Il était temps ! ft Dmitri

Des semaines, que dis-je, des mois que l'on en parlait tous les deux. Je n'avais jamais eu autant de mal à quitter un lieu auparavant. Pourquoi avait-ce était si long ? Entre la nièce, le copain de la nièce qui est humain, et la chambre d'hôte, vous faut-il vraiment une autre raison ? Anastasia était rentrée au bercail pour le plus grand bonheur de mon blondinet. Nos rapports à toutes les deux étaient un brin plus froid. Pas vraiment coloré, puisque son envie principale était semble-t-il de m'éviter et à ma grande surprise je faisais de plus en plus de même. J'avais promis à Dmitri qu'il n'aurait pas à choisir entre sa nièce et moi et je tenais toujours paroles. Mais je sentais que je pouvais partir en vrille à tout moment avec ses regards assassins, interrogateurs et j'en avais assez.
Alors ça avait prit le temps que ça avait prit, mais enfin Dmitri avait fermé boutique pour plusieurs semaines. Nous allions revenir dans cette ville, nous y avions battis notre nouvelle vie, mais nous voulions nous retrouver rien que tous les deux, en amoureux, comme un jeune couple. Et cette façon de voir, pour moi en tout cas, me réussissais plutôt bien depuis mon retour auprès de lui.

Étonnamment, malgré ce que je viens de dire, j'ai toujours considéré le manoir, comme ma maison, ma véritable demeure et je le pensais toujours. C'était toujours un ravissement, un pur plaisir de rentrer, enfin de retourner, en Écosse. Je la retrouvais avec le même plaisir, que celui de retrouver une vieille amie, une partie de moi, de nous. Je parvenais, ici, à m'apaiser plus que n'importe où ailleurs.

Nous sommes venu en courant bien sur. Plus rapide qu'un avion, plus écologique et moins cher.
Nous nous tenons mains dans la main devant ce manoir qui a bercé plus d'une nuit d'amour, qui a supporté nos cris aussi et ceux de nos victimes malheureuses. Derrière nous ? Le lac. Je me retourne un instant. Il est là, toujours aussi majestueux. Je suis partie d'ici en 1915, pour y revenir dans les années 50 et l'apercevoir avec Anastasia, avant de repartir et depuis plus rien. Je n'ai pas revu cet endroit. Mon cœur ne fait qu'un bond. J'avais rêvé de cette vue plus d'une fois, mais le véritable spectacle est plus beau encore.

- Merci.

Pourquoi ? Pour avoir finalement prit la décision de partir un peu, pour mieux revenir ensuite. Parce que nous en avions besoin sa nièce et moi, mais que pas grand chose était réglé entre nous au moment du départ et que ça le déjantait, ce que je peux comprendre si je me mets à ma place. Et croyez bien que sa place je veux pas y être. J'ai assez de la mienne entre lui et Dracula et c'est pas simple à gérer non plus. Dracula est pas une adolescente avec ses caprices, c'est un roi, mon roi, mon créateur, il ne fait pas de caprice, il ordonne et j'obéis (enfin en théorie), je vous dis la pratique c'est la merde...

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S'il y a une chose pour laquelle je suis doué, entre autres choses pour lesquelles je suis doué, c'est pour donner l'impression de me contrefoutre royalement de ce dont je serais censé être intéressé. Comme l'anniversaire à venir de Mina. Pas un mot de ma part à ce sujet, pire encore que si j'avais totalement oublié que cette date approchait. Surement de quoi faire gronder intérieurement Mina. Surtout qu'à ma connaissance, les enfants n'ont rien trouvé à dire non plus, même si Ryan a bien failli gaffer un soir qu'une question sur l'organisation des prochaines semaines s'est retrouvé sur la table. C'est moi qui ai manqué gronder, sur ce coup.

