Care to explain ? - ft Nath & Dante

Mes doigts longs et fins parcourent son torse et j’en viens à espérer pouvoir être autre chose qu’un macchabé pour éviter de voir le frisson qui parcourt son corps sur leur passage. Mais je ne peux arrêter. Les nuits s’enchaînent à ses côtés et chacune me rapprochant plus d’un paradis qui m’est pourtant interdit. Je soupire éperdument épris de l’homme qui partage ma couche. Il dort. Si paisible. J’entends le rythme de son souffle, son cœur battre régulièrement et ses veines pulser en cadence. Tout cela forme une douce mélodie des plus apaisantes et je ferme quelques secondes les yeux. Impossible de trouver le sommeil. Il m’arrive de réussir à simuler et même y croire que je dors encore, mais pas ce soir. Mes yeux restent obstinément voués à se rouvrir alors que rien ne m’attend ailleurs, rien de plus intéressant que ce que j’ai déjà à moins de quelques centimètres de moi. Incapable de me contenir, je cède à mon envie de le couvrir de baiser et bientôt mes lèvres se posent plusieurs fois sur son épaule et je hume son odeur. Il ne doit pas être loin de 5h du matin et je suis lasse d’attendre qu’il finisse par sortir de sa léthargie … je m’octroie donc le droit de l’inciter à me rejoindre et promis ce ne sera rien de bien méchant.

Impatient de l’en tirer, je m’aventure à des baisers plus osés, allant jusqu’à lécher son cou, alors qu’elle étrangeté de sentir deux légères aspérités à la base de sa nuque … à ne pas comprendre comment j’ai pu ignorer si longtemps leur existence ! Curieux par cette découverte je passe un doigt tel un aveugle tentant de lire un texte en braille. Je ne me trompe pas. Ce sont des cicatrices de canines. Je me redresse d’un coup sur le lit surpris de trouver un tel vestige de morsure sur le corps de mon amant. C’est sûr, elles sont trop anciennes pour que ce soit du temps où nous nous connaissions qu’elles aient été faites, mais tout de même. Je reste incrédule, pourquoi mon brun ne m’a jamais parlé de cet incident ! Je pose une main sur son épaule, sentant que son rythme cardiaque s’est modifié depuis que je suis agité à côté de lui. Il va se réveiller c’est imminent maintenant et le voilà qui grommèle, s’extirpant avec difficulté des bras de Morphée … Je me penche et mes lèvres effleurent les siennes afin de l’aider à comprendre que je suis impatient qu’il me rejoigne. Je suppose que cela va finir par l’énerver mes insomnies, mais mes vieux démons sont toujours là, m’enveloppant avec l’obscurité et susurrant les atrocités que j’ai commise depuis que ma vie a commencé. Le brun me rend un semblant de baiser avant de tenter de se redresser pour mettre un peu d’ordre dans ses pensées … comme d’habitudes, je suis le premier à parler et j’extirpe le fond de ma pensée, un flot de paroles que peut-être il ne comprendra pas au premier abord.

« Je ne suis pas le premier monstre à croiser ton chemin ? J’ai senti une morsure dans ton cou … »

Il se tourne vers moi et je sens son regard interrogateur, le regard du mec qui comprend pas qu’on le réveil pour parler d’un truc aussi bizarre à une heure incongrue. Alors forcément, je n’arrive pas à me détacher de ma nouvelle découverte et un doigt accusateur pointe la cicatrice témoignant de l’acte de barbarie, celui que je me refuse envers sa personne, mais aussi celui que j’aimerai tellement mettre à exécution par pure satisfaction, la domination absolue d’un chasseur sur sa proie. La pulpe de mon doigt repasse doucement sur la blessure depuis longtemps guérie et j’interroge du regard mon homme qui me donne l’impression de lutter pour ne pas m’envoyer chier et juste retourner dormir. Ce sont là les dures lois des insomniaques … gentiment entremêlé d’une peur maladive de ce que la nuit a à me dire.

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Je suis un éternel insomniaque, et ce depuis des années. D'accord, depuis l'enfance, parce que, soyons honnêtes, j'ai longtemps eu droit au tirage perdant dans ma vie. Bref, tout ça pour dire que je suis battu à plate couture par Dante. Non parce que, si je dors d'un sommeil de plomb entre deux réveils en catastrophe, Dante est plutôt du genre à se réveiller en catastrophe entre deux minutes de sommeil. J'ai appris à m'y faire. Je dirai même qu'une nuit où il ne me réveille pas, c'est pas une nuit normale. Du genre à faire pointer une inquiétude dans un coin de mon cerveau, un peu comme quelqu'un qui est persuadé d'avoir raté l'heure de son réveil.

Alors, quand il finit une fois de plus par me réveiller avant l'aube, on ne peut pas dire que je sois surpris. Le sujet du réveil par contre, je met un moment à le percuter. C'est quoi son histoire de monstre et de morsure? Je soupire en refermant les yeux, prêt à replonger, mais ses doigts glissant légèrement sur la cicatrice dont il doit parler me font comprendre que j'aurai pas la paix tant qu'il aura pas une réponse qui lui convienne. Sur le paquet de traces que j'ai sur le corps, c'est bien sur celle-là qu'il a remarqué. Evident.

"Le premier monstre qui a croisé mon chemin c'était mon père." D'accord, faire de l'esprit avec l'esprit embrumé, c'est pas forcément une idée brillante. "D'accord, c'était pas drôle. J'ai croisé une vampire à la sortie du taf un soir. Ca fait une paye. Cinq ans p't'être. Elle a essayé d'me bouffer. Jusqu'à ce qu'un aut arrive et me sauve la mise. J'crois qu'il avait peur que mes "nombreux alliés sorciers" ne retrouvent son clan et se vengent. Si il avait su..."

Bref, c'est qu'une cicatrice au milieu des autres, on peut pas dire que j'y accorde une importance remarquable, ou qu'elle me serve de rappel sur la dangerosité des crocs de vampire, d'ailleurs. Ca a aucun bon sang d'importance.

"Laisse tomber c'est rien. C'est Chicago quoi."

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Mon insomnie a encore fait mouche et j’observe le brun se sortir doucement de sa torpeur. Un sourire sur le visage, je le regarde. C’est vrai qu’il en a des traces et j’en devine plus d’une infligée par la canne de son paternel à la forme même de la blessure. Mais celle dont je parle aujourd’hui m’évoque trop de familiarité pour que je l’ignore sans lui tirer les vers du nez.

« T’es bête. »

Mais je lui souris de toutes mes dents en me rendant compte que la première chose qu’il me dit est tout de même une vanne. Je suis sûr que mon humour de merde a fini par déteindre sur mon homme, en témoigne sa blague.

« D’où tu traînes dans les ruelles sombres à la sortie de ton taf alors que t’es conscient qu’il y a des tarés dans mon genre qui rôde ? »

Je suis surpris de me rendre compte que malgré sa connaissance du surnaturel, Nath a pu avoir un comportement aussi absurde. Je lui adresse une moue boudeuse. Pour ce que ça change, c’était avant de me connaître et il semblerait que son envie de survivre était pas toujours au rendez-vous à cette époque.

« Ben au moins si tu la recroises, tu m’envoies direct lui déconseiller de planter ses crocs … c’est chasse-gardée et je pourrais bien devenir jaloux ! »

Comment ça encore ? Arrêtez de me juger non mais oh !

« T’as jamais été dans les salles de saignées rassure moi ? »

La respiration de Nath redevient lente et je comprends qu’il a abdiqué pour la soirée. Je soupire et me lève ne souhaitant pas attendre à ses côtés qu’il émerge à nouveau pour lui reposer la question. En fait, j’ai trop de truc que j’ai envie de lui demander, alors pour ne rien oublier, je me dirige vers le secrétaire dans le salon et commence à griffonner mes pensées sur un morceau de papier.
- C’était qui cette vampire ?
- T’as déjà été dans une salle de saignées ?
- Café ou chocolat ce matin ?

Ok je me perds, mais n’empêche que je suis blasé de cette nouvelle découverte. J’ai envie d’en savoir plus et j’ai l’impression que Nath a envie de me lâcher que dalle comme anecdote … c’est dur de le faire parler par moment.

Je finis par poser ma note sur la table de la cuisine et me faufile sur le balcon pour fumer une cigarette. Deux. Trois. C’est quand le paquet me reste vide entre les doigts que je me rends compte que ce serait peut être pas mal de rentrer tresser mon charme dans mes cheveux avant que le soleil ne s’en grille une aussi sur mon cadavre fumant. Mettre cette foutue perle m’enchante de moins en moins et je me contente de rentrer en tirant brutalement le rideau noir pour obscurcir l’entièreté de la pièce. Les bruits de pas dans mon dos m’indique que Nath est sorti de notre chambre et se dirige vers moi. Un baiser sur mon épaule et je me retourne pour lui faire face.

« Bah alors Sleeping Beauty, t’as pas voulu me rejoindre avant ? »

Je fais remonter mes doigts le long de son torse et ma main vient se perdre dans sa nuque alors que je l’attire vers moi pour l’embrasser. Cela ne manque pas, je remets littéralement le doigt sur notre conversation nocturne.

« Si un autre vampire te touche, je te jure qu’il faudra passer la balayette dans la seconde qui suit pour enlever ses cendres … »

Oui, bon d’accord, je suis encore jaloux, mais personne n’aimerait avoir l’image de quelqu’un collé ses lèvres sur l’homme de sa vie. Ou les polygames, mais je laisse ça aux autres, très peu pour moi.

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"Tu t'rappelle où j'habitais à l'époque?"

