Et si on causait salaire? [Silas & Vlad]

C'est une réflexion d'un rat-garou que j'ai traqué et attrapé après un braquage impossible à réaliser pour un simple mortel qui m'a fait arriver à ce point. Un simple "et il vous paye combien le commissaire pour ça?" qui m'a fait penser que maintenant que le commissariat appartient ni plus ni moins à mon "père vampire", même s'il peut rêver pour que je fasse un jour partie de sa fine équipe comme il l'espère peut-être, il y aurait effectivement moyen de ramener quelques deniers dans la tirelire pour toutes ces fois où Dante et moi nous chargeons d'enquêtes trop "particulières" pour rester entre les mains de la police locale. Si j'ai fait de mon travail une vocation, je ne suis pas non plus Mère Térésa, donc, j'ai envie de me dire que qui ne tente rien n'a rien. D'accord, il y a une excellente raison pour laquelle je n'en ai pas parlé à mon coéquipier, indépendamment du fait qu'il a davantage ses entrées que moi ici. C'est que je n'y crois pas vraiment.

Pour une fois, c'est par la porte principale que je rentre dans le commissariat. Assez remarquable pour être noté, étant donné que je préfère de loin passer par le couloir d'accès de la morgue... même si ces derniers temps, j'ai prudemment évité la morgue, y envoyant même Dante à chaque fois que faire se pouvait, afin d'éviter de croiser Inaya. C'est stupide, et sans doute devrais-je plutôt privilégier de retrouver, du moins en partie, la relation que nous avions avant tout ça, rien que pour pouvoir veiller sur elle et m'assurer que ce maudit démon ne l'abime pas trop vite... mais j'en arrive à un stade où j'en ai marre de souffrir et où j'ai besoin de prendre plus de recul que je ne devrais en prendre. Bref, c'est l'odeur avant la voix qui me ramènent à la réalité, alors qu'une autre blonde se trouve juste devant moi, assez remontée pour que je devine que ce n'est pas la première fois qu'elle me pose la question à laquelle je suis censé répondre... mais que je n'ai absolument pas entendu. C'est plus de l'audition sélective là, c'est une surdité précoce...

"Pour la dernière fois avant que je ne te fiche dehors devant tout le monde, qu'est-ce que tu fiches ici?!"
"Tu me foutrais dehors... là, devant tout le monde, en espérant ne pas griller ta couverture? Tu serai pas crédible en pro du jujitsu. J'dois lui parler, alors, laisse-moi passer."
"Alors dis-moi, j'te dirai si ça vaut la peine ou pas. Sans que tu n'aille le déranger."
"Sylvana! Laisse-moi-passer."

Je plante mon regard dans le sien, un grondement s'échappant du fond de ma gorge, oubliant la retenue que je tâche pourtant de conserver d'ordinaire en présence d'humains, ainsi que le fait que du haut de ses 1000 ou 2000 ans, elle me mettrait en pièces sans même avoir à lever le petit doigt. Des doigts que je sens parcourir ma joue, descendant ensuite le long de ma gorge, comme la promesse d'une décapitation propre et nette à venir. Avec d'autres, je me dirai qu'elle n'oserait pas devant témoins. Avec elle... je me dis que les témoins seraient la dernière de ses préoccupations. Et je dois avouer que, si je ne baisserai pas le regard devant elle, je laisse passer une déglutition pourtant inutile quand ses ongles s'éloignent de ma peau et qu'elle s'écarte soudain de deux pas, comme si elle avait pris une décharge électrique.

"Tu peux y aller."

Sa voix cassante suffit à me convaincre qu'elle est contrariée et que la décision de me laisser passer n'est pas la sienne. Je la dépasse donc sans demander mon reste. C'est dommage, en d'autres circonstances, on pourrait prétendre que c'est une belle femme.. mais on sait que les plus belles roses cachent les épines les plus tranchantes... et elle ne prend même pas la peine de les dissimuler.

"Commissaire. J'imagine que vous vous souvenez de moi."

Je pose sur le bureau les quelques dossiers que j'ai apportés avec moi, dossiers que j'ai laissé Dante ranger soigneusement il y a quelques jours, sans lui donner plus de détails sur ma soudaine envie de rangement. Si on a chacun nos méthodes, il est l'organisé de notre duo, celui qui se débrouille pour respecter les protocoles et nous permettre d'éviter les vices de procédure quand nos enquêtes se finissent au tribunal plutôt qu'à la morgue. Ce qui peut être un défaut quand on n'a pas le temps de réfléchir. Raison pour laquelle je suis là pour contrebalancer ce penchant de sa personne, et nous deux, ça marche presque aussi bien que son couple avec un sorcier à peine fichu de sentir de la magie quand il est plongé dedans. Quand on dit que les contraires s'attirent, faut penser que mon collègue est brillant pour deux. Mais passons, ce virement de sujet était totalement inutile, et même incongru.