La raison de mon silence total et complet concernant cet anniversaire? Ca fait des mois que Mina me suggère de retourner en Ecosse, sur ces terres qui n'appartiennent qu'à nous, et des mois que je repousse en utilisant la chambre d'hôtes comme prétexte, bien que ma préoccupation réelle concerne Anya et Ryan, avec la menace Dracula dans les parages. Et donc, j'ai pris sur moi d'accéder à sa requête dans son dos, et faire confiance à Ryan pour carboniser l'ancêtre s'il s'approche de trop près. Quand à la chambre d'hôte? Ils se débrouillent, si veulent gérer ils gèrent, sinon, on verra à notre retour.

Retour moins programmé que l'aller, qui se programme à la seconde où j'en parle sérieusement avec Mina. La nuit est bien assez longue pour nous permettre de parcourir la distance jusqu'en Ecosse en courant, tantôt main dans la main, tantôt faisant la course comme des enfants. Et arrivé là-bas, c'est comme un mirage, un lieu intemporel qui n'a pas bougé d'une pierre depuis la dernière fois que j'y ai mis les pieds, avec Anya. Un lieu parfait pour deux vampires aussi intemporels que lui. Le château se reflète à la perfection dans l'eau calme du lac, parfait miroir qui ne parvient pas plus qu'un autre à nous refléter, cependant.

Un simple merci et je resserre mes doigts autour des siens pour lever sa main dans la mienne, l'embrassant doucement.

"Rien n'est trop pour toi, tu le sais. Et cet endroit, c'est chez nous. Bien plus que ne le sera jamais Chicago."

Surtout avec Dracula tentant d'installer un nid juste à coté... mais j'ai pas prévu de me polluer les pensées avec ce type. Non, je reformule. Je ne laisserai pas ce type polluer cet endroit par une moindre pensée vers lui.

"Ici c'est toi et moi, pour toujours et à jamais."

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Nos mains se lâchent lorsque je me retourne pour observer le lac. Il fait ensuite de même. Je le remercie d'avoir accepté de venir. Je sentais au plus profond de moi que j'en avais besoin, que nous en avions besoin tous les deux. Plus d'un an maintenant que j'étais revenue près de lui, qu'il avait accepté mes excuses, que nous avions travaillé de concert pour retrouver une vie stable tous les deux, mais nous n'avions pas cette même bulle qu'avant, juste nous deux.

- Pour toujours et à jamais !

Nous passons une seconde ou peut-être plus à profiter de cet instant magique, au delà du temps. Le temps passent ainsi en silence, à observer le lac, puis le manoir. Il en a vu des choses ce manoir. Plus que je ne veux bien l'admettre : nos ébats certes, nous avions ramené une victime ou deux pour les avoir sous la main, ces enfants prêt à tout pour un peu de frissons; il n'avait pas été déçu si ma mémoire est bonne. Ils ne sont plus de ce monde aujourd'hui, mais moi je sais, je me souviens. Oh, je n'ai plus leur visage exactement, c'est assez flou, mais je me souviens de leur odeur par contre, ça je n'oublierais jamais, cette odeur de peur aussi, qui avait parcouru leurs entrailles au moment où nous avions montré les crocs. Je souris, je ris à cette pensée et cela nous sort de notre torpeur.

- Rentrons !

Je me demande dans quel état je vais retrouver l'intérieur. Depuis que je l'ai vu ici avec Anastasia, je me suis demandé plus d'une fois ce qu'elle avait pu faire à ce manoir, en terme de décoration par exemple et son odeur doit être partout. On a intérêt à aérer un minimum si je ne veux pas penser qu'à elle de tout le séjour. J'ai promis de ne pas lancer les hostilités, de ne pas lui demander de faire un choix et je ne le ferais pas, mais je pense que j'ai au moins le droit de passer un moment ici sans avoir cette jeune fille à l'esprit. C'est un moment pour nous, rien que nous. Je ne doute pas que Dmitri prendra des nouvelles d'elle et de Ryan de temps à autres et je lui en demanderais peut-être du sorcier de temps à autres... il me plaît bien ce gamin, mais ça s'arrêtera là.
Contrairement à ce voyage que nous avons fait aussi rapidement que possible, là je prends le temps d'analyser ce qu'il se passe, chaque pas. Je veux savourer cet instant.