Si avait fallu que j'évite les "ruelles sombres", j'aurai eu fort à faire pour rentrer chez moi, au beau milieu de ces dites ruelles sombres. Et pis, soyons honnêtes, je faisais pas vraiment gaffe à ma sécurité. Enfin, je ne discute pas davantage, attiré de nouveau par le sommeil alors même qu'il se glisse hors des draps. Je le connais assez bien pour savoir qu'il saura m'en reparler demain. Ou plus exactement, d'ici les quelques heures qui nous séparent du lever du jour.

Lever du jour qui s'annonce beaucoup trop tôt à mon gout, et en prime dans un lit beaucoup trop froid. Je pose ma main de l'autre coté du lit pour confirmer ce que je savais déjà. Que Dante n'est pas revenu se coucher depuis son insomnie. De quoi finir de me réveiller et me faire enfiler un pantalon avant d'attraper le chat vautré dans les draps (et qui a du se faufiler quand il est sorti) et sortir de la chambre. Le chat finit sur la table, sur laquelle je pioche un bout de papier à demi froissé sur lequel je reconnais l'écriture fine de Dante. Je garde la note entre les doigts avant de relever le regard pour le trouver sur le balcon. Je pose un baiser sur son épaule à travers le tissu de sa chemise pour attirer son attention, même s'il m'a surement entendu arriver.
Il se retourne et sa main glisse sur ma peau avant qu'il ne s'empare de mes lèvres, le tout avant de m'offrir une menace voilée d'humour noir à l'encontre du prochain longues-dents qui essayera de me percer la peau.

"Jaloux ou trop protecteur?"

Je pose rapidement mes lèvres sur les siennes avant de m'éloigner, rentrant à l'intérieur pour m'épargner le froid matinal. Jetant un regard sur sa note tout en allant me chercher une tasse de café.

"Si tu veux bien, j'vais les prendre dans le désordre, tes questions. Non, j'ai jamais trainé dans les salles de saignée, et comme tu peux le constater, ça sera café ce matin."

Je pose le papier et la tasse sur la table, assez éloignés l'un de l'autre pour qu'un coup de queue du chat ne fasse pas un mauvais mélange, avant de passer dans la salle de bain pour me laver les dents. Y a rien de pire que boire un café avec le mauvais gout de la nuit dans la bouche. Je reviens dans le salon passé quelques minutes, récupérant ma tasse avant de m'appuyer contre le mur, face à Dante. J'vais pas échapper à sa question, alors autant me mettre à l'aise pour y répondre. Ok, sans doute que "appuyé contre le mur, le cul posé contre un meuble bas" n'est pas ce que la plupart des gens appelleraient "se mettre à l'aise".

"Tu te rappelle de Ryan? Le sorcier pyromane qui doit très certainement avoir une bonne odeur de vampire qui passe au bar certains soirs? Disons que lui et moi on s'est ... raccompagnés mutuellement, un soir où on avait un peu forcés sur la bouteille. Et sa copine est cent fois plus jalouse que toi."

Je remue mon café avant d'en boire une gorgée, grimaçant autant parce qu'il est chaud que parce qu'il n'est pas assez fort à mon gout. Les américains ont tendance à aimer quand on voit le fond de la tasse. Moi je met bien trop de café dedans pour ma santé. Dante a tendance à savoir doser comme il faut, mais pour moi, c'est loin d'être assez fort.

"Anastasia Romanov, si tu veux tout savoir. Elle m'aurait bien mis en pièces, et elle aurait surement pris son pied à le faire, mais manque de bol pour elle, l'autre a débarqué. J'crois qu'il s'inquiétait vraiment du risque de déclencher une guerre avec les covens de sorciers du coin. Note que j'en connais pas un seul, mais j'l'ai pas repris hein."

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Je lui adresse un sourire espiègle alors que cela ne dissimule même pas la vérité.

« Les deux mon amour. »

Jaloux, c’est pas nouveau, j’me suis découvert un nouveau visage avec le brun comme petit-ami. Je le vois, j’ai envie de l’avoir pour moi tout seul, mais j’aime justement bien trop son esprit libre, son indépendance et sa capacité à vivre bien au-delà de notre relation. Il m’inspire à continuer de vivre moi aussi. J’ai un job que j’aime, des amis que je vois sans lui et c’est l’éclate de le retrouver après. En contrepartie, j’ai un poil de jalousie, mais rien de maladif ni d’étouffant je l’espère pour notre relation. Si c’était le contraire, j’espère que Nath me le dirait ou m’enverrait chier.
Je croise les bras, m’adosse à la table et le regarde se servir son café. Ça se voit qu’il a pas fini de se réveiller, en témoigne l’antenne au milieu de sa tignasse. Il reprend mes questions une à une et y répond sans même que je n’ai besoin d’insister. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Il sait que soit je vais revenir à la charge, soit ça va me tarauder pour rien. Alors je suppose que pour la paix des ménages, il se dit qu’il vaut mieux parler. J’essaye de remettre un visage sur le prénom et oui, cette odeur familière de vampire très présente je la reconnais, celle d’un humain qui fricote avec un de mon espèce. Je ris à son explication très lourde de sous-entendus sur ce que Nath veut dire par raccompagné. Je m’avance vers lui lentement, les bras toujours croisés contre mon torse, un regard brûlant planté sur lui et un sourire carnassier révélant mes canines.

« Mais mon chéri, tu veux pas savoir ce que je serais capable de faire par jalousie. »

Chose étant, Nath ne me trompera jamais. Genre JAMAIS. Je ne me pose même pas la question et si tant bien même il en arrivait là, j’aurais d’autres préoccupations que de savoir avec qui … a commencé par pourquoi et qu’est-ce que j’ai fait de faux pour qu’il en arrive là …  On va pas se mentir, même celui qui se fait tromper pour moi a toujours une part de responsabilité dans le merdier, même si c’est 5% VS 95%. Mes mains se libèrent et j’en pause une de chaque côté de ses hanches. Un regard autrement plus sérieux maintenant que j’ai sorti ma connerie. Et pour une bonne raison, c’est que le nom d’Anastasia Romanov m’évoque autant de rumeurs qu’il m’en faut pour réellement m’inquiéter.

« Elle t’a plus jamais emmerdé même si vous êtes toujours ami ? Parce que si j’dis pas de la merde, elle est moi on vient du même coin de pays et je crois qu’elle a une bonne longueur d’avance en matière de vampirisme. Déjà de renommée, elle fait peur et je saurais pas te dire si j’ai un avis biaisé parce que je vis la même chose, mais … »

Je lève les yeux au plafond cherchant une réponse inscrite dans la peinture blanche.

« … y’a une intensité dans les sentiments que j’éprouve pour toi, que je ne suis pas sûr qu’en tant qu’humain je pouvais avoir. »

Je grimace.

« Je sais pas, c’est peut-être juste moi, mais j’aurais peur qu’elle soit rancunière et qu’un jour elle te reprenne pour cible donc on va dire que je suis plus trop protecteur que jaloux finalement. »

Je hausse les épaules, résigné de constater que sa remarque initiale est affirmée par mon inquiétude.

« Si tu veux je me frotte à tes fringues pour marquer mon odeur. »

J’éclate de rire à l’image mentale que je viens de me faire avoir. C’est totalement ridicule et j’ai aucun doute que Nath me prendrait pour un taré. Enfin, même si on va pas se mentir, rien que de vivre avec moi, tous les vampires du coin qui le croisent doivent être sur la piste que je suis dans les parages.

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"Disons que j'risque moins que Ryan de te donner des occaz de l'être, surtout."

C'est surtout qu'il a un conflit interne pas résolu, le Ryan. Suffit de l'entendre parler de sa copine pour voir qu'il l'aime comme un taré... mais en même temps, ce type, y a pas besoin de le connaitre de longue date pour voir qu'il est gay, ou du moins qu'il a une préférence certaine pour le genre masculin. Entre nous, ça doit pas être simple à gérer pour lui, et j'lui laisse totalement l'idée.

"Nan, j'm'en plains pas. J'l'ai même jamais recroisée, pour dire. Fin, j'traine pas non plus tant que ça avec Ryan. On cause le coup au bar, il m'a aidé à déménager... ça s'arrête à peu près là."

Je l'observe s'approcher, son air rieur disparaissant au profit d'une attitude plus sérieuse, ses bras croisés contre son torse, la pointe de ses canines dépassant la frontière de ses lèvres. Si l'idée est de me faire peur, c'est raté. Il n'aura pas droit à un frisson de ma part, même quand ses mains froides finissent par se poser sur mes hanches, juste à la limite entre ma peau et la ceinture de mon pantalon.

"Faut croire qu'elle n'est pas rancunière. Ou qu'elle attend que je grille ma seconde chance. Remarque qu'elle risque d'attendre un sacré long moment si c'est ça."

Ou plus surement que Dimitri a été assez clair avec elle sur le fait qu'il ne comptait pas attirer l'attention des sorciers du coin. Non pas que je le connaisse personnellement, mais du peu dont Ryan peut en parler, c'lui le chef de clan. Je souris devant son inquiétude, abandonne ma tasse sur le meuble le plus proche avant de glisser mes bras autour de son cou, comprenant que ça va être mon tour, une fois encore, de dédramatiser la situation. On a un bon équilibre lui et moi. Lui s'inquiète trop, moi, pas assez, ça fait une juste moyenne.

"Ca fait cinq ans au bas mot. Je sais que c'est une goutte d'eau pour un vampire, mais à mon avis, si elle avait eu l'idée de finir le boulot, ça s'rait déjà fait depuis un bail. Respire j'vais bien. J'ai fait une connerie, j'me suis fait gronder, basta."