Sylvana avait bien vite abandonné son boulot de serveuse où je l'avais trouvé pour me rejoindre ici. Elle se présentait comme mon assistante et elle s'exécutait plus ou moins correctement. Un coup sur deux je me demandais si elle n'allait pas exécuter chaque policier qui ne faisait que ne serait-ce que passer devant mon bureau et pour l'instant excepté un nez cassé - ou peut-être deux- nous avions échappé au pire. Elle m'évitait aussi de perdre un temps considérable en blabla. Elle était un peu comme le pare-feu d'un ordinateur.
En ce moment même, alors que je m’attelais à dénicher un artefact pour un démon supérieur - oui bin je n'avais pas vraiment fait gaffe à ce que j'avais dit ce jour là - elle parlait à l'un des nôtres. Je reconnais rapidement son odeur et il me détourne de mon sujet de prise de tête du jour.

Ravi qu'il soit détective, j'avais pu garder un œil sur lui depuis des semaines; depuis que je l'avais rencontré dans cette ruelle, et tout cela m'avait été facilité en devenant le commissaire, le chef de cette boutique un peu particulière. Je tape à trois reprises sur mon bureau, signale que j'accepte la visite. Sylvana m'a entendu, elle m'entend toujours. Je n'ai pas besoin de parler, elle sait et les intrus non pas besoin de savoir ce que cela veut dire; surtout pour lui qui pourrait entendre toute correspondance. D'ailleurs lorsque j'en aurait assez de cette discussion, elle aura mon autre signal et se fera un plaisir (je le sais bien) de faire sortir le dit-détective manu militari.

Il fait donc son entrée dans mon bureau.

- Oui bien sur, Silas. Asseyez vous ! Que puis-je faire pour vous ?

"Et bien, je me suis laissé dire que notre nouveau commissaire était au courant de la nature des enquêtes que mon collègue et moi-même évitons au poste de police de devoir gérer, et expliquer à la presse."

Je pose mes dossiers sur son bureau avant de m'installer sur le fauteuil qui lui fait face, tentant de faire abstraction du fait que lui non plus n'aurait aucun mal à me mettre en pièces si l'occasion se présentait.

"Utile, n'est-ce pas? Deux vampires qui passent devant la police et le commun des mortels pour se saisir des affaires gênantes. Vous savez ce qu'on dit, Vladimir. Tout travail mérite salaire."

Vous l'aurez compris, pour la subtilité, fallait voir avec Dante. Autant aller directement dans le vif du sujet, c'est bien plus rapide. Surtout que je n'ai pas que ça à faire de ma nuit. J'ai plus d'une enquête sur le feu, et le soleil se lève bien trop tôt le matin en cette saison.

"J'vous demande pas un salaire fixe. J'compte conserver mon indépendance. Mais je me dit qu'une commission à la tâche, ça ne serait pas du luxe. Puis, ça m'inspirerai surement à trouver un scénario convaincant quand je tombe sur un de vos restes de diner." Disant cela, j'ouvre un dossier savamment placé en haut de la pile, en sortant la photo zoomée d'une morsure sur le cou d'un cadavre plus de première fraicheur. "J'reconnais votre marque quand je la vois. Ca ne fait que trente ans que je la porte, après tout."

Comme si le grand Dracula en personne avait besoin de l'aide de deux jeunes de six décennies pour dissimuler sa présence aux yeux des hommes. Enfin, d'après Mina, il est resté hors de la civilisation assez longtemps pour ne plus être à la page des dernières trouvailles des humains pour nous repérer alors peut-être, allez savoir...

Je ne tilte pas au commissaire ? Je sais pourtant que les mots sont important dans ce monde, je le sais mieux que personne. Alors pourquoi je ne m'en offusque pas plus que cela. Il est mon infant, je me devrais de remettre cet impertinent à sa place et pourtant ... je sais que mon lien avec lui est des plus fins, le moindre faux pas et je le perds. J'ignore encore quel but il pourrait avoir dans mon plan, mais une chose est sure je n'ai pas besoin d'un ennemi de plus. Je ne pense pas déjà l'être. Je vais donc tacher de ne pas le froisser, et donc pour ça je ne dois pas m'énerver. je laisse donc simplement s'échapper de ma bouche un ...