Une fois à la porte, je le laisse ouvrir et me conduire à l'intérieur.
Je m'attendais à avoir du ménage à faire, mais visiblement quelqu'un est passé avant nous. Je me retourne vers Dmitri interloquée. Je ne m'attendais pas à ça.
Tant mieux, nous allons donc pouvoir profiter tout de suite, revoir chaque pièce de cette demeure, profiter ensemble de cet instant de liberté. Oui bon j'y vais peut-être un peu fort, mais je le pense. Entre Anya qui fait la tronche et m'ignore superbement, Vladimir qui est revenu d'entre les morts et cherche à m'éloigner de Dmitri, tout en ayant revu Sylvana qui elle n'a envie de me voir sous aucun prétexte revenir dans la vie de SON roi, Silas, mon nouveau frère et j'en passe... Non vraiment il n'y a rien qui me fasse plus plaisir que de venir ici aujourd'hui, loin de tout ce merdier.

- Enfin arrivés ! C'est si agréable !

Quand à mon anniversaire ? J'ai passé l'âge de me faire des cheveux blancs pour ça ... Enfin on en reparlera quand j'en serais à 500, mais là pour l'instant non ça va, c'est encore passable. Mais bon j'aurais apprécié tout de même que Dmitri y songe, mais visiblement tout le reste du monde semblait plus important. Si je lui en voulait ? Si je dois être honnête, oui un peu. Si j'avais comprit qu'il avait accédé à ma requête pour ça ? Non pas le moins du monde.

- Chaque pièce me rappelle quelque chose, un moment entre toi et moi.

Je dépose mon sac dans le hall. Nous aurons bien le temps de nous occuper de ça tout à l'heure.

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Nous restons un instant - ou une éternité, difficile à dire - à observer le paysage autour de nous, ressassant pour ma part un bon paquet de souvenirs de tout ce qui a pu nous arriver ici, de tout ce qui a pu m'arriver ici, même après son départ, avec Anya, en profitant pour me demander comment elle a pu s'approcher d'assez près pour nous voir, Anya et moi, sans que j'ai capté sa présence, senti son odeur, remarqué qu'elle était là, tout simplement. Si je dois avoir un regret pour ce siècle, ce sera celui-là.

L'éclat de rire de Mina me tire de ma torpeur et je tourne le regard vers elle quand elle me suggère de rentrer à l'intérieur. Je lui offre un de ces regards qui ne sont destinés qu'à elle avant d'embrasser sa main et la laisser me suivre à l'intérieur, où j'imagine qu'elle ne s'attendra pas à trouver les lieux dans l'état où ils sont. Parce qu'après tout, c'est assez peu mon genre d'emmener mon épouse en vacances et lui faire faire tout le ménage en arrivant. Même si son expression tend à démontrer le contraire. Je la laisse se mettre à son aise en explorant quelques-unes des nombreuses pièces qui composent la bâtisse, finissant par poser son sac dans le hall. Je la connais bien assez pour savoir que quelque chose la chiffonne, et pour une fois, je suis parfaitement au courant de ce dont il s'agit. Je décide donc de ne pas la laisser mariner plus longtemps, ça ne servirait à rien de frustrer davantage la dame.

Je glisse donc la main à son poignet, l'attirant contre moi pour l'embrasser, me reculant finalement juste assez pour que mon nez frôle le sien.

"Bon anniversaire mon amour."

J'incline la tête sur le côté, cherchant à capter son regard, tâchant de savoir ce qu'elle a dans la tête, même si je n'ai jamais totalement eu ce plaisir. Mina peut se targuer d'être une femme compliquée à suivre, et c'est ce qui fait une partie de son charme. Il n'y a qu'elle que je suivrais aussi aveuglément que je peux le faire, sans questionner son jugement, sans me demander si elle ne risque pas de nous emmener dans le mur, même si elle nous faisait foncer à 200 à l'heure dans un bunker.

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Il embrasse ma main. Se met face à moi et m'embrasse. J'apprécie ce moment ou plus rien d'autre n'existe que nous deux. Et là il me souhaite un bon anniversaire. Je souris bêtement. Je suis vraiment contente qu'il y ait pensé : telle une enfant.