Je retire mes bras de son cou pour les glisser autour de sa taille, l'attirant contre moi, alors qu'il se propose de "marquer son odeur" sur moi. Ducon va. Je baisse le regard un instant en sentant qu'on me pousse la jambe, pour voir le chat occupé à mettre en pratique l'idée de Dante, principalement sur son propre pantalon d'ailleurs. Ca aura mis son temps avant qu'il ne fasse que descendre de la chambre d'Elaine en présence de Dante, celui-là, mais j'crois qu'il commence à l'adopter.

"Si c'est pour laisser autant de poils qu'il est en train de t'en mettre sur le jean, c'pas nécessaire." Je lui dérobe un baiser rapide avant de continuer sur ma lancée. "Pis, Luther sait bien assez me dire que je "pue le vampire". C'moi qui devrait m'assurer que tu "pue le sorcier" de ton coté."

Je garde le regard braqué dans le sien un instant, admirant ses yeux clairs dans lesquels il est si facile de lire, avant que je ne le repousse juste assez pour récupérer ma tasse de café, plus tiède que chaud à présent.

"Si y a d'autres "traces inexpliquées" qui te posent question, te gènes pas pour demander. Mais laisse-moi d'abord prendre une douche, parce que là, c'ni le vampire ni le sorcier que j'sens."

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Même quand j’essaye je ne suis pas crédible comme vampire auprès de mon amant … Je crois que ma passion pour les licornes et un tas d’autres trucs du genre n’aident pas. Chose étant, il sait par contre parfaitement quand j’ai besoin qu’il calme l’éternel inquiet – vraiment éternel qui plus est – ça va être long de me soucier de lui à chaque instant … Et j’ai un vague souvenir de Shawn m’avertissant sur ce point qui remonte à la surface de ma mémoire. Je ne suis pas découragé pour autant.

Par contre, là il me tue avec sa blague involontaire et j’éclate de rire, c’est plus fort que moi.

« Respire ? T’en as de bonnes toi. »

Forcément que j’enchaîne aussi ma connerie de vouloir le marquer de mon odeur, faut dire que Nath a encore eu le chic pour détendre l’atmosphère en trois secondes de temps. C’est devenu un sport national entre lui et moi. Il fait monter la tension sans s’en rendre compte et la fait retomber fissa comme un soufflé raté. Heureusement que mon cœur a cessé de battre, sinon je serais bon pour un suivie cardiologue.

Son insinuation sur ma pilosité s’enchaîne avec un baiser fugace m’empêchant de protester ce point … je jette un œil sur le bas de mon jean pour faire le lien avec le chat. Mon homme finit le cours de sa pensée et je me baisse pour caresser le dos de la boule de poil qui nous sert de compagnon occasionnel, il se frotte en ronronnant de satisfaction et je continue de la gratter quelques secondes avant de me redresser face au brun.

« Dans le doute, j’peux toujours venir à la douche avec toi tu sais … ça me donnera l’occasion de te prouver que j’suis pas si poilu que ça, t’as apparemment pas assez maté quand je me ballade à poil. »

Je lui adresse un sourire plus qu’intéressé par ce potentiel moment d’intimité et une tape sur les fesses pour ponctuer le tout. Faut bien que je réponde à cet affront !

« Et comme ça, j’en profiterai pour te poser toutes les questions sur tes cicatrices, même celles qu’on voit pas en temps normal. »

Va pas falloir me le demander deux fois de pouvoir passer en revue l’entièreté de son corps. Je vais avoir le droit à l’histoire de Nath, en visant bien sûr celles concernant des anecdotes autres que sur son père … je crains qu’évoquer ce sujet ne soit un tue l’amour immédiat, alors que l’imaginer se battre, étrangement, ça pourrait m’exciter. Je vous l’ai dit je suis une princesse en manque d’aventure … Il pose sa tasse et je pose mes mains sur ses épaules le poussant gentiment en direction de la salle de bain. Nope, j’ai une idée en tête et ça peut définitivement pas se passer sur un lieu de vie à la vue de tous …

Je prends ensuite un malin plaisir à le dessaper du simple futal qui le couvre et le rejoint ensuite. Si je me colle plus à lui, on va finir par fusionner style super saiyan et pas sûr que la coupe en pétard nous sied à merveille à tous les deux … enfin, lui c’est devenu naturel et j’entortille mes doigts dans sa chevelure ébouriffée, domptant les épis récalcitrants avec un brin d’eau.
Je laisse ensuite mes mains glisser le long de son corps et tâter les aspérités de certaines de ses blessures de guerre. Je le sais qu’il ne me ment pas quand il me dit qu’il en a plusieurs intrigantes.

Je lui en pointe quelques-unes me demandant quelles histoires se cachent derrière et plante mon regard dans le sien. Désolé mon amour, si tu voulais prendre une douche tranquille, c’est raté.

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Je lui donne un coup de poing léger dans l'épaule quand il rebondit sur un de mes mots en particulier, au milieu de tout le reste. Quand je dis que j'oublie ce qu'il est sans me forcer, on peut pas dire que je mente.

"Idiot va."

Je termine mon café pendant que le chat obnubile l'esprit de mon homme quelques instants. Qu'il se méfie, j'pourrai jalouser de la boule de poils, à ce rythme! Une idée assez folle pour me faire manquer une gorgée de mon café, et j'évite de peu d'avaler de travers. Deux gorgées plus tard et je pose de nouveau la tasse sur le meuble de tout à l'heure (notez qu'elle risque d'y rester un moment), au moment où Dante se relève, se réintéressant finalement à moi.

"Ou j'attendais que tu m'fasses une proposition indécente dans ce genre." Et si ça suffisait pas, le v'là qui en rajoute en me tapant le cul. Sérieusement? "Ah d'accord, en fait, t'as toujours pas résolu ton enquête à mon sujet, c'est ça?"

Je lui souris alors qu'il m'entraine vers la salle de bain, manquant lui faire remarquer que je sais encore me dessaper tout seul, le tout avec humour bien sur. J'vous dirai bien que j'vous épargnerai les détails d'une douche à deux mais vu qu'il reste obnubilé par les marques sur mon corps qu'il parcourt du bout des doigts, devrait pas avoir à coucher les enfants pour le moment... quoiqu'on est assez doués pour faire déraper une situation normalement normale... bref, j'peux sentir l'interrogation dans son regard dès qu'il sent une trace quelconque, bien que la plupart d'entre elles aient une origine commune.

Celle sur laquelle il s'arrête sur mon flanc droit?

"Un coup de couteau. Faut pas croire Shawn quand il te dit que la rue c'est peinard. On s'est battu avec une autre bande pour un prétexte que j'ai zappé depuis longtemps, y en a un qu'a sorti un couteau, et il m'a planté."

J'prétendrais pas que ça m'a pas fait un mal de chien, sur le coup. Après, on peut pas dire que j'étais pas habitué à la douleur, alors j'm'en suis remis. Même si les doigts de Dante passant dessus me donnent un frisson. Mais j'imagine que c'est d'y penser plus qu'autre chose. D'ailleurs, ça me fait la même quand il en trouve une autre, un peu plus haut.

"Celle-là aussi, c'est un couteau. Fin j'crois. C'est pas trop clair j'dois avouer. J'avais un peu beaucoup les idées embrumées à cette époque."

Et celle-là sur l'intérieur de mon avant-bras gauche?

"Elle va avec celle-là et celle-ci." Je lui pointe rapidement mon épaule et ma joue. "On s'était installé dans une vieille usine désaffectée, avec trois ou quatre aut'mecs. Y avait des baies vitrées dignes d'une église. Et j'en ai pris une sur la tronche quand j'ai perdu le contrôle de ma magie. J'ai eu d'autres balafres ce jour-là, mais entre celles qui sont pas restées marquées et celles qui se sont mêlées aux autres..."

Je retire ma main droite du contact de la sienne quand je le sens prêt à poser la question concernant les marques trop rectilignes qui traversent mon poignet. Celles-là, j'ai pas envie d'en parler. Du coup, je décide d'inverser les rôles. Lui aussi a bien quelques cicatrices sur sa peau parfaite, et je commence facile en glissant mes doigts sur sa joue.

"Et toi, tu me racontes?"

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Le problème, c’est que les propositions indécentes et nous, c’est monnaie courante, alors je me force à rester concentrer sur mon idée de départ, juste pour le faire languir … à moins que ce ne soit moi-même qui ne me languisse.

« Et non mon amour, t’es un trop grand mystère pour que ce soit de toute façon un jour fini … »

C’est définitif, c’est moi qui doit être le plus sous-tension de pouvoir le sentir contre moi, le toucher et me restreindre. J’ai toujours été comme ça ? J’essaye de me faire croire que c’est le vampire, mais si ça se trouve je suis juste nympho et passionné. Et s’il vous plaît, soyez indulgent … regardez la bombe que c’est.

Alors sous la douche, je me laisse aller à mon enquête comme il le dit si bien et voilà que quelques énigmes se dévoilent. Il reste des zones d’ombre, sans parler de ses pouvoirs explosifs … je ne sais pas si j’aimerais le voir perdre le contrôle de peur d’être moi-même totalement impuissant si cela arrivait. Je ne suis pas sorcier, qu’est-ce que je pourrais bien faire ? Je n’ose pas lui demander les raisons qui ont abouti à sa perte de contrôle. S’il avait voulu m’en parler, ne l’aurait-il pas fait ?

« Quelle idée aussi de fréquenter les églises … »

Je plaisante, mais c’est tout simplement parce que le but de notre petit jeu n’est pas de plomber le moral des troupes et je remercie intérieurement Nath de me stopper lorsque je caresse l’intérieur de ses poignets. Je ne suis pas stupide … je sais ce qu’elles sont. S’il savait … je devrais avoir les même sauf que quand on est vampire, ça marche pas. A l’époque, je ne le savais pas. Un sourire au visage j’attrape sa main sur ma joue fugacement pour ensuite la libérer.