- Capitaine.

Je le laisse exprimer son point de vue sur la situation. Il ne se démonte pas. Il a un tel culot, j'adore ça. J'esquisse un sourire, un de ces sourires qui feraient frémir les mortels. Mon prénom, cet aplomb à demander une augmentation, tout cela me plaît énormément, mais je me demande combien de temps sa demande tiendra. On va jouer un peu...

- Je connais vos dossiers Silas, je les observe avec soins depuis que je sais quel travail vous effectuer pour cette ville. Je vous en remercie.

C'est plus une marque de politesse de ma part qu'un véritable remerciement. Il sort soudain un dossier. Je ne flancherais pas devant ce vermisseau mais il a raison sur un point, je me laisse aller ces derniers temps, ces dernières décennies à vrai dire. Je dois me ressaisir. Je ne peux pas me laisser ainsi avoir par de simple vampire, de simples humains même, puisque il était humain et que je l'ai transformé par inadvertance. Je suis le premier à dire que nous devons être discret pour avancer et reprendre notre place, tout du moins une place qui nous convienne. Je penche la tête de côté pour essayer de voir ce qu'il a pu voir de moi dans cette marque de croc. Je n'ai pas les odeurs qui vont avec, j'aurais ainsi su si il s'agissait bien de moi ou non et pour être honnête je n'ai jamais analyser avec précision les marques que je laisse dans la peau d'une de mes victimes, mais je me sais plus soigneux que ça sur le moyen de faire disparaître les dites victimes... Je me suis déjà trompé une fois avec lui d'ailleurs, peut-être joue-t-il la dessus...

- Vous osez me menacer, Silas ? Vous pensez vraiment que cela pourrait avoir le moindre impact sur moi ? Je pourrais tout aussi bien vous tuer sur le champ.

Mon sourire s'efface. Je me montre plus sérieux et menaçant.
Je ne compte pas lui faire du mal, je veux juste voir de quoi il est capable pour atteindre son but.

- Vous croyez vraiment que je vais rentrer dans votre jeu ? Comment pourriez vous faire la différence entre mes crocs ou les votres ? Je ne suis pas aussi naïf !

Si je la joue moi aussi au culot ? Oui probablement un peu. J'ignore beaucoup de chose sur les humains de ces dernières décennies, il faut le reconnaître. J'ignore si ils sont vraiment capable de faire la différence entre nous grâce à nos crocs ou grâce à quoi que ce soit d'autres. Je compte bien sur sa réponse pour m'aiguiller. Sa réponse déterminera aussi ce que je ferais de lui et de sa demande.

Je retiens difficilement un sourire en l'entendant me reprendre sur son grade au sein de ce commissariat. L'erreur n'était pas volontaire de ma part, nous dirons que ma langue a fourché, mais je remarque que ce petit détail le fait déjà tiquer.

"Bien, ça nous épargnera l'exposé que je n'avais franchement pas envie de poser sur la table. On peut donc en conclure que ma - notre - demande trouve sa légitimité dans ce que vous savez de notre travail."

Même si c'est à mon tour de tiquer. Je n'aime pas cette impression d'être la marionnette dans le jeu du seigneur de ces lieux, même si je ne doute pas qu'il ne voit pas autre chose en nous que cela. Non, je n'avais pas pensé être totalement libre de mes mouvements, pas depuis que je sais qu'il est en ville et qu'il semble décidé à rassembler ses "enfants" autour de lui. Mais j'escompte bien conserver le peu d'indépendance que je possède en la matière. Quant à Dante? J'ai beau savoir comme tout un chacun que Dracula est le premier des premiers, et que donc, par conséquent, il fait certainement partie de la "famille", j'ai pas l'impression que Dracula s'y intéresse véritablement. Il a peut-être la bonne idée d'être d'une génération tellement lointaine que l'autre n'y trouve plus d'intérêt, allez savoir ce qui peut se passer dans sa tête.

"A vous de voir si je représente une menace pour vous." Je sais bien que non, mais une fourmi peut bien claquer des mandibules face à une botte, la botte ne parlera pas de menace. Lui a tout de même prononcé ce mot. "Quant à me tuer, vous pouvez le faire quand ça vous chante. Nul besoin de menacer avant. Les paroles ne sont que ça. Des paroles."