Je suis contente qu'il est réussi à me bluffer, à me cacher ça. Comme quoi, je continue à le découvrir encore aujourd'hui, après tout ce temps. Peut-être grâce à nos années loin l'un de l'autre, ou au fait qu'il n'était pas tout à fait lui-même lorsque je suis partit. Je l'ai transformé sans le connaître et pendant longtemps j'ai du l'aider (enfin j'ai essayé) de lui faire comprendre et accepter notre mode de vie, mais aussi notre besoin de nous cacher des humains, des chausseurs. ce manoir me rappelle aussi à quel point je pensais avoir échoué à l'époque et pourquoi je l'ai quitté. Aujourd'hui je me rends compte qu'il a réussi à s'en sortir. Je ne dirais pas que mon départ à l'époque y est pour quelque chose, je n'en sais rien, mais en tout cas, il a changé, en bien; j'en suis contente.

- Merci... Je t'aime !

Je l'embrasse à mon tour, pendant de longues minutes. Cela non plus je ne m'en lasserais pas. Je me recule pour le regarder plus intensément. Je souris.
Je prends sa main et me retourne afin de pouvoir continuer la visite des lieux. Je m'en souviens comme si c'était hier. Je suis heureuse de voir qu'il n'y a pas tant de choses que ça qui ont changé, malgré le passage de la tornade rousse.
Nous passons par la salon, puis dans la cuisine. nous repassons ensuite par le couloir pour monter l'escalier. L'odeur m'est étrangement familière. Contrairement à la chambre d'hôte qui était à Dmitri et où j'essayais de l'aider, ici j'étais chez moi, enfin chez nous. C'était notre endroit à nous. Je lui en voulais un peu d'y avoir inviter Anastasia d'ailleurs, mais j'avais promis de ne pas gâcher ce moment à parler d'elle ou à penser à elle. Je me forçais donc à penser autrement.

Je revoyais des images de notre passé ici. Je me souvenais de ces jeunes hommes qui étaient venu ici pour se faire peur (suite aux histoires entendues sur le lieu, grâce à nous) et qui avaient trouvé Dim. Lui aussi les avaient trouvés d'ailleurs et ils avaient eu la peur de leur vie. Pourtant nous n'avions rien fait à leur égard, j'avais eu trop peur des villageois. Cela aurait mené à une chasse aux sorcières, aux monstres, assurément.
Énormément de flashs me revenaient sans cesse en mémoire. Je devais faire preuve d'une certaine force pour parvenir à m'extraire de ces souvenirs.
Plus j'avance plus je redécouvre des pièces. La demeure était assez grande pour que nous ayons chacun notre espace de "travail", plusieurs chambre également s'étalaient devant nous. A l'époque nous avions eu cette maison par la ruse, mais aujourd'hui elle était officiellement à nos noms. Ca va que personne ne m'était le nom la dedans, sinon nous aurions du mal à nous expliquer je pense. Nous étions chez nous, dans tous les sens du terme. C'était un réel plaisir d'être ici.
Des bruits me parviennent de l'extérieur. J'entends les bruits des animaux. Ca change de la ville, c'est agréable.

- Il y a toujours du monde au village ? C'est très calme je trouve !

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J'ai réussi à faire mon petit effet, et j'en suis ravi. En témoigne sans doute ce sourire que je ne réserve qu'à elle. D'aucuns diraient qu'elle est la seule capable de me voir sourire, et c'est peut-être vrai, en fin de compte.

"Je t'aime moi aussi. Plus que tout."

Elle m'embrasse à son tour, longuement, abusant du fait qu'aucun d'entre nous n'a besoin de reprendre son souffle, et je la laisse prendre le dessus. Après tout, cette femme est la seule et unique personne face à qui j'accepte de me sentir faible. Que je laisse volontiers prendre l'ascendant sur moi. Jusqu'à ce qu'elle y mette un terme, m'offrant une vue imprenable sur ses yeux sombres que je prends tant plaisir à détailler, puis glissant ses doigts entre les miens avant de m'entrainer dans les différentes pièces de notre demeure. Je la laisse explorer à son rythme, me contentant de la suivre sans lâcher sa main, jusqu'à ce qu'elle nous mène jusqu'à un balcon donnant sur la campagne alentour. La campagne et le village, d'assez loin pour qu'on soit tranquilles tout en étant capables d'entendre l'agitation qui s'y trame.