« Un sabotage de matériel militaire qui a mal tourné, une grenade à fragmentation qui a explosé. Et je m’en sors bien je trouve, tout le monde a pas survécu. »

Je n’ai pas vraiment de chagrin, c’était une autre époque, d’autres révolutions et surtout nous connaissions les risques. Nous étions jeunes et pleins de rage.

Il continue son exploration et passe sa main sur mon torse. Une marque de brûlure orne mon pectoral droit. Je grimace.

« La dernière marque de mon père quand il a su que j’étais gay. Après ça j’ai fui avec Luka, il a pas eu l’occasion d’en faire plus. Il a utilisé le tisonnier de la cheminée pour me punir … »

Je hausse les épaules. Encore une fois, c’était une autre époque et je ne peux pas vraiment blâmer mon père pour les idées préconçues qu’on lui avait lui-même inculquées enfants. J’avoue que plus cela avance et plus cela me plaît de me sentir observer et découvert par l’homme que j’aime.

Ses doigts finissent leur course en remontant vers ma nuque. Juste au creux, deux petites aspérités que tout vampire possède quelque part sur son corps.

« Tu triches, elle est facile celle-là ! »

Je soupire. Non en fait, j’ai jamais dû lui raconter. Faut dire que je complexe tellement par rapport à ma nature que j’ai dû mettre de côté ce léger détail de ma vie …

« Je venais d’arriver à Chicago, seulement depuis deux ou trois jours, je crois même que ça devait être pas loin de mon anniversaire si tu veux tout savoir. J’étais à la rue et il faisait nuit, j’ai cru qu’il allait m’agresser, du coup plutôt que de fuir, je me suis dressé contre lui et pas de chance, c’était un vampire … Louis … C’était pas loin de ton appart, le premier où tu m’as emmené d’ailleurs. J’ai une blessure plus mortelle que les tiennes dans le tas pour le coup. »

Je lui tire la langue et ris.

« Maintenant c’est pas drôle, mon corps s’est arrêté à ça et je ne marque plus du tout. Cela dit tu imagines, un vampire de 3000 ans, à chaque fois qu’il se coupe en coupant des carottes … »

Ça en ferait des cicatrices.

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"T'as pas idée."

J'risque pas de le reprendre, étant donné que certains moments de ma propre vie sont un mystère pour moi-même. Les joies des errements d'un esprit bien bousillé, agrémenté d'un bon cocktail de trucs illégaux et pas du tout recommandés pour la santé sur lesquels je serait pourtant le premier à faire la morale à ma fille si elle me donnait le moindre signe d'avoir essayé. Et j'ai du flair pour ça, ça doit être d'avoir l'impression de se voir dans un miroir avec dix ans de moins quand je tombe nez à nez avec un mec ou une fille qui a pas les idées claires.

Il me tire un sourire en coin quand il fait un brin d'humour sur mes explications, avant de l'écouter, traçant de mes doigts les quelques marques que j'ai pu remarquer sur lui au fil du temps. M'attardant sur cette brulure sur son pectoral, surtout après qu'il m'en ai donné la raison. Je pourrai dire que c'était une autre époque, mais j'imagine fort bien que mon père aurait pu avoir le même genre de réaction s'il en avait eu quelque chose à faire de ma personne après ma dernière fugue. Enfin, sentant que c'est un sujet sensible pour lui, je finis par en détacher les yeux et les doigts pour me diriger vers quelque chose de plus facile. Comme il me le confirme, difficile de ne pas deviner d'où lui viennent les deux marques qu'il a dans le cou. Sauf que je me rend compte que, malgré qu'il y mette la dose d'humour, c'est toujours un souvenir qui le blesse.

"Moi, c'est celle que je préfère." Je l'embrasse sur cette ultime marque qu'il aura récolté de son vivant, avant de poser ma main et mon menton sur son épaule, dardant mon regard dans le sien alors qu'il cherche l'explication de mes paroles. "C'est un peu grâce à ça qu'on en est là, toi et moi, non?"

Je glisse mon autre main sur son torse, m'attardant sur sa brulure avant de descendre vers ses abdos, où ma paume reste appuyée un moment, appréciant particulièrement la sensation de sa peau mouillée contre la mienne.

"Je t'aime. Même quand tu me donnes des visions de morceaux de doigts tranchés au milieu des rondelles de carottes."

Il me vole un baiser à son tour, très certainement le meilleur moyen de m'empêcher de dire plus de bêtises, et je me retrouve bientôt pris entre la paroi de la douche et son corps. Avant de me dégager juste assez pour reprendre mon souffle, et lui mordre légèrement l'épaule, joueur.

"Tu crois qu'en insistant un peu, j'arriverai à laisser ma marque sur toi, moi aussi?"

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Je le regarde, incrédule, lorsqu’il cible sa préférence pour celle qui a fait le monstre que je suis aujourd’hui. Un baiser dans mon cou et je frémis de plaisir au toucher de ses lèvres, sans oublier le piquant de sa barbe naissante. Forcément, je me mettrai deux secondes à sa place et cela devient évident. Le brun m’arrache un sourire marqué par la tendresse que je lui porte. C’est terrible comme il transforme chaque élément de ma vie qui me sert à me dénigrer pour le muer en quelque chose de merveilleux. Qu’il arrête de me dire qu’il n’est pas un bon sorcier, parce que je suis définitivement envouté, sous le charme de mon soit disant briseur de vitre. Un soupire de contentement m’échappe avant de lui répondre :

« Tu as raison … comme toujours. »

Qu’est-ce qu’on peut être fleur bleue quand on s’y met lui et moi, je ne m’imaginais pas aussi romantique, lui encore moins. Je rappelle à nos lecteurs que j’ai quand même déniché mon cher et tendre derrière les barreaux d’une cellule de dégrisement. Pas qu’il était bourré, mais plutôt qu’il en avait remis un à sa place, les risques du métier si j’en crois les nombreux déboires qu’il a eu depuis qu’il est barman.

Sa main effleure encore une fois la brûlure de mon torse et je ne peux m’empêcher d’y rattacher une part de vérité pour celle-ci aussi. Comme chaque décision dans ma vie, j’ai été conduit jusque-là et cette marque frappée par le courroux de mon père, en fait partie … Merci papa ! On ne pourra pas dire que je suis rancunier pour le coup. Me sentant plus passionné par cette révélation, je lui vole un baiser que j’aimerais faire durer pour toujours. Calé contre mon corps, Nathan n’a plus aucune échappatoire, même si je doute qu’il ait réellement envie d’en avoir une. Il mordille mon épaule et j’éclate de rire à ses dernières remarques, manquant de peu de glisser en arrière sous la surprise. C’est à mon tour de sortir une connerie plus grosse que moi.

« Les carottes à l’humain ? C’est une introduction en douceur à ton futur régime alimentaire à base d’hémoglobine pour le jour où je poserai la dernière marque sur ton corps. »

Mes doigts passent furtivement sur sa nuque et je lui adresse un clin d’œil joueur. Puis je hausse les épaules, je suis de bonne humeur ce soir.

« Après si tu mords assez fort, à voir, mais j’ai bien failli me faire décapiter une fois et que je suis toujours-là, sans aucune trace, donc je doute que si tu n’y mettes pas vraiment du tien … »

Un sourire espiègle se dessine sur mes lèvres et je capture une fois encore ses lèvres, non sans insisté du bout des dents. Je suis à deux doigts de me perdre moi-même. Je n’ai qu’une envie, c’est de le prendre tout de suite et maintenant … elle est loin ma motivation à lui résister et tout ce qui va avec. C’était pourtant couru d’avance que de me lancer à l’exploration de son corps en surface allait nous conduire à … plus …

« … je t’aime aussi en fait … »

Ce n’est pas qu’on ne se le dise pas souvent, mais pas avec cette intensité.

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Oh non, j'ai pas toujours raison, bien au contraire. Si j'avais toujours raison, ma vie n'aurait surement pas pris le tournant qu'elle a pris. Les tournants. Pour pas dire les virages en épingle serrée. Ou les loopings. Bref, le mot que vous préférez. Juste pour dire que ça a toujours été le bordel dans ma vie, mais si c'était pour en arriver là où j'en suis aujourd'hui, c'était pas mauvais à prendre. Le seul truc, c'est que j'espère bien être arrivé sur un plateau fixe et durable, et pas sur un faux-plat descendant avant la chute libre. Avec mes antécédents, c'est même pas un manque de confiance en Dante, c'est une logique presque irréfutable. Mais heureusement, je l'ai, et il m'empêche de retourner à mes idées noires avec une connerie de son cru.

"Si c'est ça j'préfère encore tester direct le sang réchauffé au micro-ondes. Me r'gardes pas comme ça, j'suis sérieux. Entre ça et l'émincé de doigts, y a carrément pas photo!"

Je sens la caresse de ses doigts sur sa nuque et je ferme les yeux, appréciant l'effet qu'il me fait, ce con. Quand à son allusion peu subtile au fait qu'il compte bien me transformer un jour? J'ai pas envie de repartir sur une conversation pesante qui va encore me le retourner complètement quand il va associer le fait que je suis mortel au fait que je suis vulnérable, alors même que j'ai bien assez défié la mort ces trente dernières années pour savoir qu'il a presque plus de risques à prendre que moi. J'risque pas de cramer au soleil, ou de tomber sur un chasseur (quoique ça pourrait, techniquement, mais parait que faut qu'un sorcier utilise sa magie pour attirer leur attention, donc... j'vais pas vous poster un smiley angélique mais presque), ou j'en sais rien encore, ça craint quoi un vampire?

"Ok, donc faut vraiment que j'y mette du mien? Ou tu m'prêtes ton dentier, à la limite."

