec passe la moitié du film chez ses beaux-parents et la fille (oui parce qu'on est pas sortis du schéma "papa, maman, un fils une fille, un chien et une clôture de bois blanc" dans les téléfilms du dimanche) passe l'autre moitié du temps chez son beau-frère ou à trainer avec sa belle-sœur.

"Merci. De me faire croire que t'as la tête moins dure que d'autres. Qu'tu sois black, latino, gay, trans, sorcier ou même le parfait cliché de ces films à l'eau de rose, on s'en fout. Et oui j'ai été le premier à attaquer Dante parce que c'était un foutu vampire et j'en suis pas fier. Bref, t'es à moitié démon, j'suis à moitié sorcier. Si on écoute les humains on est tous les deux bons pour le bucher alors j'vois pas bien pourquoi on en ferait tout un fromage hein."  

Oui non mais quand je suis lancé on m'arrête plus, excusez-moi. A lui de trouver comment m'arrêter, et pis c'est tout. Quand à ce qu'il projette? Ce que j'y vois, c'est qu'il en a marre du coté guindé richard de son hôtel, et pour être honnête, c'est pas moi qui le retiendrais de faire les choses autrement.

Toute mon attention est dirigée vers lui, l’une de mes main a trouvé la hanche, glissant dans le dos. Un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres.

-Totalement, avec qui d’autre pourrais-je? Pour le moment, il n’y a que toi que je désire …

Il es rare que je formule ce que je veux reelement, habituellement c’est moi qui tire ce genre d’aveux. Au moins, je sais ce que je veux. Nath peut dormir sur ses deux oreilles, je ne suis pas près de lâcher son frérot de sitôt. Il m’arrive parfois de regarder ailleurs, ce qui est normal, mais je ne touche pas autrui. Toute les scènes obscène qui m’arrive dérive facilement vers lui.

-Tu es loin de te débarrasser de moi, crois moi. Ils devront m'endurer…

Je l'ai assez attendu que je vais en faire une relation durable. Relation qui me plaît bien jusqu'à maintenant, j'arrive de plus en plus à sortir de mon cadre professionnel pour passer du temps à l'extérieur. J'ai tout de même commencé avec des après midi, un vingt quatre heures, il me reste qu'à trouver le moyen d'avoir 48 heures de suite. Mes doigts dans son dos ont trouvé le moyen de se glisser entre la ceinture et le pantalon. J'me laisse guider un cours instant, l'illusion se stabilise et disparaît tranquillement lorsque j'ouvre les yeux à nouveau.


-Par malheur tu es tombé sur un démon, au cœur plus humain doublé d'un sorcier assez sexy et doué…

Rien que pour me vanter, un poil. J'omet d'ajouter que je suis Voyageur Temporel, occasionnel. Je craque légèrement en venant poser un baiser sur son front.

-Merci d’avoir croisé ma route aujourd’hui…

Je sens sa main glisser sur ma hanche pour venir se poser dans mon dos, alors que la mienne relâche le col de sa chemise pour se poser contre son torse.

"En voilà une exclusivité. D'ordinaire, question désirs, tu tires les vers du nez des autres, pas le contraire. Ca sera ma petite fierté de la journée."

Je tapote gentiment son pectoral en prévoyant de m'écarter, histoire qu'on finisse le tour du futur proprio qu'on a pu commencer plus tôt, mais il en décide autrement alors que sa main finit par se glisser à ma ceinture.

"Alors ils t'endureront... et tu les endureras en retour. A savoir qui cèdera en premier. Et pour te répondre.. ça, ça s'appelle de la vantardise." Je pose mon doigt sur son nez un instant. "Et c'est pas désagréable."

Il abuse de sa taille de grande perche pour m'embrasser sur le front, tout en me remerciant de l'avoir croisé aujourd'hui. Techniquement, je crois que c'est la faute de Nath si on est passés par ici, mais j'suis pas sur que le rôle d'entremetteur lui aille à ravir. Non parce que faut être honnête, Nath a la palme des relations tordues, alors se fier à lui pour rencontrer quelqu'un... faudrait être totalement siphonné du bocal!