"Ca m'a semblé un peu déserté, la dernière fois que j'y suis passé. Il y a encore quelques habitants, mais il faudra clairement songer à aller voir ailleurs pour se nourrir discrètement."

Je relâche sa main pour m'appuyer sur le balcon, scrutant le sol en dessous de nous, admirant avec quelle facilité mon regard parvient à suivre les mouvements d'une troupe de fourmis, quelques mètres plus bas. Et la question qui suit sort un peu hors contexte, et surtout hors de toute réflexion de ma part, comme si mon subconscient était passé devant ma conscience pour la poser.

"Pourquoi moi? Qu'est-ce qui t'as convaincu de m'offrir cette vie à tes cotés cette nuit-là?"

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Nous évoquons finalement la cité un peu plus loin. Ce village ne date pas d'hier. En y repensant, je songe aux jeunes qui venaient au manoir pour obtenir quelques sensations fortes. Ils ont été bien reçu. Je ris par le nez en y songeant. Je dois avoir l'air idiote, je m'en doute bien, avec ce sourire qui s'affiche sur mon visage sans raison.

- Oui nous ferons ça, ce n'est pas bien grave.

Il y avait une échoppe à l'époque que j'appréciais tout particulièrement, peut-être aurons nous l'occasion de passer au village, j'aimerais y faire un tour, même si je me doute qu'il y a de grandes chances pour que ce magasin est disparu depuis le temps. Je reste songeuse un instant, jusqu'à ce qu'une question de Dmitri me sortent de mes pensées. Pourquoi je l'avais transformé en vampire ? Bon sang quelle question! Il ne me l'avais posé qu'une fois, peu de temps après son réveil, j'avais éludé la question en beauté, mais je savais que je ne pouvais pas en faire de même aujourd'hui. Pas sûre qu'il apprécie la réponse... on verra bien!

- En vérité... Tu étais le plus beau du quartier...

Oui bon ok, y avait pas que ça, mais j'essayais surtout de trouver les mots les plus justes possible, ça n'allait pas être simple.

- Cela faisait plusieurs nuits que je te suivais. Tu attirais par mal de femmes et j'ai mit du temps à comprendre pourquoi. Tu n'avais rien de plus que les autres humains à première vue. Puis sans que je ne comprenne pourquoi, tu étais complètement soûle, tu as révélé être des Romanov. J'ai bêtement cru que ça m'ouvrirais des portes.

Ok l'explication était pas top. En disant cela, je passe pour une femme vénale. C'est probablement ce que j'étais, je le sais bien. Et à son réveil, il s'est mit à parler, beaucoup et j'ai vite comprit que ça ne serait jamais le cas. Et plus je le côtoyais, plus je me rendais compte que ça n'avais pas vraiment d'importance au fond.

- Je ne pouvais plus rentrer chez moi, enfin près de Vladimir, mais j'avais adoré cette époque, tout ce que ça m'apportais et j'ai cru que tu pourrais être celui qui me redonnerais un peu de cette superbe.

J'avale inutilement ma salive.

- J'ai apprit à te connaitre et rapidement j'ai comprit que tu ne serais pas cet homme là. Et d'un côté j'ai apprécié cela. Tu en étais même l'opposé, sans non plus être un homme banal, loin de là.

Je souris devant cette évidence. Il est loin d'être un homme banal. Je l'aime pour ça. Il était l'attrait de la nouveauté dans ma vie. Aujourd'hui, il est ma vie.
J'ignorais comment il prendrait mes révélations. Ca n'avait rien de très glamour. Mais je ne m'en voulais pas d'avoir agit ainsi. Il était mon âme soeur, si l'on peut dire ça ainsi; je ne l'aurais pas su, si je ne l'avais pas transformée à l'époque, même fusse pour les mauvaises raisons.