Il m'embrasse à nouveau, gardant ma lèvre prisonnière de ses dents bien après m'avoir laissé l'occasion de respirer à nouveau. Croyez-moi, j'ai pas besoin de baisser les yeux pour deviner ses intentions, sauf que je compte le court-circuiter un minimum pour une fois. C'est à dire? Que s'il comptait prendre l'initiative, sur ce coup, il se lourche, mais totalement. Alors, à mon tour de le pousser contre la paroi de la douche tout en l'embrassant, comptant bien lui faire réserver le prochain quart d'heure. Pas beaucoup plus si on veut pas finir à l'eau froide, et lui j'sais pas, mais moi, ça a tendance à me refroidir, sans jeu de mot.

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Je prends un air faussement vexé.

 « Quoi ? Tu remets en doute mes talents culinaires ? »

Toutefois, je me fais pardonner fissa et le brun se joue de moi alors que j’essaye de ne pas me laisser emporter trop vite par mes pulsions … certains diront qu’on ne pense qu’à ça et … ben ils ont raison. J’ai absolument aucun argument pour contrer celui-ci, c’est terrible d’aimer autant le sexe ? J’ai presque 30 ans d’abstinence à combler si jamais, c’est vraiment pas négligeable et si je veux en profiter pendant que Nath peut suivre mon rythme, c’est maintenant et encore … mon papi de 38 n’a plus la fougue d’un jeune de 20 ans, mais je ne lui dirais pas. Va falloir quand même que je stoppe sa course avant qu’on ne me traite de gérontophile ! Pour l’instant, mon prince charmant évite soigneusement le sujet et je sais que cela me minera sans doute à un moment de devoir me positionner sur l’une ou l’autre des deux éventualités qui s’offrent à nous. Voir vieillir puis mourir l’homme de ma vie ou le laisser me rejoindre dans l’éternité. Dans tous les cas, le temps ne nous attend pas et le sujet devra tomber sous le tas. Niah niah niah, j’suis pénible avec ça et le pauvre me voit toujours venir à des kilomètres avec mes gros sabots.
Nath me résiste et je ne peux que répondre à sa dernière remarque.

 « Vas y de tout ton cœur bébé ! J’suis prêt à souffrir pour toi. »

J’éclate de rire et l’eau de la douche vient ponctuer notre échange de chaud lapin à coup d’un jet glacial sortant soudainement du pommeau juste au moment où Nath me plaque contre la paroi de la cabine.

 « Oh bordel ! »

J’suis immortel, pas insensible au froid et surtout dans ce genre de cas où mon corps ne demandait qu’à se réchauffer contre celui de mon amant.
Dans un réflexe qui défie l’entendement, j’éteins le mitigeur pour éviter que mon cher et tendre ne finisse par perdre en virilité. Je ne peux m’empêcher de jeter un œil amusé à son entrejambe, allez pas me demander ce que j’ai imaginé, c’est bien trop indécent.

 « Désolé, mais le coup de l’eau froide, je crois que je viens de me faire battre à plate couture par notre douche. »

Je dépose un baiser furtif sur ses lèvres et sors définitivement, interrompant notre bulle d’intimité bien contre mon gré.

Je lui jette sa serviette et enroule-la mienne autour de ma taille nonchalamment. Ma main passe dans mes cheveux pour évincer la mèche récalcitrante qui me tombe dans les yeux.  Un mouvement de la tête et c’est bon. J’adresse un sourire amusé à mon beau gosse qui fait de même avec sa serviette. Mes mains passent sur son torse et je devine que la température soudaine de l’eau est responsable de la chair de poule sur son corps.

 « On se refait ça quand tu veux mon amour, j’adorerai faire la cartographie de ton corps ! »

Je file vers la cuisine et prépare de quoi nous aider à démarrer dans de meilleures conditions.  Café pour le réveil de la belle au bois dormant et poche de sang microonde pour son prince de la nuit. Abandonnant les préparatifs en cours, je fils vers la chambre revêtir une tenue plus approprié au reste de la journée : jean et chemise blanche, j’aime mes classiques.

Je retrouve Nath déjà à table, deux tasses posées sur celle-ci. Un baiser sur sa joue et je devine rien qu’à l’odeur laquelle est pour moi.

 « Merci mon brave ! »

Une bonne gorgée de ma substance préférée et j’aborde un autre sujet qui me trotte en tête depuis quelques temps.

 « J’pensais à un truc tout bête, mais je crois que j’aimerais un … »

Je déglutis. Il va me détester ou pas … j’ai aucune idée de ce que ce genre de demande va susciter chez lui.

 « Un double rencard. Genre Axel et Max ou … Shawn et Matt … »

Je le vois qui se tourne vers moi et je me masse le crâne en essayant de trouver une argumentation un peu plus élaboré.

 « Non, mais cherche pas, j’ai juste envie d’un truc que les couples normaux font et j’me vois pas te dire pour le moment qu’on fasse ça avec Paul et Claire et j’ai pas quinze mille autres couples dans mes connaissances … Silas fait sa vieille fille, Inaya, pourrait nous présenter son prince charmant, mais c’est la vieille fille qui m’en voudrait vu que j’ai cru comprendre que c’était elle son crush … il est persuadé qu’il peut tromper un dieu de la manipulation comme moi, mais bon, je le laisse croire pour le bien être de son égo et là je suis en train de faire un monologue horrible que je vais arrêter tout de suite parce que tu me regardes dans le blanc des yeux. »

Je m’arrête net sentant que mon p’tit discours se perd quelque part entre les méandres de mon esprit et l’articulation même des mots par ma bouche. Je soupire.

 « Enfin bref, choisis, mais ça me ferait grave plaisir. »

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J'ai été un poil optimiste en pensant avoir un quart d'heure d'eau chaude devant nous faut dire. Et la réaction de Dante ne se fait pas attendre, le v'la qui éteint le jet et sors de la douche sans perdre un instant.

"T'es sér ... ? Il est sérieux."

Je pose le plat de la main contre la paroi avant de rallumer l'eau, et tant pis si elle est glacée, c'est pas ma première douche froide et pas ma dernière. Accessoirement, ça fait vraiment pas de mal pour se remettre les idées en place. Pour finir par couper le jet à mon tour et accepter la serviette qu'il me lance. Je frotte d'abord mes cheveux, détestant le goutte à goutte glacé dans mon dos, avant de m'enrouler dans la serviette à mon tour. Je sens ses mains sur ma peau, me semblant presque chaudes après le passage à l'eau froide, et je souris amusé à ses paroles avant qu'il ne se détourne.

"Si on oublie la fin un peu abrupte."

Je prends le temps, à défaut de me recoiffer (un coup de serviette c'est très bien comme peigne), de tailler un peu ma barbe. Rien de bien sorcier, juste d'avoir un peu moins l'air totalement négligé... on y croit ouais. Le tout avant de récupérer des fringues, et notamment mon jean abandonné au sol et la chemise que j'avais hier, oubliée sur le dossier d'une chaise. Oui, ça s'met deux jours d'affilée, une chemise, n'en déplaise à Dante dont je sens le regard critique alors qu'il sort de la chambre, m'ayant laissé le temps de finir de préparer un semblant de petit dej. En fait, j'retire ce que j'ai dit précédemment. J'ai pas plus envie que ça de lui emprunter sa tasse au sortir du micro-ondes.

Il pose ses lèvres sur ma joue avant de s'installer et boire quelques gorgées de sa tasse, avant de reprendre la parole. Et il n'a besoin que de dire "truc tout bête" en hésitant comme un gamin qui a piqué un gâteau dans le placard pour que je sente que la connerie à suivre va être balèze. D'accord, je m'attendais pas à si balèze quand même!

"Un double rencard?!"

J'aurai pas du reprendre une gorgée, j'aurai du m'en douter. Je repose ma tasse en toussant, les larmes aux yeux, alors que le café est clairement pas passé par le bon tuyau, et la fin de son explication m'aide pas vraiment à retrouver un semblant de contenance, faut dire. J'avoue que je dois le regarder bizarre, surement, et il finit d'ailleurs par me le faire remarquer, et pas qu'un peu. Faut dire que des pareilles, faut prévenir avant de les sortir!

"Donc tu me propose de sortir avec ton ex ou le mien, c'ça l'idée? Désolé mais, c'pas complètement con comme truc?"

Je tousse à nouveau, essayant de me sortir la gêne de la gorge, avant de réfléchir plus sérieusement à son idée. Parce que je le connais, quand il a une idée dans la tête, il l'a pas ailleurs. Et peut-être qu'il a raison, qu'il est temps qu'on sorte autrement que tous les deux, même si j'aime bien quand on est que tous les deux, perso.

"Shawn et.. Matt c'ça? assurément. J'adore mon frère, mais j'ai vraiment pas envie d'entendre parler de mariage toute la soirée. Et toi non plus."

Non mais y a pas à faire, j'retiens pas son nom, au mec de Shawn. Pas qu'il en ai eu 50 pourtant, et on peut pas dire qu'il soit hyper diversifié dans les consonnances de prénoms, mais j'sais pas, ça veut pas. Faut dire que j'l'ai croisé une fois de loin sur un trottoir et que Shawn a pas vraiment pris le temps de nous présenter alors... après tout, il fait ce qu'il veut, tant qu'il se rappelle que c'est soirée Mario Kart vendredi. Notez qu'on est aussi nul l'un que l'autre à ce jeu, étant donné que j'ai la console depuis moins de six mois, soit le jour où Max a zappé de la récupérer, mais au moins, c'est jamais le même qui gagne.

"Pis si ça peut être l'occaz d'en savoir plus sur lui en passant. Parce que dans le genre discret à son sujet, Shawn est pas mal là. C'pas ma faute si j'avais raison sur le dernier, quand même, si?"