"Remercie le hasard qui a voulu qu'on se trouve au même carrefour au même instant."

"Yes!"

Et le geste de victoire qui va avec. Non mais désolé, mais j'avais déjà prévu un long débat avec un tas de rebondissements, alors obtenir que j'ai raison sans même avoir du me battre, je vais pas cracher dessus!
Je retiens un rire quand il associe vantardise et vérité, ne donnant qu'à moitié dans l'humour.

"Ouais mais le dis pas trop fort, j'ai vraiment pas envie que d'autres s'en rendent compte."

Je profite qu'il relâche sa prise pour lui échapper, levant les yeux vers l'emplacement d'une fenêtre aujourd'hui disparue qui nous offre un courant d'air pas dégueu à prendre. Y a pas à dire, les lieux clos, c'pas ma came. Je finis même par aller m'appuyer sur cette fenêtre, jetant un regard sur la rue en contrebas. J'ai jamais compris le vertige de Nath. Bien sur que j'me jetterai pas de là pour voir ce que ça fait, mais franchement, le vide, aucun souci.

"C'est mon talent caché. Et j'crois que le jour où tu me trouveras sans mal, c'est qu'il sera temps qu'on arrête de se chercher."

Autrement dit? Lui et moi on est aussi indépendants qu'on a besoin des autres, mais à petite dose. J'me vois pas m'établir, avoir quelqu'un sur le dos H24 ou être sur le dos de quelqu'un H24. Se voir quand on veut, sans se subir l'un l'autre à se dire qu'on va encore revoir la même gueule au même endroit dans les mêmes circonstances en rentrant de sa journée, c'est ce qui me convient.
J'attends qu'il me rejoigne à la fenêtre (ou au trou qui en prend la place) avant de répondre à sa question, glissant la main sur son bras en passant.

"Y a bien l'ancien cinéma... ou si t'es motivé à jouer avec une meute de loups-garous sur les crocs, les anciens abattoirs. D'ailleurs, si tu veux mon avis, ça, ça serait un sacré projet à présenter aux municipales, de raser ce truc pour profiter du terrain. Même sans les loups ce coin est glauque, et faudrait vraiment être désespéré pour aller squatter là-bas."

Bon, y a surement des jeunes des quartiers friqués qui vont se promener là-bas sous couvert d'urbex, mais ça les regarde. Moi j'sais que j'connais personne qui irait s'installer là-bas de son plein gré, être magique ou humain.

Je le détaille de haut en bas et de bas en haut quand il soutient une fois encore qu'il est beau gosse. Yep, ça j'le sais, mais à force il va prendre la grosse tête le coco, alors je m'abstiens de tout commentaire supplémentaire, préférant rebondir sur nos affaires immobilières.

"T'sais, des trucs abandonnés y en a tout le tour du ventre dans cette ville. J'imagine que c'est pareil ailleurs. Mais ouais, y a un vieux ciné à quelques rues d'ici. On avait même réussi à rallumer le projecteur à une époque, mais il a fini par cramer."

Je hausse les épaules en guise de commentaire, avant qu'il ne me suive sur le sujet des loups-garous. J'aurai du me rappeler que si Nath et lui ont un point commun, c'est de foncer tête baissée dès lors qu'on leur met une idée dans la tête.

"Oui alors je t'arrêtes tout de suite, on parle de loups-garous j'te rappelle. J'suis pas allé dépanner les miches de vampire de Dante là-bas pour t'y envoyer. Crois-moi ça craint. Et même en oubliant les loups, y a rien à garder là-dedans, faut tout raser en terre battue et après tu remontes un truc sympa. Fin j'suis pas constructeur ou investisseur, j'te donne mon point de vue."

Je reporte mon regard vers la rue en contrebas, ayant soudain mieux à faire que parler pierres. Du genre d'avoir repéré un stand de bouffe à emporter et m'être rappelé que j'ai pas encore pris le temps de déjeuner ce midi... oui il est 15h, et alors?

"Bagel ou wrap? C'moi qui invite."