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J'acquiesce silencieusement à son acceptation de ma proposition d'aller nous restaurer plus loin avant que ma question ne tombe comme un cheveu sur la soupe, lui faisant garder le silence un instant. Cela ne remonte pas à hier, et nous avons assez évolué elle et moi depuis tout ce temps pour que j'accepte sans détour qu'il lui faille un certain temps pour se remémorer cette époque.

Je m'assied à demi sur le balcon alors qu'elle reprend la parole, décidant de la laisser poursuivre sans l'interrompre, appréciant l'honnêteté de ses mots tout autant que remarquant les regrets qu'elle nourrit à leurs propos. Mon regard se porte vers l'horizon avant de revenir vers elle, et vers sa main que je prends délicatement dans la mienne pour mêler nos doigts, tout en prenant une respiration inutile alors que je comprends qu'elle en a terminé avec son explication.

"Il fallait au moins un prince pour une princesse telle que toi. N'importe qui le comprendrais. Moi le premier. Tu ne pouvais pas deviner qu'il y aurait tromperie sur la marchandise."  

Je ris franchement de mes propres paroles. C'est certain que ce nom m'a parfois servi, à l'époque, à m'offrir le luxe de compagnes d'un soir ne rechignant pas à partager la couche du "noble" que j'étais, mais je ne suis pas certain que j'ai un jour pensé que cette même information avait attiré le regard de Mina. Ma version officielle, de moi à moi, c'est que j'avais été trop tenace pour mourir ce soir là.

"Cela dit, j'apprécie que tu considère que je n'ai absolument rien à voir avec Vladimir." Mon ton amusé se fait cependant plus sérieux sur la déclaration à suivre. "Et je suis heureux d'avoir su être assez convaincant pour que tu ne veuilles pas d'un autre comte après avoir compris ton erreur à mon sujet."

Malgré mon comportement ingérable au cours de mes premières années de vampire, années qui se sont poursuivies durant plus d'une vie humaine. J'ai été une calamité, et je n'avais même pas l'excuse que ma créatrice ait oublié de m'apprendre les bases du métier. En cela j'admire secrètement certains jeunes vampires de moins d'un siècle qui semblent capables de vivre au milieu des humains sans avoir été guidé par leur maitre. Bien qu'une autre part de moi les dénigre de ne pas apprécier leur sort avant de se ranger. Et que je ne compte absolument pas le dire à voix haute. Générations différentes, je dirai. Comme les humains d'aujourd'hui comptent vivre de salade pour épargner les vaches et autres poulets, les vampires d'aujourd'hui pensent pouvoir s'alimenter de sang en conserve ou presque pour épargner les humains. Moi je dis qu'ils sont sept milliards à détruire leur monde rien que par leur existence, on est quand même pas à deux ou trois millions près...

"Quand on y pense, c'est toi qui m'a forgé. Notre histoire a mené à l'homme que je suis aujourd'hui." Je me redresse face à elle, gardant sa main dans la mienne tout en me rapprochant d'un pas pour glisser mon nez contre son oreille. "Et si j'ai assez peu de souvenirs de celui que j'étais alors, j'aime assez celui que tu as fait de moi."

Je dépose un baiser sur sa joue, mettant fin à une discussion apparemment peu confortable pour elle, avant de m'écarter de nouveau, observant la lueur tamisée qui apparait à l'est. Pour la promenade en extérieur, il semble qu'il nous faille attendre un peu. J'avais oublié un détail sur cette planète qui est la nôtre. Plus on est à l'est, plus le soleil se lève de bonne heure, et il semblerait qu'entre Chicago et le Loch Ness, ça se compte en heures.

"Le seul défaut que j'y trouve, c'est notre rapport au soleil. L'été, la nuit est très courte. Cela dit, j'ai largement eu le temps de m'y habituer, il me semble."

Je lui souris avant de reporter le regard vers l'est, gardant les yeux rivés sur la douloureuse lumière de l'aube jusqu'à ce que je ne puisse plus le supporter, ce qui coïncide justement avec le moment où je ressens la douleur sur chaque parcelle de ma peau exposée. Il est plus que temps de se mettre à l'ombre, et je ne me fais pas prier pour suivre Mina à l'intérieur.