Le dernier? Juste cui qui l'a mené en cabane par le bout du nez. J'le sentais pas ce type, et on s'est presque brouillés à son sujet, Shawn et moi? N'empêche, j'ai eu du pif, le concernant. La première impression est généralement la bonne, qu'on dit. Là, ça s'était totalement confirmé.

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Hey ! C’est pas parce que je suis mort que j’ai pas le droit d’avoir des goûts de princesse ! Et la douche froide … Nope … Nope et nope ! Il me fera pas rester avec lui une fraction de secondes supplémentaires même si c’est pour rester à ses côtés. Et si j’avais la capacité de lire dans les pensées, j’aimerais argumenter que ce n’est pas tant le fait qu’il porte deux jours de suite sa chemise qui me dérange, mais le fait qu’elle soit plus froissé qu’une vieille pomme que j’aimerais qu’il arrête de laisser traîner ses fringues … la chemise passe. La paire de chaussettes, c’est déjà la voie de la décadence et si ça continue, un jour ce sera le calbute !
Mais bon, je ne lis pas dans les pensées, donc je me contente de froncer les sourcils en le regardant. J’suis sévère, mais le look a son importance dans ce monde. Je ne dis pas que c’est plus important que d’autres choses, mais tout de même. Enfin bref, j’suis le premier à savoir que l’habit ne fait pas le moine.
Heureusement, le petit déjeuner en place, nous pouvons nous installer pour reprendre une discussion des plus normale … excepté ma demande totalement fucked up qui le fait vriller et presque s’étouffer.

« Mon ex ? »

Mon air incrédule est des plus sincères, je ne vois pas du tout où le brun voit un ex parmi les propositions. Je vois son frère, et deux de ses ex, mais … oh … ooooh !

« Tu considères Axel comme une ex ? Déjà c’est une femme … »

Je suis pas misogyne, juste vraiment trop gay pour considérer que cette aventure d’un soir soit considérer comme … Je ne sais pas d’ailleurs. J’évince le problème d’un geste de la main. Ce n’est de toute manière pas cela qui m’importe.

« Ok, si tu veux, c’est con, mais voit le bon côté. J’ai besoin d’avancer sur ma relation avec Shawn, pas juste le voir comme ton ex et ça serait l’occasion aussi pour lui d’voir que j’suis pas juste un vampire. Enfin, il est sans doute plus en avance sur son processus mental me concernant. »

Il complète ma pensée par une pointe de curiosité / commérage que je trouve parfaitement adorable et m’arrache un sourire. C’est vrai qu’il passe juste une soirée par semaine minimum à comater devant leur jeu et papoter comme de vraies gamines … soirée où généralement je m’éclipse pour bosser ou juste zoner assez loin pour les laisser respirer et sans doute pas avoir l’impression de les espionner contre mon gré. Pour dire, la dernière fois je suis allé nager … visiter le fond du lac aurait été plus exacte, mais je me suis trouvé une passion pour ça et si je vous dis qu’en plus mon p’tit kiff c’est de m’entrainer sous l’eau, j’aurais l’air encore plus con, alors je me la ferme et c’est mon jardin secret cette connerie. Une autre fois, je suis allé tirer à l’arc … oui oui … et ça aussi c’est devenu une de mes activités nocturnes préférée en témoigne une brûlure fréquente au poignet qui disparait toujours assez vite. Brûlure typique de l’archer qui bande son arc comme un pied et se prend le frottement de la corde sur l’avant-bras … Enfin bref, tout cela pour dire que ma nouvelle lubie, c’est d’avoir ma p’tite vie d’humain, rencontrer des gens et essayer de donner à mon homme une vie qu’il aurait dû avoir en étant avec un humain normal.

« Exactement, on te laissera lui tirer tous les vers du nez que tu veux et moi j’pourrais rencontrer son copain et voir quel genre d’homme il apprécie. »

Je fronce les sourcils.

« Non attend, ma phrase était cheloud, j’voulais juste dire que c’est cool de rencontrer quelqu’un de nouveau. »

Je lève les yeux au ciel. Putain, même quand j’essaye, on dirait que j’suis toujours juste jaloux, c’est bizarre, j’ai même pas tant l’impression de l’être.

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J'l'ai perdu ce coup-ci, y a qu'à voir sa tête pour en être sur. Et pourtant, j'vois pas bien comment. Dans sa liste y a Axel, Max, Shawn, Matt, Paul et Claire, y a bien que Axel avec qui y a eu un truc, non? Il arrive à me mettre le doute un instant, jusqu'à ce qu'il contredise mon affirmation concernant Axel. Ah ben si c'est ça. Je me relève de ma chaise pour le rejoindre, m'installant sur ses genoux, mon dos appuyé contre son épaule.

"On fait tous des erreurs tu sais. Note que j'l'aurai bien faite si elle m'en avait laissé l'occasion, faut dire."

Je le regarde en disant ça, attendant de trouver une réponse muette dans son regard comme il en a le secret. Eh oui, t'as le droit d'être jaloux une seconde, mais rien qu'une. Je glisse un doigt sur ses lèvres pour essuyer une goutte de sang qui perle, me retrouvant bien embêté maintenant pour essuyer ça quelque part.

"Nan pis, me concernant, on oublie assez de faire la liste pour compter que les relations... sérieuses... ou presque. Du tien, on prend tout. Et je te rassure, c'est pas une critique."

Ce qui veut dire? Que ça se saurait si j'étais fier de mon passé, et on peut pas dire que mes aventures et autres coups d'un soir soient dans le top 10 de ce qui me rend le plus fier dans ce qui me rend pas fier. D'aucuns diraient qu'il prend des risques, parce qu'il serait bien compliqué de savoir où j'ai vraiment trainé ces dernières années. Mais si c'est pour remettre de l'eau dans son moulin "tu vas canner avant moi", c'pas nécessaire. Et pis c'est un vampire, j'ai des doutes sur le fait qu'il craigne le sida, la syphilis ou j'sais pas quoi encore. Pas la peine de l'affoler avec des suppositions surement infondées.

Je glisse un bras derrière sa tête, caressant de mes doigts les mèches de sa nuque alors qu'il me donne de bonnes raisons pour accepter une idée semblant totalement grotesque au départ. Grotesque parce que j'ai jamais essayé? T'être. Fin, j'saurai pas trouver d'exemple concret dans lequel ça pourrait être une bonne idée, cela dit.

"Plus en avance que toi sur le fait de voir que t'es plein d'autres choses qu'un vampire? Désolé de te le dire chat, mais oui, j'te le confirme. T'es foutument bloqué là-dessus, et si il peut t'ouvrir les yeux mieux que moi, j'prends. Il sait trouver les mots en général, t'sais."

Comme quand il m'a remué le cul rapport à Elaine et au fait qu'elle avait besoin d'un vrai père qui se renseigne de sa santé un peu plus souvent qu'à ses annivs? Ah beh j'peux vous dire que ce jour-là, je suis convaincu que si je m'étais pas emmené moi-même aux urgences pour prendre des nouvelles de ma fille qui avait eu un accident de vélo, il m'y aurait emmené lui-même, et pas la peau du cou s'il vous plait. Non pas que j'en avait rien à foutre d'Elaine, attention. C'était juste ce moment de ma vie où j'étais convaincu qu'elle serait bien mieux lotie sans moi dans les parages. J'm'en excuserai pas, j'suis pas toujours 100% convaincu que c'était pas vrai. Bref, en général, Shawn, c'est le calme incarné. Du genre à savoir piquer là où il faut mais sans être vicelard non plus. Ce jour-là, j'l'ai entendu gueuler, t'être bien pour la première fois. Cela dit, avec le recul, il a bien fait.

Légèrement perdu dans mes pensées, je reviens cependant direct à Dante quand il m'affirme vouloir savoir quel est le type d'homme de mon meilleur ami. Attends, quoi?! Et s'il se rattrape, tant pis pour lui, il s'est grillé tout seul.

"Fais gaffe. On dirai pas comme ça, mais j'sais me montrer jaloux à l'occasion." Je l'embrasse rapidement  entre deux phrases. "Mais t'as raison. Et l'idée d'le rencontrer avec toi, ça me va t'sais. T'es ma Raison, et c'pas une mauvaise idée du tout de l'avoir dans les parages desfois que le guss me plairait pas." Je fronce les sourcils, réfléchissant un instant, toujours plus ou moins pendu à son cou. "J't'ai déjà dit que j't'aimais?"

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Le brun pose son p’tit cul sur mes genoux et il va me falloir un effort surhumain pour me convaincre de l’en laisser partir. Je suis bien avec lui calé sur moi, manque plus qu’il me fasse une danse sexy avant la prochaine fois et j’serais aux anges ! Mais son élan de tendresse se complète par un affront qui lui vaut un regard noir faussement contrarié de ma part puisque je ne considère ma nuit avec Axel ni comme une erreur ni comme quoi que ce soit, juste la rencontre fortuite avec une future amie qui, certes s’est déroulée dans des circonstances … sportives. Par contre, pas touche … Nath c’est ma propriété et si la demoiselle a jeté son dévolu sur le p’tit frère, c’est tant mieux. Pour moi. J’ai le meilleur, elle garde la terreur ! Son problème de ne pas avoir su reconnaître le sex appeal du barman qui lui servait de collègue à l’époque.

« T’es mignon, mais j’trouve ma liste complète sans doute autant vexante que la tienne incomplète ! Mais bon, on est ce qu’on est et on a eu les histoires qu’on a eu … ouais, j’aurais pu écrire ça dans Closer ou Femina.»