Si il me fait peur? Je suis terrifié. Ce qui ne m'empêche pas de larder mon regard dans le sien, sachant que face à un prédateur, il vaut mieux éviter d'être celui qui lance la course poursuite en prenant la fuite. Quand à cette histoire de marque de crocs? Qu'il ne s'y trompe pas, je suis sérieux.

"Vous êtes nouveau en ville. J'enquête sur chaque meurtre étrange qui s'y produit depuis dix ans. Et ne pas m'en mêler ne m'empêche pas d'avoir repéré la plupart des vampires du coin. Nos marques de morsure sont aussi distinctives que nos empreintes digitales. Et il y en a deux nouvelles que je repère depuis votre arrivée en ville. Appelez ça une coïncidence si vous le souhaitez."

Ce qui signifie? Que Sylvana n'est pas plus discrète, loin s'en faut. Enfin, si nos trouvailles ne suffisaient pas à s'en convaincre, le résumé de Dante sur leur rencontre aiderait à boucler le tableau.

- Votre demande est légitime en effet !

Maintenant à savoir ce que j'allais en faire c'était une autre histoire assurément. Ce jeune sot me faire sortir de me gonds. Pourquoi ? Pas la moindre idée et je crois que cela m'irrite d'avantage encore que ses mots en eux mêmes.  Je ne supporte pas d'être mis au pied du mur comme il le fait avec ses insinuations sur ma discrétion qui apparemment ne l'est pas. Jadis je n'avais pas à l'être et ces derniers siècles je l'ai trop été. N'est il pas possible de trouver un compromis ?
Soit admettons que ses marques de crocs soient les miennes, qu'attend-il de moi ? Que j'arrête de me nourrir ? Que je passe au poche de sang des hôpitaux ou des morgues comme le font certain. Je soupçonne même son amie médecin légiste de lui en avoir donné quelques litres au fil du temps, mais je ne m'abaisserais pas à lui poser la question.
Mais qu'en est-il de cette deuxième personne dont il parle ? Sylvana était là avant moi, même si j'ignore exactement combien de temps avant. Mina bien plus encore ou pas je n'en sais rien, mais avant moi assurément. L'un de mes autres infants peut-être arrivé en même temps ou peux après moi ? Ca fait plus que deux du coup ?
Et comment en déceler que les morsures trouver sont les miennes ? Avec quoi comparés ? Sa propre morsure ? Ca a du être sympa à faire comme analyse ! Je devrais définitivement m’intéresser d'un peu plus près à cette blondinette. Je me suis présentée à elle comme à tous les membres sous mes ordres, mais je dois avouer que cette jeune femme m'intrigue tout particulièrement. Je sens une certaine odeur sur elle également, que je sais avoir déjà croiser, mais sans comprendre d'où.. son petit ami démon en vérité, mais cela je l'ignore superbement. Et elle dégage une certaine aura qui m'échappe grandement (la présence de Marie assurément) mais je ne sais rien de ce monde là, je ne suis donc pas près de lever le voile sur ce mystère là. Mais je divague, encore ...

- Très bien, très bien ... Vous en savez donc plus sur mon compte que moi-même ! Vous n'êtes pas le premier et surement pas le dernier...

Si je montre une certaine lassitude ? Oui c'est le cas, inutile de m'en cacher. Je reste capable de le tuer d'un coup de croc bien placer, je peux bien lui dévoiler ça, ça ne change pas grand chose.

- Laissez moi le temps d'analyser votre requête et je reviens vers vous pour vous donner un chiffre. Je dois savoir ce que je peux me permettre, vous le comprendrez j'en suis sur!

Avec cet emploi j'avais toujours quelqu'un pour me rappeler que je n'étais pas le plus influant en ville et qu'il y avait toujours quelqu'un plus haut et encore plus haut pour me ramener à la triste vérité, je ne suis plus celui que j'étais.

J'acquiesce face à son acceptation de la légitimité de notre demande. Je pensais sincèrement devoir débattre mon cas plus longtemps que ça. Cependant, sa remarque suivante me fait comprendre que je ne suis pas sorti du marais, comme je peux entendre le cynisme dans sa voix.

"Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je dis juste que je m'occupe des affaires les plus surnaturelles de la ville avec mon collègue depuis plusieurs années déjà. Répertorier les différentes morsures de vampires, griffures de loups et j'en passe, ça a d'abord été un passe-temps. Puis je me suis rendu compte que ça pouvait être utile pour certaines affaires. Maintenant, c'est devenu systématique. Avec ça, on sait à peu près qui a vidé ses poubelles sur le trottoir quand on trouve une morsure. Pas qu'on risque d'envoyer l'un des nôtres en cabane, mais savoir qui est actif à quel endroit à quel moment, c'est toujours utile."

Je dois dire qu'il est rare que je doive me justifier sur mes activités professionnelles face à quelqu'un qui pourrait vraisemblablement me faire cesser ces activités sans que je n'y puisse pas grand chose. Mais je pense ne pas avoir assez réfléchi en parlant pour qu'on puisse dire que j'ai calculé le moindre mot. C'est sorti, c'est tout, comme j'en parlerai à Dante, à Inaya si elle me laissait encore l'occasion de lui adresser la parole, ou à un parfait inconnu. Faut croire que mon boulot me passionne un peu trop. Cela dit, ça ne fait que confirmer les dires de Dante sur mon absence totale de vie sociale. J'ai ma sœur et mon fils pour ça, ça me suffit.

"D'aucuns diraient que nous avons l'éternité devant nous. Cela dit, pas sur que l'argument tienne face aux huissiers."

Ce qui veut dire? que si j'pouvais avoir une réponse avant le siècle prochain, ça m'arrangerait. Même s'il peut se tranquilliser, je ne l'appellerais pas tous les trois jours pour avoir des nouvelles.

Et dire que c'est moi qui ait fait de cet homme, un vampire. Y a des jours où je regrette de me laisser aller à perdre le contrôle. Il est loin d'être idiot, il ne laisse rien passer qui puisse lui servir plus tard, mais si il commence à jouer à ça avec moi, on va pas être copain. Pas que j'en ai besoin, j'ai bien assez d'infant près à tout pour moi, autant que je suis prêt à tout pour eux, mais ça m'embêterais fort d'avoir à le tuer. je n'aime pas tuer les nôtres (à moins d'y être obligé pour la sécurité de mon propre clan), encore moins ceux que j'ai créé.

- Vos affaires ? Oui je comprends !

Tant que je ne deviens pas l'une de ses affaires, moi ça me va. Si ça peut l'aider et donc par conséquent, aider mes hommes, je prends.
Mon regard vrille au moment où il me relance sur l'argent de manière détournée. Il va finir par m'agacer par contre s'il insiste trop lourdement.

- Je m'en occupe, M. Evenson ! Je contacterais le service en question rapidement!

Je prends un instant. Instant durant lequel je ferme les yeux et prends un profonde inspiration pour me calmer.

- Je vous prie de m'excuser, je suis plutôt occupé, comme vous pouvez le voir.

Il y a un certain nombre de dossier sur mon bureau. En tant normal, je m'en moque pas mal, mais là si ça peut me donner une raison de passer à autre chose, je prends. Je prends le premier de la pile et le pose devant moi, avant de commencer à l'ouvrir. Je fais mine de ne pas le regarder, mais bien sur que je sens sa présence.

Je n'ai guère besoin que l'on me fasse un dessin pour comprendre que je suis arrivé à la limite de sa patience, et je hoche la tête en réponse quand il me dit qu'il s'occupe de ma demande rapidement, avant de me faire comprendre qu'il a d'autres chats à fouetter en se désintéressant de ma personne pour retourner à ses dossiers. Effectivement, il semble qu'il ait mieux à faire, et moi aussi, comme j'assure ma prise sur mes propres dossiers avant de prendre la direction de la porte de sortie.

"Le crime n'attend pas."

Pas plus que l'aube d'ailleurs, et si il n'en est pas encore l'heure, autant ne pas perdre plus de temps que nécessaire pour rentabiliser sa nuit avant qu'elle ne s'achève.

"Vladimir."

Je le salue rapidement avant de sortir du bureau, sachant que cette première étape franchie, il m'en reste une autre avant de retrouver la liberté de l'extérieur, et pas des moindres. Sylvana semble toutefois avoir eu des ordres, parce qu'hormis une moue boudeuse, j'échappe à toute tentative de sa part de... je ne sais même pas quoi. Quand je dis que je ne suis pas un expert en vampirisme, c'est aussi vrai pour dépanner Dante que ça l'est avec les anciens. D'accord, c'est sans doute plus vrai encore avec eux, parce que malgré la médiocrité de son professeur, je trouve que Dante s'améliore en matière de vampire... le dernier bain de sang commence même à remonter.