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Je ne me sens pas du tout à l'aise avec cette idée. Aujourd'hui ça me semble tellement ridicule d'avoir réagit comme ça, d'avoir pu penser de cette manière. Mais c'était moi à l'époque, je dois faire avec; et maintenant qu'il m'a demandé, lui aussi va devoir faire avec.
Je ne peux plus rougir ? C'est bien ma veine, parce qu'avec ce qu'il me dit ensuite, je serais devenir plus rouge encore qu'une tomate. J'ai toujours été relativement émotive et ma transformation n'a aidé en rien. C'est juste qu'aujourd'hui je le cache un peu mieux.

- J'aurais pu m'en douter si j'y avais prêter d'avantage attention. Mais ça ne m’intéressais pas en réalité, quand je l'ai fait.

Je me mords la lèvre, signe de mon mal-être. Je montre rarement autant mes émotions, mais avec lui, malgré la marchandise foireuse, je peux être moi-même, comme rarement auparavant.

- Non, vous n'avez pas grand chose en commun, je te rassure. Tu ne te contrôles pas aussi bien que lui!

Oui c'est une petite pique d'humour à son encontre, mais je sais qu'il peut l'encaisser celle-là, sinon je ne l'aurais pas dite.

- Surement pas ! Tu n'est certainement pas aussi distinguée, mais tu as tout le reste. Vladimir pense être resté un homme pour amour de sa femme, mais il n'y a plus rien d'humain. Il est un poil trop vieux si tu veux mon avis. Il en a oublié l'essentiel...

Je me rends compte de ce que je dis. J'ai toujours eu une certaine forme de respect pour lui, même si ça ne m'empêchais pas d'être honnête avec lui.

- Je t'interdis de répéter ce que je viens de dire ou de dire quoique ce soit à ce sujet.

Je lui fais mon regard le plus noir possible. Je considérerais toujours cet homme comme un père, même si lui me voit autrement. Il a forgé une partie de celle que je suis aujourd'hui et je ne dénigre pas cette partie là (oui c'est compliqué ok), et je ne supporte pas quand quelqu'un le critique, c'est comme ça.
Une fois la menace lancée, je me radoucis aussitôt.

Il me rassure en me disant qu'il est content de ce qu'il est devenue et que c'est en partie grâce à moi. C'est assez gratifiant d'entendre ça, malgré ce que je viens de lui révéler. Je me rends compte que je n'avais aucune raison d'avoir peur; nous avons passé ce stade depuis un moment lui et moi. Et après autant de décennies loin l'un de l'autre. Il y avait beau y avoir bientôt un an que nous nous étions retrouvés, ça ne faisait pas tout. Il y avait eu un tel fossé entre nous, que cela me faisais toujours aussi bizarre de savoir que quelque chose était possible.

- Oh oui c'est certain. Tu as tellement changé depuis que je t'ai quitté... en bien! Pas que je ne regrette pas d'être partie, mais ce n'était peut-être pas encore notre moment. On ne s'est pas disputé une fois pour un cadavre mal rangé au fond d'un placard. Est-ce qu'on s'est seulement engueulé une seule fois un quasiment un an ?

J'étais à peu près sûre que non. Je crois que je m'en souviendrais. Bon ok y a eu la foi où il a su que Vladimir était encore en vie et où il a mit un temps fou à me le révéler... Là, ce jour-là, on s'est un peu frité, c'est vrai. Enfin c'est surtout moi qui en avait après lui, mais cela avait vite était effacé.

- J'aimerais aussi pouvoir ressentir la chaleur du soleil sur ma peau ... enfin je crois. Dans mon souvenir c'était relativement agréable. Je me satisfais de le regarder du coin de l’œil quand il surgit.

Comme celui-là même qui arrive à l'instant où nous parlons. Je prends sa main pour nous rendre à l'intérieur et nous protéger de ses rayons néfastes.
En un rien de temps le soleil a embrasé le balcon. Nous sommes désormais coincée à l'intérieur, mais je ne doute pas que nous trouvions de quoi nous occuper, comme toujours...

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