J’attrape son doigt et lèche la goutte de sang que son regard a trahi. Non, non, je n’avouerais jamais qu’une partie de moi l’aurais trouvé grave sexy qu’il me la prenne directement du bout des lèvres avec les siennes. Je suspecte que notre régime alimentaire non compatible ne doit pas aider. Il m’arrache un sourire à l’appellation « chat ». On va pas se mentir, c’est sans doute le surnom que j’aurais pas pensé en premier pour moi, mais j’arrête pas de lui en donner moi aussi et j’adore le voir devenir si affectueux, sans compter le contact de ses doigts contre ma nuque qui me convainc que notre relation est juste parfaite. Oui, le raccourcie est un peu court, mais je sais pas … on franchit nos petites étapes l’un avec l’autre, on arrive à se trouver des moments où on oublie nos capacités surhumaines et qui nous polluent nos vies dès qu’elles prennent le dessus.

« T’es une patate, j’parlais de moi qui voit Shawn comme un rival, mais bon, t’as raison, il me voit aussi sans doute moins monstrueux que je ne me vois moi-même. »

Je soupire et cale ma tête un peu plus contre son bras.

« Tu serais un cadavre ambulant, tu serais bloqué aussi. Je me colle à toi je te vois frissonner, quand on fait l’amour, je sens ton souffle chaud sur ma peau et me rend compte du mien qui n’existe pas, et je prends mon p’tit déj avec toi … »

Je désigne les tasses posées sur la table pour finir mon argumentation sans qu’il n’y ait besoin de plus de mots. Forcément, chaque chose au quotidien me pèse alors que ses pouvoirs de sorciers, même s’il craint qu’ils ne se manifestent, il reste humain sur le reste.

« Après j’m’en fou de plus en plus, j’men détache parce que tu me le fais bien assez comprendre que tu t’en fiches et que c’est pas ça que tu retiens, mais ouais … J’le fais lentement. »

Je hausse les épaules. Pour l’instant c’est le cas, mais je sais qu’avec le temps, c’est mon éternelle jeunesse qui va me revenir de pleins fouet et me hanter sur nos différences.

Je le vois se perdre un instant dans ses pensées et ma connerie l’en tire. Merde ou pas ? Un sourire se dessine sur mon faciès alors qu’il me parle de sa soit disant jalousie et j’en gagne un baiser furtif. C’est limite de l’incitation à le rendre jaloux à ce rythme-là !

« Bah très bien, jugez l’un, l’autre le copain de l’autre ! Par contre, à part son prénom, on est d’accord qu’on a rien d’autres sur son mec ? »

Ça me fait plus marrer de toutes façon de l'entendre dire ça, on dirait des vrais frangins quand il font ça. Je bug d’un coup en reprenant les mots qu’il vient de formuler.

« Je suis ta Raison ? et pour tes mots doux, c’était sous la douche tout à l’heure …tu m’as dit « je t’aime » pourquoi ? Mais tu me l’as aussi dit quand t’as refusé de m’épouser, du coup je vais finir par me méfier. »

Un clin d’œil et c’est à mon tour de lui voler un baiser avant qu’il ne se décide à se venger pour avoir sortie une connerie plus grosse que moi. J’enroule mes bras autour de sa taille pour l’empêcher de fuir et enfoui mon visage dans son cou. Pas ma faute s’il sent si bon en plus, mais le temps passe et ne nous attend pas, et même pour l’immortel que je suis, il va bien falloir que nous décollions.

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"Tu me le retires de la bouche. Après, si Silas et toi optez pour un changement de carrière, j'suis sur que paparazzi ça paye bien. Fin il parait."

Pourquoi je le trouve sexy alors qu'il se contente de lécher une goutte de sang de mon doigt? J'me sens pas sexy quand j'me coupe et que j'suce le sang qui coule de la plaie pour pas en foutre partout. Ok, d'accord, je suis fou de ce mec, c'est tout. Même quand il dit des choses aussi idiotes que celles de supposer que Shawn puisse être un rival pour lui. D'accord, j'aime quand il se comporte comme un idiot, ça me donne l'impression d'être un peu plus au niveau que je le suis en temps normal. Il se cale davantage contre moi et je dois bien dire que ses arguments tiennent la route. J'suis pas à sa place, et c'est facile pour moi de dire que "on s'en fout". Comme ceux qui tentent par tous les moyens de me faire croire que je ne suis pour rien dans la mort de mon fils n'ont pas idée de ce que ça fait et de ce qu'on peut avoir dans la tête après ça, même 15ans après.

"T'as raison. J'suis pas à ta place. Et je suis peut-être le pire des chieurs à te rabâcher que j'm'en fous de c'que t'es, que c'est rien à coté de qui t'es vraiment, à l'intérieur. C'est juste que... j'aime pas quand tu te vois que comme ça. Ouais t'es un vampire, mais ça a pas que des mauvais cotés, si?"

Mes doigts continuent à jouer avec ses mèches sans que j'y prête beaucoup d'attention, je dois dire, alors qu'il me dit qu'il s'en détache de plus en plus, de toute cette histoire de vampire. C'est pas faux. J'le sens plus confortable quand il s'agit d'approcher ses dents de moi, par exemple. Au début, j'ai jamais su si il avait peur de pas gérer ou si il craignait que je réalise soudain la menace qu'il représentait. L'un dans l'autre, qu'il soit plus naturel avec ça, ça me va. Seul truc, faut vraiment que j'pose des rideaux dans le salon, parce qu'un de ces quatre matins, il va tellement plus penser à son allergie au soleil qu'il va sortir sans remettre sa perle en place avant.

"Et flatte pas trop l'égo de Shawn. Il a rien d'un rival pour toi. Je l'adore hein, et j'suis sincère quand j'dis que c'est mon frère. Mais toi, ça me ferait vraiment chier de te considérer comme un frère, tu vois."

Et j'en profite volontiers pour le déshabiller du regard, au moins autant que faire se peut vu notre position actuelle. Sa question à propos du mec de Shawn me fait réfléchir un instant, parce que les infos, j'en ai pas des mas. Et j'imagine que ça doit frustrer le flic en lui ça.

"J'peux te dire que c'est une grande perche. Dans le genre de Max, et qui porte le costard mieux que moi. C'est tout ce que j'peux te dire à l'avoir aperçu deux minutes d'un trottoir à l'autre sur Main Street. Ah si, d'après Shawn, il a un hôtel. Remarque qu'il a pas déménagé de son squat pour autant, et j'met Matt au défi d'arriver à l'en déloger."  

Je croise son regard quand il me répond au sujet de mes mots doux. J'avoue hésiter à savoir s'il est sérieux ou non, et il me faut attendre qu'il m'offre un clin d'œil et un baiser pour comprendre l'ironie dans ses paroles.

"Si t'avais pas remarqué, j'suis du genre impulsif. Et j'sais mettre un mec dehors si j'en ai envie. Toi, tu me calmes. J'dirai même que tu m'as appris à me servir de mon cerveau. De ma raison. Et j'en connais plusieurs qui auraient pensé que c'était impossible à l'époque, alors t'es un héros, tu l'sais ça?"

Je le laisse glisser son nez dans mon cou, attendant qu'il relève la tête avant de lui répondre à propos de l'autre moitié de sa phrase. Finissant par glisser ma main dans ses cheveux, les agrippant pour l'attirer en arrière, juste assez pour que ses lèvres se retrouvent à hauteur des miennes. Je glisse mon pouce sur ses lèvres, tout en en traçant le tour.

"Je t'aime."

Et en français s'il vous plait. Parait il que c'est la langue de l'amour. Si on veut. Pour moi, c'est la langue maternelle de ma mère, même si je ne vais pas très loin quand il s'agit de tenir une conversation avec. Disons que ça dépanne avec les touristes au bar. Parlant de bar...

"Et j'suis de service ce midi alors va vraiment falloir que j'songe à me bouger. Faut que j'passe à la laverie, t'as du linge pendant que j'y suis ou pas?"

Made by Neon Demon

Oh my, ça risque pas de m’intéresser de devenir paparazzi ! Et je mettrai ma main à couper que Silas y verrait autant d’intérêt que moi. Le pauvre, quand je pense à la tête de 6km qu’il fait dès qu’on doit faire rentrer de l’argent et s’occuper d’histoires de couple. Et même pour tout l’or du monde, j’ai un bien trop grand besoin de me sentir utile dans mon travail pour m’orienter vers une carrière aussi désuète. Sauver la veuve et l’orphelin, c’est ma came.
A sa tirade sur ma manie de me rabaisser à ma simple condition de mort vivant, je pousse un soupir de lassitude. Il a raison. Il m’agace. Il a raison …
 
« Ok, peut-être pas que comme « ça », mais c’est quand même la dernière donnée qui est entrée dans ma vie concernant directement qui je suis avant que tu n’interviennes. Et c’est sans doute grâce à toi que j’ai vu les bons côtés entre autre, mais aussi de nouveaux mauvais côtés à ma condition. Je kiff être fort, j’suppose que quelque part tu dois te dire que si tes pouvoirs merdes, c’est ça aussi qui fera que je survis. J’me sens dans ton monde et c’est sûr que c’est pas de ma vie d’humain que j’aurais pu t’approcher et tu peux être honnête avec moi, pas me mentir parce qu’on vient du même monde justement, et si j’avais pas été immortel, jamais on se serait croisé pour commencer. En même temps c’est ça qui va faire que je te survis et c’est peut-être la trop grande confiance que tu places en moi qui fera que je pourrais, moi, te tuer un jour. Je l’ignore pas et ça me hante. »
 
Pas que je veuille relancer le sujet, mais juste qu’il comprenne un peu la complexité de ce que je ressens au quotidien. J’ai tous les jours, à tout moment, des éléments qui me ramènent à ma nature profonde, ce vampire qui sommeille en moi et ne demande qu’à se réveiller. Je suis persuadé du danger que je suis et l’homme que j’aime me donne l’impression de vivre dans le déni de tout ça. Je sais toujours pas lequel de nous deux est le pire.
 
