A la mention de douche froide, je me demande combien de temps cela va fonctionner avant que j’arrive a utiliser d’autre moyen. Je suis prêt à le suivre ou il veux parce que je n’entre pas chez moi. Le chic type qui entre dans un squat pour y passer la nuit, on croirait à une mauvaise blague ou un pari raté ou celui qui s’infiltre dans les forces de l’ombre pour ensuite les dénoncer plus tard. Bref, je ne serais sans doute pas le bienvenue, mais on verra bien.

-Je te fais confiance pour rester en vie…

Je me lève avec son aide en restant sur place quand j'essaie de me remémorer ou est placé mon ancien loft ou appartement.

-Pour savoir où tu es, je t’écris, sinon je vais te chercher pendant des heures, je ne connais pas toutes tes places… Pour Delaware n’importe quand, hein, bon d’accord faut quand même que je remette la main sur le trousseau de clefs, si je le possède toujours…

Streetville, est le même quartier que l'hôtel, a plus ou moins 10-30 minutes de marche tout dépendamment de la vitesse de la marche. Toute ma vie d’avant semble si flou, comme si quelqu’un m'avait effacé la mémoire. Des traces reviennent faire surface soit pour me torturer ou soit pour me rendre nostalgique ou bien me faire mal. On voit le résultat avec ma tête de déterré.

-J’me demande comment j’ai réussi à m’en sortir… Allons essayer de les retrouver et en même temps finir cette visite…

"Ouais, ça devrait se faire. Ca m'embêterait un peu d'être obligé de faire venir la flicaille chez moi pour examiner ton cadavre."

Si je plaisante? Evidemment. Même si ça me ferait effectivement chier de faire venir la flicaille chez moi alors qu'ils viennent déjà bien assez dans les squats sans aucune autorisation. Mais j'l'aime bien ce grand con là alors si je pouvais me le garder un moment, ça serait pas un mal du tout.

"Et encore heureux, ça s'appellerait de l'espionnage sinon. Ben écoute, j'te laisse voir si tu remet la main dessus et on reverra ça. Fin, ça empêche pas qu'on se revoie entre deux hein. Tu me rappelleras. Parait que j'ai pas d'horaires de travail, de mon coté."

On retourne donc du coté de la civilisation, faisant assez rapidement le tour des lieux jusqu'à remettre la main sur les deux gamins, dont la boiterie du petit a l'air totalement oubliée. C'est ça qui est bien avec les entorses, ça s'oublie vite. Du coup, retour à la maison hein? Pas sans récupérer une bonne pile de crêpes pour les copains. Parait que c'est pour ça que je serai jamais riche, je suis trop généreux. D'un coté, où est l'intérêt de garder des millions dans un coin juste pour dire qu'on les a? Autant en faire profiter les gens autour de nous.
Les deux jeunes sont bien plus rapides que nous sur le chemin du retour, et je me rappelle vaguement d'une époque où j'allais aussi vite qu'eux. J'devais avoir trente ans de moins, à peu près. Une fois arrivés au squat, soit le sous-sol d'un immeuble dont le cadenas a été cassé depuis belle lurette, je pose mon chargement sur une table basse avant de prendre la main de Matt dans la mienne pour l'entrainer un peu à l'écart, saluant plusieurs de mes voisins en passant, jusqu'à rejoindre mon coin à moi, ce vieux clic-clac défoncé sur lequel je dors bien mieux que sur un "vrai" lit. Question d'habitude, j'imagine.

"T'as encore le droit de rentrer chez toi si ça te dit pas. Tu gères."

Je retire rapidement ma veste et mon sweet que je pose sur un crochet pour les faire sécher avant de déplier une couverture et me vautrer sur le matelas, glissant ma main derrière ma tête pour l'observer. Jamais dit qu'à deux on serait pas tassés, faudrait que j'regarde si il s'ouvre ce machin, un jour.

"En tout cas, bonne nuit."

-Faisons tout pour que ce cela n’arrive pas, hum…

J’ai un faible sourire plus ou moins convaincu maintenant, mais je suis tout de même prêt à le suivre ou il ira. Je le rejoins au milieu de l’espace. Je l'écoute en glissant ma main dans la sienne. Lorsqu’il parle d’horaire de travail, je baisse les yeux quelques secondes, j’ai encore du travail à faire, mais j’arrive à me libérer de plus en plus. Ce soir, j’ai fuit de chez moi pour ne pas y revenir avant le lendemain du moins.

-M’eh, je me suis amélioré, mon jolie. Non? Bien sûr que nous allons nous revoir…

Commençons par passer la nuit à l'extérieur dans un univers qui m'est etranger. Je le suis à l'extérieur, de retour dans le parc beaucoup plus tranquille à présent. Nous retrouvons les deux enfants sans trop de mal. Nous récupérerons même des crêpes au passage, j’en profite pour en manger une en route. Je le suis tranquillement en essayant de retracer quelques points de repère, je suis un peu perdu dans ces rues. Il y fait de plus en plus sombre donc de moins en moins de repère. Jusqu'à entrer dans un bâtiment, le suivant au sous-sol m'amenant un peu plus loin, saluant de la tête les gens au passage. Un chic type qui entre dans un squat, certains me font savoir que je ne devrais pas être là et je le sais, mais j'ai fait ce choix, mais je m’en fiche que mes yeux restent sur mon homme. Jusqu'au fameux clic-clac. Je l'écoute et je fais un signe négatif de la tête, je me sens plus ou moins à l'aise, ce qui est un peu normal, je ne suis pas dans mon milieu après tout.

-Je.. gère..

J'enlève ma veste mouillée par la neige, je le rejoins sans faire trop d'histoire. Nous sommes bel et bien tassés, mais je ne m'en plains pas. Le savoir près de moi me rassure et j'arrive à dormir à moitié.

-Bonne nuit…