« Et même après, t’as ta place au paradis, autant que j’ai la mienne en Enfer, c’est juste injuste. »
 
J’ai rien demandé. Je suis résigné, peut-importe ce qui se passe, j’aurais jamais le droit à mon éternité dans l’après-vie avec lui. C’est trop tard pour moi et je n’ai jamais eu le choix, mais rien que d’avoir le bonheur de partager sa vie avec moi, me donne l’impression que l’Enfer ne sera pas si terrible que ça. Pour ce qu’il en est, je me persuade qu’il faudra bien qu’un jour je paye pour mes crimes, je n’ai pas toujours réussi à contrôler la bête et le sang sur mes mains en témoigne amplement.
 
Pour en revenir à ce qui suit, Oh oui je vois ce qu’il insinue et s’il me considère qu’une seule seconde comme « un frère », je pense que je me ferais une joie de lui rappeler toutes les choses qu’on a ensemble qui ne se font pas entre frère. Je suis son homme, son amant, son oreiller s’il veut, mais à aucun moment je n’envie cette nouvelle relation qu’il a (depuis 20 ans) avec Shawn. J’acquiesce en silence. Je le suis sur les brèves explications qu’il peut me fournir concernant le mec de Shawn … rien de bien concret, ça sera sans doute la totale découverte et j’dois dire que ça me fera plaisir quand même … juste … il a quoi comme connaissance du surnaturel le gusse, parce que ça va p’t être lui faire bizarre de me voir préparer un repas de ouf pour le bouder intégralement. Je lui souris tendrement lorsqu’il me rappelle que je le calme et suis son héro.
 
« Compte pas sur moi pour enfiler des collants et j’suis plus fort que toi, t’pourras jamais me mettre dehors. »
 
Comme pour me contredire, je sens sa main agripper ma tignasse gentiment pour me forcer à le regarder, mes lèvres effleurent les siennes. Le tracé qu’effectue son doigt sur ma bouche ne m’inspire qu’une chose et Dieu sait que c’est indécent de si bon matin. J’ai juste envie de d’attraper son pouce entre mes dents et le mordiller … peut-être subtiliser une ou deux gouttes du sang du brun pour me sustenter. Un frisson me parcours en l’entendant prononcer le mot magique. Il est le seul et l’unique à pouvoir me le dire d’autant plus dans sa langue maternelle.
 
« Volim te »
 
Pour ma part, cela faisait longtemps que je ne l’avais pas prononcé dans cette langue … j’ai plutôt tendance à ne garder que les jurons dans ma langue d’origine, alors cela fait un bien fou d’en faire usage dans un autre contexte. Sans oublie que j’éprouve une grande fierté à me remémorer d’où je viens et à qui j’ai pu adresser ses mots. Nath mérite d’être celui qui les entends aujourd’hui.
 
« Tortionnaire … tu le sais que j’ai pas envie de te laisser filer et encore moins avec mes fringues sales. Déjà parce que tu serais bien capable de foutre en l’air mes cravates et mes chemises, mais aussi parce que j’ai un besoin que tu me prennes pour une totale princesse et ça donne pas ses slips sales ! »
 
Je mordille son cou gentiment, l’incitant à lever son p’tit cul sexy s’il veut pas que je sois à l’origine de son retard au taf définitivement en l’emportant dans la chambre pour un rematch suite à l’échec de la douche.
 
« Allez, vire avant que je craque, parce que là tu m’attises et Luther me déteste déjà bien assez … Je te pose si tu veux au pire, j’dois passer au commissariat. »
 
Je me permets de profiter une dernière fois de son corps, mes mains glissant sur ses hanches et son postérieur alors qu’il prend mon conseil à la lettre et je lâche un nouveau soupir en sachant pertinemment ce que je rate.
 
« Tu devrais avoir honte d’être aussi sexy, vil tentateur. »
 

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"J'l'ignore pas non plus. Mais j'te fais confiance."

Il me perd avec son histoire de paradis et d'enfer, et me faut un instant pour capter son problème, qui n'en est pas un en vérité, et j'peux même lui dire pourquoi, ici et maintenant.

"J'ai ma place au paradis? Tu peux me la refaire sans trembler celle-là? Même en oubliant toutes les conneries que j'ai pu faire dans ma vie, parait que j'ai le sang d'un démon dans les veines, et celui de mon fils sur les mains. Crois-moi, Lucifer va s'amuser avec moi."

Et n'essaye pas de me contredire concernant Oliver. Je connais ton avis, qui rejoint celui de la majorité, et peut-être qu'il n'est pas totalement erroné, mais la culpabilité est là et elle partira jamais.

"Met moi au défi. Je te vire où je veux, quand je veux. J'en ai juste pas du tout envie."

Et après que j'ai usé de la langue natale de ma mère pour lui dire une fois encore ce que je ressens pour lui, il en fait de même, du moins je le suppose, n'ayant jamais employé ou entendu sa langue natale avant aujourd'hui.

"Tu m'apprendrais?"

Pas sur. J'ai un peu l'impression qu'il a fait l'impasse sur sa langue natale, hormis pour s'offrir quelques jurons dont il n'a pas du trouver l'équivalent en anglais. Et j'insisterai pas s'il repousse ma demande. J'comprendrais totalement. En revanche, je prend un air totalement outré quand il suppose que j'irai massacrer son linge.

"Beh débrouille-toi si c'est que ça!" Je le tape pour la forme avant de me relever, sachant que si j'le fait pas maintenant, il se pourrait que effectivement, Luther en vienne à le détester pour de bon. Déjà qu'il a du mal à se retenir de froncer le nez devant moi, le loup, alors on va pas exagérer non plus. "Et j'dis pas non, au moins pour l'aller. J'rentrerai à pied, j'récupèrerai ça en passant. J'sais pas à quelle heure par contre alors si t'as un truc à faire, m'attends pas."

J'attrape ma veste en passant avant d'aller dans la salle de bain récupérer mon sac de linge. Honnêtement, j'aurai pu l'emmener sur la moto, mais autant ne pas être raisonnable et passer dix minutes de plus avec Dante quoi.

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"Tu sais c'qu'on dit. L'Enfer est pavé des bonnes intentions des gens biens."

Si j'me bouge pas, j'vais jamais partir. J'le sais, j'me connais, j'le connais, et je connais sa capacité surnaturelle à me faire rester chez moi plus longtemps qu'il ne le faudrait. C'est pour ça que je finis par m'éloigner pour aller chercher ce dont j'ai besoin pour partir, c'est à dire ma veste, mes clefs, et mon sac de linge. Je le recroise à la porte de l'appart, alors qu'il me dit qu'il n'a rien d'autre à faire que de s'occuper de mon régime. Ouais, y a pas si longtemps un paquet de jambon et un kilo de pates me faisaient la semaine alors vaut mieux pas qu'on vérifie à quel point il "m'engraisse", ça ferait peur. Je l'embrasse, en partie pour le faire taire, avant de dévaler l'escalier, lui laissant le soin de fermer la porte et me retrouver en bas. C'pas lui qui devrait me mettre en retard, à moins qu'il se fasse alpaguer par la vieille du troisième qui voudra encore se plaindre des bruits de pas sur son plafond ... moi elle m'évite, elle sait que j'vais y rentrer dedans, mais si elle peut le coincer, elle va pas se gêner ... Raison pour laquelle je m'arrête à mi chemin entre le troisième et le second, pour remonter en cas où. Non pas qu'il sache pas se défendre, mais j'ai pas le temps pour les conneries des voisins là.
Fin, on arrive plus ou moins à l'éviter, et on finit de descendre l'escalier pour nous installer dans la Tesla. Ce coup-ci, je lui laisse le volant, et je reviens sur la rencontre évitée avec la voisine du dessous une fois qu'il a démarré.

"Tu sais, si t'allais te casser un croc sur sa gorge à elle, j'suis pas sur que grand monde t'en voudrais dans l'immeuble. J'dis ça, j'dis rien."

Oui ben quoi? Il est le seul de nous deux à affirmer que j'suis "un type bien". Bon, d'accord, ce genre de commentaire serait malvenu si on trouvait la dite voisine cannée demain matin, mais qui a jamais dit souhaiter la mort de quelqu'un qui vous insupporte? C'pas pour ça qu'ils meurent, et heureusement. J'crois que y a longtemps que j'serai plus là, pour ma part. Une liste? Oh bah, mon père, mon ex, mon frère quand on s'est rencontrés et que j'ai fait voler en éclats le petit monde parfait dans lequel il pensait vivre... probablement mon patron quand il doit recommander des verres parce que, soyons honnêtes, je suis bon barman mais piètre serveur en salle...

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Je me contente de rire à la remarque de Dante sur l'apparente non-qualité du sang de la voisine. Ouais, bon, c'est à peu près certain qu'il a pas tord, mais vu que j'y connais pas grand chose en gout de sang, j'vais difficilement pouvoir tenir le débat. Donc j'me contenterai de réfléchir à un truc pour la faire rager un coup, pis au fait que ne pas la provoquer serait peut-être une idée brillante. Bref, de quoi occuper mon service quoi.

"J'fais la fermeture. Alors tout dépend de la clientèle. Et non, je déclencherai pas l'alarme incendie pour finir plus tôt."

A la bourre, j'attends à peine qu'il soit garé pour descendre de la voiture, ou du moins essayer, vu que je sens rapidement sa main venir se poser sur ma jambe pour me retenir. Il a raison cela dit, à aller trop vite, j'en oublie la moitié des trucs. Je lui offre un sourire amusé avant de glisser ma main derrière sa nuque, l'attirant vers moi pour l'embrasser, avant de me résoudre à filer pour aller bosser.

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